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TURQUIE. Décès d’un député du DEM Parti

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TURQUIE – Député du DEM Parti et membre de la délégation d’Imrali, Sırrı Süreyya Önder est décédé après 18 jours passés aux soins intensifs.
 
Sırrı Süreyya Önder, vice-président du Parlement et membre de la délégation d’Imralı du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), a été hospitalisée dans la nuit du 15 avril à la suite d’un arrêt cardiaque.
 
Sırrı Süreyya Önder, 62 ans, a perdu la vie cet après-midi en raison d’une rupture de l’aorte. au 18e jour de son hospitalisations aux soins intensifs à l’hôpital Florence Nightingale d’Istanbul.
 
Figure politique influente de la gauche kurde en Turquie, Sırrı Süreyya Önder était engagé en faveur du dialogue turco-kurde et participait activement aux pourparlers de paix entre le pouvoir turc et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

La liberté de la presse en Turquie toujours fortement attaquée

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TURQUIE / KURDISTAN – La répression, la censure et les arrestations de professionnels des médias continuent de s’intensifier en Turquie. Rien qu’en avril, huit journalistes ont été emprisonnés, portant à 36 le nombre total de professionnels des médias actuellement incarcérés dans les prisons turques.

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, l’Association kurdes des journalistes Dicle-Fırat (DFG), basée à Amed (Diyarbakır), a présenté son rapport mensuel sur les violations de la liberté de la presse commises en avril. Les conclusions montrent que les professionnels des médias en Turquie continuent d’être confrontés à l’emprisonnement, à la censure et aux poursuites pénales.

« Sans une presse libre, il ne peut y avoir de société libre et démocratique », indique le rapport du DFG, qui souligne comment la pression sur les professionnels des médias a continué d’augmenter de façon spectaculaire, des perquisitions et des accusations aux nouvelles arrestations.

36 journalistes toujours en prison

Selon la DFG, huit journalistes ont été emprisonnés rien qu’en avril, portant à 36 le nombre total de professionnels des médias actuellement incarcérés dans les prisons turques. De plus, le travail journalistique a été soumis à des menaces, des agressions et des restrictions sur le terrain : un journaliste a été agressé et un autre menacé par la police. Une journaliste a été délibérément empêchée de couvrir les événements, et une journaliste détenue a signalé des violations de ses droits.

Les poursuites pénales demeurent également un outil essentiel d’intimidation. En avril, 47 journalistes ont été poursuivis dans 28 affaires différentes. Six d’entre eux ont été condamnés à un total de neuf ans et demi de prison. De nouvelles enquêtes ont été ouvertes contre cinq professionnels des médias et des accusations ont été portées contre 13 autres.

Les critiques internationales s’intensifient, mais la répression continue

Dans le dernier classement mondial de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse, la Turquie se classe 159e sur 180 pays, dans la catégorie « très grave ». L’évolution de la situation en 2025 confirme ce constat. Selon DFG, 65 journalistes ont été arrêtés depuis le début de l’année, dont 25 sont toujours en détention.

Un jugement particulièrement controversé a été rendu en avril contre le journaliste suédois Joakim Medin, condamné à onze mois de prison avec sursis pour insulte au président. La DFG considère cette décision comme une attaque ciblée contre les correspondants étrangers et l’expression d’une stratégie judiciaire répressive : « Pénaliser le journalisme est en soi un crime. » Medin fait également l’objet d’un second procès, où il est accusé d’appartenance à une organisation terroriste.

Censure sur les réseaux sociaux et en ligne

Parallèlement à la répression dans la rue et devant les tribunaux, la censure numérique continue de se développer. Selon la DFG, 171 comptes de réseaux sociaux ont été bloqués et six contenus journalistiques ont été interdits en avril. L’association critique particulièrement le rôle croissant des plateformes internationales telles que X (anciennement Twitter) et, plus récemment, Bluesky, qui coopèrent de plus en plus avec les autorités turques.

En outre, sept sites Internet ont été bloqués le mois dernier, ce qui constitue une nouvelle attaque contre la liberté d’expression numérique.

Demande du 3 mai : la liberté de la presse est une condition préalable fondamentale à la démocratie

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la DFG a appelé les autorités turques à libérer immédiatement tous les journalistes emprisonnés. « Le journalisme n’est pas un crime, la persécution l’est. Une société démocratique sans médias libres est inconcevable – et la Turquie s’oriente de plus en plus dans la direction opposée », conclut la DFG. (ANF)

TURQUIE. Les mères du Samedi demandent justice pour Hüsamettin Yaman et Mehmet Soner Gül

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TURQUIE – Aujourd’hui, lors de leur 1047e veillée sur la place Galatasaray, les mères du Samedi ont demandé justice pour Hüsamettin Yaman et Mehmet Soner Gül, portés disparus après avoir été arrêtés par la police turque en mai 1992.

Hüsamettin Yaman, 22 ans, était étudiant à l’école professionnelle des sciences techniques de l’université d’Istanbul. Il a été arrêté pour avoir porté une banderole et a été libéré le 6 septembre 1990, après avoir passé environ 15 jours en prison.

Mehmet Soner Gül, 21 ans, était étudiant à la faculté de médecine de Cerrahpaşa et également membre de l’association étudiante. Pour cette raison, il a été arrêté, soumis à de graves tortures et menacé de mort. Selon le ministère de l’Intérieur, il était recherché car son nom avait été mentionné lors de l’interrogatoire d’une personne capturée à Malatya le 10 mars 1991.

L’avocate et défenseur des droits humains, Eren Keskin a lu le communiqué de presse des Mères de Samedi. Avant la déclaration, les interdictions de la place Taksim du 1er mai ont également été mentionnées. Le gouvernement a été interpellé par les déclarations suivantes : « Vos interdictions de manifestations pacifiques sont dénuées de fondement juridique. Ces interdictions sont contraires à la Constitution et à la Convention européenne des droits de l’homme. Entraver ceux qui souhaitent exercer leurs droits constitutionnels est illégitime, tant sur le plan juridique que moral. La fermeture des espaces publics doit cesser immédiatement . »

 

Depuis près de 30 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
 
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
 
Les « mères du samedi » reproche à l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
 
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.

 

Boussole anti-kurde de la politique étrangère turque

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BRUXELLES – La porte-parole des affaires étrangères du Congrès national du Kurdistan (KNK), Nilüfer Koç a été interviewée par l’agence kurde ANF au sujet du débat sur une résolution pacifique de la question kurde en Turquie, ainsi qu’au sujet de l’hostilité turque envers les acquis des Kurdes syriens…

 

Voici l’interview d’ANF:

Nilüfer Koç, porte-parole des affaires étrangères du Congrès national du Kurdistan (KNK), a déclaré que même si deux mois se sont écoulés depuis l’appel d’Abdullah Öcalan, l’État turc continue de gagner du temps et n’a pris aucune mesure visible ou concrète vers une solution.

Le débat sur une résolution politique et un dialogue, suscité par l’appel de M. Öcalan du 27 février, est toujours en cours. Cependant, la situation d’Öcalan, pourtant espérée par beaucoup après cet appel, n’a pas évolué. Dans une récente déclaration à l’occasion du 1er mai, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a réitéré son attente d’une amélioration de la situation d’Abdullah Öcalan et a souligné qu’il devait être en mesure de diriger directement le prochain congrès. Nilüfer Koç s’est entretenue avec l’ANF à ce sujet.

Malgré l’appel d’Abdullah Öcalan, les conditions identifiées comme la première étape n’ont pas évolué. Comment interpréter cela à la lumière de la récente déclaration du PKK ?

L’appel de M. Öcalan a provoqué des changements significatifs au cours des deux derniers mois. Il a non seulement lancé un débat public sérieux, mais a également suscité un fort sentiment d’espoir dans toutes les couches de la société. Par son appel, M. Öcalan a mis en place une stratégie qui a impliqué tous les acteurs du processus, tant au Kurdistan qu’au sein de l’opposition turque. Nous sortons maintenant de deux mois intenses. Tout en s’efforçant de trouver un terrain d’entente avec le gouvernement, Öcalan a également pris des mesures pour inclure l’opposition. Avant même d’espérer des mesures concrètes, il a envoyé des lettres à toutes les composantes kurdes, et des négociations politiques avec les partis kurdes ont été engagées. Ce faisant, nous sommes entrés dans une zone grise politique, un glissement d’une polarisation rigide. Ceci marque une nouvelle phase de transition, une voie que l’on peut définir comme une voie non violente vers une résolution. La transformation de cette période de transition en la paix tant espérée par la population dépend de la dernière déclaration du PKK. Le rôle de M. Öcalan sera crucial pour transformer cette phase en une phase de démocratie plus profonde. La seule façon de sortir de cette zone grise est d’obtenir la liberté de s’exprimer plus activement et de communiquer directement avec son mouvement. Son appel « Paix et société démocratique » est plus qu’un appel ; c’est un projet politique. Il propose une feuille de route pour accélérer le démantèlement d’une politique d’État fondée sur le génocide et le déni depuis plus d’un siècle. Pour mener ce processus, M. Öcalan doit se voir confier un rôle, ce qui nécessite un changement fondamental de sa situation.

Comment évaluez-vous la position de l’État sur la modification de ces conditions ?

L’État joue clairement la montre. Deux mois se sont écoulés, et pourtant, aucune mesure tangible ou visible n’a été prise. Et ce, malgré le fait que l’appel du 27 février ait facilité la tâche de l’État. Comparée aux négociations précédentes, une approche très différente a été proposée. Cette approche a allégé le fardeau de l’État, car la partie kurde a déclaré son soutien à la proposition d’Abdullah Öcalan. La population a manifesté son soutien sur les places du Newroz, et le PKK a répondu par un cessez-le-feu. La partie kurde est claire sur ce point. Aussi claire que M. Öcalan lui-même. Le véritable problème réside dans le fait que l’État n’a pas fait un seul pas ces deux derniers mois. De plus, certaines factions en son sein refusent la fin de cette guerre. La guerre n’a pas cessé et l’utilisation d’armes chimiques continue d’être signalée. Parallèlement, des acteurs qui pourraient jouer un rôle essentiel dans la construction d’une société démocratique sont arrêtés. La répression contre l’opposition et les forces révolutionnaires s’intensifie en Turquie. C’est là l’aspect le plus dangereux de la situation.

Cela indique-t-il un conflit au sein de l’État ?

Il est clair que l’État ne s’est pas engagé volontairement dans ce processus. C’est une évidence. Le moteur interne a été l’immense résistance du Mouvement de libération kurde. Ces dix dernières années, une résistance vigoureuse et soutenue s’est manifestée, tant sur le front de la guérilla que dans la population et au sein de la sphère politique. Cela a exercé une forte pression sur l’État. De plus, dans d’autres régions du Kurdistan, comme le Rojava et l’Irak, la position des Kurdes s’est renforcée. Cela a transformé la position globale des Kurdes dans la région. Depuis la révolution du Rojava, les Kurdes sont apparus dans la diplomatie internationale comme des interlocuteurs cohérents, crédibles et légitimes. Cela a permis au peuple kurde de réaliser des avancées significatives et de s’imposer comme un acteur politique au Moyen-Orient. Pour l’État turc, cela est devenu une source de pression croissante sur sa politique étrangère.

Les changements régionaux ont-ils également suscité des inquiétudes au sein de l’État turc ?

Bien sûr, des évolutions régionales et mondiales sont en jeu. L’évolution rapide de la situation en Syrie, l’effondrement du régime Baas en seulement huit jours, ont créé une pression énorme. En réponse, l’État turc a tenté de maintenir sa position, non pas en abandonnant sa position anti-kurde, mais en s’orientant vers des alliances kurdes comme tactique de survie. L’État turc se trouve dans une position fragile et risquée. Plutôt que d’adopter une solution politique globale, certaines factions continuent de bombarder les zones de défense de Medya, utilisant même des armes chimiques. Parallèlement, elles ciblent les forces démocratiques, les mouvements révolutionnaires et même des municipalités d’Istanbul. Leur objectif semble être d’éliminer les acteurs susceptibles de représenter la société démocratique en Turquie. Certains qualifient cela de politique de la carotte et du bâton, mais je pense qu’il s’agit plutôt d’une certaine faction, aussi petite soit-elle, qui refuse encore de se laisser convaincre et croit pouvoir obtenir des résultats par la violence. Si ce recours à la violence devient la politique dominante de l’État, le coût sera immense. Même Devlet Bahçeli, président du Parti d’action nationaliste (MHP), insiste sur ce point. Il estime que sans une stratégie politique adaptée, l’État pourrait être confronté à de graves difficultés. De toute évidence, certains, au sein de l’État, refusent de l’admettre. Je pense que ce groupe reste minoritaire. Pour moi, le plus important après l’appel du 27 février, c’est que l’ensemble de l’opposition turque adhère à l’initiative de M. Öcalan. C’est pourquoi j’ai qualifié plus tôt cette période de « phase de transition » ou de « zone grise ». Nous y sommes parvenus. Et c’est en soi une formidable réussite.

Après l’appel du 27 février, des déclarations positives ont été faites par les puissances internationales, mais aucune mesure concrète n’a été prise. Participez-vous à des efforts internationaux à cet égard ?

Au niveau international, les mesures prises par les Kurdes sous la direction d’Abdullah Öcalan sont considérées comme raisonnables. À tout le moins, ce processus offre la possibilité de libérer la Turquie de sa politique étrangère agressive, qui a longtemps exercé des pressions sur les puissances occidentales et contribué aux migrations forcées. Ce que propose M. Öcalan est également un projet susceptible de contribuer à résoudre la crise migratoire. L’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et même les États-Unis sont confrontés à ce problème. C’était l’un des premiers sujets abordés par Donald Trump lors de son arrivée au pouvoir. L’initiative de M. Öcalan offre une voie pour y parvenir. Parallèlement, la politique étrangère expansionniste de la Turquie s’appuie sur certains outils, au premier rang desquels l’instrumentalisation de l’islam. Ces politiques ont fragmenté la société, radicalisé certains segments et les ont poussés à l’agression. Cette dynamique doit changer et changera. Une guerre fait rage au Moyen-Orient depuis 35 ans, et la Turquie a contribué à jeter de l’huile sur le feu. De ce fait, la Turquie est un État de plus en plus critiqué sur la scène internationale.

Au vu de tous ces facteurs, l’appel de M. Öcalan a été accueilli favorablement. Par cette initiative, il a démontré qu’une voie alternative était possible et a lui-même fait le premier pas. M. Öcalan défend fermement une solution non violente. Son appel continue de susciter l’intérêt, notamment parmi les acteurs étatiques. Cependant, je dois dire que l’État turc ne semble pas disposé à se laisser convaincre. Son ministère des Affaires étrangères continue de structurer ses efforts diplomatiques autour de l’hostilité anti-kurde. Même si Devlet Bahçeli ou le président Erdoğan évoquent une alliance turco-kurde, leur politique étrangère continue d’encourager l’hostilité, et non la fraternité. L’objectif est ici d’étouffer l’atmosphère d’espoir née de l’initiative du 27 février. Mais je ne crois pas que cette stratégie réussira. Tous les habitants de la région aspirent désormais à la stabilité, du moins dans une certaine mesure.

Avez-vous actuellement des contacts avec des puissances internationales dans ce contexte ?

De nombreux États envoient des délégations au Rojava et au Kurdistan du Nord. Je pense que ces États commencent à réévaluer leur approche de la question kurde et du peuple kurde, en particulier leur position à l’égard du PKK et de M. Öcalan. Jusqu’à présent, les concessions accordées à la Turquie par son adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont toujours été fondées sur des politiques anti-kurdes. Cela doit changer. Un changement de positionnement est nécessaire. Il semble que certains États commencent à le reconnaître. Ils sont actuellement dans une phase d’observation et d’évaluation, cherchant à mieux comprendre la situation.

Que fera la diplomatie kurde à ce stade ?

Il est crucial d’expliquer que la politique étrangère actuelle du ministère turc des Affaires étrangères est en contradiction avec le discours politique national. Le langage utilisé par Devlet Bahçeli et Recep Tayyip Erdoğan diffère sensiblement des messages véhiculés par la politique étrangère turque. Je ne crois pas que cette approche de politique étrangère produira des résultats significatifs. Partout où les Kurdes construisent un système, cela ne nuit aux intérêts de personne. Au contraire, les Kurdes font preuve d’une approche hautement démocratique et axée sur le consensus. Je crois que cette approche est à la fois bien mise en œuvre et de plus en plus visible. Les treize dernières années d’expérience au Rojava, ainsi que le soutien apporté par le peuple kurde du Kurdistan du Nord à l’opposition par le biais d’élections fondées sur des principes démocratiques, montrent qu’il existe une lutte déterminée pour la démocratisation de la Turquie.

Cette situation permet aux Kurdes d’agir comme agents politiques et diplomatiques. Cependant, convaincre les États nécessite plus que quelques rapports des ministères des Affaires étrangères ou des ambassades. Les États fonctionnent selon des traditions institutionnelles profondément ancrées. La politique étrangère n’est pas uniquement façonnée par les ministères des Affaires étrangères. Nous avons désormais atteint ce niveau d’engagement, ce qui constitue une avancée significative. Par exemple, la récente déclaration de l’Allemagne a été la plus avancée de toutes. Les Kurdes ont salué la déclaration d’Abdullah Öcalan et se sont déclarés prêts à soutenir le processus. Si elle se concrétise, cela marquerait une rupture avec une tradition vieille de 300 ans dans les relations germano-turques. Changer une tradition aussi ancienne ne se fera pas du jour au lendemain, mais nous disposons des infrastructures et des capacités nécessaires pour mobiliser ces États et œuvrer en ce sens.

Avec la déclaration du 27 février, une nouvelle voie s’ouvre pour ces pays : ils considèrent les Kurdes comme des partenaires et des amis. Certaines puissances observent la situation de très près. L’une de leurs principales questions est : « Pourrions-nous également participer à ce processus de résolution ? »

Une autre question fréquente concerne la présence d’un garant du processus. M. Öcalan assume désormais lui-même ce rôle. Il s’agit d’une nouveauté dans le contexte de la résolution des conflits et des négociations depuis la Guerre froide. M. Öcalan a introduit un modèle très différent. Certains observateurs s’étonnent et se demandent : « Comment l’étape finale des négociations, le désarmement, peut-elle être présentée comme la première proposition ? » Ce faisant, M. Öcalan a pris tout le monde de court. Les acteurs internationaux tentent encore de saisir la profondeur de cette approche. Notre responsabilité est de l’expliquer. En réalité, le cadre diplomatique défini par M. Öcalan en 2009 peut être décrit comme une « feuille de route » pour la diplomatie kurde. La tradition diplomatique kurde de négociation est en elle-même entièrement nouvelle. Ceux qui liront cette feuille de route comprendront mieux ce processus.

La campagne « Liberté pour Abdullah Öcalan, solution à la question kurde », qui dure depuis plus de deux ans, a produit des résultats significatifs. Elle a créé une dynamique forte qui a mené le processus à son point actuel. Quelles mesures comptez-vous prendre pour accroître le soutien public international ?

À ce stade de transition, pour que le processus évolue véritablement vers la voie démocratique souhaitée, M. Öcalan doit être libéré de la prison d’Imralı. Tant qu’il y restera, toute communication restera sous le contrôle de l’État. Cela signifie que tout contact n’aura lieu que lorsque l’État le permettra. Comme ils le font depuis 26 ans, ils coupent tout dialogue dès qu’ils le souhaitent. La libération de M. Öcalan et sa possibilité de participer activement et de s’exprimer directement dans le processus marqueraient un changement fondamental. Sinon, nous risquons de revenir au passé. Cette phase de transition est cruciale. Öcalan en est la clé, mais chacun doit se considérer comme un acteur de ce processus et y prendre part. Plus nous bâtirons d’alliances en Turquie, entre les travailleurs, les Kurdes, les Alaouites, les femmes, les jeunes et tous les segments de la société démocratique dont parle M. Öcalan, meilleur sera le résultat.

Il en va de même pour les Kurdes d’Europe. Des millions de Turcs vivent à l’étranger. Parallèlement, une certaine branche de l’État maintient une approche problématique, notamment en politique étrangère, qui menace de faire dérailler le processus. La diplomatie kurde peut y remédier en Europe. La Turquie est membre du Conseil de l’Europe, de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de nombreuses autres organisations internationales. Je suis convaincu qu’en nous mobilisant davantage dans tous ces domaines, nous pourrons prévenir les dommages causés par la politique étrangère actuelle de l’État.

D’autre part, la Turquie a signé de nombreux accords internationaux. L’année dernière, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a pris une décision qui doit être rapidement mise en œuvre par la Turquie. Nous devons faire pression sur le Conseil de l’Europe pour qu’il joue un rôle plus actif dans l’application de cette décision. Par exemple, nous devons émettre de sérieuses critiques concernant l’absence de visite du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) à Imralı. La situation actuelle exige un ton constructif et positif. Lors de son appel du 27 février, M. Öcalan a donné exactement ce ton. Il a démontré sa bonne volonté. Forte de cette bonne volonté, la diplomatie doit être encourageante et rappeler le rôle qu’elle peut jouer. Du côté kurde, la situation est favorable. Il nous reste à intensifier notre action, en particulier ceux d’entre nous qui vivent à l’étranger. (ANF)

 

TURQUIE. Emprisonnement d’un ancien otage kurde de 65 ans

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TURQUIE / KURDISTAN – L’ancien otage kurde de 65 ans, Nimet Değiş avait été libéré après 31 ans passés derrière les barreaux. Il a été renvoyé en prison car il aurait été condamné à une peine de prison de 9 mois.
 
Le prisonnier malade Nimet Değiş, libéré de la prison de type S de Kırşehir après 30 ans et 8 mois le 11 mars 2023, a été ramenée en prison au motif qu’il avait été condamné à une peine de prison de 9 mois. Selon les informations de l’agence Welat, Değiş et plusieurs de ses amis ont été condamnés à 9 mois de prison pour avoir prétendument endommagé la caméra donnant sur la cour où ils étaient détenus et pour « dommages à des biens publics ». Après que la sentence ait été confirmée, Değiş a été de nouveau arrêté.
 
Değiş, qui souffre de nombreuses maladies graves, a été emmené à la prison de Diyarbakır. (Mezopotamya)

Liberté de la presse. Impunité pour les crimes turcs ciblant les journalistes

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SYRIE / ROJAVA – Le 3 mai, le monde célèbre la Journée mondiale de la liberté de la presse, un événement qui souligne le rôle essentiel d’une presse libre dans la promotion de la démocratie et la protection des droits humains. Malgré la reconnaissance mondiale de cette journée, les États qui la prônent n’ont pris aucune mesure sérieuse contre les violations répétées de la liberté de la presse commises par l’État turc, notamment les attaques et assassinats visant les journalistes, écrit l’agence kurde ANHA.

La Journée mondiale de la liberté de la presse, proclamée en 1993 sur recommandation de la Conférence générale de l’UNESCO, est célébrée chaque année le 3 mai. Cette journée rappelle le rôle essentiel du journalisme indépendant dans la diffusion de la vérité et le progrès des sociétés démocratiques. Elle vise également à soutenir les journalistes confrontés à de nombreux défis, notamment la censure, l’intimidation et même les menaces physiques.
 
Depuis sa création, les Nations Unies et l’UNESCO promeuvent activement cette journée, soulignant l’urgence de protéger les journalistes du monde entier. Chaque année, un hommage est rendu aux professionnels des médias qui ont sacrifié leur vie pour défendre le droit du public à l’information. Les Nations Unies réaffirment que la liberté de la presse est non seulement un droit fondamental, mais aussi un pilier de sociétés démocratiques résilientes.
 
La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a souligné cette notion en déclarant : « La liberté de la presse est le fondement de sociétés démocratiques saines, et aucun développement social ou économique durable ne peut être atteint s’il est menacé ou limité ».
 
Violations continues contre la liberté de la presse
 
Malgré les efforts internationaux visant à préserver la liberté de la presse, de nombreux pays continuent de connaître d’importants reculs, la Turquie en étant l’un des exemples les plus marquants. Ces dernières années, les autorités turques ont lancé une vaste campagne de répression contre les journalistes et les médias indépendants, impliquant des fermetures de journaux, des arrestations et des poursuites pour des chefs d’accusation aussi divers que le terrorisme et les menaces à la sécurité nationale.
 
Outre les détentions arbitraires, les autorités turques ont recours à des tactiques d’intimidation généralisées, notamment la surveillance des médias et des menaces publiques ou implicites contre les journalistes. Ces actions ont contraint de nombreux professionnels des médias à fuir le pays en quête de sécurité. De telles pratiques constituent des violations flagrantes des conventions internationales garantissant la liberté d’expression.
 
Les exactions de la Turquie dépassent ses frontières. L’État turc continue de cibler les journalistes dans le nord et l’est de la Syrie, où plusieurs professionnels des médias ont perdu la vie en couvrant les événements. Parmi eux, le journaliste Agid Roj, tombé en martyr alors qu’il couvrait les manifestations au barrage de Tishreen. D’autres journalistes, dont Cihan Bilgin, Nazim Daştan, Issam Abdullah, Saad Ahmed et Mohammed Rasho, ont également été tués lors d’attentats ou d’attaques ciblés.
 
Appels à l’action
 
Des organisations telles que Reporters sans frontières et Human Rights Watch ont régulièrement dénoncé ces violations, tandis que les Nations Unies ont exprimé leur profonde inquiétude face aux restrictions imposées à la liberté de la presse en Turquie. L’ONU a souligné l’importance de respecter les droits des journalistes et de garantir leur liberté de travailler en toute sécurité.
 
La Journée mondiale de la liberté de la presse rappelle avec force qu’une presse libre est un pilier essentiel de tout système démocratique. Malgré les difficultés croissantes dans plusieurs pays, dont la Turquie, l’espoir subsiste que la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains agiront avec détermination pour garantir que le journalisme demeure une force libre, objective et vitale pour la vérité et les droits humains. (ANHA) 
 

SYRIE. Femmes alaouites vendues comme esclaves?

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SYRIE – Alors que les attaques armées visant la communauté druze de Syrie font la une de l’actualité, l’agence kurde ANHA attire l’attention sur le sort des femmes alaouites kidnappées par les islamistes lors de la campagne sanglante ciblant les Alaouites syriens. Certaines des femmes alaouites capturées par les gangs islamistes seraient vendues sur des « marchés aux esclaves », comme les fillettes et femmes yézidies (êzdî) vendues par DAECH / ISIS il y a près de 11 ans…

Voici l’article d’ANHA (Hawar News) concernant l’enfer vécu par la communauté alaouite en Syrie lors des attaques terroristes menées par des gangs islamistes :

Les Alaouites déplacés de la campagne de Homs et de la côte syrienne racontent des récits douloureux de massacres et de violations subis durant le chaos sécuritaire qui a suivi la chute de l’ancien régime. Si les souvenirs de violences et de déplacements forcés restent vivaces, des témoignages poignants de femmes enlevées et vendues sur des marchés aux esclaves émergent.

Dans le chaos sécuritaire qui a suivi la chute de l’ancien régime en Syrie, les massacres et les violations contre de nombreuses familles ont repris, touchant plus particulièrement les familles alaouites de la campagne de Homs et de la côte syrienne. Suite aux menaces et aux massacres systématiques contre cette communauté, de nombreuses familles ont fui la mort et se sont dirigées vers les régions du nord-est de la Syrie.

 Un voyage épuisant pour échapper à la mort

 La famille d’Ali Ammar fait partie de celles qui ont échappé aux horreurs des massacres. Ali Ammar (pseudonyme) est originaire de la campagne orientale de Homs. Il raconte sa tragédie : « Le 8 décembre 2024, alors que le chaos sécuritaire s’intensifiait dans les villages de l’est de Homs, nous avons été contraints de fuir vers la côte syrienne en quête de sécurité. Mais les conditions n’y étaient pas moins difficiles. »

 À son arrivée à Jableh, son fils a été victime d’un incident raciste à un poste de contrôle, où jeunes alaouites et sunnites étaient terriblement séparés – Alaouites d’un côté et sunnites de l’autre. Le fils a réussi à s’échapper en rejoignant les jeunes sunnites pour éviter d’être tué.

 Ali Ammar continue de raconter ce qui s’est passé à son retour dans son village deux jours plus tard : « À mon arrivée, des hommes armés et masqués appartenant à diverses factions armées ont attaqué les villages alaouites. Ils ont commencé à tirer au hasard, déclenchant des tueries, des passages à tabac et des pillages. J’ai été violemment agressé et traîné sur 20 mètres avant que l’un d’eux ne menace de me tuer. »

Selon Ammar, des factions armées affiliées aux autorités de Damas et des mercenaires soutenus par la Turquie ont encerclé six villages de la campagne orientale de Homs et ont commencé à interroger brutalement les villageois à coups de fouet et de barres de métal. Le choix était : la torture ou la mort. Les anciens et les chefs de village ont été contraints de choisir entre remettre leurs armes ou risquer l’exécution.

Ammar ajoute : « Nous n’avions pas d’armes dans le village. Pourtant, ils exigeaient que les hommes apportent une arme sous peine de torture et de mort. » Il se souvient d’un incident horrible au cours duquel un jeune homme qui refusait de rendre sa moto a été froidement tué sous les yeux de son père.

 Ammar a noté que ces factions visaient clairement à modifier la démographie de la région, en remplaçant les familles alaouites déplacées par des militants et leurs familles.

 Enlèvements et meurtres en cours

 Ailleurs, Nadwa Salim (pseudonyme), une femme déplacée du village de Dalia, sur la côte syrienne, partage ses souffrances et celles de sa communauté suite aux massacres perpétrés contre elle. Elle raconte :

« Les factions ont commencé à rechercher des individus recherchés, innocents et non impliqués dans le conflit. Les familles ont refusé de livrer leurs fils, ce qui a provoqué des affrontements. »

Nadwa ajoute que les factions armées ont incendié les montagnes pour empêcher les habitants d’y chercher refuge, puis ont lancé des attaques contre des villages alaouites. Des massacres ont été commis dans des villages comme Harison, Qarfeis, Al-Qabu et Dalia. Des groupes armés ont pillé des maisons et incendié des voitures et des biens.

Elle révèle également un changement démographique massif dans la région, où des familles alaouites ont été déplacées et remplacées par des groupes armés et leurs familles : « Ils ont fait venir des familles d’autres régions pour prendre notre place dans les villages que nous avons laissés derrière nous. »

 Plus de 50 femmes et filles alaouites kidnappées à Idlib

 Nadwa confirme que les enlèvements se poursuivent : plus de 50 femmes et filles alaouites ont été enlevées et emmenées dans la ville d’Idlib, où elles ont été vendues sur des marchés aux esclaves. Elle accuse des mercenaires soutenus par l’occupation turque, notamment les groupes Hamzat et Sultan Murad, d’être responsables de ces massacres. (ANHA)

TURQUIE. 24 journalistes accueillent la Journée mondiale de la liberté de la presse en prison

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TURQUIE / KURDISTAN – À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai, l’Association des médias et des études juridiques (MLSA) rappelle qu’au moins 24 journalistes, dont le suédois Joakim Medin, se trouvent actuellement derrière les barreaux en Turquie, y compris dans les régions kurdes du pays.
 
 
Selon les données récoltées par MLSA ( en turc: Medya ve Hukuk Çalışmaları Derneği), actuellement, au moins 24 journalistes se trouvent dans les prisons turques.
 
MLSA ajoute que,
 
Au moins 13 journalistes ont été arrêtés au cours des premiers mois de 2025 seulement.
Yıldız Tar, Elif Akgül et Ercüment Akdeniz ont été arrêtés le 18 février dernier dans le cadre de « l’opération HDK » (Halkların Demokratik Kongresi, en français le « Congrès démocratique des peuples ») le 18 février.
 
7 journalistes qui ont couvert les manifestations [pro-Imamoglu] du 25 mars à Saraçhane ont été arrêtés dans la nuit puis relâchés plus tard.
Le journaliste suédois Joakim Medin a été arrêté à Istanbul, où il était venu suivre l’actualité.
Les journalistes sont confrontés à la violence policière et au harcèlement judiciaire.

SYRIE. Des femmes d’Alep condamnent le massacre des Druzes

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SYRIE / ROJAVA – Des femmes des quartiers kurdes d’Alep ont condamné les crimes et les appels à la haine visant le peuple syrien, en particulier la communauté druze. Elles ont appelé la communauté internationale à adopter une position ferme contre ces politiques discriminatoires et racistes visant à diviser la société.

Aujourd’hui, les femmes d’Alep ont publié une déclaration à l’opinion publique internationale, lue dans le quartier d’Achrafieh, à Alep, concernant la récente escalade de la violence contre les Druzes en Syrie. Des dizaines de femmes des quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh ont assisté à l’événement.

La déclaration, lue par Meis Shasho, membre du Mouvement des Femmes Kongra Star, explique que la Syrie a récemment été témoin d’une escalade dangereuse de la rhétorique sectaire et de l’incitation à la violence et aux meurtres identitaires ciblant la secte druze, qui fait partie intégrante du tissu social syrien.

La déclaration souligne que « toute forme de violence contre une secte, quelle que soit son origine religieuse ou doctrinale, constitue une menace directe pour le peuple syrien dans son ensemble et une menace pour la stabilité et la coexistence pacifique ».

Dans cette déclaration, les femmes d’Alep ont exprimé leur rejet et leur condamnation de toutes les violations et de tous les appels à la violence contre toute composante syrienne. Elles ont exhorté la communauté internationale à adopter une position ferme contre ces politiques discriminatoires et racistes qui visent à diviser la société et à déclencher une guerre civile.

Ils ont également appelé le peuple syrien à s’unir et à rester uni pour défendre les valeurs de démocratie et de tolérance, en veillant à ce que chaque individu puisse jouir de ses droits et de ses libertés, loin de la violence, du sectarisme et de la mentalité extrémiste des « factions de type DAECH / ISIS », et à contrecarrer leurs plans visant à diviser la Syrie et à mettre fin au conflit et au chaos.

Plusieurs zones à majorité druze de la campagne de Damas ont été attaquées par des factions affiliées aux autorités de Damas, entraînant des dizaines de morts, apparemment déclenchées par un enregistrement vocal. (ANHA)

SYRIE. A Alep, les Kurdes dispensent un enseignement en langue maternelle malgré les attaques

SYRIE – Zehida Rashid, coprésidente du Comité de l’éducation et de l’enseignement d’Alep, a déclaré que malgré les attaques des mercenaires affiliés à l’État turc, ils continuent à dispenser un enseignement en langue maternelle dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh d’Alep.

Au début de la crise syrienne et avec le déclenchement de la révolution du Rojava, l’éducation a été l’un des secteurs les plus durement touchés. Dans les quartiers de Sheikh Maqsoud (Şêxmaqsûd) et d’Achrafieh (Eşrefiyê), des milliers d’élèves ont été contraints de quitter leurs écoles suite aux violentes attaques menées par les mercenaires affiliés à l’État turc et par le régime d’Assad.

Ce phénomène n’était pas seulement dû aux bombardements directs ; des infrastructures essentielles ont également été détruites, et parmi les ruines se trouvaient des bâtiments scolaires. Dans les deux quartiers, toutes les écoles ont été soit complètement démolies, soit rendues inutilisables. Malgré toutes ces difficultés et les bombardements incessants des mercenaires liés à l’État turc, la population n’a pas abandonné sa résistance. Enseignants et élèves ont pris part à cette résistance. Même dans les moments les plus difficiles, quelques enseignants et élèves ont continué leurs cours sous les bombardements, chez eux, dans le but de préserver et de diffuser leur langue.

Zehida Rashid, coprésidente du Comité de l’éducation et de l’enseignement d’Alep, a parlé à l’ANF de la situation actuelle de l’éducation dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh. Elle a expliqué que le système éducatif des deux quartiers repose sur un modèle d’évaluation et que tous les élèves reçoivent un enseignement dans leur langue maternelle.

Rashid a évoqué le système éducatif pendant la période de résistance à Cheikh Maqsoud. Elle a déclaré : « À Cheikh Maqsoud et à Achrafieh, le système éducatif fonctionne selon des principes d’évaluation. Pendant la guerre, nous et les élèves avons été confrontés à des conditions extrêmement difficiles. D’un côté, les mercenaires affiliés à l’État turc ont attaqué, et de l’autre, le régime d’Assad a assiégé les quartiers. De ce fait, accéder aux écoles était un véritable défi ; même trouver des cahiers et des livres était difficile. Le siège a duré des années. À un moment donné, il ne restait que deux écoles dans le quartier, fonctionnant avec du matériel fourni par le régime d’Assad. Même dans ces écoles, seules trois heures de cours de kurde étaient autorisées par jour. »

1 500 étudiants dans deux quartiers

Zehida Rashid a rappelé qu’après l’occupation d’Afrin (Efrîn), de nombreux habitants ont été contraints de migrer vers Shahba et Alep, ce qui a conduit à l’ouverture de nouvelles écoles dans le quartier. Elle a déclaré : « Avec la migration des habitants d’Afrin vers Shahba et Alep, l’école primaire Martyr Qereman a été ouverte dans le quartier. À l’époque, l’école ne comptait que huit élèves. Plus tard, quelques écoles supplémentaires ont été créées. En 2023, le centre éducatif Martyr Zozan a ouvert ses portes. Ces écoles suivent un modèle éducatif basé sur l’évaluation. Les élèves kurdes reçoivent un enseignement en kurde, tandis que les élèves arabes reçoivent un enseignement en arabe. »

Rashid a expliqué qu’avec la deuxième vague de déplacements depuis Afrin, le nombre d’élèves a augmenté. Un collège a ainsi été ouvert. Elle a ajouté : « Actuellement, il y a environ 1 500 élèves et 338 enseignants dans les deux quartiers. Même pendant la guerre, des enseignants se sont portés volontaires pour continuer à enseigner. Cependant, les écoles ont subi de lourds dégâts suite aux attaques intenses contre le quartier. Malgré tout, nous avons reconstruit nos écoles avec les maigres ressources dont nous disposions et avons continué à éduquer nos élèves. Nous avons persévéré malgré les difficultés et essayé de préserver notre langue maternelle. » (ANF)

« Le gouvernement de Damas a l’obligation d’écouter la position kurde »

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SYRIE / ROJAVA – La coprésidente du Congrès national du Kurdistan (KNK), Zeinab Murad, a indiqué que la Conférence d’unité kurde servirait de fondement au Congrès national du Kurdistan et que son issue ne relevait pas uniquement de la responsabilité des Kurdes du Rojava. Elle a déclaré : « Les Kurdes ont de l’expérience et un projet de solution, et le gouvernement de Damas doit écouter la position kurde. »

La coprésidente du Congrès national du Kurdistan (KNK), Zeinab Murad, s’est entretenue avec l’agence ANHA sur le résultat de la Conférence sur l’unité kurde au Rojava Kurdistan, qui s’est tenue le 26 avril.

Zeinab Murad a salué l’unité kurde au Rojava, la qualifiant d’immense réussite pour le peuple kurde en général et pour le Rojava en particulier, la qualifiant d’étape historique. Elle a déclaré que cette conférence constituerait un pilier solide pour l’avenir de la Syrie et pour la réalisation des droits des Kurdes.

Zeinab Murad a déclaré : « Cette conférence donnera un pouvoir énorme au peuple et aux forces politiques à l’intérieur et à l’extérieur du Kurdistan, et même à la communauté internationale, qui suit cette question de près. »

Zeinab Murad a ajouté que depuis la création de l’Administration démocratique autonome dans le nord et l’est de la Syrie, la région traverse une nouvelle période, et cette période peut devenir une pierre angulaire pour l’avenir de la Syrie.

Zeinab Murad a également déclaré que la question kurde est interconnectée dans toutes les régions du Kurdistan et que cette conférence aura également un impact sur les trois autres. Elle a fait remarquer : « Tout comme nous avons constaté l’impact du message du leader Abdullah Öcalan, « Paix et société démocratique », cette conférence aura également un impact. Nous pouvons donc dire que cette conférence est une étape nécessaire à la tenue de conférences nationales générales au Kurdistan. »

Zeinab Murad a souligné la nécessité de mettre en œuvre les décisions de la conférence et de préserver l’unité et la position des Kurdes au Rojava, et a affirmé que chacun y était tenu : les responsables politiques, la société civile et toutes les composantes. Elle a ajouté : « Cette responsabilité incombe non seulement au peuple du Rojava, mais à l’ensemble du Kurdistan, et ces décisions peuvent être portées avec force sur la scène diplomatique et internationale. »

Zeinab Murad a noté : « Après la chute du régime Baas et l’occupation de l’autorité actuelle, la soi-disant Conférence de dialogue national a été tenue et une constitution de transition a été annoncée qui ne sert pas le peuple syrien et a provoqué un ressentiment généralisé à l’intérieur et à l’extérieur de la société syrienne. »

La coprésidente du Congrès national du Kurdistan a souligné : « Les autorités de Damas sont désormais tenues d’écouter la voix et la position des Kurdes, car elles sont la garantie du succès de cette phase. Les Kurdes ont de l’expérience et un projet de solution, et ce projet permettra à de nombreuses autres forces de s’allier à eux. Aucune puissance en Syrie ne peut les ignorer à l’heure actuelle. » (ANHA)

ROJAVA. Des colons blessent un chef de village à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Des colons installés dans la campagne kurde d’Afrin par la Turquie ont attaqué un chef de village dans le district de Reco.

L’organisation de défense des droits de l’homme Afrin-Syrie a signalé que des colons affiliés à l’occupation turque ont attaqué Mohammed Manan, le chef (mukhtar) du village de Balilko (Gundê Bilêlko), dans la campagne de Rajo (Reco). L’incident s’est produit alors que le chef de village se rendait avec des ouvriers dans un vignoble près du village de Suluk. Ils ont alors trouvé les colons en train de faire paître leur bétail dans le vignoble. Alors qu’ils tentaient de chasser les bergers, les colons les ont attaqués à coups de bâton et de pierres, blessant gravement le mukhtar et l’un des ouvriers à la tête. Tous deux ont été transportés à l’hôpital pour y être soignés.

L’occupation turque et ses mercenaires continuent de commettre des crimes et des violations dans les zones qu’ils occupent, en toute impunité et en violation flagrante de toutes les lois internationales et humanitaires. (ANHA)