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La France aussi criminalise les Kurdes

PARIS – Le réfugié kurde livré hier par la France à la Turquie, Firaz Korkmaz a été incarcéré dès sa descente de l’avion à Istanbul.

Korkmaz* avait arrêté avec Mehmet Kopal lors d’une manifestation à Strasbourg exigeant la levée de l’isolement total infligé par la Turquie à Abdullah Ocalan. Tout comme Firaz, Kopal est sous la menace d’une expulsion imminente vers la Turquie où il risque la prison et la torture.

 

Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) a condamné la criminalisation des réfugiés kurdes sur le sol français et interpellé le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin ainsi: « Au mépris du principe de non-refoulement, la France a livré à la torture et à la prison un jeune dont le seul crime est d’avoir milité pour les droits des Kurdes, ici ou là-bas ».

 

*Firaz Korkmaz n’a que 24 ans, et il est un jeune militant kurde, originaire d’un territoire qui subit l’oppression depuis trop longtemps, membre d’un peuple sans État, qui résiste aux fanatiques de Daesh comme à la dictature Turque.
 
Arrêté en Turquie dès l’âge de 13 ans pour « des graffitis que j’avais faits sur les Kurdes et la résistance » expliquait-il, il s’engageait au sein du HDP, le Parti démocratique des peuples, organisation légale d’opposition.
 
À 18 ans, il est de nouveau arrêté avec d’autres Kurdes qui jouaient de la musique et dansaient dans la rue. Le régime Turc persécute toute expression, même culturelle, de la minorité kurde. Par exemple, la chanteuse kurde Nûdem Durak est emprisonnée depuis 2015 en Turquie, après avoir été condamnée à 19 ans de prison pour «propagande terroriste». Ce qu’on lui reproche réellement, c’est d’avoir chanté des chansons kurdes et engagées. Des milliers d’autres militant.e.s croupissent ainsi dans les prisons d’Erdogan.
 
Deux amis de Firaz ont été condamnés à 15 ans de prison. Quant à Firaz, il pensait avoir trouvé refuge en France après avoir passé deux ans de sa jeune vie derrière les barreaux.
 
C’est pourtant en France qu’il a été arrêté le 26 février à Strasbourg, au cours d’une manifestation devant le Conseil de l’Europe. Il réclamait des informations sur le sort d’Abdullah Öcalan, leader kurde emprisonné depuis 25 ans.
 
Pour cette simple manifestation, Firaz a été enfermé en Centre de Rétention, et les autorités lui ont notifié une obligation de quitter le territoire. Sauf qu’il est menacé d’emprisonnement et de torture dans son pays d’origine.
 
Le 27 mars, un mois plus tard, Firaz a été conduit à l’aéroport de Roissy pour être expulsé. Des manifestants kurdes et des élus de gauche ont tenté de s’opposer à son expulsion. Malgré des heurts avec le service de sécurité de l’aéroport, Firaz a été emmené menotté et bâillonné dans l’avion, encerclé de policiers. Et immédiatement à son arrivée, il a été remis aux autorités turques qui l’ont incarcéré. (Via le site Contre attaque)