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Qui a peur des Kurdes?

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PARIS – Après le nouvel attentat terroriste visant des militants kurdes à Paris, le journaliste Chris Den Hond revient sur l’isolement des Kurdes sur la scène internationale, leur projet politique qui dérange et le soutien qu’on doit leur apporter car « Leur succès sera le nôtre. Leur échec aussi. »

Voici l’article de Chris Den Hond publié initialement sur le site Contretemps:

Qui a peur des Kurdes?

Un nouveau massacre de personnes kurdes a été commis en plein Paris il y a quelques jours. Comme il y a exactement dix ans, trois kurdes ont été tués par un individu armé, dont une responsable de mouvement des femmes kurdes. On sait que l’individu en question avait déjà attaqué un camp d’exilé·es mais on ne connaît pour l’instant pas grand-chose des conditions dans lesquelles il en est venu à cibler le Conseil démocratique kurde de France, précisément à l’heure où devait se tenir une réunion importante du mouvement des femmes kurdes.

Cette nouvelle attaque terroriste visant la minorité kurde doit nous amener à redoubler notre solidarité avec leur combat mais aussi à examiner le projet politique qui est porté par les organisations kurdes qui sont ciblées sans cesse par le régime d’Erdoğan, l’extrême droite turque et des courants intégristes armés présents notamment en Syrie, ainsi que la tentative de mise en oeuvre de ce projet au Rojava.

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L’assassin raciste qui a tué trois Kurdes à Paris le 23 décembre 2022 a précisé qu’il leur en voulait d’avoir « constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daesh au lieu de les tuer« . Quelques semaines auparavant, le 13 novembre, un attentat à Istanbul avait fait 6 morts et 81 blessés. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a immédiatement accusé le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de défense du peuple (YPG), d’avoir ordonné l’attentat « à partir de Kobane« . Un prétexte idéal pour lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie. La suite est connue : des bombardements intensifs sur le Rojava et la menace d’une opération terrestre. Erdoğan est prêt à tout pour se faire réélire au printemps prochain.

Le PKK, les YPG et les Forces Démocratiques Syriennes(FDS) nient toute implication dans cet attentat et révèlent que la personne arrêtée est une Syrienne arabe mariée trois fois avec des membres de Daesh et dont le frère est commandant de l’Armée syrienne libre (ASL), opérant à Afrin, main dans la main avec l’armée turque. De plus, son portable comportait le numéro de téléphone du responsable fasciste du parti d’action nationaliste (MHP) de Sirnak en Turquie. Tout cela ressemble à une mise en scène. Comme lors de l’assassinat de nos trois camarades kurdes, en plein Paris en janvier 2013, attribué « à une dissidence du PKK« . Victimes les Kurdes ? Certes. Mais n’est-ce pas parce qu’ils proposent un projet politique très novateur qu’ils se font attaquer par les nationalistes turcs, arabes et autres ?

Le 9 décembre 2022, dans Orient XXI, Jean Michel Morel précise :

« S’il veut être reconduit à la magistrature suprême, Erdoğan doit donc convaincre au-delà de son camp et s’assurer plus que les voix de ses supporters du Parti de la justice et du développement (AKP) ainsi que celles de son allié le Parti d’action nationaliste (MHP) et les affidés de sa branche paramilitaire, les Loups gris fascisants. Pour ce faire, le levier du nationalisme et du racisme antikurde a de nouveau été actionné. Dans ce contexte, la bombe de la rue Istiklal à Istanbul (si elle n’a pas été déposée par les services secrets turcs) fut une heureuse surprise » (…)

« Maintenant, pour le président, la priorité est de rassembler « autour du drapeau » ceux qui se souviennent avec effroi de la prolifération d’attentats survenus entre 2015 et 2017. Il s’agit aussi de désigner à la vindicte populaire les ennemis qui lui résistent : le PKK dans les monts Qandil au nord de l’Irak, et le PYD dans le Rojava syrien. Des ennemis contre lesquels il a multiplié les opérations militaires, utilisant les drones Bayraktar TB2 pour commettre des assassinats ciblés de responsables du PKK et du PYD et envahissant par trois fois le nord de la Syrie. »

Un projet politique qui dérange 

Depuis 10 ans maintenant, les Kurdes syriens, avec leurs partenaires arabes, syriaques et ceux des autres peuples qui vivent en Syrie, essaient de mettre en place un système politique multi-communautaire et multi-confessionnel. Ce n’est pas simple dans un monde à proie à une inquiétante montée des nationalismes d’extrême droite. Faire le choix d’une Syrie fédérale, décentralisée, dotée d’une large autonomie au lieu d’un petit Kurdistan syrien indépendant (le Rojava a la superficie de la Belgique) n’était pas évident.

En 2011, au départ de la révolution syrienne, les Kurdes syriens – qui en majorité soutenaient la politique du clan conservateur du PDK de Barzani en Irak – étaient mis sous pression pour adhérer à l’opposition syrienne basée à Istanbul et rassemblée dans le « Conseil national syrien ». Mais avant de s’engager, les Kurdes ont voulu avoir des assurances : s’ils l’emportaient contre le régime syrien auraient-ils droit à une autonomie, au respect de leur identité ? Bassam Ishak, chrétien syriaque, ancien directeur d’une organisation des droits de l’Homme à Hassaké, avait d’abord rallié le Conseil national syrien (CNS) avant de rejoindre les forces politiques au Rojava:

« Quand la révolution est passée de manifestations pacifiques à une insurrection armée, le CNS a changé d’objectif. L’opposition syrienne que le CNS dit représenter veut chasser Bachar al-Assad sans attribuer la moindre forme d’autonomie ou reconnaissance des Kurdes en Syrie. J’avais donc le choix entre le projet d’État religieux du Conseil national syrien, ou bien celui d’une Syrie arabe nationaliste comme c’était avant, ou bien celui d’un État pluraliste. La meilleure façon d’éviter que nous ayons de nouveau un dictateur à Damas, c’est de répartir le pouvoir entre les régions. Donc j’ai rejoint l’option d’une solution fédérale et démocratique proposée par les Kurdes »[1] 

La déroute de l’Armée syrienne libre (ASL) 

Même son de cloche chez Hikmet Habib, Arabe de Qamishli et co-président du Conseil démocratique syrien, la branche politique des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), une alliance kurdo-arabo-syriaque qui gère le nord et l’est de la Syrie. Hikmet Habib a perdu plusieurs membres de sa famille dans la lutte contre Daesh. Il avait rejoint l’Armée syrienne libre au début de la révolution syrienne :

« Je faisais partie de l’Armée syrienne libre ASL, mais je les ai quittée quand je me suis rendu compte qu’ils se comportaient très mal vis-à-vis la population civile. Enlèvement, extorsion, vol et viol. J’ai rejoint les Forces Démocratiques Syriennes et leur Conseil démocratique syrien, puisque je veux me battre pour une Syrie décentralisée. » (2) 

Ce qui se passe dans la province d’Afrin après son invasion par la Turquie, symbolise le projet politique qu’Erdoğan entend appliquer dans l’ensemble du Rojava. Dans le canton d’Afrin des changements démographiques sont en cours. La ville était à 95% une ville peuplée de Kurdes, ils ne sont plus que 15%. C’est le résultat du nettoyage ethnique auquel se sont livrés les autorités turques et leurs mercenaires syriens. Les Kurdes ont été remplacés par des Syriens venant d’Idleb ou de la Ghouta, souvent des familles de djihadistes qui ont combattu avec l’État islamique ou avec Al Nosra. Pillages, vols viols, enlèvements contre rançon, c’est ce qui attend tout le nord de la Syrie si jamais Erdoğan installe une « bande de sécurité » de 30 kilomètres tout le long de la frontière turco-syrienne.

L’Armée syrienne libre, ou ce qu’il en reste aujourd’hui, a définitivement perdu toute crédibilité dès lors que ses miliciens ont accompagné les chars turcs venus massacrer les Kurdes à Afrin en 2018 ou encore à Tal Abyad et Serekeniye en octobre 2019. Aujourd’hui, supplétifs de l’armée turque, ce sont ces mêmes miliciens qui contrôlent la province d’Afrin et la zone comprise entre Tal Abyad et Serekeniye. Ilham Ahmed, co-présidente du Conseil démocratique syrien, justifie aussi l’impossibilité pour les Kurdes syriens de rejoindre l’opposition syrienne établie à Istanbul :

«La plupart des groupes armés sur le terrain sont des extrémistes et ils ont le soutien de la Turquie. Essayer de trouver un accord avec ces groupes radicaux et djihadistes équivaudrait pour nous à un suicide » [2].  

Kobane : le tournant 

Au début de la guerre en Syrie, le régime d’Assad a retiré une grande partie de ses troupes des régions kurdes pour les utiliser ailleurs. Le Parti de l’union démocratique (PYD), devenu le plus important parti des régions kurdes de Syrie, a profité du vide institutionnel pour mettre en place son modèle de société au Rojava, choisissant la stratégie de la « troisième voie ». Le PYD, tout en s’opposant au régime d’Assad – qui opprimait les Kurdes depuis des décennies – n’était pas en faveur d’un soulèvement armé. Et encore moins quand la direction politico-militaire de cette opposition armée s’est trouvée entre les mains de groupes djihadistes.

Après la reconquête de Kobane, en 2015, par les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection de la femme (YPJ), aidées par le PKK, les Kurdes ont poursuivi leur avancée. La population kurde en Syrie n’a pas tardé à soutenir les YPG et à adhérer au projet du PYD. Les uns et les autres assurant la sécurité et commençant à mettre en place des structures démocratiques, inspirées par le communalisme de Murray Bookchin et d’Abdullah Öcalan[3]. Le dirigeant kurde irakien Barzani, par contre, depuis longtemps cajolé par les États-Unis, Israël – donc aussi par Bernard-Henri Levy et autres Caroline Fourest – entretient de bonnes relations avec la Turquie et prône un petit Kurdistan indépendant en Syrie.

« Vivre ensemble » ou nationalisme rétrograde ?

Adopté en 2014, le texte fondamental, le Contrat social de la Fédération démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie, rejette le nationalisme et prône une société égalitaire, paritaire, respectueuse des droits des minorités. Le gouvernement autonome a établi un nouveau système éducatif. L’une de ses priorités a été la mise en place d’un programme scolaire en trois langues, arabe, kurde et syriaque, avec de nouveaux contenus pédagogiques pour les matières non scientifiques.

La mise en place d’un système fédéral décentralisé va à l’encontre du nationalisme arabe, turc, iranien et même kurde. Les communautés non-kurdes en Syrie n’allaient pas s’engager avec les Kurdes syriens pour un Kurdistan indépendant dans lequel ils seraient à leur tour une minorité dépendante de la bonne volonté de « nouveaux maîtres ». Là où les FDS et le Conseil démocratique syrien (CDS) ont le pouvoir, ils ont mis en place des communes, des conseils municipaux, régionaux et provinciaux où les Syriaques, les Arméniens, les Turkmènes, les Kurdes et les Arabes bénéficient d’une représentation proportionnelle et le respect de tous leurs droits. C’est la raison pour laquelle Raqqa a pu être libérée  par des forces composées majoritairement d’Arabes. Et c’est pour cela aussi que l’invasion de la Turquie à Tal Abyad et Serekeniye n’a pas conduit à un soulèvement des tribus arabes contre les Kurdes.

Mazloum Abdi, commandant en chef des FDS a connu les prisons du  régime d’al-Assad et sa tête est mise à prix par Erdoğan. Selon lui, « un des buts de lattaque militaire turque en octobre 2019 était de briser lunité existante des habitants de la région entre les Kurdes, les Arabes et les Syriaques chrétiens. Mais cest le contraire qui sest produit. Pas mal de gens espéraient que notre travail, mené ici depuis huit ans, soit anéanti et que les FDS disparaissent, mais les liens entre les communautés sont plus forts que jamais. Les populations ne veulent pas de la Turquie, ni dun retour du régime »[4].

Polat Can, commandant des YPG, était responsable des opérations qui ont conduit à la libération de Deir Ez-zor. En 2020, il témoignait de cette évolution des relations entre populations kurdes et arabes :

« Quand j’étais responsable de la libération de la région Deir Ez Zor, j’avais 13 000 soldats sous mes ordres. Seulement 100 parmi eux étaient Kurdes. Les autres étaient des Arabes. La grande majorité des 1 000 martyrs sont arabes. Nous vivons ensemble, nous travaillons ensemble, nous sommes obligés de nous respecter mutuellement. C’est dur, mais nous sommes en train de changer les mentalités. Dans le nord et l’est de la Syrie, Arabes et Kurdes vivent actuellement ensemble, et ça se passe de mieux en mieux. Il faut savoir que la plupart des Arabes ne veulent pas d’un retour du régime, ici »[5]

Le projet politique d’une fédération démocratique interpelle le régime de Damas. Pour qu’il soit viable, tôt ou tard, al-Assad et/ou ses protecteurs russes ou iraniens devront lui accorder une forme d’autonomie. Aujourd’hui, il n’y a aucune déclaration, aucun pas concret ni de Damas, ni de Moscou et encore moins de Téhéran vers une reconnaissance de l’autonomie kurde au sein d’une Syrie décentralisée. Le refus de Damas à trouver un compromis sur la question de l’autonomie ou de la décentralisation empêche tout accord politique avec les Kurdes. Sans le soutien de l’Iran et de la Russie, le régime est incapable de se maintenir. Les quelques soldats déployés dans le nord-est constituent une force trop faible en comparaison aux FDS et ne signifient en aucun cas un « retour du régime » dans le nord et l’est de la Syrie.

Pas d’entente avec Damas

« La méfiance au sein des communautés arabes, turkmènes et autres vis-à-vis des Kurdes était grande. Elles craignaient que ceux qui ont vaincu lOrganisation de l’État islamique (OEI) ne se vengent sur elles des mauvais traitements des autorités syriennes à l’égard des Kurdes. Les Kurdes ont beaucoup souffert de la politique dassimilation menée par le régime baasiste, » rappelle Hikmet Habib. « Dès que les FDS ont libéré des zones tenues par lOEI, nous avons fait de grands efforts pour rétablir la confiance en créant des comités de réconciliation et des conseils représentant tout le monde. Aujourdhui, on peut dire que 60 % des membres des FDS proviennent de tribus arabes ». 

Les Kurdes de Syrie se défendent de toute « collaboration » avec le régime. Ils parlent plutôt d’une cohabitation. Avant 2010, Damas désignait des gouverneurs dans les provinces qui a leur tour désignaient leurs subordonnés. Depuis que la Fédération existe, l’administration dans le nord et l’est de la Syrie est décentralisée avec des représentant(e)s de toutes les communautés et il n’y a plus de religion d’État. Ilham Ahmed, co-président du Conseil démocratique syrien, qui, en juillet 2018, a conduit une délégation du CDS à Damas pour les premiers pourparlers avec le régime de Bachar al-Assad : «Nous exigeons que la Syrie de demain comprenne des zones autonomes. Nous voulons une nouvelle Constitution dans laquelle la décentralisation sera inscrite », nous explique celle qui, en juillet 2018, a conduit une délégation du CDS à Damas pour les premiers pourparlers avec le régime de M. Bachar al-Assad.

En octobre 2019, dans la revue en ligne Orient XXI, le journaliste Fehim Tastekin explique :

« La position de Damas en direction des Kurdes a été formulé ainsi : ‘Débarrassez-vous d’abord des troupes nord-américaines et après on verra. Mais les Kurdes n’ayant aucune garantie que Damas, Moscou ou Téhéran leur accordent l’autonomie qu’ils revendiquent, comment auraient-ils pu demander aux États-Unis de se retirer ? De plus, les FDS exigent une autonomie militaire, ce que l’armée syrienne officielle n’est pas prête à leur accorder. »

En 2019, après la énième invasion turque dans le nord de la Syrie, et suite à un accord avec la Russie, l’armée régulière s’est déployée sur la frontière turque, installant de succincts postes frontaliers. C’est moins une une présence militaire qu’une présence politique symbolique afin d’empêcher que la Turquie aille au-delà de la zone entre Tall Abyad et Serê Kaniyê. Mais, Damas aimerait en profiter pour reprendre le contrôle de tout son territoire. Les FDS refusent et posent leurs conditions.

Pour Polat Can, « le Rojava ne peut pas revenir à la situation d’avant 2010. Cela n’arrivera jamais. Nous ne laisserons pas les Kurdes privés de leurs droits et nous ne détruirons pas la relation entre les Kurdes, les Arabes et les chrétiens. À part cela, nous pouvons négocier tout ce qu’ils veulent — le nom de la région, le drapeau, la frontière, tout. Il y a un accord militaire avec le régime syrien pour sécuriser la frontière mais, ailleurs, ce sont les FDS qui contrôlent toujours la région du Nord et de l’Est de la Syrie — à Manbij, à Kobane, à Raqqa, à Tabqa, à Qamishli, à Hassaké, à Derik… et c’est notre police, les Asayish, qui contrôlent les check-points. » 

Mazloum Abdi précise :

« Nous demandons deux choses essentielles au régime syrien pour obtenir une solution à long terme en Syrie. Un : que l’autonomie fasse partie de la constitution syrienne. Deux : que les FDS fassent constitutionnellement partie de la défense de toute la Syrie. Tant que ces demandes ne sont pas réalisées, il n’y aura aucun accord car ce sont nos lignes rouges. Les combattant(e)s des FDS devront faire leur service militaire ici, dans cette région. »

Les rapports avec les États-Unis et la Russie 

Selon Polat Can, « le fait que ces puissances naient pas installé une zone dexclusion aérienne, une « no-fly zone », nous a fait beaucoup de mal. Je peux vous le dire : si nous obtenons maintenant une zone dexclusion aérienne, nous pouvons récupérer en une semaine Tall Abyad et Serê Kaniyê. Nous connaissons bien tous ces mercenaires. Ce sont des ex-al Nosra, des ex-combattants de l’État islamique. Nous les avons combattus et vaincus dans le passé. La Turquie, donc lOTAN, les aide et les remet en selle. La Russie veut reprendre le contrôle de toute la Syrie, et elle est vraiment très fâchée de la relation que nous, les FDS, entretenons avec la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Les Russes veulent travailler avec nous et trouver une solution avec Damas, mais au vu de leurs relations avec la Turquie, nous navons pas confiance en eux ». 

En 2018 à Qandil, une chaîne de montagnes qui abrite les troupes du PKK, nous avons rencontré Riza Altun, un haut responsable du PKK. Les circonstances étaient particulières : nous avions dû changer plusieurs fois de voiture et laisser nos téléphones portables loin derrière. Dans les airs, un drone turc nous survolait. Riza Altun nous avait alors déclaré :

« Aujourd’hui, il y a des contradictions partout. À l’origine, les Américains n’avaient pas l’intention stratégique de soutenir les FDS. Les Kurdes savent très bien que les États-Unis sont un État impérialiste, mais nous sommes obligés de maintenir cette relation paradoxale, car notre survie est en jeu ».

Le Rojava sous la menace d’une nouvelle invasion terrestre 

Depuis plusieurs mois Erdoğan menace d’une invasion terrestre le Rojava et au-delà pour compléter sa zone de « sécurité » d’Afrin jusqu’à Qandil. Les Russes ont utilisé ces menaces pour amener les FDS à céder le nord et l’est de la Syrie àDamas. Les FDS ont refusé. Quant aux Russes ils savent qu’ils jouent à un jeu risqué avec la Turquie, qui, une fois qu’elle a occupé un territoire ne s’en retire pas. L’exemple du nord du Chypre est là pour le prouver.

De leur côté, les États-Unis, bien qu’ils autorisent Ankara à bombarder le Rojava et à utiliser des drones tueurs, ont explicitement demandé à la Turquie de ne pas s’engager dans une invasion terrestre. Er ce, pour deux raisons : les territoires syriens occupés par la Turquie sont des sanctuaires pour toute la galaxie de djihadistes d’Al Qaida, de l’OEI, de Hayat Tarhir al-Sham, de l’Armée Nationale Syrienne, formée de mercenaires syriens au service de la Turquie, les reliquats de l’ASL, etc. Dans ce contexte, les FDS restent leurs alliés les plus efficaces. La lutte contre l’OEI est loin d’être terminée. L’organisation vient d’attaquer la prison et la municipalité de Raqqa. Les FDS sont menacées de tous côtés.

En Syrie, le projet démocratique des Forces démocratiques syriennes menace le nationalisme arabe du régime d’al-Assad. En Turquie, ce même projet démocratique pourrait, lors des élections l’année prochaine, mettre en déroute la politique de négation du peuple kurde d’Erdoğan qui gouverne avec les fascistes du MHP. En Irak la coalition kurde KDP-UPK fait l’objet en permanence de la colère du peuple qui accepte de moins en moins la corruption et la mauvaise gestion du pays. Et en Iran, le slogan, Jin, Jiyan, Azadi (Femme, Vie, Liberté) lancé il y a des années par la branche féministe du PKK est devenu le principal slogan qui secoue le régime des mollahs.

La plus grande menace qui pèse sur l’aventure révolutionnaire du Rojava est son isolement et l’usure. Nous savons maintenant que le socialisme dans un seul pays n’est pas viable. Les Kurdes eux-mêmes font tout pour étendre cette expérience révolutionnaire vers d’autres pays. Ne pourrait-on pas les soutenir et les aider à ce qu’ils réussissent ? Leur succès sera le nôtre. Leur échec aussi.

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Illustration : Photothèque Rouge /Photothèque Rouge/MILO

Notes

[1] Voir : « Une utopie au coeur du chaos syrien », Le Monde diplomatique, septembre 2017, par Mireille Court et Chris Den Hond. Et en vidéo pour OrientXXI : https://youtu.be/Js6PAWd202M.

[2] Voir : « Le Rojava: entre compromis et Utopie. Quelle autonomie pour les Kurdes dans la Syrie de demain », Le Monde diplomatique, décembre 2018, par Mireille Court et Chris Den Hond. Et en vidéo pour OrientXXI : https://youtu.be/AkdpNniwkjE.

[3] Voir : Stephen Bouquin, Mireille Court, Chris Den Hond (coord.), La Commune du Rojava, l’alternative kurde à l’État-nation, Paris, Syllepse, 2017.

[4] Interview de Mazloum Abdi et Polat Can par Mireille Court et Chris Den Hond, décembre 2019. https://www.revue-ballast.fr/rojava-les-populations-ne-veulent-pas-de-la-turquie-ni-dun-retour-du-regime-syrien/.

[5] Voir : « L’avenir suspendu du Rojava. Damas et Ankara se disputent l’enclave syrienne, » Le Monde Diplomatique, février 2020, par Mireille Court et Chris Den Hond. Et en vidéo pour OrientXXI https://youtu.be/a2p9tGMe7Mw

Kurdes tués à Paris. « Accordons aux Kurdes la justice et la protection qu’ils méritent »

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PARIS – Après le deuxième attentat terroriste visant les Kurdes à Paris, près de 300 personnalités politiques et associatives ont signé une tribune demandant qu’on accorde justice et sécurité aux Kurdes pourchassés par les sbires du régime turc jusqu’en France.

Voici leur tribune:

« Il est urgent d’accorder aux Kurdes la justice et la protection qu’ils méritent

Depuis l’attentat commis le 23 décembre à Paris contre le centre culturel du CDKF (Conseil démocratique kurde en France), un salon de coiffure et un restaurant kurdes, provoquant le décès de trois militants, Abdurrahman Kizil, Mir Perwer et la responsable du mouvement des femmes kurdes, Emine Kara, l’émotion est intense et la colère gronde au sein de la communauté kurde de France, comme partout ailleurs dans le monde.

Cet acte abject pose bien évidemment la question de la montée des idées d’extrême droite en France et de la responsabilité coupable des femmes et des hommes politiques qui accusent les étrangers de tous les maux.

Cependant, cet acte est bien plus qu’un crime raciste commis par un raciste. Ce serait détourner lâchement le regard si l’autre dimension du problème, sans doute la plus grande, était occultée.

Cette attaque est sans doute la souffrance de trop d’un peuple qui a déjà beaucoup trop souffert, risquant sans cesse la mort partout où il se trouve.

Le peuple kurde constitue la plus grande nation au monde sans État. Peuple millénaire de Mésopotamie, composé de plus de 40 millions d’individus, il s’est retrouvé colonisé au lendemain de la première guerre mondiale. Le Kurdistan, composante de l’Empire ottoman, était alors partagé par les puissances occidentales entre la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak, par le traité de Lausanne de 1923.

Dans chacun de ces pays, les Kurdes ont dès lors fait l’objet de persécutions, de crimes, de massacres et de politiques d’assimilation forcée destinées à anéantir leur culture et leur identité. Ces persécutions ont conduit des millions d’entre eux sur les chemins de l’exil, principalement vers l’Europe.

La diaspora kurde est une cible prioritaire, car elle est libre. Elle est la voix des peuples qui ne le sont pas et fait échec aux propagandes des États totalitaires de la région. A l’heure des réseaux sociaux, cette diaspora est plus que jamais menacée, en particulier par le régime turc actuel.

C’est ainsi que les services de renseignement turcs (MIT), avec l’aide des Loups gris (le tristement célèbre mouvement ultranationaliste turc d’extrême droite), déploient des moyens puissants pour déstabiliser, traquer et tenter de faire taire tous leurs opposants politiques.

Celles et ceux qui souhaitent retourner au pays pour voir leur famille arrêteront toute expression en lien avec leur kurdicité et cesseront toute activité militante. Les autres préféreront ne plus se rendre dans leur pays plutôt que d’abdiquer. Éradiquer ces dernières voix, tel est le projet de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan.

Il faut se rappeler que le 9 janvier 2013, déjà en plein cœur de Paris, trois militantes kurdes, Fidan Dogan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, étaient froidement exécutées par un agent des services secrets turcs. A ce jour, ce crime reste impuni sous le couvert de secret-défense.

Dans ces conditions, on aurait pu s’attendre à une indignation générale de la France et de l’ensemble des Etats européens, refusant que des services de renseignement étrangers puissent commettre des crimes de personnes placées sous leur protection sur leur territoire. Il n’en fut rien.

On aurait pu penser qu’après avoir lâchement abandonné les Kurdes aux mains de la Turquie et de la Russie en Syrie, alors même qu’ils et elles venaient de livrer une bataille sans merci contre Daech, les Etats européens s’accorderaient à protéger les Kurdes sur leurs territoires. Là encore, Il n’en fut rien.

Bien au contraire, les Kurdes restent à ce jour une variable d’ajustement des relations diplomatiques avec la Turquie. Non seulement la coopération entre les services de renseignement européens et les services de renseignement turcs perdure, mais des opposants kurdes sont régulièrement livrés à la Turquie, soit pour en obtenir des faveurs, soit pour céder à un énième chantage d’Erdogan.

Dans ce contexte, sans garantie de justice, de vérité et de liberté, la communauté kurde et au premier rang les femmes kurdes ne se sentiront jamais en sécurité en France et en Europe.

Rappelons, en effet, que partout les femmes sont au-devant de la résistance kurde, comme elles ont été au-devant du combat contre Daech et comme elles le sont en Iran, après l’assassinat de Jina [Mahsa] Amini. Ce sont elles les premières cibles de ces crimes odieux.

Cela suffit ! Il est urgent d’assurer enfin aux Kurdes la justice et la protection qu’elles et ils méritent.

Nous demandons ainsi aux autorités françaises et européennes :
– de cesser toute coopération avec les services de renseignement turcs en lien avec les opposants kurdes ;
– d’assurer une protection renforcée des lieux de militantisme du peuple kurde ;
– de créer une cellule spécifique destinée à signaler toute tentative d’intimidation et toute menace à l’égard des opposants kurdes et à instruire toutes les plaintes liées à ces signalements ;
– de sortir le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) de la liste des organisations terroristes (le 15 novembre 2018, la Cour européenne de justice rendait un avis favorable au retrait du PKK de la liste des organisations terroristes établie par l’Union européenne, décision sur laquelle elle est, depuis, de manière critiquable, partiellement revenue) ;
– de lever le secret-défense s’agissant de l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris en 2013.

« Les Kurdes (…) sont l’humanité qui résiste aux ténèbres », disait Charb. Les Kurdes nous ont protégés. A notre tour, nous leur devons protection. »

Premiers signataires :

Tuna Altinel, enseignant-chercheur en mathématiques, université Lyon 1 ; Zerrin Bataray, avocate, conseillère régionale (EELV) ; Damien Carême, député européen (EELV) ; Olivier Faure, député, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) ; Eva Husson, autrice réalisatrice ; Sylvie Jan, coprésidente de France-Kurdistan ; Pierre Laurent, sénateur de Paris, président du conseil national du Parti communiste français (PCF) ; Pinar Selek, écrivaine, enseignante-chercheuse, université Côte d’Azur (UCA) ; Jean-Christophe Sellin, co-coordinateur national du Parti de gauche ; Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) ; Mathilde Panot, présidente du groupe LFI-NUPES à l’Assemblée nationale, députée ; Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique Kurde de France ; Philippe Poutou, porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA)

Liste complète des signataires publiée sur le site de la Fondation Danielle Mitterrand

ORLEANS. Verbalisation de manifestants « pro-kurdes »

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PARIS – Hier soir, un rassemblement autorisé condamnant l’attentat terroriste de Paris s’est transformé en une petite manifestation au centre de la ville d’Orléans. Des policiers présents pour assurer la sécurité de l’événement ont verbalisé plusieurs personnes à la fin du rassemblement pour « participation à une manifestation non autorisée ».

Verbalisation de manifestants le 27 décembre 2022, Orléans

Une des personne verbalisée nous a déclaré « qu’il s’agit d’un acte ciblé de répression policière envers une personne qui a exprimé son soutien et sa solidarité avec les luttes du peuple kurde ». En effet, il y a quelques semaines, l’extrême-droite avait transformé le rassemblement orléanais d’hommage à Lola (une fillette tuée dans le 19e arrondissement de Paris en octobre dernier) en une manifestation, sans que des participants soient verbalisés.

Apparemment, sur le sol français, l’extrême-droite peut manifester en tout liberté mais pas celles et ceux qui demandent justice pour les victimes [kurdes] d’un attentat terroriste au coeur de Paris…

 

Voici son témoignage:

« J’ai été arrêtée, avec 4 autres camarades adultes et un adolescent, par la police pour contrôle d’identité, suite au rassemblement qui a eu lieu le 27 Décembre 2022, Place de la République à Orléans. A l’issue de ce contrôle d’identité, un policier m’a dit que je serai verbalisée pour participation à une manifestation non autorisée.

Le rassemblement s’est très bien déroulé dans le plus grand calme et à l’issue de cette mobilisation pour dénoncer le meurtre de trois personnes kurdes vendredi 24 décembre à Paris , l’ensemble des participant.e.s a souhaité pouvoir partir en manifestation. Après des négociations avec la police présente sur place, en effet seul un rassemblement avait été déclaré en Préfecture, celle-ci a accepté d’encadrer et de sécuriser le cortège. Il est à noter que j’ai participé à ces négociations pour trouver le meilleur compromis afin que tout se passe dans un climat apaisé.

Le parcours dirigé et encadré par la police a été respecté par les manifestant.e.s, tout s’est passé dans le plus grand calme et aucun problème n’a été à déplorer. Cette manifestation s’est terminée Place d’Arc et s’est dispersée de manière sereine.

C’est alors que, sur le chemin du retour, j’ai été arrêtée, puis contrôlée au même titre que les quatre personnes qui m’accompagnaient, des camarades de la communauté kurde. Nous avions toutes participé à la manifestation.

Après nous avoir rendu nos papiers d’identité un policier m’a dit : « Vous, Madame vous recevrez une amende pour participation à une manifestation non autorisée ». Je tiens à préciser que l’agent verbalisateur était celui avec lequel j’avais négocié au départ de la manifestation. Pourquoi avoir attendu plus de 30 minutes après la dispersion de la manifestation, dans un lieu éloigné de la fin de la manifestation pour procéder à ce contrôle d’identité et me mettre cette amende ? Je milite depuis 20 ans sur Orléans et ai participé à des dizaines de manifestations sans n’avoir jamais été contrôlée.

Je considère qu’il s’agit d’un acte ciblé de répression policière envers une personne qui a exprimé son soutien et sa solidarité avec les luttes du peuple kurde. »

IRAN. Arrestations de centaines de femmes et mineures kurdes

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IRAN / ROJHILAT – Au moins 202 femmes kurdes, dont 30 de moins de 18 ans, ont été détenues par les forces gouvernementales iraniennes lors manifestations au Kurdistan et en Iran.

Selon les données recueillies par l’ONG Hengaw, les forces gouvernementales iraniennes ont kidnappé plus de 500 militantes kurdes au cours des 100 jours de protestations populaires dans les provinces d’Ilam, Kermanshah, Kurdistan (Sanandaj / Sînê), Azerbaïdjan occidental (Urmia), et d’autres villes. Hengaw a pu vérifier l’identité de 202 d’entre elles jusqu’à présent.

L’enquête de Hengaw montre que sur les 202 femmes dont l’identité a été confirmée, 27 étaient des étudiantes, 6 étaient des enseignantes, une était une avocate de base d’un système judiciaire et 30 avaient moins de 18 ans, la majorité étant des lycéennes.

Séparation par province :

Province du Kurdistan (Sanandaj) : 110 cas, Province de l’Azerbaïdjan occidental (Urumiyah) : 28 cas, Province de Kermanshah : 25 cas, Province d’Ilam : 21 cas et Autres villes d’Iran : 18 cas

Il convient de préciser que la plupart des femmes qui ont été arrêtées avec 72 cas ont été enregistrées dans la ville de Sanandaj. Les villes d’Ilam avec 13 cas, Kermanshah, Qorveh et Dehgolan sont également dans les rangs suivants avec 10 cas d’arrestation de femmes chacune.

Selon cette enquête, 7 femmes arrêtées par le régime ont été jugées sans avoir droit à un procès équitable.

Lors de ces simulacre de procès, Rozhin Yousefzadeh a été condamnée à 15 ans de prison, Soheila Moatai à 5 ans, Fatemeh Bigpour à 5 ans d’emprisonnement, Golnaz Bigpour à 5 ans, Zainab Bavir à 2 ans, Sakineh Alirezaei à 2 ans et Negar Davoudi a été condamnée à 5 ans de prison.

Le soulèvement « Jin, Jiyan, Azadi » se poursuit en Iran et au Kurdistan oriental

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IRAN / ROJHILAT – Né du meurtre de Jina Mahsa Amini, une jeune Kurde tuée pour un « voile mal porté », le soulèvement « Jin, Jiyan, Azadi » se poursuit en Iran et au Kurdistan oriental, malgré les massacres, arrestations, violences et exécutions.

La rage contre le régime iranien augmente progressivement alors que les manifestants pleurent les personnes qui ont été tuées par les forces du régime depuis que les manifestations ont éclaté pour la première fois après le meurtre de Jina Mahsa Amini, par la police des mœurs il y a 100 jours.

Hier (27 décembre), des commémorations ont eu lieu dans les villes kurdes de Mahabad, Bokan et Banê pour les commémorations du 40e jour du meurtre des manifestants tués par le régime iranien. Des centaines de personnes se sont rassemblées dans la ville de Mahabad pour commémorer Azad Hisên Pur, Mihemed, Ehmed, Galgeş et Kemal Ehmedpur. La foule scandait fréquemment des slogans anti-régime.

Une cérémonie a eu lieu avec la participation de centaines de personnes à Bokan pour commémorer Hiwa Cancan 40 jours après son assassinat par le régime iranien. Des slogans ont été scandés pour les martyrs lors de la cérémonie.

Des proches d’Aso Qadirê qui a été tué lors des manifestations dans la ville de Bane se sont rendus sur la tombe de leur bien-aimé et y ont déposé des fleurs.

Hier, les commémorations d’Ayal Heqî et d’Elî Êraq se sont transformées en manifestation dans la ville de Tabriz. Une autre commémoration a eu lieu pour Hemid Reza Ruh à Téhéran 40 jours après son assassinat.

Selon les dernières données de l’organisation iranienne des droits de l’homme, au moins 476 personnes, dont 64 enfants et 34 femmes, ont été tuées par les forces de sécurité lors des manifestations nationales en cours.

En outre, au moins 100 manifestants risquent actuellement d’être exécutés, condamnés à la peine de mort ou condamnés. C’est un minimum, car la plupart des familles sont sous pression pour rester silencieuses. On pense que le nombre réel est beaucoup plus élevé.

ANF

Kurdes tués à Paris: « C’est un fait politique grave de sécurité intérieure et extérieure »

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PARIS – L’assassinat des militants kurdes tués à Paris le 23 décembre dernier n’est pas un fait divers selon le chef de la France Insoumise, J-L Mélenchon qui revient sur ce deuxième attentat visant les Kurdes à Paris à 10 ans d’intervalle. Il ajoute que « Ce n’est pas non plus le problème de la seule communauté kurde. C’est un fait politique* grave de sécurité intérieure et extérieure. Tout ce qui sera fait sera regardé en détail dans les quatre pays (Turquie, Iran, Syrie, Irak) où vit le peuple kurde, par celui-ci comme par les régimes qui les dirigent. »

La tribune de Jean-Luc Mélenchon est à lire sur son blogue ici: Ce n’est pas un fait divers

Le vendredi 23 décembre, William M. a abattu trois militants kurdes rue d’Enghien : Emine Kara (Evîn Goyî), M. Şirin Aydın (Mîr Perwer) et Abdurrahman Kızıl. Trois autres Kurdes ont été blessés, dont un grièvement. Selon le procureur, l’homme a fait des aveux complets lors de son interrogatoire. Il aurait avoué une « haine pathologique des étrangers ». Depuis un cambriolage il y a six ans, l’homme aurait « toujours voulu tuer des migrants ou des étrangers ».

Tuerie de la rue d’Enghien: La peur d’être Kurde en France

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PARIS – Depuis le triple meurtre des militantes kurdes à Paris le 9 janvier 2013, un sentiment d’insécurité s’était propagé parmi les réfugiés kurdes qui avaient fui les massacres commis au Kurdistan par les États colonisateurs turc, perse ou arabes. Le dernier attentat terroriste de la rue d’Enghien et la tentative de meurtre d’un coiffeur kurde par un fasciste turc à Roubaix le 25 décembre n’ont fait que renforcer ce sentiment d’insécurité chez les Kurdes de France qui exhortent leur pays d’accueil à les protéger des fascistes turcs qui sèment la terreur sur le sol français.

On ne veut pas mourir d’être kurde

Lors de manifestations organisées en hommages aux victimes de la rue d’Enghien ou sur les réseaux sociaux, simples citoyens franco-kurdes ou activistes de la cause kurde, de nombreuses personnes témoignent des menaces de morts dont ils font l’objet. Certains dénoncent même les agressions fascistes commises par des fascistes turcs vivant en France.

Une militante franco-kurde engagée en politique fait part des menaces de mort qu’elle reçoit depuis de nombreuses années, sans que la police les prenne au sérieux et poursuive leurs auteurs. Elle demande si elle doit être tuée à son tour pour qu’enfin les autorités compétentes agissent. La même militante dénonçait il y a quelques temps les connivences entre la droite française et les fascistes turcs installés en France. Elle évoquait « les marchés publics, retour d’ascenseur… » entre certains élus de droite des communes concentrant une forte communauté turque et l’hypocrisie de cette même droite qui verse des larmes de crocodile, notamment quand les Arméniens sont attaqués par l’Azerbaïdjan, alors même qu’elle marche main dans la mains avec le fascisme turc ici en France.

Un autre jeune activiste franco-kurde, Arya Jemo a déclaré qu’il a « brisé un dur silence de 3 années » au cours desquelles il a reçu d’innombrables menaces de mort.

La famille d’Arya appartient à la communauté kurde yézidie d’Afrin, dans le nord du Rojava, en Syrie et lorsqu’Afrin fut envahie par la Turquie et ses supplétifs jihadistes, Arya s’est engagé dans l’humanitaire pour venir en aide aux réfugiés d’Afrin mais aussi de Shengal où DAECH / ISIS a commis un génocide en août 2014. Cet engagement dévoué lui a prévalu des menaces de mort dès le début.

Après le récent massacre de Paris, Arya a décidé de rendre public son calvaire et pour que cesse enfin la persécution des Kurdes en France.

Extraits de son témoignage:

« Il n’est pas normal que la génération de mes parents se soit sentie en sécurité en France, mais que moi, la relève, étant né, ayant grandi en France avec les valeurs de notre démocratie, je me sente pas en insécurité. »
(…)
J’ai réalisé aujourd’hui qu’au lieu de le cacher. Je dois le montrer et en parler pour me sentir en sécurité. La peur doit changer de camps.

Je suis un simple citoyen Franco-Kurde qui croit en la charte universelle des droits de l’homme qui a été adoptée EN FRANCE, à Paris même, le 10 décembre 1948.

Je souhaite vivre en paix, avec tout le monde. »

Agit Polat: « On surveillé mais pas protégé »

Lors de la conférence de presse organisée au soir de l’attentat de la rue d’Enghien, le porte-parole du Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F), Agit Polat, déclarait que les militants kurdes étaient surveillés par les autorités françaises mais pas protégés, faisant allusion aux assassinats politiques commis par les escadrons de la mort téléguidé depuis la Turquie.

Une autre activiste kurde voulant garder l’anonymat déclare « On est fatigué de mourir d’être kurde même ici en France où nous nous sommes réfugiés » et ajoute qu’en tant que citoyenne franco-kurde, ils ne sent plus en sécurité.

Sur Twitter, de nombreux jeunes franco-kurdes interpellent les responsables français (président Macron, ministre de l’intérieur Darmanin…) pour qu’ils mettent fin aux menaces de mort proférées à l’encontre des Kurdes de France.

Un de ces jeunes nous a contacté hier soir, déclarant que lundi matin (26 décembre), des jeunes turcs encagoulés arrivés à bord de deux voitures ont sonné chez-lui (on ne donne pas le nom de la commune par mesure de sécurité]. Sa mère a demandé à travers la port qui ils étaient. N’ayant pas reçu de réponse, ils n’ont pas ouvert la porte et aussitôt appelé la police. Mais que des policiers venus sur les lieux ont dit qu’ils ne pouvaient savoir s’il s’agissait de cambrioleurs ou de fascistes turcs qui voulaient s’en prendre à une famille kurde.

Il a écrit: « [Lundi matin], plusieurs individus viennent toquer à notre porte
Ma mère demande « c’est qui ? » elle voit personne. Puis c’est à mon tour de m’approcher. Je vois des mains tenir la porte du couloir en face de l’appartement. Ils se cachent leurs visages derrière cette porte. Lorsque je dit « c’est qui? » , je vois qu’ils lâchent la porte [et partent]. En regardant par la fenêtre je vois des individus monter dans des voitures. J’appelle la police. 5 minutes plus tard, 4 policiers sont devant ma porte et ne savent pas si c’est des Turcs ou des cambrioleurs. »
(…)
« De plus, une fois dans le tramway à Paris, lorsque je parlais en kurde avec ma mère, un monsieur turc d’environs 50 ans, très agacé, à failli nous agressé, puis finalement il est parti.

Depuis cet épisode mes proches me demandent sans arrêt de ne pas prononcé un seul mot en langue kurde dehors, c’est complètement incroyable, qu’ici en Europe, en France plus particulièrement, d’avoir peur de prononcer un mot en kurde, de peur d’être physiquement attaqué par des nationalistes turcs, comme ce fut le cas à Roubaix pour un coiffeur, qui a osé diffuser de la musique kurde. »

Il a déclaré que sa famille avait été traumatisée par ce nouveau massacre visant les Kurdes au coeur de Paris, ajoutant: « « On est solidaire avec les Kurdes sans être activiste. On veut zéro problème. Avant cet incident d’hier matin, mes proches étaient déjà paralysé par la peur. »

 

FRANCE. L’agresseur du coiffeur kurde poignardé à Roubaix mis en examen pour tentative d’homicide

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LILLE – Le 25 décembre, un fasciste turc a poignardé un coiffeur kurde à Roubaix au motif qu’il écoutait de la musique kurde, 2 jours après l’attentat terroriste visant les Kurdes à Paris. La victime a survécu à l’attaque, grièvement blessé au thorax de plusieurs coups de ciseaux. Son agresseur a été mis en examen le mardi 27 décembre pour tentative d’homicide.

« Le parquet a ouvert une information judiciaire du chef de tentative d’homicide volontaire avec la circonstance aggravante relative au caractère raciste des faits même si ce dernier point est contesté par l’intéressé », a indiqué Carole Etienne, procureure de la République auprès du tribunal de Lille.

Zîkrî Elî Avşîn, un Kurde marié de 27 ans et originaire d’Erbil (Hewler), capitale du Kurdistan irakien, a été poignardé à coups de ciseaux par un fasciste turc qui est entré dans le salon de coiffure où on écoutait de la musique kurde. Il aurait d’abord éteint la radio qui diffusait de la musique kurde tout en insultant Zîkrî Elî Avşîn. Lorsque Zîkrî Elî Avşîn lui a répondu qu’il pouvait écouter de la musique dans sa langue où il voulait, le fasciste a saisi des ciseaux de coiffeur et a poignardé Avşîn à trois reprises. Avşîn a été opéré à l’hôpital de Lille.

Hier, une manifestation a été organisée à Lille à l’appel des organisation kurdes qui dénoncent « l’État fasciste turc qui exporte sa terreur sur le sol français ».

TURQUIE. Les Kurdes pleurent les victimes de Roboski

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TURQUIE / KURDISTAN – Il y a onze ans, 34 Kurdes, pour la plupart des adolescents, ont été tués par des avions de guerre turcs alors qu’ils rentraient du Kurdistan du Sud avec de la marchandise de « contrebande » (kolbarî). Onze ans après les faits, les responsables de cet énième massacre des Kurdes restent impunis, tandis que d’autres Kurdes sont tués jusqu’en Europe où ils se sont réfugiés pour ne pas mourir d’être Kurdes…

Roboski, un massacre parmi d’autres au Kurdistan sous colonialisme turco-arabo-persan

Le 28 décembre 2011, 34 civils kurdes, dont 19 enfants, étaient tués par des avions de guerre turcs à Roboski. Onze ans après ce meurtre de masse délibéré, les responsables de ce massacre n’ont pas été traduits en justice, pire, depuis, la Turquie a massacré d’autres civils kurdes à l’intérieur de ses frontières mais aussi au Rojava, dans le nord de la Syrie, dans la région yézidie de Shengal, au Kurdistan d’Irak et jusqu’en France (massacres de Paris), en toute impunité.

Parmi les 34 victimes, il y avait plusieurs fratries

Les villages de Roboskî et Bejuh ont été formés dans les années 90, lorsque des dizaines de personnes chassées de leurs villages évacués se sont installées ici près de leurs proches après que leurs propres terres et villages ont été évacués par les forces de sécurité de l’État turc.

Jusqu’à présent, les forces de l’État turc ont posé des mines à travers les terres autour des villages, qui ont coûté la vie à cinq personnes et laissé plus de 20 autres paralysées. Il serait difficile d’estimer le nombre d’animaux tués dans les explosions de mines.

Contrebande ou le kolbarî* criminalisé

Ce qu’on appelle «frontière commerciale», «frontière» et ce que l’État et ses partisans appellent «contrebande» est la seule opportunité pour les gens d’ici de gagner leur vie. Ils n’appellent pas cela de la «contrebande» car les gens d’ici n’ont jamais reconnu les frontières que les autorités compétentes leur ont imposées. Ils sont impliqués dans la « contrebande » depuis l’époque de leurs grands-parents car ils ont toujours eu des familles, des proches ou des champs en Irak, de « l’autre côté » de la « frontière ». En fait, il n’y a pas de frontière physique en question, à la frontière il n’y a qu’une pierre avec le numéro 15 gravé dessus.

Sur ces terres « nationales », le reste d’un empire qui s’étendait sur trois continents, les gens vivaient des traumatismes sociaux au-delà de l’empire. Les gens vivent avec le traumatisme d’une histoire de grands massacres qui vont du génocide arménien au génocide de Dersim, des pogroms du 6 au 7 septembre aux coups d’État militaires, des massacres de Çorum, Maras et Mamak au massacre de Madımak, du massacre du 28 février dans le village de Zanqirt (Bilge) à celui de Roboski qui fût suivi par les massacres commis à Cizre, Sur, Silopi, Nusaybin… et dans d’autres régions kurdes au delà des frontières turques. Cet énième massacre raciste qui est entré dans l’histoire sous le nom de « Massacre de Roboski » est un maillon de cette chaîne de traumatismes vécus par le peuple kurde vivant sous le colonialisme turco-arabo-perse depuis un siècle.

Dans la soirée du 28 décembre 2011, un groupe de villageois est allé faire ce qu’il ferait normalement, le « commerce frontalier inter-kurde » (kolbarî*). Ils sont allés comme d’habitude à la connaissance et à la vue des unités militaires locales qui avaient déjà vidé tous les sites militaires de la région et ouvert la voie aux commerçants frontaliers un mois avant le massacre. Selon Murat Karayılan, président du Conseil exécutif du KCK (Union des communautés du Kurdistan), la zone où le bombardement a été effectué n’a jamais été utilisée par le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) depuis 1991.

Sur le chemin du retour de la frontière, les membres du groupe ont vu que les soldats turcs avaient fermé les trois sentiers allant au village. Ils ont subi un coup de semonce et des tirs d’artillerie sans être avertis de s’arrêter. Ubeydullah Encü, père de Muhammed Encü, 13 ans, qui a également perdu la vie cette nuit-là, a déclaré qu’il avait appelé le commandant du poste militaire près du village et l’avait informé qu’un groupe de personnes, dont son enfant, se trouvait dans zone. Le commandant a dit à Encü qu’il était au courant des gens là-bas et a répondu qu’ils venaient de tirer un coup de semonce pour intimidation. Cependant, les événement ne se sont pas déroulés de cette façon et leurs enfants ont été pris pour cible par les bombes des avions de combat F-16.

Les villageois qui se sont précipités sur les lieux après le bombardement racontent que 13 personnes étaient encore en vie et que les corps des autres brûlaient lorsqu’ils y sont arrivés. Ces personnes, qui en chemin ont rencontré des soldats de retour de la région, ont dû transporter les survivants blessés par leurs propres efforts car aucun responsable ne s’est rendu sur les lieux malgré le fait que des personnes aient informé les autorités turques peu après le massacre. Les soldats des postes militaires à proximité ont refusé aux équipes de secours de Şırnak la permission de se rendre sur les lieux pour récupérer les corps des victimes et des blessés. « Nous avons rassemblé les parties de leurs corps et essayé de les emmener dans notre village sur le dos des ânes qui ont survécu au bombardement. Tous les villageois qui étaient là ce jour-là savent que beaucoup de blessés ont succombé à leurs blessures et / ou sont morts de froid. 17 des 34 victimes étaient des enfants de moins de 18 ans. Quiconque visite le village une fois peut voir quel type de traumatisme il a causé. Les gens du village souffrent de dépression psychologique depuis ce jour (…). »

Cet événement tragique incontestablement médiatique n’a cependant pas été rapporté par les médias turcs pendant plus de 12 heures, tandis que certains des très rares personnes qui voulaient le rapporter ont été empêchées par leurs directeurs. Alors que les autorités de l’État ont commencé à faire des déclarations officielles sur le massacre, les médias ont eu recours à l’euphémisme et l’ont signalé sous le titre « incident près de la frontière irakienne ». Les débats des jours suivants se sont limités à demander « si les victimes étaient des passeurs ou des terroristes » et « si l’incident était un accident, une négligence ou un piège ».

Dans l’Ouest de la Turquie, la société turque a organisé toute la nuit des célébrations du nouvel an trois jours après le massacre, comme s’il ne s’était rien passé dans le pays, tandis que les habitants de Roboski vivaient une nuit douloureuse après avoir ramassé les corps de leurs frères et leurs fils en morceaux.

En remerciant le chef de la défense et le commandement militaire pour la « sensibilité dont ils ont fait preuve » après le massacre, le Premier ministre turc de l’époque, Recep Tayyip Erdoğan, a donné le signe de l’attitude que l’État turc aurait désormais.

Selon le témoignage des villageois, les autorités turques qui ont empêché les ambulances et les hélicoptères à se rendre sur les lieux la nuit du massacre ont envoyé une équipe sur les lieux un jour plus tard et ont fait rassembler tous les restes (parties de personnes et d’animaux) dans la zone et les ont brûlés, faisant disparaître des preuves en d’autres termes. Le procureur qui a qualifié le massacre d’erreur (…) a demandé à une équipe d’enquêter sur les lieux du crime avec un hélicoptère en vol et a écrit qu’ils «n’avaient rien vu» sur les lieux.

Le processus a avancé de manière si imprécise que même les noms et le nombre de victimes ont été enregistrés de manière erronée dans les rapports d’autopsie et donc dans les rapports des organisations des droits de l’Homme qui ont fondé leurs informations sur ces rapports. À la suite d’une série de reportages dans le village peu après l’incident, des organisations tels que MAZLUMDER, l’association des droits de l’homme (IHD), le barreau de Diyarbakır, la Confédération des syndicats des travailleurs du secteur public (KESK) et la plate-forme de la justice pour la fraternité (KİAP) ont convenu qu’il s’agissait d’un massacre.

Cette nuit-là, comme l’explique Ferhat Encü, frère de l’une des victimes et ancien député du HDP: « L’État est devenu une bombe et il a plu sur nous depuis les airs, ce qui a choqué nos enfants et nos proches (…). L’État qui a fait des morts et nous a laissés seuls avec nos proches décédés a en outre proféré des menaces après le massacre et tenté de nous empêcher d’enterrer les victimes côte à côte ».

En revanche, l’état-major turc a déclaré que l’opération s’est déroulée selon les procédures standard. « L’événement est douloureux sur le plan humanitaire, cependant, sur le plan militaire, il a été exécuté dans le cadre du mécanisme de prise de décision des opérations transfrontalières et dans le cadre des règles établies et des pouvoirs accordés aux forces armées turques », a déclaré l’état-major turc ajoutant que « des bombardements ont été effectués après avoir reçu des informations non confirmées selon lesquelles il y avait environ 30 terroristes dans la région ».

«Les forces de sécurité ont consulté les autorités compétentes et ont fait ce qui était nécessaire. Des erreurs peuvent toujours se produire», a déclaré le Premier ministre d’alors, Recep Tayyip Erdoğan.

*Qu’est-ce que le kolbarî?

Condamnés à la pauvreté par les États occupant le Kurdistan, des milliers de civils kurdes travaillent comme kolbars pour gagner leur vie dans les zones frontalières de l’Iran, de l’Irak et de la Turquie.

Les Kolbars / Kolbers sont les personnes qui transportent différents types de marchandises sur leur dos ou utilisent parfois des mules à travers les frontières. Si les marchandises ne sont pas les leurs, ils reçoivent en échange un salaire insignifiant du propriétaire des marchandises pour ce travail dangereux et épuisant physiquement.

 

 

LYON. Suicide: acte désespéré d’un Kurde d’Iran contre le régime sanguinaire iranien

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LYON – Mohammad Moradi, un jeune Kurde d’Iran étudiant à Lyon, s’est suicidé le 26 décembre en se jetant dans le Rhône en guise de protestation contre la répression sanglante menée par les mollahs iraniens depuis le début des protestations anti-régime.

« La police attaque les gens [en Iran], on a perdu beaucoup de fils et de filles, adolescents, même des enfants, donc on doit faire quelque chose. Je décide de me suicider dans le fleuve Rhône, c’est comme un challenge pour montrer que nous, peuple iranien, nous sommes très, très fatigués de cette situation. On décide de changer notre pays.
(…)
Je ne suis pas triste, j’ai décidé de faire ça pour montrer à tout le monde que les Iraniens ont besoin d’aide », a déclaré le jeune homme de 38 ans dans une vidéo postée sur Instagram annonçant sa mort.

Mohammad Moradi était originaire de la ville de Kermanchah, au Kurdistan iranien où les forces gouvernementales tuent, kidnappent, torturent ou tuent les manifestants pacifiques dont le seul crime est d’exiger de vivre libres.

 

 

NANTES. Manifestation contre l’assassinat des Kurdes en France

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NANTES. La communauté kurde de Nantes manifeste pour condamner l’attentant terroriste de Paris du 23 décembre et pour exiger que les autorités françaises trouvent les commanditaires qui sont derrière cet acte* barbare qui frappe de nouveau le peuple kurde à la veille du 10e anniversaire de l’assassinat de 3 militantes kurdes, toujours à Paris…

Les Kurdes de Nantes appellent à « s’opposer à l’État fasciste turc qui exporte sa terreur sur le sol français ».

RDV le samedi 31 décembre, à 14h
La place du Commerce
NANTES

*Le 23 décembre, William M. a abattu trois militants kurdes dans la rue d’Enghien, à Paris,: Emine Kara (Evîn Goyî), M. Şirin Aydın (Mîr Perwer) et Abdurrahman Kızıl. Trois autres Kurdes ont été blessés, dont un grièvement.

Kurdes tués à Paris: Encore des détails troublants

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PARIS – Comme dans l’assassinat de trois militantes kurdes le 9 janvier 2013, les détails entourant le massacre de la rue d’Enghien perpétré le 23 décembre 2023 montrent qu’il s’agit d’un attentat organisé par une équipe professionnelle.

Voici quelques-uns des détails troublants de l’attaque terroriste de 23 décembre rassemblés par le journaliste Deniz Babir:

Le massacre a lieu entre environs 11h36 et 11h40. Le tireur arrive sur les lieux avec une arme de fabrication américaine de 1911 avec 4 chargeurs et de nombreuses balles. Les propriétaires et les employés du restaurant Bonhomie [qui se trouve à une trentaine de mètres du centre culturel kurde, rue d’Enghien] déclarent que le tireur est descendu ici d’une voiture conduite par une femme qui a continué sa route.

Le tireur s’approche de l’Association culturelle kurde Ahmet Kaya en marchant 30 mètres et tire d’abord sur Abdurrahman Kızıl (Xalo), qui est assis devant la porte d’entrée du centre. Puis, tire sur la responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Emine Kara, (Evin Goyî) et le chanteur Pîr Perwer [Şirin Aydın]. Evin reçoit une balle dans la poitrine.

Pîr Perwer est blessé d’une balle reçue au ventre et se rend au restaurant kurde Avesta qui est en face de l’association. Evin veut de l’aide et le tireur revient sur ses pas, vérifie à nouveau Xalo pour voir s’il est mort et tire à la tête d’Evin qui est allongée dans une mare de sang.

Le tireur marche dans la rue avec beaucoup de calme et entre un peu plus loin dans le salon de coiffeur « Prestige » tenu par un Kurde de Dersim où il tire sur les personnes présentes. Quelqu’un est blessé ici. Alors qu’il change de chargeur, le tueur est capturé par les employés et clients du salon de coiffure.

25 minutes après la tuerie, une équipe de police arrive dans la rue et un policier fait un massage cardiaque à Evin. On leur dit que le tueur est allé au salon de coiffure et y vont l’arrêter. Alors que l’ambulance est arrivée sur les lieux 40 minutes plus tard, Pîr Perwer est décédé des suites d’une hémorragie. D’après les déclarations de témoins oculaires, le tueur a visé ses victimes de manière très calme et professionnel et chaque balle tirée a logé dans le corps des victimes.

Ce tireur très professionnel avait certainement fait un repérage dans cette rue avant le massacre, et si on creuse un peu plus cette affaire, on risque même de découvrir que l’assassin avait des complices qui surveillaient les lieux au moment du crime. C’est un acte mené très professionnellement. »

 

Il y a une veillé permanente au centre culturel kurde de Paris jusqu’au jour (date non connue pour le moment) du rapatriement des corps vers leurs terres natales, au Kurdistan « turque ».