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Les avions turcs ont bombardé le Kurdistan du Sud : 4 civils blessés

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KURDISTAN DU SUD – Des avions de guerre appartenant à l’armée d’occupation turque ont bombardé le lundi 19 août les villages de Silê et Bolê dans la région kurde de Qandil, au Kurdistan du Sud.
 
Quatre civils ont été blessés lors du bombardement.
 
Les villageois ont déclaré que leur vie était en danger à cause des attaques perpétrées par l’Etat d’occupation turc.
 

Neuf arrestations à Ankara lors d’une manifestation contre le limogeage des maires kurdes

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TURQUIE – ANKARA – La police turque a attaqué la foule qui protestait contre l’usurpation des municipalités kurdes d’Amed, Van et Mardin par l’AKP. Neuf personnes ont été arrêtées lors de l’attaque policière.
 
Les habitants d’Ankara sont descendus dans les rues pour protester contre la décision de l’AKP de saisir les municipalités métropolitaines d’Amed, Van, et Mardin, dirigées par le parti HDP.
 
Le député du HDP Antalya, Kemal Bülbül, des organisations de la société civile et des chambres de travail et professionnelles ont participé à l’action organisée par le HDP Ankara.
 
La police a attaqué la foule avec du gaz et des matraques. Pendant l’attaque, la foule a crié le slogan « Épaule contre épaule contre le fascisme ».
 
La police a détenu Fatma Kılıçarslan, co-porte-parole du Congrès démocratique du peuple (HDK) à Ankara, Hüseyin Gevher, coprésident du HDP à Ankara, membres d’HDP Yağmur Yurtsever, Betül Koca, Ecum Polat, Mustafa Bayraktar, Mustafa Ugur Akkaya et Zarif Kesiciler.
 

TURQUIE. Inacceptables arrestations des maires kurdes démocratiquement élus (PCF)

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FRANCE – Dans un communiqué, le parti communiste français (PCF) condamne avec vigueur la nouvelle vague de limogeage et d’arrestations de maires et de responsables politiques kurdes en Turquie.
 
Voici le communiqué du PCF :
 
Recep Tayyip Erdogan n’en finit pas de régler ses comptes avec le nombre croissant de démocrates qui s’oppose à sa politique. Les forces armées spéciales ont le 19 août 2019 conduit des opérations contre les municipalités reconquises de haute lutte, en avril dernier, par le Parti démocratique des peuples (HDP).
 
Les co-maires de nombreuses villes, dont celles de Diyarbakir, Van ou Mardin, ont été destitués par le ministre de l’Intérieur et remplacés par des administrateurs issus de l’AKP. Au total, 418 maires et militants du HDP se trouvent désormais emprisonnés.
 
Fragilisé par sa défaite retentissante à Istanbul, R.T. Erdogan n’en poursuit pas moins ses purges et le démantèlement du système municipal kurde. Celui-ci constitue le laboratoire du projet politique kurde au service des habitants. Il impulse des politiques publiques en faveur de la jeunesse, de la culture, de l’environnement, de l’égalité hommes/femmes… véritable alternative à la corruption généralisée, au népotisme et à la prédation capitaliste conduite depuis Ankara par les islamo-conservateurs.
 
Les municipalités kurdes étaient devenues la cible de R.T. Erdogan depuis 2015 puisque 94 maires sur 102 avaient été arrêtés. La veille du scrutin de 2019, le président turc annonçait, par anticipation, la destitution des futurs édiles. Cette violence du pouvoir traduit l’anéantissement de l’espace politique au Kurdistan de Turquie où la signification des élections est d’emblée entachée de nullité. Un régime qui s’affranchit de la légitimité des urnes bascule inéluctablement dans la dictature.
 
Le Parti communiste français (PCF) exprime sa totale solidarité avec les maires et les militants du HDP incarcérés. Il est aux côtés des peuples de Turquie qui se tiennent debout face à la dictature. Il appelle le gouvernement de la France et les pays de l’Union européenne, prompts à dénoncer sélectivement des atteintes à la démocratie, à condamner ce nouveau coup de force et à mettre un terme aux complicités avec cette tyrannie.
 
Parti communiste français,
Paris, 19 août 2019

HDP : Nous ne serons pas réduits au silence, la lutte continue

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TURQUIE / BAKUR – Le Parti démocratique des peuples (HDP) a publié le communiqué suivant après le limogeage de ses trois maires des municipalités kurdes de Diyarbakır, Mardin et Van par le pouvoir truc :
 
HDP : Nous ne serons pas réduits au silence, nous ne serons pas arrêtés…
 
Nos co-maires, élus avec 63% des voix à Diyarbakır, 56% à Mardin et 53% à Van, ont été, du jour au lendemain, démis de leur mandat sur décision du ministère de l’intérieur, une décision fondée sur des accusations mensongères.
La vague d’arrestations illégales visant les conseillers municipaux de nos mairies se poursuit. Il s’agit clairement d’un nouveau coup d’Etat contre la démocratie. C’est un acte ouvertement hostile visant la volonté politique du peuple kurde.
En prenant de telles décisions, le ministère de l’intérieur viole les droits et libertés et prive l’espace politique de toute démocratie.
Pendant la période des kayyım -administrateurs désignés par l’Etat pour remplacer les Maires destitués en 2016- les ressources de toutes les municipalités saisies ont été gaspillées. Comme l’ont révélé des rapports de la Cour suprême des comptes publics, le ministère de l’Intérieur et le gouvernement sont devenus un centre de corruption et de détournement de fonds.
Ce gouvernement et son ministère de l’Intérieur n’ont pas supporté les révélations de corruption et d’irrégularités commises à grande échelle par les kayyim.
Ce gouvernement n’a plus aucune légitimité démocratique. Les pratiques consistant à usurper la volonté du peuple et extorquer par la fraude et la contrainte étatique ce qui a été perdu dans les urnes, font partie de l’ordinaire de l’alliance AKP-MHP.
Notre peuple n’acceptera jamais de telles pratiques. Comme par le passé, il revendiquera et défendra sa volonté, ses représentants élus, ainsi que son parti.
Contre ce gouvernement qui usurpe la volonté du peuple et rejette les résultats des urnes, nous appelons à la solidarité de toutes les forces démocratiques, de tous les citoyens doués de conscience, des partis d’opposition, des organisations de la société civile, des syndicats et associations professionnelles.
Nous avons incontestablement le droit, conformément à la constitution et aux normes universelles, de lutter contre ce gouvernement par toutes les moyens légitimes et démocratiques. Nous ne pourrons atteindre la démocratie que par la lutte commune et déterminée de toutes les forces démocratiques.
Nous lançons ici un appel à toutes celles et tous ceux qui ont voté pour la démocratie et contre l’alliance AKP-MHP aux élections du 31 mars et du 23 juin en Turquie. Ceci n’est pas seulement le problème du HDP et du peuple kurde ; c’est un problème qui concerne tous les peuples ainsi que toutes les forces démocratiques de Turquie.
Ne restez pas silencieux – Garder le silence, c’est acquiescer.
 
Conseil exécutif central
Parti démocratique des peuples
19 août 2019

TURQUIE. Le pouvoir turc a démis de leurs fonctions trois maires kurdes

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TURQUIE / BAKUR – Les co-maires des municipalités kurdes d’Amed, Mardin et Van ont été démis de leurs fonctions et les municipalités ont été placées sous le contrôle des administrateurs du pouvoir turc.
 
Le ministère turc de l’Intérieur a annoncé la destitution du co-maire d’Amed (Diyarbakir), Selçuk Mızraklı, du co-maire de la municipalité métropolitaine de Mardin, Ahmet Türk et de la co-maire de la municipalité métropolitaine de Van, Bedia Özgökçe Ertan. Tous avaient été élus sous l’étiquette du Parti Démocratique des Peuples (HDP).
 
Le parti HDP a réagi sur Twitter à la destitution de ses élus et la mise sous tutelle de ses municipalités : « Les co-maires métropolitains élus de Diyarbakir, de Mardin et de Van n’ont pas été élus par le ministre de l’Intérieur (…). Les gouverneurs ont de nouveau été nommés dans les municipalités du HDP ! La police a établi des barrages routiers autour des bâtiments et empêche les maires !
 
Ce matin, 418 politiciens d’HDP et [des partis alliés] ont été arrêtés. Le nombre augmente. Les médias pro-gouvernementaux l’appellent « opération anti-terroriste » pour criminaliser les Kurdes. Il est clair que le régime de Erdoğan ne respecte pas la volonté du peuple ! »
 
Après la destitution des co-maires, les forces de police ont assiégé les bâtiments des trois municipalités.
 
Les forces de police ont défoncé les portes de la municipalité d’Amed pour entrer de force dans l’immeuble à 6 heures ce matin.
 
Le co-maire Mızraklı a déclaré qu’il n’avait reçu aucune notification concernant son expulsion, ajoutant : « Nous sommes confrontés à une situation illégale. Personne vivant en Turquie ne peut se considérer comme vivant sous le parapluie de la loi. Cette attitude développée à l’encontre des municipalités du HDP doit être considérée comme visant l’opposition démocratique. Ce qui est usurpé, c’est la volonté du peuple. »
 
Des unités de police participent au raid sur les municipalités d’Amed et de Van qui ont été encerclées par des véhicules blindés. Des fouilles ont lieu dans les deux municipalités et les barricades de police qui avaient été levées après les élections du 31 mars ont été placées de nouveau autour des bâtiments municipaux.
 
Dans l’intervalle, le ministère de l’Intérieur a annoncé que des gouverneurs provinciaux ont été nommés à la place des trois maires démis de leurs fonctions. (Via ANF)
 
Après le limogeage des maires kurdes d’HDP à Diyarbakir, Mardin et Van, rien ne peut empêcher le limogeage des maires CHP à Istanbul, Ankara, Izmir. Ou est-ce que la démocratie est volée uniquement aux Kurdes mais pas aux Turcs ?

« Le Rojava n’a pas été libéré pour être remis à la Turquie »

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SYRIE / ROJAVA – « Nous n’avons pas libéré notre pays de l’Etat islamique pour le donner à la Turquie, mais pour y vivre librement », a déclaré Xerîb Hiso, co-président du TEV-DEM aux militants de Serêkaniyê, à la frontière avec la Turquie.

A Serêkaniyê, dans le canton de Hesekê, dans le nord de la Syrie, des manifestations ont eu lieu contre les menaces d’invasion de la Turquie pendant dix jours. En tant que « boucliers humains » contre une éventuelle attaque, les activistes veillent à la frontière turco-syrienne. Des membres du TEV-DEM (Mouvement pour une société démocratique), dont le coprésident Xerîb iso, ainsi qu’une délégation d’avocats et d’intellectuels ont rendu visite aux militants.

Le président du TEV-DEM a prononcé un discours sur place, condamnant les menaces proférées par l’État turc. M. Hiso a déclaré que la politique hostile de la Turquie visait non seulement la Syrie, mais aussi ses voisins : « La Turquie veut étendre son territoire chez ses voisins. Cela est également illustré par les menaces qui pèsent sur la Syrie du Nord et de l’Est. nous ne permettrons pas à l’Etat turc d’étendre son territoire sur les terres du peuple syrien ».

Hiso a poursuivi : « Nous défendons nos frontières, nous ne prévoyons pas d’entrer en guerre avec l’Etat turc. La Turquie veut provoquer des conflits et attaquer notre région sous prétexte d’inquiétudes pour la sécurité alors que nous visons la paix, la démocratie et une solution politique.

Avec sa politique d’agression étrangère, le gouvernement turc veut détourner l’attention de ses problèmes internes et se soustraire à ses responsabilités », a déclaré Hiso, rappelant le silence international devant les menaces de l’État turc.

Enfin, Xerîb Hiso a déclaré : « Il existe des conventions internationales sur les frontières entre pays. L’État turc doit respecter ces conventions et tous les autres États doivent faire pression sur la Turquie pour qu’elle se conforme au droit international.

Les peuples du nord et de l’est de la Syrie rejettent l’occupation de leurs terres par la Turquie. Nous avons résisté à l’Etat islamique et libéré notre pays. Nous lutterons de la même manière contre l’occupation turque. Après tout, nous avons libéré ces terres pour y vivre librement et en paix, c’est pourquoi nous ne les laisserons pas à la Turquie. »

ANF

Un commandant kurde demande à ce que toute la frontière du Rojava soit protégée

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SYRIE / ROJAVA – « Un projet d’accord de zone de sécurité entre la Turquie, les Etats-Unis et l’administration kurde dans le nord-est de la Syrie doit couvrir la totalité du territoire situé entre l’Euphrate et le Tigre », a déclaré Mazlum Abdi, le commandant des forces démocratiques syriennes (FDS), dans une interview publiée hier par ANHA.

Concernant les pourparlers menés par les États-Unis pour établir une zone de sécurité, Mazlum Abdi (alias Mazlum Kobane) a déclaré qu’aucun accord ferme sur la nature et la portée précises de la zone n’avait été conclu.

Abdi a déclaré que les FDS n’accepteraient aucun plan de la Turquie qui n’inclurait pas la totalité du tronçon de la frontière séparant le nord-est de la Syrie, sous contrôle kurde.

Mais un haut responsable des FDS s’exprimant sous couvert de l’anonymat en raison de la nature délicate du sujet a déclaré à Al-Monitor : « La raison pour laquelle l’accord doit couvrir l’ensemble de la frontière est que sinon la Turquie continuera à menacer de prendre des mesures unilatérales contre les territoires qui en sont exclus. Nous n’avons aucune raison de croire que l’hostilité fondamentale de la Turquie envers nous a changé. »

Le responsable a toutefois noté que les États-Unis avaient fermement soutenu les Kurdes et que cet appui avait joué un rôle crucial dans la prévention d’une éventuelle incursion turque.

Un autre responsable affilié aux FSD était encore plus optimiste. Les États-Unis s’adressent actuellement à Ankara au nom des FDS, exprimant des revendications kurdes, et c’est en fait assez étonnant.

Abdi a confirmé dans l’interview que les Etats-Unis transmettaient les revendications de la Turquie aux FDS et celles des FDS à la Turquie.

« Ankara semble prête à accepter une présence des YPG dans le nord-est de la Syrie à long terme », a poursuivi le responsable affilié aux FDS. Un modus vivendi semble à portée de main. » Les YPG sont l’Unité de protection du peuple, la force armée kurde syrienne qui est la force motrice des FDS.

Le fonctionnaire a émis l’hypothèse qu’un dégel a été rendu possible lorsqu’un grand nombre d’officiers de l’armée turque qui auraient plaidé en faveur d’une intervention contre les YPG en Syrie et à Chypre en Méditerranée orientale ont été soit contraints à la retraite anticipée, soit promus lors de la réunion annuelle du Conseil militaire suprême, le 1er août. La prétendue purge a été rapportée par la presse turque.

Les commentaires belliqueux d’hier du ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu laissent toutefois entendre que peu de choses ont changé. Cavusoglu a déclaré que la Turquie ne « tolérerait » aucune « tactique dilatoire » de la part des Etats-Unis. Il a réitéré les demandes de la Turquie pour que la zone de sécurité atteigne une profondeur de 32 kilomètres et soit débarrassée de tous les « terroristes des YPG et du PKK conformément à la promesse » du Président Donald Trump.

Cavusoglu a confirmé qu’une délégation militaire américaine dirigée par le commandant adjoint de l’EUCOM, le général Stephen M. Tweety, se rendait dans la province de Sanliurfa, dans le sud-est du pays, dans le cadre d’un projet de centre d’opérations conjoint pour superviser la mise en œuvre de la zone sûre. Il a ajouté que les drones turcs avaient commencé à survoler la région.

Abdi semble le contredire, affirmant que la demande de la Turquie aux Etats-Unis d’ouvrir l’espace aérien au-dessus de la région en négociation a été rejetée. « Nous n’étions pas d’accord et nous ne le serons jamais », a déclaré Abdi.

Les FDS déclarent qu’ils n’accepteraient pas une zone plus profonde que cinq kilomètres. La présence de troupes turques en dehors des patrouilles conjointes avec les forces américaines est une autre ligne rouge. « L’empreinte turque doit être légère et dans des endroits discrets, et toutes les patrouilles conjointes doivent être effectuées en coordination avec les FDS », a déclaré le responsable affilié aux FDS.

Abdi a cependant reconnu que les FDS avaient accepté de laisser la zone s’élargir jusqu’à 14 kilomètres dans le morceau de terre entre les villes de Ras al-Ain (Serê Kaniyê) et la majorité arabe de Tell Abyad. Il n’a pas expliqué la raison.

Le responsable des FDS a décrit la région comme une « zone pilote » où le projet de zone de sécurité serait lancé.

Il est vraisemblablement destiné à accueillir les milliers de réfugiés syriens en Turquie qui y vivaient auparavant. La Turquie a clairement fait part de son intention de renvoyer les Syriens indigènes dans la région, la qualifiant de « corridor de la paix ».

Abdi a indiqué qu’ils étaient les bienvenus en disant : « Nous les avons invités à revenir. Mais ceux qui appartenaient à l’Etat islamique ou à d’autres groupes extrémistes qui avaient soumis le peuple arabe, le peuple kurde et les autres peuples de cette région à la tyrannie peuvent revenir en étant sûrs qu’ils seront jugés par nos tribunaux », a-t-il averti.

L’Iran a arrêté l’anthropologue kurde Kameel Ahmady

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L’anthropologue britannique d’origine kurde, Kameel Ahmady a été arrêté en Iran sous des accusations floues.
 
Kameel Ahmady, un anthropologue de renom, a été arrêté en Iran dimanche dernier. Il est retenu dans la prison d’Evin, à Téhéran.
 
Son épouse, Shafagh Rahmani, a déclaré qu’il avait été accusé par une série d’accusations liées à «ses activités», notamment des études sur les droits de l’Homme, le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines (MGF) en Iran.
 
En 2015, M. Ahmady a publié une étude suggérant que des dizaines de milliers de femmes iraniennes avaient subi une mutilation génitale.
 
Mme Rahmani a ajouté que son mari avait été officiellement inculpé seulement le mardi soir et que des agents de sécurité s’étaient rendus chez le couple pour confisquer des documents, dont la carte d’identité d’Ahmady.
 
M. Ahmady est né dans la ville kurde de Mahabad et est un Kurde iranien qui a obtenu la nationalité britannique en 1994.
 
Article en anglais ici 

Si vous êtes une femme, vous n’existez pas, Zozan Yasar, une journaliste kurde exilée

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Zozan Yasar est une journaliste kurde de Turquie. Privée d’accès à l’éducation, Zozan a appris à lire et à écrire et est allée à l’université pour obtenir un diplôme avant de travailler comme journaliste. En tant que Kurde, elle a lutté pour enregistrer officiellement son nom kurde auprès du gouvernement turc. Après avoir été arrêtée et harcelée, elle a finalement été contrainte de demander l’asile au Royaume-Uni.
 

(Un article écrit en anglais par Emma Wallis. Traduction Kurdistan au féminin)

« Je me souviens du jour où j’ai demandé l’asile au Royaume-Uni. Au lieu d’un nouveau départ, j’ai eu l’impression que c’était la fin de tout pour moi. Personne, pensai-je, ne saura jamais ce que j’ai laissé derrière moi. Personne ici ne peut comprendre ce que c’est que de sentir qu’on a perdu tout espoir. La pensée que tous les combats que j’ai eus dans ma vie vont recommencer. »

 
Quelques années plus tard, le sourire de Zozan brille aussi vivement que son pull jaune. Sa demande d’asile a été accordée rapidement par les autorités britanniques. Maintenant, elle est occupée et déterminée à construire cette nouvelle vie au Royaume-Uni, même si la tristesse pour ce qu’elle a laissé derrière elle n’est jamais loin.
 
« Je n’ai pas l’habitude d’être le sujet d’une interview », dit Zozan timidement. La timidité est cependant sous-tendue par une énergie pétillante. Les grands yeux de Zozan regorgent parfois d’émotion, mais les larmes ne tombent jamais. Même les situations les plus difficiles, elle les raconte avec une détermination à toute épreuve et avec le sourire.
 
Pour quelqu’un d’aussi éloquent, il est difficile d’imaginer une époque où Zozan a dû apprendre à lire et à écrire, car, en tant que Kurde ayant grandi en Turquie, on lui a refusé l’accès à l’éducation. En raison de tensions politiques, de nombreuses écoles de sa région ont été fermées quand elle grandissait. Elle n’a pas seulement appris à lire et à écrire, elle s’est également inscrite à la prestigieuse Université d’Istanbul et a obtenu son diplôme avec brio.
 
« Il n’y avait pas qu’une seule raison qui m’a amené ici [au Royaume-Uni], mais beaucoup de facteurs », explique Zozan. « Je suis née au Kurdistan en 1990. À l’époque, il y avait un conflit entre le gouvernement turc et les forces kurdes, le PKK. Le Kurdistan est une région que la Turquie ne reconnaît pas. En gros, je suis née dans un village près de la ville de Diyarbakir (qui s’appelle Amed en kurde). Le village où je suis née a été détruit avec environ 3 000 autres villages par le gouvernement turc. Ma famille a dû partir. »
 
Si vous êtes une femme, vous n’existez pas
 
C’était l’un des pires moments pour naître, pense Zozan. « Si vous êtes kurde, ce n’est pas facile du tout. Il n’y avait pas d’école, pas d’éducation, pas de droits, rien. Les tensions étaient très forte et les choses étaient fermées la plupart du temps et il n’y avait aucun lien entre la ville et les villages. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. » Les choses sont encore pires si vous êtes une femme dans cette société, explique Zozan.
 
« La guerre et la hiérarchie ont un impact énorme sur la vie au Moyen-Orient « , dit-elle avec un haussement d’épaules, suivi immédiatement d’un lifting provocateur du menton. Zozan connaît bien la situation dans les domaines sur lesquels elle avait l’habitude de faire rapport, mais cela ne veut pas dire qu’elle l’accepte facilement. « Les femmes des pays du Moyen-Orient ont du mal à exister. Si vous êtes né femelle, vous n’existez pas. Pour moi, c’était vraiment difficile de me battre avec deux choses différentes, avec les autorités et la hiérarchie : Pour leur dire que vous existez, comme les hommes. »
 
« J’ai dû beaucoup me battre », dit-elle simplement en levant le menton une fois de plus. Zozan s’est battue pour aller à l’école même quand toutes ses sœurs et cousines n’y arrivaient pas. Elle a insisté pour s’inscrire à l’école mais s’est heurtée à la double barrière du conflit et de la hiérarchie. Quand elle avait 15 ans, elle les a quand même défiés et s’est inscrite à un cours d’apprentissage à distance.
 
Déménager en ville
 
Quand Zozan avait 17 ans, elle a déménagé au centre-ville de Diyarbakir. C’est là qu’elle a commencé à travailler avec des organisations de femmes et ses combats sont devenus encore plus intenses. « Il y a eu beaucoup de cas qui m’ont intéressée », explique-t-elle, « comment les femmes sont confrontées à la violence, aux choses horribles et à la persécution. Cela m’a encouragé à commencer à me battre contre ces choses. » Zozan s’est encore plus inspirée en voyant les restrictions continuellement imposées à la vie de ses proches féminins par rapport à la sienne.
 
« Ils n’ont jamais été autorisés à faire quoi que ce soit. Je demande encore à ma mère : « Qu’est-ce que tu aimes ? Vous rêvez d’aller quelque part et de manger ce que vous voulez, ou de porter des vêtements que vous aimeriez vraiment ? Bien sûr, je n’obtiens pas de réponse à ces questions », dit Zozan, mais cela l’a rendue encore plus sûre qu’elle devait mener une vie où elle avait des choix à faire.
 
Activisme
 
Zozan a grandi en parlant kurde à la maison, mais cette langue a été interdite dans les institutions publiques en Turquie. Il n’y avait pas beaucoup de télévisions dans le village où elle a grandi, mais elle a réussi à apprendre à comprendre le turc en écoutant les nouvelles et en lisant tout ce qu’elle pouvait trouver. A 18 ans, elle a commencé à enseigner en kurde, une activité qui a été interdite jusqu’en 1991 et qui pouvait conduire à une arrestation. (…) 
 
« Des gens ont été tués devant moi, quand j’étais enfant », se souvient Zozan, en parlant des enseignants qui ont défié l’interdiction d’enseigner en kurde. « Ce n’était pas une bonne enfance », conclut-elle.
 
Zozan a commencé à faire campagne pour les droits des Kurdes en Turquie. « Je ne faisais que défendre les droits de l’Homme et les droits des femmes, la langue kurde et mon identité », dit-elle simplement. Cette identité encapsule son nom qui est également interdit en Turquie. Lorsqu’on lui a finalement délivré une carte d’identité, après 15 ans sans carte, Zozan a été consternée de voir qu’ils avaient « tordu » son nom pour le rendre plus turc. « Quand j’avais 20 ans, je suis allée au tribunal pour reprendre mon nom », explique Zozan.
 
Le fait de posséder légalement son propre nom était très important pour elle. « En gros, vous avez beaucoup d’identités au Moyen-Orient, vous êtes la sœur et la fille de quelqu’un et une femme », dit Zozan. Puis, lorsqu’ils lui ont enlevé son nom et son identité kurde, elle a pensé que cela suffisait. La cour m’a demandé pourquoi je voulais changer mon nom et ma réponse a été simple : « Je ne veux pas changer mon nom, je veux récupérer mon nom. Je suis née avec ce nom et ma famille m’a appelé en kurde. »
 
Début des études universitaires
 
Au début de la vingtaine, Zozan travaillait dur pour être admis à l’université. « Ce n’est pas facile d’aller à l’université en Turquie », explique-t-elle. Un mois avant de passer son examen d’entrée, Zozan a été arrêtée. A sa libération, « mon état psychologique était affreux. J’avais besoin de beaucoup de soutien », admet-elle.
 
Néanmoins, elle a gagné une place pour étudier à l’Université d’Istanbul. « Je n’arrivais pas à y croire ; je pensais que c’était quelque chose de magique ! » Zozan a étudié les sciences politiques et les relations internationales. Au début, elle avait voulu étudier le droit, mais grâce à sa campagne, elle a vu tellement d’injustices qu’elle ne pouvait pas s’imaginer faire partie de ce système. « Je voulais faire quelque chose pour ceux qui sont sans voix et faire des changements. J’ai donc décidé de devenir journaliste. (…) C’était la meilleure façon pour moi d’exprimer et d’écrire sur la situation, mais c’était difficile. J’écrivais tous les jours sur des gens arrêtés devant moi et torturés, battus. »
 
La torture, dit-elle, Zozan l’a vécue elle aussi, presque en passant. « C’est vraiment difficile d’en parler… » dit-elle doucement. « J’en ressens encore ses effets dans ma vie. » Comme une vraie journaliste, Zozan essaie de s’en tenir aux faits de la situation dans son ensemble, plutôt que de se concentrer sur son histoire personnelle. Il y a une pause et Zozan respire profondément. « C’était un énorme traumatisme. Le gouvernement turc, lorsqu’il arrête des femmes, pense qu’il peut tout faire : viol, abus sexuel, torture, abus physique, abus psychologique. Même après votre libération, cela ne signifie pas que vous êtes en sécurité. Vous savez qu’une fois arrêté, ce genre de traitement peut continuer. »
 
Vous devez apprendre à combattre ces choses.
 
Zozan sait qu’elle vivra avec ces choses pour toujours. « Il faut apprendre à lutter contre ces choses et à vivre avec elles », conclut Zozan en regardant ses pieds, puis en levant le menton presque imperceptiblement. « La raison pour laquelle j’ai quitté ma ville pour aller à l’université, ce n’était pas seulement pour partir, mais pour m’éloigner de ce climat. Dans ma ville, je rentrais chez moi dans le bus et la police marchait à côté de moi, me montrait ses armes, me menaçait. L’intimidation était quotidienne », soupire Zozan d’un air tremblant. « Ce n’était pas bon », dit-elle en forçant un sourire.
 
A Istanbul, les menaces ont continué. Dans sa deuxième semaine, elle dit qu’un groupe de policiers en civil l’a arrêtée et lui a demandé de voir sa carte d’identité. Elle a essayé de refuser, n’étant pas sûre de qui ils étaient, et ils lui ont pris le bras et lui ont tordu le bras en disant « nous savons qui tu es, montrez-nous ta carte d’identité ». Peur qu’elle sorte sa carte d’étudiant et qu’on lui dise : « Oh, tu étudies la politique, tu crois qu’on va te laisser finir ton diplôme ? » La réponse de Zozan était de rester aussi discret que possible, de travailler dur et de passer ses examens. « Il faut beaucoup de chance pour être en sécurité », conclut-elle.
 
Après le coup d’Etat manqué
 
« Psychologiquement, c’était difficile », confie Zozan. Elle est partie un moment pour faire une pause. Quand elle est revenue, pendant un moment, les choses semblaient aller mieux. Puis, après la tentative de coup d’Etat de 2016, « tout est devenu encore plus complexe. Le gouvernement turc a criminalisé tout le monde en Turquie et les gens ont cessé de se faire confiance et ont commencé à se détester. »
 
« Imaginez un pays », dit Zozan, où son discours prend de l’ampleur et de la force « là où les députés et les journalistes sont en prison. Des milliers de personnes ont perdu leur emploi. »
 
Zozan travaillait pour Voice of America et les médias kurdes. Elle aimait son travail et ne voulait pas partir. Cependant, le stress a exacerbé un problème cardiaque préexistant et elle s’est sentie prise entre le travail acharné, les efforts pour rester en sécurité et les visites à l’hôpital. « Lorsque je travaillais comme journaliste, j’ai été témoin de 17 attentats à la bombe. La plupart d’entre eux, j’y suis allé et j’ai couvert les histoires ; j’ai vu des morts devant moi. »
 
Chaque jour est devenu un jeu de compromis sur la route qu’elle devrait prendre pour arriver à un endroit qui éviterait de menacer la police et les attentats à la bombe. Un jour, le stress est devenu trop important et Zozan s’est enfui au Royaume-Uni. C’était censé être juste un peu plus de temps libre pour elle, avant de revenir au rapport. Pendant quelques semaines, elle n’a dit à personne où elle était. Puis elle a découvert qu’en son absence, son appartement avait fait l’objet d’une descente et qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre elle. Elle voulait savoir quelles étaient les charges retenues contre elle, mais son avocat lui a dit qu’elle ne le saurait pas si elle ne revenait pas et ne se rendait pas pour l’arrêter, alors on lui dirait sur quelles charges.
 
Construire un nouvel avenir
 
« Je ne voulais pas prendre ce risque et j’ai demandé l’asile », dit Zozan. Elle ne s’attendait pas à devenir une demandeuse d’asile. Apprendre l’anglais est devenu son dernier défi. « Je passe la plupart de mon temps à la bibliothèque. Après la bibliothèque, je traîne et je rencontre des gens, tous pour apprendre l’anglais. J’adore travailler et je veux pouvoir travailler ici aussi. »
 
La torture, dit-elle, Zozan l’a vécue elle aussi, presque en passant. « C’est vraiment difficile d’en parler… » dit-elle doucement. « J’en ressens encore les effets dans ma vie. » Comme une vraie journaliste, Zozan essaie de s’en tenir aux faits de la situation dans son ensemble, plutôt que de se concentrer sur son histoire personnelle. Il y a une pause et Zozan respire profondément. « C’était un énorme traumatisme. Le gouvernement turc, lorsqu’il arrête des femmes, pense qu’il peut tout faire : viol, violence sexuelle, torture, violence physique, violence psychologique. Même après votre libération, cela ne signifie pas que vous êtes en sécurité. Vous savez qu’une fois arrêté, ce genre de traitement peut continuer. »
 
« Je ne voulais pas prendre ce risque et j’ai demandé l’asile », dit Zozan. Elle ne s’attendait pas à devenir une demandeuse d’asile. Apprendre l’anglais est devenu son dernier défi. « Je passe la plupart de mon temps à la bibliothèque. Après la bibliothèque, je traîne et je rencontre des gens, tous pour apprendre l’anglais. J’adore travailler et je veux pouvoir travailler ici aussi. »
 
En attendant d’avoir le droit de travailler, Zozan s’est portée volontaire pour des œuvres caritatives et des librairies. « Mon défi était de savoir comment en faire un élément positif », dit Zozan, puis admet immédiatement qu’à son arrivée, elle avait l’impression que « le journalisme était fini pour moi ». Etre de langue maternelle est très important dans le journalisme, soutient Zozan. « J’avais l’impression d’être née de nouveau, dans une nouvelle langue, dans un nouveau pays. » Zozan est habituée à ce sentiment, car même dans le pays où elle est née, elle a dû se forger une réputation dans une langue qui n’était pas sa langue maternelle.
 
Aujourd’hui âgé de 29 ans, Zozan a bon espoir pour l’avenir. « C’est difficile de travailler comme journaliste ici, mais c’est plus sûr qu’en Turquie. » Sa participation au Refugee Journalism Project à Londres a été d’une grande aide. Depuis qu’elle s’est jointe à ce cours d’un an, elle offre des articles au journal The Guardian et à la BBC. Elle a également noué des contacts au Royaume-Uni afin de trouver de nouvelles histoires et de ne plus faire l’objet de ses propres rapports. « Pouvoir me qualifier de journaliste au Royaume-Uni est très important pour moi. » Zozan veut s’assurer que les voix de ses compatriotes du Moyen-Orient soient entendues dans les médias britanniques. Elle n’aime peut-être pas faire l’objet de reportages, mais le droit de raconter sa propre histoire et celle de sa région est primordial.
 
Zozan a reçu des offres de six universités différentes et commencera sa maîtrise en septembre à la School of Oriental and African Studies (SOAS) in Middle Eastern Politics. « J’adore étudier et je veux vraiment une qualification dans ce pays, donc je suis reconnue dans ce que j’ai fait et ce que je fais. » Malgré les défis, elle a bon espoir pour son avenir. « Ce jour-là, quand j’ai demandé l’asile, je ne savais pas que cette décision serait le début d’un autre voyage difficile, un voyage pour construire une nouvelle vie, une nouvelle identité, à des milliers de kilomètres de chez moi. » Au moins, ce voyage se construit d’emblée sous la protection de son propre nom.
 
Zozan est l’une des diplômés du Refugee Journalism Project du London College of Communication. Cet article fait partie d’une série occasionnelle qui dresse le profil de journalistes réfugiés travaillant actuellement en Europe.
 
Publié en anglais par Info Migrants
 
 
 
 
 

SYRIE. Sans les Kurdes, la zone de sécurité turco-américaine risque de faire renaître DAECH

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La zone de sécurité américano-turque prévue pour la région du nord-est de la Syrie contrôlée par les forces arabo-kurdes ne répond pas aux préoccupations locales et risque de nuire à la lutte menée par les États-Unis contre l’Etat islamique, selon un article publié lundi par le site National Interest.
 
« Pour que tout accord conclu dans le nord-est de la Syrie fonctionne, il doit fournir une solution durable aux intérêts de la sécurité américaine et turque et répondre aux préoccupations des Kurdes. L’accord actuel échoue à tous points de vue », ont écrit lundi pour le National Interest Gönül Tol, directrice du Centre d’études turques du Middle East Institute, et le général Joseph Votel, patron du Commandement Central américain, le CENTCOM, de mars 2016 à mars 2019.
 
La Turquie a longtemps réclamé une zone de plus de 30 km de profondeur qu’elle veut contrôler et qui serait interdite aux forces démocratiques syriennes (FDS). Si tels sont les paramètres de la zone, elle déplacerait probablement plus de 90% de la population kurde syrienne, exacerbant une situation humanitaire extrêmement difficile et créant un environnement propice à un conflit accru, ont déclaré Tol et Votel.
 
Suite à la victoire contre DAECH / ISIS en mars dernier, les FDS contrôlent un tiers de la Syrie, qui compte environ cinq millions de personnes, notamment des Arabes, des Kurdes, des chrétiens syriaques, assyriens et chaldéens, des Yazidis et des Turkmènes.
 
« Stabiliser et reconstruire cette région diversifiée et complexe peut s’avérer encore plus difficile que de vaincre DAESH », ont écrit Amy Austin Holmes, chargée de programme pour le Moyen-Orient au Wilson Center, et Wladimir van Wilgenburg, analyste de la politique kurde.
 
Le président syrien Bashar Assad continue de refuser de faire des concessions à la région, tandis qu’Erdoğan menace d’envahir et que les cellules dormantes de l’Etat islamique mènent des attaques régulières. « Compte tenu de l’énormité des défis et de la précarité de la situation, il est de la plus haute importance de bien calibrer et mettre en œuvre la politique américaine en ce moment décisif », ont déclaré Holmes et van Wilgenburg.
 
Selon Tol et Votel, la zone de sécurité proposée entravera les efforts des États-Unis pour empêcher la résurgence de DAESH, les FDS étant la force la plus efficace contre le groupe extrémiste djihadiste, promouvant la stabilité et la gouvernance locale et arrêtant le mouvement et les ressources dont DAECH a besoin.
 
« Ankara affirme que la présence des forces kurdes dans cette région constitue une menace pour la sécurité de la Turquie. Bien que certains incidents continuent de se produire le long de la frontière, rien ne permet de penser que la région est utilisée comme une plate-forme pour attaquer la Turquie », ont déclaré Tol et Votel.
 
Déplacer la population kurde priverait la population du nord-est de la Syrie de toute attaque et lui donnerait la possibilité de vivre en paix et de se remettre du conflit, ont déclaré Tol et Votel.
 
Les Kurdes se sont montrés disposés à partager le pouvoir avec leurs homologues arabes, tandis que les FDS a montré sa capacité à négocier la politique tribale, y compris avec des groupes djihadistes tels que Hayat Tahrir al-Sham (HTS, ancien al-Nosra), qui est liée à Al-Qaïda. par des professionnels expérimentés, notamment des économistes, des médecins et des éducateurs, selon Holmes et van Wilgenburg.
 
« Sans les FDS, les factions djihadistes telles que HTS et DAESH risquent de revenir », ont déclaré Holmes et van Wilgenberg, soulignant que les rebelles à Idlib étaient incapables de combattre HTS.
 
Dans le même temps, la Turquie n’a souvent pas été en mesure d’empêcher les affrontements entre rebelles dans les zones sous son contrôle, comme à al-Bab l’année dernière, où un groupe menaçait des soldats américains. Compte tenu du nombre de factions rivales, une structure de commandement centralisée comme celle des FDS est absolument nécessaire, selon Holmes et van Wilgenberg.
 
Plutôt qu’une zone de sécurité, Tol et Votel demandent un mécanisme de sécurité durable qui réponde aux préoccupations de toutes les parties, surveille et contrôle les opérations de sécurité et facilite la communication.
 
Les forces kurdes doivent autoriser les patrouilles communes dans les zones vulnérables, les armes lourdes doivent être éloignées de la frontière et les postes de sécurité frontaliers doivent être démantelés, tandis que la Turquie devrait coopérer étroitement avec la coalition dirigée par les États-Unis sur les patrouilles combinées, la surveillance et les points de contrôle frontaliers contrôlés conjointement, selon Tol et Votel.
 
Holmes et van Wilgenberg soutiennent que si les États-Unis veulent assurer la défaite durable de l’Etat islamique, les membres de la coalition devraient renforcer leur soutien financier et politique en faveur de la stabilisation et de la reconstruction et faire pression sur la Turquie et l’Irak pour qu’ils ouvrent les frontières pour la livraison de biens humanitaires.
 
« L’objectif ultime devrait être de rendre les communautés du nord-est de la Syrie résilientes contre toute réémergence possible de l’EI. Cela nécessitera des forces de sécurité professionnelles, inclusives et efficaces. Les États-Unis ont une rare occasion d’avoir un impact positif sur le développement humain de la région. C’est maintenant qu’il faut agir », ont déclaré Holmes et van Wilgenberg.
 

La Turquie fait de l’impérialisme : La politique étrangère turque au Moyen-Orient

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Pour comprendre l’action de la Turquie au Moyen-Orient, nous devons saisir sa place précaire dans le capitalisme mondial.
 
Le système capitaliste mondial est caractérisé par des hiérarchies entre les pays, qui sont à la fois le résultat et la reproduction d’un développement économique inégal. En ce sens, l’économie mondiale peut être considérée comme impérialiste. Située à la périphérie du capitalisme mondial, la Turquie entretient depuis longtemps des relations de dépendance économique, politique et militaire avec les grandes puissances occidentales. Dans le même temps, cependant, au cours des dernières décennies, elle a mené une politique étrangère et économique « proactive » au Moyen-Orient, politique que l’on peut considérer comme « sous-impérialiste ». Cela a parfois provoqué des tensions entre la Turquie et les pays occidentaux. Le parti au pouvoir en Turquie, l’AKP, a continué à promouvoir avec force non seulement ses intérêts économiques mais aussi politiques et militaires de manière significative en Syrie et au Qatar, malgré la possibilité immédiate d’une crise économique massive.
 
La politique étrangère affirmée de la Turquie a été attribuée au fait que l’AKP avait une perspective « néo-ottomane » ou « pan-islamiste ». Cependant, près d’un siècle s’est écoulé depuis que l’Empire ottoman et son ancien régime ont été consignés dans les livres d’histoire. En réalité, le gouvernement turc [de l’AKP] est fondamentalement un Etat capitaliste périphérique. Cet article traite de la politique étrangère de l’AKP au Moyen-Orient depuis les années 2000, en relation avec les contradictions soulevées par le système capitaliste mondial. Il explore ainsi comment un pays périphérique comme la Turquie peut agir avec assurance vis-à-vis des pays périphériques du Moyen-Orient, et quelles pourraient être les conséquences futures d’une telle politique étrangère volontariste.
 
Le capitalisme mondial
 
Selon la théorie marxiste, le processus d’accumulation du capital – la création et l’appropriation de la plus-value sous forme d’argent, de biens et de marchandises, de processus de production et de terres – amène les propriétaires de capital (entreprises, sociétés, banques, agences immobilières, etc.) à rivaliser pour créer et s’approprier davantage de surplus sous forme de profits, intérêts et loyer. Cette concurrence se traduit par un développement inégal à l’échelle mondiale, et donc par la domination et la subordination des pays périphériques par les pays impérialistes.
 
Les pays périphériques sauvegardent l’accumulation du capital intérieur en développant des relations de dépendance vis-à-vis des pays impérialistes. De cette façon, un pays périphérique peut tenter de s’approprier plus d’excédents à l’échelle régionale en dominant et en subordonnant les autres pays périphériques. Toutefois, elle ne peut s’approprier ces excédents qu’à des niveaux subordonnés aux pays impérialistes. Afin de maintenir une telle structure économique hiérarchisée, le pays périphérique tente une domination politique et militaire à l’échelle régionale. Ce faisant, elle conserve sa relative autonomie vis-à-vis des pays impérialistes. Une telle tentative peut conduire à des rivalités géopolitiques et à une concurrence économique entre et parmi le pays périphérique donné, les autres pays périphériques régionaux et les pays impérialistes.
 
La Turquie peut être considérée comme un pays périphérique, dont l’accumulation de capital a dépendu de l’importation de biens d’équipement (comme les machines) et de biens intermédiaires (comme les pièces détachées automobiles), ainsi que de technologies, notamment en provenance de l’UE et des États-Unis. Les relations de dépendance de la Turquie avec les pays occidentaux ont été renforcées par l’engagement économique, politique et militaire de la Turquie envers le bloc occidental ; par exemple, son engagement envers le FMI, la Banque mondiale, l’OTAN et le processus d’adhésion à l’UE.
 
Le rôle économique et géopolitique de la Turquie
 
Dans les années 1980, les entreprises turques ont commencé à se développer à l’échelle régionale. Une telle expansion a approfondi les relations politiques et militaires entre la Turquie et les pays de la région de manière relativement autonome par rapport aux pays occidentaux.
 
L’AKP a continué à promouvoir l’expansion des entreprises turques, en particulier au Moyen-Orient, à partir des années 2000. Dans ce but, l’AKP a favorisé de manière significative les accords de libre-échange avec la Tunisie, le Maroc, l’Égypte et la Syrie. Les entreprises turques opérant dans des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre ont trouvé dans les périphéries du Moyen-Orient, où la main-d’œuvre était relativement moins chère, des espaces idéaux pour se développer. L’Égypte est apparue comme un exemple majeur dans les secteurs du textile et du verre.
 
L’AKP a en outre utilisé l’aide étrangère, comme la nourriture et les fournitures médicales, pour favoriser l’expansion des entreprises turques, notamment au Liban, au Yémen, en Syrie, en Palestine et en Libye. L’évolution des relations économiques a néanmoins renforcé les relations de dépendance entre la Turquie et ses rivaux régionaux. La Turquie a considérablement développé des relations de dépendance avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite sous la forme d’importations de biens intermédiaires (tels que l’aluminium non transformé, les huiles de pétrole, les semi-produits en fer/acier, le polypropylène non transformé).
 
Après le printemps arabe : Syrie et Qatar
 
Le développement des relations économiques a été suivi par la restructuration des relations politiques avec les pays de la région, en harmonie et en tension avec les pays occidentaux. En Syrie, la Turquie a promu les Frères musulmans en alliance avec les Etats-Unis contre les régimes Baas à partir des années 1970. Suite à l’éruption de la rébellion armée en Syrie en 2011, la Turquie s’est alliée aux Etats-Unis et aux pays du Golfe et a appelé à la destitution du président Bachar al-Assad. L’AKP s’est allié à l’Arabie saoudite pour fournir des armes, des soins médicaux et un abri aux rebelles armés.
 
L’AKP est parfois allé trop loin en provoquant la Russie, comme ce fut le cas avec l’écrasement d’un avion à réaction russe ; le processus de négociation qui a suivi entre la Russie et les Etats-Unis a placé la Turquie dans une position difficile. Néanmoins, le récent dialogue entre la Turquie et les Etats-Unis concernant le rôle futur de la Turquie en Syrie après le retrait des troupes américaines a montré que la Turquie, en tant que membre de l’OTAN, est prête à assumer le rôle de sous-traitant de l’impérialisme américain. En effet, la Turquie a déjà une présence militaire dans le nord de la Syrie en alliance avec l’armée libre syrienne soutenue par les Etats-Unis contre les forces syriennes pour promouvoir les intérêts turcs et américains.
 
Les contradictions des relations économiques et politiques que l’AKP a fait progresser au Moyen-Orient ont renforcé les contradictions des relations militaires avec les pays occidentaux et du Moyen-Orient. Les relations de la Turquie avec les pays du Golfe en sont un exemple important. D’une part, l’AKP a encouragé l’industrie militaire, la formation militaire et la coopération en matière de sécurité avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, qui sont devenus deux des trois premiers importateurs d’armes de la Turquie d’ici 2017. D’autre part, l’AKP s’est allié avec le Qatar, où la Turquie a introduit une base militaire à l’étranger en 2015, contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont rompu leurs relations diplomatiques et commerciales avec le Qatar en 2017 en raison de leurs relations avec l’Iran et les Frères musulmans. Alors que les Etats-Unis soutenaient l’Arabie saoudite et les EAU, l’AKP a promis d’augmenter ses forces sur la base militaire turque de Doha. Bien que l’AKP n’ait directement contesté ni les Etats-Unis, ni l’Arabie saoudite, ni les EAU dans la région du Golfe, elle a favorisé les relations militaires avec la Somalie et le Soudan aux côtés du Qatar – essayant de gagner du temps pour pouvoir s’assurer un rôle important en mer Rouge et dans le Golfe d’Aden.
 
Un avenir flou ?
 
En conclusion, la politique étrangère de l’AKP au Moyen-Orient a cherché à promouvoir les intérêts économiques des entreprises turques tout en visant une domination politique et militaire dans la région. Une telle tentative a alimenté la concurrence économique et géopolitique entre la Turquie et les pays occidentaux et du Moyen-Orient. On peut se demander dans quelle mesure l’AKP serait en mesure de se permettre de telles pitreries, compte tenu de l’immédiateté d’une crise économique massive frappant à la porte. En fait, une crise économique affecterait considérablement le commerce extérieur de la Turquie et les dépenses du gouvernement turc en matière politique et militaire. Cela renforcerait les relations de dépendance de la Turquie puisque la possibilité d’un prêt du FMI est déjà sur la table.
 
Néanmoins, la caractéristique fondamentale du capitalisme est le motif de la recherche du profit. En période de crise économique, les entreprises prospères sont capables de s’accrocher et d’engloutir celles qui ne le sont pas. C’est pourquoi les crises économiques offrent aux riches la possibilité de s’enrichir. En cas de crise économique en Turquie, les entreprises turques et d’ailleurs les entreprises occidentales pourraient continuer à bénéficier de la politique étrangère subimpérialiste de l’AKP au détriment des relations de bon voisinage.
 
Article écrit en anglais par Gonenc Uysal
Image via Wikipedia
 
 
 
 
 
 

Les habitants du Rojava déclarent qu’ils résisteront à l’invasion turque jusqu’au bout

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ROJAVA / SYRIE – Le bouclier humain lancé à Serekaniye contre les menaces d’invasion de l’État turc continue le cinquième jour. Les participants ont déclaré qu’ils résisteraient à l’invasion jusqu’au bout.
 
Le bouclier humain lancé à la frontière de Serekaniye contre les menaces de l’État turc contre le nord et l’est de la Syrie se poursuit au cinquième jour. Des habitants de Dirbesiye et de Til Temir ont pris la relève hier et ont confié la veille aux habitants d’Heseke, Hol et Shaddadi.
 
Mihemed Seid parlant au nom du groupe de Dirbesiye et Til Temir a déclaré : «L’Etat turc a pour objectif de massacrer les peuples du nord et de l’est de la Syrie. Nous promettons aux peuples du nord et de l’est de la Syrie et aux FDS [Forces démocratiques syriennes] de ne pas laisser passer les envahisseurs turcs et de soutenir nos troupes.» Seid a appelé les peuples du nord et de l’est de la Syrie à soutenir les actions du bouclier humain.
 
Mustafa Ehmed de Heseke a remercié les participants à l’action et a déclaré : «Erdogan et l’Etat turc doivent savoir qu’ils ne peuvent pas entrer sur nos terres.»
 
Ehmed a déclaré que l’Etat turc avait pour objectif de massacrer les peuples du nord et de l’est de la Syrie sous le couvert de la zone de sécurité et de nuire aux acquis obtenus grâce aux martyrs, et que personne n’achète leurs mensonges.