IRAN / ROJHILAT – Le 13 juin, les commerçants kurdes ont fermé leurs commerces en réaction aux récentes profanations ou destructions des tombes de Jina Mahsa Amini et des manifestants tué.e.s et les arrestations des proches des victimes par le régime iranien.
Le mardi 13 juin, les commerçants de la ville kurde de Saqqez ont fermé leurs commerces suite aux travaux de blocage d’accès à la tombe de la tombe de Jina Mahsa Amini, au cimetière d’Aichi. Lors de la grève, il y a eu un déploiement massif des forces armées par le régime iranien à Saqqez.
Grève générale à Saqez, Image via Hengaw
Des informations faisant état de tentatives de profanation, de destruction et d’enlèvement de la tombe de Mahsa Amini, ainsi que des tombes d’autres personnes tuées lors de récentes manifestations à l’échelle nationale, ont fait surface ces dernières semaines. La tombe d’Amini reste dans le cimetière mais les travaux de modifications routières au cimetière d’Aichi l’ont rendue inaccessible au public.
Avant la grève, les commerçants de Saqqez ont lancé un appel exhortant à protester contre les changements en cours, en particulier l’enlèvement de la tombe d’Amini.
La grève a également servi de réponse unifiée aux arrestations massives et au harcèlement enduré par plusieurs familles au Kurdistan iranien.
Vendredi dernier, des familles de Dehgolan, Sanandaj, Divandareh et d’autres villes ont été arrêtées lors de la visite des tombes des victimes des manifestations à Saqqez et Bukan. Les familles se sont rendues sur la tombe de Mahsa Amini, entre autres, pour exprimer leur soutien à sa famille.
Des militants des droits de l’homme au Kurdistan ont confirmé que, ces derniers jours, un certain nombre d’enfants ont été arrêtés en tant que membres des familles et emmenés dans des lieux tenus secrets.
Un parent d’un manifestant iranien exécuté, Majid Kazemi, a reproché aux agents de sécurité d’avoir vandalisé la tombe de son Majid la veille de son anniversaire. Le 8 juin, le parent, Mohammad Hashemi, a publié une photo de la tombe profanée sur les réseaux sociaux, affirmant qu’elle avait été incendiée par des agents vers minuit.
Kazemi et deux autres manifestants, Saleh Mirehashemi et Saeed Yaqoubi, ont été condamnés à mort pour le meurtre présumé de deux membres de la force paramilitaire Basij et d’un agent des forces de l’ordre lors de manifestations à Ispahan en novembre.
Les forces de sécurité ont répondu par des répressions meurtrières aux manifestations nationales qui ont duré des mois et qui ont été déclenchées par la mort en septembre 2022 en garde à vue de Mahsa Amini.
Plus de 520 personnes ont été tuées lors de manifestations et plus de 20 000 autres ont été détenues illégalement, selon des militants.
À la suite de procès biaisés, la justice a prononcé des peines sévères, y compris la peine de mort, contre des manifestants.
Les organisateurs du Festival du court-métrage kurde « Kurt û Kurmancî » acceptent les candidatures pour la deuxième édition du festival qui est dédiée cette année à la lutte des femmes kurdes sous le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » (femme, vie, liberté). Les trois meilleurs films gagneront les Prix Jîna Amînî (1er Prix), Evîn Goyî (2ème Prix) et Garibe Gezer (3ème Prix), trois femmes kurdes victimes de féminicides. Pour y participer, réalisez un film d’une minute sur la Résistance des femmes et envoyer-le à l’équipe du Festival du court-métrage kurde « Mihrîcana Fîlman a Kurt û Kurmancî ».
Les Prix
Premier Prix : 500 euros (Prix Jîna Amînî) 2ème Prix : 500 euros (Prix Evîn Goyî) 3ème Prix : 500 euros (Prix Garibe Gezer)
L’OBJECTIF
Pour la langue kurde, des films d’une minute
En dire beaucoup en faisant court. Avant que les gens ne se plongent dans de longues et vastes histoires, ils peuvent exprimer leurs rêves avec de petites et courtes histoires. Le but est de créer une histoire dans un laps de temps court. Une création rapide d’un court-métrage.
Dans la vie quotidienne, les gens font de nombreuses observations et certaines images ne sortent jamais de la mémoire des gens. Les gens veulent enregistrer ces images concrètes. C’est un désir qui se manifeste chez de nombreuses personnes. C’est un souhait naturel. Il y a aussi de nombreuses personnes qui ont des idées particulières et qui veulent les concrétiser à travers le cinéma. Ceux qui possèdent ces idées travaillent sur leurs propres histoires. Notre espoir est que ces personnes donnent vie à leurs images et à leurs douleurs à travers la dimension artistique et créent des histoires courtes et percutantes.
Donnez vie à vos propres histoires et créez un langage cinématographique pur. Notre espoir est d’enrichir les yeux du cinéma kurde. Des yeux qui captivent les observations et vont au-delà des frontières.
Indéniablement, grâce à la technologie et aux outils tels que les téléphones, la capture d’images est devenue plus accessible aujourd’hui, et de nombreuses personnes peuvent facilement exprimer leurs douleurs à travers l’observation. Dans cette bienveillance, l’objectif est que les amoureux du cinéma créent des histoires courtes et percutantes et mettent leurs idées et leurs narrations au service des Kurdes et de la langue kurde.
Selon l’actualité, les changements et la situation de la société kurde, le sujet et le thème de la bienveillance auront changé chaque année. Cette année, nous avons clairement défini notre sujet sur la femme avec le slogan « Femmes, Vie, Liberté ». En particulier, au Kurdistan iranien et partout dans le monde, le droit à la vie des femmes est bafoué. Chaque jour, des femmes sont tuées ou victimes d’abus commis par des hommes. Face à cela, la lutte et la résistance des femmes continuent sans relâche. Nous voulons mettre l’accent sur la lutte et la résistance des femmes, et à travers ces courts métrages, intensifier la lutte des femmes.
A « Kurt û Kurmancî », nous nous efforçons de créer des films d’une durée d’une minute. Parmi ces films, nous choisirons les 3 meilleurs et apporterons notre soutien à ceux qui ont remporté ces récompenses afin qu’ils puissent réaliser un film encore meilleur grâce à cette distinction.
Pour cela,
Ne vous dispersez pas trop, racontez vos propres histoires avant tout. Réalisez un film d’une minute sur la Résistance des Femmes et envoyez-le à nous !
CONDITIONS ET CRITÈRES DE PARTICIPATION
– Le film doit durer au maximum 1 minute.
– Le thème du film doit être sur la Résistance des Femmes.
– Si le film dépasse la durée d’une minute, il sera disqualifié et exclu de la compétition.
– Chaque participant ne peut soumettre qu’un seul film.
– Après la projection des films, Tor / Banos film production a le droit de les diffuser sur ses plateformes en ligne et de les partager sur les médias sociaux sans demander de droits d’auteur.
– Les films seront jugés par des jurys.
– Tous les genres cinématographiques sont acceptés. Il n’y a pas de limite en termes de genre.
– Les droits d’auteur doivent être respectés dans les films (musique, images, voix, livres, etc.).
– Les films qui portent atteinte aux droits des enfants, des femmes, des handicapés et des animaux seront disqualifiés.
– La soumission et la sélection des films sont gratuites.
FORMULAIRE D’INSCRIPTION
– Nom et prénom du réalisateur ou réalisatrice
– Titre du film
– Biographie et filmographie du réalisateur ou réalisatrice
– Photo du réalisateur ou réalisatrice
– Lien vers le film
– Synopsis du film en kurde
Envoyer à: tor.banos.film@gmail.com
SOUTIEN ET SPONSORISATION
Cette initiative est organisée par Tor / Banos Fîlm Production. Nous sollicitons le soutien des entreprises et des organisations qui sont engagées en faveur des Kurdes et de la langue kurde. Les entrepreneurs et les institutions kurdes influents peuvent apporter une contribution significative à notre festival avec leurs ressources. Ils peuvent devenir nos sponsors et afficher leurs logos sur notre site web et nos affiches. Toute forme de contribution est précieuse pour nous. Nous travaillerons avec enthousiasme avec nos partenaires et institutions et nous mettrons en place chaque année un festival significatif et professionnel pour la communauté kurde.
Anonsa « Mihrîcana Fîlman a Kurt û Kurmancî – Jin Jiyan Azadî » bi Kurdî
XELAT
Yekemîn: 500 euro (Xelata Jîna Amînî)
Duyemîn: 500 euro (Xelata Evîn Goyî)
Sêyemîn: 500 euro (Xelata Garibe Gezer)
ARMANC
Dirêj bêje lê kin bibire!
Kûr here lê şêlû neke!
Beriya ku mirov bikevin dû çîrokên dirêj û qerase bi çîrokên biçûk û kurt karibin xeyalên xwe vebêjin. Armanc; di demeke kin de avakirna çîrokekê. Bi derbeka kin sazkirina fîlmekî.
Di nav jiyana rojane de mirov gelek çavdêriyan dike û hin dîmen ji bîra mirov qet naçin. Mirov dixwaze van dîmenan mayînde ango tomar bike. Ev xwestek bi gelek kesan re peyda dibe. Xwestekek xwezayî ev yek. Dîsa gelek kes hene xwediyê ramanên taybet in û dixwazin van ramanên xwe bi riya sînemayê derbibirin. Kesên xwediyên van xeman li dû çîrokên xwe digerin. Hêviya me ewe ku ev kes xem û derdên xwe bi riya dîmensaziyê vebêjin û çîrokên kurt û bi derb derxin holê.
Bide dû çîroka dilê xwe û zimanekî pak yê sînemayî ava bike.
Hêvî ew e ku em çavên çê li sînemaya kurdî zêde bikin. Çavên çê yên ku çavdêriyên xurt dikin û li dû çelengîyêne!
Bêguman bi riya teknolojiyê û alavên wek telefonê girtina dîmenan îro hêsantir bûye û gelek kes bi hêsanî dikare derdê xwe bi riya dîtbariyê vebêje. Ji vê mîhrîcanê jî armanc ewe ku dildarên sînemayê derdên xwe kurt û bi derb vebêjin û fikr û ramênen xwe bikin bin xizmeta Kurd û Kurdî de.
Li gor rojev, geşedan û rewşa civaka Kurd her sal wê mijar û babeta mîhrîcanê bê guhartin. Me mijara xwe ya îsal bi slogana Jin Jiyan Azadî li ser Jin e diyar kiriye. Bi taybetî li Rojhilata navîn û li her deverê dinyayê mafê jîn e tê binpêkirin. Her roj jin ji aliyên merân tên kuştin an jî tên îstismar kirin. Li hember vê yekê berxwedan û tekoşîna Jin e jî her berdewame. Me xwest em balê bidin tekoşina û berxwedana jine û bi van fîlmên yek deqeyî berxwedan jin e geştir bikin.
Kurt û Kurmancî em hewl didin ku fîlmên 1 deqeyî werin çêkirin. Ji nav van fîlman emê 3 fîlmên herî baş hilbijêrin û piştgiriyê bidin wan ku van kesên xelatên xwe girtin karibin bi vê xelatê fîlmekî baştirîn çêkin.
Ji lewre,
Qet dûr neçin, beriya her tiştî çîrokên xwe vebêjin. Kurt û Kurmancî fîlmekî 1 deqeyî li ser Berxwedana Jin e çêkin û jî me re rêkin!
ŞERT Û MERCÊN MÎHRÎCANÊ
Divê fîlm herî zêde 1 deqe be.
Divê mijara fîlm li ser Berxwedana Jin e be.
Heger fîlm di ser 1 deqeyî de be dê were betal kirin û tevlî pêşbirkê nebe.
Her kes tenê bi fîlmekî dikare serî li pêşbirkê bide.
Piştî fîlm hatin şandin mafê Tor / Banos film production heye ku fîlm di malperên xwe de bidin weşandin û li ser medyaya civakî parve bikin.Bi tu awayî mafê telifê nayê xwestin
Fîlm dê ji aliyê Jurî ve werin xelatkirin.
Fîlm bi hemû cureyên sînemayê dikare were çêkirin. Ji bo cureya fîlm sînor tune.
Divê di fîlman de mafê têlifan were parastin.(Mûzîk,dîmen,deng,pirtûk û hwd)
Fîlmên ku mafên zarokan, jin, berasteng û heywanan binpê dike bi tu awayî nayên pejirandin.
Şiyandina fîlman û qebul kirina wan bê pereye.
FORMA SERÎLÊDANÊ
– Nav û paşnavê derhêner
– Navê fîlm
– Biyografi û fîlmogfafîya derhêner
– Wêneyê derhêner
– Lînka fîlm
-Sînopsîsa fîlm bi Kurdî
Peywendî:
tor.banos.film@gmail.com
PIŞTGIRÎ Û SPONSORÎ
Ev xebat ji alîye Tor / Banos Fîlm Production ve tê organîze kirin. Ji aliyên reklam û danasînan ve em ji her sazî û dezgehên ku di xizmeta Kurd û Kurdî ne vekirîne. Karsaz û dewlemendên Kurd sazî û dezgehên Kurd dikarin bi bexşên xwe festivala me bi hêz bikin. Bi vê ve girêdayî sazî û dezgehên Kurdan dikarin bibin sponsor û logoyên xwe di malper û afîşên me de cih bikin. Her mîqdar bexş ji bo me bi wateye. Emê bi kêfxweşî bi sazî û dezgehên xwe re kar bikin û ji civaka Kurd re her sal festîvaleke bi wate û profesyonel amade bikin.
PARIS – Du festival des femmes kurdes – Rojbin à Paris, au festival « Nuits Métis » de Miramas, la soprano kurde, Mizgîn Tahir donnera plusieurs concerts en France entre le 15 juin et le 15 juillet. (Programme ci-dessous)
Mizgîn Tahir, Née sans frontières, en tournée en France du 15 juin au 15 juillet 2023
Mizgîn Tahir, l’une des très rares chanteuses lyriques kurdes de Syrie, vient en France du 15 juin au 15 juillet pour une tournée de rencontres musicales, ateliers et concerts avec des musicien.ne.s interprètes d’horizons très divers.
Mizgîn vient du Rojava, une région de Syrie à forte population kurde, où les habitant.e.s ont repris le contrôle de leur vie, de leurs relations et de leur avenir, et se sont organisés depuis quelques années en « auto-administration », autonome du régime de Damas. Illes ont rédigé une sorte de constitution, féministe, pluriethnique, multiconfessionnelle, à visée écologique, et tentent l’aventure d’une démocratie participative horizontale. Une expérience unique, inspirante… au cœur d’une région soumise à la violence et aux
agressions militaires et djihadistes.
Au Rojava, Mizgîn chante des répertoires classiques, des opéras qu’elle a traduits au kurde, mais aussi des compositions engagées en hommage à son territoire ; elle dirige une école de musique, et transmet à jeunes et moins jeunes.
En France, elle est invitée par l’association Marcho Doryila – qui développe de actions de solidarité culturelle internationale – et plusieurs festivals et lieux amis et partenaires. Après des mois d’échanges de partitions, de morceaux, et d’envies avec des musiciens ici, elle participera à des rencontres sur le Festival Nuits Métis, à une résidence d’échanges et de création en Drôme (du premier juillet au 5 juillet) avec des musiciens d’horizons divers – Eric Longsworth, violoncelliste, Daniel Mille, accordéoniste, Gianna Caronni, Clarinettiste -, à divers concerts et au Festival Oasis Bizz’art, à une représentation avec le CAEM, école de musique à Dieuleft, puis à un concert lyrique à la Ferme du Bonheur à Paris avec Bernard Cavanna et son trio pour des lieder de Schubert. Elle sera aussi présente pour le Festival de femmes kurdes – Rojbin à Paris.
Marcho Doryila est ravie qu’elle ait obtenu son visa – pas simple quand on vient d’un pays sans relation diplomatique avec la France, et d’une région sans relation administrative avec « son » pays ! Et de pouvoir la recevoir, l’héberger, lui offrir des scènes et des possibilités de rencontres grâce à un réseau d’ami.e.s engagé, solidaire, toujours là !
Réalisatrice Mylène Sauloy, pour Marcho Doryila
Voici les dates et lieux de concerts / échanges de Mizgin Tahir:
18 juin Festival des Femmes Rojbin, Paris, 12h Place Stalingrad
20 juin Festival Nuits Metis, 21h projection-débat (Retour en terre yézidie et 18 minutes au Pays de Mizgîn de Mylène Sauloy), Cinéma Comoedia, Miramas
23 juin Festival Nuits Metis, 10h 16h Coopération internationale & échanges culturels, Miramas
3 concerts, création avec Eric Longsworth, Daniel Mille, Gianna Caronni:
– 2 juillet Concert Théâtre des Aires, Die
– 5 juillet Concert Jazz Festival de Crest
– 8 juillet Concert Festival Oasis Bizzart, Dieulefit
7 juillet, Festival Oasis Bizzart, restitution atelier école de musique CAEM, Halle Dieulefit
8 juillet, Festival Oasis Bizzart, 10h, café-rencontre « Femme Vie Liberté » avec la poétesse kurde iranienne Shadi Fathi
15 juillet, Ferme du Bonheur, concert Lieder Schubert avec Bernard Cavanna et son trio, Nanterre
Un projet porté par Marcho Doryila, avec la Bizzart Nomade, Passé Minuit en Accords, Nuits Métis, la Ferme du Bonheur, Les Deux Terres
Le parlement turc avait sanctionné l’ancien député du Parti démocratique des peuples (HDP), Osman Baydemir, pour avoir utilisé le mot « Kurdistan » lors d’un discours en 2017. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a statué que la sanction imposée à Baydemir constitue une atteinte à son droit à la liberté d’expression, protégé par l’article 10 de la Convention.
Osman Baydemir, député à l’époque des faits, avait écopé d’une sanction disciplinaire sous la forme d’une exclusion pour deux sessions parlementaires assortie d’une retenue des deux tiers des indemnités mensuelles de député à raison de certaines déclarations qu’il avait faites à la tribune de la Grande Assemblée de Turquie.
LAUSANNE – Le Traité de Lausanne signé entre les Puissances alliées et la Turquie le 24 juillet 1923 a privé les Kurdes d’un État libre pourtant prévu dans le Traité de Sèvres signé 3 ans plutôt. A l’occasion de ce Traité qui a causé le malheurs de nombreux peuples de la région, à commencer par les Arméniens et Kurdes, plusieurs organisations kurdes, arméniens et la ville de Lausanne organisent un colloque faisant état des lieux des peuples exclus du fameux Traité.
Le colloque international: « De Lausanne 1923 à Lausanne 2023, Quel avenir pour les peuples exclus du traité de Lausanne en 1923? État des lieux et perspectives » a eu lieu le samedi 10 juin, à l’Hôtel de Ville de Lausanne.
Le colloque a réunit des personnalités politiques et universitaires spécialisés arméniens, assyro-chaldéen, kurdes, turcs et occidentaux et des journalistes pour parler des conséquences de ce Traité pour les peuples exclus de la région et esquisser des perspectives pour le futur.
Osman Baydemir, Hamit Bozarslan, Nazand Begikhani, Sherko Kirmanj
La journaliste, Frederike Geerdink, qui a également assisté à la conférence écrit : « Nous devons essayer de concilier le traité avec l’esprit de notre temps. En 1923, le traité de Lausanne est signé. Il a mis fin à deux guerres : la Première Guerre mondiale et la guerre d’indépendance de la Turquie. Il a façonné et défini la Turquie que nous connaissons aujourd’hui, y compris les injustices apparemment insolubles contre ceux qui n’avaient pas leur place à la table des négociations à l’époque, comme les Kurdes et les Arméniens. Le week-end dernier à Lausanne, ils se sont réunis pour réfléchir sur le passé et faire des propositions pour l’avenir », avant de demander « Comment se débarrasser d’un mauvais traité ? »
Voici le compte-rendu de la conférence fait par Frederike Geerdink
À la table et derrière le micro lors de la conférence du week-end dernier se trouvaient des personnes appartenant à des groupes qui n’étaient pas à la table lors des négociations il y a un siècle : les Arméniens et les Kurdes. C’est précisément sur cette exclusion que s’est concentrée la conférence organisée par l’Institut kurde de Paris, l’AFKIV (l’Association pour la promotion du Fonds Kurde Ismet Chérif Vanly et le développement de l’éducation, de la culture et des droits de l’homme) et l’Association Suisse-Arménie, en coopération avec la Ville de Lausanne. L’un des orateurs les plus en vue, l’ancien maire de Diyarbakır et membre du parlement turc pour le HDP, Osman Baydemir, l’a résumé lors de son introduction : « Si le statut des Kurdes avait été garanti à l’époque, il n’y aurait pas eu de tragédie. »
Sentiment d’appartenance
Ce qu’il a appelé la tragédie, c’est la répression, l’assimilation forcée et le meurtre de masse des Kurdes au cours des cent années qui se sont écoulées depuis la signature du Traité de Lausanne. Et le statut ? Cela remonte au traité qui a précédé le traité de Lausanne, qui est le traité de Sèvres, signé entre l’Empire ottoman et les alliés de la Première Guerre mondiale en 1920. Il visait à briser les restes de l’empire pour, entre autres, établir un Kurdistan indépendant et désigner des parties de l’est de l’Anatolie à l’Arménie. Dans le traité de Lausanne, les Kurdes n’étaient plus mentionnés, encore moins le Kurdistan. Les Kurdes n’ont obtenu aucun statut : ni en tant que pays, ni en tant que nation, ni en tant que minorité. Cela a fait des Kurdes, comme l’a décrit la porte-parole Sibel Arslan, députée suisse et elle-même kurde, « la plus grande nation avec le moins de sentiment d’appartenance ».
Le traité de Lausanne est souvent qualifié de traité qui a découpé le Kurdistan en quatre parties (en Turquie, en Syrie, en Irak et en Iran), mais plusieurs intervenants sont nuancés à ce sujet. Un Kurdistan indépendant n’a pas été mentionné dans toutes les versions du traité de Sèvres, l’est du Kurdistan (en Iran) n’en a jamais fait partie, et les frontières grossièrement proposées à Sèvres excluaient les terres que les Kurdes considèrent maintenant comme faisant partie du Kurdistan mais qui étaient faire partie de l’Arménie selon « Sèvres ». Dans le traité de Lausanne, d’autres accords sont mentionnés comme définissant les frontières méridionales de la Turquie.
Grande Arménie
C’est la partition des terres ottomanes organisée par Sèvres qui a conduit à la guerre d’indépendance de la Turquie, qui a commencé en 1919, dirigée par le commandant ottoman le plus titré de la Première Guerre mondiale, Mustafa Kemal (plus tard: Atatürk). Les Turcs et les Kurdes l’ont combattu ensemble. Avec le recul, il semble surprenant que les Kurdes se soient battus pour retirer de la table un traité qui aurait pu leur donner un pays. L’un des conférenciers, le professeur émérite Baskin Oran, a déclaré : « Les Kurdes détestaient l’idée d’une grande Arménie, qui était leur principale raison de rejoindre la guerre d’indépendance turque ». Après tout, cette grande Arménie engloberait des terres qu’ils considéraient comme kurdes.
Pour faire court : dans le Traité de Lausanne, il y avait des articles pour protéger les minorités, mais ces minorités étaient définies comme « non-musulmanes ». Cela excluait les Kurdes islamiques, à qui aucun droit n’était accordé en tant que minorité ethnique, un concept que le traité ne reconnaissait pas. Les stipulations concernant les communautés non musulmanes leur donnaient le droit d’enseigner à leurs enfants dans leur propre langue et, entre autres, de créer leurs propres institutions religieuses et sociales. La nouvelle république n’a pas vraiment répondu aux besoins des communautés assyrienne et arménienne bien que, comme l’a expliqué un autre orateur, le professeur émérite Raymond Kevorkian, dans sa contribution : « Ils étaient censés vivre à nouveau sur leurs terres comme si les génocides contre eux n’avaient jamais arrivé. »
Du bout des lèvres
Une partie de la contribution de Kevorkian sur les séquelles du génocide arménien ressemblait terriblement aux séquelles du génocide yézidi d’aujourd’hui. Une partie des rescapés ont pu regagner les terres anatoliennes à l’ouest d’Ankara mais ont retrouvé leurs maisons, leurs terres et même parfois leurs femmes et leurs enfants volés par les auteurs du génocide, dont certains avaient été leurs propres voisins. Les orphelins arméniens de l’est et du sud-est de l’Anatolie ont été « intégrés » à la société kurde.
La France et le Royaume-Uni – deux des puissances alliées qui occupaient une grande partie de ce qui est aujourd’hui la Turquie après la Première Guerre mondiale – avaient fait semblant de parler de justice pour le génocide, mais n’avaient pas fait grand-chose dans la pratique. Kevorkian a décrit comment certains auteurs ont été arrêtés et que des tribunaux ottomans ont été mis en place et que certains procès ont été organisés. Kevorkian : « Mais il s’est avéré presque impossible de rassembler suffisamment de preuves contre des individus. Beaucoup ont été acquittés ou ont écopé de petites peines, et trois sous-fifres ont été exécutés. Ce n’était pas une rédemption, c’était une façon d’adoucir les Britanniques et les Français. »
Ce ne sont pas seulement les Arméniens et les Kurdes qui sont généralement considérés comme les perdants de Lausanne, les Grecs d’Anatolie le sont également. En janvier 1923, la Grèce et la Turquie ont convenu d’une convention sur un échange forcé de population entre la communauté grecque de Turquie et la communauté turque de Grèce – un euphémisme pour le nettoyage ethnique. Cette opération ne faisait pas partie du traité mais était organisée dans une convention à part, dont les autres négociateurs n’ont voulu assumer aucune responsabilité. Lord Curzon, le négociateur en chef des Alliés et le ministre britannique des Affaires étrangères, l’a qualifié de « complètement mauvais pour les cent années à venir », a déclaré le professeur Smith.
Pas très confiant
Ils ont pris la responsabilité d’autres idées « complètement mauvaises » qui se sont retrouvées dans le traité, et oui, ils étaient conscients de la gravité des stipulations sur les minorités. La présidente Derya Bayir, docteur en droit de l’Université Queen Mary de Londres, a souligné une lettre de Lord Curzon dans laquelle il a dit qu’il espérait que les articles sur les minorités s’appliqueraient également, par exemple, aux Kurdes, aux Circassiens et aux Arabes, mais, Curzon a écrit : « Je ne suis pas très confiant mais j’espère pour le mieux ».
Hans-Lukas Kieser, professeur à l’Université de Newcastle en Australie, a décrit le Traité de Lausanne comme « un effort pour oublier » et a déclaré : « Il a mis fin à une décennie de guerre et d’effondrement diplomatique, mais à quel prix ? » Leonard Smith, professeur à l’Université d’Oberlin aux États-Unis, a conclu : « Le droit international est produit par les relations internationales, pas nécessairement basé sur ce qui est bien et ce qui est mal. »
Alors que le traité a été signé en juillet 1923 et que la Turquie est sur le point de célébrer son premier centenaire le 29 octobre de cette année, les orateurs et les participants ont également discuté de ce qui devrait être ensuite. Même la pensée d’un autre siècle défini par le traité de Lausanne avec une douleur et une injustice incommensurables pour ceux qui étaient et restent exclus, est difficile à digérer. Osman Baydemir a rendu explicite la première étape nécessaire : « Nous devons accepter que le traité de Lausanne n’a pas apporté la paix et la stabilité dans la région. »
Le strict minimum
Comment se débarrasser d’un mauvais traité ? Medya News a posé cette question précise à certains intervenants.
L’avocate Derya Bayir a répondu : « La seule façon de se débarrasser d’un traité est une guerre. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que la Turquie le renégocie ». Non pas qu’une guerre soit sa proposition, bien sûr, mais elle a dit que même après un siècle, la Turquie n’est pas disposée à faire plus que le strict minimum pour agir conformément à Lausanne. Elle a écrit un livre sur la position des minorités dans le droit turcet a souligné une loi de 2013 qui organisait l’utilisation du kurde dans les tribunaux turcs. Bayir : « Ceci est conforme à l’article 39 du Traité de Lausanne [qui stipule que « des facilités adéquates seront accordées aux ressortissants turcs de langue non turque pour l’usage oral de leur propre langue devant les tribunaux »]. Après cela, le Premier ministre de l’époque, Erdoğan, a affirmé que la question kurde était résolue. Bayir en tire également un peu d’espoir, comme elle l’a dit dans sa contribution à la conférence : « A travers cette loi en 2013, il a en fait été reconnu que les Kurdes ont obtenu des droits dans le traité de Lausanne ».
Dynamique sociale
Hamit Bozarslan, professeur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) [en réponse à la question de savoir] s’il est possible de se débarrasser du traité de Lausanne dans les années à venir (…) a déclaré que la Turquie avait besoin d’une révolution comme celles en Grèce, en Espagne et au Portugal dans les années 1970, qui ont mis fin aux régimes fascistes dictatoriaux sans guerre. Bozarslan : « La question de savoir si nous pouvons nous débarrasser du traité de Lausanne dépend de la dynamique sociale en Turquie et en Iran et, dans une certaine mesure, en Russie. Par conséquent, nous avons besoin que la société civile s’élève d’une manière ou d’une autre en Turquie. »
Renégocier un traité n’est pas réaliste car il est le produit des réalités géopolitiques de l’époque et remonter le temps reste impossible, mais si la société civile se lève et que les forces changent, une nouvelle réalité peut émerger. Bozarslan évoque, comme d’autres intervenants de la journée, la nécessité d’une administration locale, et ajoute : « Ce qui est aussi d’une importance cruciale, c’est que les frontières soient rendues fluides. Les frontières ne doivent pas créer des prisons mais des communautés transfrontalières. »
Nazand Begikhani, professeur invitée à Sciences-Po Paris et poétesse, a répondu : « Il ne s’agit pas de se débarrasser du traité, il s’agit de son interprétation. Vous pouvez le réinterpréter et essayer de le réconcilier avec l’esprit de notre temps. Nous pouvons le faire par l’imagination et la poésie. Celles-ci sont bien plus importantes que la diplomatie. »
(…)
Fréderike Geerdink est une journaliste indépendante. Suivez -la sur Twitter ou abonnez-vous à sa newsletter hebdomadaire Expert Kurdistan
Treaty of Lausanne 1923-2023: those excluded speak out at conference, via Medya News
Dans le cadre du Festival « Bizz’Art Nomade » de Dieulefit, dans le Drôme, les artistes kurdes, Mizgîn Tahir, chanteuse lyrique du Rojava et Shadi Fathi, venue d’Iran, participeront à un café rencontre le 8 juillet pour parler de la révolution féministe du Rojava et celle en cours en Iran sous le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » (femme, vie, liberté).
Dans les 4 Kurdistan colonisés – Syrie, Iran, Turquie et Irak – les Kurdes scandent depuis bien longtemps « Femmes, Vie, Liberté ». Les Iraniennes ont repris le slogan pour couvrir les injonctions rétrogrades et misogynes des mollahs. Toutes ont fait de la musique une arme de résistance – à la violence des hommes, au patriarcat, à toutes les formes de répression. Pour en savoir plus, venez boire un café avec deux artistes kurdes, Mizgîn Tahir* et Shadi Fathi**, installée en France depuis plusieurs années.
RDV le samedi 8 juillet, à 10 heures Au Restaurant Le Parc – (juste en face du parc de La Baume-festival) Rue des Reymonds 26220 DIEULEFIT
*Par ailleurs, Mizgin Tahir participera au 6e festival des femmes kurdes, Rojbin (à Paris le 18 juin), participera au festival « Nuits Métis » les 20 et 23* juin (au cinéma Le Comœdia, à Miramas); donnera 3 concerts avec Eric Longworth, Daniel Mille et Gianna Caroni (Le premier juillet à l’Espace Culturel La Halle Dieulefit; 2 juillet au Théâtre des Aires à Die; 5 juillet à Crest Jazz festival dans le cadre du projet porté par Marcho Doryila, Passé Minuit en Accords et La Bizz’Art Nomade); le 15 juillet avec Bernard Cavanna et son trio, Lieder Schubert à la ferme du Bonheur, à Nanterre, en région parisienne.
**16h, Yaldâ: Shadi Fathi
Dans son solo mêlant concert virtuose et rencontre originale, Shadi Fathi offre une échappée belle dans un univers où la poésie amoureuse répond à la tradition musicale persane. Yaldâ invite à un voyage culturel inédit dans le pays des Mille et une nuits, un périple nourri d’une myriade d’improvisa- tions et de pièces uniques du répertoire classique persan.
Eglise Saint-Pierre 1-3 rue des prisons – Dieulefit
Réservation : bizzartnomade.net • 5€ / 8€
TURQUIE / KURDISTAN – Le 5e festival de l’Académie Ma Music s’est achevé sur une note positive, laissant une impression durable sur les amateurs de musique kurde. Le festival, qui a eu lieu du 7 au 11 juin à Diyarbakır (Amed), a mis en valeur les talents remarquables des élèves et des diplômés, soulignant l’engagement de l’académie à préserver et à promouvoir les traditions musicales kurdes, malgré la répression étatique qui frappe la culture et la langue kurde.
Akademiya Ma Muzîkê (Académie Ma Music), créée en 2017, est un phare de l’éducation musicale kurde. En mettant l’accent sur la préservation et la promotion des traditions musicales kurdes, l’académie a offert à d’innombrables enfants et jeunes la possibilité de se passionner pour la musique. L’événement a mis en valeur les talents remarquables des jeunes élèves et diplômés de l’académie.
L’un des moments forts du festival Ma Music a été la cérémonie de remise des diplômes, au cours de laquelle les élèves ont reçu des certificats « Bawername ». À ce jour, l’académie compte 6 000 diplômés, ce qui témoigne de leur engagement à cultiver les talents et à favoriser l’excellence musicale.
En plus du festival des journées de Ma Music (Rojên ma musicê), Ma Music s’engage dans divers projets pour poursuivre sa mission. Le projet Gerok Ma de l’académie propose une éducation musicale aux enfants des zones touchées par le tremblement de terre, tandis qu’un autre projet de l’école, Bîra Muzîka Kurdî (Mémoire de la musique kurde), vise à créer une archive musicale numérique de chansons kurdes anonymes. L’académie travaille également sur un livre complet de méthode de violon pour soutenir ceux qui souhaitent apprendre l’instrument.
Şerko Kanîwar et le chœur d’enfants MA Zarok lors du cinquième journées de la musique kurde
Le coordinateur de l’académie et chef de l’orchestre, Şerko Kanîwar, a invité le public à participer à d’autres festivités le 6 juillet, marquant le deuxième anniversaire de la chorale d’enfants de Zarok Ma. Şerko Kanîwar (Aslan Aydoğan) a promis une joyeuse célébration de la musique en témoignage de la croissance et des réalisations de l’Académie Ma Music.
Un dévouement à la culture et à la langue kurdes est le moteur du travail de Ma Music Center*. L’académie introduit la riche tradition de la musique orale kurde dans le domaine académique par le biais de la recherche systématique, de la théorie et de la pratique.
Medya News
*« Ma Music » est active depuis le 3 mars 2017 et avec son slogan « Musique pour tous, musique partout », elle vise à développer la musique kurde. MA Music, qui comprend le chœur de femmes, le chœur d’enfants, l’orchestre MA et l’Orchestre du rythme naturel, a donné un enseignement musical en kurde au sein de son centre « Zarok Ma », à des milliers d’enfants, des bébés à naître (des couples de parents attendant un bébé participent aux cours pendant la grossesse) depuis sa fondation.
Le Conservatoire Aram Tigran, créé en 2010 au sein de la municipalité métropolitaine de Diyarbakir (Amed), a été fermé en novembre 2016 avec la nomination d’un administrateur de la municipalité. Les musiciens kurdes, restés au chômage après la fermeture du conservatoire, ont continué leur travail à la maison Dengbêj pendant environ 4 mois. Des musiciens kurdes ont fondé l’académie « Ma Muzik » le 3 mars 2017 pour systématiser leur travail. Les employés de la Ma Music ont créé le Chœur de femmes, le Chœur d’enfants, l’orchestre MA, l’orchestre des rythmes naturels, Zarok Ma et l’académie des dengbêj (conteuses ou troubadours kurdes) en 7 ans. Durant cette période, des milliers d’enfants et de jeunes ont reçu une éducation musicale kurde.
TURQUIE / KURDISTAN – Depuis la campagne électorale turque précédant les élections de mai dernier, les violences policières ciblant les artistes et activistes de la cause kurde sont en forte augmentation au Kurdistan du Nord (Bakur). Les individus sont menacés pour qu’ils renoncent à leur engagement culturel et politique ou qu’ils deviennent des informateurs. La plus jeune victime de cette pratique est le musicien Dildar Didêrî.
Enlèvements, torture et menaces de mort: au Kurdistan du Nord, la répression brutale ciblant le mouvement kurde est de nouveau mise en pratique par l’État turc pour réprimer les dissidents politiques.
De plus en plus de victimes kurdes, principalement les jeunes, rendent public ces actes criminels subis et qui rappellent l’un des chapitres les plus sombres du pays. Les disparitions forcées d’« ennemis » étaient une pratique courante des services secrets et des forces paramilitaires, en particulier pendant la sale guerre contre le PKK dans les années 1980 et 1990. Des milliers de personnes ont été enlevées pendant cette période et la majorité ont été « disparues » à jamais et les restes de certains d’entre eux ont été retrouvés dans des fosses communes des décennies après leur disparition.
La procédure a changé entre-temps et les personnes enlevées n’ont plus à craindre la mort par la torture – mais rien n’a changé dans les méthodes d’intimidation.
Le dernier cas connu est celui de l’artiste kurde Dildar Didêrî. Le chanteur, de son vrai nom Ali Çetinkaya, dit avoir été kidnappé, battu et menacé par des personnes se faisant passer pour des policiers. Il a contacté la branche IHD à Batman (Êlih) et a signalé l’affaire.
L’enlèvement de Dildar Didêrîs a eu lieu dans une gare routière de Bismil, au sud-est de Diyarbakir (Amed). Après avoir rendu visite à de la famille dans la région, le musicien s’apprêtait à rentrer chez lui à Batman lorsqu’il a été interpellé par trois policiers dans les locaux du terminal. « Ils m’ont montré leur carte d’identité de police et m’ont fait monter dans un véhicule. Cependant, je n’ai pas été emmené au poste de police », a déclaré Didêrî dans une interview à l’agence de presse kurde Mezopotamya. Au lieu de cela, il a été remis à trois autres personnes. Les hommes attendaient dans une voiture banalisée et ont conduit leur victime au village d’Üçtepe, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Bismil. « Nous sommes descendus sur un terrain vague. Il n’y avait personne là-bas », a déclaré Didêrî.
La détention informelle a duré environ quatre heures
Le musicien a déclaré: «D’abord, on m’a posé des questions. Parce que j’ai refusé de répondre, j’ai été battu et insulté. Cela a duré environ une demi-heure. » Il a ensuite jeté à terre par les policiers présumés qui se sont assis sur lui et ont mis leurs mains autour de son cou.
Le musicien a poursuivi : « Comme j’étais au téléphone au moment de l’arrestation, ils ont eu accès à mon téléphone portable déverrouillé. Ils voulaient des informations sur mes contacts et se sont fâchés parce qu’ils n’ont pas obtenu les réponses qu’ils voulaient. Ils ont dit : « Pourquoi tu viens à Diyarbakir ? Dans ce désert, nous pouvons t’éliminer sans que personne ne s’en aperçoive. Si tu nous aides, nous t’aiderons. Nous sommes l’État. » Pendant ce temps, ils ont continué à me frapper. »
Après le calvaire, Didêrî a été abandonné sur le bord de la route. Concernant les motivations possibles des auteurs, il a déclaré que son enlèvement était une attaque contre l’art et la culture kurdes. « Nous nous engageons à promouvoir le travail culturel kurde et à maintenir la langue kurde. Ce fait est accueilli avec intolérance et mépris [par l’État]. C’est pourquoi nous sommes attaqués. »
SYRIE / ROJAVA – Le lundi 12 juin, des mercenaires affiliés à la Turquie ont tué une femme kurde à coups de machette et incendié sa maison dans le canton d’Afrin qu’ils occupent depuis mars 2018 et où ils ont commis d’innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Awfa Sheikh Ahmed, 40 ans, a été tuée à coups de machette à Afrin par des mercenaires de la Turquie qui ont ensuite mis le feu à la maison. La victime a été transportée à l’hôpital, elle n’a pas pu être sauvée.
Le féminicide brutal d’Ûfê Şêx Ehmed (autre orthographe Awfa Sheikh Ahmed) s’est produit lundi dans le district de Maratê.
Afrin est occupée par la Turquie et ses troupes islamistes alliées depuis plus de cinq ans. Ce qui était autrefois la région la plus sûre de toute la Syrie, qui a non seulement réussi à se libérer de la domination du régime Baas dans le vide de pouvoir de la crise, mais aussi à établir une forme de société démocratique, écologique et féministe, est aujourd’hui détruit. La vie quotidienne est caractérisée par la violence, la charia islamiste stricte ainsi qu’une politique d’installation de colons à la place de la population kurde acceptée par la communauté internationale.
La situation à Afrin est particulièrement dramatique pour les femmes et les filles. Les groupes de défense des droits humains, qui travaillent au risque de leur propre vie, documentent presque tous les jours des viols, des violences sexuelles, des enlèvements, des demandes de rançon et des meurtres ciblés de femmes. Afrin est un exemple des conséquences d’une occupation à long terme par l’armée turque et ses mercenaires.
Il y a seulement une semaine, une autre femme kurde, Qedriye Elî, a été tué par des troupes d’invasion dans le canton. Le féminicide de la femme de 70 ans a été commis par le Liwa Sultan Mehmed Fatih (« La Brigade du sultan Mehmed le Conquérant »). Des mercenaires islamistes ont tiré au hasard dans la rue, touchant la femme. Elle est décédée sur les lieux.
En décembre 2022, la communauté kurde de Morbihan avait inauguré la Maison Culturelle Kurde du Morbihan à Lanester, en Bretagne. Elle organise une grande fête le dimanche 25 juin en soutien à la maison culturelle kurde de Morbihan.
Lors de la fête, en plus des prises de parole, plusieurs artistes et groupes de musique vous feront danser et chanter au son de la musique kurde.
Avec la participation de :
Ulaş Kelaşin
Çetin Zilan Beytullah Korkmaz Koma Mîrza Groupe de tembûr des enfants de Lorient
RDV le dimanche 25 juin, à 15 heures Au Quai 9 Esplanade Jean-Claude Perron Avenue F. Billoux 56600 LANESTER
Évènement organisé par l’association kurde de Lorient
TURQUIE / KURDISTAN – Entre 1988 à 2013, 569 enfants ont été tués dans les régions kurdes de la Turquie (Kurdistan du Nord), selon un rapport de l’Association des droits de l’homme (İHD). Par ailleurs, 21 enfants kurdes ont été tués percutés par des blindés militaires au cours des 15 dernières années. Pour le journaliste Nedim Turfent, le coupable derrière ces meurtres d’enfants est la culture d’impunité dont jouissent les membres des forces armées turques…
Voici l’article de Turfent:
Dans ce pays, le conflit armé, les balles, les bombes et les véhicules blindés ont coûté la vie à des centaines d’enfants. Soit les coupables n’ont pas été jugés du tout, soit ils ont reçu des punitions mineures, presque comme des récompenses. L’impunité systématique crée chaque jour de nouveaux auteurs.
Le véhicule qu’utilisait un sergent spécialisé a percuté Erdem Aşkan, 5 ans, mercredi 7 juin à Yüksekova, Hakkari, et l’a tué. Le sergent spécialiste responsable du décès, AKP avec ses initiales, a été libéré sous contrôle judiciaire.
La mort du mineur nous a rappelé les décès d’enfants causés par les conflits armés, par les mines, les explosifs sans surveillance, les balles, les explosions de bombes, la violence et les erreurs/négligences des fonctionnaires ou des véhicules blindés tout au long de ces années.
Le conflit armé a coûté la vie à 569 enfants
Au cours de la période de conflit armé de 1988 à 2013, 569 enfants ont été tués dans les provinces de l’est et du sud-est de la Turquie, selon un rapport de l’Association des droits de l’homme (İnsan Hakları Derneği – İHD).
Des véhicules blindés tuent 21 enfants en 15 ans
La branche de Diyarbakır de l’İHD garde la trace des enfants tués après avoir été percutés par des véhicules blindés ou des véhicules utilisés par le personnel de sécurité dans les provinces à majorité kurde. La branche rapporte que 21 enfants ont été tués et 23 ont été blessés dans 82 incidents de ce type au cours des 15 dernières années.
Atteint de 13 balles à l’âge de 12 ans
Uğur Kaymaz, 12 ans, a été tué dans un déluge de coups de feu avec son père Ahmet Kaymaz devant leur maison à Kızıltepe, Mardin le 21 novembre 2004. Uğur a été tué avec ses pantoufles aux pieds. 13 balles ont été retrouvées sur son petit corps et 8 sur celui de son père.
Le gouvernorat de Mardin a annoncé que le père et le fils étaient des « terroristes se préparant à une action », et des kalachnikovs ont été laissés à leurs côtés sur les photos qui ont été divulguées à la presse. Les quatre policiers qui ont été jugés ont été acquittés. La Turquie a été condamnée dans l’affaire portée devant la Cour européenne des droits de l’homme pour « violation du droit à la vie ».
Sa mère collectionne les pièces de Ceylan sur sa jupe
Ceylan Önkol a été tuée d’un obus mortel alors qu’elle n’avait que 12 ans alors qu’elle faisait paître des moutons à Şenlik à Lice, Diyarbakır. Sa mère a pu atteindre le cadavre de sa fille 6 heures plus tard et elle a dû ramasser des morceaux du cadavre de sa fille sur sa jupe.
Pas un seul des auteurs n’a été jugé et les procédures judiciaires engagées par la famille n’ont abouti à aucun résultat. Le tribunal administratif a décidé qu’une indemnité de 283 000 lires (37 530 dollars) devait être versée à la famille.
Berkin Elvan est mort à 16 kg à l’âge de 15 ans
Berkin Elvan, est décédé le 11 mars 2014, après être resté pendant des mois dans le coma après qu’une capsule de gaz lacrymogène tirée par la police lui ait frappé la tête lors des manifestations du parc Gezi le 16 juin 2013. Il avait 15 ans et ne pesait que 16 kilogrammes quand il est mort après 269 jours de coma.
L’affaire s’est terminée huit ans après la mort d’Elvan et le policier reconnu coupable par le tribunal a été condamné à 16 ans et 8 mois de prison.
19 des personnes tuées à Roboski dans un bombardement aérien étaient des enfants
34 personnes ont été tuées, dont 19 enfants dans le village Roboski d’Uludere, Şırnak, à la suite du bombardement par les avions de combat des forces armées turques dans la nuit du 28 décembre 2011. Le massacre n’a pas été rapporté aux informations. canaux la nuit ou le matin. Les grands médias n’ont rapporté l’événement qu’après son annonce sur le site officiel de l’état-major turc.
Les cadavres et les morceaux de corps ont été brûlés. Les villageois devaient transporter les cadavres de leurs bien-aimés sur des couvertures sur des mulets.
Les années ont passé mais aucun auteur n’a été identifié et personne n’a été jugé.
Les frères Muhammed, 7 ans, et Furkan Yıldırım, 6 ans, ont été tués, touchés par un panzer qui a écrasé leur maison le 4 mai 2017, à Silopi, Şırnak. Ö.Y., le policier qui conduisait le panzer a été relâché lors de la première audience.
Plus tard, le policier a été condamné à 19 000 livres turques à titre d’amende et son supérieur MM a été acquitté.
Au moins 80 enfants ont été tués pendant les couvre-feux
Les données que l’İHD et la Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV) ont recueillies pendant les couvre-feux de 2015-2016 montrent qu’au moins 80 enfants ont été tués pendant ces couvre-feux.
Presque tous les dossiers se sont retrouvés avec des agresseurs non identifiés devant les tribunaux.
Bébé Miray de trois mois
Un bébé de 89 jours, Miray İnce, la grand-mère et le grand-père ont été touchés par balles chez eux pendant le couvre-feu le 25 décembre 2015 à Cizre, Şırnak. Le bébé Miray et le grand-père ont perdu la vie.
Un cadavre dans un congélateur
Dans le distric Cizre de Şırnak, le 7 septembre 2015, Cemile Çağırga a été tuée par balle à Cizre, Şırnak devant leur maison, ouverte depuis un véhicule blindé. En raison du couvre-feu, sa famille a dû garder le cadavre de Cemile Çağırga, 10 ans, dans le congélateur pendant trois jours.
Bünyamin İrci (14), Selman Ağar (9), Hakkı Külte (13), Fatma Elarslan (13), Hüseyin Ertene (16), Mehmet Mete (10), Cihat Morgül (14), Rozerin Çukur (17) et Aydın Mete (17) ont également été tués dans la même période à Cizre.
Ces enfants faisaient partie de ceux dont les dossiers ont été classés devant les tribunaux, car ils avaient été tués par « des auteurs non identifiés ».
La culture de l’impunité
Les organisations de défense des droits de l’homme signalent que dans les cas de décès ou de blessures résultant des actes des forces de sécurité, il n’y a souvent même pas d’enquête ouverte, ou lorsqu’il y a des enquêtes, les auteurs reçoivent des sanctions qui ressemblent davantage à des « récompenses ».
L’impunité entraîne de nouveaux incidents
En l’absence d’enquêtes efficaces ou de sanctions dissuasives, les auteurs continuent d’être protégés par le « bouclier d’impunité ». Malheureusement, de tels décès continuent d’être observés en raison du manque de mesures efficaces prises. L’impunité systématique crée chaque jour de nouveaux auteurs.
TURQUIE / KURDISTAN – Le journaliste kurde emprisonné, Abdurrahman Gök est interdit de visite et une lettre qu’il avait envoyé à un ami a été confisquée par les autorités pénitentiaires. Pour protester contre ces violations de droits et de liberté d’expression, Gök a envoyé une lettre vierge à son collègue Hüseyin Aykol avec la phrase « Cette lettre sera complétée lorsque la liberté d’expression sera garantie ». Gök est dans le colimateur du régime turc depuis qu’il a photographié le meurtre d’un étudiant kurde par un policier le jour de Newroz le 21 mars 2017. Il risque des années de prison pour avoir exercé son métier de journaliste.
Abdurahman Gök a été arrêté le 25 avril, lors d’une vaste opération policière menée dans 21 villes.
La lettre de Gök, qui se trouve dans une prison de haute sécurité de Diyarbakır, envoyée au journaliste Hüseyin Aykol a été saisie par la Commission de censure. Dans la lettre, le journaliste évoque les pressions que la justice exerce sur lui depuis 2017 pour avoir photographié le meurtre de l’étudiant kurde Kemal Kurkut par la police turque. L’objection de Gök contre la saisie de sa lettre a été rejetée le même jour, au motif que « dans sa lettre, il accusait l’État d’être un meurtrier ».
Sur ce, Gök a envoyé une courte lettre à Hüseyin Aykol s’enquérant de son état et a laissé le reste de la lettre vide, avec la note « Cette lettre sera complétée lorsque la liberté d’expression sera garantie ».
Les autorités pénitentiaires ont également rejeté une demande faite par Gök pour être visité par un ami.