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IRAN. Deux séismes ont frappé la province kurde de Kermanchah

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IRAN / ROJHILAT – Deux séismes se sont produits aujourd’hui dans la province kurde de Kirmashan (Kirmaşan), au Kurdistan « iranien ». On ne sait pas encore si les séismes ont fait des victimes ou des dégâts.

Le Centre d’enregistrement des tremblements de terre de l’Université de Téhéran a annoncé que le tremblement de terre d’une magnitude de 4,7 sur l’échelle de Richter s’est produit dans la ville de Gaware du district de Dalaho à l’ouest de la province de Kermashan.

Selon les informations, une demi-heure après le premier séisme, un autre séisme d’une magnitude de 4 s’est produit dans le district de Dalaho.

Dalaho a population de plus de 40 000 personnes et se trouve à 100 km du centre de la ville de Kirmashan. (Via Rûdaw)

KURDISTAN. L’armée irakienne lève le siège du camp de réfugiés de Makhmour

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IRAK / KURDISTAN – L’armée irakienne encerclait le camp de réfugiés kurdes de Makhmour depuis 16 jours pour prendre le contrôle du camp qui est autogéré depuis des décennies et qui fait grincer les dents de la Turquie. La résistance acharnée des réfugiés de Makhmour a fait reculer l’armée irakienne qui vient de lever son siège ce dimanche 4 juin.

L’Assemblée populaire démocratique de Maxmur a déclaré ce soir qu’à la suite d’un accord conclu, l’armée irakienne s’est retirée des alentours du camp.

Le coprésident de l’Assemblée populaire démocratique, Yusuf Kara, a déclaré : « Notre peuple résiste au siège de l’armée irakienne depuis 16 jours. Ce siège n’était pas nouveau. En 2021, ils voulaient entourer notre camp de clôtures grillagées. Les attaques en question se développent sous la pression de l’État turc et de la famille Barzani. Le PDK et l’État turc veulent évacuer le camp de Maxmur. Jusqu’à présent, les habitants du camp n’ont pas violé les lois irakiennes. Lors de nos réunions avec l’Irak, nous leur avons constamment rappelé qu’ils ne devaient pas agir conformément aux souhaits de l’État turc et du PDK ».

MAKHMOUR DANS LE VISEUR DE LA TURQUIE

Le camp, qui abrite environ 12 000 réfugiés kurdes, a été la cible de plusieurs frappes aériennes turques ces dernières années. Cependant, ni le gouvernement irakien, ni le gouvernement régional du Kurdistan (KRG) ni l’ONU n’ont condamné ces attaques, provoquant la consternation parmi les résidents du camp.

ROJAVA. Des mercenaires de la Turquie tuent une femme kurde de 70 ans à Afrin

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SYRIE / ROJAVA – Les forces turco-islamistes poursuivent leurs crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans le canton kurde d’Afrin, dans le nord de la Syrie, depuis son invasion en mars 2018.

Selon l’organisation des droits humains d’Afrin, des mercenaires de la Brigade Sultan Mohamed Fatih ont abattu Qedriye Elî, 70 ans, dans le quartier de Marate d’Afrin, le samedi 3 juin.

Afrin occupé depuis 2018

Le canton d’Afrin est le canton le plus à l’ouest du Rojava et du nord et de l’est de la Syrie, où vivaient 200 000 Kurdes. Bien que la population soit majoritairement kurde, elle abritait divers groupes religieux, notamment des yézidis, des alévis et des chrétiens, aux côtés de musulmans sunnites.

Le 20 janvier 2018, la Turquie a lancé des frappes aériennes sur 100 sites à Afrin, au début l’opération d’invasion « Rameau d’Olivier ».

L’armée de l’air turque a bombardé sans discernement des civils ainsi que des positions des YPG/YPJ, tandis qu’un assaut au sol a été mené par des factions et des milices organisées sous l’égide de l’armée nationale soutenue par la Turquie.

Le 15 mars, des milices soutenues par la Turquie avaient encerclé la ville d’Afrin et l’avaient placée sous un bombardement d’artillerie. Une frappe aérienne turque a frappé le seul hôpital en activité de la ville, tuant 16 civils.

Les civils ont fui et les Forces démocratiques syriennes (FDS) se sont retirés et, le 18 mars, la Turquie occupait de facto Afrin. Entre 400 et 500 civils sont morts lors de l’invasion, en très grande majorité à cause des bombardements turcs. D’autres civils ont été sommairement exécutés sur le terrain.

Avant l’invasion turque, Afrin était l’une des régions les plus pacifiques et les plus sûres de la Syrie, n’ayant pratiquement jamais vu de combats pendant la guerre civile, à l’exception d’escarmouches occasionnelles entre les YPG/YPJ et les forces djihadistes à ses frontières. En conséquence, Afrin avait offert un refuge pacifique à plus de 300 000 personnes déplacées internes venues d’ailleurs en Syrie.

ANF

A quoi rime la fête des mères au Kurdistan?

Aujourd’hui, dans de nombreux pays du monde, on célèbre la « fête des mère » et à cette occasion, une abonnée de notre page nous a envoyé un message saluant le courage des femmes et mères kurdes. On en profite pour vous dire ce que signifie la fête des mères au Kurdistan alors que le régime islamofasciste d’Erdogan vient de consolider son règne en Turquie et qu’il veut mener de nouvelles guerres génocidaires au Kurdistan, y compris dans la région yézidie de Shengal, et que les régimes iranien, syrien et irakien ne sont pas non-plus tendre avec les enfants et jeunes kurdes…

A quoi rime la fête des mères au Kurdistan?

Aujourd’hui, dans certains pays dont en Turquie, on célèbre la « fête des mères », dans un pays où tant de mères kurdes « rêvent » de recevoir, non pas de fleures, mais le corps d’un enfant tué ou porté disparu entre les mains des sbires de l’État turc.
On ne sait pas trop quand et comment la fête des mères est arrivée en Turquie et dans le Kurdistan du Nord (Bakûr), mais une chose est sûre : chaque année, le deuxième dimanche du mois de mai, on y « célèbre » la fête des mères. Ce jour-là, de nombreuses mères kurdes, dont au moins un enfant a été tué ou porté disparu entre les des sbires de l’Etat turc, ne peuvent s’empêcher de passer la journée en larme.

 

Les plus « chanceuses » de ces mères kurdes qui ont les tombes de leurs enfants y vont se recueillir. Mais souvent, les tombes de leurs enfants sont détruites par l’armée turque car leurs enfants sont qualifiés de terroristes pour avoir embrassé la lutte de la liberté pour vivre libres sur leurs terres colonisées. Parfois, elles veillent dans les cimetières pour empêcher les soldats turcs de détruire les tombes et parfois, à main nue, elles reconstruisent les tombes détruites d’où leur surnom « Les Antigone(s) kurdes ».
D’autres de ces resteront à la maison, en espérant un jour trouver les restes de leurs enfants disparus parfois depuis si longtemps. Certaines d’entre-elles sont mortes, sans que leur « voeux » soit exaucés.
 
D’autres continuent à chercher les restent de leurs enfants et à interpeller les autorités turques en se rassemblant, vêtues de leurs voiles blancs, symbole de la paix, tous les samedis à Amed (Diyarbakir) ou à Istanbul, sur la place Galatasaray, depuis 25 ans déjà. On les appelle les mères de la paix ou les mères du samedi. Alors, pendant que d’autres célèbrent la fête des mères, nous, on souhaitent que ces mères kurdes aient le d’avoir leurs enfants en vie, qu’importe si elles n’ont pas un jour de fête pour elles. Il n’y a rien de de plus sacré que la vie d’un enfant.
 
*Image des mères kurdes dont les enfants ont été tués par des paramilitaires et les forces armées turques

Brève arrestation d’un journaliste français au Kurdistan irakien

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PARIS – Le vendredi 2 juin, le journaliste français Benoit Drevet a été détenu brièvement par les forces de sécurité kurdes alors qu’il se trouvait dans la région de Galala pour effectuer un reportage sur les conséquences des bombardements sanglants menés par la Turquie soi-disant pour chasser la guérilla kurde (PKK) mais qui vident la région de sa population.

Le journaliste Benoit Drevet a déclaré sur Twitter concernant sa brève arrestation: « Les personnes qui m’ont privé de ma liberté ont été respectueuses, j’étais un “invité” un peu particulier. “L’ordre vient d’en haut” étant le seul obstacle à ma libération. »

De son côté, la France, par la voix de son consul à Erbil, Olivier Decottignies, a condamné l’arrestation et la détention arbitraire de Benoit Drevet, qui est une « nouvelle illustration » des « atteintes récurrentes à la liberté de la presse et aux droits des journalistes dans l’ensemble de la Région autonome du Kurdistan ».

Les forces de sécurité de Sulaymaniyah (Asayish) contrôlées par l’UPK viennent de réfuter les allégations d’arrestation du journaliste français et de son assistante.

Ces dernières années, la région autonome kurde d’Irak est régulièrement pointée de doigt à cause des attaques ciblant les journalistes et la liberté de la presse.

TURQUIE. L’ancien chef des services secrets turcs nommé ministre des affaires étrangères

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TURQUIE – L’ancien ministre des services secrets turcs (MIT) responsables de meurtres et des kidnappings de centaines de kurdes et d’opposants à travers le monde, Hakan Fidan a été nommé par Erdogan à la tête du ministère des affaires étrangères. Fidan est un cas d’école du fait de ses origines kurdes qui ne l’ont pas empêché de devenir un monstre œuvrant à la destruction de son propre peuple.

Par ailleurs, comme le rappelle le journaliste Guillaume Perrier, en 2014, pour justifier une opération militaire en Syrie, Hakan Fidan avait déclaré: « Si nécessaire j’envoie 4 hommes (en Syrie) tirer 8 roquettes (sur la Turquie) ». Après ces fuites, la Turquie avait censuré YouTube. Mais Fidan (remplacé par İbrahim Kalın) n’est pas une exception étant donné que depuis l’époque ottomane, les Turcs prennent sciemment les enfants des minorités ou peuples qu’ils veulent détruire en faisant d’eux des Turcs ultranationaliste / ou fanatiques islamistes qu’ils relâchent ensuite sur ces peuples et minorités pour les anéantir*.

A propos des ministres d’Erdogan d’origines kurdes, déjà ministre des Finances, puis vice-Premier ministre chargé de l’économie (jusqu’en 2018), Mehmet Simsek a été nouveau nommé ministre de l’économie par Erdogan. Lui aussi est d’origine kurde mais il est dans un camp anti-kurde et très misogyne. Il s’était fait remarqué par le passé quand il avait dit que les femmes qui travaillent sont responsables du chômage… et autres perles de ce genre. (Par ailleurs, Erdogan a choisi comme vice-président Cevdet Yılmaz, un Kurde zaza de Bingöl.)

En plus des ministres d’origines kurdes, Erdogan a fait entrer au parlement plusieurs Kurdes du parti HUDAPAR, le Hezbollah turc dirigé par les renseignements turcs et qui va être utilisé pour détruire le mouvement politique kurde et pour faire passer des lois anti-femmes.

La nouvelle Turquie d’Erdogan va être un enfer pour les femmes et les Kurdes. Mais ce qui nous inquiète le plus, c’est l’« insouciance » (pour ne pas dire la complicité) de la communauté internationale qui s’est empressée de féliciter Erdogan pour sa soi-disant réélection qui n’est que la confiscation de la volonté des peuples de Turquie par des élections truquées.

*Le chercheur Ariz Kader rappelle l’époque du parti Baath en Iran durant laquelle, ces collabos kurdes utilisés par les États colonisant le Kurdistan pour anéantir le peuple kurde, ont porté un coup fatal à l’existence même des Kurdes.

Ariz Kader écrit: « Les responsables du parti Baath et les nationalistes arabes ont souvent salué ces personnes comme des citoyens loyaux et les ont utilisés pour promouvoir, cyniquement, la notion d’État en tant qu’acteur tolérant malgré le génocide. A cette époque, le terme kurde pour ce groupe particulier était « Jash » (traitre). Bien qu’ils se distinguaient en étant une population beaucoup plus petite par rapport aux Kurdes non collaborationnistes. La Turquie a connu une période d’assimilation beaucoup plus efficace et plus longue que l’Irak. »

 

Que signifient les résultats des élections en Turquie pour les Kurdes?

Criminalisation des Kurdes et emprisonnement de leurs élus, feu vert aux guerres colonialistes aux Kurdistan(s) syrien et irakien, promulgation des lois misogynes par des groupes parlementaires islamistes, soutien accru aux groupes et régimes islamistes dans le monde… sont quelques-uns des dossiers que l’alliance islamo-fasciste de la majorité parlementaire du président Erdogan rêve de finaliser rapidement, selon l’universitaire Serhat Tutkal qui développent le sujet dans le texte suivant.

Suite aux élections turques du mai 2023, l’Alliance populaire dirigée par Erdogan continuera de jouir d’une majorité confortable au Parlement. Sauf élections anticipées improbables, le président sortant Recep Tayyip Erdogan dirigera le pays pendant encore cinq ans.

Deux phénomènes politiques importants suivront probablement les élections: la montée du nationalisme turc et la poursuite de la criminalisation du mouvement politique pro-kurde, et la normalisation de l’idéologie islamiste au sein de la politique légale de la Turquie. Celles-ci renforceront les pratiques antidémocratiques en Turquie et limiteront les possibilités de consolidation de la paix. En conséquence, les politiques de guerre en cours au Kurdistan et la criminalisation du mouvement politique turc pro-kurde devraient se poursuivre dans un proche avenir.

MONTÉE DU NATIONALISME TURC ET LA POLITIQUE ANTI-KURDE

L’opposition Alliance des nations a participé aux élections sur deux listes distinctes. Le parti nationaliste d’extrême droite IYI a obtenu 43 députés, comme en 2018. Cependant, ils ont un autre candidat qui a été élu sur les listes du Parti républicain du peuple (CHP) à Istanbul. Ce parti aura ainsi un député de plus dans le nouveau parlement. Un autre parti nationaliste de l’Alliance nationale, le Parti démocrate (DP), aura trois députés élus sur les listes du CHP, ce qui signifie une légère augmentation par rapport à ses deux députés précédents.

Au sein de l’Alliance populaire, le Parti d’action nationaliste (MHP) d’extrême droite disposera de 50 députés au lieu des 49 sièges qu’il a obtenus en 2018. Le Parti de la justice et du développement (AKP), que l’on peut aujourd’hui aussi qualifier de parti nationaliste d’extrême droite, sera représenté avec 264 députés lorsque quatre députés islamistes du Parti de la cause libre (HÜDAPAR) retourneront dans leur propre parti. En conséquence, 361 des 600 députés seront issus de partis nationalistes turcs d’extrême droite, et il y aura davantage de nationalistes turcs au parlement élus sur d’autres listes.

Ce n’est pas la seule raison pour laquelle le nationalisme turc de droite est en hausse dans la politique législative turque. L’Alliance ancestrale, dirigée par le Parti de la victoire (ZP) d’Umit Ozdag, a obtenu près de 2,5 % du total des voix. Ils ne seront pas représentés au parlement, puisque la Turquie a un seuil électoral de 7 % pour les alliances afin d’obtenir une représentation parlementaire. Cela dit, il s’agit d’un nombre considérable de votes pour un parti ultranationaliste qui a consacré beaucoup d’efforts et de temps à criminaliser et à provoquer le mouvement politique pro-kurde, les électeurs kurdes et les immigrés. De plus, son candidat présidentiel Ogan a obtenu plus de 5 % des voix. Cela a fait d’Ozdag et d’Ogan des personnalités clés pour le second tour des élections présidentielles.

Alors qu’Ogan a déclaré son soutien à Erdogan, Ozdag a approuvé Kilicdaroglu à la suite d’un accord problématique qui comprenait des promesses de poursuivre les pratiques anti-kurdes comme la nomination d’administrateurs et des garanties sur l’ expulsion de tous les réfugiés dans un délai d’un an. Considérant que la plupart de leurs votes peuvent être considérés comme réactionnaires, le contrôle d’Ogan et d’Ozdag sur la prise de décision au second tour de leurs électeurs était probablement faible. Cependant, ils ont réussi à utiliser leur position pour criminaliser davantage le mouvement politique pro-kurde et les citoyens kurdes de Turquie. Le fait qu’Ogan et l’extrême droite turque aient bénéficié d’un temps d’écran accru de la part des médias pro-gouvernementaux et qu’Ozdag soit devenu plus visible sur les plateformes soutenant l’opposition n’était qu’une mauvaise nouvelle pour les minorités.

Le facteur commun qui unit tous ces partis politiques nationalistes susmentionnés est une forte position anti-kurde. Cela favorisera une plus grande militarisation des villes peuplées de Kurdes, la criminalisation des politiciens pro-kurdes, la censure des médias pro-kurdes et la poursuite des pratiques antidémocratiques telles que les nominations d’administrateurs. De plus, cela signifie que les politiques interventionnistes du gouvernement d’Erdogan visant les populations kurdes d’Irak et de Syrie sont soutenues par la plupart des électeurs. Ainsi, l’intervention turque en Irak et en Syrie devrait se poursuivre au cours des prochaines années.

Il y a un clivage croissant entre le mouvement politique pro-kurde et le reste de l’opposition. Les discours politiques de l’opposition avant le second tour des élections présidentielles ont apporté un soutien vocal à certaines des politiques les plus antidémocratiques d’Erdogan, telles que la nomination d’administrateurs dans les villes peuplées de Kurdes et la conduite d’interventions militaires dans les pays voisins. En fin de compte, Kilicdaroglu et ses principaux partisans ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils étaient plus nationalistes qu’Erdogan pour convaincre les électeurs nationalistes de voter contre Erdogan – mais maintenant qu’Erdogan a gagné, toutes ces remarques peuvent être utilisées par lui pour légitimer sa propre politique.

NORMALISATION DE L’IDÉOLOGIE ISLAMISTE

Au 13 mai, un seul représentant d’un parti islamiste au parlement turc n’avait pas été élu sur la liste de l’Alliance populaire ; il s’agissait d’un député du traditionnel parti islamiste Félicité (Saadet Partisi – SP). Le 15 mai présente une situation très différente. En raison de l’alliance du CHP avec le SP et deux autres partis politiques islamistes (un conservateur et un libéral) fondés par d’anciens responsables de l’AKP, il y aura une variété de partis politiques islamistes dans le nouveau parlement. Le Parti de la démocratie et du progrès (Demokrasi ve Atılım Partisi – DEVA), fondé par l’ancien chef de l’économie de l’AKP (Ali Babacan) ; le Parti du futur (Gelecek Partisi – GP), fondé par l’ancien Premier ministre d’Erdogan (Ahmet Davutoglu) ; et le SP a reçu 35 sièges combinés grâce au quota du CHP. Cela signifie qu’il y aura trois partis d’opposition islamistes, chacun d’eux avec au moins 10 députés, au parlement.

L’Alliance populaire, en revanche, a toujours inclus des islamistes. Désormais, cependant, il comprendra deux partis politiques encore plus radicaux que l’AKP d’Erdogan. Le Nouveau parti de la prospérité (Yeniden Refah Partisi – YRP) a censuré les images de ses propres candidates et les images dans lesquelles des candidats masculins et féminins étaient montrés ensemble. Ses exigences comprennent la restructuration de la loi 6284 sur la prévention de la violence à l’égard des femmes, l’interdiction de toutes les associations LGBTI+, la suppression de l’obligation d’argent de subsistance versé aux femmes divorcées, la non-acceptation des témoignages de femmes sur des affaires pénales sans témoins parmi d’autres exemples de sexisme extrême. Ce parti a obtenu cinq sièges au parlement. HÜDAPAR sera également représenté par quatre députés élus sur les listes de l’AKP. HÜDAPAR est lié au Hezbollah turc, qui était un groupe paramilitaire islamiste kurde impliqué dans de graves violations des droits humains et des massacres aux côtés des forces de sécurité turques. HÜDAPAR rejette ouvertement l’égalité entre les hommes et les femmes.

Le mouvement politique pro-kurde est connu pour sa position pro-femmes dans toutes les régions du Kurdistan et sa promotion de la laïcité politique. La montée de l’idéologie islamiste et sa normalisation au parlement seront utilisées pour délégitimer le mouvement politique pro-kurde dans ce sens. En utilisant des références religieuses, le mouvement politique pro-kurde peut être évalué négativement avec des attributions d’immoralité basées sur un discours islamiste misogyne. De plus, étant donné que le gouvernement AKP collabore avec les milices islamistes en Syrie contre les groupes pro-kurdes, plus d’islamistes au parlement pourraient signifier plus de soutien aux politiques de guerre en cours.

Contrairement aux législatures précédentes, il y aura des islamistes dans les deux camps au cours des prochaines années. Si au moins deux des partis islamistes de l’Alliance de la Nation forment un groupe parlementaire commun (ce qui nécessite au moins 20 députés), ils auraient le droit de participer aux commissions parlementaires, de prendre la parole au Parlement et de nommer des représentants dans certains conseils suprêmes, parmi lesquels autres bénéfices. Cela signifie que même si ces trois partis islamistes ne représenteront probablement pas plus de 1 % du total des voix dans le pays, ils auront de nombreuses occasions de façonner l’opinion publique au cours du prochain mandat, ce qui renforcera le discours islamiste d’Erdogan et de son gouvernement et pourrait conduire à un soutien accru aux islamistes à l’étranger.

GUERRE AU KURDISTAN

Erdogan devrait poursuivre sa politique de guerre dans toutes les régions du Kurdistan. Cinq des sept partis politiques avec le plus de voix (AKP, MHP, IYIP, ZP et YRP) soutiennent déjà ces politiques. Même dans l’Alliance nationale, il y avait au moins trois partis politiques censés soutenir politiquement la militarisation du Kurdistan et la criminalisation du mouvement politique pro-kurde avant les élections: IYI, un parti politique qui a toujours soutenu les politiques anti-kurdes du gouvernement et a failli quitter l’alliance en raison du soutien du mouvement politique pro-kurde à son candidat à la présidence; Gelecek Partisi (GP), dont le chef a été Premier ministre de la Turquie entre août 2014 et mai 2016, lorsque certaines villes peuplées de Kurdes ont été complètement détruites et était le supposé « cerveau » derrière la politique étrangère pro-islamiste de la Turquie au Moyen-Orient; et le parti Démocrate (Demokrat Parti – DP), un petit parti politique nationaliste connu pour sa criminalisation des députés pro-kurdes. Ces trois partis auront un total de 57 sièges au parlement. Il convient de noter que l’Alliance populaire d’Erdogan a obtenu 323 sièges au parlement, et il y a deux autres partis islamistes dans l’Alliance Nationale qui auront encore 25 sièges. Au final, le Parlement sera majoritairement composé de députés de droite censés soutenir une intervention militaire dans les régions kurdes.

Les tentatives de Kilicdaroglu pour convaincre les électeurs nationalistes avant le second tour des élections présidentielles ont considérablement aggravé les choses. Certains de ses principaux partisans ont fait des commentaires critiquant le gouvernement pour son incapacité à faire la guerre de manière plus « efficace » avec les groupes pro-kurdes. Mansur Yavas, le maire d’Ankara qui était censé être l’un des vice-présidents en cas de victoire de Kilicdaroglu, a critiqué le gouvernement pour ne pas avoir été en mesure de détruire complètement les montagnes de Qandil, situées à la frontière irako-iranienne et abritant le QG du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Peu avant les élections, Kilicdaroglu a laissé entendre que Salih Muslim, coprésident du PYD (Parti de l’Union démocratique) pro-kurde au Rojava, était un terroriste. D’autre part, Ozdag, qui a soutenu Kilicdaroglu au second tour, a promis de nouvelles interventions militaires dans les montagnes de Qandil sur Twitter. Après avoir reproduit de tels discours de soutien à la guerre, il sera presque impossible pour le CHP et ses alliés de critiquer les futurs actes de guerre au Kurdistan.

Dans sa vidéo de propagande officielle de la TRT (radiodiffuseur public turc), Ogan a déclaré que le véritable objectif du HDP est de former un « PKKland » (PKKistan) en Syrie et a salué l’intervention militaire turque pour avoir détruit ce plan. Erdogan s’est également vanté d’avoir détruit des terroristes dans leurs « nids ». Presque tous les acteurs politiques du pays, à l’exception du mouvement politique pro-kurde et de ses alliés de gauche, ont utilisé le second tour de l’élection pour prouver qu’ils seraient les plus belliqueux envers les groupes kurdes des pays voisins.

CRIMINALISATION DES POLITICIENS PRO-KURDES

De nombreux membres du mouvement politique pro-kurde, dont les anciens coprésidents du HDP, sont en prison depuis des années. Presque tous les maires pro-kurdes ont été démis de leurs fonctions par le gouvernement et remplacés par des responsables gouvernementaux sans organiser de nouvelles élections. Alors que SP et DEVA n’ont pas soutenu ces politiques, IYIP et ZP soutiennent Erdogan en ce qui concerne la criminalisation du mouvement politique pro-kurde.

Le CHP comptera 130 députés une fois que les candidats des autres partis de l’alliance de l’opposition seront de retour dans leurs propres partis. L’Alliance du travail et de la liberté a obtenu 65 sièges au parlement. Même combinés, ces deux partis détiendront moins du tiers des sièges. De plus, en se disputant les votes nationalistes après le premier tour de l’élection présidentielle, Kilicdaroglu a contribué à une plus grande criminalisation du mouvement politique pro-kurde, ce qui permet encore plus facilement à Erdogan de poursuivre son programme politique anti-kurde.

Kilicdaroglu a publiquement laissé entendre que Sirri Sakik, un membre bien connu du HDP qui a été député et maire dans le passé, était un terroriste. Il a également accepté de poursuivre la pratique consistant à nommer des administrateurs afin de lutter contre le « terrorisme » dans son communiqué de presse conjoint avec Ozdag. Dans sa vidéo TRT, il a critiqué Erdogan pour s’être engagé dans des négociations de paix avec le PKK dans le passé. Il a dit qu’il ne savait pas si le HDP était le « bras politique » du PKK, qu’il devrait être interdit s’il l’est, et que s’il n’est pas interdit, c’est la faute d’Erdogan. Dans le même discours, il a critiqué Erdogan pour avoir négocié avec Ocalan, le chef emprisonné du PKK. Enfin, il a déclaré que le gouvernement devrait faire tout son possible pour lutter contre le « terrorisme », légitimant davantage les politiques en cours d’Erdogan.

Dans l’autre camp, Ogan a déclaré dans sa vidéo TRT qu’il soutient Erdogan parce que le HDP soutient Kilicdaroglu, ce qui signifierait, selon lui, qu’une victoire de Kilicdaroglu aurait conduit à la fin des opérations militaires contre le PKK. Erdogan a également diffusé de fausses vidéos de cadres du PKK censés soutenir Kilicdaroglu lors des élections afin de délégitimer la campagne de l’opposition.

Les deux semaines séparant le premier et le second tour des élections présidentielles ont été marquées par la criminalisation du mouvement politique pro-kurde des deux côtés, notamment les accusations de terrorisme. On peut donc prévoir que les maires pro-kurdes qui réussiront aux élections locales de 2024 seront démis de leurs fonctions, et certains des députés pro-kurdes nouvellement élus seront en prison dans quelques années. Les discours qui accusent les politiciens kurdes d’être liés au terrorisme continueront d’être utilisés contre la politique pro-kurde par une variété d’acteurs, comme ils l’étaient avant les élections.

MONTÉE DU RACISME ANTI-IMMIGRÉS

Les sujets qui ont dominé le discours entre le premier et le second tour de l’élection présidentielle ont été le mouvement politique pro-kurde et les demandeurs d’asile en Turquie. Ozdag et Ogan ont encore légitimé les forts sentiments anti-immigrés dans le pays. Kilicdaroglu a même déclaré que l’opposition venait sauver le pays de la terreur et des réfugiés , ce qui implique que les principaux problèmes du pays sont les réfugiés syriens et le PKK – au lieu des pratiques antidémocratiques et autoritaires du gouvernement AKP, ses liens avec organisations criminelles ou l’affaiblissement total de l’état de droit.

Kilicdaroglu a fait valoir que pendant que les soldats turcs meurent, les Syriens se promènent dans « nos rues », légitimant ainsi les interventions militaires turques en Syrie. Ozdag, d’autre part, a utilisé une version turque du discours de la « théorie du grand remplacement », arguant que la Turquie sera un « pays de migrants » (Göçmenistan) à moins que Kilicdaroglu ne remporte les élections. Erdogan a également affirmé que son gouvernement renverrait plus d’un million de réfugiés dans leurs foyers du nord de la Syrie avec l’aide du Qatar. Comme dans d’autres cas similaires, les positions politiques anti-immigrés reproduisent également le racisme structurel envers les minorités ethniques non immigrées, en l’occurrence le peuple kurde.

Peu de temps après les élections, certaines personnalités publiques soutenant l’opposition ont immédiatement blâmé les immigrés pour les résultats et ont déclaré qu’Erdogan avait gagné grâce aux votes des « citoyens naturalisés », même si les données ne corroborent pas ces déclarations. Ozdag a également publié des vidéos qui montreraient des immigrants syriens célébrant la victoire électorale d’Erdogan. Kilicdaroglu, dans son discours du soir des élections, a déclaré qu’il ne pouvait pas rester silencieux lorsque des millions de migrants arrivent alors que « vous (adressé à la foule) devenez des citoyens de second zone ». Cette vague politique croissante anti-immigrés devrait contribuer aux structures racistes dominantes et renforcer davantage l’autoritarisme en Turquie.

QUE VA-T-IL PASSER ENSUITE ?

La Turquie fait face à des jours sombres. La situation sera particulièrement compliquée pour la mouvance politique pro-kurde. Il y a peu de possibilité de changement au parlement, et les partis pro-kurdes risquent de perdre tous les postes de maire qu’ils pourraient remporter lors des élections locales de l’année prochaine. Étant encore plus exclu de la politique électorale, le mouvement politique pro-kurde risque de perdre encore plus de terrain. Les médias, le milieu universitaire et la société civile subiront une forte pression au cours des prochaines années. La diaspora kurde et les autres acteurs internationaux doivent lutter à distance contre la censure et les violations des droits humains.

Les pratiques antidémocratiques se poursuivront en Turquie. La paix sera délégitimée. Le discours pro-guerre sera d’autant plus courant que l’opposition le reproduira afin d’obtenir une partie des voix nationalistes pour assurer une victoire aux élections locales de 2024.

L’anti-intellectualisme est également en hausse en Turquie. Ce sentiment peut être vu dans les publications sur les réseaux sociaux de personnalités publiques avant et pendant les élections, qui incluent des affirmations selon lesquelles « ce n’est pas le moment d’analyser », se moquent des intellectuels pour leurs idées et diabolisent les intellectuels de la diaspora. Ce discours anti-intellectuel est adopté aussi bien par les partisans d’Erdogan que par la principale opposition. Comme dans tous les cas d’autoritarisme, il continuera de croître en Turquie à moins que les acteurs politiques ne puissent transformer cette situation en établissant de nouvelles institutions et plateformes. Les membres de la diaspora peuvent jouer un rôle important à cet égard.

Le mouvement politique pro-kurde et le peuple kurde connaîtront des jours difficiles, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Turquie. Ils auront besoin d’un soutien important immédiatement : les rapports de répression affluent déjà et l’avenir proche semble encore plus sombre pour les Kurdes de Turquie. Il est vrai que le mouvement politique pro-kurde est plus que ses éléments électoraux – et, en tout cas, le nombre de députés pro-kurdes ne sera pas significativement inférieur à celui de la dernière législature. Mais la Turquie s’engage sur une voie dangereuse. Les acteurs internationaux doivent se préparer à répondre aux violations des droits de l’homme, à la répression politique et aux actions antidémocratiques dès maintenant, sans attendre la prochaine escalade du nouveau gouvernement.

Serhat Tutkal pour Kurdish Peace Institut, version originale à lire ici: What do Turkey’s election results mean for the Kurds?

TURQUIE. Les barrages détruisent l’écosystème du lac Van

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TURQUIE / KURDISTAN – Les centrales électriques et les barrages construits dans province kurde de Van détruisent l’écosystème du lac Van, en causant la mort massive de milliers d’espèces.

Le bassin du lac de Van abrite une biodiversité très riche. Il y a des centaines de ruisseaux qui se déversent dans le lac. Les marécages et les roseaux autour de ces cours d’eau constituent un habitat idéal pour la reproduction et d’alimentation des milliers d’espèces, mais ces dernières années, ils ont été fortement endommagés à cause des politiques corrompues.

Les centrales électriques et les barrages construits le long de nombreux cours d’eau dans les districts d’Erciş, Muradiye, Gevaş et Gürpınar de la province de Van détruisent l’habitat naturel de nombreuses espèces. De plus, les routes migratoires des espèces sont bloquées en raison de construction de barrages sur les cours d’eau.

Les centrales électriques tuent l’écosystème 

Au cours des dernières années, le gouvernement d’AKP a construit plus de 40 centrales électriques et barrages autour du lac de Van pour enrichir ses partisans dans la région. Le gouvernement AKP, qui a détruit une grande partie de la région dans un souci de profit, continue de détruire progressivement le reste de l’habitat naturel. La plupart des cours d’eau provenant des montagnes des districts d’Erdîş, Çardêran (Çaldıran), Bêgir et Westan se sont asséchés à cause des centrales électriques et aux barrages construits le long de ces cours d’eau. Des milliers d’espèces animales et végétales vivant dans ces cours d’eau ont ainsi disparu.

Les centrales électriques provoquent la mort massive d’espèces de poissons

Originaire de la région de Zîlan à Erciş, le ruisseau Zîlan abrite de nombreuses espèces endémiques et créatures vivantes, en particulier le mulet perlé. Les mulets perlés, qui migrent entre le 15 avril et le 15 juillet, migrent vers la rivière Zîlan et pondent leurs œufs. En raison des centrales électriques et des barrages sur la rivière Zîlan, l’eau de la rivière est empoisonnée tandis que la rivière s’assèche. Ainsi, les mulets perlés, qui ne peuvent pas migrer, ne peuvent pas pondre leurs œufs. De plus, les routes migratoires sont bloquées en raison des barrages construit sur les rives de la rivière. Par conséquent, des milliers de poissons meurent sur les routes migratoires.

Une centrale électrique endommage la rivière Bendîmahi traversant les districts de Çaldıran et Muradiye. Bendîmahi, qui est l’une des criques où migrent les mulets perlés et qui est un site de reproduction pour eux, provoque une mortalité massive de poissons.

Champs de roseaux incendiés 

Le gouvernement AKP, qui a détruit des centaines de milliers d’espèces dans un souci de profit, a systématiquement brûlé les roseaux, qui sont les sites de reproduction et d’alimentation de milliers d’espèces dans le bassin du lac de Van. Les incendies qui se déclarent et durent des jours autour des champs de roseaux ne sont pas éteints, tuant des milliers d’êtres vivants.

Les roseaux de la localité de Gölağzı, à Erciş, ont été brûlés plusieurs fois au cours des dernières années. En mai, un champ de roseaux au bord du lac de Van dans le district de Gölağzı a été incendié à deux reprises. Des milliers d’animaux sont morts dans l’incendie qui a duré des jours. Le lac de Van de la région kurde de Turquie abrite environ 346 espèces d’oiseaux. Le lac est une zone d’alimentation importante pour les flamants roses.

ANF

TURQUIE. Changement du nom d’un parc dédié à l’activiste kurde Kader Ortakaya

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TURQUIE / KURDISTAN – La misogynie et la haine anti-kurde du régime turc a frappé le nom en kurde d’un parc de Nusaybin dédiée à Kader Ortakaya, une activiste kurde qui avaient été abattue par des soldats turcs à la frontière de Kobanê en 2014.

Le préfet nommé à la tête de municipalité de Mardin/Nusaybin a fait supprimer le nom kurde « Parqa Kader Ortakaya », construit en hommage à Kader Ortakaya, activiste kurde assassinée à la frontière de Kobanê en 2014.

Le nom kurde du parc Kader Ortakaya dans le district de Nisêbîn (Nusaybin) a été supprimé sur ordre d’Ercan Kayabaşı, administrateur (Kayyim) nommé à la tête de la municipalité. Le personnel de la municipalité a détruit l’inscription « Parqa Kader Ortakaya » avec des machines.

Kader Ortakkaya

Kader Ortakaya, une jeune femme kurde de 28 ans, a été tuée délibérément par des soldats turcs près de Suruç le 6 novembre 2014. Elle faisait partie d’une foule rassemblée en soutien à la résistance de Kobanê face à l’EI, de l’autre côté de la frontière.

 

Ortakaya est née dans une famille ouvrière du quartier Siverek d’Urfa. C’était une femme qui a commencé à travailler à un jeune âge pour soutenir sa famille pauvre.Afin de soutenir le mouvement ouvrier, dans lequel elle était également active, elle a utilisé son temps universitaire après avoir obtenu son diplôme en sociologie à l’Université Eskişehir Anadolu, en Turquie, en rédigeant ses documents de recherche sur les questions de mouvement ouvrier au Département d’économie du développement et d’économie du travail à Université de Marmara. Kader Ortakaya était membre de l’Initiative pour une société libre (TÖP-G). 

En juin 2025, en hommage à Ortakkaya, la municipalité kurde de Nisêbîn a créé le « Parc de la fraternité Kader Ortakaya » sur une superficie de 4 000 mètres carrés à côté du pont historique de Bagdad. (Via agence Mezopotamya)

Concevoir un soulagement efficace des sanctions pour le Rojava

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Lors de la mise en œuvre de la « loi César »* en 2020, les USA avaient décidé d’exempter de sanctions les régions sous contrôle des forces arabo-kurdes, alliées à la coalition internationale anti-EI. Malheureusement, soumis un à un embargo total de la Turquie et du régime syrien, cette « exemption » n’a pratiquement pas permis à la région autonome de la Syrie du Nord et de l’Est de bénéficier d’aide de la communauté internationale, tandis que le séisme du 6 février 2023 et la fermeture récente de la porte frontalière Samalka reliant le Rojava au Kurdistan irakien ont apporté un coup fatal à l’économie fragile de la région alors qu’Erdogan espère toujours anéantir la révolution du Rojava avec l’aide de l’Iran et de la Russie. C’est dans ce climat de précarités économique et militaire que le journaliste Matt Broomfield appelle les USA à « adopter une nouvelle approche dynamique, construite autour de la région autonome dirigée par les Kurdes ».

Voici son article:

Concevoir un soulagement efficace des sanctions pour le nord de la Syrie

L’exemption de 180 jours autorisant l’aide internationale à la Syrie à la suite du tremblement de terre de février qui a tué au moins 7 000 Syriens a provoqué une vague de débats. Certaines personnalités et analystes de l’opposition basés à l’étranger ont fait valoir que le gouvernement de Damas de Bachar al-Assad pourrait utiliser la crise pour poursuivre ses tentatives de normalisation avec la communauté internationale. D’autres ont répondu que le régime de sanctions existant, accusé par un rapporteur des Nations Unies parmi d’autres observateurs d’appauvrir les Syriens ordinaires tout en laissant Assad et sa coterie intacts, était en retard pour une réévaluation.

Pour l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) dirigée par les Kurdes, la nouvelle de l’allégement des sanctions n’a apporté que peu de soulagement digne de ce nom. En mai 2022, les États-Unis avaient annoncé un ensemble distinct d’ exemptions de sanctions , théoriquement destinées à autoriser les investissements et le soutien étrangers dans certains secteurs de la Syrie du Nord et de l’Est (NES) elle-même et dans certaines régions occupées par la Turquie. Mais les responsables de l’AANES, le personnel humanitaire et les analystes économiques affirment tous que l’année écoulée n’a apporté aucun changement perceptible ni investissement international supplémentaire dans cette région isolée et déchirée par la guerre.

D’une part, l’incapacité à attirer des investissements supplémentaires au cours des douze derniers mois démontre qu’il ne peut y avoir de réforme des sanctions pour les régions les plus pauvres et les plus difficiles d’accès qui échappent au contrôle du gouvernement syrien sans une réforme plus large de la politique pan-syrienne. D’autre part, il existe un potentiel inexploité pour que l’AANES joue un rôle actif dans la facilitation d’une approche plus constructive et dynamique de l’intervention humanitaire, de l’investissement et de l’acheminement de l’aide dans le nord de la Syrie déchiré par la guerre et au-delà.

OBSTACLE COMPLEXE À L’AIDE ET À L’INVESTISSEMENT

Les régions contiguës sous la gouvernance de l’AANES ont été épargnées des pires impacts du tremblement de terre. Mais même après les doubles exemptions de sanctions, de nouveaux défis auxquels sont confrontés les efforts de secours humanitaires dans la NES ont une fois de plus mis en lumière les multiples obstacles à l’acheminement de l’aide et des investissements dans la région. Hasan Nabo, médecin du Croissant-Rouge kurde dans l’enclave occidentale de l’AANES à Shehba, décrit la situation là-bas après le séisme : « Suite aux exemptions de sanctions, une partie de l’aide est parvenue au régime [Assad], mais aucune à Shehba. Lorsque des approvisionnements sont envoyés de l’étranger, le régime s’empare de la moitié pour lui-même. Ici, les convois d’aide au tremblement de terre envoyés par l’AANES et de Sulaymaniyah dans le Kurdistan irakien voisin ont passé dix jours au ralenti aux points de contrôle du gouvernement syrien », dit Nabo. Pendant ce temps, les livraisons d’aide dans les régions voisines occupées par la Turquie ont été systématiquement pillées par des milices soutenues par la Turquie, selon Ibrahim Sheikho de l’Organisation des droits de l’homme – Afrin.

A la frontière orientale de l’AANES, la situation est tout aussi bloquée. Le seul passage frontalier reliant actuellement le nord et l’est de la Syrie au Kurdistan irakien et au monde extérieur, et donc avec un territoire exempté des sanctions de César, a été récemment fermé en raison du dernier des nombreux différends entre l’AANES et le gouvernement régional du Kurdistan irakien (KRG). Au moment d’écrire ces lignes, des centaines de personnes faisaient la queue depuis 2 heures du matin pour quitter la région avant que le point de passage Semalka/Fish Khabour ne cesse de fonctionner pendant une période illimitée. Il s’agissait notamment de résidents de l’AANES et d’employés d’ONG étrangères qui se sont précipités pour traverser la frontière avant sa fermeture. « L’importation de marchandises était déjà difficile. Maintenant, l’une des bouées de sauvetage cruciales est coupée », a déclaré un ressortissant étranger attendant de quitter la région.

Ces trois autorités voisines – le GRK, le gouvernement syrien et la Turquie – entravent toutes l’accès à l’aide humanitaire. Pendant ce temps, le seul point de passage officiel de l’aide de l’ONU entre l’AANES et le monde extérieur – le point de passage de Yaroubiah/Tel Kocher avec l’Irak fédéral – reste fermé par décret du Conseil de sécurité de l’ONU. Compte tenu de ces obstacles complexes, la création d’un environnement favorable à l’acheminement de l’aide et des investissements dans une région décrite comme la plus pauvre de Syrie nécessitera plus que des exemptions de jure aux sanctions sans impact tangible sur le terrain.

Aucun nouveau projet d’investissement étranger n’a commencé dans la région à la suite des exemptions de sanctions de mai 2022, ont déclaré trois responsables de l’AANES à l’Institut kurde pour la paix. La législation que l’AANES a prévue à la suite des exemptions de 2022 pour faciliter les investissements étrangers n’a pas encore été promulguée.

L’analyste Calvin Wilder de New Lines Institute corrobore cette évaluation : « Mon propre suivi attentif des rapports en arabe et en anglais n’a fourni aucune donnée sur les nouveaux projets d’investissement provenant de sources externes. Nous ne voyons pas non plus les effets de nouveaux projets d’investissement. »

L’AANES a récemment mis en place des projets d’emploi à moyenne échelle, avec de nouvelles usines produisant des produits secondaires comme l’huile végétale et l’eau en bouteille. Hediya, coprésidente du Bureau de l’économie de l’AANES dans la région de Jazira, déclare : « Ce sont des efforts positifs, mais nous n’avons reçu aucune aide économique étrangère pour ouvrir de grands projets ».

L’ usine Golden Rose , par exemple, qui produit aujourd’hui 300 tonnes d’huile végétale par jour, a été ouverte grâce à l’investissement d’une société locale, Hassan Investment. Ces efforts à eux seuls sont insuffisants pour fournir des opportunités d’emploi généralisées dans une région où l’on estime que 70 % de la population a un « besoin extrême » d’aide humanitaire.

RÉFORME DES SANCTIONS PAN-SYRIENNES

Plusieurs facteurs ont contribué au maintien de l’inclusion de facto de la NES dans le régime des sanctions. Son isolement dû à la fermeture des frontières pour des raisons politiques et le manque d’autarcie qui en découle laissent l’économie de la région liée à celle du gouvernement syrien. L’AANES est obligée de mener la majeure partie de son commerce de pétrole sur le marché noir – qui fournit la majorité de ses revenus – avec Damas en raison des sanctions en cours à l’échelle de la Syrie sur ce secteur crucial. En tant que tel, dit Wilder, « il est presque impossible de faire des affaires dans la NES qui n’impliquent aucune interaction avec le territoire contrôlé par le régime. Même si le nord-est est exempté sur le papier, la plupart des banques et des grandes multinationales ne prendront pas le risque de violer les sanctions en y faisant des affaires. »

Le manque d’investissements ultérieurs suggère que les exemptions de mai 2022 étaient en grande partie cosmétiques – et que tout effort sérieux pour promouvoir l’investissement international dans la région nécessitera une réévaluation plus large du programme de sanctions dans son ensemble. Les recherches montrent que, dans toute la Syrie, ce sont les petites et moyennes entreprises qui souffrent le plus des sanctions de l’UE et des États-Unis , tandis que les grands hommes d’affaires proches d’Assad sont facilement capables de résister ou d’échapper au régime des sanctions, se vantant même d’être sous le coup de sanctions étrangères. un signe de leurs liens intimes avec le gouvernement syrien.

Une rapporteuse nommée par l’ONU a été sans équivoque dans sa récente condamnation de l’ impact négatif des sanctions unilatérales sur presque tous les aspects de la vie des civils syriens, de l’accès aux médicaments vitaux à la pauvreté alimentaire chronique et à l’incapacité totale de reconstruire le pays : « des secteurs économiques clés, notamment le pétrole, le gaz, l’électricité, le commerce, la construction et l’ingénierie, ont anéanti le revenu national et sapé les efforts de reprise économique et de reconstruction », a-t-elle déclaré. « Je suis frappée par l’omniprésence des droits de l’homme et l’impact humanitaire des mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie, et l’isolement économique et financier total d’un pays dont le peuple lutte pour reconstruire une vie dans la dignité. »

Les sanctions César de 2020 et les sanctions sectorielles préexistantes contre la Syrie ne sont pas la principale raison de la catastrophe économique et humanitaire en Syrie. Comme le révèlent les séquelles du tremblement de terre, la destruction des infrastructures, le détournement de l’aide, la corruption et la forte dépendance à l’égard du secteur financier libanais en difficulté ont tous contribué à une situation dans laquelle des millions de personnes à l’intérieur et à l’extérieur des zones contrôlées par le gouvernement vivent dans l’extrême pauvreté et la précarité – par exemple Par exemple, les dommages causés par le tremblement de terre ont exposé 6,5 millions de personnes à un nouveau risque de maladies d’origine hydrique.

Cela dit, les sanctions sont un aspect de cette tragédie que les législateurs américains et européens ont le pouvoir de réformer rapidement. Les États-Unis renforcent actuellement la loi César avec un projet de loi s’opposant à la normalisation avec Assad et à ses relations économiques avec le Golfe, et exigeant des enquêtes sur le contournement des sanctions et le détournement de l’aide en Syrie. Ces enquêtes devraient fournir une plate-forme pour une réévaluation du régime des sanctions dans son intégralité.

L’analyste syrien Karam Shaar a présenté des arguments convaincants en faveur de la suppression des sanctions « à l’échelle du secteur » contre la Syrie, en remplaçant un programme de sanctions généralisées par un régime plus efficace de sanctions ciblées contre les sociétés écrans et les individus concernés, soutenus par des sanctions secondaires et basés sur des informations provenant de pays syriens. interlocuteurs. Notant que la loi César n’a été utilisée à ce jour que contre quatre Syriens, dont l’un est mort, Shaar écrit : « Ne pas utiliser les sanctions secondaires de la loi est indéfendable, notamment parce que son adoption a contribué à l’effondrement économique et humanitaire du pays. Les Syriens ne peuvent tout simplement pas se permettre le coût de sanctions inefficaces. »

Bien que l’AANES reste politiquement engagée à remplacer le gouvernement Baas centralisé par un modèle fédéral et décentralisé, elle a néanmoins salué la récente réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, acceptant pragmatiquement la nécessité de poursuivre les relations (économiques) avec Damas. Mais alors que la normalisation régionale d’Assad pourrait marquer le retour provisoire d’investissements régionaux plus discrets en Syrie, « il n’y a aucune raison de penser que le rétablissement de la Ligue arabe change le calcul à Washington », ajoute Wilder. En raison de l’interdépendance inévitable de la NES avec l’économie de la Syrie contrôlée par le gouvernement, des réformes des sanctions mondiales qui permettent à l’économie syrienne de se redresser, tout en maintenant la pression sur Assad et ses affiliés, seront un corollaire nécessaire à la reprise économique de la NES.

Bien que nécessaires, ces étapes seules ne suffiront pas. Après mai 2022, si quoi que ce soit, la situation économique de la NES s’est encore détériorée. Comme le note Cheleng Omar, économiste basé dans la NES, une vague de menaces turques contre le NES a commencé immédiatement après les exemptions de mai 2022, suivie plus tard par des frappes aériennes contre les infrastructures gazières et pétrolières, entre autres infrastructures critiques – peut-être partiellement motivées par les sanctions. réformes et leur message apparent de soutien à l’autonomie économique de la NES. En août 2022, la cellule de crise de l’AANES avait été contrainte de réorienter ses propres investissements des secteurs tels que l’administration locale, les municipalités et l’environnement pour se concentrer sur l’approvisionnement en nourriture, en médicaments et en produits de première nécessité, ainsi que sur le logement des personnes déplacées par une opération militaire turque attendue.

Suite au maintien au pouvoir du président sortant Recep Tayyip Erdogan lors des élections turques, une nouvelle opération militaire contre les régions autonomes dirigées par les Kurdes restera une possibilité omniprésente, diminuant encore l’appétit des investisseurs étrangers averses au risque pour entrer dans la région. Les frappes et bombardements meurtriers de drones turcs, ciblant souvent les administrateurs civils et les infrastructures, restent une réalité quotidienne dans la NES. Dans des circonstances aussi défavorables, il n’est pas étonnant que le seul «investissement étranger» récemment mentionné en association avec le pays soit l’effort avorté et aventuriste pour exploiter les ressources pétrolières de la région lancé par le ténébreux Delta Crescent dans les dernières années de l’administration Trump.

CENTRER LA POLITIQUE DE L’AANES EN SYRIE

Les détracteurs des programmes de sanctions peu maniables et inefficaces les présentent parfois comme des « signaux de vertu », destinés à communiquer un message de condamnation sans constituer en fait une opposition efficace à un gouvernement ou à un individu donné. Dans ce cas, le contraire est également vrai. Les exemptions de sanctions de mai 2022 ont effectivement exposé la NES en signalant un engagement américain en faveur de l’autonomie de la région sans apporter de soutien concret à cette fin. Parallèlement à une refonte plus large du programme de sanctions, les États-Unis pourraient prendre des mesures concrètes pour apporter un soutien spécifique à leur partenaire clé dans la région, l’AANES et ses Forces démocratiques syriennes (FDS), qui restent officiellement alliées aux États-Unis dans la lutte contre DAECH.

1) Imposer une pression unilatérale pour rouvrir les points de passage vers le nord et l’est de la Syrie

Il est tout à fait à la portée diplomatique de Washington de rouvrir unilatéralement non seulement le point de passage de Semalka entre le NES et le KRG, mais aussi le point de passage fermé de l’aide de l’ONU entre l’Irak fédéral et la NES. « Les points de passage de Tel Kocher et de Semalka doivent être laissés à l’écart des marchandages politiques, et la [Coalition internationale dirigée par les États-Unis pour vaincre l’EI] pourrait jouer un rôle à cet égard. Non seulement un rôle militaire, mais aussi économique », explique Omar, l’économiste, soulignant le mandat de la Coalition pour rétablir la stabilité dans les régions touchées par l’EI.

Suite au tremblement de terre, et avec un retard de quelques jours, les portes de l’aide ont finalement été ouvertes dans le nord-ouest de la Syrie. Ces retards sont survenus alors que l’ONU attendait la bénédiction du régime de Damas, malgré le fait que l’aide voyageait vers des régions qui étaient hors du contrôle d’Assad depuis une décennie. Des juristes éminents soutiennent depuis longtemps que l’aide transfrontalière à la Syrie est entièrement autorisée par le droit international, quel que soit le veto de la Russie au sein du Conseil de sécurité moribond de l’ONU. L’ancien envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie, Joel Rayburn, fait partie de ceux qui ont critiqué les États-Unis pour avoir cédé à ce veto : « Les États-Unis devraient également empêcher la Russie d’obtenir des concessions en menaçant continuellement d’opposer son veto à l’aide transfrontalière de l’ONU à la Syrie. Il est grand temps pour les États-Unis et d’autres alliés de développer une alternative viable à l’aide de l’ONU.

Si les États-Unis font pression sur leurs partenaires du GRK et de Bagdad, tout en fournissant unilatéralement une assistance si nécessaire, ils pourront rouvrir les frontières extérieures de la NES à l’aide et au commerce – et les garder ouvertes. Une telle mesure servirait de déclaration plus concrète de soutien à l’avenir de la région en tant que régime autonome. Cela servira également de démonstration plus concrète de l’opposition à la normalisation du gouvernement Assad avec le Golfe, fournissant des voies pour attirer par la suite des investissements régionaux dans la NES plutôt que dans la poche d’Assad.

2) Acheminer unilatéralement l’aide par le nord et l’est de la Syrie

En plus de faciliter le commerce et l’investissement, un accès garanti et négocié par les États-Unis au monde extérieur faciliterait le transfert unilatéral de l’aide via les partenaires de confiance de Washington dans la NES. Comme nous l’avons vu lors de la crise du coronavirus, et à nouveau après le tremblement de terre, le gouvernement Assad et ses mandataires, ainsi que les mandataires turcs dans le nord de la Syrie, détournent systématiquement l’aide destinée aux civils, en particulier ceux qui vivent dans des régions échappant au contrôle du gouvernement. L’acheminement de l’aide d’urgence vers le nord-est et le nord-ouest via l’AANES forcerait un engagement et une coopération accrus aux frontières intérieures de la Syrie. Par exemple, l’aide de l’OMS devrait voyager de Qamishlo, la capitale de facto de la NES, à Damas, et non l’inverse, les États-Unis fournissant l’infrastructure nécessaire pour faciliter cela.

De plus, Hediya, le responsable du Bureau de l’économie, souligne que la NES est la région agricole la plus productive de Syrie. La Syrie était autrefois autosuffisante en matière de production alimentaire, mais souffre désormais du sixième plus grand nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le monde, avec quelque 12,1 millions. L’AANES et le gouvernement syrien souffrent tous deux de lacunes, aggravées par la sécheresse mondiale du blé occasionnée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et se font régulièrement concurrence pour acheter les récoltes des agriculteurs. Les États-Unis devraient équiper le secteur agricole de la NES pour produire un excédent net et l’AANES pour acheter du blé à des taux attractifs, permettant à la NES d’offrir de manière proactive une aide alimentaire à part entière à d’autres régions de Syrie, consolidant ainsi le statut de la région en tant qu’élément essentiel de L’avenir de la Syrie.

3) Étendre la dérogation aux sanctions pour couvrir la production pétrolière

La NES produit l’essentiel du pétrole syrien et dépend des revenus pétroliers pour l’essentiel de ses revenus. Il est peu probable que les dérogations aux sanctions qui excluent cette composante clé de son industrie aient un impact tangible, en raison de l’absence d’industrie sérieuse dans une économie qui dépendrait autrement largement de l’agriculture à petite échelle et des envois de fonds. Les États-Unis réagissent avec colère aux ventes continues de l’AANES sur le marché noir à Damas, mais n’ont pas réussi à autoriser la NES à se connecter aux marchés étrangers via le KRG – ne laissant à l’AANES d’autre choix que de poursuivre cette politique. Si les États-Unis considèrent sérieusement la réforme des sanctions comme plus qu’un simple signe de vertu, ils doivent repenser cette exemption.

4) Rechercher un règlement politique inclusif avec une stabilité et une sécurité durables pour le nord et l’est de la Syrie

En fin de compte, quelles que soient les dérogations mises en place, des investissements étrangers sérieux et un engagement avec NES n’arriveront qu’une fois que la situation militaire et politique se sera stabilisée. Lors d’un récent panel organisé par Kurdish Peace Institute et New Lines Institute, l’ancien commandant du Commandement central de l’armée américaine, Joseph Votel, a lancé un appel urgent à un règlement politique pour les FDS et l’AANES, suite aux promesses faites au début de leur partenariat avec les États-Unis Avant que l’on puisse penser que des investisseurs étrangers s’installent dans la région, les États-Unis doivent prendre des mesures fermes et directes pour empêcher l’agression militaire turque en cours contre ses alliés dans la lutte contre l’EI, leurs représentants civils et les infrastructures humanitaires. Les États-Unis doivent recalibrer leurs relations avec la Turquie,

La NES n’a pas besoin d’être traitée comme un protectorat, un allié transitoire ou une cause humanitaire, uniquement digne de la protection américaine en raison des sacrifices continus consentis par les FDS dans la lutte contre l’Etat islamique. Au contraire, la région peut servir de plate-forme pour la construction d’une approche plus productive, dynamique et engagée pour résoudre la crise en Syrie. Les autres propositions décrites ici peuvent contribuer à cette fin, notamment en signalant la profondeur de l’engagement de Washington envers la NES en tant qu’élément clé de la paix, de la prospérité et de la stabilité futures de la Syrie. « Je n’ai jamais connu une meilleure relation avec aucun partenaire avec qui j’ai travaillé », a déclaré le général Votel. « Ce n’étaient pas seulement des combattants extraordinaires, mais ils ont beaucoup fait pour favoriser la stabilité. » Ces partenaires de confiance devraient être placés au cœur d’une société américaine remaniée et revigorée.

Article publié sur le site Kurdish Peace Institute, texte original à lire ici: Crafting Effective Sanctions Relief for Northern Syria

*Le Caesar Syria Civilian Protection Act (ou loi César), promulgué par Donald Trump et mis vigueur en 2020, était présenté par les États-Unis comme un des moyens de la promotion de la responsabilisation des atrocités à grande échelle commises par le président syrien Bachar Al Assad en privant son régime de ressources financières et pour contribuer à « une solution politique durable au conflit syrien dans l’esprit de la résolution 2 254 du Conseil de sécurité des Nations unies ».

 

TURQUIE. Décès de deux témoins du génocide de Dersim

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TURQUIE / KURDISTAN – Eşliye Çice et Necef Duman, qui ont survécu au génocide des Kurdes de Dersim de 1937-38, ont perdu la vie.

Eşliye Çiçe (Fecire Erol) du village de Zimek (Çığırlı) du district de Xozat (Hozat) et Necef Duman, 94 ans, qui a survécu en étant cachée sous le cadavre de sa mère Besi abattue dans le hameau Hopik du même village, sont décédées.

Necef Duman, 94 ans, et Eşliye Çiçe (Fecire Erol) du village de Zimek (Çığırlı) du district de Xozat (Hozat), qui ont perdu la vie hier, ont été enterrés dans le village de Zimek.

Cice, qui s’était entretenue plus tôt avec l’agence de presse Pir (PIRHA), a déclaré au sujet du massacre de Dersim* dont elle a été témoin : « Ils ont rassemblé tout le monde et les ont emmenés sur l’aire de battage. Des mitrailleuses y étaient installées. Tout le monde s’est mis à crier, il y a ceux qui se sont échappés. Ils ont séparé les hommes et les femmes et les ont emmenés à la montagne et ont dit : « Nous allons vous prendre en photo ». Ils nous ont emmenés dans la montagne, nous étions des enfants, nous avions faim, nous voulions du pain et de l’eau. Ma mère m’a mise entre ses jambes et a mis mon frère sur sa poitrine et nous a cachés en nous couchant face contre terre. Une baïonnette est entrée dans mon dos et je l’ai sortie avec ma main, quand j’en ai sorti une autre avec ma main, ma main est restée immobile, ils ont pensé que j’étais morte et sont partis. Quand le soir est tombé, une jeune femme est venue et a crié : « Les soldats sont partis, que ceux qui sont vivants, se lèvent ». Ils nous ont massacrés à Hopik (Beyaz Dağ), nous connaissions nos morts à leurs vêtements. » (Agence Mezopotamya)

*Entre 1937 et 1938, l’armée turque a massacré plus de 70 000 Kurdes alévis à Dersim. Ceux qui ont survécu au massacre ont été chassés de Dersim (Tunceli) qui a été dépeuplé.

Les femmes exhortent la Turquie à ratifier la Convention d’Istanbul

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Hier, l’Union européenne a ratifié officiellement la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, par l’adoption de deux décisions du Conseil. La plateforme turque de défense des femmes Kadın Koalisyonu (Coalition des Femmes) a déclaré que la Turquie étant un pays candidat à l’UE, elle doit la ratifier à son tour.

« La Convention d’Istanbul est un tournant »

Paulina Brandberg, ministre suédoise de l’égalité des genres et vice-ministre de l’emploi, a déclaré: « La violence à l’égard des femmes est inacceptable et doit cesser. De tels actes n’ont pas leur place dans nos sociétés. La convention d’Istanbul est un tournant et un catalyseur pour l’action. La décision de l’UE d’adhérer à la Confention d’Istanbul démontre notre engagement à intensifier l’action contre la violence sexiste pour soutenir celles qui en sont victimes. »