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Le voyage surprise du ministre turc de la Défense en Irak témoigne d’une escalade du conflit kurde

IRAK – La visite surprise du ministre turc de la Défense à Bagdad, dans un contexte de tensions accrues liées aux opérations transfrontalières turques contre le PKK au Kurdistan d’Irak, suggère un effort diplomatique concerté, signalant peut-être les préparatifs de nouvelles campagnes militaires dans la région.

Le ministre turc de la Défense, Yaşar Güler, a effectué mardi une visite inopinée en Irak, accompagné du chef d’état-major turc Metin Gürak. Cette visite surprise intervient à un moment de tensions accrues concernant les opérations transfrontalières en cours de la Turquie contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur le territoire irakien.

Le ministère turc de la Défense a annoncé la visite sans donner de détails précis sur les réunions et discussions attendues. Cependant, cette visite fait suite à un récent voyage à Bagdad d’Ibrahim Kalın, le chef de l’Organisation nationale du renseignement (MIT) turc. Au cours de sa visite, Kalın a rencontré divers hauts responsables en Irak, dont le président du pays, le Premier ministre et des représentants de groupes chiites, sunnites et turkmènes, ainsi que des responsables de la région du Kurdistan, signalant un effort diplomatique concerté de la part de la Turquie.

Les analystes pensent que ces efforts diplomatiques, en conjonction avec les informations faisant état d’une mobilisation militaire dans la région, pourraient être une indication des préparatifs d’une éventuelle nouvelle vague de campagnes militaires turques contre les guérilleros kurdes dans la région.

Les relations entre la Turquie et l’Irak sont depuis longtemps tendues, en grande partie à cause des opérations turques et des frappes de drones contre le PKK. L’Irak a condamné à plusieurs reprises les opérations militaires turques et les attaques de drones contre des membres présumés du PKK et des positions à l’intérieur de ses frontières, les qualifiant de violation de sa souveraineté.

La Turquie a considérablement augmenté ses frappes de drones ces dernières années, en mettant particulièrement l’accent sur les zones urbaines d’Irak et de la région du Kurdistan, dans le but de cibler des positions suspectées du PKK. Ces frappes ont souvent fait des victimes, notamment des civils, et ont été un sujet de discorde entre les deux pays voisins.

Pourtant, la Turquie continue de justifier ses attaques militaires en arguant que son droit de légitime défense en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations Unies couvre les opérations aériennes et terrestres transfrontalières en Syrie et en Irak. Des experts juridiques internationaux et des groupes de défense des droits de l’homme affirment cependant que ces attaques constituent une violation du droit international.