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TURQUIE. L’affaire du massacre d’une famille kurde menacée par le délai de prescription

TURQUIE / KURDISTAN – Trente ans après que des soldats turcs ont brûlé vifs neuf membres d’une famille kurde dans la province de Mus, l’unique accusé est toujours en fuite et l’affaire controversée pourrait bientôt être abandonnée pour délai de prescription.

Un officier turc a perdu la vie dans un affrontement qui a eu lieu le 2 octobre 1993 dans la zone rurale de la ville de Vartinis (Altınova) dans le district de Têlî (Korkut) de Mûş. Après le conflit, les militaires venus récupérer le corps de l’officier ont ouvert tiré en l’air et déclaré aux villageois « Nous viendrons brûler votre village ce soir ». Le lendemain, c’est-à-dire le 3 octobre 1993, les militaires sont revenus dans le village et y ont mis le feu, prétendant que les villageois aidaient la guérilla kurde (PKK).

À la suite de l’incendie de leur maison, le couple Nasır et Eşref Öğüt ont perdu la vie avec leurs 7 enfants, dont l’aîné avait 12 ans et le plus jeune n’avait que 3 ans. Aysel Öğüt, la seule survivante de la maison, a ensuite déposé une plainte pénale concernant le massacre.

Mais l’acte d’accusation initial accusait le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), malgré les preuves d’une implication militaire. Après avoir traîné pendant une décennie, l’affaire a été rouverte en 2003, mais bloquée en raison de querelles juridiques sur la compétence.

Finalement, en 2011, les procureurs ont inculpé quatre soldats, dont le capitaine de gendarmerie Bulent Karaoglu, alors commandant du district. Cependant, l’affaire a été rapidement transférée de Mus à Kirikkale, prétendument pour des raisons de sécurité.

Trois accusés ayant été acquittés, Karaoglu reste le seul accusé. Malgré un mandat d’arrêt, il n’a toujours pas été arrêté. Sans son arrestation, l’affaire ne pourra pas avancer et risque d’expirer en octobre 2023.

Les avocats de la famille Ogut dénoncent l’absence de progrès et déclarent que le fait de ne pas demander des comptes à quiconque aggrave l’injustice. Ils accusent les autorités d’indifférence et d’inaction alors qu’un tueur est en liberté.