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PCF: Justice pour les trois militantes kurdes assassinées à Paris

PARIS – Le 9 janvier prochain, ce sera le 9e anniversaire de l’assassinat des militantes kurdes Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez à Paris, sans que la justice leur soit rendue, malgré les nombreux éléments d’enquête qui pointent du doigt les services secrets turcs (MIT). Qu’importe, ni les Kurdes, ni leurs amis ne baissent pas les bras. Chaque janvier, ils descendent dans la rue pour exiger justice et vérité. Une exigence soutenue également par le Parti Communiste Français (PCF) sous la plume de Pascal Torre qui écrit:
 
« Cela fera neuf ans que dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, trois militantes kurdes étaient assassinées dans Paris. L’effroi suscité par ce crime dans l’opinion publique fut à la hauteur de son caractère exceptionnel.
 
Ces femmes étaient des personnalités de premier plan du mouvement kurde : Sakine Cansiz, fondatrice, aux côtés d’Abdullah Ocalan, du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), cette organisation qui permit aux Kurdes de sortir de la marginalité pour retrouver leur dignité et leur liberté. Fidan Dogan (« Rojbin »), une militante éblouissante de conviction et d’opiniâtreté, alors porte-parole du CDKF, et Leyla Söylemez, dirigeante du mouvement de la jeunesse du Parti.
 
Ces meurtres furent également exceptionnels par l’extrême violence des exécutions. Chacune d’entre elles reçurent de nombreuses balles dans la tête.
 
Manifestation le 8 janvier à 12 h, gare du Nord (Paris)
 
L’auteur de ce crime, Omer Güney, appartenait à la mouvance extra-nationaliste des « Loups Gris ». Il est décédé en prison avant son procès, si bien que l’affaire ne sera jamais jugée. Pour autant, l’enquête poursuit son cours et a permis d’identifier les commanditaires. Omer Güney était missionné par les services secrets turcs (MIT) dont le numéro 2 était Ismaïl Hakki Musa, véritable coordinateur de l’opération sur ordre du président R.T. Erdogan. Ce bourreau a occupé les fonctions d’ambassadeur en France de 2017 à 2021 avant de les quitter opportunément alors qu’il allait être interrogé par la justice.
 
Désormais, pour que l’enquête connaisse une avancée décisive et soit conduite à son terme, les magistrats enquêteurs doivent avoir accès à tous les documents du dossier, couverts par le « secret défense ». Or le gouvernement de la France et notamment les ministres de l’Intérieur et de la Défense s’y opposent, empêchant ainsi que justice soit rendue. Cette situation est intolérable et indigne pour la mémoire de ces femmes, de leur famille et de tout le peuple kurde.
 
Solidarité totale avec la lutte du peuple kurde
 
La France et les puissances occidentales ont pourtant une dette envers les Kurdes. Sur le devant de la scène internationale lorsqu’il s’agissait de lutter contre l’État islamique, encensés pendant quatre ans pour leur courage et leur héroïsme, les Kurdes étaient nos frères d’armes contre la barbarie et l’obscurantisme… mais c’était hier. Dans les municipalités conquises en Turquie, dans le territoire autonome du Rojava de Syrie, ils promouvaient des institutions démocratiques et progressistes, respectueuses de toutes les diversités, expulsant la violence et la mort pour construire des sociétés plurielles, féministes et pacifistes.
 
Désormais, ils sont abandonnés de tous, sous la menace d’invasions et d’exactions de la Turquie de R.T. Erdogan ainsi que de la duplicité des États-Unis, de la Russie et du régime sanguinaire de Bachar al-Assad. L’impéritie de la France et des Occidentaux prend la forme de plusieurs visages. Ceux des milliers de Kurdes de Turquie, députés, maires, militants du Parti démocratique des peuples (HDP) emprisonnés et torturés. Les co-présidents du HDP, Figen Yüksekdag et Selahattin Demirtas dont la Cour européenne de justice exige sa libération, en sont les figures emblématiques parmi bien d’autres. Ils prennent aussi les visages des Yézidis de la province de Shengal en Irak, qui après avoir échappé au génocide de l’État islamique sont sous les bombes chimiques de R.T. Erdogan. L’un de leurs dirigeants, Marwan Bedel, vient d’être assassiné par un drone turc. Ils portent aussi le visage de ces femmes kurdes de Syrie, notamment du canton d’Afrin (Syrie), annexé par Ankara, et livré aux hordes des supplétifs djihadistes qui les martyrisent.
 
Quand cette duplicité contre le droit humanitaire et le droit international cessera-t-elle ?
 
Enfin la France a une responsabilité particulière. Les Kurdes de France, comme Leyla, Sakine et Rojbin hier, sont à nouveau menacés. Plusieurs projets d’assassinats ont été mis à jour, tandis que les nervis de R.T. Erdogan multiplient les violences. Les Kurdes sont surveillés, leurs locaux incendiés, alors que les agressions physiques s’intensifient. Récemment, ce mois de novembre, la tombe de l’écrivain, chanteur et compositeur, Ahmet Kaya, a été profanée au Père Lachaise. Ce sont les démocrates de Turquie, comme la communauté arménienne de France, qui subissent, sur notre territoire, ces pressions, ces intimidations et ces exactions. Au lieu de protéger les Kurdes de France, le gouvernement a multiplié ces dernières années leurs interpellations et les menaces d’extraditions vers la Turquie.
 
C’est indigne. Alors que le Moyen-Orient est à feu et à sang, que la Turquie se montre agressive sur plusieurs champs d’opération, Paris doit être aux côtés des Kurdes partout où ils se trouvent.
 
Les communistes appellent à se joindre à la manifestation qui aura lieu à Paris le 8 janvier à 12 h, gare du Nord, pour exiger la justice pour ces trois militantes assassinées et exprimer notre solidarité totale avec la lutte du peuple kurde. »
 
Pascal Torre
Responsable-adjoint du secteur international du PCF
Chargé du Maghreb et du Moyen-Orient