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La France sommée d’œuvrer pour la paix entre la Turquie et le peuple kurde

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PARIS – Le vendredi 10 octobre, lors d’une conférence de presse organisée à l’Assemblée nationale, plusieurs députés, dont le Président du groupe d’études Kurdes, Thomas Portes, Danielle Simonnet, Elsa Faucillon et Stéphane Hablot, ont exhorté la France à œuvrer pour la paix entre la Turquie et le peuple kurde.

Les députés ont ensuite déposée une Proposition de Résolution (PPR) transpartisane pour exiger de la France une action diplomatique concrète en faveur d’une paix juste et durable entre la Turquie et le peuple Kurde. « Cette paix doit avoir lieu avec Abdullah Ocalan, dont je demande la libération immédiate. (…) La France doit s’engager pour soutenir le peuple kurde et le processus de paix engagé par l’auto dissolution du PKK », a déclaré Thomas Portes qui également président du groupe d’études kurdes.

Le député du DEM Parti, Idris Baluken ainsi que la porte-parole du Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F), Berivan Firat, le représentant du Rojava en France, Karim Kamar, ancien maire de Van-Ipekyolu, Veysel Keser étaient également présents à la conférence organisée dans le cadre de l’anniversaire de la campagne internationale « Liberté pour Öcalan, Une solution politique à la question kurde » qui dénonce le « complot international »* ayant abouti à l’arrestation d’Abdullah Ocalan, chef du PKK, en février 1999.

*Le « complot international » 

En 1998, dans le cadre d’un cessez-le-feu unilatéral, la Turquie, aidée par l’OTAN, a menacé la Syrie de guerre, forçant Abdullah Öcalan à quitter le pays le 9 octobre de la même année. Ce jour-là, la conspiration internationale a commencé.

Au milieu d’un cessez-le-feu unilatéral, la Turquie, aidée par l’OTAN, a menacé la Syrie de guerre, forçant Abdullah Öcalan à quitter le pays. Öcalan s’est rendu en Europe pour promouvoir une solution politique à la question kurde.

Ce jour-là, la conspiration internationale a commencé. Öcalan est arrivé à Athènes en provenance de Syrie le 9 octobre 1998. Le 11 octobre, il est arrivé à Moscou.

Le 20 octobre, la Turquie, la Syrie et le Liban ont signé le protocole d’Adana. Les relations turco-syriennes se sont rapidement améliorées.

Le 4 novembre, la Douma, chambre basse du Parlement russe, a demandé la reconnaissance de l’asile à Öcalan par 298 voix pour et 1 contre.

Le 12 novembre, Öcalan part pour Rome, mais le 16 janvier 1999, il quitte la capitale italienne pour retourner à Moscou, d’où, le 29 janvier, il s’envole pour la Grèce.

Le 31 janvier, Öcalan a tenté de se rendre en Biélorussie et aux Pays-Bas ; aucun de ces deux pays ne l’a autorisé à atterrir. Le 1er février, il est rentré à Athènes. Le 2 février, des fonctionnaires grecs ont emmené Öcalan à l’ambassade de Grèce à Nairobi, en route pour l’Afrique du Sud.

Mais le 15 février 1999, il a été enlevé à Nairobi, la capitale du Kenya, lors d’une opération clandestine internationale et emmené en Turquie. Depuis, il purge une peine de prison à vie sur l’île-prison d’Imrali, au large de la mer Marmara.

KURDISTAN. Décès du journaliste Demhat Akar

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KURDISTAN – Le journaliste kurde, Demhat Akar est décédé d’une crise cardiaque dans le camp de réfugiés de Makhmour, au Kurdistan du Sud.

L’Association des journalistes Dicle Fırat (DFG) a annoncé le décès du journaliste Demhat Akar dans un communiqué déclarant que : « Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès de notre collègue Demhat Akar des suites d’une crise cardiaque. La Presse libre présente ses condoléances à sa famille et aux habitants de Maxmur. »

« Rojava. Femmes entre les guerres »

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Une exposition sur le rôle des femmes au Rojava a ouvert ses portes au Palau Robert de Barcelone. Elle offre un aperçu du quotidien des combattantes, des civiles et des proches de membres de Daech, immortalisé par Victòria Rovira.

Le Palau Robert de Barcelone accueille l’exposition « Rojava : Femmes entre les guerres ». Cette exposition met en lumière le rôle des femmes dans le nord et l’est de la Syrie – également connu sous le nom de Rojava –, qui représente l’un des mouvements démocratiques les plus radicaux de notre époque. En pleine guerre syrienne, un système politique s’est développé dans la région, fondé sur la démocratie citoyenne, la libération des femmes et un modèle social multiethnique.

L’exposition a été inaugurée jeudi soir par la journaliste, photographe et commissaire d’exposition Victòria Rovira, la présidente de l’Institut Catalan des Femmes, Sònia Guerra, et la directrice générale des relations publiques du gouvernement catalan, Elisabet Valls.

L’exposition s’appuie sur un vaste travail de documentation entrepris en 2021. Elle met l’accent sur les femmes de différentes origines – kurdes, syriennes orthodoxes et syriaques – qui ont joué un rôle central dans le développement du Rojava, qu’elles soient combattantes, militantes ou civiles. La situation des femmes et des enfants associés aux membres de la milice terroriste Daech est également abordée.

L’objectif de l’exposition est de mettre en lumière la contribution essentielle des femmes actrices à la transformation politique et sociale dans un contexte marqué par la violence et l’instabilité. La région est devenue un pôle de mouvements féministes, où les femmes acquièrent leur indépendance économique, remettent en question les rôles sociaux et reconstruisent leurs communautés.

Exposition : « Rojava. Femmes entre les guerres »

Lieu :  Palau Robert, Passeig de Gràcia 107, Barcelone

Dates :  du 9 octobre au 30 novembre

Entrée :  gratuite

 

ROJAVA. Les FDS célèbrent les 10 ans de leur création

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SYRIE / ROJAVA – À l’occasion du dixième anniversaire de la fondation des Forces démocratiques syriennes (FDS), le commandement de l’alliance militaire arabo-kurde exprime sa plus profonde fierté et ses félicitations à sa héros et héroïnes, ainsi qu’aux peuples de la région, qui ont ensemble formé la base de ce projet national global, né de la volonté du peuple et de sa croyance en son droit à une vie libre et digne.

Dans un communiqué publié à cette occasion, le commandement général des FDS a déclaré :

« Nos forces ont été fondées sur l’héritage et les sacrifices des Unités de protection du peuple (YPG) et des Unités de protection des femmes (YPJ), durant les périodes les plus sombres de la Syrie, lorsque le chaos régnait, les fronts se désintégraient et le terrorisme s’étendait à de vastes régions du pays. Nos forces ont été la voix de la raison en temps de conflit, le projet d’unité en temps de fragmentation et le rempart de la dignité face au terrorisme et à l’extrémisme.

Alors que de nombreuses forces s’acheminaient vers la guerre civile, les Forces démocratiques syriennes ont choisi une voie différente : la défense de la patrie et de son peuple. Leur drapeau n’a pas été hissé au service d’intérêts égoïstes ; elles se sont révélées être une force purement nationale, appartenant à toutes les communautés syriennes, combattant au nom et pour le peuple syrien.

Au cours d’une décennie, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont consenti d’immenses sacrifices, versant le sang de milliers de martyrs qui ont libéré villes et villages des griffes de Daech et protégé des millions de civils du génocide et des déplacements forcés. Les FDS ont combattu dans les tranchées pour défendre les valeurs qui unissent les Syriens, semant la sécurité là où la mort avait été présente et construisant la vie là où le terrorisme avait laissé ses traces.

Les combats de nos forces contre le terrorisme n’étaient pas de simples affrontements militaires ; c’étaient des combats pour l’existence, la dignité et l’intégrité morale. Ils ont combattu pour la défense de l’humanité tout entière, assumant la responsabilité de protéger la Syrie de la désintégration et de l’effondrement, et prouvant au monde que la volonté d’un peuple libre est capable de triompher des ténèbres.

Avec leur projet national et démocratique, les FDS ont établi un modèle unique d’autonomie et d’administration civile, fondé sur la liberté, l’égalité, la justice sociale et la participation de toutes les communautés sans discrimination. Ce projet ne constituait pas une alternative à la Syrie, mais plutôt une voie vers une Syrie démocratique, libérée de la tyrannie et du terrorisme.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont devenues aujourd’hui un pilier de la stabilité et de la sécurité dans le nord et l’est de la Syrie, un partenaire efficace dans la lutte internationale contre le terrorisme, et une force politique et militaire responsable, respectée sur le plan national et international. Leur présence active sur tous les fronts garantit la protection des acquis du peuple syrien contre toute tentative de fragmentation et de subordination.

En cette occasion historique, nous nous souvenons de nos justes martyrs qui ont écrit l’épopée de la liberté au prix de leur sang. Nous renouvelons notre engagement envers eux et notre peuple : les FDS resteront fidèles aux principes qui ont présidé à leur fondation : défendre le peuple, préserver la dignité de la patrie et poursuivre la lutte jusqu’à l’édification d’une Syrie libre, démocratique et sûre pour tous ses citoyens. » (ANF)

PARIS. Des militant·es kurdes lauréat·es du Prix Danielle Mitterrand 2025

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PARIS – Des militant·es du mouvement social et des résistances démocratiques du Kurdistan de « Turquie » sont les lauréat·es du Prix Danielle Mitterrand* 2025. La remise du prix aura lieu le mercredi 10 décembre 2025.

Détails à venir…

*La Fondation Danielle Mitterrand, créée en 1986, œuvre à la construction d’alternatives démocratiques, solidaires et écologiques face à un modèle prédateur pour la planète et préjudiciable pour les droits humains.

En 2022, ce sont les acteurs civils du Rojava qui avaient reçu le Prix Danielle Mitterrand 2022 au nom des habitants du Rojava / Syrie du Nord-Est lors d’une soirée organisée à Paris.

TURQUIE. Un otage kurde libéré après 32 ans de captivité

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TURQUIE / KURDISTAN – Mehmet Şirin Taşdemir, un prisonnier kurde ayant passé 32 ans dans les geôles turque et dont la libération a été reportée 5 fois car il « n’a pas marché le long du mur » et « n’a pas montré de remords », a enfin été libéré de la prison de Karabük.

Sa libération reportée cinq fois pour des motifs farfelus 

Mehmet Şirin Taşdemir a été condamné à la réclusion à perpétuité après son arrestation en 1993. Durant cette période, il a été incarcéré dans de nombreuses prisons. Dernièrement envoyé à la prison de Karabük, Mehmet Şirin Taşdemir a passé 32 en captivité. Bien qu’ayant purgé sa peine, il a été retenu en otage pendant trois ans supplémentaires. La Commission pénitentiaire, qui avait reporté sa libération de huit mois pour la cinquième fois, avait invoqué ses sanctions disciplinaires et son refus de quitter l’organisation. Cette sanction disciplinaire était motivée par son refus de présenter sa pièce d’identité lors d’une fouille de cellule et son refus d’obtempérer à l’ordre des gardiens de « marcher en file indienne le long du mur ».

ROJAVA. Des gangs de DAECH violent et tuent une adolescente dans le camp d’al-Hol

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SYRIE / ROJAVA – Une adolescente de 14 ans a été violée et tuée par des gangs de DAECH / ISIS dans le camp al-Hol, rapporte l’agence kurde North Press.

Une adolescente turkmène de 14 ans a été violée et tuée dans la section des migrants du camp mercredi 8 octobre, rapporte North Press qui cite une source dans le camp al-Hol.

La source a indiqué à North Press que la victime, identifiée comme Fatima Abdullah, avait subi des agressions sexuelles, des tortures et des étranglements avant sa mort, selon un rapport médico-légal. Les résidentes du quartier ont signalé l’horreur après sa découverte.

Le camp d’Al-Hawl abrite toujours des dizaines de milliers de personnes déplacées, dont des familles liées à Daech. Malgré les appels internationaux au rapatriement, le camp continue d’accueillir un grand nombre de résidents dans des conditions difficiles.

Les autorités du camp ont confirmé qu’une enquête était en cours et ont déclaré que les mesures de sécurité avaient été renforcées suite à l’incident. (North Press Agency)

 

L’exécution comme outil de répression – L’Iran est un des principaux pays violant le droit à la vie

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IRAN / ROJHILAT – A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort du 10 octobre, l’ONG kurde Hengaw met en garde contre une augmentation sans précédent des exécutions en Iran depuis le mouvement « Femme, Vie, Liberté », à un niveau le plus élevé enregistré depuis plus de 20 ans.

La Journée mondiale contre la peine de mort a été instaurée en 2003 par la Coalition mondiale contre la peine de mort (en anglais World Coalition Against the Death Penalty, WCADP) afin de sensibiliser le monde entier à la violence, à la discrimination et à l’injustice inhérentes à la peine capitale. Cette journée symbolise la solidarité internationale pour la défense du droit fondamental à la vie et l’opposition aux exécutions forcées. Depuis sa création, elle est célébrée chaque année dans plus de 60 pays afin de plaider en faveur de l’abolition universelle de la peine de mort.

Le thème mondial de 2025, « La peine de mort ne protège personne », est particulièrement pertinent dans le contexte actuel de l’Iran.

Sur la base de documents vérifiés, l’Organisation pour les droits humains, Hengaw met en garde contre une augmentation sans précédent des exécutions en Iran depuis le mouvement « Femme, Vie, Liberté » (Jin, Jiyan, Azadi), marquant les niveaux les plus élevés enregistrés depuis plus de deux décennies.

Selon les données compilées par le Centre de statistiques et de documentation de Hengaw, au moins 829 prisonniers ont été exécutés en 2023, 909 en 2024 et 1 100 jusqu’à présent en 2025 dans les prisons iraniennes.

Parmi les personnes exécutées en 2025, au moins 579 victimes étaient membres de minorités ethniques et nationales, dont 173 Kurdes, 140 Lors, 118 Baloutches, 108 Turcs et 64 ressortissants afghans.

La même année, la République islamique d’Iran a enregistré le plus grand nombre d’exécutions de femmes au monde, avec 33 femmes exécutées et un mineur délinquant parmi les personnes mises à mort.

En outre, en 2025, au moins 41 prisonniers politiques et religieux ont été exécutés, dont 16 personnes accusées d’« espionnage pour le compte d’Israël ».

Le nombre d’exécutions en Iran a augmenté de 53,5 % en 2023 par rapport à 2022, passant de 540 à 829. En 2024, le chiffre a encore augmenté de 9,5 %, atteignant 909.

En octobre 2025, plus de 1 100 prisonniers avaient été exécutés à travers le pays, dont 500 depuis le déclenchement de la guerre Iran-Israël le 13 juin 2025.

Rien qu’en septembre 2025, 187 prisonniers ont été condamnés à mort, soit une augmentation de 140 % par rapport aux 78 exécutions de septembre 2024 — le total mensuel le plus élevé en Iran depuis 20 ans.

Des preuves documentées indiquent que les autorités iraniennes profitent de la forte augmentation des exécutions liées à la drogue pour normaliser le taux effarant d’exécutions dans le pays et pour dissimuler les exécutions de prisonniers politiques et religieux.

Ces dernières années, la République islamique d’Iran a procédé au plus grand nombre d’exécutions de femmes au monde. Parallèlement, des accusations telles que la « collaboration avec Israël », notamment contre les Kurdes, ont donné lieu à de plus en plus de condamnations à mort motivées par des considérations politiques.

Pour la première fois depuis des années, les autorités ont également condamné à mort des prisonnières politiques, notamment Sharifeh Mohammadi, Pakhshan Azizi et Verisheh Moradi, montrant clairement l’utilisation politique et répressive de la peine de mort comme outil d’intimidation.

Au-delà du ciblage disproportionné des Kurdes, des Baloutches, des Arabes et des Turcs, Hengaw a documenté de multiples cas de disparitions forcées de prisonniers politiques après leur exécution. Cette pratique constitue une grave violation du droit à la vie et à la dignité humaine et constitue un crime contre l’humanité.

Hengaw considère la peine de mort comme un châtiment intrinsèquement cruel et injuste, qui viole le droit fondamental à la vie. L’organisation souligne que de nombreuses condamnations à mort en Iran sont prononcées à l’issue de procédures judiciaires manquant de transparence, d’équité et de régularité, servant ainsi d’instruments politiques pour semer la peur et réprimer la dissidence.

Le grand nombre d’exécutions dites « apolitiques » ne doit pas occulter leur nature politique. Des données statistiques et contextuelles – notamment la concentration des exécutions liées au trafic de drogue dans des régions marginalisées comme le Baloutchistan, et l’exécution de femmes victimes de violences conjugales – révèlent l’utilisation délibérée de la peine de mort par l’État comme outil de contrôle social et politique.

En solidarité avec la campagne mondiale pour l’abolition de la peine de mort, Hengaw appelle une fois de plus la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et les gouvernements démocratiques à ne pas rester silencieux face à cette machine de mort en Iran et à utiliser tous les mécanismes diplomatiques, juridiques et humanitaires disponibles pour assurer la suspension immédiate des exécutions dans le pays.

TURQUIE. Commémorations des victimes du massacre de la gare d’Ankara

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TURQUIE – Des organisations syndicales, politiques et de défense des droits humains commémorent les victimes de l’attaque de l’État islamique ciblant le rassemblement pour la paix organisé par la gauche et les Kurdes sur la place de la gare d’Ankara le 10 octobre 2015.

Dix ans exactement se sont écoulés depuis le massacre d’Ankara du 10 octobre, l’attaque la plus sanglante de l’histoire récente de la Turquie. Le massacre, au cours duquel 103 personnes ont perdu la vie et des centaines ont été blessées, a été l’un des tournants les plus sombres de l’histoire politique de la Turquie. Les proches de ceux qui ont perdu la vie dans le massacre et de ceux qui ont été blessés se battent depuis dix ans pour que justice soit rendue.

L’attentat perpétré par Daech le 10 octobre 2015 devant la gare d’Ankara lors du « Rassemblement pour le Travail, la Paix et la Démocratie » constitue le massacre de civils le plus meurtrier de l’histoire de la Turquie. Il a coûté la vie à 103 personnes et en a blessé des centaines. Pourtant, dix ans plus tard, le procès n’a toujours pas abouti.

À l’occasion de l’anniversaire du massacre, les aspects juridiques de l’affaire et la quête de justice ont une fois de plus retenu l’attention du public. L’avocate Ilke Işık, qui a suivi l’affaire depuis le début, a présenté une analyse complète des lacunes juridiques et de la position de l’État tout au long de la procédure.

Işık a critiqué le refus du pouvoir judiciaire de qualifier le massacre de crime contre l’humanité, soulignant que cette période de dix ans reflète la tendance générale de la pratique judiciaire en Turquie.

Işık a déclaré : « Dix ans se sont écoulés depuis le plus grand massacre de masse du pays. Pour nous, ces dix années ont aussi été synonymes de lamentations sur la justice. Dès le début du procès et tout au long de celui-ci, la 4e Haute Cour pénale d’Ankara a rendu deux décisions. Pourtant, dans sa décision la plus récente, elle a maintenu son attitude de refus de considérer ce crime comme un crime contre l’humanité. Cette position est conforme à la jurisprudence générale. »

Trois jurys ont été remplacés au cours de ce procès. Ce dossier, qui contient des centaines de dossiers et exige un examen minutieux, n’a pas été reconnu lors de la première audience comme le plus grand massacre du pays. Pourtant, en 2026, le premier jury avait lui-même souligné l’importance de ce dossier.

Ilke Işık a déclaré que les changements au sein des commissions judiciaires révélaient la négligence avec laquelle l’affaire avait été traitée. Elle a ajouté : « Dans un dossier aussi vaste et exigeant un examen aussi minutieux, le remplacement ou la suppression de commissions judiciaires, surtout lorsqu’il s’agit d’un massacre à motivation politique, témoigne de la politique de la justice. Les demandes ont été ignorées ; les décisions semblaient prédéterminées. »

Après dix ans, ils nous ont dit ceci : « Nous ne punirons que les membres de l’EI. (…) »

Une décision qui bouleverse la réalité politique

Ilke Işık a déclaré que, bien que le nombre d’accusés dans cette affaire ait augmenté au fil du temps, aucun fonctionnaire n’avait jamais été poursuivi. Elle a déclaré : « Lors du premier procès, il y avait neuf accusés. Avec le jugement rendu en 2024, ce nombre est passé à dix. Ces dix accusés ont été condamnés pour 101 chefs d’accusation de meurtre aggravé et de tentative de meurtre. Au total, dix-neuf accusés étaient en détention. »

Les neuf autres ont été condamnés pour divers crimes, tels que l’appartenance à une organisation et la possession d’explosifs. Nous pouvons affirmer qu’il s’agit du seul cas dans le pays où des membres de l’EI ont été jugés en détention et condamnés. Car nous savons que ces accusés, fugitifs ou non, n’avaient pas été appréhendés auparavant. Et lorsqu’ils l’ont été, ils ont été libérés peu après. Cette pratique de libération a été intériorisée par le système judiciaire.

Işık a expliqué que le procès pour crimes contre l’humanité était également limité pour des raisons politiques. Il a également déclaré : « En 2019, le parquet général d’Ankara a établi un acte d’accusation pour crimes contre l’humanité, qui a été accepté par la 4e Haute Cour pénale d’Ankara. Cependant, en 2024, le tribunal a acquitté les accusés de cette accusation. Il a jugé que le crime n’avait pas été commis contre la société tout entière et a affirmé qu’il avait été commis pour mettre le Parti de la justice et du développement (AKP) dans une position difficile avant les élections de novembre. »

Il s’agit d’une décision qui déforme la réalité juridique et politique. La Cour d’appel, quant à elle, a évité de se prononcer sur le fond de l’affaire, arguant que les victimes n’avaient pas qualité pour agir. Nous avons fait appel de cette décision, et la procédure est toujours en cours devant la juridiction supérieure.

Aucune mesure n’a été prise contre un fonctionnaire public

Işık a souligné qu’aucune mesure n’avait été prise concernant la responsabilité des fonctionnaires. Elle a déclaré : « Ce massacre n’a pas été perpétré uniquement par Daech. Daech a été instrumentalisé. Les planificateurs du massacre, les accusés en fuite et tous les chaînons manquants figurent au dossier. Pourtant, aucun fonctionnaire n’a été poursuivi. Même les policiers anti-émeute qui ont fait usage de gaz lacrymogène sur les lieux n’ont pas été traduits en justice. Depuis dix ans, toutes les institutions de l’État érigent un mur unifié pour empêcher les poursuites contre les fonctionnaires. » Elle a déclaré : « Nous luttons pour la justice, et eux luttent pour éviter de rendre des comptes », et a attiré l’attention sur la nature politique du processus.

Enfin, Işık a déclaré que les recours déposés auprès de la Cour constitutionnelle n’avaient pas non plus abouti. Elle a conclu : « La décision concernant les accusés détenus a été rendue en 2018 et sa motivation rédigée en 2019. Depuis, elle est en instance devant la Cour constitutionnelle. Nos objections de fond ont été ignorées. Cette affaire constitue un test pour la Turquie dans sa lutte contre les crimes contre l’humanité, et le pouvoir judiciaire a échoué à ce test. »

Que s’est-il passé au cours de ces dix années ?

Le matin du 10 octobre 2015, deux kamikazes se sont fait exploser l’un après l’autre à 10h04 au milieu d’une foule rassemblée devant la gare d’Ankara pour le « Rassemblement pour le Travail, la Paix et la Démocratie ». Les explosions ont fait 103 morts et des centaines de blessés. Considéré comme l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire de la Turquie, ce massacre a profondément marqué la conscience sociale. L’EI a revendiqué l’attentat.

Au lendemain de l’incident, un deuil national de trois jours a été décrété. Les syndicats ont appelé à la grève et les partis politiques ont suspendu leurs campagnes électorales. L’intervention immédiate de la police sur place et le traitement brutal infligé aux personnes tentant de porter secours aux blessés ont suscité une vive indignation publique.

Le rassemblement pour la paix, cible de l’attaque, avait été organisé à l’appel de partis politiques pacifistes, d’organisations de la société civile et d’associations professionnelles. Le massacre a été perçu non seulement comme un échec sécuritaire, mais aussi comme un tournant politique majeur.

Négligence ignorée

L’enquête a finalement permis de remonter jusqu’à une cellule de l’EI basée à Antep. L’un des kamikazes était Yunus Emre Alagöz, dont le frère, Abdurrahman Alagöz, avait perpétré l’attentat de Suruç en juillet 2015, qui avait fait 34 morts. Il a été révélé par la suite que les deux attentats avaient été planifiés par des individus liés au même réseau de l’EI.

Le parquet général d’Ankara a identifié İlhami Balı, prétendument le commandant de l’EI responsable en Turquie, comme l’organisateur de l’attentat.

Au total, 35 personnes ont été inculpées, dont 16 sont toujours en fuite. Le procès a débuté en 2016. Neuf accusés ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité aggravée, un pour « violation de l’ordre constitutionnel » et 100 pour « meurtre avec préméditation », soit un total de 101 peines de réclusion criminelle à perpétuité aggravée chacun.

Ils ont également été condamnés à plus de 10 000 ans de prison pour « tentative de meurtre ».

Tout au long du procès, les familles des victimes et leurs avocats ont réitéré que l’État disposait d’informations préalables sur l’attaque, mais n’avait pas pris les précautions nécessaires. Ces allégations ont été fréquemment soulevées devant le tribunal, mais aucune enquête n’a jamais été ouverte contre les fonctionnaires. Pour ceux qui estimaient que la justice devait s’en prendre non seulement aux auteurs, mais aussi aux responsables de négligence, cela a été une profonde source de déception.

En 2024, à l’occasion du neuvième anniversaire de l’attentat, le tribunal a rendu sa décision finale. Cependant, les accusés en fuite sont toujours en fuite et Ilhami Balı, accusé d’avoir orchestré le massacre, n’a toujours pas été retrouvé. Bien que la procédure judiciaire soit techniquement terminée, la société est convaincue que justice n’a pas été rendue.

L’un des prix les plus lourds payés pour la revendication de paix

Tout au long du procès du massacre de la gare d’Ankara du 10 octobre, les critiques les plus virulentes ont porté sur le refus de la justice de demander des comptes aux responsables publics. Les avocats ont affirmé que des renseignements avaient été obtenus avant l’attaque concernant l’existence d’une cellule de l’EI ; l’identité des suspects, leurs numéros de téléphone et même leurs conversations sur écoute étaient connus. Pourtant, le tribunal a ignoré ces informations.

Il est apparu ultérieurement qu’un rapport établi par des inspecteurs du ministère de l’Intérieur avait été censuré par la Direction générale de la sécurité et que des dossiers clés avaient été retenus par les procureurs. Malgré cela, la 4e Haute Cour pénale d’Ankara n’a pas pris en compte ces documents dans sa décision motivée.

Les avocats ont soutenu que l’attaque devait être qualifiée de « crime contre l’humanité », mais le tribunal a rejeté cette définition, ne prononçant des verdicts que pour « violation de l’ordre constitutionnel » et « meurtre prémédité ». Des institutions telles que l’Union des barreaux turcs et le Barreau d’Ankara ont également assisté aux audiences, soulignant les lacunes de la procédure judiciaire. Les partis politiques, quant à eux, ont critiqué le gouvernement de l’époque pour sa rhétorique entourant l’attaque et son absence de mesures préventives.

Le massacre de la gare d’Ankara du 10 octobre a remis au premier plan national des questions fondamentales telles que la lutte contre le terrorisme, l’indépendance de la justice et la responsabilité publique. Les commémorations organisées à l’occasion de ces anniversaires continuent de rendre hommage non seulement aux victimes, mais aussi à la lutte incessante pour la justice.

Cette date reste gravée dans la mémoire collective comme le jour où l’appel à la paix a connu son plus lourd tribut. (ANF)

ROJAVA. Une agence de l’ONU va enquêter sur les disparitions forcées à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Six ans après l’invasion du canton kurde d’Afrin par la Turquie et ses gangs jihadistes, l’agence des Nations Unies annonce l’ouverture d’une enquête sur les disparitions forcées de civils à Afrin.

L’annonce de l’enquête a été rapporté par l’agence Rudaw dans l’article suivant.

Un organisme des Nations Unies créé pour localiser les dizaines de milliers de personnes disparues en Syrie a déclaré mercredi qu’il enquêtait sur le sort des habitants qui ont disparu sous le contrôle de groupes armés soutenus par la Turquie dans le district d’Afrin, dans le nord de la Syrie.
S’adressant aux journalistes au siège de l’ONU à New York, Karla Quintana, directrice de l’Institution indépendante pour les personnes disparues en République arabe syrienne (IIMP), a déclaré que l’organisation élargissait ses enquêtes au-delà des cas attribués au gouvernement Assad ou à l’État islamique (DAECH / ISIS), connu localement sous son acronyme arabe Daesh, pour inclure les abus commis par d’autres acteurs du conflit.
« Les factions de l’Armée nationale syrienne (ANS) qui ont combattu le gouvernement Assad avec le soutien de la Turquie continuent de détenir, de maltraiter et d’extorquer des civils dans le nord de la Syrie », selon un rapport de Human Rights Watch publié en mai.
« L’objectif principal était de capturer le territoire du nord d’Alep, y compris Shahba, une zone qui avait largement servi de refuge aux Kurdes déplacés lors de la prise d’Afrin par la Turquie en 2018 », ajoute le rapport.
Interrogé sur ce rapport, Quintana a déclaré : « À propos de Human Rights Watch, nous avons été en contact avec eux pour obtenir davantage d’informations sur les événements d’Afrin. »
Elle a confirmé qu’elle se rendrait en Syrie la semaine prochaine dans le cadre de ce qu’elle a qualifié de processus indépendant, mais dirigé par la Syrie. L’IIMP a été créé en 2023 par l’Assemblée générale des Nations Unies pour coordonner les efforts visant à localiser les plus de 130 000 Syriens disparus depuis le début de la guerre.
« Notre mandat est essentiel pour soutenir le droit des familles et de toute la société syrienne à connaître la vérité, à savoir ce qui est arrivé à leurs proches », a-t-elle déclaré.
Allégations à Afrin
Afrin, un district à majorité kurde du nord-ouest de la Syrie, a été pris par les forces soutenues par la Turquie en 2018. Depuis lors, les organisations de défense des droits humains accusent les factions alignées sur l’Armée nationale syrienne (ANS), soutenues par Ankara, de piller des biens, notamment des oliveraies, de procéder à des enlèvements contre rançon et de détenir arbitrairement des résidents.
Mutlu Civiroglu, analyste des affaires kurdes basé à Washington, DC, a déclaré que de telles conditions ont dissuadé les victimes de se manifester.
« Attaques, demandes de rançon, pillages de biens – notamment d’oliviers – et passages à tabac persistent à Afrin », a-t-il déclaré. « Compte tenu de tous ces facteurs, il est difficile pour une famille ou un habitant d’Afrin de se manifester. »
Il a ajouté que de nombreuses femmes yazidies qui ont fui la captivité de l’EI se trouvent toujours dans des camps de déplacés tels qu’al-Hol, aux côtés de milliers de détenus affiliés à l’EI.
Élargir le champ d’action au-delà de Damas
Bien que l’IIMP opère en coordination avec le gouvernement syrien et dans un cadre « dirigé par la Syrie », Quintana a souligné que son travail n’est pas dicté par Damas.
Elle a expliqué que l’agence enquête également sur les disparitions d’Alaouites – membres de la secte minoritaire traditionnellement associée à la famille Assad – et de Druzes, une communauté ethnoreligieuse distincte apparue après l’islam au XIe siècle.
Ces cas concernent des personnes disparues dans des zones désormais contrôlées par les nouvelles autorités sunnites qui ont pris le pouvoir après l’effondrement du régime.
Quintana a ajouté que son organisation examine actuellement « de nouvelles disparitions survenues après décembre 2024, en particulier dans les gouvernorats de Lattaquié, Tartous et As-Suwayda ». 
Ces régions abritent d’importantes populations alaouites et druzes, dont beaucoup ont été touchées par l’instabilité et les représailles persistantes dans un contexte de changement de contrôle du territoire.
Les défis de la recherche des disparus
Les experts affirment que l’institution est confrontée à d’immenses obstacles : un contrôle fragmenté à travers la Syrie, une résistance politique et un traumatisme qui contraint les témoins au silence. Human Rights Watch et d’autres observateurs ont documenté des abus persistants dans les zones contrôlées par la Turquie, où les pillages et les arrestations arbitraires restent monnaie courante.
Quintana a admis que le manque de ressources risque de poser un sérieux défi au travail de l’organisation.
« Lors de la recherche des disparus, les ressources ne suffisent jamais », a-t-elle déclaré. « Non seulement les ressources financières, mais aussi la volonté politique des États membres sont essentielles. »
Cependant, Quintana a décrit son mandat comme un chemin long mais nécessaire vers la « vérité ». L’IIMP prévoit d’ouvrir un bureau à Damas et de déployer des enquêteurs dans tout le pays en coopération avec des ONG locales.
« Tout le monde connaît quelqu’un porté disparu en Syrie », a déclaré la responsable de l’ONU. « Nous recherchons toutes les personnes disparues en Syrie ou dans le contexte syrien, indépendamment de leur appartenance, de leur nationalité, de leur origine ethnique ou du contexte de leur disparition. »

La Suède va livrer à l’Iran un jeune Kurde

SUEDE – Le demandeur d’asile politique kurde, Ashkan Sarvari est menacé d’être expulsé vers l’Iran après le rejet de sa demande d’asile.

Sarvari, 21 ans, a demandé l’asile en Suède avec ses parents en 2015, alors qu’il avait 11 ans. Son père, Salahaddin Sarvari, a déclaré au Réseau kurde des droits humains (Kurdistan Human Rights Network, KHRN) que la famille avait fui l’Iran en raison de ses activités politiques.

Il a déclaré que la procédure d’asile avait pris plusieurs années et qu’après qu’Ashkan eut eu 18 ans, son cas avait été examiné séparément.

« L’année dernière, ma femme et moi avons obtenu l’asile, mais la demande de mon fils a été rejetée. Le 18 août, il a été arrêté et transféré dans un camp de détention fermé en vue d’un retour forcé en Iran », a-t-il ajouté.

Né en décembre 2003 à Saqqez, Sarvari s’est converti au christianisme ces dernières années et a participé à plusieurs rassemblements de protestation contre la République islamique.

S’il était renvoyé de force en Iran, il risquerait sérieusement d’être arrêté et poursuivi.

SYRIE. L’AANES exhorte Damas à garantir le retour des réfugies de Sere Kaniye et de Tel Abyad

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SYRIE / ROJAVA – L’Administration arabo-kurde du nord et de l’est de la Syrie (AANES) a exhorté jeudi le gouvernement syrien de transition à assurer le retour en toute sécurité des résidents déplacés de Sere Kaniye (Ras al-Ain) et Tel Abyad dans le nord-est de la Syrie. 

La Turquie et ses mercenaires sont une menace directe pour l’unité territoriale de la Syrie

Dans une déclaration marquant le sixième anniversaire de l’invasion et de l’occupation militaires des deux villes par la Turquie en 2019, l’AANES a exhorté Damas à « assumer ses responsabilités nationales et humanitaires » et à prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux violations continues commises par les factions soutenues par la Turquie dans les zones occupées.

L’AANES a déclaré que toute action du gouvernement devrait « faire partie d’un cadre national global visant à mettre fin aux politiques d’occupation et de changement démographique » dans le nord de la Syrie.

Selon le communiqué, l’offensive turque a déplacé des centaines de milliers de civils et s’est accompagnée de graves violations des droits de l’homme, notamment des meurtres, des enlèvements, des pillages et la destruction d’infrastructures, dans le cadre de ce qu’elle décrit comme « une politique systématique de nettoyage ethnique ».

L’AANES a souligné que la présence continue de la Turquie « constitue une menace directe pour l’unité et la stabilité du territoire syrien » et a réaffirmé que « libérer les zones occupées et assurer le retour en toute sécurité de leurs résidents est à la fois un devoir national et humanitaire ».

Le 9 octobre 2019, la Turquie a lancé l’opération Source de Paix, reprenant Sere Kaniye et Tel Abyad aux Forces démocratiques syriennes (FDS). Cet assaut a déplacé plus de 200 000 civils, et les groupes de défense des droits de l’homme ont depuis documenté des exactions généralisées et des changements démographiques dans la région occupée. (North Press Agency)