TURQUIE – Depuis hier soir, on assiste à une violence policière ciblant les manifestants et les journalistes lors de protestations provoquées par l’arrestation illégale d’Ekrem İmamoğlu, Maire de la municipalité métropolitaine d’Istanbul, accusé de terrorisme et de corruption pour avoir fait alliance avec les Kurdes lors des élections municipales. Par ailleurs, de nombreuses personnes, dont neuf journalistes couvrant les protestations Imamoglu ont été arrêtées violement lors de raids menés à Istanbul et Izmir.
Ce matin, la police a arrêté neuf journalistes lors de raids matinaux menés à Istanbul et Izmir. Parmi les journalistes arrêtés, il y a l’éminent photojournaliste Bülent Kılınç et le photojournaliste de l’AFP Yasin Akgül. Par ailleurs, hier soir, des policiers ont frappé les femmes journalistes de BirGün, Ebru Çelik et Deniz Güngör qui couvraient le rassemblement organisé à Saraçhane.
La police a arrêté neuf journalistes lors de raids matinaux dans plusieurs villes, ciblant ceux qui avaient couvert les manifestations après l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu. De plus, un journaliste a été placé en garde à vue sur le lieu de la manifestation la nuit dernière.
Les arrestations ont eu lieu alors que les manifestations se poursuivent à travers le pays, en particulier sur la place Saraçhane d’Istanbul, près du bâtiment de la municipalité métropolitaine.
Parmi les personnes arrêtées figuraient des photojournalistes qui documentaient la réaction de la police aux manifestations. Les autorités n’ont pas révélé les charges précises retenues contre eux.
Depuis le début des manifestations le 19 mars, plusieurs journalistes ont été blessés lors des interventions policières alors qu’ils couvraient les événements sur place. La police aurait également endommagé le matériel des journalistes dans certains cas. Ces incidents ont été condamnés par les syndicats de journalistes.
À Istanbul, parmi les personnes arrêtées figurent le photojournaliste de l’AFP Yasin Akgül, le reporter de Now Haber Ali Onur Tosun, les photojournalistes Bülent Kılıç, Zeynep Kuray et Hayri Tunç, ainsi que les photographes municipaux Kurtuluş Arı de la municipalité métropolitaine d’Istanbul et Gökhan Kam de la municipalité de Bakırköy. Zişan Gür, journaliste pour Sendika.org, a été arrêté alors qu’il couvrait les manifestations à Saraçhane.
À Izmir, le photojournaliste Murat Kocabaş et le chroniqueur de BirGün Barış İnce, également à la tête de la branche d’Izmir du Parti de gauche (SOL), ont été arrêtés. La police a également perquisitionné le domicile du journaliste Emre Orman, mais celui-ci n’était pas présent au moment des faits.
« La sécurité des journalistes est en danger »
Les organisations de défense de la liberté de la presse et les syndicats de journalistes ont condamné ces arrestations. Erol Önderoğlu, représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, a déclaré : « Les attaques contre les journalistes ne montrent aucun signe de ralentissement. Leur sécurité et leurs droits sont bafoués. Nous appelons le ministre de l’Intérieur à mettre fin à ces violations. »
Le Syndicat des journalistes de Turquie (TGS) a déclaré : « Les journalistes qui s’acquittent de leur devoir d’information sont pris pour cible. Cessez votre politique de pression et de censure contre la presse. »
Le Syndicat de la presse de la Confédération des syndicats progressistes (DİSK Basın-İş) a déclaré : « L’arrestation de journalistes lors de perquisitions à leur domicile constitue une atteinte à la liberté de la presse et au droit du public à l’information. Réduire les journalistes au silence ne masquera pas la vérité. » (Bianet)