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TURQUIE. Le chef d’un groupe jihadiste syrien diplômé d’une université turque

TURQUIE – La politicienne kurde syrienne, Havrin Khalaf, a été assassinée par le groupe jihadiste Ahrar al-Charkiya sous commandement de la Turquie le 12 octobre 2019, lors d’attaques d’invasion turco-jihadistes contre Ras al-Aïn (Serê Kanîyê) et Girê Spî. En juillet 2021, le Trésor américain avait bloqué les avoirs et interdit toute transaction avec le groupe qui a entre autre tué Hevrîn Xelef et commis d’innombrables crimes de guerre en Syrie. Abou Hatem Shaqra, un des commandants du groupe Ahrar al-Charkiya, a été diplômé de l’Université de Mardin Artuklu, où il s’est inscrit sous un faux nom.

Abu Hatem Shaqra à la cérémonie des remises des diplômes

Abu Hatem Shaqra (ou Abou Hatem), qui s’est inscrit sous le nom d’Ahmed Ihsan Fayyad al-Hayes au Département de sciences politiques et de relations internationales de l’Université d’Artuklu, a arboré le drapeau de l’Armée syrienne libre (FSA-ASL) lors de la remise des diplômes.

Abu Hatem Shaqra, l’un des commandants d’Ahrar al-Sharqiya, connu pour de nombreuses violations des droits humains et condamné par la communauté internationale pour avoir commis des crimes de guerre, a étudié en Turquie et est maintenant diplômé du département des sciences politiques et des relations internationales de l’Université Mardin Artuklu, dans la province kurde de Mardin.

Lors de la cérémonie de remise des diplômes qui s’est tenue le 6 juin, Abu Hatem Shaqra portait une robe universitaire sur laquelle le nom d’Ahmad Ihsan Fayyad Al-Hayes, le chef d’Ahrar al-Sharqiya, était écrit en lettres arabes.

Abu Hatem Shaqra a également déployé un drapeau de l’Armée nationale syrienne (Anciennement Armée syrienne libre) le jour de la remise des diplômes avec un grand groupe de personnes.

Sur la liste des sanctions des États-Unis

Ahrar al-Sharqiya est accusé de l’assassinat de nombreux civils en Syrie, et surtout de la politicienne kurde Hevrin Xelef, secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie.

L’organisation est sur la liste des sanctions des États-Unis et Abu Hatem Shaqra est l’une des personnes qui figurent sur la liste des sanctions.

Le bureau du haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a annoncé à la même période que l’organisation avait commis des crimes de guerre.

Abu Hatem Shaqra aux réunions du SNC. Photo: etilaf.org

Shaqra a été vue en train de participer à la réunion de la Coalition nationale des forces révolutionnaires et d’opposition syriennes soutenue par la Turquie (communément appelée SNC) le 23 novembre 2020.

Photo : Twitter

En février 2019, le compte Twitter d’Ahrar al-Sharqiya a publié une photo montrant Abu Hatem recevant un prix des forces de sécurité locales soutenues par la Turquie à Raco, dans le canton kurde d’Afrin, en Syrie, occupée par les forces turco-jihadistes.

Hevrîn Xelef

Ahrar al-Sharqiya, fondée au début de 2016 par une unité liée à l’Ahrar al-Sham, a été évoquée en relation avec le meurtre de la femme politique kurde, secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie, le 12 octobre 2019, sur l’autoroute internationale de Qamilshlo.

Capturée sur l’auto-route M4, près du village de Tirwazî, entre Soulouk et Tall Tamer, la secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie, a été violée et lapidée par les membres du « Bataillon 123 » de la milice djihadiste « Ahrar al-Sharqiya », allié de la Turquie. Ses bourreaux ont aussitôt diffusé sur les réseaux sociaux les images de son calvaire qu’ils ont filmé.

Une enquête de BBC Arabic intitulée « Le meurtre d’une pacifiste syrienne » a révélé qu’il existait des preuves convaincantes qu’Hevrin Halef avait été tuée lors de « l’opération Source de paix », une opération militaire menée par l’armée turque par une fraction de « l’armée nationale syrienne ». Cependant, Ahrar al-Sharqiya rejette la responsabilité du meurtre de Xelef.

 

Un rapport de Human Rights Watch (HRW), basé à New York, publié en juillet 2018, indique que certaines organisations, dont des membres d’Ahrar al-Sharqiya, sont responsables du pillage des biens des personnes.

Amnesty International, d’autre part, a déclaré que la même organisation kidnappe des personnes portées disparues, procède à des arrestations arbitraires et pille les biens des civils.

*Abu Hatem Shaqra avec deux Kurdes qu’il a pris en otage.

Une autre accusation portée contre Ahrar al-Sharqiya la construction d’une grande prison à l’extérieur d’Alep où des centaines de personnes ont été exécutées jusqu’à présent. Le groupe qui en détient également contre rançon ciblant d’éminents hommes d’affaires et personnalités de l’opposition à Idlib et Alep aurait recruté d’anciens membres de l’EI.

Bianet