TURQUIE – Le 3 décembre 1994, deux attentats sanglants ont frappé les bureaux du journal kurde Özgür Ülke à Istanbul et à Ankara, faisant un mort et 23 blessés parmi les employés du journal. 26 ans après ce double attentat, l’État turc continue à persécuter les journalistes kurdes en les jetant en prison et à fermer les médias kurdes dans le but de les empêcher d’informer le public de ses crimes visant les Kurdes.
Le 3 décembre 1994, deux attentats à la bombe ont visé le siège du journal Özgür Ülke (Pays Libre), situé à Istanbul/Kadırga, et le bureau central à Cağaloğlu et au bureau d’Ankara. L’attaque sanglante a tué Ersin Yıldız (32 ans), distributeur, et blessé 23 employés.
« Les activités des médias soutenant les [organisations] séparatistes (…) sont récemment devenues une menace manifeste pour l’avenir de l’Etat [turc] et ses valeurs morales. Afin d’éliminer cette menace contre l’unité du pays et de la nation, des mesures doivent être prises … »
La justice turque a ordonné en février 1995 la fermeture du journal Özgür Ülke* qu’elle accusait de «faire de la propagande terroriste et séparatiste», même si elle n’a pas pu prouver que le journal avait un lien organique avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les auteurs du double attentat visant les locaux du journal kurde n’ont jamais été appréhendés. Depuis la disparition d’Özgür Ülke en 1995, 35 autres journaux kurdes ont vu le jour afin de maintenir la tradition des médias kurdes libres. Aujourd’hui, comme hier, les journalistes kurdes continuent leur métier d’informer le public, malgré les persécutions, les arrestations et les menaces de mort …
Özgür Ülke: Les racines des médias kurdes libres
Suite à la publication de nombreux journaux – tels que Halk Gerçeği (La vérité du Peuple), Yeni Halk Gerçeği (La nouvelle vérité du peuple), Yeni Ülke (Nouveau pays), Özgür Gündem (Agenda libre) et Welat (Patrie) – qui ont cherché à soutenir la lutte médiatique des Kurdes pendant les années 1990, Özgür Ülke (Pays Libre) a commencé à publier le 28 avril 1994 dans un climat de graves menaces et attaques contre les organes de presse kurdes et les Kurdes.
En raison de la censure et des interdictions continues, la presse kurde a dû trouver des moyens alternatifs pour survivre. Elle s’est maintenue à travers six journaux différents qui ont fonctionné à différentes époques sur une période de quatre ans. Özgür Ülke a été lancé dans ce contexte politisé. 220 de ses 247 numéros ont été soumis à la censure et ont été interdits.