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Le Rojava endeuillé par la noyade de 9 jeunes de Kobanê en Méditerranée

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SYRIE / ROJAVA – Les corps de 8 jeunes Kurdes de Kobanê sont arrivés dans la ville hier. Les huit jeunes s’étaient noyés il y a environ un mois en Méditerranée, près d’Algérie, dans leur tentative d’atteindre l’Europe quand leur embarquement de fortune a fait naufrage le 5 octobre*.

Malgré la lutte acharnée des peuples de la Syrie du Nord et de l’Est pour créer un environnement sécurisé, une bonne partie de la population de la région aspire toujours à partir pour l’Europe à cause des attaques sanglantes turques, la coupure d’eau provoquée par la Turquie via l’asséchement du fleuve Euphrate, l’embargo turco-irako-syrien… sous le regard complice de la communauté internationale. Mais comme l’Europe s’est transformée en une citadelle entourée de « remparts » anti-réfugiés, de nombreux candidats à l’immigration pour une vie loin des guerres meurent sur les routes de l’exil en se noyant en mer tandis que ceux qui réussissent à mettre le pied en Europe deviennent des persona non grata.

 

Le 5 octobre*, un bateau transportant des migrants syriens a coulé au large des côtes algériennes, tuant au moins 18 Syriens

Après un mois d’incident, les corps de neuf Syriens (presque tous de Kobanê) morts dans un bateau de migrants qui a coulé au large des côtes algériennes sont arrivés mercredi dans les villes de Kobani et Manbij, dans le nord de la Syrie.

Muhammad Aref Ali, un médecin de Kobanê, a déclaré à North Press que laa Croix-Rouge libanaise a remis les corps au Croissant-Rouge syrien au poste frontière d’Arida à Tartous.

Le 5 octobre, un bateau transportant des migrants syriens, qui se dirigeaient vers l’Europe, a coulé au large des côtes algériennes, tuant au moins 18 Syriens, dont la plupart étaient originaires de la ville de Kobanê.

À la suite de l’incident, l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) a créé un comité chargé de ramener les corps en toute sécurité en Syrie.

Ali, qui est membre du comité, a déclaré que le comité a accompagné le Croissant-Rouge syrien qui a transporté neuf corps du point de passage de Tayha à l’hôpital Furat de la ville de Manbij. Le point de passage relie les zones contrôlées par l’AANES à celles contrôlées par le gouvernement syrien dans la région de Manbij.

Dix corps de Syriens – dont huit de Kobanê, un de Lattaquié et un de Manbij – sont arrivés au Liban mardi soir. A leur arrivée, ils ont été transportés par le Comité international de la Croix-Rouge en Syrie et remis au Croissant-Rouge syrien.

Après avoir atteint l’hôpital Furat de la ville de Manbij, l’organisation du Croissant-Rouge kurde a remis le corps de la victime de Manbij à ses proches dans la ville. Quant à ceux de Kobani, l’organisation les a transférés de l’hôpital de Furat à la ville de Kobanê, où les familles des victimes et les habitants se sont rassemblés à l’entrée de la ville.

Ali a déclaré que les huit corps des victimes de Kobanê avaient été remis à leurs familles, afin que chacun d’eux soit enterré dans ses villages.

Parmi ceux dont les corps ont été récupérés, 12 d’entre eux étaient des Syriens, dont deux sont toujours en Algérie car leurs procédures de transfert ne sont pas encore terminées, et 10 d’entre eux ont atteint la Syrie – un a été rendu à sa famille à Lattaquié, un à Manbij et huit à Kobanê. Le sort des six autres Syriens qui sont morts dans le naufrage, tous de Kobanê.

TURQUIE. Un survivant du génocide de Dersim décède à l’âge de 93 ans

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TURQUIE / KURDISTAN DU NORD – Bego Polat, survivant du génocide du Dersim où l’État turc a massacré plus de 70 000 Kurdes alévis et chassé 100 000 autres, est décédé à l’âge de 93 ans ce 9 novembre, la veille des commémorations nationales turques en honneur au boucher Ataturk mort le 10 novembre 1938…

Bego Polat, dont la mère et les trois frères et sœurs ont été assassinés sous ses yeux lors du génocide du Dersim perpétré par l’État turc entre 1937-38, est décédé à l’âge de 93 ans. Polat était en soins intensifs depuis deux jours.

À propos de Bego Polat

Bego Polat a écrit sur le massacre qui a eu lieu à Dersim entre 1937 et 1938, sur la base de son vécu. Polat, dont la mère et les 3 frères et sœurs ont été tués sous ses yeux alors qu’il n’avait que 9 ans, et dont les corps ont été jetés à l’eau, a survécu avec des blessures. Le vécu de Polat au cours de ces années ont été écrites et transformées en livre par sa fille Rose Polat Agum. Ayant pris note des histoires de son père depuis son enfance, Agum a publié un livre intitulé « Dersim 1938 et après » afin de documenté ces témoignages.

Bego Polat, qui est né dans une famille de 6 enfants dans le village de Körkez au centre de Dersim (dont le nom a été changé en Tunceli par l’Etat turc), a été témoin du plus grand massacre du centre-ville. Selon les récits du livre sur ces années, avant que le massacre n’ait lieu, son père, Hasan Polat, a été emmené au poste de police par les soldats un matin.

Cependant, les jours ont passé et on n’a plus jamais entendu parler de lui. Là-dessus, les deux frères aînés de Polat, Ali et Hüseyin, décident de rejoindre les insurgés. Les soldats ont tué la majeure partie de la famille sous les yeux de Bego Polat, sa mère Humar et ses sœurs Elif, Bira (4) et Hatice (6) et les ont jetés à l’eau avec Polat, qu’ils pensaient également mort. Cependant, Polat a survécu. Il s’est rendu compte que 2 doigts de sa main droite sont cassés. Il a atteint un village voisin et a demandé de l’aide. Il a ensuite été transporté chez ses frères qui étaient dans les montagnes et a vécu avec eux dans les montagnes jusqu’à ce que la loi d’amnistie soit votée, évitant ainsi le massacre. (ANF)

Bego, écrire pour briser le tabou autour du génocide kurde de Dersim

Entre 1837 et 1938, l’Etat turc a massacré plusieurs dizaines de Kurdes alévis dans la région de Dersim. Il a également déporté des milliers d’autres et fait adopter des fillettes kurdes par des familles d’officiers turcs pour les assimiler de force. Près de 9 décennies après les faits, la Turquie refuse toujours de reconnaitre ce génocide, comme elle l’a fait pour celui des Arméniens, Grecs, Assyriens… tous les peuples qui avaient la malchance de n’être ni turc, ni musulman sunnite… Pourtant, les descendants des rescapés de ces génocides tentent d’obtenir justice et réparation depuis des décennies.

Le père de Rose Polat Agum, Bego Polat n’avait que 10 ans quand les soldats turcs ont attaqué la région de Dersim et exterminé sa famille comme des milliers d’autres. Il a miraculeusement échappé à la mort certaine et, après une vie d’errance, a pu fondé une famille sur les terres arrosées du sang de son peuple. Des décennies plus tard, sa fille a voulu écrire l’histoire de son père, sa vie d’après le massacre pour laisser un témoignage aux générations futures et surtout pour qu’on n’oublie pas le génocide de Dersim* qui est un crime contre l’humanité, en attendant sa reconnaissance en tant que telle par la communauté internationale.

Le livre « Bego, Dersim 1938… et ensuite » a été publié d’abord en turc sous le titre « Bego-Dersim 1938 ve Sonrasi ». Vous pouvez commander sa version française auprès de l’autrice au 38 Grande rue, 77630 Barbizon, ou sur internet.

Rose Polat Agum

Le génocide de Dersim

Les politiques hostiles de l’État turc visant la province kurde de Dersim, depuis l’époque ottomane, ont atteint leur apogée en 1937 quand les Kémalistes ont massacré plus de 70 000 Kurdes alévis et en ont chassé 100 000 autres, réalisant le rêve que les Ottomans et les Unionistes n’avaient pas pu réalisé jusqu’alors.
 
Historien et chercheur kurde, Sedat Ulugana explique le contexte dans lequel le génocide de Dersim a eu lieu, en mettant en évidence la continuité d’une politique anti-Dersim de l’Etat turc héritée de l’empire ottoman. Un long reportage réalisé par Barış Balseçer: 
 
83 ans se sont écoulés depuis le génocide de Dersim. Selon les chiffres officiels, entre 1937 et 1938, 14 245 [Kurdes alévis] ont été tués lors du massacre, du nom du décret « Opération Tunceli Tenkil », publié avec la décision du Conseil des ministres du 4 mai 1937. Cependant, selon des chercheurs historiques et de nombreuses sources, environ 70 000 personnes ont été tuées lors du génocide, parmi lesquelles des enfants, des personnes âgées et des femmes. Nous avons parlé avec le chercheur-écrivain Sedat Ulugana du génocide de Dersim.
 
Quel genre de transformation politique les Ottomans ont-ils connu avant le génocide de Dersim? Quand on regarde ce massacre commis par les Kémalistes, est-il possible de dire qu’une inimitié historique a été perpétuée ?
 
Contrairement à d’autres endroits du Kurdistan, Dersim est une zone que les Ottomans ne pouvaient pas contrôler complètement jusqu’aux Tanzimat (« réorganisation » en turc ottoman – ère de réformes qui ont eu lieu entre 1839 et 1876). Dersim a un statut relativement indépendant par rapport aux autres émirats kurdes. Bien qu’il semble parfois être lié à l’émirat de Çemişgezek, Dersim était une région tribale et les Ottomans ne purent y entrer vraiment qu’au milieu des années 1800. Le processus des Tanzimat que l’histoire officielle turque nous offre comme «occidentalisation et modernisation» est en fait l’imposition d’une autorité centrale au Kurdistan. Avec ce processus, le transfert à Istanbul du capital accumulé chez les Mîrs (émirs) kurdes a été planifié et mis en pratique.
 
Dans le processus des Tanzimat, les Ottomans tentent d’établir une autorité à Dersim, mais quand on regarde le Kurdistan, c’est le seul endroit où les Ottomans ont échoué. De l’ère Abdülhamit aux Tanzimat, les tribus sont sévèrement punies. Immédiatement après ce processus, le projet des régiments «Hamidiye» a été lancé en 1892. En fait, de nombreuses tribus alévies kurdes de Dersim souhaitent également participer à ce projet. Parce qu’ils voient ce projet comme un «statut» et une «capitulation» pour eux-mêmes. Un autre nom de ce processus est «la paix de l’État et des tribus». Le processus des régiments Hamidiye est la paix de l’État avec les tribus. Donc les Tanzimat sont aussi un projet pour les Kurdes. Cependant, malgré toutes les demandes, aucune tribu kurde-kizilbash de Dersim n’a été inclue aux régiments Hamidiye [Les Hamidiés étaient des régiments de cavalerie légère de l’armée ottomane créé en 1891 et recrutés principalement parmi les tribus kurdes. Leur nom « Hamidiye » vient de celui du sultan Abdülhamid II]. On inclus dans le projet des régiments Hamidiye uniquement des tribus kurdes sunnites.
 
Les relations entre les tribus Cibran et Xormeks, limitées à Dersim, jouent un rôle très important pour Dersim. Dersim devint alors le refuge des tribus Kizilbash. En plein pillages des régiments Hamidiye, les tribus des Xormek et des Lolan de Varto pouvaient riposter contre les pillages effectués par la tribu Cibran.
 
Pendant l’İttihat Terakki (Comité Union et Progrès – CUP, en turc İttihat ve Terakki Cemiyeti) il y eu une certaine calme à Dersim. Surtout avec la dissolution des régiments d’Hamidiye et la sécularisation de la politique d’islamisation Abdulhamid accès sur le sunnisme, Dersim peut enfin respirer. Mais la période de détente a lieu pendant les premières années de l’İttihat Terakki. Par la suite, l’İttihat Terakki met en place la politique de « turquification ». A partir de 1913, l’Etat renoue avec les méthodes de l’époque d’Abdulhamid pasha. Avec la mise en oeuvre des politiques de turquification, l’Etat mettra sur sa liste Dersim qui faisait partie de quelques régions jamais soumises. C’est à dire que l’Etat a décidé qu’a Dersim, la pensée étatique devait prévaloir. Cette liste a été léguée aux Kémalistes après l’İttihat Terakki.
 
Dersim est l’un des endroits que le kémaliste Abdülhalik Renda, l’un des noms importants de l’époque, député de Çankırı, a cités dans ses rapports en 1926, « Il y a trois lieux de problèmes au Kurdistan ». Dersim fait partie de ces lieux cités par Renda. L’hostilité anti-Dersim du pouvoir ottoman citée dans ces rapports, se lège au régime des Tanzimat; Du régime Tanzimat à l’Ittihat Terakki; Il est passé du Comité d’union et de progrès et enfin aux Kémalistes. En 1937, les Kémalistes ont réalisé le rêve que les Ottomans et les Unionistes n’avaient pas pu réalisé jusqu’alors.
 
Dersim est situé au centre du Kurdistan, c’est le cœur du Kurdistan. C’est une région très difficile [du fait sa position géographiques montagneuse difficile d’accès] . En raison de l’incapacité de l’État d’y régner, Dersim devient un port où toutes les tribus des environs peuvent se réfugier, une base pour les Kurdes. Tout comme le Rojava est une base à la fin des années 1920, Dersim est un port interne pour les mouvements kurdes. L’État sait que les codes kurdes de Kizilbash étaient très forts à cette époque. Déjà, en regardant les lettres de Seyid Rıza, la forte revendication kurde est perceptible. Dans de nombreux rapports préparés au cours de cette période, Dersim a été déclaré comme le «centre du kurdisme». Conformément à ces informations, le régime kémaliste a décidé de disposer de cette base et a mis en œuvre le projet d’anéantissement complet des Kurdes.
 

Alors, peut-on dire que les tribus ont pris part à la résistance contre le massacre?

Certaines tribus ne participent pas à la résistance. Mais ce n’est pas seulement un cas spécifique à Dersim. Dans toutes les sociétés où le féodalisme est fort, il est extrêmement facile de profiter des conflits internes et d’activer la dynamique interne de ces sociétés. En fait, en s’en prenant à Dersim, on cible Seyid Rıza. Parce qu’il y a la lettre qu’il a envoyée à Sèvre en 1920. La raison pour laquelle Dersim est une cible est l’insistance de Dersim en kurdicité.

 
Quand nous regardons l’histoire officielle de l’État turc, on s’aperçoit qu’ils donne comme prétexte la rebelion comme étant la cause profonde des massacres qu’ils ont commis et en même temps, dans leurs discours, ils qualifiaient de «réactionnaires-féodaux», etc. afin de donner une justification légale au massacre. en ajoutant des discours. Pourquoi est-ce ainsi ?
 
Depuis la rebelion de Bitlis en 1914, jusqu’en 1938, l’État s’efforce de dépouiller toutes les révoltes et résistances kurdes d’une personnalité politique pour le revêtir d’un «déguisement judiciaire». Telle est la politique de l’État et cette politique a commencé avec le processus de rébellion de Bitlis en 1914. Ils ont codé le processus Bitlis comme « un soulèvement réactionnaire contre le régime constitutionnel ». Ils ont également fait témoigner les leaders des tribus et les notables arméniens dans ce sens. Le consul russe de Bitlis de l’époque le reconnaît. Lors de la rébellion de Şêx Said en 1925, une opération a été menée auprès de la presse, et en particulier, on a fait pression sur la presse pour qu’elle présente la rébellion comme étant «réactionnaire, une révolte pour la charia».
 
Pour la rébellion d’Ağrı, qui est intervenue entre ces deux rebellions, on ne peut trouver un tel alibi. Alors, on la qualifie d’ « agissement de gang » et d’ « incitation des États étrangers », et on accuse l’Iran et les Britanniques. Le terme de « pouvoirs extérieurs » d’aujourd’hui remonte en fait à cette époque. Pour Dersim, on a utilisé la qualification de «liquidation du féodalisme». Quand nous regardons le codage de toutes ces révoltes par le régime républicain, ils ont trouvé un alibi pour chaque rébellion afin de les vider de la kurdicité.
 
Les révoltes kurdes sont-elles connectées les unes aux autres?
 
Toutes ces révoltes et résistances kurdes entre 1914-1938 sont interconnectées. Il s’agit en fait d’un mouvement monolithique. Mais ce sont des projets que l’État a brisés; les empêchant de fusionner entre-eux. Lors de la Rébellion de Bitlis en 1914, si les instructions de Bedirxan avaient étaient attendues, c’est-à-dire si la rébellion avait éclate pendant la guerre, la Première Guerre mondiale aurait pu changer le sort de la rébellion. Cela aurait pu entraîner un résultat positif pour les Kurdes. Mais à cette époque, l’État a pris toutes les précautions pour qu’elle reste locale. L’État a arrêté les membres du clan Bedirxan, en a exécuté quelques-uns, en a exilé plusieurs et en a acheté certains.
 
On voit les mêmes motivations dans la rébellion de Şêx Said en 1925. C’est un calcul remarqué plus tard. Pour le pouvoir ottoman, c’est la revanche sur la rebelion de Bitlis. Cette année-là, Cibranlı Halit Bey avertit de ne pas tenter de soulèvement. Nous n’avons pas de documents, mais je pense que Cibranlı Halit Bey et Alişer se connaissaient, notamment sur la ligne Erzurum. Halit Bey est la seule personne de la tribu Cibran que les tribus Xormek et Lolan respectent . Si la rébellion de 1925 avait été dirigée par Cibranlı Halit Bey, il aurait pu réaliser les unités tribales kurdes et alévies, en particulier au sein du Dersim. Il existe également une telle possibilité.
 
Quel le degré de véracité quand on décrit le massacre de Dersim comme un massacre d’Alévis ?
 
Quand on regarde Tokat, Kastamonu, Bandırma, en dehors de la géographie du Kurdistan, par exemple, les codes alévis des Turcs sont plus radicaux que les codes alévis kurdes. En d’autres termes, le régime kémaliste n’a pas de problème avec l’alévisme tel quel. Par conséquent, il ne suffit pas de qualifier le massacre de Dersim de «massacre d’Alevis» seulement. La raison prédominante orientant l’État contre Dersim est qu’il est kurde. Et c’est le pouvoir que les Kızılbaş (Qizilbash, l’ordre soufi chiite des Safavides auquel certains des Kurdes alévies ont adhéré) ont ajouté à la kurdicité.
 
Quel est le nombre de personnes massacrées et déplacées à Dersim?
 
Étant donné qu’une ou deux personnes de presque toutes les familles ont été anéanties à Dersim, il s’avère qu’entre 70 et 80 000 habitants de Dersim ont été massacrés. Beaucoup de gens ont été tués par le typhus et le choléra dans les prisons où 50 personnes ont été enfermées dans des cellules pour 10 personnes. Il y a beaucoup de gens qui sont morts sur les routes de l’exil. Il y a ceux morts de faim. Cela signifie qu’au moins la moitié de la population de Dersim a été assassinée.
 
Mais les dirigeants kurdes ne pouvaient-ils pas voir un tel massacre ou l’attention de l’État?
 
C’était absolument prévu. Surtout chez les Kurdes après le génocide arménien de 1915, Il y a la suspicion de « Ce qui a été fait aux Arméniens pourrait-il nous arriver? » Quelques années plus tard, le massacre de Koçgiri arrive comme une réponse à cette suspicion. On se disait : « L’État fera des massacres, mais chez les Kurdes alévis ». Cette fois-ci, on s’est dit : « Le feront-ils aux Kurdes sunnites? ». 4-5 ans plus tard, dans le triangle Palu-Genç et Lice, lorsque les villages kurdes ont été incendiés, avec enfants, vieillards, femmes, il était devenu certain qu’on allait massacrer tous les Kurdes.
 
Après le massacre de Zilan en 1930, la géographie du Kurdistan a été sérieusement réduit en silence. Dersim connaissait très bien le massacre de Zilan en 1930. De toute évidence, ils en avaient peur. Mais les habitants de Dersim n’avait pas d’autre choix. Donc, quoi qu’ils fassent, l’État allait commettre ce massacre. On a réfléchi à la manière de prévenir le massacre et des mesures ont été prises pour l’empêcher. La phrase de Seyid Rıza qui aurait dit , «je viendrai me rendre, pourvu que vous n’attaquiez pas Dersim», et le fait que le massacre ait tout de même eu lieu est une indication que l’État ne voulait en aucun cas faire de compromis. A Dersim, le gouvernement veut liquider complètement celui qu’il considère comme un « bandit », « nuisible à la turquicité », et il le fait.
 
Quelle est l’attitude des autres États face à cela ?
 
Aucun Etat ne réagit. Des avions britanniques ont même été utilisés à Zilan. Certains documents ont été rendus publics. «Nos avions ont été utilisés lors de la rébellion d’Ağrı. Nous nous demandons les forces de manœuvre. Mais les Kurdes en ont abattus quelques-uns ». Les Britanniques ont donné des armes à l’État turc à cette époque et ont transformé le Kurdistan en laboratoire. Des documents indiquant que les gaz toxiques utilisés à Dersim appartiennent à l’Allemagne sont également apparus récemment. En dehors de cela, il y a des lettres envoyées par Seyid Rıza à l’Angleterre et à la France, mais ces pays n’entendent pas le cri de Dersim, ils bouchent leurs oreilles.
 
Je suis tombé sur la correspondance interne de la France à cette époque. «Dans ce processus, l’État kémaliste a tué tant de Kurdes à Dersim. Nous entendons cela ». Mais il n’y a aucun commentaire sur les documents. Ils prennent juste l’information, c’est tout. Je n’ai pas trouvé de déclaration condamnant les massacres. Mais surtout avant le massacre de Dersim, les Français ont empêché les Xoybunistes de venir depuis la frontière syrienne. En bloquant les frontières, ils ont apporté un soutien implicite à l’État turc.
 
Quelle est la raison principale du soutien international au Kémalisme?
 
En réalité, les kémalistes se sont en fait battus contre les Grecs, les Arméniens et les Kurdes. Il n’y a pas de combat avec des puissances européennes telles que les Français, les Britanniques, etc., comme le décrit l’histoire officielle. Le régime kémaliste a dominé l’Anatolie à cette époque, en échange de la cession de la province de Mossoul aux Britanniques et de la province d’Alep aux Français et de renoncer à d’autres terres au Moyen-Orient. Il a amélioré ses relations avec les bolcheviques. Les Russes ont abandonné le Kurdistan aux Kémalistes. En fait, il n’y a pas de victoire comme le prétend l’histoire officielle turque. Le sultan Vahdettin allant en Angleterre, le régime ottoman est devenu le régime kémaliste. Les limites sont les mêmes. Le seul changement aux frontières est l’inclusion d’Hatay en 1937 et l’annexion de Chypre en 1974.
 
Quand nous regardons le présent, nous voyons que la politique néo-ottomane est toujours menée par Erdogan et le bloc au pouvoir. Comment les Kurdes peuvent empêcher cette tentative d’occupation?
 
Surtout en 1920, il y a une conspiration internationale contre les Kurdes dans le cadre du traité de Sèvres. Les Kurdes doivent tenir compte du fait que cette conspiration sera répétée. La seule chose qui déjouera cette conspiration est «l’unité nationale».
 
Le rapport de Mustafa Abdülhalik Renda
 
Mustafa Abdülhalik Renda est l’une des rares personnes à connaître l’esprit de la rébellion kurde et à avoir étudié les révoltes kurdes. Ce sont des gens de Roumélie (la partie de la péninsule balkanique sous domination ottomane), du Comité de l’Union. Pendant leur séjour à Roumélie et dans les Balkans, ce sont les unionistes qui ont connu la guerre avec les insurgés des Balkans et ont lu le concept de rébellion de la littérature française sur le plan politique. Renda a été trouvée dans différentes parties du Kurdistan de 1913 jusqu’au milieu des années 1920. C’est une personne qui dit ne pas avoir digéré le « kurdisme » de son propre aveux, en parlant de la période allant de la rébellion de Bitlis qui a eu lieu en 1914 à la rébellion de Şêx Said en 1925. Le rapport qu’il a préparé en 1926 est important. Dans le rapport, «Il y a trois districts au Kurdistan. La première de ces régions est le mont Ararat et le ruisseau de Zilan; le deuxième est Sason et le troisième est Dersim ». Ils ont perpétré le massacre de Zilan en 1930. Ils ont perpétré un massacre à Sason en 1935. Ils ont perpétré le massacre de Dersim entre 1937 et 1938.
 
L’origine du Comité de l’Union
 
Quand on regarde toutes les révoltes kurdes, on voit que presque tous les commandants turcs qui ont organisé des massacres ou préparé des rapports étaient d’origine thracienne ou balkanique. Comment dois-je lire ceci?
 
Le lieu où le Comité d’union et de progrès a été créé n’est pas le territoire anatolien, c’est Roumélie. Ces personnes sont principalement des immigrants Roumélie. L’Armée du Mouvement, dont l’Union et les progressistes ont pris le commandement, est arrivée à Istanbul de Thessalonique. Cette équipe s’assure que tous les officiers des quartiers de Thessalonique et Roumélie arrivent à des postes clefs. En fait, ce sont ces cadres qui ont fondé la république kémaliste. En d’autres termes, tout en faisant la promotion du turc anatolien ou d’un officier d’origine kurde, arabe et albanaise promu capitaine; Le régime kémaliste – également lié au fait qu’Ataturk soit originaire de Thessalonique – garantit que les immigrants de Roumélie de l’armée montent jusqu’au grade de général. Ce fut le cas jusqu’aux dernières années.
 
Première; ce sont des Serbes, Bulgares, etc. islamisés. Ce sont des peuples des Balkans. En d’autres termes, ce sont des personnes issues de familles islamisées il y a plus de 100-200 ans. Il n’y a aucun autre endroit où ces gens peuvent aller. Ils voient l’Anatolie comme une patrie.
 
De Cevdet Sunay à Fevzi Çakmak, Salih Omurtak, Alpdoğan… Ces personnes sont des officiers de réserve diplômés en tant qu’étudiants militaires, bien avant le génocide de Dersim. Ce sont la génération prometteuse de l’Ittihat Terakki. Ces personnes avaient déjà appris comment le génocide pouvait se faire systématiquement. Cette génération a réalisé le génocide à Zilan en 1930, ils ont théorisé complètement le génocide. Par la suite, ils ont publié des livres éducatifs appelés «guides de recherche de passeurs et de bandits» dans les écoles de gendarmerie. Le but principal de ces livres est de savoir comment tuer des Kurdes et comment faire des massacres. Les directives ont été publiées entre 1930 et 1933. Ils ont été formés au massacre et au génocide dans les écoles de gendarmerie et d’officiers.
 
L’importance de Nuri Dersimi et d’Alişer
 
Quelle est l’importance de Nuri Dersimi et Alişer en termes d’histoire kurde?
 
Contrairement aux intellectuels kurdes, Nouri Dersimi est également un militant. L’anxiété intellectuelle est plus dominante quand on regarde Celadet Ali Bedirhan ou Memduh Selim. Nuri Dersimi est un homme de lutte, d’action. Plus que Seyid Rıza, je pense que Nuri Dersimi n’a pas agit indépendamment d’Alişer. Nuri Dersimi avait un lien politique important avec le Mouvement Xoybun qui était en Syrie. De même, dans son livre, il essaie d’exprimer qu’il a des réseaux de renseignement. À cette époque, nous voyons que le Xoybun existait sous forme d’organisation clandestine presque partout au Kurdistan. En ce sens, je pense que Nuri Dersimi est en fait l’un des rares cadres politiques de la Résistance de Dersim.
 
Un autre de ces cadres politiques est bien sûr Alişer. Alişer a une ambition. Dans sa lettre de 1920, il apparaît comme un acteur kurde ayant l’intention de porter le fardeau de tout le Kurdistan (avec les sunnites, les alévis et les Êzîdîs) et d’être leur dirigeant. Dans sa lettre, il dit: « J’ai parlé aux Russes au nom de 8 millions de Kurdes ». Quand on regarde la lettre qu’Alişer a écrite en 1920, on voit aussi qu’il a suivi attentivement les travaux de la kurdologie de l’époque.

 

*Des documents fuités en mai 2019 révélaient que le fondateur de la Turquie, Ataturk avait acheté des armes chimiques à l’Allemagne nazie (1937) pour les utiliser lors du massacre des Kurdes à Dersim. 

« Contre les violences masculines étatiques, rébellion au lieu de victimisation »

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L’association féminine kurde, KJK appelle à la rébellion plutôt que la victimisation contre la violence masculine étatique et célébrera la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre avec une campagne de dix jours sous le slogan « Contre toutes les formes de violences masculines et étatiques: Jin Jiyan Azadî [femme, vie, liberté]! »

La Communauté des femmes du Kurdistan (Komalên Jinên Kurdistanê – KJK) célébrera cette année la journée de lutte contre la violence à l’égard des femmes du 25 novembre avec une campagne de dix jours sous le slogan « Contre toutes les formes de violence masculine d’État : Jin Jiyan Azadî ! ». Au lieu du discours et de la psychologie de la victimisation, le KJK s’appuie sur la psychologie de la rébellion, de la lutte et de la victoire et appelle à descendre dans la rue le 25 novembre et à unir les voix, les couleurs et le pouvoir des femmes.

La coordination du KJK a publié un communiqué détaillant leur campagne. Le point de départ central est le soulèvement mené par les femmes au Rojhilat (Kurdistan oriental) et en Iran après l’assassinat de Jina Mahsa Amini par la police des mœurs à Téhéran. « C’est avec beaucoup d’enthousiasme et de fierté que nous assistons à ce processus, qui s’est propagé de notre pays dans le monde entier. L’atmosphère magique du slogan Jin-Jîyan-Azadî a envahi le monde entier », écrit la KJK. Le meurtre de la chercheuse du Centre de Jineolojî, Nagihan Akarsel peu de temps après le 4 octobre par les services secrets turcs MIT à Silêmanî visant à détruire cette atmosphère. Le 25 novembre arrive à un moment où « la lutte, l’ingéniosité et le pouvoir spirituel des femmes sont à leur apogée. Nous saluons cette année non pas avec le discours et la psychologie de la victimisation, mais avec la psychologie de la rébellion, de la lutte et de la victoire. »

« La lutte pour la liberté des femmes kurdes est le tombeau des dictatures fascistes »

« L’année 2022 est une année extraordinaire pour nous, le mouvement de libération des femmes du Kurdistan, dans tous les domaines. L’État turc fasciste et les forces internationales qui le soutiennent mènent des attaques multiformes avec le génocide des Kurdes et le massacre de la lutte pour la liberté des femmes. La torture de l’isolement renforcé de Rêber Apo [Abdullah Öcalan], qui a consacré sa vie et tout son être à la liberté des femmes, continue d’être utilisée avec toute la violence. Notre tâche fondamentale est de résister à l’isolement de Rêber Apo, qui a fait du XXIe siècle un siècle de femmes avec sa philosophie du Jin-Jîyan-Azadî, et de lutter pour sa liberté.

Encore une fois, la République fasciste turque mêle chaque aspect de la vie à la violence et à la mort de l’État, de l’utilisation d’armes chimiques interdites contre nos guérilleros dans les montagnes, à toutes sortes de tortures dans les cachots, en passant par l’interdiction de notre langue, de notre culture et de notre existence. Notre autre tâche principale est d’exposer toutes sortes de crimes de guerre commis par la République fasciste turque, en particulier l’utilisation d’armes chimiques. Nous devons embrasser plus vigoureusement les guérilleros qui doivent être étouffés par des armes chimiques. Alors que la guérilla kurde lutte sans relâche pour représenter la volonté des peuples et des femmes pour la liberté, nous, en tant que femmes, devons renforcer et compléter la lutte de la guérilla. Nous devons partout exposer à la fois le fascisme turc et le PDK, qui, en collaborant avec la République turque, a trahi leur propre nation et leurs propres femmes, exposer leurs crimes contre l’humanité un par un et les traduire en justice en tant que femmes.

Dans ce contexte, la KJK se félicite d’une campagne lancée par des femmes en Argentine contre l’utilisation d’armes chimiques au Kurdistan et explique l’arrestation de la présidente de l’Association médicale turque Şebnem Korur Fincancı : « L’attitude de notre professeur Şebnem dans des conditions fascistes et chauvines sévères est l’attitude des honorables femmes turques libérées du poison du chauvinisme et du libéralisme. C’est l’attitude de la fraternité des peuples. Nous applaudissons l’attitude de notre enseignante, Şebnem, qui, comme elle le dit, est sur la piste de la vérité. »

« Jin Jîyan Azadî, contre toutes les formes de violences masculines étatiques !

« Tout comme la femme signifie la vie pour nous, elle signifie la mort pour le fasciste Erdoğan et son système dominé par les hommes. Pour cette raison, partout où il voit la volonté des femmes libres, il impose le massacre, la mort et le viol, prenant cela comme base pour détruire leur existence. En ce sens, nous pensons qu’il est très important d’évaluer les événements de cette année, lorsque les attentats ont atteint leur paroxysme le 25 novembre, et de prendre la tête des actions, des soulèvements et de toutes sortes d’activités en faveur des femmes.

En tant que KJK, nous organiserons les événements de cette année lors de la journée contre la violence à l’égard des femmes du 15 au 25 novembre sous la devise « Jin Jîyan Azadî, contre toutes les formes de violence masculine d’État ». Sur cette base, nous lancerons une campagne de dix jours. »

« Le KJK dédie les activités du 25 novembre à toutes les femmes combattantes et particulièrement à celles qui sont tombées dans ce combat. Le KJK nomme la commandante des YPJ Jiyan Tolhildan et les cinq jeunes filles qui ont été tuées au Rojava par des drones turcs, les femmes d’Afrin occupée, Jina Amini et Şilêr Resuli, qui a sauté d’un immeuble à Mêrîwan, pour échapper une agression sexuelle d’un officier des services secrets iraniens, la jeune fillette yézidie Axîn, âgée de six ans, qui a été violée et assassinée dans un camp de réfugiés du sud du Kurdistan, les femmes combattant dans les prisons turques, la jeune Kurde Firdevs Babat, qui a été torturée, violée et assassiné par des gardes de village, Delal Nurhak (Esma Erat) et les guérilleros féminins d’YJA Star.

« Nous dédions cette journée aux femmes résistantes en Afghanistan, à la soldate arménienne Ansuh Apetyan qui a été assassinée par des soldats azerbaïdjanais pendant la guerre, à la journaliste palestinienne Shirin Abu Akile, à notre camarade de guérilla décédée aux Philippines et à toutes les femmes révolutionnaires rebelles qui ont été assassinées en 2022.

Conscientes que le véritable tueur et criminel est l’État masculin et ses institutions, il convient de développer des actions et des activités qui donnent un sens et une prise de conscience différents à chaque jour. Dans toutes ces activités, les jeunes femmes en particulier devraient jouer un rôle de pionnière et de modèle et refléter l’esprit libre et rebelle des jeunes dans les actions.

Des développements passionnants et vertigineux

Dans ce processus que nous traversons, il y a des développements extrêmement excitants et vertigineux en termes de développements centrés sur les femmes. Nous voyons des femmes mener la lutte contre le système partout dans le monde. Malgré des formes organisationnelles et des identités différentes, les femmes du monde entier jouent un rôle moteur et dynamique dans la lutte contre la modernité capitaliste et la masculinité hégémonique. Il y a une grande quête de vérité, une quête de vie, et cette quête se propage à travers le monde. Le fait que les réactions à l’assassinat de Jina Amini au Rojhilat soient si intenses et explosives, évoluant sous la forme d’un soulèvement de femmes, et que le slogan Jin-Jiyan-Azadî soit devenu un mot d’ordre, un mot de passe parmi les forces

Il est maintenant temps de porter cette rébellion et ce soulèvement centrés sur les femmes à un nouveau niveau, le niveau de la révolution des femmes. La perspective de la révolution des femmes est d’une importance décisive pour surmonter la mentalité masculine hégémonique et ses structures de pouvoir qui soutiennent l’État. Il est nécessaire de mettre cette attitude courageuse et résolue qui a émergé dans le monde et au Kurdistan sur une base plus organisée et politique. La simple rébellion ne force pas les dirigeants à changer. Lorsque la rébellion rencontre des raisons idéologiques, politiques et organisationnelles, elle révèle le pouvoir qui force le changement et le changement. Au 21e siècle, il est très important que les soulèvements féminins disposent de ces outils.

Chaque féminicide est un appel à la révolution des femmes

Chaque femme assassinée au Kurdistan et dans le monde est un appel à la révolution des femmes. Les puissances masculines hégémoniques, les États-nations et les capitalistes ont placé les femmes au centre de la crise de l’humanité et de la vie qu’elles ont créée. Avec des méthodes inimaginables et sans pitié, ils mènent une campagne de destruction sociale et écologique contre la vie et contre les femmes. Il est d’une importance historique que nous répondions à cela avec la stratégie de la révolution des femmes. La guerre sans nom contre les femmes ne sera arrêtée et vaincue que par la révolution des femmes. Toutes les femmes assassinées deviendront immortelles avec la réalisation de la révolution des femmes, et la vengeance pour chacune d’elles viendra avec la révolution des femmes.

Une autre situation notable est qu’en réponse à la génération émergente de femmes révolutionnaires et rebelles, des femmes ont été nommées à des postes importants dans les gouvernements des États occidentaux, et les dirigeants des partis de droite qui ont remporté les élections sont des femmes. Alors que la vague sociale ascendante se développe sous la direction des femmes, les pouvoirs en place comptent sur l’utilisation des femmes pour neutraliser cette vague ascendante. A travers le développement de la vague de droite sous la houlette des femmes, la lutte sociale des femmes doit être réprimée. En d’autres termes, ils essaient de nous montrer la tactique d’utiliser les femmes contre les femmes en les nourrissant, les colorant et les embellissant avec les arguments de notre temps. D’une part, il y a une approche pour corrompre et masculiniser le pouvoir de la vague par le bas en l’entraînant au fond du pouvoir, et d’autre part, via les femmes de la ligne fasciste, pour écraser et liquider celles qui le font pas l’accepter vouloir. En tant que mouvements de femmes organisés au niveau national, régional et mondial, nous devons reconnaître ces dangers, en discuter idéologiquement et politiquement et définir une politique commune. Nous devons garder le développement du confédéralisme mondial des femmes en tant que système mondial de liberté des femmes contre le système mondial hégémonique de l’État masculin dans notre ordre du jour. Ce 25 novembre devrait aussi en être l’occasion d’écraser et liquider ceux qui ne veulent pas s’en accommoder (…). (…)

Autodéfense et sensibilisation

Un autre enjeu très fondamental est le développement, la diffusion et la professionnalisation de la sensibilisation et de l’organisation de l’autodéfense féminine. L’échange d’expériences dans le domaine de l’autodéfense et le développement d’une organisation commune sont d’une importance cruciale. En particulier, une stratégie d’attaque multiforme et systématique est poursuivie contre les femmes organisées, conscientes et en lutte. La modernité capitaliste dominée par les hommes, qui au Moyen Âge chassait les femmes sages comme des sorcières et liquidait la volonté des femmes, devenant ainsi un système hégémonique, vise aujourd’hui à liquider les femmes et les organisations révolutionnaires sages afin de transformer le système masculin hégémonique en un système à suivre. la crise. D’abord la femme organisée, la femme qui se défend, a tiré sur la femme consciente, désobéissante et rebelle. Le but de la modernité capitaliste dominée par les hommes est de rendre les femmes inconscientes, sans rébellion, sans organisation et sans autodéfense, et de créer des femmes qui obéissent au système capitaliste. Pour cela, une guerre physique et spéciale implacable est en cours. Le système masculin hégémonique attaque les femmes et les valeurs de vie de la société comme un mouvement contre-révolutionnaire. Afin de dominer l’esprit et le corps des femmes, elles sont aliénées, masculinisées et traditionalisées avec une violence terrible et spéciale en temps de guerre. 

La stratégie de « tirer d’abord sur les femmes » s’est transformée en stratégie de « tirer d’abord sur les femmes organisées et conscientes qui revendiquent leurs droits et les légitiment ». Si les femmes dans la vie sont désorganisées, impuissantes et sans combat, si elles ne peuvent revendiquer leurs droits et sont obéissantes, cette vie n’est pas la vie. Par conséquent, notre impératif en tant que mouvement de femmes est de protéger et d’embrasser la femme organisée, la femme consciente, et de sensibiliser.

De ce point de vue, la 2ème Conférence Internationale des Femmes des 5 et 6 novembre [à Berlin], avec ses débats, a créé un agenda très important et a donné espoir et encouragement aux femmes du monde. Nous saisissons cette occasion pour saluer la conférence et déclarer que nous (…) sommes prêtes à faire notre part pour mettre en œuvre les décisions de la conférence.

Appel à la révolution des femmes

Ce 25 novembre joignons nos voix, nos couleurs et nos forces et remplissons les rues, faisons une mobilisation de sensibilisation plus forte. Renforçons la prise de conscience, la lutte et l’organisation de la libération des femmes contre la violence d’État masculine systématisée et brutale. Prenons l’être et la multiplication comme base contre ceux qui essaient de nous rabaisser et de nous détruire.

Conscients que défendre les femmes, c’est défendre la nature, les enfants, la société et la vie, nous devons intensifier notre combat contre les massacres en joignant leurs voix aux nôtres. Soyons la voix de la terre, de l’eau, des arbres et de l’air, soyons la voix des enfants et descendons dans la rue.

Sur cette base, nous appelons les femmes kurdes, les organisations de femmes arabes, perses, arméniennes, syriennes, assyriennes et turkmènes, les mouvements féministes et toutes les femmes qui veulent marcher vers la liberté et la beauté à rejoindre les rues, les actions et les luttes pour répondre au magique et pouvoir effectif du slogan Jin-Jiyan-Azadî.

C’est maintenant le temps de la prise de conscience, de l’organisation et de la lutte avec les esprits et les émotions des femmes. L’heure est à la révolution des femmes avec le slogan Jin-Jiyan-Azadî. Il est temps d’unir et de donner aux femmes les moyens de se dresser contre la violence, quelles que soient leurs croyances, leur nationalité, leur race ou leur couleur. Joignons-nous ce 25 novembre avec la revendication de transformer les massacres en lutte pour la liberté et la victoire des femmes et donnons la réponse nécessaire à ces pouvoirs masculins fascistes dans tous les domaines :

Jin-Jiyan-Azadî contre le génocide des femmes, de la nature et des enfants ! Jin-Jiyan-Azadî contre le fascisme, l’occupation, les armes chimiques et la trahison ! Contre la violence masculine fasciste d’état, prenons conscience, organisons-nous et gagnons en légitime défense ! Le 21e siècle deviendra le siècle de la révolution des femmes avec la lutte croissante des femmes ! »

ANF

IRAN. Tollé contre la demande d’exécution des manifestants

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TEHERAN – 227 parlementaires iraniens ont cosigné un communiqué demandant au pouvoir judiciaire d’appliquer la peine de mort pour les manifestants et militants anti-régime arrêtés depuis le meurtre de Jina Mahsa Amini, une jeune femme kurde de 22 ans, tuée à Téhéran pour un voile « mal porté ». L’Organisation iranienne des droits humains déclare que ceux qui demandaient l’exécution sont complices de ce crime.

227 Les parlementaires iraniens ont décrit les manifestations comme des manifestations « contre Dieu » et ont exigé que la justice iranienne applique les condamnations à mort prononcées contre les manifestants.

Suite à cette déclaration, le chef du pouvoir judiciaire iranien, Xulam Hussein Muhsini, a exigé des juges que les dossiers des manifestants arrêtés soient clôturés dans les plus brefs délais et que les manifestants soient punis.

D’autre part, le président de l’Organisation iranienne des droits de l’homme, Mehmud Emiri Muqedem, a déclaré dans un communiqué que les manifestations sont le droit fondamental du peuple. Déclarant que le meurtre des manifestants et l’imposition de la peine de mort est un crime international, le Muqedem a déclaré que ceux qui veulent que les manifestants soient exécutés sont complices de ce crime et qu’une enquête devrait être ouverte contre eux.

Des milliers de personnes ont été arrêtées et condamnées par les forces du régime iranien au cours de la manifestation de 53 jours en Iran et au Kurdistan Rojhilat. Selon les informations obtenues, 8 personnes ont été condamnées à mort à ce jour.

ANF

 

BRUXELLES. Conférence: le slogan Jin, Jiyan, Azadi et la révolution iranienne

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BRUXELLES – Le lundi 28 novembre, l’Institut kurde de Bruxelles organise une conférence sur la révolution en Iran et l’origine du slogan kurde « Jin – Jiyan – Azadi » (« Femme, Vie, Liberté »). Darya Safai et Amineh Kakabaveh, deux politiciennes d’origine kurde et iranienne prendront parole à la conférence.

Le slogan « Jin – Jiyan – Azadi » (« Femme, Vie, Liberté ») a déjà fait beaucoup de bruit et trouve ses origines dans le mouvement de libération kurde et le mouvement des femmes. Le résultat de décennies d’efforts et de protestations des femmes kurdes dans l’une des régions les plus défavorisées d’Iran, les provinces kurdes.

Programme:

• Brève introduction par le député flamand Karl Vanlouwe.

• La députée fédérale Darya Safai fait le lien avec sa connaissance de la situation actuelle en Iran et donne aux personnes présentes son interprétation politique et son interprétation des manifestations.

• Amineh Kakabaveh, politicienne d’origine irano-kurde qui était jusqu’à récemment une députée indépendante en Suède, discutera de l’origine du slogan Jin – Jiyan – Azadi, et comment ce slogan a pris le dessus dans les manifestations.

La conférence aura lieu le lundi 28 novembre, à partir de 13h30, dans une salle des commissions du Parlement flamand à Bruxelles. Il s’agit de la salle Antoon Van Dyck ; vous recevrez l’adresse d’accès après inscription.

L’INSCRIPTION préalable est obligatoire pour accéder aux bâtiments du Parlement flamand. Si vous souhaitez participer, veuillez envoyer un court message à l’adresse e-mail suivante : koerdisch.instituut@skynet.be

Vous serez ajoutés à la liste d’inscription et vous recevrez une confirmation avec l’adresse d’inscription.

Contact:

Kurdish Institute vzw
Bonneelsstraat 16, 1210 Saint-Josse-Dix-Noeuds

Président : Derwich M. Ferho – 0479 56 29 62 (info@kurdishinstitute.be)
Membre du personnel : Erik Vranken – 0474 71 48 71 (erik@kurdishinstitute.be)

SYRIE. Un commandant kurde discute de la stabilité du Rojava avec une délégation américaine

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SYRIE / ROJAVA – Le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, a discuté le week-end dernier avec une délégation américaine des moyens de renforcer la stabilité dans le nord-est de la Syrie alors que la région est ciblée par les drones tueurs turcs depuis plusieurs mois.

Abdi et la commandante des Unités de protection des femmes (YPJ), Newroz Ahmed, ont reçu une délégation américaine conduite par Ethan Goldrich, sous-secrétaire d’État adjoint aux Affaires du Proche-Orient.

La délégation comprenait Ian Moss, coordinateur adjoint pour la lutte contre l’extrémisme violent et les détentions terroristes au Bureau de la lutte contre le terrorisme ; Scott Turner, sous-secrétaire adjoint du Bureau de la population, des migrations et des réfugiés ; Ilan Goldenberg, sous-secrétaire adjoint principal à la Défense pour les affaires de sécurité internationale ; Ian McCary, ancien chargé d’affaires à la mission américaine en Afghanistan, ainsi que Jake Alter, directeur de pays pour la Syrie au bureau du sous-secrétaire à la défense pour la politique et le général de division Matthew W. McFarlane, commandant de la force opérationnelle interarmées combinée-opération Inherent Resolve (CJTF-OIR).

Une source a déclaré à North Press que la délégation américaine était en visite en Turquie avant de venir en Syrie.

S’adressant à Abdi, la délégation a souligné la nécessité pour les FDS de promouvoir la stabilité dans le nord-est de la Syrie, a indiqué la source.

Les deux parties ont convenu de la nécessité de sécuriser les prisons détenant des militants de l’Organisation de l’État islamique (DAECH/ISIS).

La délégation américaine a déclaré être en contact permanent avec les pays concernés pour rapatrier leurs ressortissants dans les camps al-Hol et Roj – qui abritent des milliers de familles de militants de l’EI.

Avant leur rencontre avec les FDS, la délégation américaine a rencontré Ilham Ahmed, présidente du Comité exécutif du Conseil démocratique syrien (SDC), et Badran Chia Kurd, coprésident du Département des relations extérieures de l’Administration autonome du Nord et Est de la Syrie (AANES), pour discuter de questions similaires.

North Press

Les rapporteurs de l’ONU demandent a la Turquie de libérer Şebnem Korur Fincancı

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Cinq rapporteurs spéciaux de l’ONU demandent à la Turquie de libérer immédiatement la présidente de l’Association médicale Şebnem Korur Fincancı et de ne pas utiliser les lois antiterroristes comme moyen d’intimidation. Şebnem Korur Fincancı avait appelé à l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation d’armes chimiques turques contre les combattants kurdes au Kurdistan irakien.

Des experts de l’ONU ont appelé aujourd’hui la Turquie à « cesser d’utiliser les lois antiterroristes pour intimider les défenseurs des droits humains et à libérer immédiatement Şebnem Korur Fincancı, récemment emprisonné, médecin légiste renommé et expert anti-torture ». Şebnem Korur Fincancı, présidente de l’Association médicale turque (TTB) a été arrêtée le 26 octobre dernier pour « propagande terroriste » car elle avait exigé une enquête sur l’utilisation d’armes chimiques contre les combattants du PKK, déclarant que les symptômes développés par deux combattants appuyaient les affirmations d’utilisation d’armes chimiques.

Les rapporteurs spéciaux de l’ONU

Les rapporteurs spéciaux ou experts de l’ONU travaillant pour la libération de Fincancı sont Alice Jill Edwards, rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme ; Fionnuala Ní Aoláin, Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection des droits de l’homme dans la lutte contre le terrorisme ; Tlaleng Mofokeng, Rapporteur spécial sur le droit de toute personne au meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint et Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures dites spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les Procédures spéciales, le plus grand organe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes d’enquête et de surveillance indépendants du Conseil, qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne sont pas des employés de l’ONU et ne reçoivent aucun salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et fonctionnent en leur propre capacité.

La CEDH demande à la Turquie de libérer les députés HDP

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A l’instar de sa décision concernant l’otage politique kurde, Selahattin Demirtaş, la CDEH a déclaré que la détention des députés du HDP en Turquie étaient motivées par des considérations politiques, ce qui viole l’article 18 de la CEDH.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la détention en Turquie de 13 députés du HDP élus en 2015 violait leur droit à la liberté d’expression; leur droit à la liberté et à la sécurité le droit à des élections libres, concluant que le but de leur détention était d’étouffer le libre débat.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a annoncé son arrêt concernant la détention de 13 députés du Parti démocratique des peuples (HDP).

Les députés ont été arrêtés injustement, leurs arrestations se sont poursuivies injustement et leur liberté d’expression et leur droit d’élire et d’être élu ont été violés, a déclaré le tribunal aujourd’hui.

À l’instar de la décision concernant l’ancien coprésident du HDP, Selahattin Demirtaş, le tribunal a conclu que les arrestations étaient motivées par des considérations politiques, ce qui violait l’article 18 de la CEDH.

La décision concerne les politiciens suivants : Figen Yüksekdağ, İdris Baluken, Besime Konca, Abdullah Zeydan, Nihat Akdoğan, Selma Irmak, Ferhat Encü, Gülser Yıldırım, Nursel Aydoğan, Çağlar Demirel, Ayhan Bilgen, Burcu Çelik et Leyla Birlik.

Tous les politiciens ont été élus lors des élections législatives de novembre 2015. Douze d’entre eux ont été arrêtés le 4 novembre 2016 et l’un en 2017.

Le HDP réitère la demande la libération de ses politiciens après l’arrêt de la CEDH

Le Parti démocratique des peuples a déclaré que la CEDH a une fois de plus condamné la Turquie pour avoir violé les droits des membres de son parti, réitérant son appel à la libération des politiciens emprisonnés.

ANF

En octobre, les gangs affiliés à la Turquie ont kidnappé 20 Kurdes à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Un responsable d’une ONG kurde a déclaré que 20 civils ont été enlevées par les mercenaires de la Turquie en octobre à Afrin et que le déploiement des terroristes d’al-Nosra (HTS) à Afrin était une farce.

Le porte-parole de l’ONG des droits humains d’Afrin, Îbrahim Şêxo a rendu compte des violations des droits à Afrin en octobre. Déclarant qu’après l’occupation d’Afrin en mars 2018, les forces paramilitaires liées à la Turquie ont commis toutes sortes de crimes inhumains contre les personnes, Şêxo a déclaré : « Ils kidnappent, font chanter et assassinent les gens. Ils détruisent la nature et abattent les arbres. Ils mettent en œuvre des politiques de changement de la structure démographique de la région à travers des structures sous le nom de charité. »

20 civils enlevés en octobre

Déclarant que 20 personnes, dont 2 femmes, ont été kidnappées sur des accusations infondées en octobre, Şêxo a déclaré: « Les services de renseignement et les mercenaires de l’État turc envahisseur ont kidnappé 20 autres personnes afin d’effrayer les gens et de leur soutirer une rançon. » Şêxo a déclaré que les forces paramilitaires turques avaient retenu les taxes sur la récolte des olives et confisqué les récoltes d’olives dans les districts de Raco et Bilbilê.

Şêxo a attiré l’attention sur la propagation des mercenaires Hayat Tehrîr Al-Sham (Front al-Nusra) à Afrin et l’a qualifiée de farce qui a eu lieu sur les ordres de la Turquie. Şêxo a attiré l’attention sur les crimes des mercenaires de Hayat Tehrîr Al-Sham et a déclaré : « Ils prélèvent des impôts sur la récolte des olives sous le nom de zakat. Ils prennent aussi des rançons et démolissent les tombeaux dans le canton. »

Déclarant qu’avec le début de la saison de récolte des olives, des groupes affiliés à la Turquie ont appliqué une réduction d’impôt de 40 à 65 %, il a déclaré : « Dans certains villages du district de Shera, les gens ne voulaient pas ramasser leurs olives, mais les gangs les ont forcés pour les collecter afin d’obtenir 65% d’impôt des récoltes. Les olives récoltées dans le village d’Elî Caro dans le district de Bilbilê ont été livrées aux mercenaires de Siqûr El Şemal. »

Il a ajouté que les taux d’imposition et la saisie des terres ont augmenté dans la région.

ANF

Préparation pour le 8ème Festival de la Culture et de l’Art du Rojava

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SYRIE / ROJAVA – L’Union des Intellectuels kurdes syriens se prépare pour le 8e Festival de la culture et de l’art du Rojava qui aura lieu du 11 au 25 novembre.

Des intellectuels et des artistes de différentes régions du Rojava participeront au 8e festival de la culture et de l’art du Rojava, organisé par l’Union des intellectuels du Kurdistan du Rojava, qui se tiendra au centre de l’Union du 11 au 25 novembre. L’année dernière, le festival a été annulé en raison de la pandémie de Covid-19.

Ehmed Huseynî, membre du comité directeur de l’Union intellectuelle du Rojava et responsable du comité des événements, a parlé à l’ANHA du 8e festival et a déclaré que le slogan, cette année, sera « Nous sommes ici de la dernière goutte d’encre à la dernière goutte de sang ».

Huseynî a déclaré que le premier festival a eu lieu à Wuppertal, en Allemagne, en 2014, et a ajouté : « Le festival a eu lieu en Europe chaque année jusqu’à ce que l’Union des intellectuels ouvre son siège dans le nord et l’est de la Syrie. Depuis lors, il se tient au Rojava. Il a d’abord eu lieu à Kobanê et plus tard à Qamishlo.

Le travail culturel s’est poursuivi au fil des ans

Faisant référence à l’importance du festival de cette année, Huseynî a déclaré : « Malgré les conditions difficiles dans la région, nous continuons à prouver au monde que nous pouvons créer de belles choses, que ce soit de la poésie, des histoires, des films ou des nouvelles, que nous sommes créatifs.

Le festival rapproche le peuple kurde de sa culture, de ses croyances et de ses traditions, explique sa douleur et ses difficultés, et représente ainsi l’esprit d’unité sur le territoire où il vit. »

Huseynî dit qu’il s’attendait à ce que de nombreux écrivains, intellectuels et artistes de toutes les régions du nord et de l’est de la Syrie assistent au festival. « Cela faisait partie de notre plan d’inclure également des écrivains kurdes du Bashur [Kurdistan iranien]. Cependant, la situation et les frontières du Bashur sont un obstacle à cela. »

Programme des événements

Huseynî a déclaré qu’il y aura des soirées où la poésie, l’histoire, le théâtre et les films kurdes seront projetés. Il a ajouté que 25 courts métrages seront présentés et que des séminaires devraient être organisés pendant le festival.

ANF

Khodanur Lajai, l’histoire d’un « Homo Sacer » baloutche au pays des mollahs sanguinaires

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Le 2 octobre 2022, un jeune Baloutche nommé Khodanur Lajai fut blessé grièvement lors des manifestations anti-régime à Zahedan, capitale du Sistan-Baloutchistan. Il est mort plus tard car l’hôpital du régime iranien lui a refusé des soins. Quelques temps avant, il avait été arrêté et torturé et attaché à un mat du drapeau iranien pendant toute une nuit par la police iranienne pour un dispute avec un fils d’un membre des paramilitaires Basiji. Son histoire mérite d’être racontée.

Khodanur Lajai, un combattant à la croisée des discriminations et des inégalités de classe

L’agonie de Khodanur Lajai ataché à un mat par des membres de BASIJ

Qu’est-il arrivé à Khodanur ? Quelle est l’histoire de cette photo ? Comment a-t-il été tué ?

« Il y a des non-citoyens qui n’ont ni papiers d’identité ni biens, mais qui sont prêts à travailler pour construire un monde meilleur. »

Khodanur Lajaei, un beau jeune baloutche de Shirabad, Zahedan, était l’une de ces personnes qui a été tuée dans un conflit armé avec des agents militaires un jour après le vendredi sanglant [30 septembre 2022] à Zahedan. Khodanour et sa famille n’avaient pas d’acte de naissance ni de papiers d’identité. Une photo de lui a été publiée sur Internet, le montrant les mains menottées à un mât. La publication de ses photos a inspiré la production d’œuvres artistiques, et son image est gravée dans la mémoire collective des forces révolutionnaires.

Khoudanoor était Baloutche. Il vivait dans le quartier de Shirabad à Zahedan, il vivait à la périphérie, il n’avait pas de papiers d’identité, il était de religion sunnite, il n’avait pas de formation universitaire. Cela faisait de lui un non-citoyen. Semblable à ce que le philosophe italien Giorgio Agamben appelle un « Homo sacer » [en droit romain, une personne qu’on peut tuer sans commettre d’homicide]. Auparavant, la police avait arrêté Khodanour, lui avait attaché la main au mât du drapeau, ils avaient pris sa photo et l’avaient donnée à sa famille.

Salahuddin Ahmed, l’auteur du livre « L’espoir révolutionnaire après le néant » souligne que dans un monde sans espoir, les gens recherchent le bonheur dans des divertissements sans fin et continus. Bien que ce mode de vie recherche le bonheur, il conduit à la dépression. Il ajoute : « L’homme est un être social et ne peut atteindre le bonheur individuellement. Une personne socialement aliénée ne peut pas être satisfaite de la version heureuse du système social existant. »

Il poursuit en disant que la seule issue est de s’inspirer de ceux qui espèrent résister. Ceux qui n’ont peut-être pas de certificat de naissance, de passeport, de maison ou de voiture de luxe, mais qui ont le rire et l’amitié et qui ont fait de la construction d’un autre monde leur routine quotidienne.

Khodanour avait une tribune et un public au comble de la privation. Il était un « influenceur » et avait un large public sur Instagram. Il s’amusait avec ses amis dans des environnements complètement masculins, dansant et chantant et partageant des photos de sa vie quotidienne.

Qu’est-il arrivé à Khodanur?

(L’un des proches de Khodanur raconte) – Cette photo publiée le montrant menotté est ancienne. Khodanur s’est disputé avec le fils d’un Basiji. Cette famille a pu obtenir un mandat d’arrêt pour l’arrêter en raison de leur lien avec le régime. Ils le harcèlent par des policiers puis publient eux-mêmes sa photo menottée pour l’humilier.

– Pourquoi ont-ils arrêté Khudanoor ?

– Khodanur a eu une petite bagarre avec le fils d’un commandant Basij. Une personne qui est un grand informateur, c’est-à-dire quelqu’un qui a vendu sa nation et sa religion au régime, se plaignait de Khudanoor, quand il a été attrapé, il a [payé] les agents d’environ 30 millions de tomans pour le battre, prendre sa photo, puis nous avons donné près de 100 millions aux agents qui ont arrêté de le battre et l’ont envoyé devant le juge pour qu’il aille en prison. Au bout d’un mois, nous l’avons finalement libéré. (…)

– Ont-ils pris une photo de lui la première nuit de son arrestation ?

−Oui, mon Dieu, ils ont éteint la lumière de deux heures du soir à sept heures du matin et l’ont battu attaché au mât. Khodanour avait demandé de l’eau et l’officier avait apporté un verre d’eau et l’avait placé à distance afin qu’il puisse voir l’eau mais ne pouvait pas la prendre.

 

Photo prise par les policiers iraniens au moment de l’arrestation de Khodanur Lajai qui sera ensuite frappé et attaché à un mat pendant toute une nuit

– Comment avez-vous libéré Khudanoor ?

– Les agents nous ont demandé 100 millions. Nous sommes tous des travailleurs et nous avons pu obtenir cent millions avec difficulté.

– Que savez-vous de la famille Khodanour ?

– Khudanoor avait une vieille mère et cette mère ne connaissait personne d’autre que lui. Bien sûr, il y a aussi son frère, il est ouvrier et souffre d’asthme. Khodanour était très bon enfant et les habitants de la ville l’aimaient beaucoup.

– Comment Khodanour a-t-il été tué ?

Un jour après le vendredi sanglant [30 septembre 2022] où les fidèles ont été tués, Khodanour a eu une bagarre avec les agents. Khodanur avait été abattu d’une balle. Les gens l’ont emmené à l’hôpital de la sécurité sociale. La balle l’a touché près de la moelle épinière, il était vivant à l’hôpital, tout ce qu’on craignait c’était qu’il soit paralysé, car ses jambes étaient engourdies. Les médecins ont dit qu’il n’était pas nécessaire de l’opérer (…). L’hôpital de la sécurité sociale de Zahedan relève de la branche de l’IRGC. (…) [Le jeune homme a été abandonné à la mort par les responsables de l’hôpital.]

Khodanur Lajai avait connu diverses oppressions au cours de sa courte vie. De l’oppression ethnique due au fait d’être baloutche, sunnite, marginalisé, de ne pas avoir d’acte de naissance, de ne pas avoir de capital matériel. Ces choses ont rendu sa vie difficile et courte. La seule lueur d’espoir est que le Khodanour marginalisé est entré dans l’imaginaire épris de liberté d’une partie de la société et son nom est mentionné à côté des noms de Jina Mahsa Amini, une Kurde, Nika Shakermi [de l’ethnie Lore ?], Sarina Esmailzadeh, Mehrshad Shahidi et Hadis Najafi [quelques-uns des jeunes tués par les sbires des mollahs iraniens depuis septembre 2022.]

Version originale en persan à lire sur me site Radio Zamaneh: خدانور لجعی، مبارزی ایستاده در نقطه تقاطع تبعیض و نابرابری طبقاتی

 

« Jin, Jiyan, Azadî » est une philosophie et créera le confédéralisme mondial des femmes

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« C’est juste avant l’aube que la nuit est le plus sombre », déclare une responsable du groupe armé féminin kurde PAJK, appelant à intensifier la lutte pour jeter le fascisme « à la poubelle de l’histoire ».

Dans un communiqué publié par le Parti des Femmes Libres du Kurdistan (Partiya Azadiya Jin a Kurdistan – PAJK*) sur la situation actuelle socio-politique en Iran et dans tout le Moyen-Orient, Ayten Dersim de la coordination du PAJK, appelle à l’intensification de la lutte pour la liberté, déclarant : « Compte tenu de la phase actuelle et du fait que la l’aube est plus proche que jamais, plus de lutte et de sacrifice sont également nécessaires. »

Voici le communiqué du PAJK:

« Une histoire millénaire est derrière nous

L’histoire des peuples est aussi réécrite et appropriée dans l’intérêt des dirigeants. (…) Mais il y a une histoire millénaire qui l’a précédé.

« L’histoire n’est pas seulement écrite, elle est vivante »

Rêber Apo [Abdullah Öcalan] a dit : « J’écris l’histoire non écrite, c’est l’histoire des peuples et des femmes ». Maintenant, nous luttons pour retourner dans notre passé et déterrer ce qui devrait rester caché, écrire ce qui n’a pas été écrit, afin de gagner la liberté que nous méritons et de réécrire l’histoire. Comme je l’ai mentionné au début, cette lutte n’a jamais cessé; il y a toujours eu une marche ininterrompue pour la liberté des femmes et des peuples. Mais la faiblesse de l’organisation, la faiblesse du leadership et, surtout, la faiblesse de ne pas considérer suffisamment notre propre histoire non écrite dans une perspective holistique basée sur le nouveau paradigme apoiste [confédéralisme démocratique, également connu sous le nom de communalisme kurde ou apoïsme du surnom de son fondateur Abdullah Ocalan] peuvent jouer un rôle retardateur et distrayant pour nous conduire au résultat. Bien sûr, de nombreuses autres raisons peuvent être invoquées. Mais en tant que mouvement de liberté et de femmes, nous sommes les défenseurs de la grande histoire de la liberté, l’histoire de la résistance ; nous revendiquons l’héritage de toutes les résistances et luttes pour la liberté. Nous portons cet héritage non écrit dans le présent et dans le futur. L’histoire n’est pas seulement écrite, elle est vivante, elle se vit, elle est aujourd’hui.

« Il s’agit de résistance et de victoire »

En tant que mouvement de liberté, nous avons fait d’énormes progrès et traversé des carrefours très difficiles dans notre voyage révolutionnaire qui dure depuis 50 ans, mais aujourd’hui, comme par le passé, il s’agit de résistance et de victoire. (…)

Cette lutte est la lutte pour l’existence des peuples niés et ignorés, c’est la lutte des femmes. Au cours de notre demi-siècle de lutte, l’histoire a été témoin de milliers de résistances épiques et de grands sacrifices. Les pionniers de cette lutte pour la liberté étaient clairs sur leurs idéaux et leurs objectifs. Ils étaient conscients qu’ils paieraient un lourd tribut s’ils entreprenaient de sensibiliser et de répandre la confiance en soi. Au début, ils disaient : « Ce peuple existe et existera. Marcher sur le chemin de cette vérité signifie déjà dignité et liberté. Ils savaient qu’être des combattants de la liberté signifie affronter toutes les difficultés, surmonter les obstacles et aiguiser sa conviction comme un couteau aiguisé à chaque occasion. Cette maxime est la philosophie de vie enseignée par Rêber Apo de ce mouvement. C’est un mouvement qui est l’espoir des femmes et des peuples depuis un demi-siècle.

« Nous sommes les enfants du feu et du soleil »

Nous sommes les enfants du feu et du soleil. Tous nos saints viennent du feu et du soleil, et ce sont eux qui nous relient à l’amour sacré de la liberté. Nous avons imposé notre survie au Moyen-Orient et au Kurdistan avec nos saints du passé, et notre lutte ne s’arrêtera pas tant que nous ne reprendrons pas notre existence volée par les dieux masqués d’aujourd’hui. (…) Ce que nous avons réalisé sera un miroir de ce que nous réaliserons, et ceux qui sont conscients savent qu’en tant que guérilleros de la liberté, nous sommes parmi ceux qui tuent la mort par leur abnégation, qui créent une perspective sur la façon de vivre et de se battre et comment suivre les traces des camarades (…) »

« Sara et Rûken ont montré la réalité des femmes libres »

Dans la dialectique du mouvement de libération, nos camarades nous montrent notre volonté et notre perspective de résistance à chaque phase de leurs actions. Avec cette volonté, nos compagnes Sara [Sakine Cansiz, cofondatrice du PKK tuée à Paris le 9 janvier 2013 par un agent turc] et Rûken [Emel Feremez Hisên, alias Rûken ZELAL qui a participé à l’attaque armée d’un foyer de policier turc dans la province de Mersin le 26 septembre 2022], pleines d’amour pour l’humanité, sont devenues des pionnières qui ont écrit l’histoire de la liberté. A Mersin, où l’ennemi ne les aurait jamais attendues, elles ont montré par leur action la réalité des femmes éduquées par la philosophie de la liberté.

Il est nécessaire de comprendre l’action et le parcours de nos camarades Sara et Rûken et l’héritage qu’elles ont laissé derrière elles. Ces camarades ont montré une fois de plus la réalité du mouvement des femmes libres, la plénitude de l’action des femmes qui se sont donné un sens, et ont porté un coup à la politique guerrière particulière de l’ennemi.

À travers Sara et Rûken, nous avons vu une fois de plus que notre histoire de liberté, nos racines et notre histoire de lutte nous ont soutenus pendant des millénaires et nous mèneront au succès avec la bonne mentalité et l’action.

Nos camarades Rûken et Sara sont issues des valeurs créées par le mouvement des femmes libres. Une armée de femmes a été fondée et un parti de femmes a été développé il y a 30 ans. Leur paradigme et leur perspective sur la vie ont fait de grands pas en avant et ont créé la liberté et la socialité.

« Construire le confédéralisme mondial des femmes »

Aujourd’hui, le slogan « Jin Jiyan Azadî » [Femme, Vie, Liberté], crié au Rojhilat (Kurdistan oriental) et répandu dans tout l’Iran, est une philosophie qui est une seconde nature pour libérer les femmes prêtes à sacrifier leur vie dans afin de ne pas reculer devant leur rôle de leader. Vague après vague, cette philosophie deviendra l’utopie de la liberté des femmes à travers le monde et créera le confédéralisme mondial des femmes.

Il y a un dicton : « Quand la nuit est la plus profonde, le jour est le plus proche. » Compte tenu du processus que nous traversons, l’aube est maintenant plus proche de nous et plus d’efforts et de sacrifices sont nécessaires. Notre objectif intellectuel et opérationnel le plus important doit être de lutter pour la liberté physique de Rêber Apo et de s’unir autour de la guérilla. Nous appelons à renforcer les rangs de la lutte et à jeter le fascisme ensemble à la poubelle de l’histoire. »

ANF

*Bien que le PAJK se présente comme un parti autonome, il est souvent désigné comme la branche féminine du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).