Hier, les autorités turques ont remis mes ossements à mon père dans un sac au palais de justice de Diyarbakır (Amed). Mon père m’a pris dans ses bras. Il était seul, ne savait quoi faire. Il a allumé une cigarette, passé un coup de fil à la maison pour annoncer qu’il me serrait enfin dans ses bras. Après, il a appelé un taxi pour m’emmener à la maison, à Elazig.
Sur le chemin du retour, mon père pensait aux autres parents kurdes qui avaient eux aussi reçus dans des sacs les restes de leurs enfants remis par les autorités turques… Il se disait qu’avec des restes de leurs enfants donnés dans des sacs, le régime turc se vengeait des familles kurdes dont les enfants ont tués par les forces armées turques.
Ensuite, mon père s’est mis à prier pour que je sois le dernier jeune tué et mis dans un sac. Il a prié fort pour que prenne fin le colonialisme du Kurdistan et qu’enfants et parents, on se serre de notre vivant, loin des sacs contenant nos ossements…
Je dis tout cela mais je ne suis sûr de rien puisqu’après tout, je ne suis qu’un sac d’ossement humain. Tout ce que je dis n’est que le fruit de mon imagination. Mais je pense vraiment que mon père a prié pour que la paix vienne enfin au Kurdistan car aucun parent ne peut aimer la guerre qui leur arrache leurs êtres les plus chers. Alors, pardonnez moi mes errements et priez, ou plutôt, agissez pour qu’il n’y ait plus de guerre au Kurdistan. Nous sommes vraiment fatigués de mourir si jeunes et si nombreux. Merci.
Qui est Hakan Arslan?
Hakan Arslan a été tué il y a 7 ans à Sur, quartier historique d’Amed. Ses ossements ont été remis à son père dans un sac par les autorités turques hier.
Le père Ali Rıza Arslan, qui est venu à Diyarbakır depuis Erzurum, s’est rendu au palais de justice de Diyarbakır. Les os de son fils ont été livrés à Arslan dans un sac. Le père Ali Rıza Arslan est parti pour Erzurum, sa ville natale où les ossements de son fils seront enterrés.