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IRAN. Le régime exécute trois prisonniers politiques kurdes

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IRAN / ROJHILAT – Les prisonniers politiques kurdes, Idris Ali, Azad Shojaei et Rasoul Ahmad Rasoul ont été exécutés secrètement dans la prison centrale d’Ourmia. Les trois hommes avaient été condamnés à mort par la justice iranienne qui les accusait d’« espionnage au profit d’Israël ».

Selon les informations reçues par l’ONG de défense des droits humains, Hengaw, à l’aube du mercredi 25 juin 2025, Idris Ali, 32 ans, Azad Shojaei et Rasoul Ahmad Rasoul ont été exécutés en secret. Ils se sont vu refuser une dernière rencontre avec leurs familles.

Les médias d’État, dont l’agence de presse Mizan, ont confirmé les exécutions, affirmant qu’elles faisaient partie des « actions décisives » de la justice contre des agents présumés du « régime sioniste ».

Hengaw avait déjà mis en garde, dès le début de la guerre Iran-Israël, contre le risque imminent auquel ces prisonniers étaient confrontés. L’organisation a exprimé de vives inquiétudes quant aux condamnations à mort prononcées et confirmées sur la base d’aveux obtenus sous la contrainte et de procès inéquitables – des actes qu’elle a qualifiés de mesures de représailles bafouant les principes fondamentaux des droits humains.

Ces prisonniers politiques se sont vu refuser l’accès à une représentation juridique et aux visites de leur famille pendant leur détention et ont été soumis à de graves tortures physiques et psychologiques pendant des mois. Sous cette contrainte, ils ont été contraints de faire de faux aveux avant d’être transférés à la prison centrale d’Ourmia après huit mois.

Les trois hommes — Idris Ali et Azad Shojaei, originaires de Sardasht, et Rasoul Ahmad Rasoul, originaire de Sulaymaniyah, au Kurdistan irakien — ont été arrêtés par le ministère iranien du Renseignement en juillet 2023 et détenus dans son centre de détention d’Ourmia. Ils ont ensuite été jugés en octobre 2023 par la deuxième chambre du tribunal révolutionnaire d’Ourmia, présidée par le juge Ghorban Shahini. Le tribunal a officiellement prononcé leur condamnation à mort en novembre de la même année.

La confirmation officielle des peines est intervenue près d’un an plus tard, le mardi 5 novembre 2024, quelques jours seulement après les frappes militaires israéliennes de représailles contre des bases iraniennes. Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangiri, a annoncé les verdicts sans nommer les individus, affirmant qu’ils étaient impliqués à la fois dans l’espionnage et la contrebande d’éléments utilisés dans l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh sous couvert de trafic d’alcool.

Asghar Jahangiri a déclaré lors d’une conférence de presse qu’au moins huit personnes avaient été arrêtées en lien avec cette affaire, et que trois d’entre elles avaient été condamnées à mort lors de la phase initiale du procès.

Auparavant, le 9 décembre 2020, Hengaw avait rapporté que les forces de sécurité iraniennes avaient assiégé la ville de Baneh en lien avec l’assassinat de Fakhrizadeh et arrêté plus de 20 personnes, dont neuf identités avaient été rendues publiques par Hengaw à l’époque.

Mohsen Fakhrizadeh-Mahabadi, l’un des plus éminents scientifiques nucléaires iraniens, a été assassiné le 27 novembre 2020 dans la région d’Absard, près de Téhéran. Les autorités iraniennes ont imputé cet assassinat à Israël.

 

Hengaw appelle instamment la communauté internationale à intervenir et à faire pression sur la République islamique d’Iran pour qu’elle suspende toute exécution prévue. L’ONG rappelle que ces exécutions illustrent le recours constant de la République islamique d’Iran à la peine de mort comme moyen de pression politique en période de crise géopolitique.

 

Ava Homa : « Les peuples d’Iran craignent la répétition du régime »

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IRAN / KURDISTAN – Journaliste kurde originaire du Kurdistan iranien, également autrice du roman « Daughters of Smoke and Fire », Ava Homa rappelle que les peuples d’Iran sont pris entre des forces qu’il ne peuvent pas contrôler, ajoutant que les peuples d’Iran « craignent la répétition du régime : le patriarcat, le racisme et l’inégalité des classes remis à jour et embellis par une marionnette occidentale ».

Ava Homa a écrit que « Le peuple iranien, en particulier les femmes et les minorités, ne craignent pas le changement de régime. Ils craignent la répétition du régime : le patriarcat, le racisme et l’inégalité des classes rebrandés et embellis par une marionnette occidentale. Il n’y a pas de côté propre dans cette guerre – seulement des gens pris au milieu. Des années de sanctions et de corruption d’État ont décimé la classe moyenne iranienne, rendant les familles autrefois stables dans l’insécurité alimentaire et au chômage.

J’appelle le monde à cesser de sacrifier les personnes vulnérables pour le spectacle politique. La destruction n’est pas la libération. L’effondrement n’est pas une transformation. Si le monde se soucie vraiment de la liberté, il doit cesser de confondre ruine pour renaissance. Ceux qui ont le plus souffert – les minorités ethniques, les travailleurs pauvres, les femmes – ne peuvent pas se permettre un autre faux salut. »

La suite de l’article (en anglais) peut être lu sur le site The Globe and Mail : The Iranian people are caught between forces they cannot control

La Turquie va-t-elle enfin faire la paix avec les Kurdes?

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TURQUIE / KURDISTAN – A l’occasion du centenaire de l’exécution du chef de la résistance kurde Cheikh Saïd et de ses compagnons à Amed (Diyarbakır) en 1925, l’agence ANF a publié un article sur l’opportunité historique que représentent les pourparlers de paix engagés entre le PKK et l’État turc pour mettre fin à un siècle d’injustices faites aux Kurdes, dont l’existence même a été nié et furent victimes d’innombrables massacres génocidaires.

Voici l’article d’ANF signé par Fuat Ali Riza :

Le projet d’Abdullah Öcalan pour la démocratisation par la liberté des Kurdes offre à la Turquie une opportunité historique.

Le 29 juin marque le centenaire de l’exécution du chef de la résistance kurde Cheikh Saïd et de ses compagnons à Amed (Diyarbakır) en 1925. Les commémorations sont particulièrement fortes cette année, car ce centenaire attire à nouveau l’attention sur une injustice historique brutale. Même après un siècle, les lieux de sépulture de Cheikh Saïd et de ses compagnons demeurent inconnus. À ceux qui se demandent « Quelle est la question kurde ? », deux réponses s’offrent à eux : l’exécution et le refus de sépulture.

Il est notoire que Cheikh Saïd et ses compagnons ont résisté à la Constitution de la République turque de 1924 et au Traité de Lausanne, qui niaient l’existence du peuple kurde et préparaient son éradication. Leur résistance était une prise de position en faveur de l’existence et de la liberté des Kurdes. Ils exigeaient l’application du principe du « droit des nations à disposer d’elles-mêmes », un principe largement accepté à l’époque par les blocs socialiste et capitaliste. Il avait été formulé par Vladimir Lénine à gauche et par le président américain Woodrow Wilson à droite. La Société des Nations, prédécesseur des Nations Unies, a également reconnu ce droit.

De plus, les relations kurdo-turques remontent à l’arrivée des tribus turques au Moyen-Orient. Les Kurdes ont joué un rôle essentiel dans la victoire seldjoukide à la bataille de Manzikert en 1071. Leur soutien a été tout aussi crucial dans l’expansion de l’Empire ottoman au Moyen-Orient. Au sein de l’administration ottomane, les principautés kurdes jouissaient d’une forme distincte d’autonomie.

Lorsque l’Empire ottoman s’effondra après la Première Guerre mondiale et que la quête d’un nouvel État commença, Mustafa Kemal lança son initiative depuis le Kurdistan, en commençant par les congrès d’Erzurum et de Sivas. Le Pacte national (Misak-ı Milli), rédigé d’Amasya à Erzurum, définissait la patrie comme « les terres habitées par les Turcs et les Kurdes ». Lorsque la Grande Assemblée nationale s’ouvrit à Ankara le 23 avril 1920, près de la moitié de ses délégués étaient kurdes. Lors de ce qui fut appelé la « guerre d’indépendance », ce furent les Kurdes qui combattirent les forces coloniales britanniques et françaises. La Constitution de l’Assemblée de 1921 prévoyait même des dispositions pour l’autonomie kurde. À cette époque, le gouvernement d’Ankara se présentait comme une administration conjointe des Turcs et des Kurdes.

La première rupture majeure eut lieu avec le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923. À Lausanne, le mouvement kémaliste conclut un accord avec ses anciens ennemis, la Grande-Bretagne et la France, et se retourna contre son ancien allié, l’Union soviétique. Ce faisant, il accepta également l’exclusion des droits du peuple kurde du traité. Il semble que la Grande-Bretagne et la France aient accepté la proclamation de la République de Turquie le 29 octobre 1923, à la condition que le nouvel État rompe ses liens avec les Soviétiques et refuse toute reconnaissance des droits des Kurdes. Avec le soutien de ces puissances coloniales victorieuses, la République de Turquie rédigea une nouvelle constitution en 1924, abandonnant son cadre politique antérieur et codifiant formellement le déni du peuple kurde. Dès lors, l’État entreprit d’éliminer totalement l’existence kurde. C’est ainsi qu’est née la « question kurde », une mentalité et une politique de déni et d’annihilation.

Le soulèvement mené par Cheikh Saïd en février 1925 fut la première grande réponse du peuple kurde à cette politique d’effacement. La question kurde, vieille d’un siècle, et le mouvement de résistance pour l’existence et la liberté des Kurdes se sont développés sur cette base. La République de Turquie a, quant à elle, constamment réagi à la résistance kurde en la réprimant et en l’exécutant. Depuis un siècle, ce cercle vicieux de rébellion et d’anéantissement se poursuit sans discontinuer.

Pourtant, Cheikh Saïd et ses camarades ne s’opposaient ni aux Turcs ni à la république elle-même. Leur résistance résultait de promesses non tenues. Depuis les congrès d’Erzurum et de Sivas, le mouvement nationaliste turc avait promis l’autonomie aux Kurdes, promesses ignorées par la suite dans le traité de Lausanne et la Constitution de 1924. Cheikh Saïd et ses compagnons exigeaient la réalisation de cette autonomie, proclamée par Mustafa Kemal lui-même.

Les mêmes revendications persistèrent dans les années qui suivirent, et rares furent les villes kurdes qui ne se soulevèrent pas. Après le soulèvement d’Amed-Bingöl en 1925, la région de Serhat (nord-est) se souleva dans les années 1930. En 1937-1938, Dersim (Tunceli) devint le théâtre d’une nouvelle rébellion et d’un génocide. Seyit Riza, chef de la résistance de Dersim, fut invité par l’État à Erzincan pour des négociations. Sur place, il fut arrêté et exécuté à Elazig (Xarpêt). À ce jour, les lieux de sépulture de Seyit Riza et de ses compagnons demeurent inconnus.

À l’occasion du cinquantième anniversaire de cette politique de déni et d’anéantissement, Abdullah Öcalan, leader du peuple kurde, lança une nouvelle résistance pour l’existence et la liberté avec la rencontre du barrage de Çubuk. Cette résistance, développée avec une conscience, une organisation, une stratégie et des tactiques modernes, ne put être écrasée par la République de Turquie aussi facilement ni aussi rapidement qu’elle l’avait fait par le passé. L’État turc se tourna donc vers ses alliés historiques du génocide kurde, les puissances régionales et internationales, et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Finalement, un complot international mené par les États-Unis, le Royaume-Uni et Israël aboutit à l’enlèvement d’Abdullah Öcalan le 15 février 1999 au Kenya. Il fut emprisonné dans le système d’isolement, de torture et d’anéantissement d’Imrali. Dans un sombre souvenir historique de la première résistance kurde, M. Öcalan a été condamné à mort par le tribunal d’Imrali le 29 juin, le jour même où Cheikh Saïd et ses camarades ont été exécutés. Aujourd’hui marque le 26e anniversaire de cette condamnation.

Le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan, a non seulement maintenu sa résistance contre les politiques de déni et d’anéantissement, mais a également enduré la condamnation à mort et le système d’isolement d’Imrali. Alors que nous célébrons les 26e et 27e années de cette résistance, et que la question kurde elle-même atteint son centième anniversaire, de nouvelles et importantes opportunités de résolution se sont présentées. En octobre 2024, lorsque Devlet Bahçeli, président du Parti d’action nationaliste (MHP) et allié du gouvernement, a lancé un « appel à une solution », M. Öcalan a répondu positivement et présenté un « projet de solution » concret. Cette évolution a créé une opportunité sérieuse et historique de résoudre ce qui constitue depuis longtemps le problème le plus fondamental de la Turquie : la question kurde.

La principale raison pour laquelle une telle opportunité s’est présentée réside dans le fait que la résistance menée par M. Öcalan, forte de plus de cinquante ans d’existence, n’a pas été écrasée ni dissoute par l’État turc comme l’ont été les mouvements kurdes précédents. Le conflit en cours impose un fardeau immense à la société turque et à l’État lui-même. La deuxième raison est l’ampleur de la Troisième Guerre mondiale qui se déroule au Moyen-Orient depuis les années 1990. Pour une Turquie qui n’a pas réussi à résoudre la question kurde, le conflit régional croissant représente une grave menace. Devlet Bahçeli a qualifié cette situation de « crise de survie de l’État ». La guerre entre Israël et l’Iran, qui en est à son dixième jour, ainsi que l’implication directe des États-Unis et les objectifs plus larges du conflit, confirment le diagnostic de Bahçeli d’une menace existentielle.

En cette période de crise profonde pour la République de Turquie, le projet et la feuille de route proposés par Abdullah Öcalan, une démocratisation fondée sur la liberté des Kurdes, représentent une opportunité inestimable. De toute évidence, une Turquie qui résout la question kurde et entreprend une transformation démocratique sur cette base ne laissera aucune place à l’intervention étrangère. Une Turquie démocratisée et unifiée peut non seulement neutraliser toute forme d’attaque, mais aussi offrir un nouveau modèle démocratique au Moyen-Orient.

Cependant, au lieu de reconnaître ce moment historique et d’adhérer au projet de solution de M. Öcalan, certains adoptent une attitude évasive, dédaigneuse et dilatoire. Pire encore, des campagnes de diffamation sont menées contre M. Öcalan. Que chacun le sache : nul ne peut couvrir le soleil de boue ! Toute calomnie proférée contre M. Öcalan ne rejaillira que sur ceux qui la prononcent, se noircissant les mains et le visage.

Dans l’espoir que chacun évaluera correctement les cent dernières années et reconnaîtra clairement l’opportunité actuelle de résolution, je commémore respectueusement tous les martyrs du Kurdistan à l’occasion du centième anniversaire de l’exécution de Cheikh Saïd et de ses camarades.

ROJAVA. 10 ans après le massacre de Kobanê la douleur est toujours vive

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SYRIE / ROJAVA – Il y a dix ans, le 25 juin 2015, l’État islamique commettait un massacre à Kobanê : 252 civils, dont 64 femmes et 35 enfants, étaient assassinés.

Il y a dix ans, des terroristes de l’État islamique massacraient 253 civils kurdes dans le village de Berxbotan et dans le canton de Kobanê pour se venger de la défaite que les forces kurdes leur ont infligée.

Le massacre de Kobané a été commémoré à l’occasion de son dixième anniversaire comme un crime indélébile. Des mercenaires de l’EI, soutenus par l’État d’occupation turc, ont pris d’assaut la ville à l’aube du 25 juin 2015, commettant un massacre qui a coûté la vie à plus de 250 civils. Parmi les témoignages recueillis, Nabil Abdul Razzaq Kashal raconte comment il a perdu sa famille, soulignant que les cris des victimes hantent encore sa mémoire aujourd’hui.

 

Nabil Abdul Razzaq Kashal

À l’aube du 25 juin 2015, alors que les habitants de Kobané dormaient après le repas d’avant l’aube du neuvième jour du Ramadan, des monstres dépourvus de toute dignité humaine se sont infiltrés dans leurs maisons.

Dans un crime odieux, les mercenaires de l’EI soutenus par l’État d’occupation turc, qui avaient déjà été vaincus dans la même ville le 26 janvier de la même année, ont attaqué la ville de Kobani d’une manière décrite comme la plus méprisable.

Des mercenaires déguisés en membres des Unités de protection du peuple (YPG) ont commis un horrible massacre qui a débuté dans le village de Barkh Botan et s’est propagé jusqu’au centre-ville. Ce massacre a coûté la vie à 253 femmes, jeunes, enfants et personnes âgées, et a blessé des centaines d’autres.

Parmi ceux qui ont vécu ce cauchemar, Nabil Abdul Razzaq Kashal est un témoin vivant de la tragédie, ayant perdu sa mère, son père et sa sœur lors de cette nuit noire. À l’occasion du dixième anniversaire du massacre, il affirme que la douleur est toujours présente, comme si le temps n’avait pas passé, et que les détails de cette journée le hantent toujours avec la même douleur.

Une aube qui ne sera jamais oubliée dans la mémoire de Kobané

Nabil Abdul Razzaq Kashal raconte avec des détails glaçants les premières lueurs de l’aube, le jour du massacre : « Nous avons été réveillés par des coups de feu. Mes parents se sont levés pour la prière de l’aube, mais mon père a senti qu’il se passait quelque chose de suspect. Il a dit à ma mère qu’il avait l’intention de signaler l’incident aux Forces de sécurité intérieure, ce qu’il a fait à ses camarades de l’Asayish. Ils se sont rapidement dirigés vers la 48e rue à Kobané, mais les mercenaires avaient bloqué les routes, tuant six de ses camarades de l’Asayish avant même qu’ils atteignent le village. »

Kashal poursuit : « Quand mon père est revenu, les balles fusaient de toutes parts. Les mercenaires de l’EI massacraient enfants, personnes âgées, femmes et hommes pendant leur sommeil. Même les nourrissons n’ont pas été épargnés. Vingt-sept personnes du village de Barkh Botan ont été tuées, dont mon père, ma mère et ma sœur. Je dormais encore à ce moment-là, mais le bruit des coups de feu m’a réveillé et, dès que je l’ai entendu, j’ai compris que c’étaient les mercenaires. »

Il a ajouté : « Ma mère ne savait pas ce qui se passait, mais dès qu’elle a vu les mercenaires sortir de leurs véhicules en criant “Dieu est grand”, elle a su qu’il s’agissait de mercenaires de Daech. Elle a reculé en hurlant : “Ce sont des mercenaires.” Dès qu’ils l’ont entendue, ils ont ouvert le feu sur elle. Ma sœur a couru vers elle et a également été visée par leurs balles. Elles ont été martyrisées ensemble, côte à côte. Plus tard, j’ai rencontré mon cousin, qui m’a raconté que ma mère et ma sœur avaient été martyrisées, et que mon père avait également été martyrisé sur le chemin du retour. »

« Si seulement nous pouvions oublier ce jour fatidique… »

C’est par ces mots que Kashal conclut son discours : « Ce fut une journée sombre, dans tous les sens du terme. Peu importe le nombre d’années qui passent, la douleur de cette matinée sanglante reste gravée en moi. Les voix et les gémissements des femmes et des enfants résonnent encore à mes oreilles, et les larmes ne tarissent jamais lorsque je me souviens de cette scène. Si seulement nous pouvions l’oublier… mais nous ne l’oublierons pas, et nous ne laisserons pas le sang de nos martyrs couler en vain. »

Massacre de Kobanê

Le massacre s’est produit après la défense réussie de la ville contre les attaques de l’EI. Le 26 janvier 2015, les YPG/YPJ ont déclaré la libération de Kobanê. La ville avait été détruite, mais la reconstruction avait commencé. Dix jours après que les YPG et les YPJ ont libéré Girê Spî (Tal Abyad) le 15 juin de la même année et avancé sur Raqqa, la « capitale du califat » autoproclamée, des djihadistes de l’Etat islamique déguisés en uniformes des YPG sont entrés dans Kobanê par les deux côtés.

60 terroristes de l’Etat islamique de Turquie avaient passé le poste frontière de Mürşitpınar, qui était complètement fermé à l’époque, au su des soldats turcs – dans des véhicules avec une mitrailleuse DShK montée. Un autre peloton de l’EI est passé par Jarablus. L’attaque a commencé à l’aube avec l’explosion d’un camion piégé. Par la suite, les djihadistes sont descendus sur Kobanê. Les djihadistes allaient de maison en maison, tuant des vieillards, hommes, femmes et enfants. Les gens ont rapporté que les tueurs avaient spécialement rasé leur barbe afin d’entrer dans la ville sans être détectés.

Néanmoins, les Unités de défense du peuple et des femmes (YPG/YPJ) ont pu repousser l’attaque. Il restait 252 civils morts, le plus jeune n’ayant que quelques années, et deux douzaines de combattants tombés. Ils ont été enterrés dans un cimetière spécial de la ville.

 

 

TURQUIE. Tollé contre la déforestation et la construction d’un poste militaire dans un village yézidi

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TURQUIE / KURDISTAN – Dans le village historique yézidi de Kiwex, dans la province kurde de Şırnak, les arbres sont abattus et un nouveau poste militaire y est en construction. Les villageois critiquent cet empiètement sur la nature et les propriétés.

La construction d’un poste militaire a débuté à l’entrée du village yézidi (êzdî) historique de Kiwex, vieux de 2 900 ans. Selon les habitants du village, la forêt adjacente est actuellement soumise à une déforestation massive, en partie sur des terres privées.

Kiwex, situé dans le district d’İdil de Şırnak, est considéré comme un important centre historique et culturel yézidi. Chaque année, des milliers de personnes visitent ce village, évacué de force par l’État turc en 1993 et ​​officiellement déclaré zone touristique par l’administration provinciale de Şırnak.

La structure sociale du village en danger

Selon les villageois, une déforestation à grande échelle est en cours depuis environ une semaine à proximité du site prévu pour l’avant-poste. Ils estiment que l’écocide menace non seulement l’équilibre écologique, mais aussi la structure sociale du village.

« Des arbres sont abattus sur notre terrain sans notre consentement », a déclaré un habitant à l’Agence Mezopotamya (MA). Il a souhaité garder l’anonymat pour des raisons de sécurité.

Accusations contre les politiciens locaux

Les critiques visent notamment l’ancien président du parti islamiste HÜDA-PAR du district de Midyat, Sait Sevim, et des membres du conseil du district d’Idil, issus des rangs de l’AKP au pouvoir. Ils sont accusés d’avoir organisé ou approuvé la déforestation. Selon les allégations, Sait Sevim aurait obtenu l’accord du chef du village pour l’abattage des arbres en échange d’argent.

« Notre village a été ouvert au tourisme, mais maintenant, ils détruisent la nature sous nos yeux », a poursuivi le villageois. Certaines des zones touchées sont officiellement enregistrées comme propriétés privées. Des arbres sont abattus sans autorisation et sans consultation des propriétaires, a-t-il ajouté.

Les villageois demandent l’arrêt immédiat du défrichement

La communauté villageoise critique également la mesure, estimant qu’elle est justifiée par des « préoccupations sécuritaires ». Selon elle, la construction prévue d’un poste militaire ne saurait justifier la destruction de l’écosystème local. Dans une déclaration commune, résidents et sympathisants ont appelé à l’arrêt immédiat du défrichement et à la « soumission publique de cette intervention écologique ». (ANF)

IRAK. La police irakienne arrête 5 Kurdes à Touz Khormatou

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IRAK / KURDISTAN – Les arrestations auraient eu lieu lors de raids lancés suite à des plaintes d’agriculteurs arabes.

La police irakienne a effectué ce matin une descente dans le village de Tepsewz, dans le district de Tuz Khurmatu (en kurde: Xurmatû) à Kirkouk, et a arrêté cinq jeunes Kurdes. Cette opération aurait été déclenchée suite à des plaintes d’agriculteurs arabes.

Le représentant du village, Ahmed Cume, a déclaré à Rojnews que les forces de police avaient torturé les villageois lors du raid.

Suite à cet incident, des agriculteurs kurdes ont déposé plainte contre les forces de sécurité. Aucune information n’a été fournie sur le sort des personnes arrêtées. On ignore également les chefs d’accusation retenus contre elles.

TURQUIE. Munzur a perdu une de ses précieuses voix

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TURQUIE – La musicienne kurde originaire de la région de Munzur, à Dersim, İlknur Demir est décédée des suites d’une longue maladie le 21 juin 2025.

İlknur Demir, l’une des fondatrices du groupe Munzur, est décédée le 21 juin des suites d’un cancer. En 1992, Ilknur Demir a cofondé la formation musicale groupe Munzur qui chantait des chansons contestataires dans plusieurs langues (dialectes kurdes zazaki et kurmanci et en turc). L’artiste a été inhumée à Izmir après une cérémonie religieuse dans un lieu de culte alévi. Sa tombe a été recouverte par la terre rapportée de sa chère Munzur tandis que ses ami-e-s ont chanté lors des funérailles.

Le musicien kurde de Dersim, Mikaîl Aslan a rendu hommage à sa consœur en ces termes:

« Nous avons perdu aujourd’hui notre chère amie İlknur Demir, l’une des premières membres du Grup Munzur. Je souhaite patience et courage à sa famille et à ses amis.
Elle a été notre soutien et notre alliée pendant nos jours les plus difficile à Istanbul. C’était une personne exemplaire par son altruisme, sa modestie et son sens du partage. Je suis profondément désolé. »

KURDISTAN. Résurrection de la forêt de Shekhan abattue par l’État turc

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TURQUIE / KURDISTAN – Victime d’écocide, la forêt de Şêxan (Shekhan) commence à se reconstituer et la verdure revient dans cette région kurde, après deux années d’abattage d’arbres. Depuis des années, les forêts du Kurdistan sont devenues une usine à bois de la Turquie colonialiste.

Dans plusieurs villes du Kurdistan, la destruction écologique se poursuit, les opérations d’abattage d’arbres se poursuivant sous prétexte de « sécurité ». Şırnak (Şirnex), Bitlis (Bedlîs) et Bingöl (Çewlîg) comptent parmi les zones les plus touchées. Outre les préoccupations sécuritaires, les autorités invoquent fréquemment la « régénération » comme justification, même si les arbres sont souvent coupés jusqu’aux racines pour empêcher leur repousse.

À Şêxan (Shekhan), où la déforestation s’est poursuivie sans interruption pendant deux ans, la coupe a été interrompue cette année suite aux vives protestations des villageois. Des milliers de jeunes arbres ont été abattus sur des dizaines d’hectares, et les contreforts des montagnes des hauts plateaux ont été si gravement rasés que les dégâts étaient visibles de loin. Cette année, cependant, aucune autre coupe n’a eu lieu. Les racines arrachées ont commencé à réapparaître, et les contreforts, bruns et arides l’an dernier, sont revenus au vert, dans une renaissance discrète mais déterminée. Les villageois ont condamné la destruction et déclaré qu’ils continueraient de résister aux efforts de déforestation dans la région.

L’abattage des arbres s’est poursuivi sans interruption pendant deux ans

Entre 2023 et 2024, une vaste opération d’abattage d’arbres a débuté dans la région de Şêxan, dans la province de Muş. L’opération a ciblé des zones peuplées de jeunes arbres et s’est poursuivie sans interruption pendant deux ans. Durant cette période, des dizaines d’hectares ont été détruits. Les éleveurs nomades et le bétail vivant dans les hautes terres ont été gravement touchés par la destruction. Les conséquences ont ressemblé à une scène de pillage. Lorsque Serhat Eren, député d’Amed du Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM), a soumis une enquête parlementaire sur le sujet, la réponse officielle a affirmé que l’abattage s’inscrivait dans un effort de « rajeunissement » et avait été effectué dans un souci d’équilibre écologique. Le communiqué affirmait également que seuls les vieux arbres avaient été abattus. Cependant, des preuves visuelles de la zone pendant la période d’abattage contredisent les affirmations du ministère de l’Agriculture et des Forêts.

Les villageois ont arrêté la coupe

Malgré les dégâts, la région a commencé à reverdir cette année avec l’arrivée des beaux jours. De petites pousses ont remplacé les arbres coupés, et la terre tente lentement de se régénérer. Les villageois que nous avons interrogés ont déclaré qu’à la suite de leurs objections, la coupe a été interrompue et empêchée de s’étendre à une zone plus vaste. L’abattage d’arbres effectué sur les hautes terres, réputées pour leur beauté naturelle et fréquentées chaque été par les éleveurs nomades, a non seulement causé des dommages écologiques, mais a également nui au pâturage du petit bétail dans la région.

S’il n’y avait pas d’arbres, nous n’existerions pas

Les habitants locaux se sont fermement opposés aux tentatives d’extension des destructions et ont empêché la poursuite des coupes. À l’instar des pratiques observées à Şırnak, la Direction provinciale des forêts a essuyé une vive réaction de la part du public après avoir tenté de céder des arbres locaux à des entreprises privées et à des gardes villageois par le biais d’appels d’offres. Dans les villages situés au pied du mont Andok, les habitants ont refusé de signer les pétitions qui auraient autorisé l’exploitation forestière. Ils ont ainsi empêché l’opération. Un villageois avec qui nous nous sommes entretenus a exprimé la détermination de la communauté à résister : « Ces arbres sont tout pour nous. S’ils disparaissent, nous aussi. Ils veulent nous détruire, avec les arbres. L’année dernière, ils ont rasé une zone entière. Cette année, ils ont de nouveau lorgné nos terres, mais nous ne l’avons pas permis. En protégeant les arbres, nous protégeons également notre espace vital et nos sources d’eau. » (ANF)

TURQUIE. Un journaliste populiste incarcéré

TURQUIE – Le journaliste populiste turc qui avait notamment menacé d’agression sexuelle l’éminente avocate kurde Eren Keskin, Fatih Altayli a été incarcéré pour « menace » envers le président Recep Tayyip Erdogan. Les défenseurs des droits humains, y compris Eren Keskin, dénoncent les tentatives d’intimidation des voix critiques et exigent sa libération.

Altayli a été arrêté samedi à cause de commentaires dans une vidéo qu’il a publiée vendredi dans laquelle il répondait à un sondage montrant que la plupart des Turcs s’opposaient à un mandat à vie d’Erdogan.

L’avocate kurde qui a également eu droit aux attaques populiste de Fatih Altayli a appelé à sa libération sur son comte X (ancien Twitter), tout en appelant qu’il reste loin d’eux (les progressistes et défenseurs des droits humains). Eren Keskina a écrit: « Fatih Altaylı s’est opposé aux défenseurs des droits humains, notamment dans les années 1990. Il est à l’origine des menaces de mort, dont j’ai été la cible (…). Mais nous sommes toujours contre le « jugement sous mandat d’arrêt ». Il devrait être libéré (…) ».

Les femmes kurdes sont les actrices du processus de paix

TURQUIE / KURDISTAN – Lors de la 3e Plateforme d’unité des femmes kurdes, ces dernières ont mis l’accent sur l’unité et se sont définies comme des actrices clés de la reconstruction et de la paix.

« Avec l’unité des femmes kurdes, vers l’unité nationale »

La Plateforme pour l’unité des femmes kurdes a tenu sa troisième conférence à Amed (Diyarbakır) sous le slogan « Avec l’unité des femmes kurdes, vers l’unité nationale ». L’événement s’est déroulé à la Chambre de commerce et d’industrie d’Amed et a réuni des dizaines de femmes de différentes villes du Kurdistan et de Turquie. Lors de la conférence, les participantes ont abordé les récents développements politiques et les défis actuels, en mettant l’accent sur le rôle des femmes dans le processus de reconstruction. Elles ont souligné l’importance de l’unité entre les femmes kurdes et ont appelé les femmes à participer à ce processus par leurs paroles, leurs idées et leur présence sur le terrain.

 

 

Banu Ay, membre du conseil provincial d’Amed du Parti de l’Homme et de la Liberté (Partiya Însan û Azadiyê, PÎA), a fait des remarques importantes sur le processus de paix au Kurdistan, le rôle social des femmes et la préservation du patrimoine culturel. Soulignant que les femmes joueront un rôle décisif dans la paix et la transformation sociale, elle a déclaré : « Dans ce processus, nous ne voulons pas être une simple goutte d’eau, nous voulons être un océan. »

Les femmes sont à l’avant-garde de cette lutte

Banu Ay a présenté le travail de la Plateforme d’unité des femmes kurdes (en kurde: Konferansa Platfotma Yekîtiya Jinên Kurd) et a souligné la nécessité d’une plus grande visibilité des femmes dans les sphères culturelle et politique. Elle a souligné que les femmes kurdes ont enduré de profondes souffrances tout au long de l’histoire, et que cette souffrance les a rendues plus résilientes et plus conscientes.

Elle a souligné que le deuil de la perte d’enfants avait particulièrement renforcé l’engagement des femmes en faveur de la paix et a insisté sur le fait que la paix devait être construite sous leur direction : « Depuis des siècles, les femmes ont payé un lourd tribut. Nous voulons mettre un terme à cette douleur et à ces larmes. La contribution des femmes au processus de paix ne doit pas être symbolique, elle doit être constructive et motivante. La préservation de la culture, de la langue et des traditions kurdes doit faire partie intégrante de ce processus. Le droit à l’éducation dans sa langue maternelle est une revendication fondamentale, et les femmes doivent être en première ligne de ce combat. »

Nous devons agir côte à côte pour le Kurdistan

Banu Ay a souligné que les femmes de différents horizons politiques peuvent s’unir autour de la cause commune du Kurdistan. Elle a déclaré : « Nous avons peut-être des divergences politiques. Mais lorsqu’il s’agit de l’unité du Kurdistan, nous devons parvenir à un consensus et agir ensemble. Nous devons adopter une position constructive et unificatrice. Nous faisons tout ce que nous pouvons. Dans la paix, nous ne voulons pas être de simples spectatrices, nous voulons être de véritables actrices. En tant que femmes, nous devons être aux avant-postes de toute transformation. »

Esra Kahraman, membre de l’Association « Temps des Femmes » (Komeleya Dema Jinan / Kadın Zamanı Derneği), a attiré l’attention sur le rôle des femmes kurdes dans le processus de paix et la lutte contre la guerre invisible imposée aux femmes au Moyen-Orient. Elle a affirmé que les femmes kurdes occupent une place de premier plan dans les efforts pour l’unité nationale et une paix durable.

Esra Kahraman a souligné l’importance de la conférence et a déclaré : « Une guerre sans nom fait rage au Moyen-Orient, et les femmes sont les plus touchées. C’est pourquoi, en tant que femmes, nous ne nous contentons pas de réclamer la paix, nous participons activement à sa construction. »

Les femmes kurdes sont les pionnières de la paix

Esra Kahraman a déclaré que la série de conférences se poursuivrait simultanément dans les quatre régions du Kurdistan, et que l’objectif ultime était de créer une plateforme qui renforcerait la lutte des femmes pour la paix régionale grâce à une conférence finale conjointe. Elle a ajouté que cette plateforme se concentrerait non seulement sur les efforts de consolidation de la paix, mais mènerait également la lutte contre la violence et la destruction culturelle.

Kahraman a poursuivi : « Construire la paix ne signifie pas simplement faire taire les armes. Lutter contre la violence, la destruction culturelle et les inégalités est également un élément essentiel du combat pour la paix. C’est pourquoi la participation des femmes à ce processus est non seulement une responsabilité morale, mais aussi une nécessité politique. Les femmes kurdes ne sont pas seulement des partisanes de la paix, elles en sont les pionnières. »

En soulevant leurs revendications de paix et d’égalité contre la guerre et le conflit en cours au Moyen-Orient, les femmes kurdes ont déclaré une fois de plus lors de cette conférence qu’elles ouvriront la voie à la transformation sociale.

Les membres du Congrès de l’Islam Démocratique (DIK), Diba Keskin et Dilan Aydın, ont également pris la parole lors de la conférence, soulignant que les femmes sont les porteuses de la paix et les véritables sujets d’une solution.

Les femmes kurdes luttent depuis des décennies

Diba Keskin a souligné l’importance de la lutte des femmes, soulignant la transformation en cours au Moyen-Orient et la manière dont elle est façonnée par un ordre guerrier dominé par les hommes. « Une transformation majeure est en cours au Moyen-Orient. Ces neuf derniers jours, une guerre majeure est menée par les hommes. Pour construire une nouvelle vie, le peuple kurde, et plus particulièrement les femmes, doit apporter ses idées et son expérience. Le rassemblement d’aujourd’hui s’inscrit dans ce processus. Les femmes kurdes luttent depuis quarante ans. Aujourd’hui, ce combat a atteint un point culminant. Les femmes kurdes ont une expérience considérable, une voix forte et le pouvoir de proposer des solutions. Nous sommes ici avec nos idées, nos slogans et nos propositions, car ce sont les femmes qui ont porté le plus lourd fardeau de la guerre sur ces terres », a-t-elle déclaré.

Diba Keskin a déclaré que les femmes souhaitent la paix pour mettre fin aux souffrances, soulignant qu’elles ne se contentent pas d’exiger la paix mais qu’elles la construisent activement en tant qu’agents clés du processus.

Une autre intervenante, Dilan Aydın, a également souligné l’importance de la conférence, expliquant qu’elle ne considérait pas ce rassemblement comme un simple espace de discussion, mais comme une plateforme pour générer des solutions concrètes pour l’avenir. Elle a déclaré : « La vie elle-même est déjà un espace de lutte intense, et dans cette intensité, nous sommes désormais confrontés à la guerre. Aujourd’hui, au cœur de cette guerre, nous discutons de paix, d’avenir et du rôle des femmes. »

Notre objectif est de produire des solutions concrètes

Dilan Aydın a souligné la participation de femmes de nombreuses villes à la conférence et l’a décrite comme une source d’espoir.

Elle a déclaré : « Ici, nous ne parlons pas seulement en notre nom, mais nous abordons également les problèmes rencontrés par des millions de femmes. Nous nous attaquons à des questions telles que les politiques de guerre spéciales, la violence et les inégalités. Grâce à cette conférence, nous souhaitons progresser et élaborer des solutions concrètes et applicables sur le terrain. Avec ce rassemblement, les femmes ne se contentent pas d’identifier les problèmes, elles se rassemblent pour créer des solutions et expriment leur volonté de participer au processus de paix sur la base de la sagesse et de l’unité collectives. » (ANF)

 

TURQUIE. Il faut une Constitution englobant toutes les identités

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TURQUIE / KURDISTAN – Avocat kurde et coprésidente de l’association des droits humains (IHD), Eren Keskin, a rappelé que la paix profitera à tous et que la violence diminuera, ajoutant qu’une commission devrait être créée au Parlement turc de toute urgence pour élaborer une Constitution démocratique incluant toutes les identités et dans laquelle elles peuvent s’exprimer.

Les discussions sur une solution démocratique à la question kurde se poursuivent en Turquie. Suite à l’« Appel à la paix et à une société démocratique » lancé par le leader du peuple kurde Abdullah Öcalan le 27 février, le PKK a également convoqué son congrès et décidé de mettre fin à la lutte armée. Bien que l’État n’ait pas encore pris de mesures concrètes concernant la base juridique et judiciaire du processus, des revendications sont formulées pour garantir le « droit à l’espoir » d’Abdullah Öcalan et « ouvrir la voie » au bon déroulement du processus.

Eren Keskin, coprésidente et avocate de l’IHD (İnsan Hakları Derneği), a déclaré que si le processus réussissait, tout le monde serait gagnant et que, par conséquent, tous les segments de la société devraient le soutenir. Mme Keskin a souligné que leur discours n’avait pas changé depuis le procès international de complot qui a conduit Abdullah Öcalan à être emmené en Turquie et qu’ils avaient toujours appelé à une solution pacifique. Mme Keskin a ajouté qu’en tant que défenseurs des droits humains, ils avaient toujours prôné la paix.

Keskin, qui a déclaré trouver importante la décision de dissolution du PKK, a déclaré : « J’ai toujours été favorable à la politique civile. Le monde change, les guerres ne se font plus avec des fusils. Comme nous l’avons vu lors des récentes tensions israélo-iraniennes, les moyens de guerre ont beaucoup évolué. On peut tuer des gens d’un simple coup de fil. L’ère de la guerre armée est donc révolue. Si nous parlons d’une république démocratique, cela nécessite un renforcement de la politique civile. Le monde est entré dans une période où la politique civile doit être renforcée. Nous prônons la lutte non armée depuis des années. À cet égard, la décision du PKK est très réaliste et doit absolument être soutenue. »

Eren Keskin, qui a déclaré que la lutte pacifique devait être socialisée et que les groupes d’opposition devaient également soutenir le processus, a déclaré que le parti DEM accomplissait un travail important à ce stade et a ajouté : « La classe ouvrière turque devrait soutenir ce processus au plus haut point. Car cette guerre lui vole son gagne-pain. Cependant, aucune grève générale pour la paix n’a eu lieu jusqu’à présent dans cette région. Cela signifie que la revendication de paix est insuffisante. Les groupes démocratiques, socialistes et même libéraux devraient également soutenir ce processus avec force. Il est essentiel que les partis politiques au Parlement, en particulier la principale opposition, soutiennent ce processus. » 

Attirant l’attention sur le fait que la confrontation est essentielle à une paix honorable, Eren Keskin a déclaré que le peuple kurde ressent une profonde douleur et a poursuivi : « La douleur des deux camps n’est pas égale. En réalité, les Kurdes ne sont pas égaux quant au droit d’exprimer et de partager leur douleur. Une grande partie de cette région ignore ce que vivent les Kurdes ou refuse de le voir. En tant que défenseurs des droits humains, nous avons documenté des crimes de guerre et des violations inimaginables des droits humains. Des personnes ont été tuées sous nos yeux, des villages ont été incendiés, des personnes ont disparu, des meurtres ont été commis par des contre-guérilleros. Des milliers de personnes sont sans sépulture. Le Kurdistan est une région de morts sans sépulture. Ces souffrances doivent absolument être évoquées. La douleur des Mères du samedi, des Mères de la paix et des familles qui ont perdu des êtres chers dans les attaques du PKK, y compris la douleur de chacun, doit faire partie de ce processus. »

Keskin, qui a déclaré que l’idéologie officielle de l’État était « moniste », a souligné l’importance de l’appel d’Abdullah Öcalan à une « Constitution démocratique » : « Une Constitution démocratique doit être élaborée dans ce contexte géographique où toutes les identités peuvent s’exprimer et s’intégrer. Une paix véritable ne peut naître que dans un environnement où l’idéologie officielle peut être critiquée. Le droit à l’espoir n’est pas non plus une faveur ; la CEDH considère sa non-reconnaissance comme une torture et impose à la Turquie le devoir d’adopter des réglementations juridiques. Ce droit ne s’applique pas seulement à Öcalan ; il s’applique à tous les prisonniers qui ont passé 25 ans en prison et qui ont été condamnés à la réclusion à perpétuité. »

Eren Keskin a souligné la nécessité de créer d’urgence une commission pour la paix au Parlement. « Une telle commission contribuerait positivement à la socialisation de la paix. Les partis politiques ont une grande responsabilité à cet égard. »

Eren Keskin a souligné l’importance de mesures telles que l’appel d’Abdullah Öcalan et la décision du PKK de déposer les armes, et a déclaré que seuls les Kurdes avaient jusqu’à présent pris des mesures pacifiques. Soulignant la nécessité de libérer les prisonniers malades et tous les prisonniers politiques, d’abroger la loi antiterroriste et de garantir l’égalité des exécutions, Eren Keskin a conclu ainsi : « Je pense que la première étape devrait être la libération des prisonniers malades et des prisonniers politiques. Le processus de paix bénéficiera à tous. Il profitera avant tout à la classe ouvrière, aux femmes, aux personnes LGBTI+ et à toutes les identités opprimées dans cette région. Un processus pacifique est un processus qui diminue la violence. Plus important encore, c’est le début d’une nouvelle ère où les ressources matérielles de la région seront consacrées à la vie humaine, et non à la guerre. Par conséquent, chacun doit soutenir ce processus. » (Agence Mezopotamya)

KON-MED tient son 4e congrès ordinaire à Cologne

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ALLEMAGNE – La Confédération des communautés démocratiques du Kurdistan d’Allemagne (KON-MED) a tenu son 4e congrès ordinaire qui était axé sur l’isolement d’Abdullah Öcalan, l’unité nationale, l’organisation sociale et les perspectives de paix.

La Confédération des communautés démocratiques du Kurdistan d’Allemagne (KON-MED) a tenu son 4e congrès ordinaire dimanche à Bergisch Gladbach, près de Cologne. Étaient présents : Ruken Akça et Kerem Gök, coprésidents de KON-MED, Engin Sever, coprésident des Communautés démocratiques kurdes d’Europe (KCDK-E), Ahmet Karamus, coprésident du Congrès national du Kurdistan (KNK), Siyamend Mûînî, membre du conseil exécutif du PJAK (Parti pour une vie libre du Kurdistan), membres de la Fédération démocratique alévie (FEDA), de la Communauté islamique du Kurdistan, représentants des mouvements de femmes et de jeunesse, des institutions linguistiques, de l’Association des familles des martyrs (KOMAW), ainsi que des représentants des secteurs de la culture, des sports, de l’écologie et des relations internationales.

L’accent sur l’isolement et les perspectives de paix

Le congrès a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes de la lutte pour la libération des Kurdes. Dans son discours d’ouverture, Ruken Akça, coprésidente de KON-MED, a dénoncé l’isolement persistant du leader kurde Abdullah Öcalan sur l’île-prison turque d’Imrali et a critiqué l’insuffisance des progrès réalisés dans la lutte pour sa libération.

Akça a souligné que l’« Appel à la paix et à la société démocratique » lancé par Öcalan le 27 février ouvrait la voie à une nouvelle phase de dialogue et à une possible solution. « Nous devons renforcer nos structures en Allemagne, nous défendre contre la politique d’assimilation de l’État allemand et développer nos organisations locales. Ce siècle sera celui du peuple kurde », a-t-elle déclaré.

Kerem Gök, également coprésident de KON-MED, a rendu hommage aux victimes de la lutte de libération kurde et a évoqué « 52 ans de lutte pour la liberté » liés à la philosophie d’Öcalan. Il a appelé à la libération de l’homme politique kurde Yüksel Koç, emprisonné à Brême, et d’autres prisonniers politiques en Allemagne.

Large soutien politique et appel à l’unité

Engin Sever, coprésident du KCDK-E, a déclaré que KON-MED représente la voix d’environ deux millions de Kurdes en Allemagne.

Sever a déclaré que l’appel à la paix d’Öcalan ne s’adresse pas seulement à eux, mais à tous les peuples du Moyen-Orient, faisant référence aux crimes historiques contre les minorités ethniques et religieuses de la région.

Le coprésident du KNK, Ahmet Karamus, a souligné les profonds changements géopolitiques au Moyen-Orient suite à la guerre entre Israël et l’Iran. Il a déclaré que le traité de Lausanne avait perdu sa validité et qu’il était urgent d’élaborer une stratégie kurde unifiée : « Tous les acteurs et organisations politiques doivent assumer leurs responsabilités et prendre au sérieux l’appel d’Öcalan. »

Siyamend Mûînî, membre du Conseil exécutif du PJAK, a accueilli les personnes présentes avec le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » (Femme, Vie, Liberté) et a mis en garde contre les conséquences de la guerre et des politiques de haine. Il a souligné que la démarche d’Öcalan pour trouver une solution repose sur le dialogue et la paix, ce qui est particulièrement pertinent en période d’escalade militaire croissante.

Le Parti de gauche est solidaire des Kurdes

Des invités de la politique allemande étaient également présents. Heiner Kockerbeck, qui s’exprimait au nom du parti de gauche DIE LINKE au conseil municipal de Cologne, a souligné la solidarité de son parti avec le mouvement kurde.

Le Congrès élit une nouvelle direction et discute des rapports de travail

Après les discours, les rapports d’activité de KON-MED et de l’Association des femmes du Kurdistan d’Allemagne (YJK-E) ont été présentés, discutés et évalués. Enfin, une nouvelle direction a été élue pour l’année à venir. (ANF)