TURQUIE : L’état de santé d’une prisonnière kurde de 78 ans s’aggrave

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TURQUIE, MUS – L’état de santé de Sisê Bingöl, une kurde malade de 78 ans, s’est aggravé. Elle ne se souvient plus de ses enfants.
 
Emprisonnée depuis avril 2017 pour «avoir aidé sciemment et volontairement une organisation terroriste», Sisê a été condamnée à 4 ans et 2 mois de prison.
 
Sisê Bingöl souffre de diabète, d’hypertension artérielle, de problèmes de poumon et de rein et d’autres maladies. Depuis peu, elle a également des problèmes de mémoire et ne se souvient plus de ses enfants. Mais les autorités turques estiment que les problèmes de santé de Bingol ne constituent pas de menaces pour sa vie.
 
Elle avait d’abord été emprisonnée en avril 2016 pour être «membre d’une organisation terroriste», mais avait été libérée après deux mois pour des problèmes de santé.
La branche locale de l’association des droits de ‘homme (IHD) d’Adana a organisé un sit-in aujourd’hui pour attirer l’attention sur l’état de santé de Sisê Bingol et a demandé sa libération immédiate.
 

Le slogan « Jin, jiyan, azadî » appartient aux femmes militantes, pas à Hollywood

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Ce n’est pas pour être rabat-joie, mais nous avons besoin d’avoir une conversation sur la façon dont le capitalisme s’approprie tout et ce nouveau film de cinéma « Girls of the Sun (Filles du Soleil) » sur la lutte des femmes kurdes contre Daesh. D’après ce que j’ai lu, vu et discuté avec des gens qui l’ont vu, il est censé montrer la résistance des femmes kurdes auparavant en captivité (apparemment des yézidies) et s’inspire des YPJ du Rojava bien que l’esthétique évoque aussi des images des combattantes femmes du PKK. Tout d’abord, ces groupes ne sont mentionnés nulle part dans le film, apparemment consciemment, pour éviter la politique.
 
Apparemment, ce n’était pas une lutte préexistante, mais la brutalité de Daesh qui a donné du pouvoir aux femmes ! Curieusement, le nom du film est en fait le même que celui du faux bataillon de femmes formé par le PDK sous Barzanî à des fins de relations publiques des années après la guerre contre Daesh. (Tous ceux qui en savent un peu plus sur ce qui s’est passé à Sinjar, le pire massacre de Daesh, savent que le KDP a trahi les Yézidis et s’est enfui plus vite que le vent, tandis que le PKK, les YPG et les YPJ du Rojava ont sauvé des dizaines de milliers de Yézidis). Ensuite, le film semble impliquer une radicalisation des femmes, une montée soudaine du militantisme des femmes « après » la brutalité que les femmes ont subie de la part de Daesh. Il est clair que ce n’est pas ce qui s’est passé. Les femmes du Kurdistan n’ont pas spontanément et apolitiquement pris les armes et développé par magie une conscience libératrice des femmes après avoir été brutalisées. C’est une fausse image que les médias occidentaux dominés par les hommes ont propagée dès le premier jour pour vider le pouvoir organisé des femmes kurdes de son histoire révolutionnaire et de son essence politique.
 
Le slogan « jin, jiyan, azadî » (Femme, vie, liberté), qui semble figurer dans le film, appartient à un mouvement révolutionnaire socialiste, militant et criminalisé de 40 ans du Kurdistan, le PKK, dont le dirigeant, Abdullah Öcalan, est actuellement détenu dans un isolement carcéral absolu en Turquie.
 
Bien sûr, des milliers de nouvelles femmes sont devenues militantes après les attaques de de Daesh, mais cela s’est produit grâce au leadership organisé et à l’héritage d’un mouvement de liberté préexistant qui s’est établi avec les luttes sacrificielles de milliers de femmes pendant des décennies, comme Sakine Cansız, co-fondatrice du PKK.
 
Les YPJ s’inscrivent dans la continuité de cet héritage. De même, les femmes yézidies qui se sont armées pour libérer leurs sœurs l’ont fait avec les photos d’Öcalan sur leurs uniformes. Pour une lutte aussi épique que celle menée par les « camarades » contre Daesh dans des endroits comme Sinjar et Kobane, avant même la formation de la coalition mondiale anti-Daesh, une stratégie organisée, une philosophie et un engagement révolutionnaire étaient nécessaires.
 
La politisation généralisée est donc le produit d’une lutte idéologique explicite, et pas seulement d’un héroïsme apolitique soudain après les atrocités de Daesh. Il est pour le moins contraire à l’éthique de prétendre que les choses se sont passées autrement. Nous pouvons penser que tant que les gens connaissent la lutte de notre peuple, de telles choses sont des détails techniques sans importance, mais ce n’est pas vrai. Ces choses comptent, elles écrivent l’histoire.
 
La colonisation repose sur le fait que les opprimés n’osent pas contester l’autorité de l’homme blanc (ou dans ce cas-ci de la femme blanche) sur le fait de les connaître. Nos mentalités intériorisées nous poussent même à encourager ce processus de vol de notre culture de rébellion qui génère de l’argent. Même si la représentation de la lutte des femmes kurdes dans ces films peut sembler impressionnante pour notre communauté opprimée, ne laissons pas les industries (mode, cinéma, etc.) déformer les réalités en les rendant plus digestes pour le public.
 
Ce sont littéralement nos proches qui se battent et meurent, nous ne pouvons permettre l’appropriation de leur guerre contre le fascisme. Et puis, non, les gens n’écrivent pas au hasard leur propre version de ce qui s’est passé. Je ne peux pas accepter que mes camarades qui ne sont plus parmi nous n’obtiennent pas la place qui leur revient dans l’histoire ! Leur vie n’est pas si bon marché qu’ils peuvent devenir des artefacts décoratifs pour un divertissement aléatoire et consumériste qui efface leur histoire radicale ! Quelle pourrait être l’intention derrière l’omission consciente de l’identité de ces femmes autres que l’appropriation ?
 
Pourquoi tout le monde veut parler et paraître comme des femmes kurdes courageuses, mais aucune de ces personnes n’est ici pour marcher par exemple contre l’occupation turque à Afrin ? La même Afrin où les YPJ sont nées, où la première combattante des YPJ Silava est tombée ? Où Avesta Xabûr, une combattante des YPJ, s’est fait explosée plus tôt cette année pour vaincre les envahisseurs turcs et leurs mercenaires ? Où le corps de la combattante des YPJ Barîn Kobanê a été torturé et mutilé par les envahisseurs ? Là où le corps de la combattante britannique des YPJ Anna Campbell s’est décomposé sous les décombres de la guerre depuis mars ?!
 
Ce n’est pas féministe de dépolitiser, de déradicaliser les luttes pour lesquelles les femmes versent leur sang ! Une véritable célébration du pouvoir des femmes doit établir des liens entre le patriarcat, la montée de Daesh, les guerres impérialistes, la modernité capitaliste et la criminalisation du socialisme au Moyen-Orient. Et c’est exactement ce que font les femmes révolutionnaires organisées au Kurdistan. Ce ne sont ni les héroïsmes individuels, ni les forces mondiales qui ont mené la lutte contre les bandes de violeurs de Daesh. C’est la volonté collective organisée, militante et historique des révolutionnaires et de tous les peuples, qui ont occupé les rues en solidarité avec eux, qui a constitué la première ligne de défense contre le fascisme.
 
Le slogan « Jin, jiyan, azadî » appartient aux femmes militantes en lutte, pas à Hollywood !
 

Une commandante des YPJ écrit à Milagros Sala

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La commandante kurde des YPG- YPJ, Meryem Kobane, qui a conduit ses camarades à la libération de Kobanê écrit à l’activiste indigène Milagros Sala, emprisonnée en Argentine.
 
« Je m’appelle Meryem Kobane, nous avons commencé cette lutte en tant que femmes dans le monde entier. Nous ne nous sommes peut-être pas vues, nous ne nous sommes peut-être pas connues, mais peu importe, peu importe le pays d’origine ou la couleur de notre peau. Nous consacrons notre vie à la liberté, nos cœurs battent pour la liberté. »
 
C’est ainsi que commence la lettre de Meryem Kobane, commandante des YPG-YPJ, qui a dirigé ses camarades à travers la résistance et la libération de Kobanê, écrite à Milagros Sala (originaire de la province de Jujuy, Sala est a la tête de l’Organisation de quartier Tupac Amaru).
 
Sala est la dirigeante autochtone emprisonnée en Argentine. « Milagros, ma camarade – écrit Meryem Kobane – ton corps peut être emprisonné mais toutes les femmes du monde sont avec toi. Ils ne peuvent pas emprisonner tes pensées et tes idées. »
 
Ayant appris le cas de Milagros Sala, la commandante kurde a immédiatement voulu lui montrer sa solidarité et celle de toutes les femmes kurdes. « En fait, écrit-elle, tes ravisseurs sont ceux qui sont emprisonnés. Ils t’ont mise derrière les barreaux parce qu’ils ont peur de toi. Nous, femmes, luttons pour la liberté, nous ne reconnaissons pas les frontières, tout comme le vent ne connaît pas de frontières. »
 
Meryem Kobane poursuit dans sa lettre : « Chère Milagros, tu es ma camarade de vie et mon amie de lutte. Je veux partager ces pensées avec toi : peu importe la gravité des problèmes, peu importe les difficultés que tu as vécues et [qu’on t’as] imposées, tu vis. Je tire ma force des femmes et de l’histoire. Les difficultés – écrit Meryem Kobane – font sortir les gens de leur coquille. Les femmes qui veulent la liberté sont contre le capitalisme et le fascisme. Je suis sûre que toi et ton peuple gagnerez cette lutte. »
 
La commandante kurde rappelle ensuite à Milagros Sala que « les femmes kurdes sont divisées en 4 parties comme le Kurdistan, mais nous ne nous battons pas uniquement pour les Kurdes, mais pour toutes les femmes. Je dois le savoir des centaines de femmes qui ont résisté et se sont battues à Kobanê. Quand j’étais en première ligne, je sentais que des femmes d’Amérique latine, d’Afghanistan et de Colombie étaient proches de nous. Je sais que peu importe où les femmes souffrent, nous devons nous tenir à leurs côtés. Les gens qui se battent se battent pour le peuple, pas pour eux-mêmes. Notre utopie doit être grande, notre rêve aussi, et j’espère qu’un jour nous nous rencontrerons »
 
Meryem Kobane ajoute dans sa lettre: « Nous avons beaucoup de choses en commun avec les femmes de votre continent. De là, je tiens à vous transmettre notre profonde amitié et notre solidarité. Tu n’es pas seule. J’adresse mes salutations les plus chaleureuses à tous les révolutionnaires et m’assure que nous aurons un avenir de liberté. Ce sera un avenir libre que nous construirons tous ensemble. »
 

Rojava : Création d’un Accès à la santé & incidences sur un Etat en guerre

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SUISSE – LAUSANNE – La conférence « Rojava : Création d’un Accès à la santé & incidences sur un Etat en guerre » répondra aux questions suivantes :
 

« Quel est le problème de la santé au milieu de la guerre ? Quel type du problème humanitaire se passe au Rojava ? »

Amnesty International Unil (université de Lausanne) vous invite à une conférence avec la participation de Sherwan Berry et Jamila Hami, deux co-presidents de Heyva Sor (Croissant Rouge du Kurdistan) pour répondre à ces questions et d’autre.

Le vendredi 26 octobre 2018 à 15:00
 
RDV à Internef 125
 
Plus d’information sur la page de l’événement Facebook d’Amnesty International – Unil‎ ici

En Turquie & en Syrie – Solidarité avec le peuple kurde, le combat des femmes kurdes pour l’égalité, la liberté, l’émancipation

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Débat : En Turquie et en Syrie – Solidarité avec le peuple kurde, le combat des femmes kurdes pour l’égalité, la liberté, l’émancipation

Avec:

 
Hazal Karakus et Sengul Karaca du Mouvement International des femmes kurdes
 
Christine Prunaud, sénatrice communiste des Côtes d’Armor, très engagée dans la solidarité internationale, arrêtée par les autorités turques d’Erdogan alors qu’elle observait les violences et illégalités lors des dernières élections dans les régions kurdes de Turquie
 
Hülliya Turan, secrétaire départementale PCF du Bas-Rhin, d’origine kurde de Turquie, arrêtée avec Christine Prunaud et Pascal Torre en Turquie
 
Pascal Torre, animateur secteur international du PCF, spécialisé sur le Proche et le Moyen-Orient
 
Table-ronde animée par Ismaël Dupont
 
Le samedi 1er décembre, à 18h
A la fête de l’Huma Bretagne 2018,
Au Parc des Expositions de Lorient
 

Conférence débat : Renaissance du Moyen-Orient & la révolution des femmes kurdes

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SUISSE – LAUSANNE – Le 26 octobre, l’Assemblée des femmes kurdes de Lausanne (LAJIN) organise le conférence débat : Renaissance du Moyen-Orient & la révolution des femmes kurdes. Les participantes à la conférence sont : Zozan Derik, représentante du PYD (Le Parti de l’union démocratique) en Europe Jamila Hami, coprésidente du Croissant Rouge du Rojava Rebecca Ruiz, conseillère du Parti Socialiste suisse Céline Misiego, conseillère communale de Renens du POP Lena Ajdacic, sociologue Modératrice : Sevgi Koyuncu RDV à 18h Au centre culturel kurde du Kurdistan Rue de la Borde, 12 LAUSANNE

Turquie : La dictature s’amplifie – Amplifions la solidarité internationale (PCF)

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Dans le communiqué suivant, le parti Parti communiste français (PCF) condamne la répression du pouvoir turc visant le parti HDP et appelle à amplifier la solidarité internationale avec toutes celles et ceux qui luttent contre la dictature en Turquie. TURQUIE : LA DICTATURE S’AMPLIFIE – AMPLIFIONS LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE (PCF) La dictature du président R.T. Erdogan vient de procéder à une nouvelle vague d’arrestations au sein du Parti démocratique des peuples (HDP) et du Congrès pour une Société Démocratique (DTK). Plus de 200 dirigeants de ces formations, essentiellement des Kurdes mais aussi des journalistes, sont désormais derrière les barreaux parce qu’ils s’opposent démocratiquement à la politique répressive de l’AKP qui a placé le pays sous le joug de la terreur et au bord du gouffre économique. Dans la perspective des élections municipales de mars 2019 le pouvoir veut étouffer la contestation qui grandit et éliminer le HDP. Cette violence est vouée à l’échec car les démocrates de Turquie poursuivent avec détermination leur combat courageux pour la liberté. R.T. Erdogan n’est pas parvenu à briser leur résistance.
Le Parti communiste français (PCF) exprime sa solidarité avec les 6000 dirigeants kurdes incarcérés et appelle à leur libération. Il condamne cette violence répressive et appelle la France et l’Union européenne à cesser leur complicité coupable avec ce régime qui piétine les droits humains. Parti communiste français Paris, le 16 octobre 2018

MSD : Le langage de menaces ne résoudra pas la crise syrienne

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SYRIE – Le MSD a protesté contre les propos du ministre syrien des Affaires étrangères selon lesquels leur cible après Idlib serait l’est de l’Euphrate et a souligné que le langage de menaces ne résoudra pas la crise et empêchera le dialogue.
 
Le porte-parole du Conseil démocratique syrien (MSD) Emced Osman a fait une déclaration et répondu au ministre syrien des Affaires étrangères, Velid Muallim, qui a déclaré que leur prochain objectif après Idlib serait l’Est de l’Euphrate :
 
« Le ministre syrien des Affaires étrangères, Velid Muallim, a publié une déclaration conjointe avec son homologue irakien, Ibrahim Jafari, et a déclaré que la situation à l’est de l’Euphrate était contraire à la constitution syrienne et que le gouvernement syrien viserait l’Est de l’Euphrate après Idlib.
 
Dans des déclarations précédentes, nous avions clairement indiqué que la vraie raison pour laquelle le dialogue avec Damas était bloqué était les anciens articles et les limites étroites imposées aux réunions par Damas. Nous n’acceptons pas les allégations selon lesquelles des puissances étrangères empêchent les réunions, et nous avons demandé au gouvernement de Damas de prendre des mesures pour atténuer les tensions en vue d’une solution politique sous forme nationale.
 
Les commentaires de Muallim prouvent que la constitution syrienne n’est pas suffisante pour les développements actuels. La constitution actuelle devrait être réexaminée et ouverte à la discussion. Parce que la constitution actuelle a ignoré les développements des 7 dernières années et de la crise, ainsi que la grande résistance des peuples. L’une des principales raisons de la crise syrienne est que la constitution syrienne est restée inchangée depuis le premier jour et a ignoré la demande de démocratie des peuples.
 
En attendant, nous soulignons qu’une voie militaire n’est pas une solution et que nous ne serons pas l’aile militaire de la guerre contre le gouvernement syrien. Les Forces Démocratiques Syriennes sont une force de défense et se protègent de l’ennemi. Les déclarations des responsables du gouvernement syrien n’apportent pas de solution et empêchent le dialogue. »
 

Malalai Joya : Les femmes courageuses du Kurdistan sont source d’inspiration

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Malalai Joya : « La lutte unie et organisée des femmes courageuses du Kurdistan, contre les brutes de Daesh et le régime du dictateur Erdogan est une source d’espoir et d’inspiration. »
 
Malalai Joya est une militante, écrivain et ancienne élue afghane. Elle a été députée au parlement afghan de 2005 à début 2007. Elle a publiquement dénoncé la présence de chefs de guerre et de criminels de guerre connus au Parlement. Ce qui a conduit à sa suspension en mai 2007.
 
Des protestations et des appels à sa réintégration ont été signés par des écrivains de renom, des intellectuels tels que Noam Chomsky, ainsi que des hommes politiques. Malalai Joya était récemment en Italie et elle a parlé à ANF de la situation en Afghanistan.
 
Elle a parlé avec chaleur des femmes kurdes qui, selon elle, « sont une source d’espoir et d’inspiration ».
 
Tout d’abord, pouvez-vous nous brosser un tableau de l’Afghanistan aujourd’hui ?
 
Après la tragédie du 11 septembre, les États-Unis et l’OTAN ont occupé notre pays sous le nom de «démocratie», «droits des femmes» et «droits de l’homme». Ils ont remplacé le régime barbare des Taliban par des seigneurs de la guerre fondamentalistes qui sont le credo de talibans et ont mené une guerre civile de 1992 à 1996, réduisant Kaboul en cendre et faisant plus de 70 000 morts civils. Le gouvernement était également composé de technocrates occidentaux qui, en échange de dollars et de pouvoirs, se compromettaient avec ces chefs de guerre à l’esprit médiéval.
 
Après plus de dix ans de «guerre contre le terrorisme» de la part des États-Unis et de l’OTAN et après avoir dépensé plus de 100 milliards de dollars, notre pays reste toujours en tête des conflits, de la pauvreté, du chômage, de la toxicomanie, de la corruption, de l’analphabétisme, mortalité maternelle et infantile… L’occupation étrangère n’a fait qu’ajouter d’autres problèmes à nos problèmes.
 
Aujourd’hui, des attentats à la bombe, des attentats suicides, des attaques de drones, des exécutions publiques, des viols et des viols collectifs, des enlèvements et autres tragédies menacent la vie de notre peuple. Les gens ne se sentent en sécurité nulle part, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de leurs maisons et les terroristes sont plus puissants aujourd’hui.
 
Dans cet tableau, y a-t-il une opposition aux seigneurs de la guerre qui semblent avoir plus de pouvoir que jamais ?
 
Pendant des décennies, les forces progressistes et les individus en Afghanistan se sont battus et ont résisté au fondamentalisme et à l’occupation étrangère. Ces chiffres et ces mouvements sont un espoir pour l’avenir de l’Afghanistan, car ils ont toujours fait entendre leur voix en faveur de la justice et de la paix, contre les criminels et les traîtres, malgré les risques d’emprisonnement, de torture et de mort. Bien qu’ils soient sous la menace, leurs slogans et objectifs sont ceux d’Afghans ordinaires. Un parti progressiste en Afghanistan, nommé Parti de la solidarité en Afghanistan, est dirigé par de braves jeunes. C’est un parti laïque et démocratique fortement soutenu par le peuple.
 
L’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan (RAWA) est une organisation de femmes qui exerce des activités clandestines. Leur chef, Meena, a été assassinée par des fondamentalistes.
 
Mon message aux peuples du monde épris de justice a toujours été de les soutenir, car ils sont la seule alternative pour un avenir prometteur en Afghanistan.
 
Quelle est la situation des femmes en Afghanistan aujourd’hui ?
 
Après plus de 16 ans de prétendue «libération des femmes afghanes» par les États-Unis et l’OTAN, les femmes afghanes sont malheureusement toujours les premières victimes de la situation désastreuse. La condition des femmes afghanes est aussi catastrophique qu’elle l’était sous le régime ignorant et misogyne des Talibans. Vous avez peut-être entendu le meurtre choquant de Farkhunda, âgée de 27 ans, qui a été sauvagement battue à mort par une bande de gangsters ignorants. Son corps a été brûlé publiquement à quelques kilomètres du palais présidentiel. L’assassinat a montré que les grandes revendications des gouvernements américain et occidental, des médias et de leurs marionnettes afghanes au sujet des droits des femmes dans le pays ne sont que de gros mensonges pour justifier la guerre et l’occupation en cours.
 
Malheureusement, nous assistons à des meurtres, des viols, des lapidations, des oreilles coupées, des femmes fouettées ou flagellées, des poursuites pour «crimes moraux» de la part du gouvernement, des toxicomanies, des mariages forcés et des enfants, des attaques à l’acide contre des filles, des violences domestiques, attaque sur les écolières ou leur empoisonnement, et autres. Pourtant, les auteurs de ces actes barbares ne sont pas poursuivis en justice, car les fondamentalistes et les traîtres au pouvoir sont également misogynes. Et la misogynie animale des talibans sauvages et d’autres laquais de l’Iran, du Pakistan et de l’Arabie saoudite est bien connue de tous.
 
La seule différence entre les années talibans et aujourd’hui est qu’il y a maintenant une poignée de femmes au sein du gouvernement, du parlement et de la soi-disant société civile qui servent de prémices à la propagande occidentale pour prouver la «libération des femmes afghanes». au monde. La plupart de ces femmes ne représentent pas nos femmes infortunées, mais plutôt les chefs de guerre sauvages au pouvoir dont le seul but est de servir leurs maîtres étrangers pour gagner des dollars. Les droits des femmes n’ont aucune importance pour elles car elles font partie du problème.
 
Vous avez ouvert la voie à l’autonomisation des femmes. Comment diriez-vous que les femmes réagissent à votre tentative ? Comment s’organisent-elles ?
 
J’ai reçu un fort soutien de femmes de différentes générations, en particulier de familles victimes des quatre décennies de guerre. Mon message aux femmes de mon pays a toujours été que la clé de la liberté de la femme est la prise de conscience et l’organisation ; que les femmes doivent briser les chaînes de leurs mains, de leurs pieds et de leur esprit et s’unir pour faire valoir leurs droits, au même titre que les courageuses femmes kurdes au combat épique. Les efforts pour organiser les femmes dont les souffrances sont 10 fois plus difficiles sont une tâche extrêmement difficile. Ces femmes souffrent d’analphabétisme, de manque de conscience et sont liées à d’innombrables autres formes d’oppression douloureuses dans la société féodale mâle-chauviniste. La première étape de l’organisation de ces femmes est l’éducation et la sensibilisation, politique et sociale, et leur implication dans les secteurs économiques. Malheureusement, nos femmes sont très loin d’atteindre ces exigences de base et de s’organiser en une force puissante et imparable. Cela ne signifie cependant pas que c’est impossible ou loin de la réalité. Si nous croyons que le changement est inévitable, nous devons également croire que le changement vient de la lutte révolutionnaire du peuple, en particulier des femmes. Cela ne peut pas et ne se produit pas sans une organisation réussie.
 
On parle beaucoup de la nécessité d’une organisation mondiale des femmes, d’un réseau qui pourrait être actif chaque fois que quelque chose se passe dans l’un ou l’autre pays. Pensez-vous que nous y arrivons ? En d’autres termes, estimez-vous que les organisations de femmes du monde entier ont suffisamment de solidarité et de soutien concret pour résoudre les problèmes auxquels les femmes afghanes sont confrontées ? Pensez-vous que les femmes dans les parlements d’autres pays, par exemple, font ce qu’elles devraient pour soutenir les femmes afghanes (ou les femmes du Moyen-Orient) ? (…) Vous sentez-vous seule ?
 
Je crois fermement en la solidarité internationale des hommes et des femmes du monde entier, en particulier aux forces et aux individus progressistes et espère qu’ils se joindront au peuple opprimé d’Afghanistan. Je ne me suis jamais sentie seule dans cette lutte importante. Heureusement, les gens merveilleux de nombreux pays à travers le monde ne m’ont pas laissée seule, et leur solide soutien me donne toujours plus d’espoir et de détermination. Au nom de mon peuple, j’ai reçu le soutien d’organisations pacifistes, anti-guerre, laïques, de gauche, féministes et de personnalités de différents pays du monde.
 
Cela dit, les femmes du monde entier doivent encore construire cet important réseau et nous sommes encore loin d’y arriver. La plupart des femmes du monde occidental subissent un lavage de cerveau à cause de la vaste propagande de leurs médias malhonnêtes, qui les éloigne de la réalité de notre pays et qui les éloigne des femmes afghanes qui souffrent et luttent. Il y a très peu d’organisations qui n’ont pas fermé les yeux sur la douleur des femmes afghanes et qui ne les soutiennent pas de différentes façons. Nous devons nous rappeler que la solidarité internationale réduit la distance à parcourir pour atteindre différents objectifs.
 
Il convient de mentionner que la mise en réseau d’ONG et d’organismes internationaux comme l’ONU s’est avérée inutile pour améliorer la situation des femmes afghanes pour plusieurs raisons. Malgré leurs slogans en faveur de l’alphabétisation et de l’autonomisation des femmes, leurs projets et objectifs sont à court terme et conformes aux intérêts stratégiques de leurs pays donateurs comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, etc. et ne s’attaquent naturellement pas aux causes profondes de cette situation désastreuse. Ces organismes s’opposent à la lutte politique qui est la réponse aux problèmes des femmes afghanes. Il n’y a pas de démocratie, de liberté et de progrès sans une prise de conscience et une lutte politique des femmes pour leurs droits, afin qu’elles puissent changer la situation du pays en leur faveur.
 
Les gens essaient de s’organiser, et c’est peut-être le meilleur exemple de cela qui se vit aujourd’hui dans le nord de la Syrie, où les Kurdes mettent en œuvre, avec les autres identités de la région, un nouveau modèle, appelé autonomie démocratique. Voyez-vous la lumière au bout du tunnel ?
 
Oui, il y a toujours de la lumière et de l’espoir, même si le tunnel est long et sombre. Je crois, et l’histoire l’a montré, que l’oppression ne peut pas prévaloir éternellement, qu’il y aura toujours une lutte révolutionnaire des masses qui briseront le dos des oppresseurs, aussi puissants qu’ils soient. Aujourd’hui, la preuve en est la lutte unie et organisée des hommes et des femmes courageux du Kurdistan, contre les brutes de Daesh et le régime du dictateur Erdogan, source d’espoir et d’inspiration. Il y a des luttes similaires partout dans le monde, comme en Amérique latine, en Inde, en Iran et ailleurs.
 
Pouvez-vous nous parler un peu de votre situation personnelle ? Comment vivez-vous ?
 
Ma vie est encore difficile alors que je poursuis ma lutte. Je ne peux toujours pas vivre avec ma famille et mon fils parce que je change souvent de maison. Je ne peux pas voyager librement, malgré la nécessité de le faire. Je ne peux pas non plus participer tout le temps à des activités comme des protestations et des entrevues pour élever ma voix, ce qui est tout mon but. Malgré tout cela, j’ai le sentiment que ma vie perdrait son sens sans mon combat, et ces difficultés sont un point sur le chemin que je suis en train de parcourir.
 

« Vendetta Song » ou les crimes d’honneur

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« Eylem Kaftan regarde les rues animées d’Istanbul par la fenêtre de sa chambre d’hôtel. Elle se prépare pour un voyage de 1 000 kilomètres, qui la conduira au cœur du territoire de ses ancêtres kurdes. Dotée de quelques indices, d’une vieille photo de famille et d’un brûlant désir de découvrir la vérité, la cinéaste montréalaise se rendra au cœur de la Turquie pour éclaircir un mystère vieux de 30 ans, le meurtre de sa tante Guzide. »
 
Le documentaire d’Eylem Kaftan, la cinéaste kurde installée au Canada, parle d’un sujet brûlant qui a encore lieu dans des régions reculées du Kurdistan : Les crimes dits « d’honneur » dont sont victimes les femmes.
 
Désireuse de connaitre le mystère qui entoure la mort de sa tante – qu’elle na jamais connue – tuée il y a plus de 30 ans, Kaftan se rend sur les lieux du « crime ». Elle n’a pas pu savoir avec certitude qui a tué sa tante. Mais elle a découvert la misère, le poids des traditions, les jeunes filles mariées de force, privées d’éducation et travaillant dur à la maison ou dans les champs…
 
Le documentaire à voir ici.
 
« Vendetta Song ne consiste pas seulement à résoudre un mystère. Tout au long de ce complot convaincant, des thèmes sous-jacents sont l’inégalité des sexes, les mariages arrangés, les vendettas familiales et le conflit civil entre les séparatistes kurdes et l’armée turque. (…) »
 
Image via umanitoba
Eylem Kaftan travaille sur un documentaire sur la jeunesse kurde. Plus d’information ici : https://multi-monde.ca/productions-multi-monde/les-collaborateurs/eylem-kaftan/