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TURQUIE. Mort suspecte d’un jeune Kurde dans un centre de justice

TURQUIE / KURDISTAN – Ferhat Atilgan, un jeune Kurde de 26 ans, est mort de façon suspecte au centre judiciaire de la ville de Yüksekova (Gever), dans le nord du Kurdistan. Le jeune homme était accusé d’avoir participé à la résistance populaire pendant le couvre-feu imposé par l’armée turque en 2015.

Ferhat Atilgan, 26 ans, se serait jeté par une fenêtre du centre de justice de Colemêrg (Hakkari) où il était en garde à vue. Le jeune homme a été transporté à l’hôpital de la ville sous réanimation en cours, mais y est décédé dans la soirée, a rapporté un porte-parole du barreau local. Les autorités de l’État n’ont pas encore fait de commentaires.

Selon son avocat Dilvin Tekin, le jeune homme se trouvait la veille au Palais de justice car il avait été convoqué à une audience par le parquet de Yüksekova. Atilgan était accusé d’avoir produit des cocktails Molotov lors des premiers couvre-feux lors du siège militaire de Gever en 2015, qui auraient été utilisés lors d’attaques contre la police et l’armée.

Selon le parquet, une trace ADN présumée que l’homme aurait laissée sur un gant a joué un rôle central dans l’éveil des soupçons contre Atilgan, a expliqué Tekin. Cependant, il n’y a aucune preuve que le gant, s’il existe, ait effectivement été utilisée pour fabriquer des cocktails Molotov utilisés pour attaquer le pouvoir de l’État. Selon l’avocat, on ne sait pas non plus comment la « preuve du crime » est soudainement apparue après tant d’année et sur quelle base on suppose que c’est Atilgan qui possédait le gant et était responsable de sa fabrication d’engins incendiaires aurait utilisé.

« Nous parlons ici d’allégations du procureur. Cependant, immédiatement après l’interrogatoire, le procureur a informé mon client qu’il le transfèrerait au département pénal du tribunal de district avec une demande de mandat d’arrêt. Peu de temps après, Atilgan, qui était déjà en garde à vue à l’époque, s’est jeté du deuxième étage du palais de justice », a souligné Tekin.

L’Ordre des avocats de Colemêrg accuse le procureur d’avoir commis de graves erreurs lors de l’interrogatoire d’Atilgan. De plus, l’homme peut avoir été délibérément mis sous pression à des fins d’intimidation. Le procureur de la République devait être conscient de la situation psychologique exceptionnelle. Pourquoi Ferhat a-t-il été informé qu’il serait incarcéré, puisqu’il s’agissait d’un premier interrogatoire ? Le jeune homme y est connu comme victime de la méthode de recrutement des informateurs d’État, pratiquée de manière intensive dans la partie kurde du pays notamment.

Et c’est précisément cette autorité répressive qui est censée clarifier le contexte du suicide présumé de Ferhat Atilgan.

ANF