IRAN. Le régime menace des militantes kurdes contre la Journée du 8 mars

IRAN / ROJHILAT – Les agents des services de sécurité iraniens ont menacé plusieurs militantes kurdes, leur ordonnant de ne pas participer aux actions prévues dans le cadre de la Journée internationale des femmes du 8 mars.
Plusieurs militantes des droits des femmes et des droits des travailleurs à Sanandaj (Sînê), dans la province du Kurdistan, ont été convoquées et menacées par les services de sécurité à l’approche de la Journée internationale des femmes.
Le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN) a appris que trois militantes des droits des femmes – Bahar Zangiband, Simin Chaychi et Sorayya Khedri – ont été convoquées pour interrogatoire par la branche du renseignement des forces de l’ordre le 6 mars.
Elles ont été interrogées sur leurs activités et averties de ne participer à aucun événement organisé à l’occasion de la Journée des femmes du 8 mars. Elles n’ont été libérées qu’après avoir signé un engagement écrit.
Dans le même ordre d’idées, au moins cinq militants syndicaux kurdes – Khabat Dehdar, Jamal Asadi, Tayyeb Chatani, Lotfollah Ahmadi et Eghbal Shabani – ont également été menacés par téléphone par des interrogateurs du bureau du ministère du Renseignement à Sanandaj.
Elles ont été averties de ne pas organiser ni participer à aucun événement le 8 mars.
Des sources suggèrent que ces mesures ont été ordonnées par Mohammad Jabbari, le procureur de la ville.
Zangiband et Khedri avaient toutes deux déjà été détenues à Sanandaj fin septembre 2022 lors du soulèvement antigouvernemental « Femmes, vie, liberté » et libérées sous caution après plusieurs semaines.
Khedri a également été renvoyée de son poste d’enseignante à l’Université islamique Azad de Sanandaj sur la base d’accusations fabriquées de toutes pièces liées à la sécurité.
Chaychi, poète et écrivaine de Sanandaj, a également été convoquée et détenue à plusieurs reprises au fil des ans en raison de son activisme. (Kurdistan Human Rights Network, KHRN)

Le roman « Kommando Ajax » d’une autrice kurde nominé pour le prix du livre de Leipzig

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ALLEMAGNE – Le roman « Kommando Ajax » de l’autrice et artiste visuelle germano-kurde, Cemile Şahin a été nominée pour le prestigieux Prix du livre de Leipzig (Leipziger Buchpreis) 2025. Son roman mêle roman policier, exil et résistance, faisant d’elle l’une des jeunes voix les plus inspirantes.   L’autrice et artiste visuelle kurde Cemile Şahin a été nominée pour le Prix du livre de Leipzig 2025 dans la catégorie Fiction pour son dernier livre, Kommando Ajax. Le roman, publié par Aufbau Verlag, propose une approche audacieuse et non conventionnelle du genre du braquage, mêlant roman policier et histoire profonde d’une famille kurde forcée à l’exil. Le prestigieux Prix du livre de Leipzig, décerné chaque année depuis 2005, récompense les nouvelles œuvres littéraires exceptionnelles en langue allemande dans trois catégories : fiction, essai et traduction. Les lauréats de cette année seront annoncés le 27 mars lors de la Foire du livre de Leipzig, qui se tiendra sous le thème « Worte bewegen Welten » (« Les mots font bouger les mondes »).
Kommando Ajax est un roman électrisant qui réinvente l’un des vols d’œuvres d’art les plus infâmes de l’histoire moderne : le vol de tableaux inestimables du musée Isabella Stewart Gardner de Boston, aux États-Unis, en 1990. Dans le récit de Şahin, une famille kurde vivant en exil se retrouve de manière inattendue en possession de ces chefs-d’œuvre perdus depuis longtemps, déclenchant une dangereuse implication avec des gangsters, des contrebandiers et des criminels répartis sur plusieurs continents. Le protagoniste du roman, Ali Hüseyin Korkmaz, un peintre et couvreur doué mais naïf, tombe sur les œuvres d’art volées lors de la rénovation d’une maison à Istanbul et les ramène sans le savoir à Rotterdam, aux Pays-Bas, où réside sa famille.   Mais au-delà des enjeux élevés de la criminalité, Kommando Ajax est un roman profondément personnel : il raconte l’histoire de la famille Korkmaz, originaire de Dêrsim, au nord du Kurdistan, dont le village a été incendié par l’armée turque, les forçant à chercher refuge en Europe. Le roman explore les thèmes de la famille, de l’exil, de la loyauté et de la trahison, reflétant les luttes plus larges des communautés kurdes contre l’oppression et le déplacement. L’écriture de Şahin tisse magistralement ces fils, faisant du roman à la fois un drame policier palpitant et une saga familiale poignante.   Ce qui distingue Kommando Ajax, c’est sa narration cinématographique. Inspiré par les films de gangsters britanniques comme Snatch de Guy Ritchie, le roman se déroule dans un format de type script, avec des notes de casting, des illustrations et une typographie expérimentale. Le récit rapide et fragmenté saute entre différentes périodes et perspectives, créant une expérience de lecture dynamique qui remet en question les normes narratives traditionnelles.   Outre son style particulier, Şahin y injecte une touche de satire et d’humour noir : les personnages du monde de l’art portent les noms de footballeurs célèbres tels que Mark van Bommel et Thierry Henry. Pourtant, malgré ses nuances ludiques, le roman délivre un message politique puissant : les femmes apparaissent comme les véritables héroïnes de l’histoire, renforçant subtilement les thèmes féministes qui traversent une grande partie de l’œuvre de Şahin.   Née en Allemagne dans une famille kurde, Cemile Şahin s’est forgée une réputation pour son approche interdisciplinaire de la narration. Elle mêle harmonieusement littérature, arts visuels et cinéma, s’inspirant souvent de thèmes historiques et politiques liés au Kurdistan, à la migration et à l’identité. Ses œuvres précédentes, dont Alle Hunde sterben (Tous les chiens meurent) et Taxi, ont été largement saluées pour leur commentaire politique acerbe et leurs techniques narratives innovantes. Au-delà de ses réalisations littéraires, Şahin est une fervente défenseuse des droits des Kurdes et de la lutte contre les régimes autoritaires. Sa nomination au Prix du livre de Leipzig souligne la reconnaissance croissante de sa voix artistique unique dans la littérature allemande contemporaine. Le Prix du livre de Leipzig, doté d’une dotation totale de 60 000 €, est l’un des prix littéraires les plus prestigieux d’Allemagne. Cette année, « Kommando Ajax » de Şahin est en compétition dans la catégorie Fiction avec d’autres œuvres remarquables, dont « Halbinsel » de Kristine Bilkau, « Air » de Christian Kracht et « Wackelkontakt » de Wolf Haas. Il est remarquable que les cinq nominés dans cette catégorie aient été sélectionnés parmi plus de 500 candidatures, ce qui souligne la concurrence féroce et l’importance de cette nomination pour Şahin. Les lauréats seront annoncés lors d’une cérémonie spéciale dans la Glashalle de la Foire de Leipzig. Medya News a réalisé une interview exclusive avec Şahin. Elle a adressé un message puissant aux jeunes écrivaines kurdes en herbe : « Écrivez sans crainte. Nos histoires ont souvent été effacées ou déformées, il est donc de notre responsabilité de les récupérer et de les documenter. N’attendez pas la permission – écrivez les histoires qui vous semblent urgentes. Et n’oubliez pas que raconter des histoires ne consiste pas seulement à refléter la réalité ; il s’agit aussi d’imaginer de nouvelles possibilités et de nouveaux avenirs pour notre peuple. »
 
interview (en anglais) à lire sur Medya News: Kurdish woman author’s ‘Kommando Ajax’ nominated for the prestigious Leipzig Book Prize

TURQUIE. Interdiction de la marche nocturne féministe d’Istanbul

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TURQUIE – Le gouvernorat d’Istanbul/Beyoğlu a interdit pour la deuxième année consécutive la marche nocturne féministe prévue demain soir à Taksim, à l’occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars.
 
Le gouverneur du district de Beyoğlu à Istanbul a émis une interdiction de manifestation de 24 heures à l’approche de la Journée des femmes, interdisant ainsi de fait la Marche nocturne féministe, un événement organisé depuis plus de deux décennies. Dans le cadre de l’interdiction, la place Taksim, le parc Gezi, l’avenue İstiklal et les zones environnantes seront fermés à la circulation piétonne et automobile. Le bureau du gouverneur a déclaré que les autorités avaient identifié des appels sur les réseaux sociaux exhortant les gens à se rassembler à Taksim, sur l’avenue İstiklal et sur l’avenue Sıraselviler à 19h30 le 8 mars. Il a déclaré que des mesures de sécurité supplémentaires seraient prises « en prévision d’éventuelles perturbations publiques », ajoutant qu’un accès contrôlé pourrait être autorisé dans certains cas. Le bureau du gouverneur a déclaré que ces rassemblements pourraient « conduire à des actions susceptibles de perturber l’ordre public et la paix sociale » et a annoncé une interdiction de 24 heures sur tous les événements publics dans les espaces ouverts à travers le district, à partir de 8 heures du matin le 8 mars. L’interdiction couvre les manifestations, la distribution de tracts et les sit-in. La marche nocturne féministe annuelle, traditionnellement organisée à Taksim à l’occasion de la Journée internationale des femmes, a été confrontée à des restrictions similaires au cours des années précédentes, les forces de sécurité bloquant l’accès à la zone et arrêtant les manifestants. (Bianet)

IRAN. Le régime emprisonne une poétesse lor à Dehdasht

IRAN / ROJHILAT – Il y a cinq jours, la poétesse et écrivaine lor, Mehregan Namavar a été arrêtée dans de la province de Dehdasht. Depuis, elle est tenue dans un lieu non divulgué à ses proches et à ses avocats, signale l’ONG kurde Hengaw. Mehregan Namavar, poète, écrivaine et critique littéraire de la province de Dehdasht, Kohgiluyeh et Boyer-Ahmad, a été arrêtée par les forces gouvernementales. Cinq jours après son arrestation, on ne sait toujours pas où elle se trouve. Selon un rapport reçu par l’ONG de défense des droits humains, Hengaw, le dimanche 2 mars 2025, Namavar, une écrivaine lor (ou lur) de 37 ans, a été arrêtée par les services de renseignement à Dehdasht. Malgré des efforts répétés, sa famille n’a pu obtenir aucune information sur son état de santé ou sur le lieu où elle se trouve. Notamment, Mehregan Namavar avait précédemment exprimé son soutien au mouvement « Femme, Vie, Liberté » en enregistrant et en partageant une vidéo du rappeur dissident Toomaj Salehi, appelant à sa libération. Au moment de la rédaction du présent rapport, aucun détail précis n’était disponible concernant les raisons de son arrestation ou les accusations portées contre elle. Hengaw

PAYS-BAS. Un réfugié yézidî frappé et menacé de mort par des islamistes

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PAYS-BAS – Salih Khalaf, un Yazidi de Sinjar, a été agressé par trois individus d’origine marocaine dans sa chambre du camp de réfugiés aux Pays-Bas. Les individus ont frappé le réfugié yézidi pour ne pas avoir respecter le jeûne pendant le Ramadan, lui ont volé son téléphone et son argent. Salih Khalaf, un Yazidi de Sinjar, a été agressé par trois individus d’origine marocaine dans sa chambre du camp de réfugiés de Gilze, près de Tilburg, aux Pays-Bas. Khalaf a déclaré que dans la nuit du 5 mars, vers 1h30 du matin, il a été agressé dans sa chambre. Plus tôt dans la soirée, un groupe l’avait interrogé, lui demandant : « Pourquoi ne jeûnes-tu pas pendant le ramadan ? » Plus tard, trois agresseurs ont grimpé par la fenêtre et l’ont agressé. « Ils m’ont mis un couteau sous la gorge et m’ont demandé de réciter la chahada [profession de foi essentielle de l’islam, dont elle constitue le premier des cinq piliers qui définissent les fondements de la croyance musulmane] », a déclaré Khalaf. « J’ai refusé, leur disant que j’étais Yazidi. En réponse, ils m’ont torturé pendant environ une heure, m’appelant infidèle et affirmant que mes biens leur appartenaient de droit. Ils m’ont également volé l’argent que j’avais sur moi. » L’activiste kurde réfugié en Allemagne, Gordyaen B. Jermayi a réagi à l’attaque islamiste dont a été victime ce Yézidi, déclarant qu’il travaille avec le Centre national de conseil en ligne pour les réfugiés (en allemand: Bundesweite Online-Beratungsstelle für Geflüchtete). Il a ajouté que « nous savons que les conditions de vie des réfugiés kurdes en Allemagne et dans toute l’UE sont extrêmement dures. Ils sont confrontés à des déportations massives et au racisme. La diaspora kurde est très inattentive à ce problème et d’autres soi-disant activistes sont occupés à se battre sur X ».
 

Combattantes YPJ : Nous nous battrons pour toutes les femmes du monde

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SYRIE / ROJAVA – A l’occasion de la Journée internationale des Femmes, 8 mars, es combattantes des Unités de protection des femmes (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin, YPJ) ont affirmé leur engagement à poursuivre la lutte pour protéger les femmes et défendre leurs droits, affirmant que « chaque jour est un 8 mars pour nous, et protéger les femmes est notre devoir ».

Le Rojava / Nord et de l’Est de la Syrie célèbre la Journée internationale des femmes avec de nombreuses actions, reflétant le rôle important que jouent les femmes dans divers domaines de la vie, en particulier dans la résistance à l’occupation et face aux défis politiques et sociaux.

Les célébrations de cette année se déroulent sous le slogan « Avec la philosophie de la femme, de la vie, de la liberté, vers une Syrie démocratique » et se caractérisent par un esprit de lutte qui reflète le parcours des femmes dans la liberté et la résistance. Les institutions féminines et les événements communautaires organisent des marches, des séminaires et des festivals culturels, en plus d’honorer les combattantes et les militantes qui ont fait d’importants sacrifices pour la liberté et l’égalité.

Ces événements surviennent dans un contexte d’attaques continues de l’occupation turque contre la région, faisant du 8 mars une occasion de renouveler l’engagement d’intensifier la lutte et de protéger les acquis des femmes dans le nord et l’est de la Syrie, où les Unités de protection des femmes (YPJ) et les institutions féminines jouent un rôle central dans l’affirmation du rôle des femmes en tant que force efficace dans la construction d’une société libre et juste.

Dans ce contexte, la combattante Esl Berhat a félicité toutes les femmes combattantes et résistantes du monde entier, saluant le rôle des Unités de protection des femmes dans la confrontation avec l’occupation turque et ses mercenaires, et le rôle des mères qui poursuivent la lutte dans le barrage de Tishrin.

Berhat a déclaré : « En tant que combattantes des unités de protection des femmes, nous voyons que la protection des femmes est notre devoir à tout moment, et nous poursuivrons notre lutte contre toutes les menaces qui les visent ».

Elle a souligné que la pensée et la philosophie du leader Abdullah Ocalan ont joué un rôle important dans la propagation de la lutte des femmes au Moyen-Orient et dans le monde, affirmant que les unités de protection des femmes ont prouvé leurs capacités à protéger les femmes de l’oppression, en particulier lors de leurs combats contre les mercenaires de l’EI, qui « ont effacé l’identité des femmes et ont voulu les maintenir dans l’obscurité de la pensée extrémiste ».

Elle a ajouté : « Toutes les pratiques de l’occupation turque et de ses mercenaires, ainsi que la mentalité autoritaire, ont été brisées grâce à la lutte des Unités de protection des femmes, qui ont diffusé la philosophie ‘Femmes, vie, liberté’ ». 

Intensification de la résistance contre l’occupation turque

De son côté, la combattante Leila Arab a félicité le leader Abdullah Ocalan et toutes les femmes du monde à cette occasion, affirmant que « la résistance montrée par les femmes est devenue une source d’inspiration pour la révolution des femmes et a établi l’existence d’unités de protection des femmes, qui incluent toutes les composantes de la région et luttent pour toutes les femmes ».  

Elle a souligné que l’occupation turque ne cible pas seulement les zones défendues par les unités de protection des femmes, mais utilise également une « guerre spéciale contre nous », affirmant que les combattant-e-s du barrage de Tishrin, de Qaraquzaq et de divers fronts de bataille « intensifieront leur lutte et affronteront l’occupation avec une position idéologique libre dérivée des pensées du leader Abdullah Ocalan ».

Leyla Arab a affirmé que « l’organisation de la force et de la volonté des femmes leur permettra de poursuivre la lutte, et nous serons dignes des sacrifices des martyrs qui ont donné leur vie pour la liberté des femmes ».

Elle a conclu son discours en déclarant : « Notre chemin est le chemin de la liberté et de la lutte. Nous protégerons notre peuple et nos femmes de la violence et de la tyrannie, et nous serons une barrière inexpugnable contre quiconque tente de cibler les femmes et leurs droits ».

ANHA

ROJAVA. De l’exclusion à l’autonomisation: le rôle des femmes au nord-est de la Syrie

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SYRIE / ROJAVA – Alors qu’on s’apprête à célébrer la Journée internationale des Femmes, 8 mars, la militante kurde, Arin Sweid revient sur la place centrale des femmes dans la révolution du Rojava. Des femmes tenues éloignées des instances politiques, sociales et militaires qui écrivent l’histoire moderne du pays avec courage et détermination. Voici le texte d’Arin Sweid: Rôle des femmes au nord-est de la Syrie : de l’exclusion à l’autonomisation Au XXIe siècle, les femmes syriennes ont connu de profondes transformations, influencées par des facteurs politiques, sociaux et économiques. Les conflits prolongés et les crises économiques les ont soumises à de graves difficultés, exacerbant leurs souffrances et limitant leur capacité à jouer un rôle actif dans la société. Cependant, malgré ces défis, de nombreuses femmes ont réussi à briser les barrières sociales et à émerger comme des figures influentes dans divers domaines, notamment la politique, l’économie et l’activisme social.  Leadership des femmes dans l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie  Depuis la création de l’administration autonome en 2014, les femmes du nord et de l’est de la Syrie ont joué un rôle de pionnière dans de nombreux secteurs. Elles ont occupé des postes clés dans les conseils locaux et les organes administratifs, jouant un rôle décisif dans la gouvernance et la prise de décision. En outre, elles ont contribué de manière significative à l’éducation, au développement économique et à la sécurité, notamment par l’intermédiaire des Unités de protection des femmes (YPJ), qui jouent un rôle crucial dans le maintien de la stabilité et la protection des communautés.  Ces évolutions soulignent le potentiel des femmes à diriger et à provoquer des changements lorsqu’elles en ont l’occasion. L’adoption d’un système de coprésidence, dans lequel hommes et femmes se partagent à parts égales les responsabilités de direction, est une caractéristique distinctive de la gouvernance dans le nord et l’est de la Syrie. Ce modèle, sans doute sans équivalent dans le monde, institutionnalise l’égalité des sexes et garantit aux femmes un rôle équitable dans les processus de prise de décision.  Droit de la famille : une avancée majeure pour les droits des femmes  L’une des avancées juridiques les plus importantes pour les femmes sous l’administration autonome a été la promulgation de lois familiales progressistes. Ces lois établissent non seulement l’égalité des sexes, mais vont plus loin en interdisant la polygamie et les mariages forcés tout en garantissant les droits des femmes en matière de garde et d’héritage. Ces mesures ont renforcé la position des femmes au sein de la société et offert des protections juridiques contre la violence domestique.  Cependant, la connaissance de ces droits légaux reste limitée en raison de barrières culturelles et éducatives, ainsi que de normes sociales profondément ancrées qui continuent d’empêcher les femmes d’exercer pleinement leurs droits. Il est urgent de mener des campagnes de sensibilisation complètes, non seulement pour informer les femmes de ces lois, mais aussi pour leur donner les moyens d’utiliser ces cadres juridiques comme des outils de justice et de protection dans leur vie quotidienne.  L’influence idéologique du leader Abdullah Öcalan sur les droits des femmes  Toute discussion sur les droits des femmes dans le nord et l’est de la Syrie serait incomplète sans reconnaître l’influence idéologique du leader Ocalan, détenu en isolement dans la prison d’Imrali depuis 1999. Malgré son emprisonnement, la philosophie du leader reste une force directrice dans la lutte pour la libération des femmes, soulignant que la véritable liberté sociétale ne peut être atteinte sans l’émancipation des femmes.  La vision du leader Öcalan est résumée dans ses déclarations :  « Pas de liberté dans une société si les femmes sont opprimées. »  « La libération des femmes est le fondement d’une société démocratique et libre. »  « Les femmes ne sont pas seulement la moitié de la société ; elles sont la force qui lui donne vie et qui la renouvelle. »  Ce cadre idéologique a transformé les femmes de récipiendaires passives de droits en agents actifs du changement, façonnant une société plus juste et plus équitable où elles reprennent la place qui leur revient en tant que leaders et innovatrices.  Autonomiser les femmes grâce à l’éducation et aux initiatives économiques  Les femmes leaders du nord et de l’est de la Syrie ont joué un rôle essentiel dans la sensibilisation et l’éducation en créant des centres de formation, en organisant des ateliers sur les droits des femmes et en encourageant la participation des femmes à la vie publique. De nombreuses initiatives locales ont également été lancées pour soutenir les femmes sur le plan économique par le biais de projets à petite échelle, contribuant ainsi à améliorer leurs conditions de vie et leur indépendance financière.  Malgré les difficultés auxquelles les femmes syriennes sont confrontées, elles ont fait preuve d’une résilience et d’une détermination remarquables, en particulier dans le nord et l’est de la Syrie, où elles ont bénéficié de plus grandes possibilités de participation. Cependant, parvenir à une pleine égalité des sexes reste un combat permanent qui nécessite des efforts continus en matière d’éducation, de réforme juridique et de plaidoyer social pour consolider le rôle des femmes en tant que partenaires égales dans la construction de l’avenir.  Défis futurs et montée des menaces extrémistes  Au vu des récents développements politiques, et notamment de l’arrivée au pouvoir de Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) à Damas, l’avenir des femmes syriennes suscite de plus en plus d’inquiétudes. Compte tenu de l’idéologie extrémiste de HTS, qui s’oppose fondamentalement aux droits des femmes et à leur participation à la vie publique, ces craintes sont fondées.  À ce tournant critique de l’histoire de la Syrie, il est impératif d’intensifier la lutte féministe et de préserver les acquis durement acquis par les femmes du nord et de l’est de la Syrie. Les principes établis par l’administration autonome ne doivent pas être compromis ou renversés sous le poids de l’idéologie extrémiste. La longue et difficile lutte pour les droits des femmes ne peut être abandonnée. Au contraire, les efforts doivent être redoublés et la résistance collective renforcée pour faire face aux défis imminents.  Les femmes doivent rester au cœur de tout projet démocratique, en tant que pierre angulaire d’une société juste et inclusive. Ce n’est qu’en s’engageant sans faille en faveur de l’égalité des sexes que l’avènement d’une Syrie véritablement démocratique et libérée sera possible. (ANHA)

La Syrie secouée par des affrontements sectaires

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SYRIE – Depuis la fin du règne du dictateur syrien al-Assad, hormis les régions du Rojava contrôlées par une alliance arabo-kurde pluraliste et féministe, les autres régions sont en proie aux combats sectaires où on voit les groupes islamistes commettre des crimes de guerre contre les populations alaouites, druzes, kurdes, chrétiens… qui ont la malheur de ne pas être des Arabes sunnites. Alors, on se retrouve dans un nouveau cycle de violences dans un pays saigné à blanc pendant 14 ans de conflits armés. En attendant qu’il y ait une Syrie décentralisée que les Kurdes (et les Druzes) demandent depuis des années, des combats font rage sur la côte ouest de la Syrie, prétendument entre des restes de l’Armée syrienne arabe d’Assad et des groupes islamistes sous commandement turc et d’HTC, dont la majorité arbore les symboles du groupe terroriste État islamique (DAECH / ISIS). Voici un tour d’horizon sur la côte syrienne: La nuit dernière, des affrontements violents ont éclaté entre des groupes armés et les forces gouvernementales de Damas dans plusieurs villes syriennes, notamment à Lattaquié, Tartous, Jableh, Homs, Hama et Deraa. Selon les premières informations, plus de 100 personnes ont été tuées, des maisons ont été incendiées et des civils ont été torturés par les forces jihadistes combattants pour le compte du HTC / HTS qui a pris le pouvoir à Damas. Les affrontements violents se poursuivent depuis jeudi soir dans les régions du sud et côtières de la Syrie. Selon des sources locales, des affrontements intenses ont eu lieu à Lattaquié, Tartous, Jableh, Homs, Hama et Deraa entre des groupes armés et les forces gouvernementales de Damas.   À Lattaquié, des groupes armés auraient pris le contrôle de certaines zones auparavant contrôlées par les forces de Damas, notamment la base militaire de Satamo et une autre zone militaire sous contrôle gouvernemental. Une vidéo circulant en ligne montrerait des membres du commandement militaire de Damas capturés par des groupes armés. Plus de 100 personnes ont été tuées, des maisons ont été incendiées et des civils ont été torturés   Selon les rapports, plus de 100 personnes ont été tuées dans les combats à Lattaquié, Tartous et Homs, et de nombreuses autres ont été blessées. Des vidéos partagées en ligne montrent des corps gisant dans les rues. À Lattaquié, un véhicule appartenant au Parti islamique du Turkestan a été pris en embuscade par des groupes armés. Une vidéo montre un homme s’exprimant en turc, affirmant qu’ils ont été pris dans une embuscade. D’autres images montrent plusieurs soldats des autorités de Damas capturés par des groupes armés. À Homs, la maison d’un civil a été incendiée. Une image de la maison incendiée a circulé sur Internet. Une autre vidéo montre un homme torturé au sol. Les autorités de Damas ont envoyé des renforts militaires   Alors que les combats s’intensifiaient, le gouvernement de Damas a déployé des renforts en provenance de Damas, Hama, Idlib, Alep et Deir ez-Zor dans les zones de conflit. L’état d’urgence a été décrété, avec des restrictions de mouvement imposées dans les zones touchées. La Turquie a déployé des troupes en Syrie   Parallèlement, des rapports indiquent que les forces d’occupation turques ont envoyé des renforts militaires en Syrie via le poste frontière de Bab al-Hawa. Des vidéos ont fait surface montrant des véhicules militaires turcs pénétrant sur le territoire syrien. La situation continue de se détériorer   Selon certaines sources, des affrontements se poursuivent dans la majeure partie de la région côtière syrienne entre des groupes armés et les forces des autorités de Damas. (ANHA)

SYRIE. L’AANES appelle à la désescalade sur la côte syrienne

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SYRIE / ROJAVA – L’administration arabo-kurde du Rojava a appelé à la désescalade sur la côte syrienne et au recours au dialogue, après que des affrontements violents ont éclaté entre les forces gouvernementales de Damas et des groupes armés dans la région côtière. La nuit dernière, des affrontements violents ont éclaté entre des groupes armés et les forces gouvernementales de Damas dans plusieurs villes syriennes, notamment à Lattaquié, Tartous, Jableh, Homs, Hama et Deraa. Selon les premières informations, plus de 100 personnes ont été tuées, des maisons ont été incendiées et des civils ont été torturés par les forces jihadistes combattants pour le compte du HTC / HTS qui a pris le pouvoir à Damas. L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) dirigée par une coalition arabo-kurde a exhorté toutes les parties à faire preuve de sagesse et de retenue et à mettre un terme à cette escalade, « qui ne fera qu’élargir davantage le fossé entre les forces nationales syriennes. En fin de compte, c’est le peuple syrien qui paiera le prix de ces contradictions ». Des affrontements ont éclaté dans plusieurs zones de la côte syrienne entre les forces affiliées aux autorités de Damas et les groupes militaires de la région. En réponse, l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie a publié le communiqué suivant appelant toutes les parties à faire preuve de sagesse et de retenue.   « Les tensions et les affrontements s’intensifient en Syrie, en particulier dans la région côtière, entre les forces affiliées aux autorités de Damas et les groupes militaires de la région. Nous, l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, tout en exprimant notre profonde préoccupation et notre tristesse face aux événements survenus dans la région côtière, soulignons que la cause profonde de cette escalade est la mauvaise interprétation par les autorités syriennes de la réalité sur le terrain et leur incapacité à prendre en compte la sensibilité de la situation en Syrie, en particulier de ses diverses composantes et communautés. Cette escalade entraîne notre pays au bord du désastre et peut conduire à des massacres contre notre peuple syrien. Nous appelons toutes les parties à agir avec sagesse, à faire preuve de retenue et à mettre un terme à cette escalade, qui ne fera qu’aggraver les divisions au sein des forces nationales syriennes. En fin de compte, c’est le peuple syrien qui paiera le prix de ces contradictions. Nous avons affirmé à plusieurs reprises que la Syrie a besoin d’un véritable dialogue national pour discuter des moyens de garantir la stabilité et de résoudre les conflits et les problèmes en cours entre les forces syriennes. Nous avons également déclaré que le dialogue est la seule voie pour construire une Syrie qui réponde aux espoirs et aux aspirations de tous ses citoyens, quelles que soient leurs origines. Une fois de plus, nous appelons à la fin de l’escalade et au retour au dialogue. Nous appelons le peuple syrien à ne pas se laisser entraîner dans des tentatives visant à déclencher une guerre civile dans notre pays, car nous en serions tous les perdants, tandis que nos ennemis exploiteront la situation pour leurs propres intérêts en Syrie. » (ANHA)

TRIBUNE. « Soutenons le processus de paix, n’abandonnons pas les Kurdes ! »

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PARIS – Des élu·es et représentant·es des partis du NFP se sont rendus fin janvier au Nord Est de la Syrie. Ils exhortent la France à « faire entendre son soutien à la participation des FDS (Forces Démocratiques Syriennes) aux discussions en cours en Syrie, que le dialogue inter syrien n’exclue aucune communauté et région et se déroule sans ingérence extérieure notamment de la Turquie. » Voici leur tribune:

« Soutenons le processus de paix, n’abandonnons pas les Kurdes ! »

Elu·es et représentant·es des partis du NFP, nous nous sommes rendus fin janvier au Nord Est de la Syrie (AANES) pour les 10 ans de la libération de la ville de Kobané. Nous avons par la suite accueilli une délégation de l’AANES qui a été reçue à l’Hôtel de Ville de Paris, au Sénat et à l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui, nous voulons briser le silence de la communauté internationale, alors que des milices islamistes payées par la Turquie attaquent chaque jour le barrage de Tichrine, commettant les mêmes exactions et crimes que Daesh hier, au service d’une idéologie obscurantiste analogue et que des drones turcs continuent de frapper la population. Ce ne sont pas seulement les forces armées, (FDS, YPG et YPJ) qui défendent cette position militairement stratégique et essentielle pour l’accès à l’électricité et l’eau dans toute la région, mais les populations elles-mêmes au prix de leur vie. Ces attaques impactent la lutte menée par les FDS contre Daesh qui se poursuit également. Pourtant, en 2015, toute la communauté internationale saluait le courage des forces YPG, YPJ et alliés qui ont battu  Daesh, pour la liberté, les droits des femmes dans la région comme dans le monde entier, notamment en France où nous avons subi les attentats islamistes. Nous ne devons pas les abandonner. L’Union européenne et la France doivent intervenir urgemment auprès de la Turquie d’Erdogan, comme auprès d’Israël qui occupe le Golan, pour que cessent ces offensives contraires au droit international remettant en cause les frontières souveraines de la Syrie. La coalition internationale doit installer une no fly-zone dans le nord et nord-est de la Syrie pour protéger les populations, exiger un cessez-le-feu et un embargo sur les armes. Dans le même temps, le nouveau gouvernement syrien demande aux groupes armés de Syrie, y compris aux YPG, YPJ et FDS, de rendre les armes pour intégrer une seule armée dans une Syrie unifiée alors même qu’ils font face aux attaques et que la menace de Daesh est toujours bien présente dans la région. Nous apprenons que les services secrets turcs sont invités et très présents dans les discussions du nouveau gouvernement de Syrie. Les déclarations du nouveau gouvernement syrien qui considère que les femmes n’ont pas à faire partie de l’armée mais doivent rester à la maison font craindre de terribles reculs pour les droits des femmes. L’Union européenne et la France doivent soutenir, sans ingérence, les revendications de l’AANES pour une Syrie unifiée indépendante de la Turquie, décentralisée qui respecte une autonomie pour chaque région et notamment leur région du nord-est de la Syrie. Son contrat social, basé sur le vivre ensemble et la participation démocratique de toutes les communautés (kurdes, arabes, syriaques, etc.), l’égalité entre hommes et femmes et leur implication dans toutes les sphères de la société et de l’armée est une chance pour toute la Syrie pour un processus constituant à construire.
Après avoir visité le camp d’Al Hol incluant le camp des prisonniers étrangers de Daesh et d’autres camps de réfugiés internes notamment en provenance d’Afrin, nous réaffirmons l’urgence d’un processus de paix dans la région qui passe par une solution politique négociée avec l’AANES pour que cessent les déplacements subis de populations. Un tribunal pénal international doit être instauré pour juger tous les djihadistes de Daesh et aussi ceux de toutes les milices financées par l’Etat turc. À défaut, le rapatriement des ressortissants français doit être organisé. Par ailleurs, les enfants français doivent être rapatriés et pris en charge par la France, conformément aux conventions internationales dont elle est signataire. Il serait irresponsable de laisser le camp d’Al Hol, véritable bombe à retardement, et ses 39 000 réfugiés dont 24000 enfants en provenance des anciennes zones dirigées et radicalisées par Daesh sous la responsabilité de la Turquie ou du nouveau gouvernement de Syrie. Il faut autoriser les populations déplacées d’Afrin, de Tal Abyad et de Serekeniye en 2018, octobre 2019 et décembre 2024 par l’occupation turque à récupérer leurs maisons dans une nouvelle Syrie. Les récentes déclarations d’Abdullah Öcalan et du PKK ouvrent une nouvelle perspective pour un dialogue élargi, qui pourrait contribuer à la stabilité en Turquie mais aussi en Syrie. En avançant vers une solution politique, elles ôtent à la Turquie un prétexte pour poursuivre ses attaques contre les Kurdes de Syrie. Il est donc essentiel de saluer cette initiative et de la soutenir activement afin qu’elle aboutisse. Le Président Macron a organisé le 13 février dernier une conférence internationale sur la Syrie. Les représentants de l’AANES auraient dû y être conviés. Le ministre des Affaires étrangères s’y était engagé à l’Assemblée nationale en réponse à la question d’actualité de Danielle Simonnet. Mais le porte-parole du ministère est revenu sur cette promesse, au motif que « c’est une conférence ministérielle (…) avec des invitations qui ont été lancées à des ministres des affaires étrangères donc à des gouvernements donc les kurdes ne sont pas dans cette conférence », alors même que différentes ONG ont pu y participer. Celles et ceux qui ont combattu Daesh hier et ont construit dans le Nord-est de la Syrie une démocratie exigeante, respectueuse du pluralisme et féministe ne sont pas un « problème » pour la Syrie de demain, mais la solution. La France doit faire entendre son soutien à la participation des FDS aux discussions en cours en Syrie, que le dialogue inter syrien n’exclue aucune communauté et région et se déroule sans ingérence extérieure notamment de la Turquie. Les signataires : Les député.es Danielle Simonnet (groupe Écologiste et social, co-fondatrice de l’APRÈS), Thomas Portes (groupe La France Insoumise, président du groupe d’études Kurdes à l’Assemblée nationale) Les conseiller.es de Paris Geneviève Garrigos (Parti Socialiste) Jérôme Gleizes (Écologistes) La conseillère départementale Lamya Kirouani (Parti communiste) Et Dylan Boutiflat (secrétaire national du PS aux relations internationales).