« Il y a un génocide culturel et linguistique à Afrin »

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ROJAVA – AMUDÊ – Spécialiste de l’histoire moderne et du Moyen-Orient, de l’Iran et de la Turquie, Fereh Sabır a pris la parole lors du Forum international sur le changement démographique et le nettoyage ethnique à Afrin.
 
« La Turquie affirme que ces politiques garantissent sa propre sécurité. Cependant, tout le monde sait que les régions libérées du nord de la Syrie sont connues pour leur sécurité depuis le premier jour de la crise syrienne. »
 
Professeure Sabır a souligné en quoi la politique turque appliquée dans la région avait créé une situation grave et a déclaré : « Le président Erdoğan devrait respecter les normes internationales et les droits des pays voisins.
 
A Afrin, des personnes d’autres régions et pays ont été amenées afin de modifier la composition démographique de la ville et de sa région.
 
J’aimerais souligner que ce qui se passe à Afrin est un génocide linguistique et culturel. La Turquie prétend appliquer des politiques modérées et créer de nouveaux développements dans la région, mais la réalité sur le terrain prouve le contraire. On voit clairement que la Turquie mène des politiques dures dans la région.
 
L’objectif de la Turquie est clair. L’objectif de la Turquie est d’occuper la région. La Turquie fait valoir que ces politiques visent en réalité à garantir sa propre sécurité. Cependant, tout le monde sait que les zones libérées du nord de la Syrie sont réputées pour leur sécurité depuis le premier jour de la crise syrienne. L’intervention de la Turquie a provoqué une détérioration de la confiance et un conflit dans la région. En outre, la Turquie souhaite retirer les forces démocratiques syriennes (FDS) de l’est de l’Euphrate. Elle veut intervenir dans les régions orientales de l’Euphrate. La Turquie veut avoir son mot à dire sur l’avenir de la Syrie. Elle essaie donc d’imposer sa propre politique à la région. La Turquie met en œuvre une politique de turquification. »
 
En ce qui concerne les relations russo-turques, Sabır a déclaré : « Ces relations sont fondées sur des intérêts. La Russie veut préserver la légitimité du régime syrien. L’occupation d’Afrin est le résultat d’une négociation entre la Russie et la Turquie. L’influence et la domination du régime par la Russie à Idlib a permis à la Turquie d’occuper Afrin. »
 
Parlant de la tentative de la Turquie de forger une alliance politique et militaire avec les États-Unis, Sabir a déclaré que la Turquie voulait empêcher les habitants du nord de la Syrie de participer à la solution de la crise syrienne.
 
Professeure Sabır a conclu son discours en affirmant que l’Iran avait rendu service à la Turquie afin de rester en Syrie et de protéger les forces du régime. « Téhéran sait que les développements dans la région auront finalement un impact sur ses relations avec la Turquie. »
 
Via ANF

L’artiste kurde, Zehra Dogan dessine la prisonnière malade Sisê Bingol

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TURQUIE – MERSIN – L’artiste-journaliste kurde, Zehra Dogan a dessiné deux portraits de Sisê Bingol, une Kurde âgée et malade qui se trouve dans la même cellule que Zehra.
Etant privée de matériel de dessin, Dogan a utilisé des crayons à papier pour réaliser les portraits de Sisê Bingol.
 
Emprisonnée depuis avril 2017 pour «avoir aidé sciemment et volontairement une organisation terroriste», Sisê Bingol, une Kurde malade de 78 ans, a été condamnée à 4 ans et 2 mois de prison.
 
Zehra Dogan a été condamnée en mars 2017 à une peine deux ans, neuf mois et 22 jours de prison pour avoir publié son tableau sur la destruction de la ville de Nusaybin, dans la province kurde de Mardin, qui a été soumis à un couvre-feu intermittent pendant plusieurs mois en 2016.
 
Le 24 octobre, 20 détenues politiques kurdes, dont Zehra Dogan – qui venait de recevoir le prix du courage en journalisme de la fondation internationale des médias féminins (IWMF) – ont été transférées de forces de la prison de Diyarbakir à celle de Tarsus, à 600 km de Diyarbakir.
 
Via l’agence Mezopotamya

Le journaliste kurde bloqué à l’aéroport de Zurich ne sera pas déporté

SUISSE – ZURICH – Le journaliste kurde Mustafa Mamay, bloqué à l’aéroport de Zurich depuis près de deux mois, ne sera finalement pas déporté en Afrique du Sud, selon un message publié sur son compte Twitter.
 
Mamay a fui la Turquie après l’ouverture d’une affaire de terrorisme pour sa participation à une conférence de presse du DTP, un parti politique pro-kurde. Il a vécu dans le nord de la Syrie pendant un certain temps, où il a continué à travailler en tant que journaliste.
 
Cette année, il a quitté la Syrie et s’est rendu en Suisse pour y demander l’asile. Les autorités suisses ont d’abord tenté de le renvoyer en Afrique du Sud, pae où ila avait transité avant d’arriver en Suisse, affirmant qu’il s’agissait d’un pays sûr – un pays qui ne viole pas les principes de non-refoulement visant à garantir que les réfugiés ne soient pas être renvoyés dans des pays où ils sont menacés. Mamay a toutefois noté que les liens économiques étroits que l’Afrique du Sud entretenait avec la Turquie et le traitement historique réservé aux réfugiés signifiaient que, s’il est expulsé, sa vie et sa liberté auraient toujours été en danger.
 
La Turquie est le pire geôlier de journalistes au monde, avec des centaines de professionnels des médias emprisonnés pour avoir exercé leur métier. Les médias kurdes ont été les premières victimes de la répression. Le gouvernement actuel de l’AKP a fermé les journaux et les chaînes de télévision kurdes et accuse souvent les journalistes kurdes, comme Mamay, de terrorisme et d’autres infractions graves contre l’État, pour des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles de journaliste. Le Comité pour la protection des journalistes a déclaré à propos de l’affaire Mamay que sa peine de six ans d’emprisonnement était « fondée uniquement sur sa présence à une conférence de presse considérée comme illégale en Turquie en 2008. »
 
Mamay attend maintenant l’autorisation d’entrer en Suisse.
 

Ancien conseiller de l’ONU pour la paix : La Turquie a violé les conventions internationales, changé la démographie d’Afrin

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ROJAVA – QAMISHLO – Le Forum international sur l’épuration ethnique et le changement démographique à Afrin se poursuit dans la ville d’Amudê.
 
Après le discours de la coprésidente du Conseil constitutif de la Fédération démocratique de Syrie du Nord, Hadiya Yousef, le premier axe du forum sur le nettoyage ethnique et le changement démographique pratiqué par l’Etat turc et ses mercenaires à Afrin s’est centré sur les dangers de l’aspect politique du nettoyage ethnique et du changement démographique à Afrin.
 
David Phillips a déclaré que l’occupation turque avait violé les conventions internationales et les droits de l’homme, qu’elle travaille à changer la démographie d’Afrin, et a souligné que les Kurdes doivent être libérés de tous les pays occupants du Kurdistan dans ses diverses parties (…) : « J’élève la voix et dire que la Turquie est un État terroriste et il commet des crimes systématiquement. »
 
Le chef de séance Khalid Issa, le docteur en sciences politiques et directeur du Centre de recherche syrien, Khatib Dijla, politicien kurde et ancien chef du Parti démocratique, le professeur Udo Steinbach, spécialiste des études orientales et chef du Centre de gestion du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Aldar Khalil, chef du Comité diplomatique du Mouvement des sociétés démocratiques (TEV-DEM), Farah Saber Mohammad, docteur en histoire moderne et contemporaine et spécialiste des affaires iraniennes et turques et des questions relatives au Moyen-Orient, Mohamed Ihsan, docteur en sciences politiques et ministre des droits de l’homme du gouvernement de la région du Kurdistan, David Phillips, directeur du Programme sur la consolidation de la paix et les droits à l’Institute for the Study of Human Rights de l’Université Columbia. Ancien Conseiller principal auprès du Secrétariat de l’ONU et expert en affaires étrangères et conseiller principal auprès du département d’État des États-Unis, et Bernar Kouchner, ancien ministre français des affaires étrangères, sont parmi les participants au forum sur Afrin.
 
David Phillips a déclaré qu’ils appréciaient l’intégrité et l’honnêteté de l’administration du Rojava et du nord de la Syrie, et a remercié Kouchner qui a longtemps défendu cette expérience.
 
Phillips a fait remarquer qu’il participe au forum car il s’intéresse à l’expérience pionnière au Rojava, pour faire prendre conscience aux gens du Rojava qu’ils ne sont pas seuls, et pour rappeler au monde les massacres commis contre les gens de la région. Cette expérience démocratique et la liberté des femmes sont importantes pour la Syrie et le monde. Et d’ajouter : « Nous continuerons à lutter pour sensibiliser les gens à cet endroit. Nous ne devons pas renoncer à l’injustice ou miner notre volonté. »
 
Phillips a déclaré que ce qui s’est passé à Afrin était un crime contre l’humanité : « Nous devons transférer des images même à travers les films, les montrer au monde pour connaître la lutte ici. Ce qui s’est passé relève de la responsabilité du gouvernement syrien et il doit mener des enquêtes sur ces crimes, car il s’agit de violations de la souveraineté syrienne. S’il n’est pas en mesure de protéger sa souveraineté, les partenaires européens auront un rôle à jouer. Le Conseil de l’Union européenne est capable de mener des enquêtes à ce sujet et le Conseil de sécurité doit intervenir. Les organisations des Nations Unies peuvent intervenir. Il faut des témoins oculaires et la collecte d’images, de vidéos et de documents en plus de documenter ce qui se passe à Afrin. »
 
Phillips a suggéré à l’administration nord syrienne d’ouvrir un musée sur les massacres de masse commis contre eux et d’attirer l’attention des médias.
 
Phillips a déclaré que l’occupation turque a tué des dizaines de résidents d’Afrin, ce qui est considéré comme une violation de la Convention et de l’article 39, une violation des droits physiques et moraux et une violation des articles des Nations Unies.
 
Phillips a confirmé qu’il donne sa voix aux témoignages en direct des violations commises à Afrin et en Turquie contre des médecins, des journalistes et des civils. Il les considère comme des pratiques systématiques d’arabisation des régions kurdes d’Afrin, où de nombreuses personnes ont été forcées de se convertir à l’Islam et d’aller dans les mosquées.
 
Et d’ajouter : « J’élève la voix et je dis que la Turquie est un État terroriste, qu’elle commet systématiquement des crimes et que les habitants du Rojava se défendent, a des principes et doivent être reconnus. Les autorités locales du Rojava doivent commencer à recueillir des informations et à documenter les histoires des victimes. »
 
A la fin de son discours, David Phillips a déclaré : « Les Kurdes doivent être libérés de tous les pays occupant le Kurdistan dans ses différentes parties. Les Kurdes ont beaucoup à offrir au monde. Nous avons des preuves de vos sacrifices qui ne doivent pas être oubliées. Nous faisons ce discours dans le monde entier et nous l’entendons par tout le monde. »
 
Via ANHA

« Les crimes commis par la Turquie atteignent un niveau élevé de génocide, dans le silence international »

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ROJAVA – QAMISHLO – Le Forum international sur « L’épuration ethnique et le changement démographique à Afrin » se poursuit dans la ville d’Amudê. Après le témoignage de certains habitants d’Afrin, un télégramme envoyé par la coprésidente du Conseil constitutif de la Fédération démocratique de Syrie du Nord, Hadiya Yousef, a été lu lors du forum.
 
Hadiya Yousef a expliqué que l’Etat turc poursuit toujours ses politiques arbitraires à l’encontre des habitants indigènes d’Afrin, et a ajouté : « Nous croyons en un avenir nouveau, un peuple libre et un système démocratique basé sur notre lutte fondée sur le libre arbitre. »
 
La dirigeante kurde, Yousef a expliqué dans son télégramme que l’occupation d’Afrin se faisait par le biais d’une conspiration internationale et régionale pour parvenir à des équilibres militaires et politiques entre les puissances mondiales et régionales, et pour restaurer l’influence du régime syrien d’une part et l’hégémonie russe sur la situation politique en Syrie, d’autre part, en accord avec la Turquie alors que la communauté internationale restait silencieuse.
« L’occupation d’Afrin est une nouvelle phase de la crise syrienne. La guerre est née d’une guerre avec les groupes armés ou la soi-disant opposition. C’était une guerre avec un État agresseur.
 
Notre peuple a combattu héroïquement par tous les moyens et a sacrifié plus de 1 500 martyrs pour préserver la dignité du peuple syrien. Bien qu’Afrin fasse partie de la Syrie, les déclarations du régime syrien n’ont pas dépassé les limites de la condamnation verbale », a-t-elle déclaré.
 
Hadiya Yousef a noté que l’Etat turc poursuit toujours ses politiques arbitraires à l’encontre des habitants d’Afrin : « Pour atteindre son objectif, de nombreux massacres ont été commis contre les habitants indigènes d’Afrin, qui se soldent par des crimes de guerre, des génocides, des violations des droits humains et des violations des lois, chartes et normes internationales pour montrer au monde son vrai visage pour restaurer l’Empire ottoman expansionniste ».
 
Hadiya a souligné en disant : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un grand problème : l’utilisation de notre pays comme un foyer pour menacer l’humanité dans son ensemble à travers le développement du système terroriste et de ses cellules. La violence et la guerre sont toujours présentes dans notre pays et n’ouvriront pas la voie à la résolution de la crise syrienne et à la recherche de solutions démocratiques. Ce que seul le peuple syrien en quête de liberté et de paix fera. »
 
A la fin de son télégramme, Hadiya Yousif a expliqué que, malgré l’ampleur de la tragédie vécue par le peuple syrien en général et par Afrin en particulier, « nous croyons en un avenir nouveau, en un peuple libre et en un système démocratique issu de notre lutte fondée sur le libre arbitre. »
 
Via ANHA

Kouchner : Nous devons nous opposer à l’occupation turque d’Afrin

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ROJAVA – AMUDÊ – Le Forum international sur le changement démographique et le nettoyage ethnique à Afrin a débuté aujourd’hui à Amudê.
 
L’occupation et le nettoyage ethnique ainsi que des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Afrin par la Turquie et ses mercenaires alliés sont traités durant le forum.
 
Le discours d’ouverture du forum a été prononcé par Ehmed Sino, l’un des responsables du Centre de recherches stratégiques du Rojava qui organise le Forum. Ensuite, une vidéo des attaques de l’Etat turc à Afrin a été présentée.
 
Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères français, qui assiste également au forum, a dressé un bilan de l’occupation turque à Afrin et des attaques menées dans cette perspective.
 
Kouchner a déclaré : « Nous devons nous opposer aux pratiques violentes de l’occupation turque. Nous devons d’abord demander la raison du silence qui règne sur ce qui est fait aux Kurdes. Les habitants du Rojava sont importants pour nous, car ils sont victimes de violations de la part de leurs voisins, de tous les côtés. »
 
Kouchner a souligné qu’ils s’engageraient dans des travaux sérieux, une fois de retour chez eux, afin de mettre fin aux politiques de meurtre, de déplacement forcé et de changement démographique de l’État turc.
 
Faisant remarquer que des pays tels que la Russie, l’Iran et les Etats-Unis voulaient établir une domination au Moyen-Orient, Kouchner a déclaré que la population du Rojava était directement touchée par cette politique sur le Moyen-Orient.
 
L’homme politique français a déclaré qu’il se tenait aux côtés des habitants du Rojava.
 
Via ANF

Du Rojava à la lutte Mapuche : Les graines révolutionnaires kurdes se propagent en Amérique latine

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Depuis plusieurs années, les Kurdes sont à l’avant-garde d’une révolution au Kurdistan occidental (Rojava). Leur système alternatif au capitalisme a résonné dans le monde entier. Leur société est organisée selon le confédéralisme démocratique, une forme éthique d’organisation politique qui rassemble les idées du municipalisme libertaire, de l’écologie sociale et du féminisme.
 
En Amérique latine, l’un des endroits où la pensée du Rojava a pris racine est Wallmapu, le territoire ancestral du peuple mapuche, le plus grand groupe autochtone du Chili et de l’Argentine. Les Mapuches luttent depuis des siècles contre la répression, les déplacements et la dépossession de leur territoire et de leurs terres.
 
Le peuple mapuche, inspiré par la lutte kurde – et en particulier le mouvement pour la liberté des femmes kurdes – a été motivé à travailler avec divers groupes chiliens pour former, par exemple, le Comité de solidarité avec le Kurdistan, la Región Chilena y Wallmapu (Comité de solidarité avec le Kurdistan, le Chili et la région wallmapu).
 
Ce comité est une plateforme de communication qui diffuse des informations sur la lutte kurde et s’efforce d’apporter son modèle d’organisation sur le territoire chilien et mapuche. Pendant ce temps, en Argentine, pays qui nie également au peuple mapuche son droit à l’autodétermination, des gens de gauche et des féministes se sont rendus au Kurdistan et ont écrit des livres sur leurs expériences avec le système politique alternatif en construction dans cette région.
 
Le Rojava est la région kurde située au nord de la Syrie où les gens développent ce qui pourrait être l’une des révolutions les plus importantes de l’histoire. Au milieu d’une répression militaire maintenue par le gouvernement turc et syrien et l’Etat islamique, des femmes et des hommes kurdes luttent ensemble pour leur liberté et celle de leur peuple.
 
Les populations autochtones des montagnes du nord du Moyen-Orient – les Kurdes – participent actuellement à une lutte armée pour protéger une partie du territoire qui leur reste dans les régions de Kobanê, Jazira et Afrin. Cette dernière région a récemment été occupée par les forces militaires de l’Etat turc et les Kurdes tentent de la récupérer.
 
Au milieu de cette résistance, les Kurdes créent un nouveau système politique, social et économique appelé confédéralisme démocratique, qui repose sur la liberté des femmes et la construction d’une démocratie directe.
 
Il s’agit d’un projet de démocratisation radicale de la société, qui propose, comme le dit leur chef Abdullah Ocalan dans son livre Confédéralisme démocratique, « l’auto-administration politique, dans laquelle tous les groupes de la société et toutes les identités culturelles s’expriment dans des réunions locales, des conventions générales, des conseils. Une telle démocratie ouvre un espace politique à toutes les couches sociales et permet à divers groupes politiques de s’exprimer. »
 
Tout comme le Kurdistan s’est vu refuser son existence et a été contraint d’être divisé entre les frontières territoriales de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie, le territoire ancestral du peuple mapuche colonisé par les États du Chili et de l’Argentine l’est aussi. Aujourd’hui, seulement 5% de ce territoire est officiellement reconnu comme territoire mapuche au Chili. La plus grande partie de Wallmapu est sous le contrôle de familles riches, de l’État ou de sociétés qui extraient les ressources naturelles de la région.
 
Ce mépris contemporain du droit à l’autodétermination des Mapuches n’est pas nouveau. Depuis la colonisation espagnole, le peuple mapuche a connu la migration forcée et la dislocation territoriale par d’innombrables actes oppressifs et injustes perpétrés par l’État chilien. Tout comme les Kurdes sur leurs terres, les Mapuches ont été témoins de la dépossession de leurs terres sous la violence de la police nationale et des militaires. Comme des enfants kurdes, des enfants mapuches ont été abattus et tués par la police.
 
Le peuple mapuche s’est probablement aussi senti solidaire lorsqu’en 2015, Sur, Cizre et d’autres régions kurdes du sud-est de la Turquie étaient sous couvre-feu militaire. L’Araucanie, la région qui compte le plus grand nombre de Mapuches, est aussi celle qui a la plus forte présence de forces militaires.
 
Ce groupe autochtone se bat actuellement pour ses droits et ses terres, mais aucun des gouvernements n’a reconnu son autonomie. En 1973, sous le régime d’Augusto Pinochet qui a duré de 1973 à 1990, les Mapuches qui étaient contre le régime ont été torturés, exilés ou ont disparu de force. La terre mapuche subit actuellement une remilitarisation sous la présidence de droite de Piñera.
 
Les luttes mapuche et kurde, bien qu’elles se déroulent sur deux continents et dans des cultures complètement différentes, sont plus liées que beaucoup ne le pensent. Les deux groupes sont des peuples autochtones qui revendiquent le droit à l’autodétermination et luttent pour protéger leurs terres ancestrales et contrôler leurs propres ressources face à la violence de l’État. Ils sont aussi, par conséquent, les victimes de ce que l’on appelle la « guerre contre le terrorisme », lancée par les États-Unis.
 
Pour l’Etat turc et les autres pays qui soutiennent le président turc oppressif Erdogan, le mouvement kurde est un mouvement terroriste parce qu’il s’oppose à l’Etat par une lutte armée, même si leur lutte armée a été déclarée en réponse à la violence implacable de l’Etat contre le peuple kurde (il y a des décennies, ils ne pouvaient même pas parler leur propre langue).
 
En effet, les seuls Kurdes soutenus par l’Etat turc sont ceux qui renoncent à leur propre identité : ceux qui s’opposent au mouvement pour la liberté et soutiennent Erdogan. En Turquie, même les personnes qui critiquent sur les réseaux sociaux l’invasion par la Turquie d’un territoire kurdes en Syrie peuvent être accusées d’être des terroristes. Ceux qui soutiennent Erdogan, cependant, ne sont pas considérés comme des terroristes.
 
Cette situation est similaire à celle des Mapuches du Sud. Depuis la colonisation, les Mapuches ont été divisés en au moins trois groupes : ceux qui sont prêts à abandonner leur patrimoine si cela signifie éviter la discrimination et le racisme continus à leur égard, ceux qui sont apathiques et ceux qui continuent à parler leur langue (les Mapuches étaient également interdits de parler leur langue) et/ou participent activement aux organisations politiques et sociales pour récupérer leurs terres et leur autonomie.
 
C’est ce dernier groupe, tout comme leurs homologues kurdes, qui a attiré l’attention de l’État. L’existence de personnes qui défendent l’identité mapuche a provoqué la militarisation des territoires où vivent non seulement plus de Mapuches, mais où ils sont plus politisés. Pour les criminaliser, l’État a élaboré une loi spécifique : La Loi antiterroriste, qui a été créée sous la dictature de Pinochet pour arrêter, torturer ou accuser les militants qui étaient contre son régime. Depuis la fin de la dictature, cette loi a été utilisée pour mettre les Mapuches politisés en prison ou même les condamner à mort.
 
Il n’y a pas si longtemps, il y a eu le cas de Machi Francisco Linconao, un guérisseur, figure d’autorité et ancien de la communauté mapuche qui a été accusé par l’État après la mort dans un incendie du riche couple Lucksinger-Mackay. Ce couple vivait au milieu d’une région qui concentre la plus forte population mapuche. Leur famille et eux sont propriétaires de nombreuses entreprises et sont bien connus pour être l’une des familles les plus riches du Chili.
 
Machi Linconao a été mise en prison après que deux agents aient placé de fausses preuves dans sa maison pour l’accuser de ce meurtre. Linconao, comme beaucoup le pensent, était probablement puni pour ce pour quoi il était connu : la défense de la terre mapuche. Après une grève de la faim et la solidarité politique de tout le pays, il a été libéré et l’État a finalement reconnu que les « preuves » utilisées pour l’inculper étaient fausses.
 
Les Mapuches et les militants chiliens ont créé le Comité de solidarité avec le Kurdistan, le Chili et la région de Wallmapu pour contester collectivement cette criminalisation des mouvements populaires au Kurdistan et au Chili.
 
Lua Montiel, membre de cette commission, a déclaré qu’elle travaillait « à la diffusion du projet politique kurde et du mouvement pour la liberté des femmes qui en est à la base. » Le groupe organise notamment des cours d’autoformation pour les membres du comité et des ateliers publics sur le confédéralisme démocratique.
 
Les femmes créent des rencontres pour parler de Jineoloji, qui est « la création d’un paradigme féminin ». Jineoloji était un concept issu de la lutte pour la liberté des femmes kurdes et qui vise à donner, selon Montiel, « l’accès des femmes et de la société à la science et au savoir » et à renforcer les liens entre les deux.
 
Le concept de Jineoloji est particulièrement intéressant pour les femmes du Chili, d’Argentine et d’autres pays d’Amérique latine, car, explique Montiel, « il nous aide à surmonter le féminisme occidental et colonial, et à connaître une nouvelle expérience des luttes des femmes, encore plus dans le contexte de guerre auquel elles font face. »
 
De même, en Argentine, plusieurs personnes soutiennent le mouvement kurde de défense de la liberté et travaillent en coopération avec d’autres comités pour diffuser les idées du mouvement et les amener en Amérique latine. Par exemple, ce comité a organisé le lancement du livre Mujeres de Kurdistán, La Revolución de las Hijas del Sol (Les femmes du Kurdistan, la révolution des filles du soleil) écrit par les auteurs argentins Rom Vaquero Díaz et Leandro Albani.
 
En Amérique latine, les gens veulent non seulement apprendre de l’expérience kurde, mais aussi apporter cette façon d’organiser au Chili et au peuple mapuche à travers des ateliers, des éditoriaux et de nouvelles stratégies d’organisation.
 
Comme l’a dit Nahuel Valenzuela, membre du comité chilien-mapuche, ce groupe « était considéré comme un vaste espace de gauche qui cherchait à ajouter des individualités ainsi que des collectifs d’un large éventail, en particulier ceux des zones anarchistes et des tendances révolutionnaires et socialistes. »
 
La graine kurde s’est déjà répandue à travers l’Amérique latine et s’enracine parmi les militants qui sont désireux de collaborer. Comme l’Armée Zapatiste de Libération Nationale, la lutte kurde a inspiré la formation de nouveaux groupes, comités, organisations et personnes qui partagent des expériences similaires, et tous semblent se joindre à ce qui est juste un combat : la lutte pour notre vraie liberté.
 
Pilar Villanueva, militante féministe et rédactrice en chef du magazine Zanganos.
 

SUISSE : Panel sur les violations des droits de l’Homme en Turquie

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SUISSE – BERN – La représentation suisse de l’association des droits de l’homme en Turquie (Insan haklari dernegi – IHD) officialisera son existence le 14 décembre prochain lors d’une réception/débat sur les droits de l’Homme en Turquie.
 
Dans le cadre de la Semaine internationale des droits de l’Homme, la toute nouvelle représentation suisse de l’association des droits de l’homme de Turquie (Insan haklari dernegi – IHD) organise un panel de discussion sur les violations des droits de l’Homme en Turquie le vendredi 14 décembre à partir de 18 heures.
 
Emma Sinclar-Web, directrice de recherches sur la Turquie, auprès de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch et Türkdoğan Ozturk, avocat et co-président de l’İHD-Turquie informeront le public lors du panel organisé à la Maison des religions – dialogue des cultures à Bern.
 

Aydın Sincar et Aysel Argın sont les coprésidents de la représentation suisse de l’IHD.

On peut lire « Mensch ist mit rechten mens (« l’Homme est un Homme avec ses droits ») sur l’invitation envoyée par l’IHD-Suisse.

Les mères du samedi réclament justice pour la 714e semaine

TURQUIE – ISTANBUL – Les mères du samedi se sont à nouveau réunies à Istanbul malgré le blocus de la police.
 
Pour la 714e semaine, les mères du samedi ont réclamé la justice et la vérité pour les personnes – majoritairement des Kurdes – disparues en détention dans les années 1980-1990.
 
Les députés du HDP, Meral Danis Beştaş, Dilşat Canbaz, Zeynel Özen, le député CHP Sezgin Tanrıkulu, l’actrice de cinéma Nur Sürer et des représentants de nombreuses organisations et partis se sont joints à l’action et ont porté les photographies des disparus.
 
Maside Ocak, la soeur de Hasan Ocak, a rappelé que le droit de tenir une conférence de presse avait été refusé par les autorités turques et que les mères du samedi n’avaient pas pu se rassembler place Galatasaray depuis 15 semaines.
 
Ocak a déclaré que la Turquie n’étant pas un État de droit démocratique et le pouvoir judiciaire étant soumis au pouvoir politique, les citoyens étaient privés de leurs droits et de leurs libertés.
 
Hommage aux avocats kurdes Sevket Epözdemir et Tahir Elçi
 
« Dans cet environnement d’illégalité, la plus importante garantie du droit à la liberté, représentée par des avocats, est attaquée », a déclaré Ocak.
 
Ocak a rendu hommage aux avocats assassinés, Sevket Epözdemir et Tahir Elçi, : « Ces deux avocats ont poursuivi des crimes contre l’humanité commis dans des conditions de suspension de la loi. Ils ont eu du mal à révéler les auteurs de ces crimes. Ils ont donc été soumis à une forte pression. Ils ont été menacés et condamnés à abandonner leurs activités de défense des droits humains. Ils ont été assassinés lorsqu’ils ont résisté aux menaces et ont poursuivi leurs activités. »
 
L’avocat Sevket Epözdemir, représentant de l’Association des droits de l’Homme (IHD) Tatvan, luttait dans les années 90 contre les violations des droits de l’Homme, a rappelé Ocak.
 
Epözdemir a été kidnappé alors qu’il rentrait chez lui le 25 novembre 1993. Son corps sans vie a été retrouvé le lendemain sur une route située à proximité du district de Güroymak à Bitlis. Il avait été touché au visage.
 
Ocak a souligné que toutes les initiatives légales de la famille ont échoué.
 
« Depuis 25 ans, aucune enquête sérieuse sur le meurtre de Şevket Epözdemir n’a été menée », a déclaré Ocak.
 
Maside Ocak a également rappelé que l’avocat kurde Tahir Elçi, président de l’Association du barreau d’Amed, était un avocat de renommé qui s’était engagé à veiller à ce que les crimes contre l’humanité ne restent pas impunis. Lorsqu’il était président de l’association du barreau de Diyarbakır, il a été pris pour cible. Le 28 novembre 2015, il a été tué d’une balle dans la tête lors de la conférence de presse qu’il donnait pour défendre des bâtiments historiques devant le minaret à quatre piliers à Sur, le district de Diyarbakır.
 
Comme dans le cas de l’avocat Epözdemir, aucune enquête effective n’a été ouverte sur le meurtre de Tahir Elçi
Alors que le meurtre a eu lieu devant de nombreuses caméras, trois ans après, aucun suspect n’est dans le dossier de l’enquête.
 
Après la déclaration de Maside Ocak, le neveu de Sevket Epözdemir, Ferhat Epözdemir, a déclaré: « Mon oncle est né à Siirt en 1943. Il était l’avocat des opprimés depuis 1976. Il a choisi de faire partie du peuple. Il a défendu les opprimés, victimes de torture. Lorsqu’il a exigé la paix, la démocratie et la liberté, il a été assassiné. »
 
Hommage au journaliste kurde Ferhat Tepe
 
Ferhat Tepe était journaliste au quotidien kurde Özgür Gündem. Son père a rappelé comment son fils a disparu pendant sa garde à vue. « Nous avons perdu notre fils et Sevket Epözdemir était notre avocat. Il était également président de branche du DEP Tatvan. C’étaient l’époque où l’armée [turque] menaçait tout le monde. Ferhat a été arrêté et a disparu. Sevket a également disparu. Nous continuerons à demander justice pour les deux. »
 
Via ANF

5 Kurdes de Van morts sur des chantiers de construction ces 4 derniers mois

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TURQUIE – VAN – Cinq Kurdes originaires de Van, qui avaient été forcés de migrer vers l’ouest de la Turquie, sont morts sur des chantiers de construction au cours des 4 derniers mois.
 
Le dernier travailleur à mourir sur le lieu de travail était Adem İşler. Il a perdu la vie alors qu’il travaillait sur un chantier de construction dans la province d’Isparta, dans l’ouest de la Turquie.
 
Au cours des 2 dernières années, 25 travailleurs de la construction originaires de Van sont décédés sur leur lieu de travail.
 
En raison des politiques économiques anti-kurde de l’État turc au Kurdistan du Nord, la jeunesse kurde est contrainte d’aller travailler dans des conditions difficiles et précaires dans les villes turques, en plus du racisme qu’ils subissent.
 
Nombreux accidents de travail dont certains sont mortels
 
Au cours des 4 derniers mois, 5 travailleurs originaires de Van ont perdu la vie sur leur lieu de travail. Tous travaillaient sur des chantiers de construction et avaient été victimes d’accidents mortels.
 
Adam İşler, 27 ans, du district de Van Ercis, est l’un de ces jeunes. Il travaillait sur un chantier de construction à Isparta. Il est mort en tombant du 6ème étage de l’immeuble en construction le 22 novembre.
 
Marié et père de deux enfants, il travaillait depuis plusieurs mois à Isparta, faute de pouvoir trouver un emploi dans sa ville natale. Il a été enterré dans le village d’Hesenevdal à Ercis.
 
Via ANF