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TURQUIE. Un mort lors d’une attaque raciste visant une famille kurde à Çanakkale

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TURQUIE – Ce matin, un Kurde a été tué, plusieurs autres blessés lors d’une attaque raciste visant une famille kurde dans la province de Çanakkale.

La famille Cabir, vivant dans le village de Civler à Çanakkale, a été victime d’attaques racistes. Alors que la famille a été violentée par les gendarmes venus au village après l’attaque raciste, le père blessé, Yavuz Cabir, est décédé par une balle tirée dans la poitrine par un sergent-major.

Selon le site Serhat News, qui a contacté Zilan Leventoğlu, avocate de la famille kurde, la famille Cabir, originaire de Van qui habite dans le village de Civer, à Çanakkale, depuis 15 ans, a été victime d’attaques racistes. Vers 10h30, un villageois qui avait un différend avec la famille kurde a poignardé le père de famille, Yavuz Cabir.

Le père Yavuz Cabir, rentré chez lui blessé, appelle la gendarmerie et l’ambulance pour que l’attaque ne se transforme pas en un massacre. Il y a une dispute entre les gendarmes venus sur les lieux et les jeunes de la famille Cabir. Alors que les membres de la famille Cabir, dont trois femmes, ont été victimes de violences de la part de la gendarmerie après la dispute, le père Cabir aurait pris le fusil de chasse de la maison et un sergent-major aurait tiré sur Yavuz Cabir, le touchant mortellement au ventre.

Tandis que le père Cabir, qui a été emmené à l’hôpital d’État de Çanakkale, où il est décédé, tous les membres blessés de sa famille ont été emmenés au poste de police d’Anafartalar au lieu de l’hôpital.

Alors qu’un ordre de détention de 48 heures a été délivré pour les enfants de Cabir, Yavuz Cabir, Ömer Cabir et Yücel Cabir, leur mère et leurs sœurs sont auditionnées, a déclaré l’avocate Leventoğlu a qui a jouté : « La situation est très grave. La gendarmerie a tiré à plusieurs reprises sur des membres de la famille, visant le père et le frappant sous la cage thoracique. Ils ont été violemment battus par la gendarmerie en plus de tirer avec une arme. »

Suite à l’attaque, l’avocate Leventoğlu a saisi la branche de l’association des droits de l’homme (IHD) de Çanakkale au nom de la famille.

 

IRAN. Grève des commerçants de Saqqez contre l’empoisonnement des écoliers

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IRAN / ROJHILAT – Les commerçants de Saqiz, ville kurde dont était originaire Jina Mahsa Amini et d’où est partie la révolution « Femme, vie, liberté », n’ont pas ouvert leurs commerces pour protester contre les nouveaux cas d’empoisonnement des écoliers au Rojhilat (Kurdistan iranien) et en Iran.

Le gouvernement iranien utilise tous les moyens pour écraser les soulèvements qui durent depuis 7 mois en Iran et au Rojhilat. Il reste silencieux sur l’empoisonnement croissant des élèves des écoles de filles ces derniers mois.

Suite aux nouveaux cas d’empoisonnement dans les écoles de nombreuses villes du Rojhilat, les commerçants de la ville de Saqqez ont refusé d’ouvrir leurs commerces en signe de protestation. En outre, un appel a été lancé aux habitants de Saqqiz pour qu’ils poursuivent les grèves et les manifestations.

ANF

TURQUIE. Le HDP invite les observateurs internationaux à surveiller les élections du 14 mai

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TURQUIE – Le parti « pro-kurde » HDP invite les observateurs internationaux à surveiller les élections présidentielles et législatives turques du 14 mai 2023.

« Chers amis,

Des élections présidentielles et parlementaires se tiendront en Turquie le 14 mai 2023 dans un contexte politique extrêmement répressif et polarisant, accompagné d’une crise économique qui s’aggrave de jour en jour, sans compter les conséquences dévastatrices des récents tremblements de terre qui ont frappé dix provinces du pays. Du résultat de ces élections dépend la vie démocratique et l’avenir politique du pays. Beaucoup s’accordent à dire qu’il s’agit des élections les plus importantes de l’histoire démocratique de la République de Turquie.

Depuis les élections législatives de juin 2015, et surtout après le coup d’État avorté de juillet 2016, le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et ses alliés ultranationalistes ont anéanti les institutions démocratiques déjà faibles du pays en vue d’instaurer un régime autoritaire. Ils ont mis fin à la séparation des pouvoirs et à l’indépendance du système judiciaire. De surcroit, le président Erdoğan s’est assuré le contrôle de la plupart des médias. Plus inquiétant encore, l’alliance AKP-MHP contrôle entièrement le Conseil suprême des élections. Le gouvernement a ainsi modifié la loi électorale, légalisant diverses irrégularités et fraudes électorales.

Le président Erdoğan a utilisé le coup d’État avorté de 2016 comme prétexte pour réprimer toutes les oppositions. Cette répression continue a particulièrement visé le Parti démocratique des peuples (HDP), dont les anciens coprésidents Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, plusieurs députés, des centaines de maires et des milliers d’élus locaux ont été arrêtés et détenus, malgré des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme condamnant la Turquie. Comme si cela ne suffisait pas, en juin 2021, une procédure de clôture a été lancée devant la Cour constitutionnelle turque pour interdire et fermer le HDP, imposer une interdiction politique à 451 politiciens du HDP et confisquer les actifs du parti. Étant donné la pression énorme exercée par le gouvernement sur la Cour constitutionnelle, il est fort probable que le HDP soit fermé avant les élections. C’est pourquoi nous avons décidé de nous prémunir contre cette menace en nous présentant aux élections sous la bannière du Parti vert de Gauche (Yeşil Sol Parti – YSP), au sein d’une alliance électorale avec le Parti des Travailleurs de Turquie (TIP) et le Parti du Travail (EMEP).

Lors des élections précédentes, les missions d’observation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont constaté des violations flagrantes de la loi électorale, des pressions extrêmes sur l’opposition, le quasi-monopole du gouvernement sur les médias, ainsi que des irrégularités et des fraudes généralisées de toutes sortes. Avec les amendements à la loi électorale, l’AKP a légalisé certaines de ses pratiques telles que considérer comme valables les votes contenus dans des enveloppes non scellées. En clair, personne ne s’attend à des élections justes et libres le 14 mai prochain.

Dans ces circonstances, le président Erdoğan et ses alliés ont manifestement plusieurs avantages et il sera peut-être difficile, mais pas impossible, de les vaincre. La peur et la répression règnent en Turquie, mais il y a aussi du courage, de l’espoir et une lutte acharnée pour un avenir démocratique et libre.

Nous invitons par la présente toutes les institutions internationales, les membres des parlements internationaux, nationaux et régionaux, nos partis frères, les organisations de défense des droits humains et les personnes qui se soucient de l’avenir démocratique de la Turquie à observer les élections présidentielles et parlementaires sur le terrain, et tout particulièrement dans les provinces kurdes, où les irrégularités et les fraudes électorales sont systématiques et endémiques, ainsi que dans les dix provinces touchées par le tremblement de terre qui sont placées sous état d’urgence. Bien que le président Erdoğan ait longtemps fermé les oreilles aux appels répétés de la communauté internationale en faveur de la mise en place de conditions propices à des élections libres et équitables, la présence d’observateurs internationaux aura certainement un impact et contribuera à niveler un tant soit peu les conditions électorales extrêmement inégales.

Rejoignez-nous le 14 mai pour observer, témoigner et célébrer la victoire de nos peuples. Ce sera un jour historique dont vous vous souviendrez toujours, nous vous le promettons.

Pour toute question, veuillez contacter le département des affaires étrangères du HDP à l’adresse international@hdp.org.tr ou au numéro +90 505 0071981 / +90 535 6495919. »

Paix et solidarité,
Pervin Buldan et Mithat Sancar, Coprésidents du HDP

Via le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F)

TURQUIE. Libération de 58 membres du Hezbollah turc condamnés pour 183 meurtres dans 3 provinces kurdes

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TURQUIE – 58 membres du Hezbollah turc condamnés à la réclusion à perpétuité pour 183 meurtres dans les provinces kurdes de Diyarbakir, Mardin et Batman dans les années 1990 et dont les peines avaient été confirmées par la Cour de cassation, ont été libérés discrètement après que leurs demandes de « nouveaux procès » ont été acceptées. Ils ont été remis en liberté à différentes dates entre le 18 octobre 2019 et le 31 mars 2021.

Le compte anglais du parti politique HDP a dénoncé ces libérations inquiétantes qu’on découvre seulement maintenant, déclarant sur Twitter que: « Des militants des droits humains, des journalistes, des politiciens (environ 4000 membres du HDP) sont en prison depuis des années et le gouvernement turc libère 58 membres du Hezbollah turc responsables du meurtre de 183 personnes. L’aile politique du Hezbollah, HUDAPAR, est le nouvel allié électoral d’Erdogan. »

 

 

Selon l’article du journaliste Özgür Cebe publié sur le site Sözcü Gazetesi, 58 membres du Hezbollah turc [ou Hizbullah kurde, car il a des membres kurdes et agit contre le mouvement kurde essentiellement au Kurdistan « turc »] condamnés à la réclusion à perpétuité aggravée pour avoir « commis des actes graves dans le but de détruire l’ordre constitutionnel par la force des armes et d’établir un État islamique kurde sur le modèle iranien », qui ont été jugés à des dates différentes et devant des tribunaux différents, ont contesté leurs peines de prison. La chambre criminelle de la Cour de cassation a décidé à l’unanimité de confirmer l’arrêt séparément, rejetant les pourvois des prévenus sur le fond, puisque les preuves recueillies étaient conformes à la loi, les prévenus ont avoué leurs crimes tant en garde à vue que dans leurs dépositions devant le procureur, et lorsque les témoins oculaires et les témoignages des victimes entendues ont été évalués dans leur ensemble, il n’y avait aucune inexactitude dans les décisions des tribunaux locaux.

Après la décision de la Cour suprême, les membres du Hezbollah emprisonnés, dont les peines sont allées jusqu’au stade de l’exécution, ont saisi les Tribunaux pénaux et ont demandé un nouveau procès, affirmant qu’ils n’avaient pas bénéficié d’un procès équitable car il y avait des juges militaires siégeant dans les cours de sûreté de l’État (Devlet Güvenlik Mahkemeleri – DGM) qui les ont jugés, qu’ils n’avaient pas eu d’avocat lors de leur audition en garde à vue, qu’ils avaient été détenus pendant une longue période en vertu de la loi sur l’état d’urgence, qu’ils avaient été torturés et maltraités pendant cette période, et que leurs cas n’ont pas été conclus dans un délai raisonnable, et ont demandé à être rejugés. Les Tribunaux ont accepté leurs demandes et les ont libérés à différentes dates entre le 18 octobre 2019 et le 31 mars 2021.

Parmi les victimes du Hizbullah turc commis dans les années 1990, il y avait des journalistes, imams de mosquée, enseignants, étudiants et des syndicalistes.

 

A Hambourg, une politicienne kurde explique l’importance du confédéralisme démocratique

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La politicienne kurde du Rojava, Foza Yûsif a expliqué l’importance du modèle de confédéralisme démocratique mis en place dans le Nord et l’Est de la Syrie lors de son intervention dans le cadre de la conférence « Nous voulons que notre monde revienne ! – Résister, récupérer et reconstruire » qui a eu lieu du 7 au 9 avril à Hambourg, en Allemagne.

L’importance du modèle de confédéralisme démocratique a été mieux comprise avec l’administration autonome dirigée par les Kurdes dans le nord et l’est de la Syrie, a déclaré Foza Yusuf, une cadre du Parti de l’union démocratique (PYD), s’exprimant lors de la dernière session de la conférence « Nous voulons que notre monde revienne! ».

« Au cours des 12 dernières années, 12 000 de nos camarades sont tombés martyrs. Les États nous [les Kurdes] ont divisés en quatre parties. Ils ont créé la haine entre les peuples et nous en souffrons depuis un siècle. Aujourd’hui, il n’y a pas d’État au Rojava, mais les conséquences de l’État-nation continuent de vivre dans nos esprits et nos corps. Nous sommes sous la pression des États-nations », a déclaré Yûsif lors d’une conférence organisée à Hambourg, en Allemagne.

Affirmant qu’Abdullah Öcalan a proposé le modèle de confédéralisme démocratique pour tous les peuples du monde, Yûsif a déclaré qu’après la création de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), les enfants allaient à l’école sans crainte et n’avaient pas à renier leur langue pour la première fois en Syrie, et a ajouté : « Le confédéralisme démocratique a libéré nos esprits asservis. Nous recherchons comment construire une nouvelle vie. En 12 ans, nous avons fait au Rojava ce que nous n’avons pas pu faire au cours des 100 dernières années. »

 

Le slogan jin jiyan azadi – accroché dans la salle lors de la conférence We Want Our World Back – Hambourg

« Nous voulons que notre monde revienne ! – Résister, récupérer et reconstruire » (en anglais: « We Want Our World Back! – Resist, Reclaim and Rebuild »), organisé par le Network for an Alternative Quest (Network AQ), devait avoir lieu à l’Université de Hambourg du 7 au 9 avril, mais il a finalement eu lieu à Wilhelmsburg Bürgerhaus (un bâtiment municipal d’Hambourg) après que l’administration de l’université d’Hambourg ait annulé la conférence.

L’annulation a suscité une vive réaction d’universitaires et d’initiatives à travers le monde, avec plus d’une centaine de professeurs et d’universitaires qui ont signé une déclaration soutenant la conférence et condamnant son annulation par l’administration de l’université d’Hambourg.

Medya News

Au Kurdistan turc, le Newroz de la colère sur fond de fin de règne d’Erdogan

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PARIS – La journaliste Mirelle Court était à Diyarbakir le 21 mars dernier, pour les célébrations du Nouvel-an kurde Newroz. Elle a déclaré que contrairement à la joie euphorique du Newroz des années précédentes, lors du Newroz 2023, il y avait de la colère et tristesse sur la place des célébrations d’Amed (Diyarbakir) au lendemain du séisme dévastateur du 6 février qui a frappé plusieurs régions kurdes, tandis que le régime turc est sur le point d’interdire le parti « pro-kurde » HDP à la veille des élections présidentielles et législatives turques du 14 mai 2023. Dans l’article ci-dessous, elle décrit l’ambiance pré-électorale au Kurdistan « turc ».

Au Kurdistan turc, le Newroz de la colère sur fond de fin de règne d’Erdogan

La fête de Newroz, le 21 mars, est un symbole identitaire très important pour les Kurdes. Elle est célébrée dans le monde entier par la diaspora, mais plus particulièrement au Sud-est de la Turquie, la région à majorité kurde. La fête a longtemps été interdite et réprimée par les différents gouvernements turcs, puisque dans l’idéologie kémaliste, les Kurdes étaient des « Turcs des montagnes » sans droit à leur langue ni à leur culture. La banderole qui accueillait les visiteurs à Diyarbakir, la capitale du Kurdistan de Turquie spécifiait bien « Un peuple, une langue, une culture », turques évidemment.

L’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2003, qui a cherché, dans les premières années de son règne, à négocier avec le PKK et Abdullah Öcalan, son leader emprisonné, a assoupli les conditions de la célébration de Newroz : la fête a été autorisée, elle pouvait même être retransmise en direct. Cette accalmie a duré jusqu’au début de la guerre en Syrie et à la mise en place de l’AANES, l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie.

Les priorités de R. T. Erdogan changent alors drastiquement. La perspective d’un Kurdistan autonome sur le modèle du Kurdistan autonome d’Irak, qui pourrait même revendiquer une partie du territoire turc, le pousse à aider l’Organisation État Islamique, qui massacrait les Kurdes, et à construire un mur de 700 kilomètres tout le long de la frontière avec la Syrie. L’armée turque et ses supplétifs envahissent Al-Bab, puis, en janvier 2018, la province kurde syrienne d’Afrin et, en octobre 2019, les villes de Serêkaniyê et Tall-Abyad.

Dans le même temps, tous les maires kurdes élu-es démocratiquement (parfois avec 90% des voix) ont été destitué-es, les dirigeant-es du HDP emprisonné-es, ainsi que des milliers de militant-es de base. Newroz a continué à être autorisé, mais avec des restrictions et une présence policière écrasante : interdiction des couleurs kurdes même sur les robes des jeunes filles, interdiction des portraits d’Abdullah Öcalan, interdiction de toute référence au PKK et à son président emprisonné, la liste est longue.

Cette année, la fête s’est déroulée dans un contexte encore plus tendu et l’ambiance n’était plus à la fête, plutôt à la colère. Les deux tremblements de terre qui ont secoué la Turquie ont eu leur épicentre dans le sud-est du pays, où des villes majoritairement kurdes ont été pratiquement rayées de la carte, ainsi que dans la province d’Hatay, au sud-ouest du pays. Hatay, province syrienne cédée par le protectorat français à la Turquie en 1939, a la particularité d’être principalement peuplée de Kurdes et de membres de la communauté alévie. Deux minorités détestées par le parti sunnite de R.T. Erdogan, l’AKP.

Est-ce un hasard si les secours ont mis plusieurs jours à arriver, alors que les survivants tentaient d’extraire leurs proches des décombres à mains nues ? On peut en douter, surtout quand l’armée, habituellement appelée à la rescousse dans tous les pays du monde, et bien sûr aussi en Turquie, s’est contentée de bloquer les convois de solidarité du HDP [Parti démocratique des peuples, parti de gauche intégrant le mouvement national kurde] et de la société civile, sans tenter d’aider la population. Comme nous l’explique Ferit Aktepe, député HDP de Diyarbakir :

 

« Ils n’ont pas envoyé les soldats dans la zone du tremblement de terre parce que c’est une région kurde. En 2009 il y a eu un tremblement de terre dans l’ouest de la Turquie, ils ont envoyé les soldats immédiatement. Mais ils ne veulent pas que les soldats aident les Kurdes et qu’ils aient des relations humaines avec eux. Le HDP a été là bien avant les secours du gouvernement, et les gens nous ont remercié pour cela ».

 

 

À Adyaman, une ville proche de l’épicentre du séisme, rasée à 60% et inhabitable à 80% selon les ONG, les habitants nous montraient leurs immeubles transformés en sandwichs de béton, et nous disaient « il y a encore trois personnes sous ces décombres, au moins deux sous celui-là », un mois et demi après le séisme.

Colère aussi contre la corruption et les permis de construire de complaisance qui ont abouti à la mort de dizaines de milliers de Kurdes. Comme l’a souligné Mithat Sancar, co-président du HDP à la tribune de Newroz :

 

« Le gouvernement est responsable de la transformation de ces tremblements de terre en catastrophe majeure. Il est temps de se séparer d’eux. »

 

Le HDP menacé d’interdiction

La menace de l’interdiction du HDP va très probablement se concrétiser le 11 avril, à un mois de l’élection présidentielle du 14 mai 2023. Depuis décembre 2022, le HDP a d’ailleurs été privé de toutes les subventions accordées par l’État aux partis politiques, et s’est ainsi retrouvé dépossédé d’une grande partie de ses ressources.

Le HDP est depuis longtemps dans le collimateur de R. T. Erdogan : en 2015, il avait obtenu 14% des voix aux élections législatives, une performance qui avait coûté la majorité parlementaire à l’AKP et provoqué la fureur d’Erdogan. Refusant les résultats, celui-ci avait manœuvré pour que les élections soient annulées, créant un climat de guerre civile dans le pays pour effrayer la population et finalement récupérer la majorité au Parlement.

Cette année, pour résister à la menace pesant sur son existence même, le HDP a décidé de faire alliance avec Yesil Sol, un parti écologiste de gauche, dans le cadre des élections législatives et de ne pas présenter de candidat-e aux présidentielles, appelant de fait à voter pour le candidat de la coalition formée autour du CHP, le parti social-démocrate kémaliste.

Kemal Kiliçdaroglu n’était pas le mieux placé parmi les candidats potentiels à la présidentielle. Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, beaucoup plus charismatique et très populaire, semblait être le candidat naturel. R. T Erdogan ne s’y est pas trompé en le faisant poursuivre en justice pour « insultes envers des responsables de l’État » – Imamoglu avait traité « d’idiots » les membres du collège électoral. Il a été condamné à deux ans et sept mois de prison en décembre 2022, avec interdiction de présenter dans une campagne électorale, ce qui de fait l’empêche de se présenter à la présidentielle de mai 2023.

R. T. Erdogan n’a jamais digéré son élection à la mairie d’Istanbul, lui qui disait toujours « qui tient Istanbul, tient la Turquie ». Il avait d’ailleurs ordonné d’interminables comptages puis fait annuler l’élection, en vain. Au second scrutin, Imamoglu avait obtenu 780 000 voix de plus qu’au premier, avec le soutien actif du HDP qui, en 2016 déjà, n’avait pas présenté de candidat pour assurer la défaite de l’AKP.

Les enjeux de l’élection présidentielle

La coalition hétéroclite autour de Kiliçdaroglu, surnommée la table des six, n’est pas sans poser problème car elle comprend le Yiyi Parti (le Bon Parti) qui est en fait une scission du MHP (Parti d’action nationaliste, extrême droite, lié aux fameux « Loups gris ») qui, de son côté, s’est allié à l’AKP. Bien que farouchement opposé à une alliance avec un parti islamiste comme l’AKP, le Yiyi Parti est tout aussi farouchement anti kurde que ses anciens collègues du MHP. Les discussions entre le CHP et le HDP ont d’ailleurs bien failli provoquer le retrait de la dirigeante du Yiyi parti, Meral Akşener, mais le pragmatisme en termes de perspective électorale lui ont fait changer d’avis.

La personnalité même de Kemal Kiliçdaroglu ne va pas sans poser problème.  Il est issu d’une famille pauvre, kurde alévie, de Dersim dont le village a été brûlé pendant la grande campagne militaire turque de terre brûlée des années 90 (Dersim est renommée Tunceli par les Turcs après le massacre des Alevis de 1938). La famille a dû fuir la région, et bien qu’ayant toujours soutenu sans hésitation toutes les opérations antikurdes et les invasions du Rojava, ses origines peuvent le rendre suspect aux yeux des kémalistes et de certains sunnites. D’un autre côté, certains électeurs kurdes pourraient rechigner à donner leurs voix au président d’un parti, le CHP, qui a toujours nié leur droit à leur langue et à leur culture propre.

Toutefois, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, Erdogan est sérieusement en danger. Sa gestion catastrophique de la crise humanitaire provoquée par les tremblements de terre a fortement entamé sa crédibilité, malgré les excuses qu’il s’est senti obligé de présenter à la population. Et ce n’est pas le seul boulet qu’il traîne : l’inflation sur les produits de base explose et la livre turque s’est effondrée, comme les immeubles construits récemment sans respecter les normes antisismiques en vigueur, corruption oblige.

L’ascension d’Erdogan s’était pourtant faite sur la base d’une critique virulente de la corruption et du non-respect des normes après le tremblement de terre meurtrier d’Izmit en 1999. Comble du cynisme, les habitants de Diyarbakir, forcés d’évacuer leurs immeubles récents fissurés et dangereux, continuaient à trouver dans leur boîte aux lettres la facture de « l’impôt spécial de prévention des séismes » créé en 2003, dont les millions de recettes ont visiblement servi à autre chose.

Il ne reste à Erdogan que peu d’options, face à des sondages plus que serrés et une conjoncture économique et humaine désastreuse. Il a choisi celle des cadeaux aux entreprises et aux particuliers, en offrant des réductions d’impôts et même des annulations de dettes. Il s’est également lancé dans la fuite en avant autoritaire, en envahissant le Rojava, en jouant sur le nationalisme et la question épineuse du départ d’une grande partie des réfugiés syriens qui seraient déportés de force. La dernière hypothèse, celle d’un coup d’État militaire, serait plus compliquée à mettre en œuvre. L’armée, bien qu’expurgée des gülenistes [partisans du mouvement de Fethullah Gülen], après le pseudo-coup d’Etat de juillet 2016, reste fondamentalement kémaliste.

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« Her der Newroz, Herdem Azadi » « Newroz partout, liberté partout » était le slogan de ce Newroz 2023.

Article publié initialement sur le site Contretemps 

Les USA enquêtent sur l’attaque de drone visant un convoi américain au Kurdistan irakien

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Washington enquête sur l’attaque du 7 avril 2023 contre un convoi qui comprenait du personnel militaire américain [et le commandant kurde syrien Mazloum Abdi] près de l’aéroport de Sulaymaniyah, au Kurdistan irakien, a déclaré lundi le porte-parole du département d’État américain, Vedant Patel, appelant les pays à respecter la souveraineté territoriale de l’Irak.

La Turquie accuse le PKK de « contrôler Sulaymaniyah »

Commentant l’accident d’hélicoptère survenu le 15 mars 2023 dans la province de Duhok et qui a tué neuf membres des unités antiterroristes affiliées aux FDS, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a déclaré lundi à une chaine turque pro-gouvernementale que le PKK « contrôlait totalement Sulaymaniyah » et que les hélicoptères en question avaient été achetés par l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) à la France.

Il a également accusé les États-Unis d’avoir facilité les vols des FDS entre le Rojava et Sulaymaniyah.

« Le contrôle de l’espace aérien est entre les mains des États-Unis. Par conséquent, les États-Unis sont au courant de ces vols. C’est l’essentiel de l’événement », a-t-il noté.

Ibrahim Kalin, porte-parole du président Erdogan, a prévenu que « le PKK a une implantation très sérieuse à Sulaymaniyah » et Ankara ne va pas ignorer cela. (Via Rudaw)

Les unités antiterroristes du Kurdistan et les FDS luttent ensemble contre DAECH

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SYRIE / ROJAVA – Le 8 avril dernier, les forces arabo-kurdes (FDS) et des unités antiterroristes du Kurdistan irakien ont mené une opération conjointe contre l’Etat islamique à Hassaké, dans le nord de la Syrie, avec l’appui aérien de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

« Hier samedi, les unités antiterroristes des Forces démocratiques syriennes [FDS], en collaboration avec le service antiterroriste de la région du Kurdistan d’Irak et la Coalition internationale, ont réussi à démanteler une cellule active de l’organisation terroriste DAECH composée de quatre mercenaires, des armes et du matériel militaire de l’organisation », a annoncé dimanche le centre de presse des FDS.

L’opération est intervenue un jour après que Mazloum Abdi, le commandant des FDS, ait survécu à une attaque de drone turc à Sulaymaniyah, au Kurdistan irakien.

Dans une interview accordée à l’agence Nord Press après l’attaque à l’aéroport de Suleymaniyê, Abdi avait déclaré qu’ils avaient des salles d’opérations conjointes avec les unités antiterroristes du gouvernement irakien et du Kurdistan d’Irak.

Medya News

TURQUIE. Deux Kurdes exécutés à Mardin?

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TURQUIE / KURDISTAN – L’armée turque aurait exécuté de manière extrajudiciaire un combattant kurde et son oncle à Mardin. Leurs proches ont contacté l’association de défense des droits humains (IHD) et veulent porter plainte contre l’armée turque.

Dans la région d’Omeriya à Mardin (Mêrdîn), un combattants et son oncle ont été exécutés de manière extrajudiciaire par l’armée turque, déclarent les membres de la famille des deux hommes qui ont saisi vers l’association des droits de l’homme (IHD) et l’association des avocats ÖHD avec une demande d’aide. Ils veulent porter plainte contre la police et l’armée.

Les deux morts sont Musa Kahraman (Çiyager), un combattant des Forces de défense du peuple (HPG, branche armée du PKK), et son oncle maternel, Lokman Görgün, 53 ans. Ils auraient été tués par des militaires turcs dans la soirée de samedi 8 avril à Cinata, une zone rurale du district de Nisêbîn (Nusaybin).

Victimes accusées pour légitimer les crimes de guerre

Selon le ministère turc de l’Intérieur, Görgün et son neveu ont été tués « au cours d’une opération » menée par les paramilitaires (PÖH), une unité spéciale de la police turque pour « lutter contre le terrorisme » dans les zones rurales. Le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu a écrit dans le choix martial habituel sur son compte Twitter. Le politicien de l’AKP a transformé l’exécution présumée en un acte de représailles à la mort de quatre policiers, dont les deux Kurdes qualifiés de « terroristes » s’en seraient rendus coupables. Accuser les victimes de minimiser et de légitimer les crimes de guerre a toujours été la norme dans la sale guerre de l’État turc au Kurdistan.

Villageois : Il n’y a eu aucun bruit de combat

Les membres de la famille de Kahraman et Görgün contredisent la version officielle selon laquelle il y aurait eu une « opération » au moment d’exécutions des deux hommes. Les habitants du village Cinata disent que les bruits de combats peuvent être entendus dans le village. Samedi soir, cependant, seuls quelques coups de feu ont été entendus d’affilée. Les gens supposent que Musa Kahraman et Lokman Görgün, qui travaillait dans l’élevage de bétail et menait un troupeau d’animaux au pâturage du village peu avant l’incident, ont été abattus après la rencontre de l’oncle et du neveu.

Enterrés avec des cris de « Şehîd namirin » (les martyrs ne meurent pas)

Pendant ce temps, Lokman Görgün et Musa Kahraman ont été enterrés dans leur village natal de Cinata. Les funérailles ont eu lieu lundi soir, avant que les corps ne soient récupérés au service de médecine légale de l’hôpital d’enseignement et de recherche de la capitale provinciale Mêrdîn. Les deux hommes ont été enterrés sous le slogan « Şehîd namirin » (« Les martyrs ne meurent pas »). Le rapport d’autopsie médico-légale n’est pas encore disponible.

ANF

Les assassinats de politiciens et d’activistes kurdes commis par la Turquie en Syrie et en Irak menacent la sécurité régionale

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« À l’approche des élections en Turquie, les assassinats de personnalités politiques, d’activistes et de dirigeants de la société civile kurdes à l’étranger peuvent apparaître aux décideurs politiques turcs comme une tactique à faible risque et très gratifiante », écrivait la chercheuse Meghan Bodette* le 17 octobre 2022, au lendemain de l’assassinat de Nagîhan Akarsel, journaliste, universitaire et co-rédactrice en chef du magazine Jineologî, et membre du centre de recherche en jinéologie au Kurdistan irakien abattue par les renseignements turcs à Sulaymaniyah. Près de 5 ans mois après l’article de Bodette, la Turquie a mené une nouvelle attaque toujours dans la province kurde de Sulaymaniyah, dans le nord de l’Irak, pour assassiner deux hauts cadres du Rojava: Le commandant des FDS, Mazloum Abdi et la co-présidente du Comité exécutif du Conseil démocratique syrien (MDS), Ilham Ahmed, étaient à Sulaymaniyah pour une série de rencontres. Il a fallu l’intervention des Etats-Unis pour sauver les deux responsables kurdes pourchassés par un drone turc…

Alors que les électeurs de Turquie se rendent aux urnes le 14 mai prochain au lendemain du séisme dévastateur du 6 février dernier qui a enfoncé un peu plus le pays en proie à une crise économique majeure et que les dizaines de millions de Kurdes de « Turquie » sont criminalisés par le pouvoir turc, les plans d’exécutions extrajudiciaires des responsables kurdes par le régime turc en Irak et en Syrie est toujours d’actualité avec la tentative d’assassinat de Mazloum Abdi et Ilham Ahmed à Sulaymaniyah le 7 mars dernier.

*Voici l’article de Meghan Bodette daté du 17 octobre 2022 et publié (en anglais) sur le site Kurdish Peace Institute:

Les exécutions extrajudiciaires de politiciens et d’activistes par la Turquie à l’étranger menacent la sécurité régionale

Les frappes de drones turcs visant les dirigeants de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les représentants de la société civile kurde sont une menace croissante pour la gouvernance, la stabilisation et les efforts de lutte contre l’EI dans la région. Pour préserver la sécurité et la stabilité dans le nord et l’est de la Syrie, il faut une réponse globale.

Campagne d’attaques de drones menée par la Turquie
 
La Turquie cible à la fois le personnel de sécurité et les dirigeants politiques et sociaux du nord et de l’est de la Syrie. Ces hommes et ces femmes forment le noyau des institutions chargées de maintenir la sécurité d’une région instable et de mettre en place des institutions civiles performantes pour gouverner près d’un tiers du territoire syrien. La volonté avérée de la Turquie de frapper sur les routes principales et dans les villes peuplées signifie que des civils apolitiques sont également souvent tués et laisse les populations locales dans la peur constante de nouvelles attaques.
 
Le 22 juin, la commandante des unités antiterroristes (YAT), Jiyan Tolhildan, a été tuée dans une frappe de drone turc alors qu’il revenait d’une conférence sur le mouvement des femmes du nord et de l’est de la Syrie à Qamishlo.
 
Tolhildan, originaire d’Afrin, était l’une des membres fondatrices des Unités de défense des femmes (YPJ). Elle a participé à presque toutes les batailles majeures contre l’Etat islamique dans le nord et l’est de la Syrie et a formé des centaines de femmes aux questions militaires et à la philosophie politique de libération des femmes du mouvement kurde.
 
La commandante des YPJ Roj Xabur, de Darbasiyah, et la combattante Barin Botan, d’Afrin, ont également perdu la vie dans l’attaque.
 
En juin, le vice-président du conseil exécutif de l’AANES, Ferhad Shibli, a été tué lors d’une frappe à l’extérieur de Sulaymaniyah au Kurdistan irakien , où il s’était rendu pour recevoir des soins médicaux.
 
En avril, la coprésidente du comité de défense du canton de Kobanê, Rodîn Ebdilqadir Mihemed, a été tuée dans une frappe de drone ciblant son véhicule. Mihemed, une soldate des YPJ, a combattu l’Etat islamique à Kobanê et Raqqa avant d’assumer un rôle de leadership dans l’administration locale de Kobanê.
 
En novembre de l’année dernière, trois membres d’une famille kurde politiquement active à Qamishlo – Yusuf, Mazlum et Mihemed Gulo – ont été pris pour cible dans un quartier résidentiel surpeuplé de la ville.
 
Selon les données du Rojava Information Center basé à Qamishlo, au moins 47 frappes de drones turcs ont ciblé le territoire de l’AANES au cours des six premiers mois de 2022. Le Centre a documenté 89 frappes de ce type en 2021.
 
La Turquie semble choisir ses cibles en fonction de leur affiliation aux FDS, à l’AANES ou à des structures de la société civile affiliées, et non en fonction de l’implication actuelle d’un individu donné dans une action militaire contre la Turquie. La majorité des victimes notables de ces frappes de drones semblent être des citoyens syriens. Les frappes ont souvent lieu bien derrière les lignes de front actives, en violation des accords de cessez-le-feu négociés par les États-Unis et la Russie.
 
Ces modèles suggèrent que les frappes ne sont pas menées en raison d’une nécessité militaire, mais dans le cadre d’une stratégie turque visant à affaiblir l’AANES par des mesures qui, bien que destructrices, ne constituent pas une guerre totale. À cet égard, ils s’alignent sur l’instabilité persistante sur les lignes de cessez-le-feu existantes et sur la pression économique et environnementale à long terme imposée par la Turquie sur le nord de la Syrie en tant qu’ensemble de politiques qui menacent gravement l’AANES sans atteindre un niveau qui inviterait à un examen international.
 
Impacts au sol
 
À cause de la Turquie, les responsables du nord et de l’est de la Syrie sont contraints de faire face à des menaces crédibles contre leur propre vie et celle de ceux qui les entourent tout en faisant face aux principaux défis d’après-guerre en matière de sécurité, de gouvernance et de reconstruction. Cela crée un sérieux compromis : limiter leurs mouvements de manière à protéger leur sécurité personnelle entrave leur capacité à combattre l’EI, à servir leurs électeurs et à s’engager dans d’autres travaux nécessaires.
 
Le niveau d’expertise militaire et politique et de légitimité locale dont les dirigeants ont besoin pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontés le nord et l’est de la Syrie prend des années à cultiver – et est donc impossible à remplacer à court terme. En tuant des individus ayant des années d’expérience et des liens étroits avec leurs communautés, la Turquie quitte le nord et l’est de la Syrie sans certains de ses effectifs les plus compétents. La perspective de se retrouver sur une liste noire turque peut décourager les nouveaux dirigeants d’intensifier et d’avancer dans leur carrière. Il s’agit d’une menace directe pour la sécurité et la stabilité de la région.
 
Les impacts négatifs ne sont en aucun cas limités aux structures AANES et aux FDS. Le mépris de la Turquie pour la vie civile dans sa campagne de drones et son penchant pour frapper ses cibles dans les zones peuplées causent de réels dommages civils suscitent la peur parmi la population, décourageant les Syriens du nord-est de planifier un avenir à long terme là-bas.
 
Les grèves découragent également la reconstruction et la reprise économique. Les particuliers et les entreprises qui craignent que leurs investissements soient détruits ou que leur personnel soit tué simplement parce qu’ils se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment sont moins susceptibles d’investir dans le nord et l’est de la Syrie. La récente exemption des sanctions américaines , destinée à promouvoir une reprise économique désespérément nécessaire dans la région, n’aura que peu d’effet si les grèves ne sont pas arrêtées.
 
Recommandations politiques
 
En ne répondant pas de manière proactive et en n’enregistrant des protestations qu’après coup à certaines occasions, les États-Unis semblent avoir donné à la Turquie un feu vert tacite pour procéder à des assassinats ciblés de Syriens sur le sol syrien en raison de leur affiliation à l’AANES ou aux FDS. Cela nuit à la lutte contre l’EI et aux efforts de stabilisation post-EI pour les raisons décrites ci-dessus.
 
Cela peut également renforcer la perception parmi les habitants du nord et de l’est de la Syrie que les États-Unis ne sont pas intéressés par l’avenir à long terme de la région. Si des acteurs comme la Russie saisissaient l’occasion pour régler le problème des drones et imposer des conséquences à la Turquie pour ses violations déstabilisatrices et démoralisantes du cessez-le-feu, elle pourrait gagner en bonne volonté politique et prendre le dessus dans les négociations.
 
Pour garantir la stabilité et la sécurité dans le nord et l’est de la Syrie, les États-Unis et la coalition doivent agir avant que cette menace n’ait un impact encore plus important sur les capacités et les perceptions locales.
 
Premièrement, ils doivent assurer la protection du personnel des FDS et de l’AANES dont la vie peut être en danger. Cela devrait inclure une évaluation de l’étendue de l’intention de la Turquie de cibler des dirigeants individuels des FDS et de l’AANES, et la fourniture de toutes les informations dont disposent les États-Unis sur les plans de la Turquie pour cibler des individus spécifiques aux autorités des FDS et de l’AANES et aux individus eux-mêmes.
 
La Turquie doit alors faire face à des conséquences significatives pour avoir mené une campagne de drones déstabilisante, préjudiciable à la gouvernance et probablement souvent en violation du droit international.
 
Un point de départ raisonnable peut être de bloquer la vente d’armes et de technologies d’origine américaine susceptibles d’être utilisées dans des frappes visant des individus affiliés aux FDS et à l’AANES. Une enquête menée en 2021 par Hetq a révélé que les drones turcs Bayraktar TB-2 contiennent au moins six composants d’origine américaine.
 
Cela trouverait probablement un soutien bipartite à Washington. L’année dernière, 27 membres du Congrès ont envoyé une lettre au secrétaire d’État américain Antony Blinken appelant à une enquête sur le programme de drones de la Turquie et demandant la suspension des exportations de technologie liée aux drones. Plus récemment, des membres du Congrès opposés aux ventes de F-16 à la Turquie ont exprimé leur inquiétude quant au fait que les jets seraient utilisés contre les Kurdes syriens qui ont combattu l’EI au sol.
 
Il existe également de nombreuses mesures punitives qui peuvent être utilisées pour faire pression sur les dirigeants et les institutions turcs impliqués dans la campagne de drones. En étendant les pouvoirs en vertu du décret exécutif 13894 , l’administration Biden a déclaré que l’offensive de la Turquie dans le nord-est de la Syrie « sape la campagne visant à vaincre l’État islamique d’Irak et de Syrie, ou DAECH, met en danger les civils et menace davantage de saper la paix, la sécurité et la stabilité dans la région. » Les frappes de drones qui tuent des dirigeants des FDS et de l’AANES et des civils syriens font partie de cette campagne et contribuent explicitement à tous les développements négatifs énumérés.
 
Par Meghan Bodette, version anglaise à lire ici: Turkey’s Targeted Killings Threaten Stability and Security in Syria
 
Meghan Bodette est directrice de recherche au Kurdish Peace Institute. Elle se concentre sur le droit international, les institutions et l’éthique. Elle informe des responsables de gouvernements et d’institutions internationales de ses recherches sur les droits et le statut des femmes auprès de divers acteurs politiques et militaires dans le conflit syrien, et son travail a été présenté par divers médias, notamment le programme Moyen-Orient du Wilson Center.

La comédienne franco-kurde, Sultan Ulutas Alopé monte sur scène pour « La Langue de Mon Père »

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LYON – La comédienne franco-kurde, Sultan Ulutas Alopé est sur scène à Lyon jusqu’à 9 avril et ensuite à Rennes pour sa pièce « La Langue de Mon Père » qui sera éditée prochainement aux éditions l’Espace d’un instant.

Une spectatrice qui a assisté au spectacle dans la salle du Théâtre des Clochards Célestes a écrit au sujet de la pièce: « Sultan Ulutas Alopé nous transmet tour à tour pendant le temps de son spectacle (1h) joie et tristesse. Nous marchons avec elle au cœur de son récit d’enfance entre humour et gravité, distance et proximité, rires et silence. Marche des mots, des images évoquées brutes sur sa « honte » d’être Kurde, entrecoupé d’un chant – une comptine – d’un dialogue enregistré entre un homme et une femme que nous ne comprenons pas. C’est voulu, pour le plaisir de la découverte sonore d’une langue qui nous est étrangère. C’est bien. C’est beau. »

 

Sultan Ulutas Alopé après son spectacle à Lyon
L’entrée de la salle des clochards célestes avec en fond la carte dessinée de la Turquie

La Langue de Mon Père à voir au Théâtre des Clochards Célestes à Lyon jusqu’au 9 avril, à 16H30
Et au festival Mythos à Rennes, à la Parcheminerie, le 14 avril

Spectacle à partir de 14 ans
Durée: 1H15

La Turquie a tenté de tuer deux responsables kurdes syriens au Kurdistan d’Irak

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« Le commandant des FDS, Mazloum Abdi et la co-présidente du Comité exécutif du Conseil démocratique syrien (MDS), Ilham Ahmed, étaient à Sulaymaniyah depuis plusieurs jours pour une série de rencontres. Lorsqu’ils ont tenté de retourner au Rojava, ils ont été pourchassés et attaqués par des drones turcs. Les Américains sont intervenus et les ont sauvés », a écrit sur Twitter le journaliste Karwan Faidhi Dri.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont confirmé samedi que leur commandant en chef Mazloum Abdi se trouvait à Sulaymaniyah lors d’une attaque de drones turcs sur l’aéroport la veille.

Le porte-parole des FDS, Farhad Shami, avait initialement démenti les informations selon lesquelles Abdi aurait été la cible d’une attaque de drone turc. Dans sa déclaration de samedi, il a déclaré qu’ils avaient délibérément nié l’attaque afin d’assurer la sécurité d’Abdi jusqu’à son retour dans le nord-est de la Syrie (Rojava).

Il a ajouté qu’Abdi est maintenant de retour au Rojava, qu’il est indemne et qu’ils fourniront plus de détails sur l’attaque à une date ultérieure.

La frappe de drone vendredi après-midi a été signalée d’abord comme une explosion près de l’aéroport international de Sulaimani, ne faisant aucune victime. Les responsables américains ont ensuite confirmé qu’il s’agissait d’une frappe de drone visant le personnel américain.

« Nous pouvons confirmer qu’il y a eu une frappe sur un convoi vendredi à Sulaymaniyah qui comprenait du personnel militaire américain. Heureusement, nous pouvons également confirmer qu’il n’y a pas eu de victimes », a déclaré le porte-parole du département américain de la Défense, Philip Ventura, à Rudaw dans un e-mail samedi matin. Il n’a pas mentionné Abdi ni spéculé sur l’auteur de la frappe.

Des responsables américains ont déclaré au Wall Street Journal que certains responsables occidentaux soupçonnaient qu’Ankara était à l’origine de l’attaque. Abdi lui-même a également accusé la Turquie.

L’attaque survient quelques jours après que la Turquie a imposé une interdiction de vol de trois mois à l’aéroport de la province de Sulaymaniyah qui serait « infiltrée par le PKK » selon le régime turc.

L’interdiction serait liée à un accident d’hélicoptère dans la province de Duhok le 15 mars qui a tué neuf membres des unités antiterroristes affiliées aux FDS qui se rendait à Sulaymaniyah.