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Le Parlement européen accueille la Conférence internationale sur « L’UE, la Turquie, le Moyen-Orient et les Kurdes »

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BRUXELLES – Depuis hier, le Parlement européen accueille la 19e Conférence internationale sur « L’Union européenne, la Turquie, le Moyen-Orient et les Kurdes » organisée par la Commission civique UE-Turquie (CCUE). Cette année, la résolution pacifique de la question kurde est réclamée avec d’avantage de force par les intervenant-e-s dans la continuité du message d’Abdullah Ocalan divulgué par la délégation d’Imrali en février 2025.

La 19e conférence de la Commission civique Union européenne-Turquie (EUTCC), intitulée « L’Union européenne, la Turquie, le Moyen-Orient et les Kurdes », s’est ouverte mercredi après-midi au Parlement européen à Bruxelles. Elle se poursuit aujourd’hui.

Kariane Westrheim, présidente de l’EUTC, a déclaré que l’« Appel à la paix et à une société démocratique » d’Abdullah Öcalan avait été accueilli avec une grande satisfaction par le Parlement européen et le Conseil de l’Europe. Elle a poursuivi : « L’espoir s’est transformé en force. La parole des Kurdes renforce les efforts collectifs. Nous l’avons constaté de manière bien plus tangible lors du Newroz. Une force jamais vue auparavant a envahi les rues. Nous espérons que cette opportunité de paix sera utilisée à bon escient et mènera à une Turquie démocratique. »

 

Le coprésident du parti DEM, Tuncer Bakırhan,

Quand au coprésident du parti DEM, Tuncer Bakırhan a déclaré que la solution à la question kurde n’était pas un choix mais une nécessité.

 

Lors de la présentation de la conférence de cette année, l’EUTCC a indiqué qu’elle « intervient à un moment où les guerres et l’incertitude politique se multiplient dans le monde. De plus, la conférence revêt une importance particulière en cette période historique où le Moyen-Orient est en reconstruction et où des mesures importantes sont prises et débattues en vue d’une solution politique à la question kurde en Turquie. Dans un processus aussi crucial, il sera crucial de discuter de ce que le grand public, et en particulier l’UE, devrait ou pourrait faire pour la paix et la démocratie. Un processus régional pacifique et démocratique n’est possible qu’avec un large soutien. C’est pourquoi votre participation à notre conférence et votre expertise seront particulièrement importantes. »

La conférence sera organisée par la Commission civique UE-Turquie (EUTCC) en coopération avec La Gauche, les Verts-Alliance libre européenne et les groupes de l’Alliance libre des socialistes et démocrates.

Depuis 19 ans, l’EUTCC organise des conférences internationales annuelles au Parlement européen, axées sur la question kurde et les processus démocratiques en Turquie. Avec la participation d’organisations de la société civile, d’universitaires, de responsables politiques, de décideurs et de militants européens, turcs et kurdes, ces conférences ont bénéficié d’une attention internationale, tant politique que médiatique.

Le programme de la 19e Conférence internationale sur « L’UE, la Turquie, le Moyen-Orient et les Kurdes »

Mercredi 26 mars, 17h00-18h00

SÉANCE D’OUVERTURE, Salle SPAAK 04B01

Discours d’ouverture 

Mme Kariane Westrheim, présidente de l’EUTCC, Université de Bergen, Norvège

M. Andreas Schieder, député européen, Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Autriche

Mme Jody Williams, lauréate du prix Nobel, États-Unis

Mme Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel, Royaume-Uni

Mercredi 26 mars 2025, 18h00-20h00

Conférence I – Salle SPAAK 04B01

Le Moyen-Orient en ébullition : interactions et défis Modérateur : M. Cahit Mervan, journaliste, Belgique

Discours d’ouverture

Mme Ilham Ehmed, Représentante des relations extérieures de l’Administration autonome démocratique du nord et de l’est de la Syrie, Syrie

Table ronde :

M. Michael Gunter, Secrétaire général de l’EUTCC, Université technologique du Tennessee, États-Unis (en ligne)

Mme Czarina Golda S. Musni, avocate spécialisée dans les droits de l’homme, Philippines

M. Ali Duran Topuz, journaliste, Turquie

Mme Hannah Neumann, députée européenne, Les Verts/ALE, Espagne

M. Vladimir Prebilic, député européen, Les Verts/ALE, Slovénie

Mme Melissa Camara, députée européenne, première vice-présidente de la commission parlementaire mixte UE-Turquie, Les Verts/ALE, France

M. Thijs Reuten, député européen, Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Pays-Bas

M. Pernando Barrena, député européen, La Gauche, Espagne

Questions / discussions

Jeudi 27 mars 2025, 09h30-11h00

Conférence II – Salle SPINELLI 1G2

Un nouveau chapitre en Turquie : obstacles et opportunités pour la paix et la réconciliation Modératrice : Mme Dersim Dagdeviren, membre du conseil d’administration de l’EUTCC, Kurd-Akad, Allemagne

M. Tuncer Bakirhan, député du Parti de l’égalité des peuples et de démocratie (DEM), membre de la délégation d’Imrali, Turquie

M. Cengiz Yürekli, cabinet juridique Asrin, Turquie

Questions / discussions

Jeudi 27 mars 2025, 11h00-13h00

Conférence III – Salle SPINELLI 1G2

La Turquie dans le nouvel ordre mondial

Modératrice : Mme Latife Akyüz, Europa University Viadrina, Allemagne

M. Sezgin Tanrikulu, député du CHP, Turquie (en ligne)

M. Ferda Cetin, journaliste, Belgique

M. Hüseyin Cicek, Université de Vienne, Autriche

Questions / discussions

Jeudi 27 mars 2025, 15h00-16h30

Conférence IV – Salle SPINELLI 1G2

L’Union européenne, les Kurdes et la Turquie dans le contexte du progrès et de la démocratie Modératrice : Mme Arzu Yilmaz, Université du Kurdistan Hewler, Région du Kurdistan d’Irak

M. Joost Jongerden, Université de Wageningen, Pays-Bas

Mme Meral Danis-Bestas, députée du parti DEM, Turquie

Mme Evin Incir, députée européenne, Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Suède

M. Jonas Sjöstedt, député européen, La Gauche, Suède

Mme Li Anderson, députée européenne, The Left, Finlande

M. Per Clausen, député européen, La Gauche, Danemark

Mme Leila Chaibi, députée européenne, La Gauche, France

M. Leoluca Orlando, député européen, Verts/ALE, Italie

Questions / discussions

Jeudi 27 mars 2025, 16h30-18h00

Conférence V – Salle SPINELLI 1G2

Promouvoir la démocratie – Façonner l’avenir Modératrice : Mme Christine Löw, Université de Gießen, Allemagne à confirmer

Mme Shilan Fuad Hussain, Institut de la violence domestique, de la religion et des migrations, Royaume-Uni

Mme Nilüfer Koc, porte-parole des relations extérieures du Congrès national du Kurdistan, Belgique

Questions / discussions

Jeudi 27 mars 2025, 18h00-18h30

Séance de clôture – Salle SPINELLI 1G2

Conclusions, recommandations et résolution finale

 

Le drapeau du Kurdistan fait enrager les fachos turcs

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ANKARA – Le drapeau kurde, comme tout symbole représentant le peuple kurde, est constamment attaqué par les fascistes turcs, qu’il s’agisse de personnalités politiques ou militaires. Le dernier exemple nous a été donné par le maire CHP d’Ankara qui a qualifié de « torchon »  le drapeau kurde devant une foule rassemblée à Istanbul lors des protestations pro-Imamoglu.

 

L’homme politique kurde et député du DEM Parti, Sirri Sakik a défendu le drapeau du Kurdistan au parlement turc après que le Maire fasciste d’Ankara (Mansur Yavas) l’ait qualifié de « torchon » lors d’un rassemblement sur la place Saraçhane d’Istanbul en soutien à Ekrem imamoglu (maire emprisonné d’Istanbul).

Sirri Sakik portant un drapeau du Kurdistan

 

Sırrı Sakık, qui a été attaqué verbalement par des députés fascistes turcs lors de son discours avec un drapeau du Kurdistan à la main, a demandé à ce qu’on respecte le drapeau du Kurdistan*, comme n’importe quel autre drapeau national.

 

*Retour sur les origines du drapeau du Kurdistan

 

Alors que le drapeaux du Kurdistan continue à faire enrager les fascistes turcs, l’historien Sedat Ulugana a écrit une brève résumé de l’histoire du drapeau du Kurdistan que nous partageons avec vous ici.

 

Une brève histoire du drapeau kurde

 

Nous savons avec certitude que le drapeau kurde, que les Kurdes appellent « ala rengîn » ou « kesk û sor û zer » (drapeau coloré / vert, rouge et jaune), a une histoire de 105 ans. Au cours de cette période, ce drapeau a acquis des significations symboliques et imaginatives qui ont pénétré l’âme du peuple kurde dans des centaines de chansons, poèmes, romans, pièces de théâtre et films. À tel point que même les feux de circulation, partout dans le monde, rappellent à un Kurde son drapeau ! Depuis que l’État turc a compris cela, il a commencé à remplacer la lumière verte des feux de circulation par la lumière bleue, à commencer par Batman dans les années 1990 !

 

Certaines affirmations irréalistes ont été faites concernant le drapeau kurde. Bien qu’il soit affirmé que ce drapeau a été conçu par le major nazi Gottfried Johannes Müller, qui avait pour mission d’inciter les Kurdes vivant dans l’actuelle région du Kurdistan contre les Britanniques, avec le célèbre nationaliste kurde Remzi Nafi à Berlin en 1943, cette affirmation est loin d’être vraie. Français Parce que ce drapeau a été dessiné par l’Organisation sociale kurde (Ligue Kurde) à Istanbul en 1920. En fait, Kadri Cemil Pacha exprime clairement cette question dans son livre Doza Kurdistan : « L’Organisation sociale a déterminé la couleur et la forme du drapeau kurde, qui se compose de trois couleurs longitudinalement, rouge en haut, blanc au milieu, un soleil en haut et vert en bas, et l’a déclaré comme le drapeau national. »

 

Une copie du drapeau dessiné au stylo noir dans la lettre envoyée par Memduh Selim Bey à İhsan Nuri Pacha

 

Jusqu’à aujourd’hui, la seule source connue sur l’histoire de la conception du drapeau était la phrase citée de Kadri Cemil Pacha. Une lettre des archives de Dashnaktsutyun prouve définitivement que le drapeau a été dressé en 1920. Cette lettre a été envoyée de Bey par Memduh Selim Bey à Ihsan Nuri Pacha, nom de code « Cemşid », le représentant militaire de Hoybun sur le mont Ararat. Dans la lettre datée du 21 janvier 1928, on voit à la fois l’aventure de la préparation du drapeau et un dessin hâtif du drapeau réalisé au crayon noir. Memduh Selim Bey déclare que le drapeau kurde a été dessiné pour la première fois à Istanbul en 1920, exige la fin des débats sur le drapeau kurde et exige que ce drapeau soit accepté sans condition par le comité de résistance du mont Ararat :

Le premier congrès kurde, dans sa décision sur le drapeau national kurde, a accepté le drapeau établi au sein de l’organisation kurde à Istanbul en 1920. La raison en est la suivante : le drapeau en question a été accepté à Istanbul et par tous les Kurdes de l’époque. Il a été officiellement présenté aux consulats et représentants spéciaux des grandes puissances à Istanbul et a été reconnu comme drapeau kurde par ces États. Par ailleurs, ce drapeau a été envoyé à divers endroits en Europe et en Amérique accompagné d’une lettre, et son statut officiel a été accepté par ces endroits de la même manière. Il a également été imprimé et distribué par de nombreux Kurdes. Ainsi, le drapeau kurde diffusé et accepté à cette époque a une histoire de huit ans. Sur la base de cette question, qui est très importante et qu’il serait probablement judicieux de ne pas négliger, le congrès a accepté ledit drapeau sans aucune discussion. Bien que les décisions du congrès soient celles de la nation tout entière, il n’y a plus aucune possibilité de discussion sur la question du drapeau et ledit drapeau a été accepté comme drapeau national. Kurdes. La forme du drapeau est : rouge, blanc, vert, en alternance. Ces trois couleurs apportent de l’espoir au mât du drapeau. C’est un cercle parfait avec un soleil jaune au milieu sur un fond blanc. Sur le drapeau, le soleil brille intensément d’en haut vers le rouge et d’en bas vers le vert. Pour l’instant, un échantillon préparé à la hâte vous a été envoyé.

Cependant, le drapeau en question était très similaire au drapeau iranien de l’époque. On peut dire que le mouvement kurde de l’époque s’est efforcé d’établir une similitude avec l’Iran, envers lequel il n’a pas hésité à exprimer sa forte sympathie dans le contexte du thème « aryen », également à travers le symbole national. À cet effet, nous ne devons pas ignorer la possibilité de concevoir un drapeau similaire au drapeau iranien de l’époque. Car, en décrivant le drapeau, Memduh Selim Bey a déclaré : « Si nous construisons un lion sur ce drapeau, on peut dire que c’est le drapeau de l’Iran . »

Une différence entre le drapeau kurde et le drapeau iranien avec le lion derrière le soleil était que les couleurs rouge et verte étaient inversées. Néanmoins, les significations attribuées aux couleurs et au symbole solaire de ces deux drapeaux similaires étaient basées sur l’ancienne croyance zoroastrienne et une doctrine mythologique commune dont le contexte historique était les empires médo-perses. Car entre 1925 et 1979, l’Iran utilisait un drapeau tricolore composé de rouge, de blanc et de vert, avec un lion tenant une épée au milieu et un symbole solaire. Le lion symbolisé sur le drapeau était Rustam Zal, l’un des héros légendaires de la mythologie iranienne. On pensait que le Soleil représentait « Iranzemin » (une région centrale qui a survécu à l’Empire perse historique) et le légendaire Shah d’Iran, Jamshid. Les Kurdes ont attribué différentes significations à ces couleurs et au soleil : pour les Kurdes, le « rouge » représente le sang des martyrs et la couleur de la révolution, le « vert » représente la fertilité des terres kurdes, le « blanc » représente la paix et le « soleil » représente le bien-être et l’ancienne religion du zoroastrisme.

 

Le drapeau qu’İhsan Nuri a imaginé pour l’administration qu’il a établie à Ağrı avait un thème islamique intense. Dans une lettre datée du 1er août 1928, adressée au représentant du parti à Hoy, Ardeşir Muradyan, représentant de la résistance du Dachnaktsoutioun dans le mont Ararat, décrit ainsi le drapeau en question : « Un drapeau en tissu de qualité doit être préparé. Le fond du drapeau sera noir. Le soleil dans le coin, ses rayons et l’inscription seront blancs. Le soleil et l’inscription seront brodés à la main. La couleur et la forme du drapeau ont été spécialement choisies pour attirer l’attention des foules. Le noir symbolise, avant tout, le drapeau de leur prophète et aussi la situation politique actuelle, plongée dans le noir absolu, du peuple kurde, tandis que le rayon de soleil symbolise l’avenir et la victoire de la cause kurde. »

 

Alors que les témoins de l’époque ont mentionné le drapeau de couleur « blanc », selon la presse turque de l’époque, le drapeau agité par les combattants de la résistance dans la zone mentionnée et la région de Zilan à partir de 1930 avait un fond vert et le premier verset de la sourate Al-Fath ( اِنَّا فَتَحْنَا لَكَ فَتْحًا مُب۪ينًاۙ – İnnâ fetahnâ leke fethan mubînâ(n) / En vérité, Nous vous avons accordé une victoire évidente) et ( إنَّ الْجَنَّةَ تَحْتَ بَارِقَةِ Le hadith السُّيُوفِ / « El-cennetü tahte zılâle’s-süyûf / Le paradis est à l’ombre des épées » était écrit. Toujours selon la presse susmentionnée, les drapeaux furent retirés des mains des résistants blessés et envoyés au corps pour examen. Cependant, le fanion mentionné comme le drapeau de la République du Mont Ararat était en réalité un emblème porté sur les coiffures des forces kurdes participant à la rébellion. Cet emblème était le devant de la médaille d’or ou d’argent qu’İhsan Nuri offrait à certains combattants pour leurs succès militaires. İhsan Nuri l’indique également clairement dans les listes de commandes.

 


Guerrier sans bras montant la garde devant le drapeau sur le mont Ararat… Malgré la description de Memduh Selim Bey, on peut voir que les couleurs du drapeau sont conçues verticalement et non horizontalement.

 

Après que la description et le dessin du drapeau kurde aient été envoyés au mont Ararat, le comité de résistance a commandé de grandes quantités de tissu vert, rouge, blanc et jaune au bureau de Dashnaktsutyun à Hoy. Lorsque nous examinons les listes de commandes de l’administration de la rébellion d’Ağrı en 1928, nous pouvons voir des tissus dans les couleurs en question dans presque toutes les listes. D’après ce que nous savons des documents, le drapeau kurde a été fabriqué et arboré à l’été 1928, comme stipulé par Hoybun. Cependant, lorsque vous regardez la seule photographie prise sur le mont Ararat où l’on voit le drapeau, vous verrez que les couleurs ont été conçues verticalement et non horizontalement, malgré la description de Memduh Selim Bey. En effet, après un certain temps, un échantillon du drapeau envoyé de Beyrouth est parvenu à Ağrı et l’erreur a été corrigée.

 

Le drapeau kurde, conçu à Istanbul en 1920 et qui projette une ombre concrète ou imaginaire sur les Kurdes, a une telle histoire.

TURQUIE. Une ancienne élue kurde condamnée à 8 ans de prison

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TURQUIE / KURDISTAN – Ceylan Aslan, membre du conseil municipal kurde d’Ergani démise de ses fonctions, a été condamnée à huit ans de prison pour « terrorisme » et « violation de la loi sur les réunions et manifestations ».

Membre du Conseil municipal d’Ergani, Ceylan Aslan avait été destituée par le Ministère de l’Intérieur turc en 2023. La justice turque lui reprochait d’avoir participé à des conférences de presse, des réunions, des actions et des événements organisés à l’occasion de la grève de la faim lancée par Leyla Güven, co-présidente du Congrès pour une Société Démocratique (DTK), en 2018-2019, ainsi qu’à d’autres actions et événements organisés par son parti.

L’audience finale dans l’affaire de Ceylan Aslan, ancienne conseillère municipale d’Ergani (Erxenî), s’est tenue devant la 11e Cour pénale de Diyarbakır. Aslan était poursuivie pour « appartenance à une organisation [terroriste] » et « violation de la loi n° 2911 sur les réunions et manifestations » pour avoir participé à des déclarations, actions et événements organisés par son parti en lien avec la grève de la faim initiée par Leyla Güven, coprésidente du Congrès pour une société démocratique (DTK).

Ceylan Aslan, démise de ses fonctions par le ministère de l’Intérieur, n’a pas assisté à l’audience, contrairement à son avocate, Me Seda Zengin. Réitérant l’avis rendu lors de la précédente audience, le procureur a requis la condamnation de Ceylan Aslan.

Le tribunal a ensuite annoncé son verdict, condamnant Aslan à 7 ans et 6 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste [PKK] », plus 6 mois supplémentaires pour « violation de la loi n° 2911 sur les réunions et manifestations ».

Turquie : Un Newroz d’espoir sur fond de coup d’État

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La grande fête de Newroz a rassemblé cette année une foule immense à Diyarbakir, avec un espoir : trouver enfin une solution politique à un conflit qui dure depuis des décennies dans la région kurde.

 

 

Un message d’Öcalan pour Newroz a été diffusé par les haut-parleurs, ce qui n’était pas arrivé depuis plusieurs années, Öcalan étant à l’isolement total. Le portrait du charismatique président du PKK était partout, ce qui n’était pas autorisé précédemment. Le portrait de Selahettin Demirtas, l’ancien président du HDP (devenu DEM) aussi. Les négociations autour d’un cessez-le-feu ne sont pourtant pas simples.

Négociations du gouvernement turc avec le PKK 

L’État turc exige que le HKG, la branche armée du PKK, rende et les armes et que le PKK se dissolve. Murat Karayilan et Duran Kalkan, les deux dirigeants historiques de la branche armée, tout en soutenant l’appel d’Abdullah Öcalan, y mettent des conditions. L’une étant que les attaques turques au Kurdistan d’Irak cessent, sinon les HKG continueront à se défendre. L’autre étant que le PKK puisse organiser un congrès représentatif pour dissoudre le parti avec un accès libre et sécurisé pour les déléguéEs.

Le leader du parti MHP — parti d’extrême droite en alliance au gouvernement avec l’AKP d’Erdoğan — Bahçeli, vient de proposer un lieu : la ville de Mazargit, dans la région kurde de la Turquie. Il s’agirait donc de réunir les cadres et dirigeantEs du PKK dans un lieu choisi par l’État turc, ce qui serait un acte, plus que de confiance, on pourrait dire de foi…

D’autant que si Bahçeli est extrêmement volubile sur la question des négociations, Erdoğan et l’AKP restent silencieux. Erdoğan a en effet un autre projet en tête : se faire réélire président aux prochaines présidentielles, prévues en 2028 mais probablement avancées. Il ne peut pas se représenter pour un 3e mandat, sauf si son 2e mandat est raccourci pour une raison quelconque. Dans ce cas, il lui faudrait l’accord des trois cinquièmes du Parlement. La rumeur court que les négociations sur la libération d’Öcalan et des autres prisonniers politiques auraient un lien avec ce vote crucial pour Erdoğan. Mais il est peu probable que les éluEs du HDP/DEM déroulent le tapis rouge à Erdoğan pour un 3e mandat.

L’emprisonnement injustifié d’Ekrem Imamoğlu

Pour s’assurer la victoire, il a fait incarcérer Ekrem Imamoğlu le 24 mars, le très populaire maire d’Istanbul, qu’il avait déjà empêché de se présenter aux dernières présidentielles en lui collant un procès pour « insulte envers un membre de la commission électorale ». Cette fois-ci, il l’accuse de ne pas avoir obtenu son diplôme universitaire d’il y a 30 ans, nécessaire pour se présenter aux élections, et d’être en lien avec une organisation terroriste (le PKK). Imamoğlu a été incarcéré dans la célèbre prison de Silivri, un immense complexe de 20 000 places, sans possibilité de contact avec les autres détenus. Osman Kavala y est enfermé depuis 900 jours sans procès.

Cette arrestation ne passe pas auprès d’une grande partie de la population turque. Imamoğlu est le président du CHP, le parti kémaliste, pilier pendant des décennies de l’État turc. Depuis le 22 mars, d’énormes manifestations se déroulent dans les grandes mais aussi les petites villes. Ce mouvement populaire pourra-t-il faire reculer Erdoğan qui détient tous les pouvoirs, police, armée mais aussi le pouvoir judiciaire ? Rien n’est moins sûr.

Mireille Court

Texte initialement publié sur le site Anticapitaliste

TURQUIE. Les femmes fondent l’initiative « J’ai besoin de la paix »

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TURQUIE – Alors que la Turquie est secouée par des protestations antigouvernementales suite à l’arrestation du Maire d’Istanbul, des femmes ont fondé l’initiative « J’ai besoin de la paix ». Elles ont appelé à une lutte commune contre les effets de la guerre, et il a été souligné que la paix devait être socialisée sous la direction des femmes.

 
L’Initiative des femmes « J’ai besoin de la paix » (en turc: Barışa İhtiyacım Var Kadın İnisiyatifi) est soutenue notamment par le Mouvement des femmes kurdes TJA, les Assemblées des femmes, Le Temps des femmes et la plateforme Nous stopperons les féminicides.

 
Suite à l’atelier « Les femmes parlent de paix » organisé à Istanbul, l’initiative « J’ai besoin de la paix » a été créée. Les femmes ont appelé à une lutte commune contre les effets de la guerre, et il a été souligné que la paix devait être socialisée sous la direction des femmes.
 
La déclaration finale de l’atelier « Les femmes parlent pour la paix » qui s’est tenu à Istanbul les 22 et 23 février a été publiée.
 
« Économie de guerre, travail des femmes et politiques d’appauvrissement », « Pourquoi avons-nous besoin que la lutte pour la paix et la lutte des femmes aillent de pair ? » et « Quel genre de paix veulent les femmes ? Comment pouvons-nous construire la paix ? » Lors de l’atelier où trois ateliers différents ont été organisés, il a été décidé de créer « l’Initiative des femmes J’ai besoin de la paix ».
 
Dans la déclaration ; Il a été souligné que la lutte des femmes contre la guerre n’est pas nouvelle et le travail réalisé depuis les années 1990 a été rappelé.
 
La déclaration, qui appelle à une lutte commune contre les effets de la guerre, attire l’attention sur les points suivants :

« Une quantité innombrable d’expérience de lutte a été accumulée »

« Depuis les années 1990, les mouvements féministes et de femmes en Turquie ont mis la guerre et la solution démocratique de la question kurde à l’ordre du jour et se sont impliqués dans diverses luttes communes pour la paix. 

De la campagne « Ne touchez pas à mon ami » en 1994 à l’Initiative des femmes pour la paix et à l’Assemblée pour la liberté des femmes créée en 2009, des dizaines de groupes de femmes pour la paix, de délégations d’observation, de conférences, de rapports et de campagnes ont été organisés.

 Même après la fin du processus de résolution en 2015, les femmes n’ont pas arrêté, poursuivant leur solidarité tout en élevant la voix contre la guerre qui s’était propagée à tous les aspects de nos vies. Il est descendu dans la rue contre les coups d’État des administrateurs à chaque étape. Ainsi, une quantité innombrable d’expérience de combat a été accumulée. Nous aussi, nous sommes placés dans cette expérience de lutte et nous en embrassons la mémoire.

« Les femmes appauvries par la guerre »

La guerre transforme le corps des femmes en trophées et la violence sexuelle en armes. Cette violence se propage aujourd’hui dans divers cas : des gardes de village et des hommes en uniforme ciblent des jeunes femmes dans les provinces kurdes, des femmes disparaissent dans des circonstances suspectes et des jeunes hommes forment des gangs et ont accès à divers moyens de violence à travers le pays.

La guerre est aussi une guerre contre les langues des femmes. L’incapacité des femmes à recevoir des services dans leur langue maternelle, le kurde, les rend plus exclues de la vie sociale et inaccessibles que les hommes. Par exemple, ne pas pouvoir accéder à des mécanismes de protection et de prévention contre la violence dans leur langue maternelle peut coûter la vie aux femmes.

Si la guerre enrichit certains, ce sont surtout les femmes qui sont appauvries et confinent les ressources du pays dans une seule zone. Si environ 11 pour cent du budget est alloué à la guerre et au capital de guerre, si les groupes djihadistes sont payés en dollars et que les garderies sont qualifiées de « dépense publique », que peut-on attendre de ce budget en faveur des femmes ? Les politiques de guerre déterminent à la fois les opportunités et la qualité de l’emploi dans la région kurde. 

« Nous assumerons la responsabilité de la paix »

Il est possible d’étendre cette liste. Alors, comment les femmes peuvent-elles lutter ensemble pour la paix face à tout cela ? Ou que devrions-nous faire ? Nous avons ici parlé de trois axes : la socialisation, le cadre juridique et la politique. Nous avons convenu que notre besoin le plus fondamental est que la paix soit socialisée parmi les femmes et que le besoin de paix devienne une exigence sociale. Nous avons souligné qu’à travers cette socialisation, les femmes peuvent devenir des sujets, et donc les revendications des femmes en matière d’égalité et de liberté ne peuvent être ignorées. Socialiser la paix est un grand objectif.

Il contient de nombreuses questions, préoccupations et différences. Cependant, ce que nous avons en commun, c’est que nous avons un problème à cet égard. Notre question est : « Quel genre de lutte commune pouvons-nous, en tant que femmes, mener pour une solution pacifique, démocratique et égalitaire à la question kurde ? » Si c’est le cas, notre réponse sera d’organiser les mots « J’ai besoin de paix » en cercles et de les souligner ensemble.

C’est pour cette raison que nous avons lancé cet atelier sous le nom d’Initiative des femmes « J’ai besoin de paix ». L’objectif de cette initiative est de se rappeler, de rappeler, d’expliquer les uns aux autres pourquoi nous avons besoin de paix, individuellement et collectivement, et d’élargir nos domaines de contact, en appelant chacun d’entre nous à prendre la responsabilité de la paix et à être les sujets de cette paix. Ensemble, nous ferons grandir la parole de paix ! »  (Bianet)

IRAN. Mort suspecte d’un détenu kurde à Ourmia

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IRAN / ROJHILAT – Kamran Kazemi, un Kurde de 38 ans originaire de Kermanchah (Kirmaşan), est décédé dans des circonstances suspectes au centre de détention d’Orumiyeh (Urmiya), a rapporté le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN).

Alors que les responsables de la police ont attribué sa mort à un suicide, d’autres détenus affirment qu’il a été torturé à mort par des policiers.

Kazemi a été arrêté à la mi-janvier pour « vol » au domicile de Peyman Khanzadeh, le directeur de la prison centrale d’Orumiyeh.

Il a d’abord été détenu au centre de détention de la police judiciaire d’Orumiyeh, avant d’être transféré quelques jours plus tard au quartier de quarantaine de la prison centrale d’Orumiyeh. Une semaine plus tard, il a toutefois été de nouveau transféré au centre de détention de la police.

Les autorités ont ensuite contacté sa famille par téléphone et leur ont annoncé qu’il était mort par « suicide » après avoir pris une grande quantité de pilules en détention.

Cependant, d’autres détenus, détenus au même moment, ont déclaré qu’il était mort à la suite de tortures infligées par des policiers.

Chaque année, de nombreuses personnes arrêtées par les unités d’enquête de la police iranienne pour des motifs non politiques sont torturées dans des centres de détention iraniens.

Plusieurs détenus seraient décédés dans ces établissements, mais les informations sur ces cas sont rarement rendues publiques en raison des menaces et des pressions exercées par les autorités.

HRW : La Déclaration constitutionnelle met en danger les droits

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SYRIE / ROJAVA – La « Déclaration constitutionnelle » signée la semaine dernière par le président syrien Ahmed al-Charaa suscite la colère des minorités du pays, car il accorde au président des pouvoirs absolus, promeut un programme islamiste et ne répond pas aux revendications des minorités (Kurdes, Arabes, Druzes, Alaouites…). Des ONG de défense des droits humains critiquent également cette Déclaration constitutionnelle.

Dans un communiqué publié le 25 mars 2025, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a déclaré que la « Déclaration constitutionnelle » concentre le pouvoir entre les mains de l’exécutif et pourrait porter atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire, mettant ainsi les droits en danger.

HRW met en garde contre la « Déclaration constitutionnelle », ajoutant:

« La déclaration, approuvée par le président par intérim Ahmad al-Sharaa le 13 mars 2025, confère au président une autorité considérable, notamment sur les nominations judiciaires et législatives, sans aucun contrôle ni supervision. Cette large autorité suscite de sérieuses inquiétudes quant à la pérennité de l’État de droit et de la protection des droits humains, à moins que des garanties claires ne soient mises en place. La déclaration justifie ces pouvoirs extraordinaires comme étant nécessaires à la phase de transition en Syrie.

« Sans garanties renforcées et sans surveillance indépendante, cette déclaration risque de consolider le contrôle exécutif au détriment des libertés fondamentales à un moment crucial pour l’avenir de la Syrie », a déclaré Adam Coogle, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Compte tenu de l’autorité incontrôlée et généralisée du précédent gouvernement, il est primordial pour la Syrie d’instaurer un système qui tienne chacun responsable de ses exactions et de ses crimes.

(…)»

Le Rojava face à l’épineuse question de la « Ceinture arabe »

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SYRIE / ROJAVA – Le Rojava se trouve face à l’épineuse question de la «Ceinture arabe» mise en œuvre en 1973 par le régime baathiste et qui a entraîné la déportation forcée de 140 000 Kurdes, la confiscation de leurs terres sur une bande de 290 km qui furent attribuées aux Arabes venus des régions de Raqqa et d’Alep…
 
Malgré la chute du régime baathiste, le problème des terres confisquées aux familles kurdes dans le cadre de la création de la ceinture arabe de la région de Hassaké n’est pas résolu, rappelle Jihad Yazigi, rédacteur en chef du site The Syria Report. Un problème que les autorités du Rojava n’ont pas pu résoudre depuis l’autonomie de facto de la région… 
 
La ceinture arabe était le projet du gouvernement baasiste syrien mise en place dans le nord du gouvernorat d’Al-Hasakah où il a opéré un nettoyage ethnique en faveur des Arabes au détriment notamment de plus de 140 000 Kurdes dépossédés de leurs terres fertiles.
 
Mis en œuvre en 1973, le projet de la ceinture arabe a entraîné la déportation forcée d’environ 140 000 Kurdes et la confiscation de leurs terres sur une bande de 290 kilomètres. Des milliers de colons arabes venus de Raqqa se sont ensuite installés sur ces terres que le régime syrien leur a attribuées.
 
Jihad Yazigi déclare qu’« Après la chute du régime d’Assad en décembre 2024, les agriculteurs de la région de la ceinture arabe dans le nord-est de la Syrie – connus sous le nom d’agriculteurs arabes d’Al-Ghamr – ont vendu des centaines d’hectares de leurs terres dans la région d’Al-Malikiyah dans le gouvernorat de Hassakeh en raison de leurs craintes de perdre la propriété des terres qui leur avaient été accordées par le gouvernement syrien dans les années 1970.
(…)
La question des terres arabes d’Al-Ghamr, dans la ceinture arabe [qui s’étend de Qamishlo à Al-Malikiyah, dans le gouvernorat de Hassakeh], reflète un conflit plus vaste et non résolu concernant la propriété foncière et l’identité dans le nord-est de la Syrie. Alors que chaque partie cherche à faire valoir ses droits historiques, ces terres restent au cœur d’un conflit qui a peu de chances d’être résolu dans un avenir proche, notamment dans le contexte des changements politiques et militaires en cours dans la région ».
 
L’intégralité de l’article (en anglais) daté de 24 mars 2025 est à lire ici: Arab Belt Farmers Sell Land Due to Fears of Losing Ownership
Image via Ark News

Verdict final du Tribunal permanent des peuples dans l’affaire Rojava VS Turquie

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BRUXELLES – Le Tribunal permanent des peuples (TPP) a conclu que l’État turc avait commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, une invasion et des attaques génocidaires au Rojava.

Le 26 mars, le verdict final de la 54e session du Tribunal permanent des peuples (en anglais: Permanent Peoples’ Tribunal, TPP) sur l’affaire Rojava contre Turquie a été rendu lors d’un événement spécial au Parlement européen. Ce jugement historique intervient à un moment crucial pour la paix et la résolution politique de la question kurde dans le nord-est de la Syrie et en Turquie. 

Le verdict final du tribunal stipule :

L’objectif de ce Tribunal est de contrer ce que Sartre a dénoncé comme le « crime du silence », face aux atrocités déguisées en opérations antiterroristes que cette session a révélées. Comme l’ont déclaré les écolières survivantes de l’attentat de Schemoka : « Personne ne devrait fermer les yeux sur Erdoğan ; personne ne devrait se taire face à l’État turc ». Le Tribunal est une tribune de visibilité et de droit de parole ; l’impératif pour ceux qui l’écoutent est d’agir, de transmettre les messages véhiculés dans nos recommandations à ceux qui ont le pouvoir de les mettre en œuvre. 

Sur la base des éléments présentés, des recommandations ont été formulées à l’intention du Gouvernement turc, du Gouvernement syrien, des Nations Unies, du Conseil européen, du Conseil de l’Europe et des États membres, ainsi que de la communauté internationale.

Les principales recommandations adressées au gouvernement turc comprenaient : mettre fin à l’occupation d’Afrin et au financement des groupes armés opérant sous son contrôle, et assurer leur démantèlement, cesser toutes les attaques contre le Rojava et respecter l’intégrité territoriale de la Syrie, et permettre des enquêtes indépendantes par l’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme sur les crimes internationaux signalés commis contre le peuple du Rojava, et permettre l’accès aux centres de détention et aux prisons dans les régions occupées.

Les recommandations adressées au gouvernement syrien comprenaient : reconnaître le droit à l’autodétermination exercé par l’Administration démocratique autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, ainsi que l’autonomie de l’administration, respecter les dispositions relatives à l’égalité des sexes et à l’égalité ethnique et religieuse de représentation dans l’administration de la région, et mettre fin aux incursions turques sur le territoire syrien, et si elles se poursuivent, déposer une plainte auprès de la Cour internationale de Justice, demandant des mesures provisoires contraignantes pour la Turquie.

Les recommandations adressées à l’ONU portaient sur des mesures spécifiques à prendre par le Conseil de sécurité, la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, le HCR et le Secrétaire général de l’ONU.

Les recommandations adressées au Conseil européen, au Conseil de l’Europe et aux États membres portaient sur l’ouverture de procédures contre la Turquie par l’intermédiaire du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, des tribunaux nationaux et des procureurs des États européens, tout en condamnant publiquement les crimes de guerre commis par la Turquie contre les populations du Rojava. Enfin, à l’intention de la communauté internationale, le verdict souligne l’importance de garantir « les conditions nécessaires au développement d’efforts coordonnés pour la reconnaissance internationale de l’Administration autonome dans le contexte d’un processus de paix nécessaire pour le peuple kurde de la région ».

Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix, a déclaré dans son discours après la présentation du jugement final : « Combien de temps ce crime va-t-il encore durer ? Pourquoi personne n’y met fin ? N’oublions pas que ces crimes ne sont pas seulement commis contre les Kurdes du Rojava (Syrie), mais aussi en Turquie, en Iran et en Irak. J’espère que le monde ne fermera pas les yeux sur la situation des Kurdes. Les militants des droits humains et les journalistes doivent être plus actifs ! »

L’acte d’accusation accuse Recep Tayyip Erdoğan (président de la Turquie), Hulusi Akar (ancien ministre de la Défense), Hakan Fidan (ancien chef de l’organisation nationale de renseignement MIT, actuel ministre des Affaires étrangères), Yaşar Güler (général, ancien chef d’état-major de la défense, actuel ministre de la Défense) et Ümit Dündar (général) des crimes suivants, commis de 2018 à ce jour :

• Le crime d’agression (interventions militaires illégales en Syrie entre 2018 et 2024, contre la volonté des autorités syriennes et de l’administration autonome du Rojava) ;

• Crimes contre l’humanité, notamment nettoyage ethnique (déplacement forcé de la population kurde et ingénierie ethnique par réinstallation de Syriens venus d’ailleurs) ;

• Crimes de guerre, y compris les assassinats ciblés de civils, les bombardements aveugles de civils, la déportation et le transfert illégaux par une puissance occupante de sa propre population ; l’appropriation de biens civils ; l’utilisation d’armes interdites ; l’effacement culturel et religieux par la destruction du patrimoine culturel ; les punitions collectives ; la destruction de l’environnement ; le ciblage des femmes ; la détention illégale ; la torture ; la destruction des infrastructures civiles. »

Les crimes de guerre énumérés constituent également de graves violations des droits humains, en particulier des violations du droit à la vie, de l’interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains et dégradants ; du droit à la liberté ; des droits à la liberté d’expression et de réunion ; du droit à la jouissance pacifique des biens ; du droit au patrimoine culturel ; du droit à la non-discrimination, à la paix, à l’égalité et à l’autodétermination.

Au cours de l’audience publique, une impressionnante documentation écrite et audiovisuelle a été mise à la disposition du panel de juges à l’appui de l’acte d’accusation.

Dans la section « Preuves », le verdict énumère les cas d’attaques contre le Rojava, la responsabilité de la Turquie dans les factions armées/SNA, les attaques contre des zones civiles, l’utilisation de phosphore blanc, les attaques contre des écoles et des écoliers, les attaques ciblées contre des civils, les meurtres de femmes liés au genre (féminicide), les attaques contre des journalistes, la destruction d’une imprimerie, la torture, l’enlèvement, la détention arbitraire, les violations liées au genre : viols et violences sexuelles dans des prisons secrètes, ciblage des infrastructures et de l’environnement, des hôpitaux et des centres de santé, l’exploitation forestière illégale, les déplacements forcés : ingénierie démographique, prévention ou dissuasion du retour, privation de moyens de subsistance, effacement culturel et historique, turquification des zones occupées.

Concernant les crimes de guerre commis au Rojava, le verdict incluait des cas de crimes d’agression, la responsabilité de la Turquie en tant que puissance occupante, le déplacement de population et l’ingénierie ethnique à Afrin, la torture, les enlèvements et les détentions arbitraires à Afrin, déclarant que : « La Turquie a manqué à son obligation de maintenir le statu quo dans les territoires occupés. Les violations graves de la Convention constituent des crimes de guerre et engagent la responsabilité pénale de leurs auteurs. »

Le Tribunal a conclu que la Turquie avait violé les lois de la guerre et le droit humanitaire ainsi que le principe de distinction, la protection des biens civils, l’interdiction des moyens et méthodes de guerre interdits et l’interdiction des représailles contre les civils.

Le Tribunal a également établi une série d’épisodes criminels commis par les forces armées turques et par des milices soutenues par la Turquie contre la population kurde du Rojava.

Concernant l’effacement culturel et historique en tant que crime de guerre et la preuve du dol spécial du crime de génocide, le Tribunal a conclu que la Turquie et ses milices affiliées ont mené une campagne systématique contre la population kurde du nord et de l’est de la Syrie depuis au moins 2018, visant à anéantir son identité. Les zones occupées sont connues pour leur diversité culturelle et religieuse, qui se manifeste dans leur patrimoine matériel et immatériel.

La politique turque d’effacement a suivi un schéma d’actes illégaux interconnectés : des milices soutenues par la Turquie ont déplacé de force la population kurde et réinstallé des civils syriens venus d’ailleurs sur le territoire ; les forces turques se sont livrées à une appropriation illégale massive de biens civils appartenant à des Kurdes ; les forces d’occupation turques et les milices affiliées ont changé les noms kurdes de villages, de villes et d’institutions en turcs, afin d’effacer le souvenir de la présence kurde sur place. Ce nettoyage ethnique s’est accompagné d’attaques généralisées contre des biens culturels protégés. La destruction de sites religieux yézidis et chrétiens a été constatée, la profanation joyeuse de cimetières et l’éradication ciblée du patrimoine kurde, notamment le bombardement volontaire de l’ancien temple d’Ain Dara en janvier 2018, le vol par des milices pro-turques de son emblématique lion de basalte de l’époque hittite en 2019, la profanation, le pillage et le vandalisme de nombreux autres sites archéologiques.

Dans la section consacrée aux crimes contre l’humanité, le Tribunal a énuméré des cas de déplacement forcé, de torture, de viol, de violence sexuelle, de traitement inhumain, de destruction du patrimoine culturel et de persécution.

Les violations des droits de l’homme constatées par le Tribunal visaient le droit à l’autodétermination du peuple kurde, l’égalité, la non-discrimination, les droits des femmes et des enfants, les besoins fondamentaux et la souveraineté sur les ressources économiques, naturelles et culturelles, le patrimoine culturel, les droits civils et politiques, l’occupation et l’application extraterritoriale de la CEDH.

Le Tribunal a jugé que les plus hautes autorités turques ont activement participé aux crimes en autorisant directement les opérations militaires :

En tant que chef de l’État,  Recep Tayyip Erdoğan  porte l’ultime responsabilité des actions de l’armée turque et de ses groupes affiliés à l’étranger. Mais il n’est pas seulement un dirigeant politique : selon l’article 104 de la Constitution turque, il représente le commandement en chef des forces armées turques au nom de la Grande Assemblée nationale turque et décide de l’utilisation des forces armées turques, ce qui fait de lui également le chef militaire suprême. Ses publications sur les réseaux sociaux montrent clairement qu’il a autorisé et salué les campagnes militaires.

•  Yaşar Güler a été nommé ministre de la Défense nationale en 2023 et, avant cela, a été chef d’état-major général des forces armées turques de 2018 à 2023.

•  Hulusi Akar a été ministre de la Défense nationale de 2018 à 2023, et sa biographie sur le site Web de l’AKP indique : « Il a mené les opérations Çukur au niveau national et des opérations transfrontalières telles que les opérations Bouclier de l’Euphrate, Rameau d’olivier, Source de paix, Bouclier de printemps et Griffes-Verrouillage ».  Des communiqués de presse et des publications ont salué les offensives militaires sur le sol syrien.

•  Hakan Fidan, ministre des Affaires étrangères depuis 2023, était auparavant à la tête du MIT, l’agence nationale de renseignement turque. Dans une récente interview, il s’est vanté du succès des « opérations transfrontalières » auxquelles il a participé, du Bouclier de l’Euphrate et du Rameau d’Olivier à l’opération Source de Paix, ainsi que du soutien apporté à l’Armée nationale syrienne (ANS), qui, comme l’a constaté le Tribunal, s’est rendue responsable de nombreuses violations flagrantes.

•  Ümit Dündar est le commandant des forces terrestres turques depuis 2018.

En ce qui concerne les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité résultant de l’agression, le Tribunal reconnaît que les plus hautes autorités politiques et militaires turques ont autorisé ces actes. (ANF)

« La Turquie ne peut plus cacher la question kurde avec une rhétorique terroriste »

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KURDISTAN – Muhsin Osman, ancien membre du Parlement irakien, a déclaré que la Turquie ne pouvait plus dissimuler la question kurde avec une rhétorique terroriste.

L’homme politique Muhsin Osman a souligné que l’appel d’Abdullah Öcalan reflétait la volonté et la maturité politique du peuple kurde. Il a déclaré : « Cet appel n’est pas seulement un message de désarmement ou de cessez-le-feu ; c’est aussi une orientation stratégique qui ravive l’esprit d’unité nationale. »

Muhsin Osman a déclaré à l’ANF que l’appel de M. Öcalan à « la paix et une société démocratique » représente un tournant décisif non seulement pour la résolution de la question kurde, mais aussi pour la démocratisation de la Turquie. M. Osman a souligné que cet appel aurait des répercussions positives tant au niveau régional qu’international. Il a déclaré : « L’appel de M. Öcalan a une fois de plus montré au monde que le peuple kurde est partisan de la paix. »

La lutte armée était une nécessité

Osman a déclaré que le peuple kurde avait été poussé à la lutte armée, non par choix, mais par nécessité historique. Il a déclaré : « Le peuple kurde n’a jamais souhaité la guerre. Il a été contraint à la résistance armée parce que son identité et son existence étaient niées. Aujourd’hui, cependant, l’appel de M. Öcalan démontre que les véritables intentions des Kurdes sont la paix, l’égalité des citoyens et une société démocratique. Alors que les frontières et les équilibres politiques se redéfinissent au Moyen-Orient, ce processus ouvre la voie à une solution pacifique pour le peuple kurde. L’appel de M. Öcalan est porteur d’espoir non seulement pour la Turquie, mais aussi pour tous les peuples de la région. »

La responsabilité incombe au gouvernement turc

Muhsin Osman a souligné qu’après cet appel, la responsabilité incombe désormais au gouvernement turc. Il a souligné que les mesures prises en faveur de la paix et de la démocratisation permettront non seulement de résoudre la question kurde, mais aussi de faire progresser la Turquie dans son ensemble. Soulignant qu’une gestion efficace de ce processus constituerait un accomplissement historique, Osman a déclaré : « La Turquie ne peut plus balayer la question kurde sous le sceau du terrorisme. Avec cet appel, ces arguments ont perdu toute validité. Le peuple kurde n’est plus à la merci de la propagande de ses ennemis. L’appel de M. Öcalan témoigne de la volonté et de la maturité politique du peuple kurde. Cet appel doit être entendu. C’est désormais au tour de la Turquie de répondre. »

Un tournant historique

Muhsin Osman a souligné la volonté du peuple kurde de parvenir à une solution pacifique et a déclaré que la société civile, les milieux politiques et la communauté internationale devaient soutenir ce processus. Il a déclaré : « L’appel de M. Öcalan marque un tournant historique » et a souligné l’importance d’y apporter une réponse appropriée ».

Raviver l’esprit d’unité nationale

Osman a déclaré que la nouvelle étape, qui ouvre la voie à des opportunités historiques pour le peuple kurde, est devenue encore plus claire avec l’appel à la « Société démocratique et paix. Cet appel n’est pas seulement un message de désarmement ou de cessation du conflit ; c’est aussi une orientation stratégique qui ravive l’esprit d’unité nationale dans les quatre régions du Kurdistan. Ce qui compte vraiment, c’est que les Kurdes défendent leurs droits dans un esprit d’unité nationale, et cet appel pose précisément les bases de cela. »

Les Kurdes doivent s’engager activement dans le processus

Osman a déclaré qu’avec cet appel, les Kurdes, non seulement en Turquie, mais aussi dans tout le Kurdistan et en Europe, doivent adopter une position proactive et stratégique. Il a déclaré : « Lorsque M. Öcalan a lancé cet appel, il a adopté une approche incluant les quatre parties du Kurdistan ainsi que la diaspora kurde en Europe. Cela montre clairement que cet appel n’est pas une tactique temporaire, mais s’inscrit dans une stratégie à long terme. Dans ce contexte, les Kurdes doivent adhérer à ce processus non seulement politiquement, mais aussi économiquement, culturellement et diplomatiquement. »

L’échec des modèles d’État centralisés

Muhsin Osman a qualifié le protocole d’accord signé entre les Forces démocratiques syriennes (FDS) et le gouvernement de transition de Damas d’avancée significative et positive. Il a ajouté : « Cet accord démontre que les revendications des Kurdes sont de plus en plus reconnues au niveau international et que le processus de cessez-le-feu est d’une importance cruciale pour le dialogue politique. Le nouveau corridor commercial traversera la région occidentale (Rojava) et la région méridionale (Başûr). Cela signifie que la région a désormais besoin de stabilité et de paix plutôt que de conflit. Les Kurdes peuvent considérer cette période comme une opportunité. Partout dans le monde, les modèles étatiques décentralisés sont de plus en plus privilégiés, ce qui représente une opportunité majeure pour le peuple kurde du Moyen-Orient. » (ANF)

TURQUIE. La libération de 33 prisonniers politiques bloqués à Bolu

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TURQUIE – Les autorités bloquent la libération de 33 prisonniers politiques de la prison de Bolu, bien qu’ils aient purgé leur peine de 30 ans. Actuellement, des dizaines de milliers d’otages kurdes croupissent dans les geôles turques, certains sans procès, d’autres malgré la fin de leur peine sous de motifs farfelus qui n’ont d’autre base que la haine anti-kurde.

À la prison de Bolu, la libération de 33 prisonniers politiques – presque tous condamnés à la réclusion à perpétuité ou à une peine aggravée et ayant purgé 30 ans de prison – est bloquée par le Conseil d’administration et de surveillance pénitentiaires. Ce dernier a invoqué des motifs tels que « une mauvaise utilisation de l’eau », « un nombre insuffisant de livres achetés » et « un refus de rencontrer l’imam de la prison » pour justifier leur refus.

Cependant, l’avocat Ishak Demirel de la branche d’Istanbul de l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD) a souligné que l’utilisation de l’eau et l’accès aux livres de la bibliothèque de la prison de Bolu sont soumis à des quotas, qualifiant les décisions du conseil d’incohérentes et contradictoires.

Certains prisonniers ont vu leur libération bloquée à cinq reprises

Me Demirel a déclaré : « Actuellement, la prison de Bolu compte plus de 130 prisonniers politiques. Presque tous purgent des peines de réclusion à perpétuité ou des peines aggravées. Depuis quelque temps, la libération des prisonniers ayant purgé leur peine est entravée par le Conseil d’administration et d’observation pénitentiaires. Seuls quelques individus ont été libérés, et seulement pour une très courte période. À notre connaissance, la libération de 33 prisonniers politiques est actuellement refusée au motif qu’ils ne se comportent pas bien. Parmi ces 33 personnes figurent des prisonniers qui ont purgé leur peine de 30 ans, mais dont la libération a été bloquée pour la cinquième fois, ce qui signifie qu’ils attendent depuis un an et demi à deux ans supplémentaires. Certains d’entre eux avaient déjà été condamnés à trois peines d’isolement, ce qui a entraîné la révocation de leur libération conditionnelle.

Bien que ces peines aient été annulées par la Cour de cassation en janvier, la Commission d’administration et d’observation pénitentiaires continue d’empêcher leur libération. Les personnes auxquelles je fais référence sont des détenus incarcérés depuis près de 32 à 33 ans. En raison de sanctions disciplinaires antérieures, ils avaient déjà purgé une peine supérieure à 30 ans. Pourtant, même après la levée des obstacles juridiques à leur libération, leur liberté reste bloquée, cette fois par décision administrative. »

Les décisions contredisent le règlement pénitentiaire

Me Demirel a souligné que les décisions prises par la Commission d’administration et d’observation pénitentiaires contredisent la réglementation pénitentiaire et a noté que, dans certains cas, les peines ont même été prolongées par les Hautes Cours pénales. Il a expliqué : « Dans les prisons, il existe déjà un système d’évaluation par points utilisé par la Commission d’administration et d’observation pénitentiaires. Cependant, la structure de cette commission pose problème sur le plan juridique et la réglementation de ses procédures est profondément défaillante. Bien qu’elle soit techniquement soumise au contrôle juridictionnel des juges pénaux de paix ou de la Haute Cour pénale, il n’existe aucun mécanisme de surveillance efficace. Dans certains cas, les gardiens de prison qui maltraitent les détenus lors des transferts vers les hôpitaux, par exemple, font partie de cette commission et participent au processus d’évaluation. Ce sont les mêmes personnes qui sont chargées d’évaluer les détenus. 

Certains rapports affirment que le prisonnier n’a pas obtenu suffisamment de livres. » Or, à la prison de Bolu, on ne peut même pas accéder à autant de livres qu’on le souhaite. Une autre justification est la « mauvaise utilisation de l’eau », ce qui est absurde, car la prison impose déjà un quota strict d’utilisation de l’eau : on ne peut tout simplement pas en utiliser plus d’une certaine quantité. De plus, des raisons comme ne pas rencontrer l’imam (un religieux musulman), ne pas assister à des séances avec un psychologue ou ne pas s’inscrire à des cours de formation – qui n’ont aucun fondement juridique – sont invoquées pour prétendre que les prisonniers ne font pas preuve d’un bon comportement. »

La structure même de la commission est problématique, mais ce qui se passe à Bolu est devenu une violation prolongée et systématique de la loi. Aucun prisonnier politique n’est libéré, quelles que soient les circonstances. Certains prisonniers ont déjà 30 ans de prison et sont détenus un an et demi à deux ans supplémentaires. Même lorsque les décisions de la commission sont annulées, le parquet s’y oppose, et la Haute Cour pénale intervient alors pour annuler à nouveau la décision, retardant encore la libération. Même si le juge d’exécution rend une décision positive, les Hautes Cours pénales rendent malheureusement des décisions contradictoires. (ANF)

TURQUIE. Les protestations Imamoglu dégénérées en protestations anti-kurde

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TURQUIE – Les protestations Imamoglu se sont dégénérées en protestations anti-kurde avec des pancartes et slogans hostiles aux Kurdes portées par des ultranationalistes turcs qui font également le signe des Loups Gris* turcs.

Dans cette vidéo, des fascistes turcs portent une pancartes sur laquelle on peut lire « Imrali basilsin Apo piçi asılsın » (Raid sur Imrali, pendaison du salaud d’Apo). Apo est le surnom du chef historique de la guérilla kurde tenu en isolement total sur l’île prison d’Imrali, en Turquie.

On y voit également une corde à laquelle est « pendue » une photographie de Cheikh Said (Şêx Seîd) un chef zaza de la rébellion kurde portant son nom. Il a été pendu à Diyarbakır (Amed), au Kurdistan, avec 47 de ses partisans en juin 1925.

 

Sur cette banderole, on peut lire un message sexiste adressé au chef su CHP Ozgur Ozel, l’invitant à couper les ponts avec le DEM Parti pro-kurde
Un manifestant faisant le signe des Loups Gris critique le policier turc ayant distribution de barbe à papa aux enfants kurdes lors du Newroz célébré dans la province de Sirnak

Les récentes protestations déclenchées par l’arrestation du Maire CHP d’Istanbul, Ekrem Imamoglu se sont transformées en protestations anti-kurde avec des pancartes et slogans hostiles aux Kurdes portées par des ultranationalistes turcs qui font également le signe des Loups Gris* turcs. Les partisans kémalistes du CHP – qui ne sont pas tendres avec les Kurdes – ont été rapidement rejoints par ceux du Parti Zafer, dont son chef Umit Özdag est emprisonné depuis plus de deux mois.

A voir tant de haine chez les manifestants pro-Imamoglu, certains Kurdes viennent à se demander si c’est eux et non pas Erdogan qui a jeté en prison Ekrem Imamoglu, comme des dizaines d’élu-e-s kurdes d’ailleurs! Les Kurdes sont le bouc-émissaire idéal des fachos turcs, qu’ils soient barbus islamophiles, ou touranistes.

*L’idéologie des Loups Gris du Mouvement Ülkücü (Idéalistes, le nom complet est « Foyers idéalistes », en turc: Ülkü Ocaklari) repose sur une exaltation de la « race », de la langue, de la culture et de la nation turques. Les autres peuples de Turquie sont considérées comme une force de division de l’unité du pays et sont donc combattus. L’idéologie des Ülkücü est largement façonnée par les images de l’ennemi et les théories du complot. L’éventail des ennemis « internes » et « externes » s’étend des Kurdes, des Grecs et des Arméniens aux Juifs, des Européens et des Chinois aux États-Unis et au Vatican.