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CONFERENCE. La répression des Kurdes en Europe

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PARIS – La Coordination nationale Solidarité Kurdistan (CNSK) a tenu hier une conférence sur la répression des Kurdes en Europe dans les locaux du barreau de Paris. Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) a publié un compte-rendu de la conférence que nous partageons avec vous ci-dessous.
 

La répression des Kurdes en Europe

 
« La conférence, organisée par la Coordination nationale Solidarité Kurdistan (CNSK), a réuni un panel d’intervenants, à savoir des avocats français éminents tels que Christian Charrière Bournazel, David Andic, Antoine Comte, Jean-Louis Malterre, ainsi que l’avocat belge Jan Fermon, la conseillère de Paris Geneviève Garrigos et l’universitaire Pascal Torre.

L’introduction par Christian Charrière Bournazel, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris, a jeté les bases de la conférence en soulignant l’impératif de dénoncer les arrestations et expulsions visant les Kurdes en France, voyant là une propagation de la répression turque sur le sol français.

David Andic a pris la parole pour exposer le cas de Serhat Gültekin, militant kurde expulsé vers la Turquie en avril dernier, dénonçant une « extradition déguisée ». La préfète du Val de Marne a fait fi des craintes de Gültekin en cas de renvoi dans son pays, bien qu’elle en ait été parfaitement informée et malgré les nombreuses interventions d’élus et de personnalités, a-t-il dit.

Parlant d’enlèvement, il a décrit la façon dont le jeune homme, qui souffre d’une maladie grave, le syndrome de Marfan, a été emmené du centre de rétention jusque dans l’avion: « Pour l’empêcher de résister, on l’a ligoté et frappé. Tout cela a été fait de manière clandestine, ce qui démontre qu’on n’est plus dans l’État de droit. Serhat a été transporté comme un carton et livré comme un colis aux services secrets turcs qui l’attendaient sur le tarmac de l’aéroport d’Istanbul. »

« C’est une violation certaine de l’article 3 de la CEDH, sans parler de la violation du principe de non-refoulement », a conclu M. Andic.
 
 
Jean-Louis Malterre a évoqué les mesures de gel des avoirs prises par les autorités françaises contre les militants kurdes, les qualifiant de « mesures d’intimidation ». Il a abordé en outre la question des retraits de statuts de réfugié: « il se trouve que le statut de réfugié n’est plus la protection voulue par la convention de Genève. L’OFPRA utilise abondamment la possibilité de retrait dans des conditions aberrantes, contre des personnes qui se trouvent sur le territoire depuis plus de 20 ans et qui ont été condamnées il y a plus de 10 ans. L’OFPRA se base aussi sur des ‘blancs’ de la DGSI qui ne sont ni datés, ni signés. »
 
 
Geneviève Garrigos, conseillère de Paris et ancienne président d’Amnesty international, a mis en lumière la remise en cause du droit international depuis 2001. « C’est aussi le moment où le PKK a été qualifié d’organisation terroriste, comme beaucoup d’autres organisations d’opposition ou de minorités », a-t-elle souligné.
 
 
Et de poursuivre: « La qualification terroriste permet de s’affranchir du droit national et international. Elle est appliquée de manière flagrante dans les dossiers kurdes. Mais, d’un autre côté, on oppose le secret-défense lorsqu’un attentat terroriste est commis contre des militantes kurdes [triple assassinat du 9 janvier 2013]. Les assassinats de 2022 ne peuvent être que prémédités. On ne comprend pas comment cela n’est pas qualifié de terroriste. »
 
 
La défenseure des droits humains a dénoncé également la violation du principe de non-refoulement dès lors que s’applique la qualification terroriste. Et de conclure: « Quand il y a eu Daesh, tout le monde a célébré la résistance des Kurdes. Aujourd’hui, on n’est pas capable de faire la justice pour trois militants kurdes tués à Paris. On harcèle une communauté qui lutte pour ses droits. J’ai honte de ce deux poids, deux mesures. »
 
 
L’universitaire Pascal Torre s’est penché sur les arrestations et détentions de militants kurdes en France: « En dix ans, les détentions de militants kurdes sont passées de 6 mois à 2 ans. On assiste à une multiplication des gels des avoirs pour des faits comme participation à une manifestation ou rencontre avec des élus. On estime à 50 le nombre des militants kurdes actuellement concernés par des retraits de statut. »
 
 
« Les Kurdes sont considérés comme des héros au Moyen-Orient, mais comme des terroristes ici. La lutte contre le terrorisme ne peut se faire sans un certain discernement. La fiction du PKK ‘organisation terroriste’ sert à criminaliser les militants kurdes. Le maintien du PKK sur la liste des organisations terroristes empêche tout dialogue pour l’avenir, alors que le PKK est une des forces stabilisatrices de la région. C’est permettre à la Turquie d’imposer son agenda à l’Europe. »
 
 
« Au moment où Erdogan est affaibli, au moment où le Moyen-Orient est à feu et à sang, la France doit renoncer à sa politique de courte vue. Nous appelons à un changement radical de politique et à protéger les Kurdes de pays. »
 
 
L’avocat belge Jan Fermon a annoncé d’emblée le sujet de son intervention: « l’exportation de la répression par la France vers la Belgique. » Il est revenu sur les perquisitions effectuées dans les locaux des télévisions kurdes en Belgique le 23 avril dernier. « Il s’agit d’un nouvel épisode dans une série que nous vivons depuis 1996 », a-t-il dit. Depuis 1996, a-t-il expliqué, la télévision kurde fait l’objet d’attaques judiciaires en Belgique, en raison d’accords de coopération avec la Turquie. L’avocat belge a évoqué la première opération effectuée contre la télévision kurde Med TV en septembre 1996. Le grand procès pour blanchiment engagé alors contre le média kurde s’était soldé par un échec au début des années 2000, les témoignages anonymes présentés par l’accusation ayant été démontés un par un.
 
 
Entre 2006 et 2008, la Turquie avait déployé d’énormes efforts diplomatiques auprès du ministère belge des affaires étrangères afin que la Belgique mène une nouvelle opération contre la télévision kurde. Ankara avait même appelé à l’aide les Etats-Unis, qui avaient envoyé une délégation pour convaincre la Belgique. Finalement, deux sociétés de média avaient été ciblées: Stêrk et Roj.
 
 
En 2020, la Cour de cassation belge a considéré que le PKK n’était pas une organisation terroriste en raison de la primauté du droit de la guerre sur la législation interne. Le 23 avril 2024, les locaux de la télévision kurde en Belgique ont été perquisitionnés suite à une demande d’entraide judiciaire émanant de la France. Ce faisant, « le juge français ne tient pas compte de la décision de la cour de cassation belge. Il mène une instruction sur une activité qui ne constitue pas une infraction en Belgique », a souligné Jan Fermon.
 
 
Antoine Comte a conclu la conférence en dénonçant le cynisme dans la justice européenne. « Le juge français va intervenir en Belgique en contrepartie de renseignements donnés par la Turquie sur Daesh. Les droits fondamentaux sont sacrifiés au nom de la diplomatie », a déploré l’avocat français. »

« Langue », un court texte du martyr Xelil Dağ

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Le martyr Xelil Dağ a écrit : « La langue est l’expression de notre culture commune, de nos pensées et de nos sentiments. Lorsque les pensées deviennent des mots et quittent notre corps, nous initions un changement. »
 
Xelil Dağ (Halil Uysal)
 

Xelil Dağ (Halil Uysal) est un cinéaste kurde en Allemagne en 1973 et tombé en martyr le 1er avril 2008, tué lors d’une attaque turque contre le Kurdistan du Sud.

Dağ était un cinéaste et un guérillero. Le 1er avril 1995, il se rend au Moyen-Orient en tant qu’assistant d’un caméraman allemand pour une interview avec Abdullah Öcalan. Au cours de l’entretien, il a fait davantage connaissance avec les guérilleros de l’école centrale du parti du PKK. Après cet entretien avec Abdullah Öcalan, qui représente également son premier travail significatif, il décide de ne pas revenir et de poursuivre ici le chemin de sa vie. Depuis lors, sa vie s’est déroulée dans les montagnes du Kurdistan, aux côtés des combattants de la liberté kurdes.

La Commune Internationaliste du Rojava a publié le texte suivant de Dağ sur la langue à l’occasion de la Journée de la langue kurde célébrée le 15 mai.

 

Voici le texte « Langue » :

 
« La langue est l’expression de notre culture commune, de nos pensées et de nos sentiments. Lorsque les pensées deviennent des mots et quittent notre corps, nous initions un changement. L’ordre des mots, la mélodie et les émotions qui s’y cachent sont des codes secrets qui nous racontent l’histoire du peuple. Les langues sont les clés de notre histoire, de l’histoire des sociétés. Chaque langue a une culture, une histoire, un passé parfois difficile à traduire. À chaque parole prononcée, nous nous rapprochons du passé de ces cultures, comprenons notre présent et surmontons les frontières entre l’espace et le temps. Nous pouvons ressentir et goûter, voir le monde avec d’autres yeux. Les langues ouvrent les portes de nouvelles cultures, qui nous sont parfois étrangères. Avec chaque langue parlée et apprise, nous gagnons en beauté. La beauté des cultures décore nos âmes et ouvre nos cœurs. Chaque mot est un petit morceau de vérité de l’histoire de l’humanité. Chaque mot est un morceau de la carte au trésor qui ouvre la voie vers le passé. Les mots sont sacrés, dit-on au Kurdistan.
 
En parlant, nous pouvons lire les gens, permettre la communication et la connexion interpersonnelles et accéder aux pensées, aux sentiments et aux moments. Grâce à l’écriture, nous pouvons capturer et partager des moments. Partager ce que nous ressentons, ce que nous pensons, ce que nous vivons. Nos envies, nos rêves, nos peurs, notre joie, notre amour. Quand nous lisons, nous tombons dans un monde nouveau, un monde qui parfois n’est pas le nôtre, qui nous est étranger. Cependant, il nous présente de nouvelles couleurs. Parfois par évasion, parfois par curiosité et parfois c’est la recherche qui nous unit aux gens. Grâce à la rencontre directe avec l’autre, il nous est possible de nous voir dans une réflexion. Avec la diversité et l’hétérogénéité, il est possible de se définir. C’est le miroir de la vie. Grâce à la diversité, nous pouvons nous exprimer et nous retrouver. Grâce à la diversité, nous pouvons acquérir des possibilités infinies de vie. Communiquer interculturellement et s’ouvrir, comprendre et vaincre nos limites est l’art le plus élevé de l’humanité. »
 
Şehîd Halil Dağ
 
 
« Şehîd Halil Dağ est l’expression de cette réalité. Dans son livre « Benı bağışlayın (Pardonnez-moi) », il décrit fabuleusement les émotions et les pensées d’un chercheur. Un chercheur, un étranger qui découvre la beauté de la vie, sa quête de la vraie vie dans les montagnes du Kurdistan. Les montagnes, les amis et la vie lui apprennent à comprendre une nouvelle langue et à se fondre avec elle. Heval Halil Dağ est l’un des premiers amis qui, à travers ses films et ses livres, a raconté au monde la beauté de la résistance et l’amour des combattants de la liberté. Si nous voulons comprendre les montagnes, nous devons parler leur langue. Ouvrez-nous à un nouveau monde. Heval Halil Dağ est un pont vers ce nouveau monde. Ce n’est pas seulement un artiste qui révolutionne l’art et la culture. C’est un ami, un camarade qui, par humilité, autocritique et amour, devient le personnage principal de son histoire. Heval Halil Dağ nous enseigne avant tout une chose : l’histoire que nous racontons n’a pas besoin d’objectivité. Au contraire, l’histoire que nous voulons raconter ne doit pas parler la langue des autres, mais la langue des protagonistes », déclare Internationalist Commune of Rojava pour conclure son texte hommage à Halil Dag.

TURQUIE. Rafles anti-kurdes à Sirnak

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TURQUIE / KURDISTAN – Au moins 25 personnes ont été arrêtées lors de perquisitions dans les districts de Cizîr et Hezex de la province kurde de Sirnak. On ne sait pas encore les raisons de leur détention mais les Kurdes sont systématiquement accusés de « terrorisme » lors de chaque rafle politique.

Ce matin, la police turque a perquisitionné de nombreuses maisons dans les quartiers de Cizîr (Cizre) et Hezex (İdil) de Şirnex. Au moins 25 personnes ont été arrêtées lors des perquisitions. Deux des personnes arrêtées sont Evin Kurt et Çelik Denker.
 
On ne sait pas encore les raisons de leur détention mais les Kurdes sont systématiquement accusés de « terrorisme » lors de chaque rafle politique.

PARIS. Manifestation « contre la répression ciblant les Kurdes en France »

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PARIS – Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) appelle à manifester ce samedi 18 mai « contre la répression ciblant les Kurdes en France » alors qu’on assiste à une recrudescence d’arrestations et d’expulsion de militants kurdes réfugiés sur le sol français.

« Les Kurdes sont victimes du terrorisme, comme ils l’ont été à deux reprises en France en 2013 et 2022 ; ils ont combattu le terrorisme, comme à Kobanê, Raqqa, Shengal et ailleurs, où la lutte contre l’obscurantisme djihadiste a coûté la vie à des milliers de jeunes.  » Mouvement de résistance contre l’oppression. Ses militants n’ont jamais représenté une menace pour l’ordre public français. Prétendre le contraire, c’est insulter les Kurdes et déshonorer les valeurs de la France », déclare le CDK-F dans son communiqué appelant à manifester le 18 mai à Paris.

« Kurdes taxés de terroristes une fois arrivés en Europe pour faire plaisir à l’islamo-fasciste Erdogan »

« Pour faire plaisir au dictateur islamo-fasciste Erdogan, la France se sert du prétexte suivant : le PKK est sur la liste des organisations terroristes, à la demande de la Turquie via ses alliés américains. Or, suite à un long conflit judiciaire et politique, le PKK est reconnu par la justice belge comme une organisation qui prend part dans un conflit armé, et pas comme une organisation terroriste. La Turquie veut à tout prix empêcher que le PKK soit retiré de la liste des organisations terroristes. 

Ainsi, dans le cadre des coopérations bilatérales avec la France, les militants kurdes qui se sont réfugiés en France font l’objet d’extraditions vers la Turquie alors qu’ils y sont condamnés à des peines de prison seulement pour avoir défendu leurs droits culturels et leur identité kurde. Il est désolant de voir une telle attitude du pays des Droits de l’Homme. Il s’agit des mêmes Kurdes que l’on a acclamés comme des héros et avec qui l’État français coopère en Syrie et Irak, mais qui sont taxés de terroristes une fois arrivés en Europe pour faire plaisir à l’islamo-fasciste Erdogan », déclarait le  porte-parole de CDK-F, Agit Polat, dans un entretien accordé au site l’Avant-Garde le 5 mai dernier.

Collaboration spéciale #JO Turquie-France sur le dos des Kurdes?

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PARIS – Macron livre-t-il les Kurdes à la Turquie pour qu’Erdogan informe Paris d’éventuelles attaques jihadistes ciblant les #JO? Les Kurdes doivent-ils payer pour tous les péchés du monde?

Hier, lors de la conférence au barreau de Paris sur la répression des Kurdes en Europe, introduite par l’ancien bâtonnier de Paris Christian Charrière Bournazel, l’avocat des familles de 3 militantes kurdes tuées à Paris en 2013, Antoine Compte a dénoncé le cynisme de la justice française dans le traitement des affaires touchant les militants kurdes. Presqu’au même moment, dix militants kurdes étaient arrêtés en région parisienne dans le cadre d’une enquête ouverte après la manifestation du 27 mars dernier dans l’aéroport de Roissy – Charles de Gaulle contre l’expulsion du militant kurde Firaz Korkmaz visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) que la France livrait à la Turquie où il fut immédiatement emprisonné pour « terrorisme ».

La journaliste Arian Bonzon déclare que des avocats ayant assisté à la conférence au barreau de Paris sur la répression des Kurdes en Europe affirment que l’intensification actuelle de la répression contre les militants kurdes ou du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est liée au soucis de Paris d’obtenir la collaboration turque en matière d’échanges d’information concernant les attaques jihadistes possibles lors des Jeux Olympiques de cet été à Paris.

Voici ce qu’écrit Arian Bonzon sur X:

IRAN. Trois prisonniers kurdes exécutés

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IRAN / ROJHILAT – Le prisonnier religieux kurde de Mahabad emprisonné depuis 15 ans, Khsraw Besharat a été exécuté ce matin à Karaj. Hier, deux autres prisonniers kurdes (Reza Gholamhosseini et Farrokh Khan Mohammadi) ont été exécutés à Ilam. Depuis début 2024, le régime iranien a exécuté des centaines de prisonniers, dont plus de 77 en avril.

Un prisonnier politique exécuté après 15 ans de prison

La condamnation à mort de Khsraw Besharat, un prisonnier religieux kurde de Mahabad, a été exécutée après avoir passé 15 ans dans la prison Ghezel Hesar à Karaj. Il a été transféré à l’isolement deux semaines avant son exécution.

Khosrow Besharat

Selon un rapport reçu par l’Organisation Hengaw pour les droits de l’homme le mercredi 15 mai 2024, Khsraw Besharat, emprisonné depuis quinze ans, a été exécuté dans la prison Ghezel Hesar à Karaj.

Coïncidant avec l’exécution de l’un de ses coaccusés, Anwar Khezri, Khsraw Besharat a également été placé à l’isolement le mercredi 1er mai 2024.

Condamnant fermement l’exécution de Khsraw Besharat, l’ONG Hengaw souligne que ce prisonnier politique risquait d’être condamné à mort au terme d’une procédure totalement opaque, injuste et illégale au sein du système judiciaire de la République islamique d’Iran.

Outre l’exécution d’Anwar Khezri ces dernières semaines, quatre autres personnes appartenant au groupe des coaccusés de Khsraw Besharat, à savoir Davud Abdullahi, Ayoub Karimi, Qasim Abeste et Farhad Salimi, ont également été exécutées dans la même prison.

Khsraw Besharat, Farhad Salimi, Anwar Khezri, Qasim Abeste, Davoud Abdullahi, Kamaran Shekha et Ayoub Karimi ont été appréhendés le 7 décembre 2009 par les forces de sécurité et ont ensuite été transférés au centre de détention des services de renseignement de la ville d’Urmia.

La 28e branche du tribunal révolutionnaire de Téhéran, sous la direction du juge Moqiseh, a prononcé la peine de mort contre ces prisonniers. Les charges retenues contre eux dans l’affaire du meurtre présumé d’Abdul Rahim Tina incluaient « action contre la sécurité nationale », « propagande contre le gouvernement », « appartenance à des groupes salafistes » et « corruption sur terre ».

L’audience d’accusation contre ces 7 prisonniers religieux kurdes a eu lieu en mars 2015, les peines mentionnées leur ayant été officiellement communiquées le 25 mai 2016.

Il convient de noter que le verdict a été annulé par la 41e branche de la Cour suprême iranienne, dirigée par le juge Razini, en 2017. Un appel a été interjeté auprès de la 15e branche du tribunal révolutionnaire islamique iranien à Téhéran, où, en juin 2017, Khsraw Besharat et six autres coaccusés ont de nouveau été condamnés à mort par le juge Abolqasem Salvati.

Ce verdict a été confirmé par la 41ème chambre de la Cour suprême iranienne sous la pression répétée du département de renseignement iranien à Ourmia. Le lundi 4 mars 2020, elle a été officiellement communiquée à Mahmoud Walizadeh Tabatabai, l’avocat représentant ces sept prisonniers religieux kurdes.

Ces sept individus ont été initialement incarcérés à la prison de Gohardasht puis transférés à la prison de Ghezel Hesar à Karaj le 1er août 2023, suite à l’évacuation de la prison de Gohardasht.

Deux prisonniers kurdes exécutés à Ilam

Les deux prisonniers kurdes d’Ilam ont été exécutés dans la prison centrale d’Ilam. Les identités de ces deux prisonniers, Reza Gholamhosseini et Farrokh Khan Mohammadi, ont été vérifiées par Hengaw.

 

Reza Gholamhosseini et Farrokh Khan Mohammadi

Selon un rapport reçu par Hengaw, le mercredi 15 mai 2024, les exécutions ont eu lieu à l’aube du mardi 14 mai 2024. Ces prisonniers avaient été condamnés à mort pour meurtre avec préméditation.

Reza Gholamhosseini, 21 ans, a été arrêté l’année dernière, tandis que Farrokh-Khan Mohammadi, 60 ans, a été arrêté il y a 14 ans. Ils ont tous deux été reconnus coupables par le système judiciaire de la République islamique d’Iran.

TURQUIE. Libération de l’ancienne maire de Dersim

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TURQUIE – Nurhayat Altun, ancienne co-maire de la ville kurde de Dersim qui fut démise de ses fonctions en 2016, a été libérée de la prison de Kandıra après 7,5 ans de captivité.

Nurhayat Altun, élue co-maire de la municipalité de Dersim pour le Parti démocratique du peuple (HDP) en 2014 et emprisonnée le 17 novembre 2016, a été libérée aujourd’hui.

Nurhayat Altun a été libérée d’une prison de Kocaeli après 7 ans et 5 mois d’emprisonnement. La femme politique a été accueillie par des membres et des dirigeants du Mouvement des femmes libres (TJA), de l’Association d’assistance et de solidarité avec les prisonniers et les familles condamnées de Marmara (MATUHAYDER), du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM Parti), de l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD) ainsi que ses proches.

Nurhayat Altun, qui a été accueillie par des applaudissements et des fleurs, a déclaré : « C’est bien d’être dehors, mais mon cœur est avec mes amies que j’ai laissés en prison. Une partie de mon cœur est toujours à l’intérieur. Notre esprit est toujours et partout libre ».

Nurhayat Altun s’est ensuite rendue à Ankara avec sa famille et ses amis.

RSF : Le nouveau « projet de loi sur l’espionnage » turc menace les médias soutenus par des fonds internationaux

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LIBERTÉ DE LA PRESSE. Le gouvernement turc s’apprête à introduire un « projet de loi sur l’espionnage » ciblant les « opérations d’influence » dans le but de faire taire les médias, notamment la presse kurde, menaçant d’avantage la pluralité des médias du pays dominés par une presse étroitement lié au pouvoir. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ce nouveau projet qui menace les médias soutenus par des fonds internationaux.
 
L’ONG RSF exhorte le gouvernement turc à abandonner son projet d’amendement sur les « agents d’influence » en vertu duquel les journalistes travaillant pour des médias financés à l’échelle internationale pourraient être emprisonnés. Une telle législation mettrait en danger le journalisme indépendant, affirme RSF.
 

L’organisation a averti que les journalistes travaillant pour des médias financés par des organisations internationales pourraient être emprisonnés en vertu de cette loi, mettant ainsi en danger les activités des médias indépendants. RSF a appelé la Turquie à retirer cette disposition.

« Vague et formulé de manière large »

Erol Önderoğlu, représentant de RSF en Turquie, a déclaré dans un communiqué que : « Compte tenu des pratiques judiciaires répressives bien connues en Turquie, nous craignons que cet amendement au Code pénal turc ne menace d’emprisonnement les journalistes travaillant pour des médias soutenus par des fonds internationaux. Malheureusement, cette disposition offre aucune garantie pour empêcher les abus judiciaires. Si cette loi vague et rédigée en termes généraux est adoptée par le parlement, tout journaliste qui déplaît aux autorités pourrait facilement être pris pour cible en tant qu’agent d’influence soutenant prétendument les intérêts d’un pays étranger ».

Le paysage médiatique turc est largement dominé par des conglomérats médiatiques étroitement liés au gouvernement. Dans cet environnement, les fonds internationaux jouent un rôle en soutenant les médias qui ne sont pas alignés sur le bloc au pouvoir ou sur le principal parti d’opposition, même si ces médias ne disposent pas des ressources financières et du capital humain des grandes entités médiatiques.

RSF a également fait référence à la « loi sur la désinformation » entrée en vigueur en octobre 2022 dans son communiqué. Notant que cette loi a été utilisée contre plus de 30 journalistes en 18 mois, RSF s’inquiète : « Accuser les journalistes d’être des agents d’influence risque d’affaiblir encore davantage la pratique d’un journalisme libre, pluraliste et indépendant en Turquie. »

La Turquie se classe 158e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2024 établi par RSF. Ce classement, en amélioration de sept places par rapport au 165e rang de 2023, ne signifie pas une évolution positive en matière de liberté des médias mais indique que la Turquie reste dans la catégorie « très grave » pour les questions de liberté de la presse. (Bianet)

IRAN. Les forces iraniennes tuent un autre civil kurde

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IRAN / ROJHILAT- Moein Tawfiqpour, un civil kurde qui travaillait comme chauffeur dans la ville de Bane, au Rojhilat (Kurdistan sous l’occupation iraniennes), a été assassiné par les tirs directs des forces du régime iranien.

Le régime iranien a directement ouvert le feu sur un véhicule dans la zone frontalière du village de Çoman dans la ville de Bane. À la suite des tirs, un civil kurde nommé Mûîn Tofiq Pûre, habitant du village de Çoman, a été tué.

Au cours des deux dernières semaines, au moins six kolbars et civils kurdes ont été assassinés à la suite de tirs directs des forces du régime iranien. Depuis le début de l’année, le nombre de kolbars et de citoyens assassinés cette année par le régime iranien au Rojhilat a atteint 33. En outre, 210 kolbars et civils ont été blessés.

TURQUIE. Arrestations politiques à Istanbul et à Izmir

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TURQUIE – Au moins 31 personnes ont été arrêtées lors de raids politiques à Istanbul et à Izmir. Les perquisitions ont eu lieu dans le cadre des protestations contre la tentative d’usurpation à Van.

Au moins 15 personnes, dont Ünal Yusufoğlu, membre de l’Assemblée du parti (PM) du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM Parti), des dirigeants de l’Association des détenus et des familles de condamnés et de solidarité de Marmara (MATUHAYDER) et de nombreux membres du parti kurde, ont été arrêtés lors de perquisitions à domicile à Istanbul. Alors que les détenus ont été emmenés au commissariat de police d’Istanbul à Fatih.

Certaines des personnes arrêtées sont les suivantes : Adil Gümüş, Fikri Baş, Zübeyir Taş, Vildan Doğan, Ünal Yusufoğlu, Alamettin Demir, Necla Aktay, Suat Yıldız, Ertan Hamitoğlu, Zübeyde Gülsüm, Suzan Gezici, Ahmet Altınışık, Bingüzel Ulu, Filiz Aydın et Yaşar Gokdemir.

Izmir

Un mandat d’arrêt a été émis contre 19 personnes à Izmir. 16 personnes ont été placées en garde à vue lors des perquisitions à domicile effectuées par la police ce matin. Parmi les personnes arrêtées figuraient des membres du Parti de la liberté sociale (TÖP), du Parti des travailleurs turcs (TİP), de l’Initiative de lutte socialiste, de la Jeunesse démocrate et des Maisons du peuple.

Parmi les personnes détenues par la police provinciale d’Izmir figurent: Erkan Gökber, Tuğçe Kızıldemir, Mehmet Kasar, Emine Akbaba, Berfin Büyükertaş, Arda Duvarcı, Azat Kunur, Elif Yerlikaya, Muhammet Arda Bulgan, Nilüfer Yıldız, Samet Sağnıç, Serdar Aktürk, Sezgin Zevkibol et Sude Timagur.

« Un pain en turc » ou linguicide kurde

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A l’occasion de la Journée de la langue kurde célébré ce 15 mai, nous voulons vous raconter un exemple tragi-comique de l’interdiction de la langue kurde imposée dans les années 1980 dans le Nord du Kurdistan par l’État colonialiste turc. 

 

« Un pain en turc » ou comment interdire aux Kurdes de parler leur langue maternelle

Nous sommes dans les années 1980, dans une région kurde sous occupation turque. Un paysan court à la boulangerie de son village au retour de son champ et voudrait acheter un pain avant le coucher du soleil qui est proche, car dans cette région kurde, l’Etat turc a décrété un état d’urgence avec couvre-feu au couché du soleil. Le paysan lance à la hâte « ka nanakî, bi tirkî.* » en kurde, qu’on pourrait traduire en « un pain, en turc. » Ce pauvre paysan ne sait pas parler le turc mais il fallait bien qu’il achète son pain d’une façon ou d’une autre.

 

Maintenant, imaginons un instant que cette scène ait lieu en France, pendant l’occupation nazi : Un paysan corrézien de retour de son champ, court à la boulangerie de son village. Le soleil va bientôt se coucher, or, il y a le couvre-feu à la tombée de nuit. Les Nazis ont interdit de parler le français et ont imposé la langue allemande dans tout le pays mais notre paysans corrézien ne parle pas un mot d’allemand. Alors, il dirait, vraisemblablement : « Un pain, en allemand. »

 

En effet, l’État turc avait interdit le kurde dans tout le pays, y compris dans les régions kurdes et ce, depuis la création de la Turquie en 1923. Même au sein de leurs foyers, les Kurdes ne pouvaient parler leur langue sous peine d’être arrêtés et/ou torturés, en plus de payer une amende. (L’État turc avait dépêché des fonctionnaires à cet effet dans tout le Kurdistan.)

 

Encore aujourd’hui, en Turquie, la langue kurde reste interdite dans la pratique, même si dans le cadre de la vie privée on peut la parler…

« Ka nanakî bi tirkî / Bana türkçe bir ekmek ver » est le nom d’une nouvelle de Cezmi Ersöz, écrivain et journaliste kurde.

SUISSE. La veuve d’un Kurde tué à Berlin dit que l’assassin de son mari enseigne à l’université de Princeton

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Le 17 septembre 1992, les opposants kurdes d’Iran, Sadegh Sharafkandi, Fattah Abdoli, Homayoun Ardalan et leur traducteur Nouri Dehkordi ont été assassinés au restaurant grec Mykonos, à Berlin, en Allemagne par des agents iraniens. Mais les commanditaires de ce massacre n’ont pas été inquiétés par la justice allemande. 
 
Dans un récent discours, Kajal Abbasi, épouse de Fattah Abdoli, assassiné au cœur de l’Europe avec 3 autres Kurdes, déclare que Seyed Hossein Mousavian, ambassadeur de l’Iran en Allemagne au moment du massacre, est un des commanditaires et enseigne actuellement à l’université de Princeton, aux Etats-Unis. Elle demande à ce que « ce tueur [soit] jugé afin que la justice soit rendue et que les droits des familles des victimes ne soient pas bafoués. »

Sadegh Sharafkandi
 
Voici le discours de Kajal Abbasi:
 
« Je suis l’épouse de Fattah Abdoli, membre du Comité central et responsable des affaires étrangères du Parti démocratique du Kurdistan qui a été assassiné au restaurant Mykonos, situé sur la rue PragerStrasse à Berlin le 17 septembre 1992 avec Dr Sadegh Sharafkandi, le secrétaire général du Parti démocratique, M. Homayun Ardalan, le chef du Comité allemand du Parti démocrate du Kurdistan et M. Nouri Dehkordi, un ami kurde, par des terroristes de la République islamique d’Iran et ont rejoint les nombreux martyrs kurdes.
 
Les dirigeants du Parti démocratique du Kurdistan (PDK-Rojhilat) étaient à Berlin pour participer au Congrès international du Parti social-démocrate, qui s’est déroulé du 13 au 16 septembre. Après la conférence du 16 septembre, ils ont rencontré plusieurs membres de l’opposition iranienne au restaurant de Mykonos appartenant à un iranien nommé Aziz Ghaffari pour discuter de l’avenir politique de l’Iran.
 
Il était presque minuit، mon petit fils et moi étions dans notre appartement, noyé dans la vague de la mer de la ville de Paris lorsque le téléphone a sonné et la voix à l’autre bout du fil a dit : « Nous avons eu une catastrophe, tous sont mort en martyrs ». La tragédie a commencé pour mon fils de quatre ans et demi et moi.
 
Cette nuit-là, pour faire dormir mon enfant, je lui ai raconté que son père lui apporterait une voiture rouge à son retour. Mon fils apprécie ces petits cadeaux. Dans son monde unique et petit de son enfance. Il m’a raconté comment, lorsque son père reviendrait, il sauterait dans ses bras et lui demanderait immédiatement de lui donner sa voiture. Dans ses doux souvenirs d’enfance, il nous guidait en voyage avec cette voiture et nous emmenait dans les endroits qu’il aimait et profitait des beautés de la vie d’une famille heureuse. Après que son père ait été assassiné par des terroristes de la République islamique d’Iran, son souhait de passer du temps avec lui est devenu un rêve irréalisable pour toujours.
 
Près de 31 ans après l’incident, je ne sais toujours pas quelle a été la suite de la conversation téléphonique. Tout ce que je sais, c’est que tous mes souvenirs de mon compagnon, de mon ami, de mon copain, de mon mari et du père de mon enfant allaient et venaient comme un drame bouleversant avec des questions sans réponse. La principale question était de savoir comment dire à mon fils que son rêve de passer du temps avec son père était malheureusement devenu un rêve inaccessible.
 
Près d’un an après cette tragédie, le 28 octobre 1993, la première audiance du procès de l’affaire « Mykonos » a commencé et le 10 avril 1997, après trois ans et demi d’enquête et 250 réunions, le tribunal prouva que cette équipe terroriste appartenait à la République Islamique d’Iran.
 
Dans le procès de Mykonos, Kazem Darabi, un ressortissant iranien, est reconnue coupable pour l’assassinat de Dr Sadegh Sharafkandi et ses camarades par l’état d’allemand.
 
Dans sa décision du 10 avril 1997, le tribunal a émis un mandat d’arrêt international contre le ministre des renseignements Ali Fallahian, après avoir déclaré que, d’après les preuves, l’assassinat avait été ordonné par Ali Khamenei et Hachemi Rafsandjani et ces deux derniers étaient les principaux auteurs du cet acte terroriste.
 
Selon des documents judiciaires de l’affaire Mykonos, Kazem Darabi, membre de l’union des étudiants musulmans d’Europe, une organisation affiliée au Corps des Gardiens de la révolution islamique, avait été désigné par le ministre du Renseignement Fallahian afin d’organiser cet assassinat.
 
Le combat, la lutte et les efforts des kurdes de Rojhelat (l’est du Kurdistan et la partie colonisée par l’Iran ) sous la direction du PDKI pour le droit à l’auto-détermination lors de la révolution de 1979 avait fâché le régime iranien. Le PDKI avait été connu comme un parti politique d’opposant et un mouvement contestant les fondements de la république islamique d’Iran, les raisons pour lesquelles le régime iranien avait décidé de réprimer le PDKI et éliminer physiquement les chefs du parti.
 
Le combat de Ghassemlou et Sharafkandi, leurs qualités humaines et leur sagesse en ont fait deux figures incontournables au sain dans l’histoire de la lutte kurde. Le lien direct entre l’assassinat du Dr Ghasemlou et de ses camarades le 13 juillet 1989 à Vienne et du Dr Sharafkandi et trois autres personnes selon les preuves présentées au tribunal de l’affaire Mykonos, était évident et indéniable. Les documents et les rapports du tribunal de Mykonos indiquent que l’assassinat des dirigeants kurdes à l’étranger a été planifié et dirigé directement par l’ambassade iranienne en Allemagne avec l’aide de diplomate iranien et de terroristes tels que Seyed Hossein Mousavian*.
 
Mousavian, aujourd’hui professeur à l’Université de Princeton, doit être tenu responsable de son implication dans ces crimes odieux. Ce tueur doit être jugé afin que la justice soit rendue et que les droits des familles des victimes ne soient pas bafoués. »
 
*Seyed Hossein Mousavian a été ambassadeur d’Iran en Allemagne de 1990 à 1997. Durant le mandat de Mousavian, 23 Iraniens ont été assassinés en Europe. En 1997, un tribunal allemand a conclu que les dirigeants iraniens, y compris le ministère des Affaires étrangères, étaient les organisateurs des meurtres et que le siège de leur complot était l’ambassade iranienne. Au cours du procès, Abolghasem Mesbahi, un ancien espion de la République islamique d’Iran, a déclaré que « Mousavian était impliqué dans la plupart des crimes commis en Europe. » [Wikipédia]