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La visite de 3 élus américains aux gangs pro-Turquie en Syrie fait grincer les dents

Dimanche dernier, Ben Cline, French Hill et Scott Fitzgerald, membres républicains du Congrès américain, ont effectué une visite surprise dans la région du nord-ouest syrienne aux mains des groupes soutenus par la Turquie. Une visite qui a fait grincer les dents de tous ceux qui connaissent le rôle criminel de la Turquie dans le chaos syrien, en plus des attaques de drones meurtrières ciblant les zones sous contrôle des forces arabo-kurdes.

Meghan Bodette, directrice de recherche à Kurdish Peace Institute (l’Institut kurde pour la paix), a critiqué la récente visite inopinée de membres du Congrès américain dans les zones du nord-ouest de la Syrie aux mains de l’opposition soutenue par la Turquie. Dans une interview accordée à Medya News, elle a qualifié cette visite de « dangereuse » et « incongrue », notamment à la lumière des actions déstabilisatrices de la Turquie dans la région.

Cela survient dans un contexte d’exécutions extrajudiciaires en Turquie, notamment une frappe de drone présumée le 23 août dans le nord-est de la Syrie qui aurait grièvement blessé Delila Agit, journaliste de la chaîne de télévision féminine Jin TV, et tué son chauffeur, Najm el-Din Faisal Haj Sinan. Agit était en route pour couvrir une cérémonie commémorative des victimes d’une autre frappe de drone turc : la coprésidente du canton de Qamishlo, Yousra Derwish, son adjointe, Leyman Shouish, et le membre du Parti de l’Union syriaque, Firat Touma. Meghan Bodette a critiqué ces actions pour avoir contribué au « recul démocratique et à l’instabilité ».

Concernant la visite des membres du Congrès américain, « la délégation est partie pendant une demi-heure avec une escorte militaire lourdement armée et a dû écourter son voyage pour des raisons de sécurité », a déclaré Bodette. « Je ne me suis jamais sentie en danger dans le nord-est de la Syrie [qui est sous le contrôle de l’administration autonome dirigée par les Kurdes]. Cette différence montre toutes les différences que les gens doivent connaître », a ajouté Bodette, comparant les conditions de sécurité entre les deux zones, ce qui, selon elle, sert à souligner son propos.

Bodette a souligné la nécessité d’une solution politique au conflit en cours en Syrie. « On a l’impression que la stratégie de toutes les puissances internationales impliquées en Syrie ne fait que prolonger ce conflit. Nous avons besoin de solutions politiques », a-t-elle expliqué.

Elle a également souligné l’importance d’un engagement politique avec le nord-est de la Syrie. « Ils doivent disposer d’un niveau fondamental de sécurité économique et physique qui permette au système de prospérer. Et il faut esquisser un plan pour amener l’administration autonome à conclure essentiellement deux accords distincts. »

L’un de ces accords, selon Bodette, devrait être conclu avec le gouvernement syrien afin de préserver autant que possible son autonomie. L’autre devrait être aux côtés de la Turquie pour mettre fin à la crise actuelle dans ce pays. « Pour que tout accord avec la Turquie fonctionne, il doit s’inscrire dans le cadre d’un changement global de la perception turque de la question kurde », a-t-elle insisté.

Les commentaires de Bodette sont particulièrement pertinents compte tenu de ses critiques précédentes des actions militaires de la Turquie, notamment des frappes ciblées de drones contre des journalistes féministes kurdes. « L’agression militaire de la Turquie contribue au recul démocratique et à l’instabilité dans la région », avait-elle déclaré lors d’un entretien précédent.

« À ces membres du Congrès, je dirais que si vous voulez mettre fin aux guerres sans fin et promouvoir la stabilité, mettez-vous au travail pour trouver une solution politique juste, démocratique à la question kurde en Turquie. C’est ce qu’il faut faire », a-t-elle conclu.

Recommandations pour la politique américaine en Syrie

Bodette propose une critique approfondie et un ensemble de recommandations aux décideurs politiques américains concernant la Syrie, soulignant la nécessité d’une solution politique à multiples facettes allant au-delà de l’engagement militaire. Elle plaide en faveur d’un engagement politique avec l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), arguant qu’elle devrait bénéficier d’une « base fondamentale de sécurité physique et économique » pour renforcer sa position dans les négociations. Elle souligne la nécessité de conclure deux accords distincts : un avec le gouvernement syrien pour préserver autant d’autonomie que possible à l’AANES, et un autre avec la Turquie pour mettre fin à la crise en cours dans ce pays.

Elle appelle également à un changement dans la perception de la Turquie de la question kurde, appelant à mettre fin à ses « approches militarisées et sécuritaires ». Bodette souligne la nécessité d’impliquer une tierce partie dans les négociations afin de demander des comptes à toutes les parties.

S’adressant aux membres du Congrès américain, Bodette a déclaré : « Si vous voulez mettre fin aux guerres sans fin et promouvoir la stabilité, mettez-vous au travail pour trouver une solution politique juste, démocratique à la question kurde en Turquie. » Elle conseille également d’établir des relations politiques avec l’AANES afin qu’ils puissent négocier en position de force.

Bodette conclut en déclarant que répondre aux besoins fondamentaux comme l’eau et la sécurité alimentaire est crucial pour que toute négociation soit efficace. « C’est ce qu’il faut faire », affirme-t-elle, invitant les membres du Congrès à contacter l’Institut kurde pour la paix pour une séance d’information d’experts sur ces questions complexes.

Medya News