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Les mères du samedi réclament justice pour la 714e semaine

TURQUIE – ISTANBUL – Les mères du samedi se sont à nouveau réunies à Istanbul malgré le blocus de la police.
 
Pour la 714e semaine, les mères du samedi ont réclamé la justice et la vérité pour les personnes – majoritairement des Kurdes – disparues en détention dans les années 1980-1990.
 
Les députés du HDP, Meral Danis Beştaş, Dilşat Canbaz, Zeynel Özen, le député CHP Sezgin Tanrıkulu, l’actrice de cinéma Nur Sürer et des représentants de nombreuses organisations et partis se sont joints à l’action et ont porté les photographies des disparus.
 
Maside Ocak, la soeur de Hasan Ocak, a rappelé que le droit de tenir une conférence de presse avait été refusé par les autorités turques et que les mères du samedi n’avaient pas pu se rassembler place Galatasaray depuis 15 semaines.
 
Ocak a déclaré que la Turquie n’étant pas un État de droit démocratique et le pouvoir judiciaire étant soumis au pouvoir politique, les citoyens étaient privés de leurs droits et de leurs libertés.
 
Hommage aux avocats kurdes Sevket Epözdemir et Tahir Elçi
 
« Dans cet environnement d’illégalité, la plus importante garantie du droit à la liberté, représentée par des avocats, est attaquée », a déclaré Ocak.
 
Ocak a rendu hommage aux avocats assassinés, Sevket Epözdemir et Tahir Elçi, : « Ces deux avocats ont poursuivi des crimes contre l’humanité commis dans des conditions de suspension de la loi. Ils ont eu du mal à révéler les auteurs de ces crimes. Ils ont donc été soumis à une forte pression. Ils ont été menacés et condamnés à abandonner leurs activités de défense des droits humains. Ils ont été assassinés lorsqu’ils ont résisté aux menaces et ont poursuivi leurs activités. »
 
L’avocat Sevket Epözdemir, représentant de l’Association des droits de l’Homme (IHD) Tatvan, luttait dans les années 90 contre les violations des droits de l’Homme, a rappelé Ocak.
 
Epözdemir a été kidnappé alors qu’il rentrait chez lui le 25 novembre 1993. Son corps sans vie a été retrouvé le lendemain sur une route située à proximité du district de Güroymak à Bitlis. Il avait été touché au visage.
 
Ocak a souligné que toutes les initiatives légales de la famille ont échoué.
 
« Depuis 25 ans, aucune enquête sérieuse sur le meurtre de Şevket Epözdemir n’a été menée », a déclaré Ocak.
 
Maside Ocak a également rappelé que l’avocat kurde Tahir Elçi, président de l’Association du barreau d’Amed, était un avocat de renommé qui s’était engagé à veiller à ce que les crimes contre l’humanité ne restent pas impunis. Lorsqu’il était président de l’association du barreau de Diyarbakır, il a été pris pour cible. Le 28 novembre 2015, il a été tué d’une balle dans la tête lors de la conférence de presse qu’il donnait pour défendre des bâtiments historiques devant le minaret à quatre piliers à Sur, le district de Diyarbakır.
 
Comme dans le cas de l’avocat Epözdemir, aucune enquête effective n’a été ouverte sur le meurtre de Tahir Elçi
Alors que le meurtre a eu lieu devant de nombreuses caméras, trois ans après, aucun suspect n’est dans le dossier de l’enquête.
 
Après la déclaration de Maside Ocak, le neveu de Sevket Epözdemir, Ferhat Epözdemir, a déclaré: « Mon oncle est né à Siirt en 1943. Il était l’avocat des opprimés depuis 1976. Il a choisi de faire partie du peuple. Il a défendu les opprimés, victimes de torture. Lorsqu’il a exigé la paix, la démocratie et la liberté, il a été assassiné. »
 
Hommage au journaliste kurde Ferhat Tepe
 
Ferhat Tepe était journaliste au quotidien kurde Özgür Gündem. Son père a rappelé comment son fils a disparu pendant sa garde à vue. « Nous avons perdu notre fils et Sevket Epözdemir était notre avocat. Il était également président de branche du DEP Tatvan. C’étaient l’époque où l’armée [turque] menaçait tout le monde. Ferhat a été arrêté et a disparu. Sevket a également disparu. Nous continuerons à demander justice pour les deux. »
 
Via ANF