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ROJHILAT. Le régime iranien s’apprête à exécuter 4 détenus à Orumiyeh

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ROJHILAT / IRAN – Quatre détenus ont été transférés en cellule d’isolement pour être exécutés demain à la prison centrale d’Orumiyeh.
 
Quatre prisonniers condamnés à mort pour meurtre auraient été transférés à l’isolement à la prison centrale d’Orumiyeh depuis différents quartiers pour être exécutés.
 
Le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN) a identifié trois de ces détenus comme étant Heman Banavand et Mohammad Aref Najafian du quartier 3-4 en plus de Abdolkhalegh Royayi du quartier 14.
 
Abdolkhalegh Royayi serait détenu à la prison d’Orumiyeh depuis 17 ans.
 
Les autorités pénitentiaires ont dit aux détenus qu’ils seraient exécutée demain si les « propriétaires du sang (Oliya-e-dam) » ne faisaient pas preuve d’indulgence à leur égard.
 

Campagne sur les réseaux sociaux pour célébrer la révolution du Rojava

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Pour célébrer le 7ème anniversaire de la révolution du Rojava, le réseau mondial RISEUP FOR ROJAVA a appelé à une campagne sur les réseaux sociaux le 19 juillet.
 
Le 19 juillet, ce sera le 7ème anniversaire de la Révolution du Rojava.
 
Pour attirer l’attention sur cette journée historique, le réseau mondial RISEUP FOR ROJAVA appelle à une campagne sur les réseaux sociaux pour célébrer le 19 juillet et la révolution du Rojava.
 
RISEUP FOR ROJAVA invite les gens du monde entier à « partager vos félicitations avec les habitants du Rojava par le biais de la vidéo et de l’image et d’indiquer clairement ce que la révolution du Rojava signifie pour vous et pourquoi elle doit être défendue ».
 

Le rendez-vous est fixé le 19 juillet à 18 heures (heure locale en Europe centrale). Les hashtags seront #pirozbe et #riseup4rojava et les messages seront publiés sur Twitter et Facebook.

Le communiqué rappelle que « le 19 juillet 2012, la révolution a commencé à Kobane et s’est rapidement étendue aux villes kurdes d’Afrin, Qamishlo et Derik.

 
Sept années au cours desquelles l’histoire a été écrite. Sept années au cours desquelles la vie de millions de personnes a radicalement changé. Sept ans durant lesquels des centaines de milliers de femmes se sont organisées et libérées, des milliers de communes et d’innombrables coopératives ont été fondées.
 
Ce qui a commencé alors à Kobanê est devenu une lutte majeure contre le fascisme de notre temps et pour la libération des femmes et de la société. La politique de division du régime syrien a été surmontée. Aujourd’hui, 80 % des combattants des YPG et des YPJ sont arabes. Des centaines de milliers d’enfants kurdes, arabes, assyriens et turkmènes apprennent leur langue maternelle, une nouvelle historiographie et le Jineoloji, la science du point de vue des femmes. Les enfants de la révolution sont un symbole vivant de cette nouvelle vie. La liberté s’est gravée dans la mémoire collective de la société.
 
La révolution est encore pleine de contradictions et d’énergie. Sept années au cours desquelles les sociétés du Kurdistan, du nord et de l’est de la Syrie se sont élevées et ont progressé de jour en jour.
 
Sept années au cours desquelles une lourde guerre a fait rage et le Rojava a été attaqué par toutes les parties. Sept ans pendant lesquels la résistance a été présente toutes les secondes et tous les instants. La guerre a commencé en septembre 2012 lorsque des gangs d’Al-Nosra ont attaqué la ville de Serikaniye, suivie par l’attaque de la DAESH sur Kobanê, la défense de dernière minute de l’attaque et la libération complète de Kobane a été le début de la fin du prétendu califat. DAESH a trouvé sa fin dans la résistance de Kobanê. Avec la résistance de Kobane, le Rojava est devenu un symbole d’espoir dans le monde entier.
 
Kobanê, Gire Spî, Til Temir, Til Hamis, Heseke, Al Hol, Minbic, Shaddadi, Tabbqa, Raqqa, Deir-a Zor, Afrin. Les unités de défense du peuple et des femmes (YPG / YPJ) et les forces démocratiques syriennes ont défendu la vie libre au cours des six dernières années, libérant des millions de personnes de l’esclavage du SI et les défendant contre le fascisme turc.
 
Le 19 mars dernier, DAECH a finalement été battu à Baghouz. Dans la lutte contre les dernières positions de DAECH révolutionnaire et internationaliste italien Lorenzo Orsetti (Tekoşer Piling) est tombé l’avant-dernier jour de l’opération. Une mort douloureuse si proche de la fin militaire de DAECH dans le nord-est de la Syrie. Lorenzo nous rappelle des centaines, des milliers de révolutionnaires qui sont tombés dans la lutte pour la vie libre dans la lutte contre DAECH et la Turquie fasciste de l’OTAN. Nous nous souvenons de tous les morts, des jours passés ensemble, des danses, des discussions, des difficultés et des succès. »
 
« Peut-il y avoir une vie plus significative ? »
 
La déclaration se termine par un hommage à tous les martyrs de la Révolution du Rojava. « Les morts sont la valeur de cette révolution. Les morts ont fait de la révolution ce qu’elle est aujourd’hui. Sans eux, il n’y aurait plus de révolution, sans eux nous n’aurions rien à célébrer le 19 juillet. Ils sont entrés dans l’histoire par leur attitude déterminée envers les valeurs universelles du socialisme et leur amour pour la liberté et l’humanité ! Lorenzo, Ivana Hoffmann, Anna Cambell, Legerin Ciya, Dilsoz Bahar et beaucoup d’autres internationalistes ont fait partie de cette histoire par leur abnégation. Et c’est notre héritage de continuer à écrire cette histoire et d’étendre et de défendre la révolution. »
 
Via ANF

Le génocide du 3 août : Les femmes yézidies appellent à une journée d’actions mondiales

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La Fédération allemande des Assemblées des Femmes a déclaré le 3 août, jour anniversaire du génocide perpétré par DAECH contre les Yézidis à Shengal, jour d’actions et a appelé tout le monde à sortir dans la rue contre le féminicide.
 
Le 3 août 2014, des mercenaires de l’Etat islamique (EI ou DAECH / ISIS) ont attaqué la ville de Shengal dans le Kurdistan du Sud, tuant des milliers de civils, dont des enfants, des femmes et des vieillards.
 
Des milliers de femmes yézidies ont été enlevées par des mercenaires, réduites à l’esclavage sexuel, et beaucoup d’autres ont été torturées et exécutées.
 
Lors de l’un des génocides les plus terribles du 21ème siècle, des dizaines de milliers de Yézidis ont été secourus par le couloir ouvert par les combattants des YPG – YPJ et la guérilla kurde du HPG (PKK).
 
Pour commémorer le cinquième anniversaire de ces massacres qui constituent un génocide, la Fédération allemande des Assemblées des femmes a déclaré le 3 août « La Journée d’action contre le féminicide ».
 
L’appel s’adresse en particulier aux femmes pour qu’elles organisent des activités et des actions ce jour-là, en souvenir de Shengal.
 
Sous la direction de la Fédération, le 3 août à 11 heures à Shengal et dans le monde entier, une minute de silence sera observée en hommage aux femmes enlevées par des mercenaires de DAECH.
 
Dans leur appel, la Fédération des Assemblées des Femmes et les organisations de la société civile ont déclaré que les actions exigeront la fin de la tragédie des femmes yézidies et du féminicide.
 
 

KURDISTAN DU SUD / FÉMINICIDES : 89 femmes mortes au cours des 5 premiers mois de 2019

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KURDISTAN DU SUD / FÉMINICIDES – 89 femmes se sont auto-mutilées ou se sont suicidées au Kurdistan du Sud (Bashur) au cours des cinq premiers mois de 2019.
 
Selon le bilan publié par l’administration chargée de la lutte contre les violences faites aux femmes, 89 femmes se sont immolées ou sont mortes au cours des cinq premiers mois de 2019. Le communiqué de l’administration indique que les femmes sont mortes d’une manière suspecte.
 
Selon le bilan, au cours des cinq premiers mois de 2019, 89 femmes ont été brûlées ou se sont immolées.
 
33 femmes ont perdu la vie à la suite de blessures suspectes provoquées par brûlures à Sulaymaniyah, 24 à Hewlêr, 19 à Duhok, 1 à Germiyan, 8 à Raperin, 4 à Soran. Au cours des cinq premiers mois de 2018, ce chiffre était de 67.
 
Au cours des cinq premiers mois de 2019, 18 femmes ont été tuées, 25 femmes se sont suicidées, 49 femmes se sont immolées et 43 femmes ont été agressées sexuellement.
 
Rewend Sabir, attachée de presse de l’Organisation pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, a déclaré : « Après avoir ouvert la ligne de plainte des femmes, les femmes ont commencé à porter davantage plainte. Les femmes devraient nous appeler pour faire valoir leurs droits par des moyens légaux. »
 

Le « Grand saut » réussi pour Hasankeyf

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MONDE / ECOLOGIE / CULTURE / PATRIMOINE – L’Initiative « Garder Hasankeyf en vie » et le Mouvement écologique de la Mésopotamie ont publié une déclaration concernant le succès de la journée mondiale d’actions organisée pour le site historique d’Hasankeyf, vieux de 12 000 ans.
 
Des écologistes ont manifesté dimanche à Hasankeyf et dans le monde contre le barrage d’Ilisu, qui avait suscité la controverse, en réponse à l’appel lancé par l’Initiative visant à maintenir Hasankeyf en vie et le mouvement écologiste de la Mésopotamie. 
 
Le « Grand saut » d’Hasankeyf a également eu lieu dans les villes d’Allemagne, Hambourg, Berlin, Mayence, Nuremberg et Wendland, Rome, Londres, Copenhague, Zurich, États-Unis – Washington / Port Townsend, Brésil – Rio de Janeiro , Sîne / Iran, Sarajevo / Bosnie, Bagdad, etc.
 
Cette journée d’action a été la continuation des activités grandissantes des derniers mois contre le barrage d’Ilisu, qui est presque prêt pour le remplissage de son réservoir.
 
 
Avec ces dernières actions dans plus de 25 régions du monde, les participants ont demandé l’arrêt immédiat du méga barrage qui dévasterait également la région le long du Tigre en Irak.
 
 
La déclaration souligne que « la plupart des actions ont été menées en Turquie, ce qui constitue un développement positif car cela montre la vague de solidarité croissante de la population combattant le barrage d’Ilisu.
« Cette journée d’action est une expression du fait que les activités des prochaines semaines et des prochains mois contre le barrage destructeur d’Ilisu et pour la défense de Hasankeyf et du Tigre continueront. Tant que nous continuerons, ce sera difficile de mener à bien ce projet de destruction, d’exploitation et de domination. »
 
Hasankeyf doit être protégé pour plusieurs raisons :
 
Premièrement, Hasankeyf est le patrimoine culturel du monde entier avec ses plus de 12 000 ans d’histoire laissée par de nombreuses civilisations successives telles que les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Byzantins, les Omeyyades, les Abbassides, les Artuqides, les Kurdes, etc.
 
Hasankeyf compte plus de 5000 grottes, 300 monticules et n’a pas encore livré tous ses secrets, fautes de fouilles archéologiques…
 
Deuxièmement, ce grand barrage d’Ilisu va chasser de leurs terres les populations qui vivent dans cette région depuis des millénaires.
 
Troisièmement, la réduction du débit des eaux du Tigre asséchera les marais située dans le sud de l’Irak causant une autre catastrophe écologique dans une région déjà dévastée par les changements climatiques et sécheresses répétées, tandis que la nature d’Hasankeyf sera engloutie par l’eau alors que la Turquie l’avait déclarée « zone de conservation naturelle » en 1981.
 
Quatrièmement, avec ce barrage, l’État turc prendra le contrôle des ressources en eau et sera en mesure de couper l’eau du Tigre à tout moment, affectant ainsi l’Irak. L’eau est très importante non seulement pour les Kurdes, mais aussi pour les Arabes et l’Irak. L’eau du Tigre ne doit pas être une arme de guerre laissée entre les mains du pouvoir turc.
 
 

SAVE HASANKEYF. Performance artistique à Berlin

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ALLEMAGNE – BERLIN – Le samedi 13 juillet, la journaliste et artiste kurde Zehra Doğan ainsi que Juan Golan Elibeg, Aurélie Gerardin et Thomas Lamouroux – membres de la Compagnie « Bien à vous Armanç Kerborani » – ont réalisé une performance artistique dans le musée de Bergame, devant la porte d’Inana Ishtar, à Berlin, pour attirer l’attention sur la destruction de la ville historique kurde Hasankeyf par la Turquie.

Les quatre artistes ont été arrêtés par la police allemande et relâchés après interrogation.
 

La vidéo de la performance à voir ici

Dogan et la compagnie « Bien à vous Armanç Kerborani » avaient réalisé une performance similaire à l’entrée du Musée du Louvre, à Paris, le jeudi 27 juin 2019.

Plusieurs événements sont prévus pendant ce week-end par l’Initiative « Keep Hasankeyf alive » (Hasankeyf’i Yaşatma Girişimi).

 
Images via ANF 

Aimer la vie à en mourir. Les martyrs du 14 juillet

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TURQUIE – Il y a 39 ans jour pour jour, 4 prisonniers politiques, cadres du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), ont lancé une grève de la faim appelé le « jeûne de la mort », pour protester contre les conditions de détention dans la prison tristement célèbre de Diyarbakır. Tous les quatre ont perdu la vie et sont commémorés en tant que « les martyrs du 14 juillet » par les organisations kurdes.
 
Kemal Pir est l’un des fondateurs du PKK. Avec 3 autres cadres du PKK, Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek, il a annoncé le début d’un jeûne de la mort le 14 juillet 1982.
 
Kemal Pir était un révolutionnaire turc de la région de la mer Noire. Il est l’un des fondateurs du PKK. C’est sous la direction des membres du PKK, Kemal Pir, Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek, que le 14 juillet 1982, le début d’un jeûne de la mort a été annoncé pour protester contre les conditions de détention dans la prison Diyarbakır. Tous les quatre sont morts au cours de la grève de la faim. A l’âge de 30 ans, Pir mourut le 55ème jour du jeûne, après avoir perdu la vue. Jusqu’à ce jour, il est honoré en tant qu’incarnation de l’esprit radical et internationaliste du mouvement et en tant que pont entre les peuples turc et kurde en lutte. 
Les conditions inhumaines du système de torture de la prison de Diyarbakir, où les prisonniers étaient soumis à des formes de violence horribles, telles que la violence sexuelle, le viol, terreur psychologique, passages à tabac, décharges électriques et contrainte de manger des excréments de chien, l’État a tenté de briser toute croyance en l’idéal, le rêve et l’utopie des prisonniers. La résistance de la prison de Diyarbakir a toutefois suscité le soutien populaire et déclenché la décision définitive du PKK de se lancer dans une lutte armée contre l’État turc le 15 août 1984. Suite à l’action de Mazlum Doğan, quatre autres détenus, Ferhat Kurtay, Eşref Anyık, Necmi Önen et Mahmut Zengin se sont immolés en signe de protestation.

Sakine Cansız, une des cofondatrices du PKK, est l’une des seules femmes fondatrices du PKK à être décrite par ses camarades comme «l’esprit de la résistance dans la prison de Diyarbakir» et assassinée avec deux autres femmes kurdes Fidan Doğan et Leyla Şaylemez à Paris le 9 janvier 2013.

Terrifié par les implications de la mort rapide de ces prisonniers, qui ont politisé les quartiers, les tribunaux et la population, au-delà des murs de la prison avec leurs défenses politiques, devant les tribunaux et leur éducation dans les cellules, l’État turc a eu recours à des mesures drastiques et a tout fait pour minimiser la signification de ces actions.

L’auteur de l’histoire suivante, l’activiste politique kurde et auteur Fuat Kav, a passé 20 ans dans des prisons turques, dont 8 ans dans la prison de Diyarbakir. Ayant activement participé à la résistance en prison et vécu des formes de cruauté impensables en prison, sa mémoire vivante est l’une des seules sources des histoires silencieuses derrière les murs de la prison turque. À ce jour, les crimes contre l’humanité perpétrés dans la prison de Diyarbakir n’ont pas fait l’objet d’enquêtes. Les mémoires de prison de Kav sont basées sur des événements et des conversations réels, exprimés sous une forme littéraire.
« Kemal était une légende. Comme un chevalier luttant pour sa vie, il a poursuivi sa résistance à la mort. Il résistait instant après instant, cellule par cellule. Mais la mort était déjà à sa porte, il avait atteint la fin de sa vie physique.
«Je dois être le premier à mourir. Je dois être le premier à fermer les yeux », avait-il déclaré dans les premiers jours du jeûne de la mort. Il est resté fidèle à ses mots. Cependant, il était maintenant dans le noir. Après un certain point, il ne pouvait que rêver du monde, des étoiles, du soleil, de la lune et de la lumière. Parce que ses yeux avaient perdu la vue. Le sourire dans ses yeux de feu qui illuminaient ses amis n’existait plus.
«Mes yeux ne voient plus. Tout est noir… Wow ! Voilà à quoi ressemble le monde des aveugles ! Maintenant, je comprends à quel point la vie doit être cruelle pour eux », a-t-il dit tout à coup à Hayri.
«Ne vois-tu pas du tout, Kemal ?», Demanda Hayri, rassemblant toutes ses forces.
« Non rien. Obscurité totale… Mais ce n’est pas important. Mes jours sont finis de toute façon. Je ne veux pas que les gardiens de prison le sachent. Sinon, ils s’en serviront contre moi. »
« Ne parle pas comme ça, Kemal. Qui sait qui ira en premier ? »
« Non, je dois être le premier à mourir. Ne t’inquiète pas pour ça. »
« Je ne peux pas gérer la mort d’un autre ami, Kemal. Comme toi, moi aussi je pleure du sang. Ce Mazlum est mort avant nous, que les quatre amis se sont sacrifiés, toutes ces choses m’ont profondément blessé. Et maintenant… »
« Je te comprends. Nous avons vécu ensemble des jours insupportablement douloureux. Je suis pleinement conscient des responsabilités. Néanmoins, je dis «je dois être le premier à mourir». Comprends-moi, d’accord? »
En changeant de sujet, Hayri serait en mesure de mettre fin au discours sur le vœu insupportable de Kemal. Il voulait changer l’ordre du jour en posant des questions sur quelque chose de différent :
« Est-ce que quelqu’un connaît la chanson « Ağlama yar ağlama / mavi yazma bağlama » ? C’est une chanson incroyable. Je veux toujours écouter cette belle chanson qui exprime si clairement la douleur, la solitude et le désir ardent de sa mère. Ce serait génial si quelqu’un le chantait. N’y a-t-il personne ici qui connaisse cette chanson ? »
Bien que personne qui sache la chanson ne soit là, la chanson devait maintenant être chantée, parce que Hayri l’avait voulue. Mais personne n’avait le talent de chanter. C’était comme si les gens, qui sont privés de compétences en chant, ont été spécifiquement sélectionnés pour entrer rapidement dans la mort ! Mustafa Karasu était la seule personne qui connaissait les chansons par cœur. Il ne connaissait qu’une ou deux chansons. À la demande de Hayri, il fit de son mieux pour rassembler ses lambeaux de mémoire pour se souvenir des mots des chansons. En fait, ils avaient tous chanté cette chanson lors d’une de leurs soirées récréatives. Mais personne n’aurait été capable de se souvenir du texte de la chanson en entier. Qu’est-ce qui allait se passer maintenant ? Karasu est venu à la rescousse de tous. « Très bien, chantons tout ensemble », a-t-il dit. «Nous pouvons le faire si nous chantons dans une chorale». Ils avaient vraiment réussi. Ils ont chanté en chorale et ont terminé la chanson. Mais si on demandait «comment» ils ont chanté, la réponse serait «terrible». À la fin de la chanson, Karasu a réussi à éviter les critiques en disant: «Nous avons chanté, même si nous avons rendu la chanson méconnaissable. Mais peu importe, nous avons chanté après tout. »Hayri a applaudi la chorale.
“J’ai rejoint votre chant”, a déclaré Hayri.
«Karasu, je t’ai rejoint aussi. Ne pense pas que tu es le seul à avoir chanté », intervint Kemal.
«Je ne sais pas, Kemal. Pour être honnête, je n’ai pas entendu ta voix. Je n’ai pas eu le signe de ta signature. »
« Quel type de signe attendait-tu ? »
« Un bon. J’ai senti les signes de tous les autres amis qui chantaient, mais je ne suis pas aussi sûr de toi. »
« Si tu ne l’entends pas, c’est que tu as quelque chose à faire. J’ai chanté et je ne te laisserai pas refuser mon travail.  »
 » Très bien, j’écoute plus attentivement cette fois.  »
 » Connais-tu la chanson « Eşkıya dünyaya hükümdar olmaz » [Le bandit ne peut pas gouverner le monde], Karasu ? »
« Non, je ne le sais pas. Ou plutôt, je ne me souviens pas de tout le texte de la chanson. Mais je suis sûr que nous pouvons chanter en chorale.
“Ok, chantons-la. Je chanterai aussi, mais ne me dites pas que vous n’avez pas reçu de signe après, d’accord?  »
 » D’accord, d’accord. Je vais bien écouter cette fois. Voyons voir. »
La« chorale »avait fait ce que Kemal souhaitait. Pendant le chœur, la voix distinctive de Kemal s’élevait. Il avait la voix la plus grave parmi tous et parce qu’il chantait très fort, le son était juste incroyable. Sa voix riche et profonde résonnait dans la cellule de prison. Il était impossible pour Karasu de ne pas le remarquer.
« As-tu eu le signe cette fois-ci, Karasu? », S’est demandé Kemal à la fin de la chanson.
“Je l’ai eu, en effet. Un gros, en fait, cher Kemal. Nous pourrions maintenant t’accepter dans notre chorale, ha ! » Il était vraiment impressionné par la voix de Kemal.
« Tu as dit que vous pourriez, n’est-ce pas ? »
« Non, non, pas « pourriez ». Je me corrige: nous t’accepterons.
“D’accord, Karasu. Je dois me reposer un peu. »
« Repose-toi, Kemal. Je vais dormir aussi. Nous n’avons pas dit quel jour nous sommes, où nous sommes, où nous sommes allés, ce que nous avons vu pendant notre voyage, et si nous avons combattu des fascistes aujourd’hui, camarade Kemal. »
 » C’est vrai! Aujourd’hui est le 47ème jour de notre action. Cela signifie que nous sommes à Mardin aujourd’hui. Je dois dire que j’aime beaucoup Mardin, l’une des villes les plus dynamiques, historiques et multiculturelles du Kurdistan, une mosaïque de peuples très colorée. Aujourd’hui, j’ai visité ses sites historiques, monté la forteresse, examiné son architecture avec fascination. Malheureusement, je ne pouvais pas combattre les fascistes, car il n’y a pas de fascistes à Mardin. Mais je dois dire que j’ai discuté avec des chauvins sociaux. »
«Je me suis promené silencieusement. Quand je suis fatigué, je monte la forteresse. Là, j’ai bu de l’eau que des enfants vendent. Pendant un moment, je ne pouvais m’empêcher de penser à tous les conquérants qui ont capturé cette ville à travers l’histoire. Quand j’ai pensé à tous les tyrans, despotes et bourreaux qui ont dû incendier et détruire cette ville à plusieurs reprises, les oppresseurs de notre époque me sont venus à l’esprit. Sont-ils plus scrupuleux que les anciens tyrans ? Kemal, tu m’écoutes…? »
Kemal s’était endormi, plongeant au plus profond de l’espace, au-delà des limites de la pensée. Sa faiblesse due à la faim, à la soif et à l’épuisement l’avait amené à ces endroits.
Le corps de Kemal ne pouvait plus gérer la situation. Il avait perdu ses yeux, ainsi que son énergie. Sa conscience allait et venait. Comme ses yeux étaient devenus aveugles, il a souvent allumé le côté filtre de ses cigarettes. Parfois, il se taisait, mais la plupart du temps il parlait. Il a parlé sans pause. Les tentatives des médecins et des gardiens d’encourager les prisonniers à renoncer à leur action le fâchèrent extrêmement; il le devrait et jure parfois. Le médecin de la prison, Orhan Özcanlı, faisait de son mieux pour convaincre Kemal de mettre un terme à ses agissements.
«Regarde, Kemal. Tu es en train de mourir, la mort t’approche pas à pas. Pense-y, tu atteins la fin de ta vie. Tu es sur le point de migrer de ce monde. Il suffit d’abandonner cette chose. Il n’y a pas de fin à cette route… ”
«Docteur, regardez-moi attentivement ! Ouvrez vos oreilles et écoutez. Graver mes mots dans votre tête. J’ai commencé cette cause consciemment. Je suis bien conscient que la mort m’attend au bout du chemin. Je réalise aussi que je suis au bout de cette route en ce moment. Je peux sentir la présence de la mort et de son bourreau. Je peux les entendre respirer. »
« La vie est belle, Kemal. Tu dois aimer la vie. Même si les humains sont mortels, ils veulent vivre dans ce monde et craignent donc énormément la mort. C’est pourquoi c’est un mensonge de prétendre que tu n’as pas peur de la mort. Nous voyons ceux qui se voient comme les plus vaillants et les plus courageux, trembler de peur devant la mort. Et puisque tu es humain aussi, tu as sûrement peur aussi. Mais je peux toujours te sauver, même dans cette situation… »
«Qui pensez-vous que je suis, docteur ? Vous n’avez toujours pas réussi à me connaître ? Je suis Kemal Pir. Sans vouloir me vanter, j’ai ouvert les yeux sur la vie sur les rives de la mer Noire. C’est avec les attributs de cette région que j’ai appris à connaître la vie sous sa forme la plus solide et la plus pure parmi les gens authentiques, qui ont su être amis avec les amis et ennemis avec les ennemis. Je suis Kemal Pir, qui est arrivé à ce jour en rencontrant des peuples de soixante-douze nations des terres d’Anatolie, pour se consacrer ensuite à la liberté du peuple kurde. Je ne sais pas si j’ai été assez clair? »
« Vous l’avez fait, mais… »
« Il n’y a pas d’autre solution que ça, docteur. Je me suis présenté à vous tel quel, sans exagération ni mensonge, de manière honnête, dans un langage simple. Cependant, si vous dites toujours « mais » après cela, c’est votre problème. « 
«Mais la vie est différente, Kemal. Peu importe la façon dont vous vous décrivez, personne ne peut s’empêcher de penser la même chose face à la mort. La peur de la mort est un sentiment terrifiant. Cela crée un séisme d’émotions qui peut vous mettre dans n’importe quelle forme. C’est un tremblement de terre qui peut te prendre ton humanité. »
« Enfin, quelque chose de correct est sorti de votre bouche. »
« Qu’est-ce que cela signifie ? »
« N’est-ce pas compréhensible ? »
« Je parle de la vie et de la peur. Je prétends que tous les êtres humains sont les mêmes devant la mort. Tout le monde a peur de la mort. Quiconque est dans cette situation frissonnera comme s’il avait de la fièvre. Même si cette personne est Kemal Pir. « 
«Regardez, docteur. Je suis pleinement conscient du sens de la vie et de la mort. Je sais exactement qui a peur de la mort et qui frissonne devant elle. Je sais aussi que nous menons une vie mortelle et que je suis conscient des notions de paradis et d’enfer dans l’après-vie. C’est vous et ceux qui vous aiment ne sauraient pas de telles choses. Ils ne comprennent pas et même s’ils le font, ils agissent comme s’ils ne comprenaient pas. Dois-je vous dire autre chose, docteur ? –
Bien sûr.
– J’aime tellement la vie que je suis prêt à en mourir. Regardez, vous êtes le témoin de cela. Vous verrez de vos propres yeux comment je meurs pour la vie, comment je sacrifie ma vie sans cligner des yeux, comment je m’accroche à la vie en mourant… »
«Vous mourrez pour rien, Kemal, pour rien. Vous ne réaliserez rien par la mort. Vous devez vivre pour atteindre votre objectif, sinon personne ne prendra des mesures en fonction de vos objectifs. Rêver d’être un «héros» est un fantasme temporaire et inutile. Je ne le trouve pas juste ou significatif. Qu’une personne devienne un héros après sa mort, qu’il s’agisse de statues, de livres écrits ou de films produits en son nom, n’a aucune signification pour moi. Quand vous êtes mort, vous êtes mort.
«De toute façon, vous ne croyez en rien. Vous êtes une personne sans but, qui ne pense pas à l’avenir, qui rejette la vie, qui n’a rien à offrir aux enfants du futur. C’est pourquoi vous regardez tout en termes de pertinence quotidienne et de valeur matérielle. Vous pensez que tout ce qui est passé est passé et que seuls ceux qui verront l’avenir devraient s’en préoccuper. « Vivre, penser et concevoir le présent ». C’est pourquoi vous ne pouvez pas comprendre l’héroïsme ou le courage. « 
« Je suis toujours convaincu qu’il n’y aura pas un seul homme dans le futur qui posera des questions sur vous, érigera votre statue, écrira des livres ou réalisera des films sur vous et dira « Il était une fois un homme courageux de la mer Noire qui a perdu sa vie pour nous pendant le jeûne de la mort. » Peut-être qu’un groupe marginal commémorera votre nom simplement pour tuer le temps, mais vous ne deviendrez jamais un héros ayant quelque chose à offrir à une nation ou à un peuple. Notez mes mots, Kemal. »
« Pourquoi continuez-vous de mentionner l’héroïsme ou l’héritage de mon nom ? Une personne ne peut-elle pas simplement remplir ses devoirs sociétaux et historiques ? Pourquoi avez-vous besoin de voir quelque chose en retour ? « 
«Nous parlons d’un problème grave, celui de la mort, Kemal. Bien sûr, il devrait y avoir quelque chose en retour. Vous mourez, au moins vous êtes un héros, au moins votre nom doit être gardé en mémoire, des livres doivent être écrits en votre nom.  »
 » Les choses que vous mentionnez, ces titres ne devraient pas avoir autant d’importance. Ce qui compte, c’est le devoir et la responsabilité. Penser qu’il devrait y avoir une récompense pour tout est scandaleux. C’est l’expression extérieure d’un état intérieur qui consiste à se perdre et à se brouiller avec sa réalité, son âme et sa raison d’état. « 
«Je vais continuer à vous demander ceci: pourquoi mourrez-vous exactement ? Pour un objectif vide, vous mourrez pour rien, une vie gâchée. En tant que personne connaissant bien l’Etat, je vous dis que l’Etat ne vous adressera pas. Même si vous mourez tous, si chacun d’entre vous se laisse entraîner dans des cercueils, notre état sublime ne vous prendra pas au sérieux. Sachez le. »
« Nous discutons depuis si longtemps de choses aussi pénibles. Mais vous continuez d’être un homme raide, têtu, à la tête de tambour. Je ne pense pas que vous soyez un médecin, vous n’avez probablement jamais passé le département de médecine. Vous pourriez être un boucher, un bourreau, un meurtre ou peut-être un monstre. Mais il est impossible pour vous d’être médecin. »
« Vous m’insultez, Kemal. Nous discutons, nous discutons et parfois nous nous disputons. Mais nous ne devrions jamais être insultants. « 
«Toutes vos paroles sont insultantes. Il est impossible de discuter de quoi que ce soit avec vous. Une personne devrait au moins avoir la capacité de parler et de discuter comme un être humain. « 
 » Quoi qu’il arrive, vous ne devrez pas m’insulter.  »
 » Si vous parlez comme ça, je ne vous ‘insulterai pas seulement, mais si j’avais le pouvoir, Je me battrais avec vous. Sachez-le. »
« Je ne voudrais pas insulter ni faire d’injustice à une personne dont le cou est dans les griffes de l’ange de la mort. Vous mourrez quand même, Vous êtes sur votre dernier voyage. De toute façon, vous dites adieu à la vie. »
« Est-ce ainsi que vous parlez à une personne qui meurt pour ses idéaux ? Est-ce que cela convient à un médecin ? »
« Je peux vous sauver, je peux vous soigner et vous ramener à votre ancienne forme. Rentrez avant qu’il ne soit trop tard, Kemal. »
«Je meurs pour mes convictions. C’est pourquoi ma mort n’est pas en vain. Je me suis consacré à la cause de l’humanité. Je meurs pour l’humanité. Je suis redevable au peuple kurde. C’est une autre dimension particulière de mon combat, de mon combat. Mais vous ne comprenez pas et ne comprendrez jamais cela! »
« Bien, j’ai offert. Je suis libre de culpabilité. Même si vous me le demandez, à partir de maintenant, je ne vous sauverai plus ! Je sais tout ce que vous faites en secret de toute façon… »
Les autres prisonniers, qui avaient entendu la conversation, voulurent intervenir mais finirent par abandonner. Ils étaient contrariés par les accusations du médecin selon lesquelles ils mangeaient secrètement. Il y avait le désespoir, mais c’était trop. Ils se demandaient si de telles choses se produisaient dans d’autres parties du monde. On pourrait s’attendre à ce que l’ennemi réserve une sorte de respect face aux personnes qui risquent la mort pour défendre leurs convictions. C’était pourtant la forme ultime de piétinement de la dignité humaine.
«Regardez-moi, docteur !»
«Oui, Kemal, je vous regarde. Qu’Est-ce que c’est ? Qu’est-ce que tu as à dire ?  »
 » Est-ce que vous insinuez que j’ai mangé en secret ?! Quoi qu’il en soit, vous êtes quand même une personne déshonorante … Regardez docteur, dans quelques jours, vous verrez que je n’ai pas mangé. « 
«Peu importe, Kemal. Si vous voulez partir rapidement, je vous emmènerai à l’hôpital. N’oublie pas que si je fais cela, il y aura quelque chose en retour. »
« Éloigne-toi de moi ! Votre capitaine bourreau et même son supérieur, votre pantin de général n’a pas réussi à me faire tomber à genoux. Mais vous pensez que vous allez le faire ? Pars tout de suite. Je ne veux pas te voir ! »
 
 

Il y a trente ans… le meurtre du leader kurde Abdul-Rahman Ghassemlou

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Il y a trente ans, le 13 juillet 1989, le leader kurde, Abdul-Rahman Ghassemlou et deux de ses collaborateurs ont été assassinés dans un appartement de la banlieue de Vienne où ils s’entretenaient avec des envoyés du président iranien d’alors, Akbar Hashemi Rafsanjani. Leur assassinat est resté impuni.
 
Malgré les preuves de l’implication directe de diplomates-terroristes dépêchés par le régime islamique, le gouvernement autrichien a sacrifié la justice pour les intérêts politiques et commerciaux de son pays et a permis aux trois tueurs présumés, qui s’étaient réfugiés à l’ambassade d’Iran après les meurtres de 1989, de quitter le pays sans jamais être interrogés par les autorités autrichiennes.
(…)
Depuis, de nouvelles preuves sont apparues au fil des ans sur l’implication du régime iranien, dont l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad.
 
L’AFP a rapporté qu’ « un citoyen allemand, qui a fait sa déclaration aux officiers antimafia italiens en 2006, a déclaré qu’il était en contact avec les services de renseignement iraniens en 1989 au sujet des ventes d’armes. Peu de temps avant l’assassinat de Qasimlo, il a déclaré avoir livré une demi-douzaine d’armes légères au cours de la première semaine de juillet 1989 lors d’une réunion à l’ambassade d’Iran à Vienne. »
 
Qui était Qasimlo
 
Abdulrahman Qasimlo (Abdul Rahman Ghassemlou) est né à Urmiye, en 1930.
 
Il était un étudiant de 16 ans se préparant à l’université à Téhéran lorsque le drapeau du Kurdistan a été hissé sur la place Tsarchira de Mahabad, le 22 janvier 1946.
 
Qasimlo, qui n’avait que 14 ans, était déjà membre de la branche jeunesse du parti communiste Tudey, s’inquiétait de l’effondrement de la République de Mahabad, de la pendaison de Qazi Muhammad à Tsarchira, et de l’arrestation de son père à Téhéran. Ce fut l’étape la plus importante dans la vie de Qasimlo.
 
En 1957, Qasimlo a été chargé de cours à l’Université de Prague où il est entré comme étudiant. Après 20 ans de silence avec Mahabad, la « première balle » du Kurdistan oriental fut tirée en 1967 alors qu’il s’était engagé sur la voie de la science en Europe.
 
Avec un groupe de jeunes, il a commencé la résistance contre le pouvoir du Shah Pahlavi avec peu de moyen.
 
Alors que la résistance se poursuivait au Kurdistan oriental, Qasimlo pris le poste de secrétaire général au troisième congrès du Parti démocratique du Kurdistan iranien (KDP-I) en 1973.
 
Le slogan du congrès est le slogan qu’il a porté toutes sa vie et qu’il prononcera quelques minutes avant d’être tué à la table des négociations à Vienne ; « Démocratie pour l’Iran, autonomie pour le Kurdistan ».
 
Lorsque Qasimlo est retourné à Prague en 1976, il a été déclaré « persona non grata ». Il a donc décidé de s’installer à Paris. En plus de la direction du PDK-I, il a également obtenu le titre de docteur à la célèbre Université de la Sorbonne à Paris et y a donné des conférences. Lorsque le régime du Shah Pahlavi s’est effondré, Qasimlo est retourné au Kurdistan d’Est (Rojhilat) en novembre 1978.
 
Le 1er février 1979, l’avion transportant Khomeini devait décoller de Paris et atterrir à Téhéran. En fait, Qasimlo a rendu visite à Khomeini plusieurs fois à son domicile en France à l’été 1978. Quand Khomeiny a déclaré sa révolution 10 jours après avoir débarqué à Téhéran, il a dit aux Kurdes : « Nous vous verrons aussi. »
 
Toutefois, Khomeiny, qui a rencontré la délégation kurde le 28 mars, a déclaré : « Pas de Kurdes, d’Azéris, de Perses, de nations, de minorités. Nous sommes tous de la communauté d’Allah. »
 
Le 17 août 1979, Khomeini déclare Qasimlo « ennemi de Dieu » et le Kurdistan d’Est fait face à l’un des plus grands massacres de la seconde moitié du XXe siècle. Plus de 10 000 civils kurdes ont été massacrés à cette époque.
 
Les équilibres changent avec la guerre Iran-Irak
 
La guerre Iran-Irak qui a éclaté en 1980 allait changer le sort du mouvement du Kurdistan oriental. Le bilan de la guerre jusqu’en 1984 était lourd : 10 000 peshmergas ont perdu la vie. Qasimlo avait pris son quartier général dans les montagnes Kandil, à la frontière Est-Sud du Kurdistan. Dans la seconde moitié des années 1980, à l’initiative du leader de l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK ou PUK), Celal Talabani, il a établi son premier contact avec Téhéran des années plus tard.
 
Le 30 décembre 1988, les parties se sont assises à table dans la maison de Xebat Maruf du PUK à Vienne. Qasimlo n’a pas abandonné sa demande d’une « éducation en langue maternelle kurde, le kurde comme deuxième langue officielle » et les négociations ont été interrompues. Quand Khomeini est mort, Rafsanjani l’a remplacé. Il a donné le signal pour de nouvelles négociations avec Qasimlo.
 
Cette fois, Fadil Resul, qui vit à Vienne, est entré dans le circuit. Resul, qui vit à Vienne depuis 1975 et a fait son doctorat au Département des relations internationales, était un bon lobbyiste kurde. Il a organisé les réunions des dirigeants kurdes qui sont venus à Vienne.
 
Cependant, le Dr Qasimlo a insisté sur Paris comme lieu de rencontre. Mais les Iraniens ont répondu : « Vienne ou Berlin. Paris ne sera jamais possible. »
 
L’avion transportant Qasimlo a atterri le 11 juillet à Vienne, en provenance de Paris.
 
Après les mots… les balles
 
Qasimlo avait pris rendez-vous avec le ministère autrichien de l’Intérieur à 16 heures le soir du 13 juillet, avant sa rencontre avec les Iraniens.
 
La rencontre a eu lieu avec le conseiller principal du ministre, Manfred Matzka. Cependant, le secrétaire de Matzka a dit qu’il avait annulé le rendez-vous. La raison pour laquelle la réunion a été annulée et ce que Qasimlo a l’intention de dire au gouvernement autrichien est le détail le plus critique qui reste inconnu dans ce meurtre.
 
Une heure plus tard, Qasimlo avait un autre rendez-vous avec la délégation iranienne. La réunion aura lieu à 17h30 dans la rue Linken Bahngasse dans le troisième arrondissement de Vienne.
 
Pendant ce temps, trois Iraniens, Cafer Sahraroodi, Mustafa Ajvadi et Amir Mansour Bozorgian avaient quitté l’hôtel pour rejoindre le lieu de rendez-vous. Ils avaient des passeports diplomatiques dans leurs poches et sont arrivés à Vienne le 10 juillet. Un témoin oculaire avec le pseudo « Témoin D » dirait alors que Mahmoud Ahmadinejad, qui est devenu président en 2005, était avec eux.
 
Les parties se sont réunies autour de la table dans la salle et les négociations ont commencé. La réunion a été enregistrée sur bande sonore. Puis la police autrichienne a annoncé que sur la bande Qasimlo peut être entendu dire : « Je reviendrai les mains vides, et je ne peux pas dire que l’Iran travaille pour l’autonomie promise. »
 
Après les mots, les balles… Qasimlo a été touché au front, aux tempes et au cou, Rasul a été touché à la tête et au cou par deux balles et Abdullah Kadir Azeri a été touché par une balle.
 
Jafar Sahraroodi était couvert de sang dans les escaliers lorsque les premières équipes de police ont atteint le bâtiment. Son ami Mansour Bozorgian criait à la police qu’il avait rencontrée dehors : « Ils ont tiré, tiré sur mon ami, sauvez le. » Le fait que Sahraroodi soit touché par balle a basculé les plans. Sahraroodi a été emmené à l’hôpital sous surveillance policière et Bozorgian a été emmené au poste de police de Schottenring.
 
Cependant, Bozorgian a été remis à l’ambassade d’Iran où il a été gardé pendant plusieurs jours avant d’être sorti clandestinement du pays. Le 22 juillet, sous la pression de Téhéran, Vienne se rendit et Sahraroodi fut rapatrié par avion dans son pays.
 
Le Dr Qasimlo et ses amis ont été accueillis comme des « héros » par les pays qui les ont massacrés. De retour en Iran, Mansour Bozorgian est promu général. Il a été nommé chef du quartier général des Pasdaran à Urmia, la ville natale de Qasimlo.
 
Jafar Sahraroodi est devenu le commandant des troupes qui ont mené les opérations de l’Iran à l’étranger après son service à Vienne. En août 1996, il a personnellement dirigé l’opération contre le siège du PDK-I dans le village de Koy-i au Kurdistan du Sud.
 
Les deux tueurs ont continué à voyager à travers l’Europe. Il s’est avéré que Cafer Sahraroodi s’est rendu en Suisse et en Croatie en octobre 2013. Toutefois, malgré un mandat d’arrêt international, les deux pays ne l’ont pas remis à l’Autriche.
 
De plus, Sahraroodi a été accueilli en 2014 avec un tapis rouge à Hewlêr. Sahraroodi était également présent lors de la visite du Président du Parlement iranien Ali Larijani au Kurdistan du Sud à l’invitation du PDK.
 
L’Autriche, qui a envoyé les meurtriers à Téhéran par escorte, a fait de son mieux pour couvrir le meurtre. Le gouvernement de Vienne a toujours prétendu : « Nous n’avons eu aucune pression de Téhéran. »
 
Cependant, dans un sondage d’opinion publié en 1997 par le journal Presse, 55 % des Autrichiens ont déclaré : « Le gouvernement a permis aux assassins de s’échapper ».
 
Dans les années 1990, les échanges commerciaux de l’Autriche avec l’Iran ont connu une croissance notable de 60%.
 

PARIS. Projection du film ZER, le 15 septembre 2019

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PARIS – Le film Zer sera projeté au Théâtre du Gymnase Marie Bell le dimanche 15 septembre 2019, à 18h.
 
La projection de ZER sera suivie d’un cocktail et un débat avec son réalisateur, Kazım Öz. (Vous pourrez acheter des DVD du film et le livret du scénario lors de la soirée.)
 
« ZER » raconte l’histoire de Jan, un jeune homme qui a grandi à New York, ému par une chanson que sa grand-mère lui chante sur son lit de mort. Elle lui parle d’un cauchemar récurrent qu’elle a vécu dans le terrible massacre de Dersim. Après la mort de sa grand-mère, Jan se rend dans la région kurde, à la recherche de la vérité derrière la chanson qu’elle avait chantée. Son parcours le plonge au cœur de son héritage inconnu, révélant des vérités tristes et violemment cachées et l’importance de ce que sa grand-mère a laissé derrière elle. Une méditation énigmatique, lyrique et émouvante sur les cicatrices d’une région troublée avec une belle cinématographie et des nuances mystiques.
 
A la fin de l’histoire, Zarife s’avère être l’une des enfants survivants du massacre de Dersim en 1938. Jan se retrouve également à la recherche du village perdu de sa grand-mère, de ses contes, et finalement de son identité et de sa propre identité en cherchant la chanson « Zer ».
 
Programme :
RDV le dimanche 15 septembre 2019
18h : Projection
20h : Débat
20h45 : Cocktail
Lieu : Théâtre du Gymnase Marie Bell
38 Boulevard de Bonne Nouvelle
75010 PARIS 
 

Sedat Ulugana : C’est un génocide qui a été perpétré à Zilan

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Si, pour des raisons politiques, vous tuez plus d’une personne en faisant de la discrimination, en regardant sa religion, sa langue, sa race, c’est un génocide. Ce qui a été fait à Zilan est un génocide. La deuxième raison en est, qu’après l’incendie des villages, les champs de blé ont été incendiés, les puits ont été remplis de terre et tout le matériel a été brûlé. En d’autres termes, l’espace vital a été détruit.

Il y a 89 ans, des milliers de Kurdes étaient massacrés et 44 villages incendiés dans la vallée de Zilan, les 12 et 13 juillet 1930, pendant la rébellion d’Ararat (ou Agri).

Le massacre de Zilan est le deuxième plus grand massacre commis contre les Kurdes après la proclamation de la République turque. Le 13 juillet 1930, avec le massacre perpétré contre la rébellion d’Ağrı (Ararat), la Turquie a commis un grand crime contre l’humanité qui est une tache noire dans l’histoire de l’humanité. À l’occasion du 89e anniversaire du massacre, le journaliste kurde, Barış Balseçer​ a discuté avec l’écrivain et universitaire kurde Sedat Ulugana de la rébellion kurde avant le massacre, des principales raisons de l’échec de la rébellion et des principaux motifs et résultats des massacres perpétrés par les structures politiques et administratives existantes contre les Kurdes depuis la fin de la période ottomane.

Quelle était la situation politique des Kurdes avant le massacre de Zilan ?   Pouvez-vous décrire le processus dans son ensemble ?

Le massacre de Zilan, avec la proclamation de la République de 1923 à 1930, fait partie du processus d’instauration du régime kémaliste au Kurdistan. La première réaction eu régime kémaliste a été montrée à Koçgiri en 1921 et les Kémalistes ont perpétré le premier massacre des Kurdes au Kurdistan au moyen d’un outil hérité des Ottomans : La punition et le transfert de la population (« tedip ve tenkil »). Le processus après Koçgiri était la résistance du Cheikh Sait en 1925, dont le vrai nom était le Mouvement Azadî (Liberté). Ce processus a entraîné un massacre et des centaines de villages kurdes ont été incendiés et des milliers de Kurdes ont été massacrés, notamment à Palu, Lice et Genç, à Diyarbakır. En fait, c’est la rébellion du Cheikh Sait qui a déclenché la rébellion d’Agri. Zilan est une région montagneuse, où il existe des tribus kurdes patriotes. Ces tribus ne se sont pas intégrées à l’État et ont des problèmes structurels avec l’État. Ces tribus aliment des fournitures aux insurgés d’Agri. Ils fournissent des guerriers logistiques. En fait, la région du Zilan devient une base pour la poursuite de la rébellion agricole. L’Etat en est conscient. Il y a un rapport des années 1920. Il dit : « Il y a maintenant trois lieux de banditisme au Kurdistan. Le premier est celui du Dersim, le deuxième est Sason et le troisième est celui du Zilan et de l’Ağrı. » Le gouvernement a fiché ces trois lieux. Donc en 1925 ; À 5 ans du massacre de Zilan, à 9 ans du massacre de Sason et 13 ans avant le massacre de Dersim, le rapport indique ces régions. Ce sont des zones que le régime kémaliste ne peut pénétrer. On dit que ces régions insistent sérieusement sur la kurdicité et qu’on doit « s’occuper » de ces régions.

Pour ce faire, l’État se concentre sur Zilan, en particulier pendant le processus de résistance d’Agri. Mais au début, il ne le prend pas trop au sérieux. Ils envoient un petit nombre de soldats à Zilan et pensent pouvoir briser la résistance et envoyer le 15e régiment de gendarmerie mobile. (…) Une fois dans la région de Zilan, le régiment de gendarmerie mobile fait face à une résistance inattendue.

Quel est le rôle de la société Xoybûn dans la résistance kurde ? Quelle est la relation entre la résistance d’Agri et Cheikh Sait avant le massacre de Zilan et le Mouvement Xoybûn ?

Le Mouvement Xoybûn a été fondé en 1927 dans le Rojava actuel. Deux familles en particulier, les Cemilpaşazade et les Bedirxan, sont les plus impliquées. Au Rojava, les deux familles ont été rejointes par Haco Aga. Les intellectuels kurdes, les chefs de tribus kurdes et les cheikhs, échappés à la violence du régime kémaliste, se retrouvent au Rojava après 1920 et forment une organisation appelée Xoybûn.

Au début, İhsan Nuri n’est pas inclus dans Xoybûn. Il prend contacte par la suit avec Xoybûn il y est intégré en tant que «général du mont Ararat», puis passe à Ağrı pour le compte de Xoybûn et entame le processus connu. Xoybûn est le Mouvement organisateur de la résistance d’Ağrı. Après la résistance d’Ağrı, il organisa la résistance e Sason de 1934. Afin d’organiser la Résistance de Dersim de 1938, ils envoient un groupe comprenant Muşlu Hilmi. Le groupe est exécuté en route, avant d’atteindre Dersim.

Bien qu’il y ait eu beaucoup de résistance après la proclamation de la République, ils ne réussissent pas. Quels sont les principaux facteurs à l’origine de l’échec de ces résistances ?

Au Kurdistan du Nord, toute la résistance de 1923 à 1938 est liée. C’est donc une tradition, des perles d’un chapelet. La rébellion de Kochgiri de 1921 reste un peu à part, mais elle a inspiré intellectuellement le mouvement de Sheikh Said.

Seyitxan, Seyitxane Kerr, Alican et Ferzande, membres du Mouvement Sheikh Said de 1925, c’est-à-dire la résistance d’Azadi, ont également combattu sur le mont Ararat. Ce sont les cadres qui organisent la Résistance de Zilan. (…). En fait, les initiateurs de la résistance d’Agri sont les guerriers kurdes qui ont survécu à la rébellion du Cheikh Said. Il y a une telle connexion. Le feu de la résistance allumé au triangle Genç, Lice, Palu a été éteint, mais cette fois, le même feu a été allumé sur le mont Ararat, à Zilan.

L’une des raisons pour lesquelles la résistance du Kurdistan a entraîné la défaite est le problème du leadership. A cette époque, il y avait le problème du leadership, ils n’avaient pas de leadership national. Le processus Tanzimat (« réorganisation » en turc ottoman) est appelé renouveau et modernisation de l’État, mais la raison principale en est la liquidation de la structure politique kurde et le transfert de la capitale kurde à Istanbul. A cette époque, tous les Mirs (chefs notables kurdes) kurdes ont été massacrés, exilés et jetés dans des prisons. Au Kurdistan, après la liquidation des mirs kurdes, un vide d’autorité est créé.

Les Cheikhs remplissent le vide de l’autorité. Ces Cheikhs disent appartenir à la « secte Khalidi ». La secte Khalidi a été fondée par Mevlânâ Khalid-î Shay Shahizizor de la ville de Suleymaniyah, dans le Kurdistan du Sud.

A l’instar des Mir, plutôt que d’être constructifs, rassembleurs, les Khalidis ont une mission destructrice et disloquante au Kurdistan. Mevlânâ Khalid a été formé en Inde. Pendant ses études en Inde, ses professeurs menaient une forte opposition au colonialisme britannique.

Avec le temps, l’opposition aux Britanniques s’est transformée en opposition et en haine des Chrétiens. Lorsque Mawlana Khalid est revenu au Kurdistan, il a en quelque sorte importé au peuple kurde l’opposions aux Chrétiens et la haine antichrétienne. Jusqu’à cette époques, les Kurdes au Kurdistan n’avaient aucun problème avec les Chrétiens ; Il y a des Arméniens, des Chaldéens, des Assyriens, des Nestoriens et des Kurdes qui s’appellent eux-mêmes des Kurdes Messiahs, sur lesquels nous ne nous attardons pas beaucoup.

À son retour, Mevlana Khalid forme beaucoup d’étudiants. Le titre du cheikh passait de père en fils à l’époque. L’Ordre du khalidisme emmène l’enfant du villageois kurde le plus pauvre à devenir « Sheikh » et lui dit « Toi aussi, tu peux emmener un élève, l’élever et en faire un cheikh » et l’envoyait dans les endroits les plus reculés du Kurdistan. Par la suite, en s’alliant aux tibus, ils se sont rendus dans les endroits les plus reculés du Kurdistan.

J’ai trouvé un ancien livre à Ercis. C’est écrit par Mela Musa, un imam Khalidi. La date qu’il a écrite à la fin du livre était 1892 et le lieu est Zozane Elegez (Haut plateau d’Elegez). Sur le plateau, il écrit un livre. Il rend croyantes, sunnites les tribus kurdes qui n’étaient pas très religieuses jusqu’à là. S’il y a un sentiment de nationalisme, ils l’enlèvent. Ils imposent l’oumma (la communauté des Musulmans qui rejette l’origine ethnique du croyant). Si vous êtes un Kurde qui impose l’Oumma, vous vous éloignez de toute façon de la conscience nationale et de l’unité nationale. Les Sheikhs ont cet aspect sur lequel nous n’avons pas encore prêté attention.

Un autre facteur est le niveau d’éducation des Kurdes à cette époque. Ceci est lié à la désintégration du Kurdistan.

Titres du journal turc Cumhuriyet lors du génocide de Zilan

Combien de personnes ont été massacrées lors du massacre de Zilan ? Qu’est-ce qui se passait à Zilan ?

Selon les services de renseignements étrangers, environ 10 000 personnes auraient été tuées lors du massacre de Zilan. Les Français parlent de 5 000, tandis que les Britanniques disent que plus de personnes ont été tuées. Bien entendu, ces États ne disposaient pas d’un réseau de renseignement très formel au Kurdistan du Nord. Ils donnent plutôt de chiffres prédictifs. Mais il y a les chiffres donnés par la partie turque. Par exemple, le journal semi-officiel de l’époque, le Cumhuriyet Gazetsi, parle de plus de 15 000. De même, les journaux Vakit et Aksam de la même période écrivent également ce chiffre. Le journal Cumhuriyet écrit même ceci : « Notre journaliste Sabri Bey, qui est à Ercis, transmet l’information depuis la région. « La vallée de Zilan est pleine de cadavres à ras bord », dit-il ». Le chef de l’état-major général le dit également. Un peloton a tué plus de mille personnes en une journée. 95% des tués sont des civils. Parce que l’état-major général de l’époque parle d’environ 5 000 résistants dans la région de Zilan. Cette information est exagérée. Il n’y a pas autant de résistants. Le nombre de résistants est de mille environs.

C’est un génocide qui a été perpétré à Zilan. Il faut distinguer le massacre d’un génocide. C’est un «massacre» si vous tirez et tuez des personnes consciemment ou inconsciemment. Mais si, pour une raison politique, vous tuez plus d’une personne en faisant de la discrimination, en regardant sa religion, sa langue, sa race, c’est un génocide. (…) Ce qui a été fait à Zilan est un génocide. La deuxième différence entre le massacre et le génocide est que ce dernier est systémique.

Après le massacre, des dizaines de villages ont été incendiés à Zilan. Tous les habitants de ces villages ont été tués. Le nombre de personnes tuées dans ces villages est supérieur à 15 mille.

La deuxième raison d’être un génocide est qu’après l’incendie des villages, les champs de blé ont été incendiés, les puits ont été remplis de terre et tout le matériel a été brûlé. En d’autres termes, l’espace vital a été détruit.

De plus, il est essentiel de ne pas laisser de témoins lors de génocide. Nous pouvons le voir [ne pas laisser de témoins] lors des génocides de Rwanda, arménien et bosniaque. La même chose est faite à Zilan. Les gens ont été massacrés à Zilan en 1930 et cela a continué jusqu’en 1938. Si l’État découvrait qu’il y avait des survivants du massacre, ils les trouvaient et les amenaient et les fusillaient. Il existe également un exemple concret de cela. Après le massacre, 15 personnes se sont réfugiées dans le village de Pertax à Erciş, qui a été renommé et transformé en village de « Dinlence ». Ils ont été repérés par l’Etat. On les a pris du village, emmenés dans la vallée d’à côté, les  fusillés et enterrés sur place. A ce titre, il y a des dizaines d’exemples de ce genre qui avaient pour but de ne pas laisser de témoins.

J’ai parlé à une témoin nommée Hafize, qui était encore une enfant à cette époque. Elle vivait dans le village de Soskin à Ercis. Je ne sais pas si elle est en vie ou pas. Elle avait dit « Moi, ma sœur, mon petit frère et ma mère ont survécu au massacre. Mon petit frère venait d’être sevré. Nous avons eu une vache. Nous nourrissions mon frère avec le lait de cette vache. Nous avons pris notre vache et sommes partis. Nous avons commencé à vivre dans une petite tente près de la ville. Dès que les soldats ont découvert que nous avions survécu au massacre de Zilan, ils sont venus. D’abord, ils ont coupé les pies de notre vache, notre seul moyen de subsistance. » Celle qui me disait cela était une témoin (d’environ 90 ans) d’un massacre. Ils avaient fait cela pour faire mourir de faim le petit garçon. Mère Hafize n’avait pas voulu m’ne parler, mais j’ai appris de sa famille que les soldats avaient emmené sa sœur. Ils l’avaient violée et tuée.

Voici une autre raison d’être un génocide. La nécrophilie (violer un cadavre)  est essentielle dans la psychologie du génocide. Ce sont des nécrophiles. Nous pouvons le voir dans l’Allemagne nazie. Il y avait un imam nommé Mela Ahmet. Je l’ai interviewé. Alors qu’il travaillait comme imam à Adilcevaz, il avait rencontré un certain Hacı Ömer. Hacı Ömer lui a dit « (…) Je livrais des fournitures aux soldats lors du massacre de Zilan. Des milliers de personnes ont été tuées à l’extérieur de la ville dans un endroit appelé Aşe Monk. Les tours étaient faites de corps inanimés. C’était l’heure du déjeuner. Je l’ai vu de mes propres yeux. Les soldats retrouvaient et violaient de jeunes corps de femmes parmi les corps inanimés.”

Ces informations sont dans mes archives et j’ai fait confirmer ces informations auprès de plusieurs personnes. Ce que j’ai trouvé le plus dans mes recherches, c’est que d’innombrables femmes ont été violées.

Zilan est un génocide car un programme politique a été mis en place. Près d’un millier de familles ont été déportées à l’Ouest [régions turques à l’ouest du pays]. Beaucoup de ces familles sont maintenant assimilées. Elles ont été exilées dans des villes comme Aydın, Sinop et Samsun. Deux familles déportées ne pouvaient vivre dans la même ville et le même quartier. En d’autres termes, un programme d’assimilation a été mis en place. Près d’un millier de familles sont jetées dans les cachots d’Adana et de Zonguldak et abandonnées à la mort.

A cette époque, il y a un mandat d’Atatürk. Ce mandat rédigé après 1933 ordonne exactement ce qui suit : « Sa Sainteté ordonne dorénavant la capture des bandits vivants. » En d’autres mots, il dit, « Ne les tuez pas, capturez-les vivants ». Ils ont attrapé et enchaîné les villageois qui se sont réfugiés dans les montagnes et les ont envoyés dans ces cachots.

75% des personnes emmenées à Adana et à Zonguldak sont tuées. Par exemple, sur un millier de personnes envoyées dans la cachot d’Adana, seules 300 personnes peuvent revenir. 30 à 40 d’entre elles sont exécutées. La plupart de ces personnes sont condamnées à des peines de prison; Ils meurent de maladies infectieuses telles que le choléra, la typhoïde. Certains sont tués avec une piqûre toxique. J’ai obtenu le bloc-notes d’un témoin qui a traversé cette période. Il les a personnellement enregistrés. Dans le cahier, il est écrit : « Celui qui recevait la piqûre, ne pouvait pas voir le matin ».

La plupart des personnes envoyées à Zonguldak travaillent dans des mines de charbon. La plupart d’entre eux meurent à cause de mauvaises conditions de vie. La plupart des rapatriés meurent d’un cancer du poumon dû au charbon inhalé.

Une zone de Zilan a été complètement détruite. La région de Zilan a été déclarée « zone interdite » de 1930 à 1950. Tous les villages ont été évacués. Dans la région déclarée zone militaire, les chiens mangeaient les corps de leurs maîtres décédés. Quelqu’un m’a dit : « Les chiens avaient mangé tellement de gens qu’ils avaient une taille énorme. Leur psychologie avait changé. Ils attaquaient les gens en troupeau. »

Nous avons vu la même chose avec Taybet Ana. Ses enfants ont dit : « Nous avons veillé pendant des jours pour que les chiens ne viennent pas manger le corps inanimé de notre mère. » Sur le front des Kurdes, il n’y a rien de changé des années 1930 aux années 2019.

Le massacre des Kurdes dans la vallée de Zilan en juillet 1930

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Il y a 89 ans, des milliers de Kurdes étaient massacrés dans la vallée de Zilan, en Turquie, les 12 et 13 juillet 1930, pendant la rébellion d’Ararat.

Le massacre de Zilan a eu lieu dans la vallée du Zilan ou Zeylan situé au nord de la ville d’Erciş, dans la province de Van. Le massacre a eu lieu en juillet 1930, avant la troisième opération Ararat du 7 au 14 septembre 1930, qui était une opération militaire contre le mont Ararat. Le nombre de personnes tuées dans le massacre varie selon les différentes sources. Selon le quotidien Cumhuriyet (16 juillet 1930), environ 15 000 personnes seraient mortes. Le chercheur arménien Garo Sasuni a déclaré que 5 000 femmes, enfants et personnes âgées avaient été massacrés. Enfin, selon Berliner Tageblatt, les Turcs de la région de Zilan ont détruit 220 villages et massacré 4 500 femmes et personnes âgées. (Source Wikipedia, en anglais)

 
« Le 13 juillet 1930 le quotidien Cumhuriyet prenait la relève d’İsmet İnönü, Premier ministre de la République de Turquie, et Sukrü Kaya, son ministre de l’intérieur qui avait été l’un des hommes-clefs du génocide arménien de 1915, pour annoncer le « bombardement extrémêment massif du mont Ararat » avant d’ajouter : « les aigles d’acier du Turc règlent leur compte aux insurgés. Le ruisseau de Zilan est entièrement rempli de cadavres ». D’autres journaux, comme le Milliyet, confirmait ces informations avant de relater les propos d’Ismet Inönü : « seule la nation turque a le droit de revendiquer les droits ethniques et raciaux dans ce pays ». Selon diverses estimations, 44 villages furent ainsi entièrement rayés de la carte et 15.000 personnes, dont la plupart de simples villageois, trouvèrent la mort lors de cette « opération de nettoyage » qui parvint ainsi à briser la résistance kurde dont cette région fut le théâtre depuis plusieurs années. » (Institut Kurde de Paris)
 

Un comité international doit inspecter la destruction des sites historiques d’Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Un responsable kurde déclare que l’Etat turc a gravement endommagé les sites historiques et les antiquités à Afrin et ajoute : « Un comité international doit être formé pour inspecter les dégâts à Afrin. »
 
L’État turc et ses gangs alliés ont pris pour cible les sites historiques d’Afrin après l’invasion du canton kurde syrien. Le co-président de la Direction des sites historiques d’Afrin, Hemid Nasir, a déclaré que l’armée turque et ses gangs alliés commettent des violations des droits depuis le premier jour.
 
Hemid Nasir, a déclaré que tous les sites historiques et les antiquités d’Afrin avaient été documentés avant les attaques d’invasion : « Nous avons également documenté l’état de plusieurs sites historiques après l’occupation turque et les antiquités emmenées en contrebande en Turquie. »
 
Nasir a déclaré qu’ils partageaient avec le public l’état des sites historiques d’Afrin avant et après l’invasion avec une exposition à Shehba pour montrer l’ampleur, ajoutant que les dégâts et la contrebande étaient extrêmement élevés dans le canton et que les autorités turques empêchaient les organismes indépendants de constater les dégâts sur place.
 
Nasir a déclaré qu’ils souhaitaient montrer au monde entier les dommages causés aux sites historiques d’Afrin et a déclaré qu’un comité international était nécessaire pour inspecter les dommages causés à Afrin.