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Le sort des Yézidis est le cadet des soucis du gouvernement irakien

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IRAK – Suite à la décision d’hier du gouvernement irakien de mobiliser des secours pour participer aux recherches du président iranien Raissi et ses ministres disparus lors d’un crash d’hélicoptère, un militant yézidi a rappelé que le régime iranien ne se souciait absolument pas du sort des milliers de Kurdes yézidis kidnappés par DAECH en août 2014 à Shengal. Sinon, il aurait mobilisé des recherches pour secourir ces milliers de femmes et enfants réduits en esclavage par les terroristes du groupe État Islamique (sans parler des milliers d’autres qui croupissent dans des camps de fortunes du Kurdistan du Sud)…

Voici le post du Saad Shemal critiquant l’État irakien publié sur X (Twitter):

« Hier, le gouvernement irakien a déclaré : « Nous avons préparé quatre équipes de recherche et de sauvetage pour rechercher le président iranien et ses ministres, portés disparus depuis des heures. »

Depuis 2014, plus de 2 700 femmes, filles et enfants yézidis ont été enlevés, la plupart dans les pays voisins, et jusqu’à présent aucune équipe n’a été constituée, même si nous faisons appel au gouvernement et aux autorités concernées depuis 2014. Et là, vous réalisez à quel point votre sang et votre dignité sont bon marché devant un gouvernement dont la sécurité nationale est entre les mains des fascistes et des propriétaires du contenu. »

NPA: « Condamnations honteuses dans le procès de Kobané »

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PARIS – Le parti politique NPA dénonce la condamnation à des centaines d’années des personnalités politiques kurdes en Turquie dont le crime était le soutien à la résistance de Kobanê face aux terroristes du groupe État islamique (EI ou DAECH).
 
Voici le communiqué du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) publié le samedi 18 mai: 
 
En 2014, alors que la ville de Kobané au nord-est de la Syrie était assiégée par Daesh, le HDP avait appelé à des manifestations pacifiques de solidarité en défense de la ville. Ces manifestations avaient été attaquées par l’extrême droite nationaliste donnant lieu au saccage et à l’incendie de nombreux locaux du HDP (qui avaient fait 46 mort.es civils). Poursuivies pour « pour meurtre, incitation à l’insurrection et atteinte à l’intégrité et l’indivisibilité du pays », de nombreuses personnalités et éluEs du HDP ont été condamnéEs par un tribunal aux ordres près de 10 ans plus tard, jeudi 16 mai, à des peines extrêmement lourdes.
 

Selahettin Demirtas, l’ex-coprésident du HDP, déjà emprisonné depuis 2016, a été condamné à 20 ans de prison pour « aide à la perturbation de l’unité et de l’intégrité de l’État » et à 4 ans et 6 mois de prison pour « incitation à commettre une infraction ». Il a été condamné en outre à 2 ans et 6 mois pour son discours lors du Newroz le 21 mars 2016 et à 1 an et 6 mois pour « incitation à désobéir à la loi » lors de son discours à Diyarbakir le 29 février 2016. Soit un total de 42 ans et demi de prison ! Figen Yüksekdağ a été condamnée à 19 ans d’emprisonnement sans remise de peine. L’ancienne co-présidente du HDP est maintenue en détention. Elle a été condamnée en outre à 4 ans et 6 mois pour « incitation » et à 1 an et 6 mois pour « propagande en faveur d’une organisation illégale ». Avec le cumul des peines prononcées dans différents procès, Mme Yüksekdag est condamnée à un total de 32 ans et 9 mois de prison. Ahmet Türk, personnalité très connue et co-maire de la métropole de Mardin (qui vient d’être élu en mars à une très large majorité) a été condamné à 10 ans de prison pour « appartenance à une organisation illégale ». Pour Nazmi Gür, ancien député du HDP, la peine d’emprisonnement à perpétuité aggravée a été réduite à 18 ans d’emprisonnement. Il a été condamné à 4 ans et 6 mois de prison pour « incitation à commettre une infraction ».

Ce ne sont que quelques exemples de la répression féroce exercée par le régime de l’AKP, le parti islamiste d’Erdogan et du MHP, parti d’extrême droite, les fameux « Loups Gris ». Pendant ce temps, que fait le gouvernement français ? Le parquet anti-terroriste ordonne des perquisitions et des arrestations de militants kurdes réfugiés en France, ordonne à la police belge de perquisitionner les locaux des télévisions kurdes à Denderleeuw près de Bruxelles. La police en profitera pour saccager les locaux et couper la possibilité d’émettre. Le gouvernement français expulse des militants kurdes vers la Turquie sachant parfaitement qu’ils seront emprisonnés et torturés à leur arrivée. Cette collaboration active avec un régime dictatorial qui emprisonne journalistes, écrivainEs, éluEs et militantEs politiques pour des décennies pour des délits d’opinion doit cesser tout de suite !

Stop à la complicité française ! Sanctions contre la Turquie !

Retrait immédiat du PKK de la liste des organisations terroristes !

Non aux arrestations et expulsions de militantEs kurdes en France et en Europe !

Solidarité avec le DEM (le nouveau nom du HDP menacé d’interdiction) !

Montreuil, le samedi 18 mai 2024

L’Iran confirme la mort du président Raisi

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Les autorités iraniennes confirment la mort du président iranien Ebrahim Raisi dont l’hélicoptère le transportant avait eu un accident le dimanche dans le nord-ouest de l’Iran, rapportent les médias officiels iraniens.

Le gouvernement iranien assure dans un communiqué que le décès du président Raïssi n’allait pas entraîner « la moindre perturbation dans l’administration » du pays.

« Le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian [Amir-Abdollahian], le gouverneur de la province de l’Azerbaïdjan oriental, Malek Rahmati, le chef de l’équipe de garde de Raïssi, Mehdi Mousavi, et le représentant du guide suprême dans la province, Mohammad Ali Al-e-Hashem, étaient à bord de l’hélicoptère écrasé, a déclaré l’État iranien », a rapporté l’agence de presse IRNA.

Raïssi et sa délégation revenaient d’une cérémonie d’inauguration d’un barrage à la frontière iranienne avec l’Azerbaïdjan lorsque leur hélicoptère s’est écrasé lors de l’atterrissage en urgence par mauvais temps dans la région région escarpée et boisée de Varzaqan, dans le Nord-Ouest du pays.

L’épave de l’hélicoptère a été retrouvée par les équipes de secours lundi matin.

Le convoi de Reisi comprenait trois hélicoptères. Deux d’entre eux, transportant un certain nombre de ministres et de responsables, ont atterri en toute sécurité dans un temps brumeux, a rapporté l’agence de presse semi-officielle Tasnim.

Le gouvernement iranien publiera bientôt une déclaration officielle, a annoncé IRNA.

Le régime tente d’assurer la stabilité

Alors que le régime a rassemblé nombre de ses partisans pour prier pour le président et qu’une organisation massive des funérailles de Raïssi est attendue, l’actuel chef de l’État iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, tente d’assurer la stabilité. Il a immédiatement déclaré qu’il n’y aurait aucune interruption des affaires gouvernementales. Selon la constitution iranienne, le vice-président iranien Mohammad Mokhber assumerait les fonctions présidentielles par intérim en cas de décès de Raïssi. Selon la constitution, les élections présidentielles doivent avoir lieu dans un délai de 50 jours.

Le régime est désormais soucieux de ne pas créer une brèche dans laquelle la résistance pourrait se développer de nouveau alors que les régions kurdes et baloutches d’Iran sont comme une poudrière qui peut s’embraser à tout moment.

« Boucher de Téhéran »

Surnommé par les Iraniens de « boucher de Téhéran », Ebrahim Raïssi est extrêmement détesté car responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes. En tant que procureur général adjoint de Téhéran en 1988, il était directement responsable de l’exécution d’environ 10 000 prisonniers politiques. À l’époque, selon des groupes de défense des droits humains, il était l’un des quatre juges du tristement célèbre Comité de la mort, un tribunal secret créé en 1988 et responsable de la condamnation à mort de milliers de prisonniers. En tant que président, il est le principal responsable de la répression brutale des soulèvements « Jin, Jiyan, Azadî » (femme, vie, liberté) provoqué par le meurtre de Jina Mahsa Amini et de l’aggravation ultérieure de la terreur d’État patriarcale et islamiste.

 

L’Iran en état d’urgence après le crash de l’hélicoptère transportant le président Raïssi

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IRAN – Après la disparation de l’hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi, le Conseil suprême de sécurité nationale iranien a tenu une session d’urgence présidée par Khamenei qui aurait décrété l’état d’urgence. Le régime iranien craint un nouveau soulèvement populaire à travers le pays, si jamais Raisi et son équipe sont morts.

Le président iranien Ebrahim Raïssi est introuvable après un « accident » de son hélicoptère survenu aujourd’hui. Le président iranien se trouvait à bord d’un convoi d’hélicoptères dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, avec plusieurs haut-fonctionnaires de la République islamique, dont le ministre iranien des Affaires étrangères Amir Abdollahian.

La zone montagneuse où l’hélicoptère transportant le président iranien Ibrahim Raisi et des hauts diplomates d’Iran, la visibilité était quasi nulle. Pour le moment, on privilégie un accident plutôt qu’un sabotage.

Qui est/était Raisi?

Ibrahim Reisi était membre du célèbre comité de la mort iranien responsable de l’exécution et de l’enterrement dans des fosses communes de milliers de Kurdes et de gauchistes emprisonnés après la révolution islamique d’Iran. Surnommé par les Iraniens de « boucher de Téhéran », pendant 4 décennies, Raeisi fut impliqué dans des crimes contre l’humanité (il a supervisé des meurtres de masse, des tortures, des viols, des passages à tabac et des enlèvements en Iran et dans toute la région) et sa disparition est célébrée en Iran par le peuple qui y voit une justice karmique.

ROJAVA. Un enfant tué, deux autres blessés par des bombardements turcs

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SYRIE / ROJAVA – Hier, l’artillerie turque a ciblé plusieurs zones d’habitation dans la région kurde d’Afrin, blessant trois enfants. Faris Ibrahim, un des enfants blessé vient de succomber à ses blessures.
 
Le correspondant de l’agence ANHA a rapporté que l’enfant, Fares Ibrahim, 13 ans, a succombé à ses blessures subies hier lors des bombardements turcs ciblant les villages de Samouqa, Tal Madiq, Tal Gigan, Sayda et d’Um Hosh dans les cantons kurdes d’Afrin et de Shahba.
 
Duha Hassan (16 ans), Khadija Ismail (15 ans) et Matar Ibrahim (14 ans) ont également été blessés lors de l’attaque terroriste turque. 

 

Hier, la Turquie a ciblé également la région de Manbij

Hier matin, l’État turc occupant et ses milices ont bombardé les villages de Toxar et Cat à Manbij. Trois personnes, dont un enfant, ont été blessées lors de l’attaque. Les noms des blessés sont : Muhemed Fêsel El Salih (14 ans), Remedan Ebed El Berkir (18 ans) et Wesîm Ibrahim (21 ans). Les civils blessés reçoivent des soins à l’hôpital de Manbij.

Manbij est située à 30 kilomètres au sud de la frontière turque et occupe une position hautement stratégique. La ville, administrée par l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), se trouve sur l’importante autoroute M4, qui traverse le nord de la Syrie comme une ligne de vie et servait autrefois de route d’approvisionnement stratégique pour la milice terroriste « État islamique » (EI).

Depuis que le président turc Recep Tayyip Erdoğan a désigné Manbij comme cible principale pour une nouvelle invasion du nord et de l’est de la Syrie en 2022, la guerre d’usure contre la ville s’est intensifiée. Les attaques de l’armée turque et des milices djihadistes alliées, ainsi que les tentatives d’infiltration, se produisent presque quotidiennement. Depuis le début de la saison, des terres agricoles et des forêts à Manbij brûlent presque chaque jour.

« La liberté de la langue ne suffit pas, il faut aussi libérer les peuples et les terres »

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TURQUIE / KURDISTAN – La première conférence sur la langue kurde a débuté à Van avec la participation d’invités venus de quatre régions du Kurdistan et de l’étranger.
 
Agurne Gaubeka Erauskin, directrice de l’Observatoire basque des droits linguistiques (Hizkuntz Eskubideen Behatokia), a déclaré : « Si nous parlons des droits humains, nous ne parlons pas seulement de la libération de la langue, mais aussi de la libération des peuples et des terres. »
 

La première conférence sur la langue kurde organisé par la branche Van du Syndicat des travailleurs de l’éducation et des sciences (Eğitim Sen) a commencé. La conférence a lieu dans la salle de conférence Tahir Elçi. La conférence porte sur « la politique, la planification, l’éducation et le statut juridique ». La conférence a débuté par un discours d’ouverture.

Première journée de la Conférence sur la langue kurde 

Prononçant le discours d’ouverture de la conférence, Lokman Babat, porte-parole de la Commission de la langue kurde de la branche Eğitim Sen Van, a déclaré : « Il existe des dizaines de syndicats dans le domaine de l’éducation en Turquie, mais le seul syndicat qui prône l’éducation dans la langue maternelle est Eğitim Sen. La lutte pour la langue est un domaine important pour nous, mais il est honteux d’exiger encore l’éducation dans sa langue maternelle au cours de ce siècle. Nous devons faire de notre langue maternelle la langue de la vie. intensifier encore plus la lutte. »

Samî Hêzil, l’un des organisateurs du symposium, a déclaré : « Dans ce symposium, nous discuterons des questions de politique, de planification, d’éducation et de statut juridique de la langue maternelle. La langue est notre avenir et chacun doit s’en sentir responsable. »

« Ceux qui ne parlent pas leur langue ne peuvent pas vivre librement »

İbrahîm Sungur, l’invité d’honneur du symposium, a déclaré : « Ceux qui ne parlent pas leur langue et ne se battent pas pour elle ne peuvent pas vivre librement. Aujourd’hui, des madrasas et des maisons d’ordre religieux sont ouvertes, mais même dans ces centres, il existe un Il est impératif de parler turc. Le plus important est que le kurde soit la langue politique. Si nous parvenons à réaliser cela, nous aurons franchi une étape très importante. »

Après les discours d’ouverture, la session sur « Politique et langue » a eu lieu. La session était modérée par Mazlum Kanîwar et les intervenants étaient la chercheuses Nadire Güntaş Aldatmaz, le linguiste Sami Tan et l’académicien Mikail Bülbül.

« Tuer une langue est un génocide »

Le linguiste Samî Tan a déclaré : « Tuer une langue est un génocide. Le génocide a été tenté contre de nombreuses communautés, notamment les Kurdes. L’assimilation des langues est un crime contre l’humanité. Des études ont montré que les gens se sentent psychologiquement plus à l’aise lorsqu’ils parlent dans leur propre langue. La politique linguistique des Turcs est un génocide blanc et ils mènent cette politique depuis des années. Un travail très important a été fait pour renverser cette politique. une langue vivante contre toutes les politiques d’assimilation. Si la société s’organise, aucun appareil d’État ne pourra lui faire oublier que le sort et l’avenir de notre langue sont entre nos mains ».

L’académicien Mikail Bülbül, qui a parlé de la « standardisation de la langue », a déclaré : « Le sort du kurde et l’endroit dans lequel nous vivons sont les mêmes. S’il y avait une unité politique et géographique, tous les Kurdes se comprendraient. Mais aujourd’hui, les habitants des quatre parties du Kurdistan ne se comprennent pas les uns les autres. Pour cela, une standardisation de la langue est nécessaire. »

La chercheuse Nadire Güntaş Aldatmaz a déclaré : « En plus du kurmanji, le kirmançki doit également être standardisé. Il existe un problème de standardisation dans toutes les langues. Quels que soient les possibilités et le statut d’une langue, cette langue est standardisée à ce point. Les écoles et L’éducation est essentielle à la standardisation d’une langue. Dans ces conditions, en Turquie, Zazaki n’a aucune chance de survivre. C’est également le cas dans les écoles et les universités en Turquie, où l’enseignement des langues est quasiment inexistant. »

« La liberté de langue ne suffit pas, il faut aussi libérer les peuples et les terres »

Lors de la deuxième partie de la conférence d’hier, la chercheuse basque Agurne Gaubeka Erauskin, a salué le public en kurde. Déclarant que les langues autres que la langue officielle sont considérées comme une richesse culturelle en Espagne, Erauskin a déclaré : « Ce n’est pas une situation acceptable. Parce que les langues qualifiées de riches ne devraient pas être exposées dans un musée (…) que les gens viennent voir. Les richesses basques et autres doivent être officielles et cette situation doit être acceptée par le gouvernement. Même les tribunaux espagnols exigent que l’on parle espagnol. De cette manière, le droit à la langue est bafoué et une politique de son oubli est menée. La langue est ainsi réduite, et dans la région basque, le taux de parlant la langue maternelle est passé de 52% à 22%, et plus tard, grâce au travail réalisé contre cette politique, ce taux est passé à 27% ces dernières années. Pour le développement de la langue ; La légalisation, la normalisation de la langue, le soutien social et l’économie sont nécessaires. Si nous parlons des droits humains, nous ne parlons pas seulement de la libération de la langue, mais aussi de la libération des peuples et des terres. »

« Les Kurdes Atteindront ce rêve un jour »

Ensuite, Sabîr Ebdulahîzad, avocat du Rojhilat (Kurdistan de l’Est), a fait une présentation sur « La langue dans le droit international » et a déclaré : « Le problème linguistique est-il seulement dans l’État dans lequel il se trouve ou est-ce un problème international ? Tandis que nous luttons pour notre langue dans nos propres pays, les puissances internationales se battent avec d’autres pays pour leurs propres langues. Or, cette guerre est une guerre de société. Dans le passé, le droit international ne reconnaissait même pas les droits linguistiques des peuples, mais aujourd’hui, ils commencent lentement à le reconnaître. L’État doit respecter les langues autochtones dans tous les services qu’il fournit, comme les droits linguistiques et l’éducation. Chaque peuple rêve que sa propre langue devienne un jour officielle et légale. Les Kurdes réaliseront certainement ce rêve un jour. »
Ensuite, l’avocat Ekrem Koçbaş a parlé des droits linguistiques en Turquie. Koçbaş a déclaré : « Selon Lausanne, chacun avait le droit d’utiliser sa langue de manière personnelle, mais une telle chose ne s’est pas produite après Lausanne. Les Assyriens avaient des écoles même après Lausanne. Ils l’ont fermé lorsque l’atmosphère de la Turquie a changé. Il existe des écoles étrangères en Turquie et elles peuvent dispenser un enseignement dans leur langue maternelle. Ces écoles existaient avant Lausanne. « Ils ont fait du turc la langue officielle en Turquie et le turc était obligatoirement parlé dans les institutions. »
Enfin, l’avocat Sipan Gökhan a évoqué les affaires concernant la langue kurde entendues devant la CEDH et les tribunaux en Turquie.

Commémorations du génocide des Grecs pontiques

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Ce 19 mai, c’est la Journée de commémoration du génocide des Grecs pontiques de la Mer Noire massacrés et expulsés de leurs terres entre 1919 et 1924 par l’État turc. Les survivants du génocide ont dû se convertir à l’islam et renier leurs origines ethniques…Le 24 février 1994, le Parlement grec a officiellement reconnu le génocide des Grecs pontiques et a déclaré le 19 mai* (jour du débarquement de Kemal Ataturk à Samsun en 1919) comme date commémorative de ces évènements tragiques, tandis que les Turcs célèbrent ce même jour comme la journée d’Atatürk, de la jeunesse et des sports…
 

Le génocide grec fait référence à l’extermination systématique des sujets grecs natifs (Rûm) de l’Empire ottoman avant, pendant et après la Première Guerre mondiale (1914-1923). Il a été initié par deux gouvernements successifs de l’Empire ottoman ; l’İttihad ve Terakki Cemiyeti (Comité de l’Union et du Progrès ou CUP) également connu sous le nom de Jeunes Turcs et le mouvement nationaliste turc sous le commandement de Mustafa Kemal Atatürk. Il comprenait des massacres, des réinstallations forcées et des marches de la mort, des expulsions sommaires, des boycotts, des viols, des conversions forcées à l’islam, la conscription dans des bataillons de travail, des exécutions arbitraires et la destruction de monuments culturels, historiques et religieux chrétiens orthodoxes. Il est probable que le bilan des victimes du génocide grec se situait entre 1 et 1,5 million.

La première phase du génocide grec a commencé en 1914 en Thrace orientale où les communautés grecques ont été expulsées de force et violemment du pays ou déplacées vers l’intérieur de l’Asie Mineure. D’autres mesures utilisées pour persécuter les Grecs dans cette région étaient le boycott des entreprises grecques, les meurtres, les lourdes taxes, la saisie de biens et l’interdiction de travailler sur leurs terres. Au printemps et à l’été 1914, le nettoyage ethnique des Grecs le long de la côte ouest de l’Asie Mineure a été effectué. Ces opérations, y compris celles en Thrace orientale, ont été planifiées et exécutées par le CUP en utilisant des forces régulières et irrégulières, y compris des membres de l’unité paramilitaire du CUP, l’Organisation spéciale (Teşkilât-ı Mahsusa).

Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, des hommes grecs âgés de 21 à 45 ans ont été enrôlés de force dans des bataillons de travail (Amele Taburları) où la majorité d’entre eux ont péri dans des conditions épouvantables, contraints de faire des travaux pénibles avec peu de nourriture ou d’eau. À partir de 1915, sous la direction de militaires allemands, le CUP a délocalisé de nombreuses communautés grecques sous prétexte de nécessité militaire. Les déportés n’étaient pas autorisés à emporter quoi que ce soit avec eux et les marchandises dans leurs magasins étaient souvent revendues par la suite par les autorités ottomanes. Ils ont été déplacés vers l’intérieur et dans des villages musulmans où ils ont souvent été contraints de choisir entre l’islam ou la mort. Dans la plupart des cas – avant que les relocalisations n’aient lieu – les gendarmes ottomans (police) et les çetes (gangs armés) ont saisi de l’argent et des objets de valeur des communautés grecques, ont commis des massacres et incendié des églises et des écoles. Selon les chiffres compilés par le Patriarcat œcuménique, en 1918, 774 235 Grecs avaient été déplacés de leurs foyers, dont beaucoup à l’intérieur de la Turquie, pour ne plus jamais être revus.

Les Grecs vivant dans d’autres parties de l’Empire, comme le Levant, ont également été ciblés. Entre 1915 et 1918, une grande partie des communautés chrétiennes vivant sur le Mont Liban sont mortes de faim. La famine a été causée par un blocus alimentaire orchestré par Djemal Pacha.

Après la défaite de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, d’éminents dirigeants du CUP ont été condamnés à mort par des cours martiales ottomanes pour leur rôle dans l’organisation d’atrocités pendant la guerre. Mais la formation d’après-guerre du mouvement nationaliste turc sous le commandement de Mustafa Kemal Atatürk a interrompu la procédure pour traduire les auteurs en justice. La période 1919-1922, souvent appelée la phase kémaliste, a vu la poursuite de la politique d’extermination du CUP. Dans la région du Pont, les kémalistes ont incendié d’innombrables villages grecs et envoyé des hommes, des femmes et des enfants à l’intérieur où un grand nombre ont péri. Dans de nombreux cas, les églises grecques ont été incendiées alors que les Grecs étaient enfermés à l’intérieur. Dans la région d’Izmit, les forces kémalistes ont brûlé plus de 30 villages grecs et massacré plus de 12 000 Grecs tandis qu’en septembre 1922, à la fin des hostilités post-guerre entre la République hellénique et l’Empire ottoman, les nationalistes kémalistes ont marqué leur triomphe en incendiant la ville de Smyrne (aujourd’hui Izmir) au sol et commettant un massacre à grande échelle de la population grecque et arménienne de la ville.

Des villageois d’Asie Mineure qui ont été chassés dans les montagnes peu après l’incendie de Smyrne. Pendant trois mois et demi, ils ont vécu d’herbe, de racines et d’aliments similaires, pillant occasionnellement une oliveraie la nuit. Finalement, deux membres audacieux ont volé un petit bateau et se sont échappés. L’ensemble du groupe a ensuite été nourri et habillé par la Croix-Rouge américaine. (Info via Greek genocide netété)

Dates de commémorations des campagnes génocidaires des Grecs d’Anatolie:

6 avril: Thrace orientale
19 mai: Pontus
14 septembre: L’Asie Mineure dans son ensemble

*La Turquie a déclaré le 19 mai la fête nationale de la Jeunesse, des Sports et de la commémoration d’Ataturk, comme elle avait déclaré le 24 avril, date anniversaire du génocide des Arméniens, la fête des enfants. (La Turquie nie farouchement le génocide des Grecs pontiques, des Arméniens, des Kurdes/yézidis/alévis, des Assyriens commis depuis 1915…)

KURDISTAN. Un incendie criminel détruit le grand bazar de Kirkouk

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IRAK / KURDISTAN – Ce dimanche, un incendie a détruit le bazar historique de Kayseri dans la ville kurde de Kirkouk. Les commerçants du marché ont déclaré que des feux se sont déclarés dans différentes parties du marché et pensent que cet un incendie criminel.
 
Il s’agit du dernier d’une série d’incendies importants sur les marchés d’Erbil et de la région du Kurdistan au cours des deux derniers mois, marquant au moins le septième incident de ce type à Erbil, Duhok et la province discutée de Kirkouk.

Certains des incendies de bazar ont été revendiqués par un groupuscule turkmène qui ordonnait aux Kurdes d’Irak de se soumettre à la Turquie.
 
Le journaliste Hiwa Husamedin, a rapporté qu’au moins 100 magasins et entrepôts ont été brûlés dans l’incendie qui a éclaté dans le bazar ce matin.
 
Le feu n’est pas encore totalement métrisé.
 
Les commerçants du marché Qaysari de Kirkuk ont déclaré au journaliste de Rûdaw qu’« ils ont trouvé l’incendie suspect car des incendies se sont déclarés dans différentes parties du marché ».
 

Incendies dans les bazars et marchés du Kurdistan

 
Cette année, des incendies ont éclaté sur les marchés de nombreuses villes kurdes, notamment à Erbil.
 
Au moins 200 magasins ont été réduits en cendres dans l’incendie qui s’est déclaré le 27 février au bazar de Lenge à Erbil. Un incendie s’est à nouveau déclaré au bazar de Lenge le 8 avril.
 
Le 5 mai, un incendie s’est déclaré dans le bazar historique de Qaysari à Erbil et de nombreux magasins ont été incendiés.
 
Par ailleurs, un incendie s’est déclaré le 1er avril au marché Chel à Duhok.

« L’État turc veut que les Kurdes prennent les armes plutôt que de s’engager dans une politique démocratique »

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TURQUIE – L’État turc préfère que les Kurdes prennent les armes plutôt que de s’engager dans une politique démocratique, a déclaré Selahattin Demirtaş, dans sa première interview après sa condamnation à plus de 42 ans de prison dans l’affaire Kobanê intentée contre plus de 100 personnalités politiques kurdes en Turquie.
 

« L’État turc a toujours préféré la guerre et la violence à la politique, et cette mentalité n’a pas changé aujourd’hui. Il croit pouvoir éliminer les Kurdes par le combat, mais estime qu’il est impossible de les vaincre politiquement. C’est pour cette raison qu’il a toujours perçu les hommes politiques kurdes comme une grande menace et les a traités durement. Si cela ne tenait qu’à l’État, il préférerait que nous prenions tous les armes, nous combattions et nous tuions. Cependant, nous pensons que la solution ne viendra pas par les armes, c’est pourquoi nous avons choisi une politique démocratique et pacifique », a déclaré Demirtaş, répondant aux questions de Murat Sabuncu du T24 par l’intermédiaire de ses avocats depuis la prison d’Edirne.

Jeudi, l’ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtaş a été condamné à 42 ans de prison dans un procès inique ciblant la classe politique kurde en Turquie. Les observateurs affirment que le verdict n’est pas juridique mais politique, visant à faire taire les mouvements politiques kurdes. « L’État turc considère que les Kurdes s’engageant dans une politique démocratique et se renforçant ainsi constituent un plus grand danger que s’ils prenaient les armes dans les montagnes », a déclaré Demirtaş.

Selahattin Demirtaş, photo prise dans la prison d’Edirne 

Le procès, qui a été au centre du débat public en Turquie, a accusé Demirtaş et 107 autres personnes de divers délits, notamment d’incitation et d’atteinte à l’unité de l’État. La thèse de l’accusation s’est largement appuyée sur les discours et les publications de Demirtaş sur les réseaux sociaux. « Toutes les sanctions ont été infligées pour un tweet et quelques-uns de mes discours de rassemblement », a-t-il expliqué, soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un soutien à la violence ou d’actes de violence.

Demirtaş a également souligné son engagement inébranlable en faveur de la paix. « Notre objectif principal, comme celui de nos amis qui sont actuellement [toujours] en politique, est de parvenir à une solution non violente », a-t-il affirmé. Malgré sa longue peine, Demirtaş reste déterminé. « Nous résistons de toutes nos forces au nom du peuple et nous tirons aussi son moral de lui. Nous ne baisserons pas la tête, nous ne tomberons pas à genoux », a-t-il déclaré.

Le verdict affecte également d’autres hommes politiques kurdes, dont Ahmet Türk, qui a été condamné à 10 ans de prison. Ces décisions sont considérées comme faisant partie d’un effort plus large visant à supprimer la représentation politique kurde. Les résultats du procès Kobani pourraient influencer l’affaire en cours visant à dissoudre le HDP, dans la mesure où ses conclusions font partie intégrante de l’affaire de fermeture contre le parti.

Voici l’interview de Demirtas.

« Ils ont caché et protégé les véritables auteurs des meurtres des personnes tuées du 6 au 8 octobre »

Dans la dernière partie de votre défense dans l’affaire Kobani, vous avez déclaré : « Je ne vous donnerai pas l’occasion de me lire la décision en face. Vous le lirez à vous-mêmes. Ceci est mon sermon envers ma femme, ma famille, mes filles et tout mon peuple : lorsque la décision est annoncée, vous devez la saluer par des danses, des célébrations et des acclamations. Parce que c’est ainsi que nous l’accueillerons ici. Nous préférons mourir plutôt que de vivre de manière déshonorante en faisant des compromis sur ce point. » Comment avez-vous entendu la décision et comment y avez-vous réagi ?

La décision annoncée par le tribunal a en fait été prise il y a des années par le gouvernement et ses partenaires et a été proclamée à plusieurs reprises dans les rues et sur les places lors de rassemblements [politiques]. La lecture de la décision politique par le tribunal des peines sévères n’était qu’une simple formalité.

Nous avons regardé la décision à la télévision dans notre cellule. Ce n’était une surprise ni pour moi ni pour [l’ancien co-maire de Diyarbakır (Amed)] Selçuk Mızraklı. Nous l’avions déjà anticipé et étions préparés à tous points de vue. Nous y avons fait face avec force et moral.

Tandis que nous résistons de toutes nos forces au nom du peuple, nous tirons également notre moral de notre peuple. Personne ne devrait s’inquiéter ; Nous ne baisserons pas la tête, nous ne tomberons pas à genoux. Tout comme notre peuple se tient debout et honorable, nous serons également dignes d’eux, et nous ne laisserons jamais tomber notre peuple.

« Ils nous ont traités d’« assassins » et de « terroristes », faisant de nous un objet d’élection. Si la décision de la CEDH avait été appliquée, nous aurions été acquittés. »

Dès la publication de l’acte d’accusation, de nombreux avocats ont affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une affaire juridique mais politique. Cependant, à la suite de cela, vous avez été condamné à un total de plus de 42 ans de prison pour diverses accusations, dont 20 ans pour avoir contribué à porter atteinte à l’unité et à l’intégrité de l’État, 4 ans et 6 mois pour incitation au crime, 2 ans et 6 mois pour mois pour votre discours de Newroz et 18 mois pour avoir encouragé les gens à désobéir à la loi. Comment commentez-vous cela ?

Toutes les peines prononcées étaient basées sur un tweet et quelques discours que j’avais prononcés lors de rassemblements. Autrement dit, ils sont basés sur des perceptions créées par des années de mensonges et de calomnies. Aucune peine n’a été prononcée pour un acte de violence ou pour incitation ou soutien à la violence. Une peine de 42 ans a été imposée simplement pour mes pensées et ce que j’ai dit. Cela prouve une fois de plus que l’affaire est politique et que les condamnations sont politiquement motivées.

La principale affirmation dans cette affaire était que « des gens avaient été tués ». Vous avez été spécifiquement accusé d’être responsable de ces décès, tant sur le plan juridique que politique. Tous les accusés ont été acquittés sur cette question. Comment évaluez-vous cela ?

Bien sûr, nous n’avons tué ni blessé personne, nous n’avons même pas blessé une fourmi. L’État, le gouvernement et les tribunaux le savent tous très bien. Cependant, ils nous ont qualifiés de « meurtriers, terroristes » pendant des années, créant une polarisation et utilisant cela comme matériel électoral, tout en cachant et en protégeant les véritables auteurs des meurtres des personnes tuées du 6 au 8 octobre. Il ressort clairement de cela que la plupart des auteurs de ces décès étaient liés d’une manière ou d’une autre à l’État, et qu’ils les ont protégés en nous ciblant.

Il n’y avait aucune preuve dans le dossier, et ceux qui nous accusaient de meurtre le savaient, mais ils ont menti de manière flagrante et ont réussi à tromper une partie du public.

Je tiens à réitérer que la totalité de la peine de 42 ans a été prononcée à cause de mes discours, qui ont tous été considérés comme relevant de la liberté d’expression par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Si la décision de la CEDH avait été mise en œuvre, cette affaire aurait abouti à un acquittement. Je n’ai aucun doute qu’un jour nous serons tous acquittés.

« Les peines prononcées dans l’affaire Kobani pourraient affecter l’affaire de fermeture du HDP »

Ahmet Türk, co-maire de la municipalité métropolitaine de Mardin, a également été condamné à 10 ans de prison. Cela signifie-t-il un nouvel administrateur nommé par le gouvernement [à sa place] ?

Je suis très triste pour tous les amis qui ont été condamnés, en particulier Ahmet Türk. Toutes les condamnations prononcées contre nos amis sont illégales et constituent des peines de vengeance politiquement motivées. Bien entendu, ils peuvent utiliser ces condamnations comme prétexte pour nommer des administrateurs. J’espère que cela n’arrivera pas, mais malheureusement, ce danger existe.

L’un des principaux piliers du dossier ouvert par le parquet général de la Cour de cassation le 21 juin 2021 exigeant la fermeture du HDP est l’affaire Kobani. Une grande partie de l’acte d’accusation dans l’affaire de clôture consiste en l’acte d’accusation dans l’affaire Kobani. En outre, parmi les 687 personnes accusées de l’affaire Kobani, l’accusation exige l’exclusion de la politique. Après la décision d’aujourd’hui, comment pensez-vous que le dossier de fermeture du HDP va évoluer ?

Les condamnations prononcées lors du procès-spectacle de Kobani pourraient influencer le dossier de fermeture du HDP. La Cour constitutionnelle est également un organe judiciaire qui agit politiquement et suit l’exemple du gouvernement. S’ils ferment le HDP, ils fouleront à nouveau aux pieds la loi, ce qui n’est pas une surprise, car le chaos et l’injustice sont malheureusement les normes de ce gouvernement.

« Nous avons choisi une politique démocratique et pacifique parce que nous pensons que les armes n’apporteront pas de solutions »

Dans une partie de votre défense, que vous dites avoir présentée non pas au tribunal mais au peuple et à l’histoire, vous avez rappelé : « Quand j’étais un jeune avocat, les députés du Parti Démocratie (DEP), Leyla Zana, Hatip Dicle et Orhan Doğan, étaient rejugés suite à une décision de la CEDH. J’étais à l’université lorsqu’ils ont été arrêtés. Lors de leur deuxième procès, j’étais leur avocat. Ils ont été arrêtés en tant que députés. Leurs immunités ont été illégalement levées. Ils ont été jugés par la Cour de Sûreté de l’État. Considérez-vous la situation actuelle comme une continuation des efforts passés et présents visant à exclure les Kurdes de la politique démocratique en Turquie ?

Pour commencer, tout le monde devrait être sûr que tous les hommes politiques qui ont été condamnés à de lourdes peines dans l’affaire du complot de Kobani sont favorables à la paix, ont travaillé pour la paix et ont toujours plaidé en faveur d’une politique démocratique. Comme nos amis qui sont actuellement [encore] engagés dans la politique à l’extérieur, notre objectif principal est de parvenir à une solution pacifique et non violente. Mais l’État turc considère que les Kurdes s’engageant dans une politique démocratique et se renforçant ainsi constituent un plus grand danger que s’ils prenaient les armes dans les montagnes.

L’État turc a toujours préféré la guerre et la violence à la politique, et cette mentalité n’a pas changé aujourd’hui. Il croit pouvoir éliminer les Kurdes par le combat, mais estime qu’il est impossible de les vaincre politiquement. C’est pour cette raison qu’il a toujours perçu les hommes politiques kurdes comme une grande menace et les a traités durement. Si cela ne tenait qu’à l’État, il préférerait que nous prenions tous les armes, nous combattions et nous tuions. Cependant, nous pensons que la solution ne viendra pas par les armes, c’est pourquoi nous avons choisi une politique démocratique et pacifique. Mais du point de vue de l’État, qu’il s’agisse d’un homme politique kurde engagé dans une politique démocratique, d’un Kurde allant dans les montagnes, ou même d’un chat ou d’un poulet kurde, ils sont tous considérés comme des terroristes et doivent être éliminés. Tant que cette mentalité ne changera pas, elle ne mènera pas à une solution à la question des droits des Kurdes.

«Les initiatives d’assouplissement et de normalisation n’incluent donc pas les Kurdes»

Dans quelle mesure les décisions prises s’accordent-elles avec les récentes discussions entre le gouvernement et l’opposition sur un « assouplissement et une normalisation » ?

Honnêtement, il vaudrait mieux que les politiciens impliqués dans les initiatives de « normalisation et d’assouplissement » répondent à cette question. Je suis dans une cellule de prison, et ici, rien n’est normal depuis des années, pas même une seule seconde. Bien entendu, le dialogue en politique est important, pouvoir parler est précieux et nécessaire. Mais nous sommes aussi des hommes politiques et des représentants élus du peuple, et comme ils imposent des peines sévères au lieu de nous parler, cela implique que « l’adoucissement et la normalisation » n’incluent pas les Kurdes et leurs amis.

« C’est Erdoğan et Öcalan qui peuvent prendre l’initiative pour arrêter la guerre »

Dans un message que vous avez envoyé à la « Conférence sur la solution de la question kurde et la paix » organisée par l’Association des droits de l’homme (IHD), vous avez déclaré que si une table doit être mise en place pour la solution de la question kurde, le gouvernement devrait également être à cette table, et vous avez ajouté : « Puisque le gouvernement est actuellement représenté par M. Erdoğan, il est le principal interlocuteur. M. Öcalan, dont la légitimité est également inscrite dans la mémoire officielle de l’État sur la base d’expériences passées, est un autre interlocuteur.» Pensez-vous qu’Erdoğan soit toujours le principal interlocuteur ?

Je souhaite et espère sincèrement que les morts et les effusions de sang cessent. C’est Erdoğan et Öcalan [le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan] qui peuvent prendre l’initiative d’arrêter cette guerre. S’ils peuvent prendre cette initiative pour arrêter la guerre et trouver une solution, s’ils peuvent créer les conditions pour cela, si l’isolement [imposé à Öcalan] est levé et que les négociations commencent, je la soutiendrai personnellement jusqu’au bout. Ce n’est pas parce que j’ai été condamné que je dirais « que tout s’effondre ». Tant qu’une solution démocratique et la paix seront atteintes, je n’hésiterai pas à la soutenir. Mon point de vue sur cette question n’a pas changé simplement parce que j’ai été condamné à une peine sévère.

Avant les élections du 31 mars, des appels ont été lancés à Erdoğan pour qu’il « sorte le processus de solution du congélateur ». Que penses tu qu’il va advenir par la suite?

Oui, le processus de solution doit être sorti du congélateur. Nous continuerons de plaider en faveur d’une solution démocratique et pacifique. Il reste à voir quelles mesures le président Erdoğan prendra ensuite, s’il deviendra plus sévère ou s’il lancera des initiatives pour mettre fin à toutes ces injustices et conflits. Toutefois, notre position pacifique et notre ouverture au dialogue sont claires. Nous ne voulons pas et ne pouvons pas reculer par rapport à cette position de principe, c’est une exigence de notre responsabilité envers le peuple.

« L’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté la politique active, ce sont les sangsues politiques ; nous les affronterons quand je sortirai »

Vous avez mentionné il y a quelque temps que vous vous étiez retiré de la politique active et que vous aviez arrêté vos activités intensives d’écriture et d’expression orale avant 2023. Que ferez-vous après cette décision ?

J’ai quitté la politique active et je n’ai pas l’intention d’y revenir. Parce que, de mon point de vue, les conditions ne sont pas réunies. Par ailleurs, les propos que je fais ici sont parfois déformés, parfois incompris ou exploités. C’est pourquoi je n’ai pas l’intention de m’impliquer d’une manière ou d’une autre dans la politique quotidienne.

Je voudrais aussi dire franchement que certaines mentalités bien ancrées dans la politique ont été très perturbées par mon combat politique d’ici. Dehors, des gens qui n’oseraient pas me dire deux mots en face, parce que je suis en prison et que je ne peux pas répondre, n’ont cessé de me lancer des calomnies et des insultes dans mon dos. Quand je sortirai, nous les affronterons tous, bien sûr, mais notre peuple doit savoir que l’une des raisons pour lesquelles nous sommes restés à l’intérieur pendant si longtemps et avons reçu de lourdes peines sont ces marchands politiques. Le moment venu, soyez assurés que nous nous débarrasserons de toutes ces sangsues politiques qui pèsent sur le dos de notre peuple.

Nos camarades extérieurs devraient également être prudents et sensibles à ces éléments en disgrâce qui se livrent à toutes sortes de comportements sans scrupules pour un siège et ne devraient pas se laisser prendre à leurs rumeurs et calomnies.

C’est plus important que qui ils sont, c’est cette mentalité qui compte. Cette mentalité doit être rejetée et ils ne doivent pas être utilisés comme outils. Quiconque gagne en notoriété ou obtient un siège en s’opposant à Demirtaş n’est pas un ami du peuple. Parce que mes codétenus et moi sommes les enfants résistants de ce peuple et le résultat de cette lutte. Il ne s’agit pas de moi personnellement ; quiconque attaque ces valeurs à travers moi est objectivement ou subjectivement malveillant.

L’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté la politique active réside dans les sangsues politiques que j’ai mentionnées et, malheureusement, dans certains cas, on accorde encore de la valeur à ces sangsues. Cependant, en tant qu’enfants de notre peuple et hommes politiques élevés par ce mouvement, nous ne livrerons pas le parti ni la lutte à cette mentalité. Si notre quartier général est plus sensible et plus prudent, personne ne pourra nuire à notre lutte ou à notre unité.

« J’ai quitté la politique active, mais je pourrais commencer à écrire une chronique régulière ; tout le monde devrait être prêt pour ça »

Avec tout cela, je dois dire ; Je ne serai pas impliqué dans la politique quotidienne, mais bien sûr, je peux écrire des articles. Je pourrais commencer à écrire une chronique régulière ; Je n’ai pas encore décidé. Cependant, il est clair que ce que je dis et écris n’engage en aucune manière le Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM), et personne ne devrait le percevoir de cette façon. Je ne suis ni cadre, ni représentant, ni porte-parole, ni même membre du parti DEM. Le parti DEM est bien sûr notre parti, et sa direction mène sa politique et continuera à le faire. Je ne peux que partager mes opinions personnelles. Et je le dirai ouvertement : je n’hésiterai pas à critiquer publiquement quiconque fait des erreurs en politique ou ne donne pas la priorité au peuple. Tout le monde devrait désormais s’y préparer.

« Ils verront et entendront que je donne désormais des réponses très claires »

Tout en veillant à ne pas interférer avec les politiques des partis, je n’hésiterai pas à critiquer les erreurs des hommes politiques. Par exemple, certains hommes politiques, journalistes et écrivains extérieurs expriment avec beaucoup d’audace leurs pensées à mon sujet, ce qui est leur droit. Ils peuvent critiquer autant qu’ils veulent et je respecte cela. Mais maintenant, ils verront et entendront que je donnerai des réponses très claires et je sais que cela sera également respecté.

Enfin, par votre intermédiaire, moi-même et Selçuk, [co-maire de Diyarbakır] transmets mes chaleureuses salutations et mon amour à tout notre peuple et à nos amis.

Ces jours passeront et ce qui restera seront les notes écrites dans l’histoire par ceux qui ont résisté avec honneur. Nous n’oublierons pas nos amis qui nous ont soutenus sans réserve tout au long de ce processus, ni ceux qui ont creusé des fosses dans notre dos ni les puissants qui ont tenté de nous éliminer.

Notre moral est au plus haut et nous sommes toujours aussi forts et résilients. Et il ne fait aucun doute que nous gagnerons. Berxwedan jîyan e! (La résistance, c’est la vie !)

La « voie du développement » Turquie-Irak pour contrer les acquis kurdes en Irak et en Syrie?

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KURDISTAN – La « route du développement » Turquie-Irak est présentée comme une initiative économique. En réalité, cela pourrait être davantage lié aux efforts déployés à Ankara et à Bagdad pour contrer la perspective d’une autonomie kurde, signale le journaliste Hoshang Hasan dans l’analyse suivante.

Le projet de route de développement (DR) était en tête de la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan en Irak fin avril. Le projet est décrit comme une route commerciale reliant l’Asie à l’Europe via l’Irak et la Turquie. Il devrait entrer en service en 2028. Cependant, outre ses objectifs de développement déclarés, des objectifs sécuritaires et politiques clés semblent faire partie des calculs turcs. La route impacte deux entités dirigées par les Kurdes, suscitant des inquiétudes quant au fait que le projet prévu pourrait être un projet conjoint Ankara-Bagdad visant à menacer les acquis kurdes dans la région.

LA RÉGION DU KURDISTAN IRAKIEN (KRI)

L’année dernière, des cartes non officielles du tracé potentiel de la route de développement ont circulé dans les médias régionaux, suggérant qu’elle pourrait traverser des villes de la région du Kurdistan irakien (KRI), telles que Zakho et Dohuk. Le ministère irakien des Transports avait même discuté du projet routier avec son homologue de la région du Kurdistan. Cependant, les dernières cartes, publiées par l’Agence turque Anadolu, montrent que l’itinéraire évite le territoire de la région du Kurdistan et suit plutôt la route Tikrit-Mossoul. Cette décision était justifiée par l’affirmation selon laquelle la nature montagneuse de la région augmenterait le coût du projet. À son tour, le ministre des Transports du KRI a déclaré via son compte X qu’« il n’y aura pas de voie de développement sans le Kurdistan ». Cela démontre les inquiétudes légitimes des autorités d’Erbil quant aux véritables objectifs du projet.

Il semble que l’Irak n’ait pas encore oublié le référendum sur l’indépendance de la région du Kurdistan en 2017. Bagdad pourrait encore vouloir punir les Kurdes irakiens pour avoir pris cette mesure unilatérale. Après les avoir empêchés d’exporter du pétrole vers la Turquie et perturbé les bases de l’économie du KRI, le gouvernement central irakien cherche à contourner la région, à suspendre ses importations routières et à rappeler aux autorités kurdes qu’elles dépendent de Bagdad pour leur prospérité.

Il est prévu que la République dominicaine entre sur le territoire turc au poste frontière d’Ovakoy, plutôt qu’au poste frontière d’Ibrahim Khalil. Cela pourrait représenter un autre coup dur pour l’économie du KRI. Les médias suggèrent que le gouvernement central de Bagdad gérera le passage d’Ovakoy à la place du gouvernement régional du Kurdistan, qui gère Ibrahim Khalil. Cela réduira le volume des échanges commerciaux via Ibrahim Khalil, ce que Bagdad considère comme une nouvelle opportunité de punir les Kurdes. Le projet Ovakoy est sur la table depuis longtemps, la Turquie se coordonnant directement avec les communautés turkmènes irakiennes, notamment à Tal A’far, Mossoul et Kirkouk, pour le rendre possible. En octobre 2017, Yeni Safak, pro-AKP, a rapporté que « la nouvelle porte sera une alternative au poste frontière de Khabour pour punir [le leader du PDK Masoud] Barzani pour le référendum et empêcher le Kurdistan de bénéficier de cette principale source de revenus ».

L’ADMINISTRATION AUTONOME DÉMOCRATIQUE DU NORD ET DE L’EST DE LA SYRIE (DAANES)

Les deux voies de la République dominicaine, une voie ferrée et une autre autoroute, semblent commencer au port irakien de Faw, dans le Golfe arabe, et traverser l’Irak vers la Turquie.

Les premières étapes d’éventuelles nouvelles opérations militaires turques en Irak visent à resserrer la frontière nord de l’Irak avec la Syrie et à restreindre l’accès au nord-est de la Syrie depuis le KRI via Semalka/Peshkhabour, le seul poste frontière reliant le nord-est de la Syrie au monde extérieur.

La porte constitue l’unique voie logistique de la coalition dirigée par les États-Unis vers le nord-est de la Syrie, où sont stationnés environ 2 000 forces américaines et étrangères pour aider les Forces démocratiques syriennes (FDS) dans leur mission de lutte contre l’EI. L’escalade dans la région pourrait placer les forces américaines dans une position similaire à celle dans laquelle elles se sont retrouvées lors de l’incursion turque de 2019 à Ras al-Ain et Tal Abyad, qui a conduit au retrait partiel des forces américaines du nord-est et à l’entrée de la région. Les forces russes, turques et syriennes dans les régions que les États-Unis ont laissées derrière elles.

Au lieu de relier Mossoul à la Turquie via la frontière Dohuk-Zakho, relier Mossoul à Nusaybin en Turquie via le nord-est de la Syrie reste sur le radar turc. Dans ce cas, le KRI serait entièrement isolé et la connexion Ankara-Bagdad serait directe. Selon les calculs d’Ankara, la partie nord-est syrienne de l’ancienne voie ferrée Berlin-Bagdad, reliant Tal Kochar à Qamishlo, réduirait la distance de la République dominicaine et permettrait à l’itinéraire de contourner complètement le KRI.

La Turquie a récemment intensifié ses attaques aériennes contre des infrastructures clés dans cette région du nord-est de la Syrie, ciblant principalement les stations électriques, pétrolières et gazières. Une opération au sol n’est pas exclue.

LE PARTI DES TRAVAILLEURS DU KURDISTAN (PKK)

Les combattants du PKK sont présents et opèrent dans les zones frontalières turco-irakiennes depuis des décennies. Ankara voit la RD comme une opportunité d’exercer une pression sur Bagdad et Erbil pour qu’ils offrent davantage de soutien à ses opérations militaires anti-PKK. Utilisant l’eau, l’énergie et le commerce pour obtenir des concessions, Ankara s’immisce dans les affaires intérieures irakiennes et même dans les relations kurdes-kurdes pour défendre ces intérêts. Les responsables turcs ont ouvertement promis un « été chaud » au cours duquel ils lanceraient une opération militaire visant à contrôler toute la frontière turco-irakienne sur une profondeur de 30 à 40 kilomètres sous prétexte de combattre le PKK.

La Turquie a lancé des incursions majeures contre le PKK dans le KRI au cours des dernières années. En raison du paysage montagneux difficile et de la résistance opposée par les combattants du PKK, ces opérations n’ont pas réussi à déloger le groupe. La présence du PKK dans la région montagneuse du nord de l’Irak remonte aux années 1980, lorsque les partis kurdes irakiens, dont le PDK, ont conclu un accord avec le groupe. En 2013, dans le cadre des négociations de paix entre le PKK et le gouvernement turc, le PKK a retiré ses forces de la Turquie vers le nord de l’Irak.

Le désir de la Turquie de bénéficier du soutien de l’Irak pour des opérations militaires élargies est ce qui a poussé le président turc à se rendre lui-même à Bagdad pour la première fois depuis plus d’une décennie. Les médias irakiens ont rapporté que les discussions sur la sécurité, notamment celles liées au PKK, ont occupé une grande partie de la visite.

Alors que la route peut apparemment apparaître comme un projet de développement entre Bagdad et Ankara, sous ses pierres se cachent des incendies que les deux gouvernements cherchent à déclencher en faveur des ambitions kurdes dans la région du Kurdistan irakien (KRI) et de l’administration autonome démocratique de la région du nord et de l’est de la Syrie (DAANES).

Hoshang Hasan est un journaliste syrien kurde basé au Rojava, dans le nord de la Syrie. Il a couvert la lutte contre l’Etat islamique en tant que correspondant de guerre pour une chaîne kurde locale, et son travail a été publié dans de nombreux médias kurdes et arabes.

 

Article en anglais à lire sur le site Kurdish Peace Institute: Turkey’s ‘Development Road’ Threatens Kurdish Gains in Iraq and Syria

PARIS. Découverte d’armes appartenant à William Malet

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PARIS – Le 23 décembre 2022, un homme armé tuait trois personnes devant le centre kurde de Paris situé au 16 rue d’Enghien où une réunion devait avoir lieu. L’assassin fut neutralisé dans un salon de coiffure kurde de la même rue où il s’était rendu pour continuer à tuer des Kurdes. Aussitôt, les militants et les organisations kurdes de France ont attiré l’attention sur la nature terroriste de l’attentat, mais la justice française l’a qualifié d’acte à « caractère raciste ». Près de deux ans après le massacre, un nouvel élément vient soutenir la thèse d’attentat terroriste commis avec l’aide de complices.
 
Le 23 décembre 2022, lors d’une attaque terroriste ciblant le centre kurde de Paris dans la rue d’Enghien, William Malet a assassiné une membre éminente du mouvement des femmes kurdes, Emine Kara (Hevin Goyî), l’artiste kurde Mehmet Şirin Aydın (Mir Perwer) et un simple retraité  du nom Abdurrahman Kızıl. Alors que le tueur, arrêté par des employés d’un salon de coiffure kurde où il s’était rendu après le premier massacre, est poursuivi par la justice française pour un attentat à « caractère raciste », on apprend grâce au site Parisien que les enquêteurs ont découvert dans une cave un fusil d’assaut, de nombreuses munitions et des armes blanches appartenant à William Malet.

Le 17 mai, la police a révélé avoir trouvé un fusil d’assaut suisse SIG STG 57, des centaines de cartouches, des couteaux, un gilet pare-balles et un viseur dans une cave sous un appartement de la rue Bachaumont, dans le 2e arrondissement de Paris. Cette cache a été découverte sur la base des instructions de Malet et n’était pas connue auparavant des enquêteurs.

Lors de son dernier interrogatoire, le 27 mars, Malet a admis avoir planifié une attaque à Saint-Denis avant de viser la communauté kurde de la rue d’Enghien. Il a affirmé avoir abandonné son projet initial en raison de problèmes techniques avec le fusil. « Le fusil a été démonté, la crosse s’est détachée et elle s’est bloquée lorsque j’ai essayé de la remonter », a-t-il expliqué.

La découverte de cet arsenal caché a accru les soupçons de complicité. David Andic, avocat du Conseil démocratique kurde français (CDK-F), agissant au nom des victimes, a souligné les incohérences des déclarations de Malet. « Nous pensons que Malet cache la vérité, en ne proposant que des versions évolutives des événements. Nous exigeons une enquête approfondie sur son passé », a-t-il déclaré.

Ce récent développement fait suite à une conférence de presse du 2 mars, au cours de laquelle les porte-parole du CDK-F et leurs avocats ont publiquement rejeté l’argument des autorités françaises selon lequel l’attaque était basée uniquement sur un « mobile raciste » et ont exigé une enquête approfondie sur les circonstances. implication possible d’influences extérieures.

De son côté, Agit Polat, porte-parole du CDK-F qui rejette l’argument des autorités françaises selon lequel l’attentat serait à « caractère raciste » et non pas terroriste, a déclaré que « Dès les premiers instants, nous avons insisté sur le caractère politique de cet attentat terroriste. Nous avons aussi souligné l’existence des commanditaires. Malgré le cynisme du PNAT à ne pas se saisir de l’affaire, la piste des complices se concrétise ».
 
William Malet dans le salon de coiffure, avant sa neutralisation par les employés du salon
Quelques heures avant le massacre de la rue d’Enghien, William Malet s’était rendu à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en RER et sur les images de vidéosurveillance, on le voyait chargé d’un sac noir. Les militants kurdes avancent la piste d’attentat terroriste en lien avec les services secrets turcs (MIT). Ces derniers sont également tenus responsables du triple assassinat des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez le 9 janvier 2013 à Paris, près de la Gare du Nord, toujours dans le 10e arrondissement de Paris. L’enquête sur le triple meurtre de 2013 traine depuis plus de 10 ans avec un « secret défense » opposé à l’affaire par les autorités française et on craint que le deuxième massacre ciblant les Kurdes à Paris reconnaisse des obstacles similaires empêchant que la justice soit rendue aux Kurdes afin de ne pas froisser la Turquie d’Erdogan.

TURQUIE. Les mères du samedi exigent la vérité sur la disparition de 3 civils kurdes le 24 mai 1994

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ISTANBUL – Au cours de leur 999ème semaine d’action sur la place Galatasaray, les Mères du samedi ont exhorté l’État turc à leur livrer les noms des assassins de Selim, Hasan et Cezayir Örhan, trois civils kurdes portés disparus après avoir été détenus à Diyarbakir / Kulp (Pasûr) par des commandos turcs 24 mai 1994

Le 20 avril 1994, une unité militaire affiliée à la Brigade Commando Bolu a installé un camp autour du village de Çağlayan dans le district de Kulp à Diyarbakır. Les soldats de l’unité, qui menaient des opérations dans la région, sont venus au hameau de Deveboynu le 24 mai 1994. À ce moment-là, il y avait 46 personnes dans le village. Ils ont emmené avec eux Mehmet Selim, 12 ans, Hasan, 40 ans, et Cezayir Örhan, 17 ans.

Saisi par la famille d’Örhan à qui les autorités turques affirmaient que les trois hommes n’avaient pas été arrêtés par l’armée turque, la CEDH, dans sa décision du 6 novembre 2002 a déclaré qu’il fallait partir du principe que les Örhan sont morts après leur arrestation non confirmée par les forces de sécurité. En conséquence, elle a déterminé que l’État [turc] était responsable de leur mort et a condamné la Turquie, la tenant pour responsable de la disparition de Mehmet Selim, Hasan et Cezayir Örhan en détention.

Depuis plus de 29 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque

Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.

Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.