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TURQUIE. 13 étudiants kurdes détenus à Izmir et Manisa

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Une vague d’arrestations d’étudiants kurdes se poursuit dans l’ouest de la Turquie. Au moins 13 étudiants, dont 4 femmes, ont été arrêtés par la police antiterroriste turque lors de raids menés ce matin dans les provinces d’Izmir et de Manisa. Les étudiants kurdes sont accusés d’être membres d’une « organisation terroristes [PKK] » par les médias turcs.

Les détenus ont d’abord été emmenés dans un hôpital public pour des contrôles de santé obligatoires avant d’être emmenés au siège de la police à Konak, Izmir. Selon les médias turcs, les étudiants sont accusés de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Parmi les détenus figurent quatre femmes.

ANF

KURDISTAN. Un officier du service anti-terroriste de l’UPK tué dans un attentat à Erbil

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IRAK / KURDISTAN DU SUD – Aujourd’hui, Hawkar Abdullah Resul, un officier du service anti-terroriste de l’UPK a été tué lors d’un attentat à Erbil (Hewler), capitale de la région autonome kurde d’Irak. Une bombe cachée dans la voiture de l’officier a blessé deux femmes et deux enfants.

Selon les autorités kurdes, le conducteur, un officier du service anti-terroriste de parti Union Patriotique du Kurdistan (UPK) de Sulaymaniyah, a été tué à la suite de l’explosion d’une bombe placée dans une voiture, qui a également blessé deux enfants et deux femmes.

L’assassinat du colonel Hawkar Abdullah Resul, officier du service anti-terroriste de l’UPK à Slémani, serait une mise en garde des renseignement turcs (MIT) pour l’UPK qui a capturé l’assassin de Nagihan Akarsel, co-rédactrice en chef du magazine Jineologî, et membre du centre de recherche en jinéologie au Kurdistan irakien tuée devant son domicile le 4 octobre. Un assassinat attribué au MIT turc qui a commis de nombreux assassinats visant les Kurdes proches du PKK.

 

PARIS. Manifestation kurde le samedi 8 octobre

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PARIS  – Le Comité international « Liberté pour Abdullah Öcalan » appelle à manifester à Paris ce samedi 8 octobre pour exiger la libération d’Ocalan détenu en isolement total sur l’ile prison d’Imrali de la Turquie depuis plus de 23 an maintenant.

Voici l’appel du Comité Freedom for Abdullah Öcalan

« Appel à manifester pour la libération d’Abdullah Öcalan

Ce samedi 8 octobre à 14 heure, Place de la République nous manifesterons pour demander la libération totale d’Abdullah Öcalan, leader de la révolution kurde.

Le 9 octobre marquera l’anniversaire du départ forcé de Abdullah Öcalan de la Syrie en 1998 qui a conduit à son enlèvement et son emprisonnement sur l’Île d’Imrali, en Turquie.

Nous appelons les institutions compétentes de l’Union européenne à agir immédiatement et à demander à la Turquie de supprimer la « peine de perpétuité prolongée » introduite dans code pénal turc pour punir M. Öcalan avant d’être appliquée à des dizaines d’autres prisonniers. Selon un arrêt de la CEDH, cette disposition viole la Convention européenne des droits de l’homme.

Nous appelons le Conseil de l’Europe et ses organes compétents à s’en tenir à leurs propres décisions et à se montrer à la hauteur de leurs devoirs et responsabilités.

Nous appelons une fois de plus toutes les puissances impliquées dans la conspiration internationale à réviser leurs politiques anti-kurdes.

Nous appelons également toutes les forces démocratiques à renforcer la lutte pour la liberté du leader kurde Abdullah Öcalan. »

Comité international Liberté pour Abdullah Öcalan

RDV le samedi 8 octobre 2022, à 14:00,
Place de la République

Pression croissante contre le HDP en Turquie: entretien avec la porte-parole Ebru Günay

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« Si vous voulez vraiment connaître le gouvernement turc, soyez un Kurde pendant une heure », avait dit un jour Nelson Mandela au sujet de la guerre menée contre le peuple kurde en Turquie. Quelques décennies et gouvernements plus tard, la criminalisation des Kurdes et leurs organisations / partis politiques se poursuit de plus belle par le Sultan Erdogan qui veut lui aussi fermer le « parti kurde » actuel HDP. C’est dans ce climat de terreur que la journaliste Margaux Seigneur a interviewé Ebru Günay, porte-parole d’HDP.

Voici son interview:

Pression croissante contre le HDP en Turquie: entretien avec la porte-parole Ebru Günay

Le 30 novembre 2021, la directrice du journalisme d’investigation de TNGO, Margaux Seigneur, s’est rendue au siège du Parti démocratique populaire (en turc : Halkların Demokratik Partisi-HDP) à Ankara. Accompagnée d’un traducteur et d’un photographe, elle s’est approchée du bâtiment hautement sécurisé.

En effet, les locaux du HDP sont régulièrement la cible d’attaques terroristes meurtrières. La tragédie la plus récente s’est produite le 17 juin 2021 à Izmir où Deniz Poyraz a perdu la vie après avoir été torturée dans le bâtiment du HDP par un partisan de l’organisation d’extrême droite « Loups Gris ».

C’est dans un contexte plutôt tendu qu’ils sont entrés dans l’enceinte du HDP. Alors que les lourdes portes en acier se refermaient derrière nous, l’équipe était escortée par les services de sécurité. Après avoir traversé de nombreuses portes qui pouvaient être ouvertes avec des codes que peu de gens connaissent, une dernière porte s’est ouverte. Derrière, se tenait Ebru Günay.

Qui est Ebru Günay ?

Elue députée de Mardin à la Grande Assemblée nationale de Turquie en juin 2018 au nom du parti HDP, Ebru Günay en est actuellement la porte-parole. Homme politique et avocate, elle a notamment été impliquée dans la défense d’Abdullah Öcalan. Surnommé Apo (oncle en kurde), ce dernier est actuellement détenu comme prisonnier politique pour avoir été l’un des fondateurs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ebru Günay a été arrêtée en 2009 en raison d’une enquête sur les activités de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) et de poursuites lors du procès KCK dans lequel les prévenus étaient accusés de soutenir des organisations terroristes, dont le PKK. Elle a été libérée après cinq ans en avril 2014. En septembre 2019, la Cour suprême d’appel turque a confirmé son acquittement dans l’affaire principale KCK dans laquelle plus de 150 personnes étaient poursuivies.

Ebru Günay est notamment connue et reconnue pour sa forte opposition au parti au pouvoir et sa détermination à rendre justice aux victimes de violations des droits humains. En septembre 2020, elle a participé à des négociations avec des représentants de l’Union européenne concernant la situation des droits de l’homme en Turquie. En juin 2021, suite aux révélations Youtube du patron de la mafia turque Sedat Peker, elle demande une enquête sur la politique de dépeuplement contre les Kurdes dans les années 1990.

Discussion

Margaux : Depuis 2015, des vagues de purges ont visé le HDP entraînant l’emprisonnement de ses dirigeants. En 2018, plus de 26 000 militants et sympathisants du HDP ont été emprisonnés et cette année, la justice a ouvert la voie à l’interdiction du parti en raison de son affiliation présumée au PKK. Est-il possible de continuer votre travail politique alors que vous devez faire face aux arrestations constantes et aux pressions du parti au pouvoir ?

« Vous avez très bien résumé ce qui s’est passé depuis 2015. En effet, depuis le 7 juin 2015, date à laquelle le HDP est entré pour la première fois au parlement, le parti a montré son opposition au régime actuel dans lequel un seul homme gouverne tout le pays. De là, il y a eu des répercussions violentes sur le parti.

Le HDP est soumis à de fortes pressions politiques et juridiques, avec de nombreuses tentatives d’inculpation contre nous devant les tribunaux. Mais cette pression a-t-elle stoppé le travail du HDP ? Absolument pas! Car le HDP est le parti qui parle au nom de la majorité de la Turquie. C’est le parti qui est la clé pour défendre les droits des femmes et des autres minorités qui souffrent en Turquie que nous connaissons aujourd’hui. Alors oui, le HDP est dans une position très difficile et sensible, notamment avec le procès Kobane en novembre. Mais le HDP n’a pas cessé de travailler. Cela montre que le parti qui gouverne actuellement; l’AKP, ne peut pas nous achever politiquement. Par conséquent, ils nous attaquent par tous les autres moyens dont ils disposent, y compris les tribunaux, pour espérer réussir à nous vaincre. »

M : Quand on parle de démocratie, on fait en fait référence à la séparation des pouvoirs ; la séparation entre la justice et la politique. Le fait que l’AKP utilise la justice pour arrêter les personnalités politiques du HDP montre-t-il l’échec de la démocratie turque ?

« Je peux répondre à cette question en tant qu’avocat. En effet, on peut dire que la Turquie devient de plus en plus un régime autoritaire . Dans les procès, les juges, les décideurs, les membres du tribunal, etc. ne sont pas indépendants. Il n’y a pas d’indépendance du pouvoir judiciaire en Turquie. Le gouvernement envoie de nombreux membres de la magistrature. D’autres sont stratégiquement placés en fonction de leur affiliation politique. Il n’y a pas de neutralité ou de séparation entre la politique et la justice. Au contraire, la politique utilise le judiciaire pour éliminer l’opposition. La justice est devenue un instrument au service du politique ».

M : Vous êtes en effet avocate de profession, vous avez également participé à des négociations avec des représentants de l’UE concernant la situation des droits de l’homme en Turquie. Au vu de ces éléments, quel regard portez-vous sur la pression exercée sur le HDP ? Ces opérations politiques sont-elles constitutionnelles et légitimes ?

« Ce qui est certain, c’est que le statut de la démocratie n’est plus protégé en Turquie, mais surtout n’est plus d’actualité. On ne peut plus parler de démocratie en danger car elle n’existe plus. Quand on regarde le contexte du pays, on voit une Turquie qui s’est retirée de la Convention d’Istanbul, on voit un gouvernement qui utilise la justice comme arme d’intimidation contre l’opposition. Donc on ne peut pas parler d’une démocratie qui avance, mais d’une régression catastrophique sur le plan des droits de l’homme, des droits sociaux, de l’économie, des institutions, etc. »

M : Des femmes sont massacrées, des journalistes, des intellectuels et des Kurdes sont menacés et emprisonnés. La communauté LGBTQ+ est poursuivie et l’économie turque se meurt. Il s’agit clairement d’un bilan de l’échec du président turc. Pourtant, pensez-vous que la majorité des personnes vivant en Turquie sont prêtes à voter en faveur d’un changement politique et donc contre l’AKP ?

« Nous sommes dans une situation où chaque jour deux ou trois femmes sont tuées. Le problème du féminicide est bien réel et extrêmement préoccupant. Nous sommes dans une situation où les tueurs sont protégés par le gouvernement. Les violeurs sont souvent libérés par les autorités, qui préfèrent punir les femmes. Les Kurdes sont emprisonnés et opprimés. Ils ne peuvent pas parler leur langue maternelle, ils sont massacrés à cause de leur identité. Les femmes kurdes sont violées en toute impunité. Quand on parle de la société en général, les gens n’ont pas d’argent pour s’acheter une vie décente. On parle de survie. L’économie est dans une situation catastrophique. Alors oui, je pense que nous verrons un changement le jour des élections. Il y a une vraie déconnexion entre le gouvernement vivant dans un palais et les gens qui survivent dans des conditions misérables. Quand les gens sont témoins de la dégradation de leurs conditions de vie, je pense qu’ils sont prêts pour un changement. »

M : Dans une récente déclaration de votre part, vous avez déclaré que le HDP est le parti représentant la diversité en Turquie (femmes, Kurdes, LGBTQ+, réfugiés, etc.) Comment est-il possible de parler au nom de toutes ces voix si différentes ? de chacun d’eux?

« Nous voulons que le HDP reste un parti historique, mais aussi un parti qui a une grande influence dans le processus de prise de décision au parlement. Nous mettons tout en œuvre pour évoluer avec le temps et tenir compte de la diversification que nous offre notre société. C’est un parti qui veut rassembler toute la diversité du pays et du Kurdistan. Un jour, nous serons le parti au pouvoir parce que nous respectons profondément la différence et la pluralité de la société.

Nous avons une grande force parce que le HDP combine la puissance du mouvement socialiste et du mouvement de libération kurde. Cela représente une grande force unificatrice. Le HDP est un parti politique qui se veut ouvert à tous. Il y a des conservateurs, des syriens, des libéraux, des kurdes, des jeunes etc. Au parlement, nous sommes le parti qui représente le plus la diversité de la société turque, ainsi que le parti qui compte le plus de femmes. Ainsi, compte tenu de cette diversité et de cette force de représentation, le HDP est prêt à être élu et à gouverner.

Comment est-il possible de parler au nom de toutes ces voix différentes ? Ce qui est commun à toutes les minorités, c’est leur désir de voir leurs droits égaux à ceux des autres et de voir leur statut reconnu et protégé. Notre travail est de les représenter, de défendre leurs droits et de condamner la violence qu’ils subissent. Vous pouvez nous voir comme une sorte de plate-forme qui exprime la souffrance des minorités et les protège avec notre service juridique qui fournit des avocats et des conseils juridiques en cas de besoin. »

Face au sexisme au Parlement turc

M : Ebru Günay, en tant que femme et en tant que Kurde, a-t-il été difficile de s’affirmer au parlement turc ? Avez-vous été confronté à des pratiques sexistes ?

« Oui, bien sûr, j’ai dû faire face à de nombreuses difficultés dues à mon genre mais aussi à mon identité. Les députés de l’AKP et du MHP n’hésitent pas à nous interrompre en plein discours, à prendre la parole même si c’est à notre tour de parler etc. Ils essaient de nous écraser.

Ce qui est intéressant, c’est que le parlement représente le peuple et on voit que le comportement irrespectueux et anti-démocratique de la grande assemblée reflète ce qui se passe dans la société turque. Les minorités sont réprimées, les voix des femmes ne comptent pas et la majorité politique dicte d’une main de fer le reste de la population.

Mais en même temps, cela ne nous décourage pas car nous sommes bien conscients qu’une grande partie de la Turquie voit le HDP comme le parti de l’espoir au parlement. Et donc au contraire, chaque fois qu’ils essaient de nous faire taire, nous prenons la parole. Nous avons une résilience qui va au-delà des mécanismes d’intimidation de l’AKP. On parle fort, on ne se soumet pas, on se défend encore et on se défendra toujours. »

M : Peut-on considérer que la question kurde est un problème de division des peuples ou de division politique ?

« Les racines du problème ne tournent pas autour d’une division des peuples qui impliquerait que les Turcs et les Kurdes ne peuvent pas vivre ensemble. Le problème lui-même est purement politique. L’identité kurde n’est pas acceptée. Beaucoup disent encore que les Kurdes n’existent pas. Il y a un déni absolu de l’identité kurde elle-même. La langue n’est pas tolérée et les gens ne sont pas autorisés à parler leur langue maternelle. Ce sont des questions hautement politiques. Ma déclaration du 27 octobre, à laquelle vous vous référez, vise à apporter l’espoir qu’un dialogue verra le jour pour mettre fin à ces atteintes à l’identité. Cette question de la division politique ne peut être résolue que s’il y a un dialogue avec des arguments des deux côtés et si les voix des opprimés sont entendues et respectées au lieu d’être réduites au silence.

Les efforts du parti actuel pour subjuguer le peuple kurde ont des conséquences catastrophiques. Le gouvernement turc continue de bombarder, d’emprisonner, de torturer et de violer.

Il est grand temps d’arrêter la politique d’assimilation que le gouvernement conservateur mène depuis des années. Il est temps que les écoles enseignent le kurde à leurs enfants s’ils le souhaitent. Il est temps que les gens expriment leur culture et en soient publiquement fiers. Il est grand temps que le gouvernement cesse ses vaines tentatives de contrôle des minorités.

Par exemple, dans ma circonscription de Mardin, le ministère de l’Intérieur a envoyé une personne pour nous gouverner. Cet employé conservateur est incapable de gouverner les habitants de Mardin. Non seulement il ne comprend pas la subtilité de notre identité, mais surtout il refuse de nous écouter. Le résultat est que la population de Mardin n’accepte pas de se soumettre aux politiques d’assimilation et donc, refuse catégoriquement d’obéir au pouvoir AKP. Il y a donc un vrai problème de démocratie où l’on n’écoute pas l’identité du peuple. Encore une fois, cette question de la division des peuples instrumentalisée par l’AKP en Turquie ne sera pas résolue tant que la démocratie sera absente en Turquie et au Kurdistan. »

M : Le HDP a fait face à la mort, aux terroristes ainsi qu’aux attaques politiques et judiciaires. Le dialogue pourrait-il suffire dans ce contexte de survie et de lutte constante contre le parti au pouvoir ? En effet, le HDP vise à instaurer une République démocratique. Comment est-ce concrètement possible quand on est victime des dérives autoritaires du régime actuel ?

« Ce qui amènera un vrai dialogue, ce sont les gens et leur confiance en nous. Mais nous n’allons pas simplement attendre qu’un dialogue s’engage. Au contraire, il faut le provoquer. Nous devons continuer à rencontrer des personnes de tous horizons dans toutes les villes de Turquie et du Kurdistan pour entendre leurs voix. Nous allons à la rencontre des gens pour qu’ils se réunissent pour communiquer et parler des problèmes auxquels ils sont confrontés. Tout au long de l’été, nous avons milité pour promouvoir les valeurs du HDP. Pendant longtemps, le HDP n’a été perçu que comme le parti kurde alors que nous le sommes dans toutes les villes de Turquie et pas seulement au Kurdistan. Nous travaillons pour que chacun puisse s’identifier aux valeurs que représente le HDP. Nous travaillons aussi beaucoup au Parlement pour faire entendre leur voix et nous battre pour la faire résonner. »

Nous sommes HDP et nous sommes partout !

« Par exemple, à l’occasion du 25 novembre (journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes), nous étions aux côtés des femmes pour protester contre les violences qu’elles subissent. Pour nous, encore une fois, nous voulions être présents pour soutenir et renforcer les luttes des minorités afin qu’un dialogue soit possible. Il s’agit de créer un dialogue, de tendre la main aux opprimés et de veiller à ce que leurs voix soient entendues. Si grâce à la visibilité du HDP nous pouvons contribuer à une plus grande résonance, alors notre objectif de dialogue est réussi. »

M : Pensez-vous que la pression reçue par le HDP est institutionnalisée ?

«Ils sont certainement à la fois dans les institutions politiques, dans les institutions militaires et dans les institutions judiciaires. Le gouvernement actuel essaie par tous les moyens de mettre fin au HDP en le fermant. Le gouvernement essaie d’éradiquer notre parti pour que les gens se détournent de nous. Mais le problème, c’est que l’AKP n’a rien en main pour en finir avec nous tant sur le plan judiciaire que politique. Ils n’ont rien contre nous.

Lors les combats à Kobané, de nombreux pays sont venus avec les Kurdes pour combattre l’EI sauf la Turquie qui a refusé d’aller soutenir la partie kurde.

Le 5 octobre, juste avant le début du combat, Erdogan a prononcé un discours disant que Kobanê était presque tombé. Les 6, 7 et 8, l’événement Kobane a lieu. Kurdes, intellectuels et démocrates descendent dans la rue pour protester contre la violation des droits démocratiques. Encore une fois, pour délégitimer le HDP, l’AKP a annoncé que notre parti avait incité à la révolte en incitant les gens à manifester dans la rue. La police a été envoyée pour arrêter les manifestations. Des dizaines de personnes ont été massacrées en toute impunité. En effet, il n’y a pas eu de procès ni de reconnaissance des meurtres commis par l’État.

Un autre mécanisme pour essayer d’arrêter le HDP est les procès obstinés contre le HDP. Dans ce procès, l’argument de l’AKP est de mettre en cause sans plus tarder les actions politiques du HDP. C’est aussi une façon de montrer au peuple que la politique du HDP n’est pas la bonne et mérite d’être condamnée par la justice. Cela vise à nouveau à donner une image sale de notre parti politique même s’ils ne peuvent pas le prouver. C’est aussi un moyen de combattre le HDP. Parce que le gouvernement ne peut pas nous combattre au niveau du débat politique, il recourt à la voix judiciaire. Cela montre le désespoir de l’AKP. »

Déclaration finale d’Ebru Günay

« Le HDP est opprimé par le gouvernement actuel et subit des pressions politiques et judiciaires. Il y a toujours des arrestations de nos dirigeants, députés etc. La pression est forte mais nous avons une force de résistance qui n’est égale à aucun autre parti. Si l’un des autres partis recevait 10 % de la pression que nous subissons depuis des années, il serait fini. Avec l’histoire du HDP, nous continuons à grandir et à nous renforcer. Nous sommes confiants pour l’avenir.

Plus l’AKP essaie de nous diminuer, plus nous grandissons. Plus l’AKP essaie de nous faire taire, plus nous parlons fort. »

Crédit image: Talal Ahmad
La version anglaise de l’interview peut être lue ici: Growing Pressure against the HDP in Turkey: Interview with Spokeswoman Ebru Günay

Angela Davis solidaire des femmes kurdes et iraniennes qui luttent contre le régime liberticide iranien

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Angela Davis rencontre actuellement des militantes féministes, dont les kurdes, à Berlin.

Entre autres choses, elle a rencontré des femmes kurdes et discuté de la question de savoir comment conjuguer les luttes et à quoi peut ressembler la solidarité internationale des femmes.

Angela Davis sur le rôle des femmes kurdes dans la lutte révolutionnaire

« Les femmes kurdes nous ont montré la voie depuis très longtemps et qui ont permis au monde de comprendre qu’il ne peut y avoir de libération des êtres humains sans libération des femmes et je pense que nous bénéficions toutes de ce leadership. »

Angela Davis a également exprimé sa solidarité avec les manifestant.e.s en Iran et a condamné le meurtre de Jina Mahsa Amini.

 

Via CENÎ – Kurdisches Frauenbüro für Frieden e.V. (CENÎ – Bureau des femmes kurdes pour la paix e.V.)

 

#EndIranRegime #LetUsTalk #TwitterKurds #مهسا_امینی #MahsaAmini #opiran #IranRevolution2022 #IranProrests2022 #JinJiyanAzadi #SayHerName #JinaAmini

IRAN. Rafles des militantes des droits des femmes kurdes au Kurdistan iranien

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IRAN / ROJHILAT – Depuis le début des manifestations anti-régime déclenchées par le meurtre de Jina Mahsa Amini, plus de 100 militantes des droits des femmes kurdes ont été arrêtées par le régime iranien à travers le Kurdistan oriental (Rojhilat). Ces derniers jours, au moins 10 autres militantes des droits des femmes ont été arrêté par les forces de sécurité iraniennes.

Les militantes arrêtées récemment sont Soheila Mota’i, Sarina Hosseini, Delania Khani, Zahra Babamohammadi, Ziba Qelijkhani, Zila Hejbari, Sara Samavati, Pariya Ebadi, Masoumeh Rashidi et Mahshid Khani.

Le samedi 1er octobre 2022, au moins 3 militantes des droits des femmes de Dehgolan, Delnia Khani, Soheila Moatai et Sarina Hosseini, ont été arrêtées par les forces de sécurité iraniennes et transférées à un lieu inconnu.

Quant à Zahra Babamohammadi de Qorveh et Ziba Qelijkhani de Bijar ont été arrêtées le mardi 20 septembre 2022, lors des manifestations dans ces deux villes, elles sont actuellement détenues au centre correctionnel de Sanandaj.

En outre, trois autres femmes enseignantes de Sanandaj (Sînê), Sara Samavati, Pariya Ebadi et Masoumeh Rashidi ont été arrêtées lors des manifestations et sont actuellement détenues au centre correctionnel de Sanandaj.

Mahshid Khani, l’une des militantes des droits des femmes d’Ilam, qui a été arrêtée, est toujours en détention et enfermée dans le quartier des femmes de la prison centrale d’Ilam.

Selon les statistiques de l’ONG des droits de humains Hengaw, lors des récentes manifestations dans différentes villes du Kurdistan iranien, près de 100 militantes kurdes des droits des femmes ont été arrêtées par le régime iranien, et jusqu’à présent l’identité de 75 d’entre elles a été vérifiée par Hengaw.

HENGAW

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PARIS. Manifestation féministe pour Jina Amini

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PARIS – Un collectif de féministes, queers, anticapitalistes et internationalistes appelle à manifester ce dimanche 9 octobre à Paris en solidarité avec la lutte d’émancipation des peuples et femmes d’Iran.

Voici l’appel du collectif féministe:

En solidarité avec les femmes en lutte pour l’égalité et contre la République islamique d’Iran

Appel à une manifestation solidaire avec les luttes d’émancipation en Iran

Dimanche 9 octobre 2022 à 15h Place des fêtes – République  

Depuis 3 semaines le régime patriarcal de la République islamique d’Iran a assassiné Jina-Mahsa, jeune femme kurde en visite à Téhéran. Pour la police des mœurs, elle n’était pas assez voilée. Depuis, pas un seul jour sans que des milliers de femmes ne défient les forces de l’ordre. Pas un seul jour sans qu’elles n’affirment leur droit à exister, avec ou sans voile, comme elles le veulent

Jour et nuit, la jeunesse entre en insurrection, les mains nues ou en lançant des pierres et fait reculer des hommes armés jusqu’aux dents. Des forces de l’ordre, nombreuses et variées, en civil ou en uniforme, unies dans une répression sanguinaire. Face à elles, les insurgé.es occupent la rue, défient le patriarcat, crient leur haine, réclament justice et scandent : 

« C’est notre dernier avertissement, c’est le régime que nous visons » 

Toutes et tous restent debout, malgré la violence sans limites, malgré la répression de plusieurs villes en deuil (Saqqez, ville de naissance de Jina 17/09), malgré les arrestations préventives de centaines de militant.es ouvrier.es, activistes féministes, syndicalistes, étudiant.es, associatifs, d’universitaires, de sportifs et artistes, malgré les meurtres de masse (Zahedan, 30/09), malgré les arrestations et tabassages dans les universités (université Sharif, 02/10), malgré les menaces d’un guide (02/10).

Malgré la répression des mouvements de travailleurs et travailleuses de ces dernières années, des organisations syndicales appellent à la grève contre ce régime qui pille, exploite, tue, viole et prétend lutter contre l’impérialisme US alors qu’il réprime des peuples en lutte, en Iran comme ailleurs. Des grèves ont été largement suivies au Kurdistan, d’autres pointent ailleurs. Depuis samedi 1 octobre, les étudiant.es sont entré.es en grève générale dans tout le pays. Des lycéennes les rejoignent, des organisations enseignantes appellent à la grève, des militant.es féministes et ouvrier.es disent leur soutien depuis leur cellule.  Nul ne peut prédire l’issue à court terme de ces mobilisations. Mais elles marquent sans aucun doute un tournant dans l’histoire des luttes et des résistances en Iran. 

Hors d’Iran, des femmes du Kurdistan, d’Afghanistan, de Turquie, du Soudan et de Tunisie les soutiennent et font vivre une solidarité féministe internationale sans précédent. Dans les pays « du Nord », de Biden à Meloni, en passant par toutes les forces réactionnaires en France, c’est l’instrumentalisation des luttes des femmes d’Iran qui règne. 

Nous qui avons un lien avec l’Iran, féministes, anti-impérialistes, anticapitaliste, et opposé.es à toute forme de répression, nous empruntons une voie étroite : soutenir ce soulèvement féministe en Iran ET faire taire les soutiens opportunistes, y compris dans la diaspora. Nous voulons faire entendre les femmes, les travailleuses et travailleurs, les minorités ethniques et religieuses, les LGBTIQ+, les millions de travailleurs et travailleuses afghan.es et leurs descendant.es qui subissent les discriminations institutionnelles en Iran. 

Rejoignez-nous !

Qu’ils soient mollahs ou rois, à bas les oppresseurs !

Pour le droit à la joie, à la vie !

Pour les luttes d’émancipation en Iran et ailleurs ! 

 Femme, Vie, Liberté !

A l’appel d’un collectif féministes, queers, anticapitalistes et internationalistes 

Avec des groupes de gauche et démocrates

 

L’écologiste Greta Thunberg aux côtés du peuple kurde qui dit « jin, jiyan, azadî »

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SUEDE – La célèbre militante écologiste Greta Thunberg a participé à la manifestation de Stockholm condamnant le meurtre de Nagihan Akarsel, journaliste et féministe kurde assassinée par des agents turcs (MIT) le 4 octobre au Kurdistan d’Irak.

Greta Thunberg qui était accompagnée d’amis a déclaré qu’ils soutiendraient toujours le peuple kurde qui dit « jin jiyan azadi » (femme, vie, liberté).

À Stockholm, la capitale de la Suède, les femmes kurdes ont organisé une manifestation contre le meurtre de Nagihan Akarsel, journaliste, co-rédactrice en chef du magazine Jineologî, et membre du centre de recherche en jinéologie au Kurdistan irakien, exécutée le matin du 4 octobre par des agents turcs au Kurdistan irakien.

La célèbre militante écologiste Greta Thunberg et ses amis ont également participé à la manifestation des Kurdes, qui se sont rassemblés dans la rue la plus fréquentée de la ville, Drotninggatan, à l’appel du Conseil des femmes kurdes d’Amara. Les militants portaient la banderole «Arrêtez de vendre des armes à la Turquie».

« Nos luttes ne sont pas déconnectées »

Greta Thunberg, qui portait la banderole « Arrêtez de vendre des armes à la Turquie », a déclaré : « Nous sommes venus ici aujourd’hui pour soutenir la juste lutte du peuple kurde. Ce meurtre de femmes n’est pas nouveau, mais il est important qu’il soit condamné et ait une plus grande résonance. Ce qui s’est passé en Iran [meurtre de Jina Mahsa Amini et les protestations anti-régime qui ont éclaté depuis] est à l’ordre du jour du monde entier et c’est une chose positive. De tels massacres ne doivent pas être [l’unique raison] pour les gens de se réveiller et de réagir, mais je peux dire que cela reste porteur d’espoir. Nos luttes à tous dans différents domaines ne sont pas déconnectées les unes des autres et les Kurdes qui se battent sont très courageux. (…) Nous serons toujours à leurs côtés. Aujourd’hui, partout dans le monde, le slogan « Jin Jiyan Azadi » [femme, vie, liberté] décrit la lutte du peuple kurde et la résistance des femmes. »

Exprimant que leur lutte pour l’environnement est aussi une résistance et que les femmes ne font qu’un avec la nature, Thunberg a déclaré : « Beaucoup de gens ne voient pas que les femmes ne font qu’un avec la nature. Même nos écologistes parfois (…). »

L’action s’est terminée par le slogan « Jin jiyan azadi».

ANF

ROJAVA. Le canton kurde d’Afrin défiguré par l’occupation turco-jihadiste

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La Turquie et des groupes de mercenaires syriens ont envahi le canton kurde d’Afrin en mars 2018. Depuis, des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et contre l’environnement y ont été commis, en plus du changement démographique opéré au détriment des Kurdes de la région.

Le journaliste Alexander McKeever vient de documenter l’aspect cartographique des crimes écologiques et les pillages des sites antiques, ainsi que la transformation urbaine d’Afrin par la Turquie et ses gangs armés.

Pour cela, il a utilisé les données de Google Earth relatives au canton kurde d’Afrin occupé depuis mars 2018 avec des images datant du 8 septembre 2021. (Les précédentes données disponibles dataient de septembre 2019.)

En analysant les images récentes d’Afrin fournies par Google Earth, Alexander McKeever, chercheur et journaliste, a pu documenter la déforestation massive ainsi que le pillage des sites archéologiques de la région d’Afrin (en plus de la transformation de la ville d’Afrin) par les gangs de la Turquie entre 2019 et 20121.

Le document (en anglais) relatif au fouilles des sites archéologiques et la déforestation d’Afrin peut être consulté ici:

Google Earth finally updates its imagery for Afrin city (p.1)

 

PEN kurde condamne le meurtre de l’universitaire Akarsel et appelle le KRG à punir les auteurs

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Alors qu’on assiste depuis un an à des assassinats politiques commis par la Turquie au Kurdistan irakien, PEN kurde a condamné le meurtre de l’universitaire Nagihan Akarsel survenu hier à Sulaymaniyah et a appelé les autorités régionales du Kurdistan à remplir leurs devoirs et à punir les auteurs.

Nagîhan Akarsel, journaliste, universitaire co-rédactrice en chef du magazine Jineologî, et membre du centre de recherche en jinéologie au Kurdistan irakien, a été exécutée le matin du 4 octobre par des hommes armés devant sa maison dans le quartier Bakhtiari, à Sulaymaniyah.

PEN kurde a condamné son assassinat et a déclaré que des écrivains et des journalistes ont été ciblés pour la deuxième fois au Kurdistan du Sud au cours des 40 derniers jours.

« Nous sommes inquiets que cet incident vicieux se soit produit seulement 40 jours après le meurtre de l’écrivain et chercheur Suheyl Xurşid. Malheureusement, le gouvernement de la région du Kurdistan et ses forces de sécurité n’ont pas pu empêcher cette attaque, et les auteurs n’ont pas encore été arrêtés », a déclaré PEN kurde.

« Les autorités de la région du Kurdistan doivent remplir leurs devoirs, capturer et punir les tueurs. Si ces attaques terroristes ne sont pas arrêtées, aucun écrivain ou journaliste ne sera plus en sécurité au Kurdistan du Sud », a ajouté PEN kurde.

RSF condamne cet assassinat, qui est la cinquième attaque visant des personnalités kurdes d’origine turque ou des activistes qui critiquent le gouvernement turc, au Kurdistan irakien en un an.

“RSF dénonce avec force l’assassinat de la journaliste et écrivaine féministe kurde Nagihan Akarsel, perpétré au moment où les femmes kurdes mènent une révolte pour la libération des femmes,” déclare le bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Il s’agit de la cinquième attaque, dont quatre mortelles, contre un résident d’origine turque au Kurdistan irakien ou un activiste critique du gouvernement turc en moins d’un an. Nous demandons aux autorités locales de tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur cette affaire, pour juger les auteurs de cet assassinat et rendre justice à Nagihan Akarsel.”

 

Depuis septembre 2021, quatre politiciens et militants kurdes ont été assassinés par des agents turcs à Sulaymaniyah, au Kurdistan d’Irak

ANF

#SayHerName: Mahsa Amini était kurde et s’appelait Jîna

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En 1852, la militante des droits des femmes âgée de 35 ans, Tahirih Ghoratolein, a été exécutée par le régime iranien à Téhéran pour deux choses : sa foi bahá’íe et son dévoilement. Ses derniers mots furent : « Vous pouvez me tuer dès que vous le souhaitez, mais vous ne pouvez pas empêcher l’émancipation des femmes. »

Presque exactement 170 ans plus tard, dans la même ville, une femme de 22 ans est décédée après avoir été arrêtée par la soi-disant patrouille d’orientation, une police religieuse islamique qui adhère à des interprétations strictes de la charia . Son infraction était de ne pas porter le hijab conformément aux normes gouvernementales. Lorsque la police l’a arrêtée, le frère de la femme a expliqué qu’ils n’étaient pas de Téhéran et qu’ils ignoraient les règles de la ville (la famille venait de Saqqez, une ville kurde à l’ouest, près de la frontière du Kurdistan irakien) en vain : elle a quand même été emmenée au poste de police. Là, selon sa famille, elle a été insultée et torturée, s’effondrant avant d’être finalement transportée à l’hôpital. À leur arrivée, les médecins ont constaté sa «mort cérébrale». Deux jours plus tard, elle a subi un arrêt cardiaque et n’a pas pu être réanimée.

Le nom de la femme était Jîna, ce qui signifie « vie » en kurde. Jîn (et son équivalent Jiyan ) est étymologiquement lié à Jin, le mot kurde pour femme. Mais le monde la connaît mieux dans la mort par son nom iranien: Mahsa Amini.

Peu de temps après la mort violente d’Amini le 16 septembre, des protestations ont éclaté et se sont propagées des régions kurdes d’Iran à tout le pays et au monde. Les manifestants ont scandé le slogan kurde « jin, jiyan, azadî » – «femme, vie, liberté». Mais dans les reportages, en particulier occidentaux, l’identité kurde de Jîna Amini a été effacée – elle est décrite comme une femme iranienne et son nom persan officiel « Mahsa » – qui pour sa famille et ses amis n’existait que sur des documents d’État – est le un dans les gros titres. Les appels à « dire son nom [#SayHerName]» résonnent dans la vie réelle et sur les réseaux sociaux, mais obscurcissent involontairement le vrai nom de Jîna et, ce faisant, son identité kurde.

La discrimination de l’État iranien contre les Kurdes comprend une interdiction généralisée des noms kurdes qui oblige de nombreuses familles à enregistrer officiellement leurs enfants avec des noms non kurdes, tout en conservant leurs vrais noms à la maison. Cela fragmente à son tour l’expérience de nombreux Kurdes et crée une identité « officielle-légale » et une identité « non officielle-illégale ». L’identité ethnico-culturelle authentique perd sa validité et un nom qui ne dit rien de vos racines vous identifie.

Certaines personnes qui insistent pour appeler Jîna Amini par son nom approuvé par l’État, Mahsa, soutiennent en fait qu’elle n’a pas perdu la vie en détention parce qu’elle était kurde, mais uniquement parce qu’elle était une femme. Par conséquent – ​​selon l’argument – ​​il n’est ni nécessaire ni significatif de l’appeler par son nom kurde.

L’Iran est un État antidémocratique, basé sur un régime brutal. Quiconque ne fait pas partie de l’appareil d’oppression est en danger, quel que soit son sexe, sa religion ou son appartenance ethnique. Certains sont encore plus vulnérables que d’autres. C’est particulièrement le cas des femmes et des Kurdes.

Il est probable que la police de la moralité immorale qui a arrêté Jîna le 13 septembre à l’entrée de l’autoroute Shahid Haghani en présence de son frère (qui porte également un nom kurde non officiel et un nom persan officiel) était au courant de son identité ethnique. Il est possible qu’ils l’aient traitée avec une brutalité particulière à cause de cela. Il est probable qu’elle ait tant résisté aux insultes et aux jurons des officiers en raison de son identité et de sa conscience politique en tant que femme kurde.

Mais que son identité kurde ait joué ou non un rôle important dans la détention et la violence brutale qui ont conduit à la mort d’Amini, la sous-estimation ou la dissimulation de son origine ethnique représente une reproduction de la politique coloniale du régime iranien envers le peuple kurde. Cette attitude est un condensé du pouvoir et de la suppression de la nation majoritaire – même lorsqu’elle est exprimée par des féministes persanes bien intentionnées.

La mort d’Amini a vu des slogans kurdes appelant à la libération et à la révolution des femmes résonner dans le monde entier. « Jin, jiyan, azadî » – et ses traductions – a résonné dans les foules et les manifestations organisées en solidarité avec les femmes en quête de liberté en Iran. Même en Afghanistan, des femmes ont scandé le slogan, malgré les attaques contre les manifestants par les talibans.

Ce chant trouve son origine dans le mouvement de libération des femmes du Kurdistan. Il incarne l’objectif du mouvement : libérer la vie par une révolution des femmes. Il a été chanté pour la première fois collectivement par des femmes kurdes le 8 mars 2006 , lors de rassemblements marquant la Journée internationale de la femme à travers la Turquie. Après cela est venue une période au cours de laquelle des campagnes annuelles ont défié les mentalités patriarcales et les pratiques misogynes au sein de la société kurde. Cette période de lutte intense contre le patriarcat a culminé il y a 10 ans avec la révolution du Rojava, le 19 juillet 2012, qui a fait retentir le slogan « jin, jiyan, azadî » dans le monde entier, au-delà des frontières du Kurdistan.

Le mouvement des femmes kurdes ne vise pas à monopoliser ce slogan, au contraire il vise à l’universaliser dans la lutte pour le confédéralisme démocratique des femmes dans le monde. Néanmoins, ses racines et son contexte doivent être reconnus. Sinon, nous risquons de vider nos slogans de lutte active et de leur faire perdre leur sens. Au moment où j’écris cet article, des femmes du parti allemand CDU/CSU – sous le gouvernement duquel le mouvement de libération kurde [PKK] a été le plus criminalisé – protestent contre le meurtre de Jîna à Berlin, brandissant des affiches avec la traduction allemande de « jin, jiyan, azadî ».

Jîna Amini était une femme kurde. Les femmes kurdes se sont battues si fort pour ne pas être effacées de la vie ; ne laissez pas leurs histoires être réécrites dans la mort.

Par Meral Çiçek, activiste et journaliste kurde

Version anglaise à lire ici:

Jîna ‘Mahsa’ Amini Was Kurdish & That Matters

Say her Kurdish name

 

#EndIranRegime #LetUsTalk #TwitterKurds #مهسا_امینی #MahsaAmini #opiran #IranRevolution2022 #IranProrests2022 #JinJiyanAzadi #SayHerName

 

IRAN. 4 représentants de commerçants de Naghadeh arrêtés après la grève générale de samedi

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IRAN / ROJHILAT – Après la grève générale organisée dans les villes kurdes d’Iran, malgré les menaces du régime, le Département de la surveillance des lieux publics a scellé les syndicats des villes de Piranshahr, Naghadeh, Oshnaviyeh et Sanandaj (Sînê), qui se sont mis en grève le 1er octobre 2022 et arrêté quatre représentants de commerçants de Naghadeh.

Après deux jours de fermeture des locaux de leurs syndicats, les commerçants de Naghadeh ont contacté le département de surveillance des lieux publics et ont exigé la réouverture de leurs syndicats. Le le département de surveillance a demandé aux commerçants de présenter quatre personnes comme leurs représentants à ce bureau pour négocier la question.

Aux premières heures du lundi 3 octobre 2022, quatre citoyens nommés Mahmoud Shafi’i, Mohammad Salehi, Ayyub Bazian et Seyed Taher Rak, sont entrés dans le bureau du renseignement en tant que représentants des propriétaires de magasins, pour négocier la réouverture des syndicats scellés avec les autorités.

Ces quatre citoyens ont été arrêtés par les officiers du renseignement lors des négociations. Deux jours se sont écoulés depuis leur arrestation et il n’y a toujours aucune information sur leur sort et leur lieu de détention.

Des sources proches des familles de ces personnes ont indiqué à Hengaw que les autorités iraniennes n’ont donné aucune réponse claire concernant leur sort et les raisons de leur arrestation.

Le samedi 1er octobre 2022, la quasi totalité des commerçants et des guildes des villes de Sanandaj, Baneh, Marivan, Divandarreh, Sardasht, Dehgolan, Saqqez, Urmia, Paveh, Javanrud, Bukan, Mahabad, Naghadeh, Piranshahr, Kamiyaran, Ilam, a déclenché une grève générale à la suite de l’appel des partis kurdes iraniens à une grève générale pour protester contre les attaques de drones et de missiles du CGRI visant les camps civils appartenant à ces partis au Kurdistan irakien.

HENGAW