AccueilFemmesLIVRE. Bese Anuş, une des premiers guérilleros kurdes, revit dans un roman

LIVRE. Bese Anuş, une des premiers guérilleros kurdes, revit dans un roman

Le roman biographique « Basê » relate la vie de Besê Anuş (prononcer Bassé Anouche), une jeune Kurde-alévie de la région de Maras devenue un des premiers combattants et martyrs du PKK dans les années 1980, a été publié par les éditions Meyman en kurde et en turc. Écrit dans les années 2000 à partir de témoignages, le livre sera également publié par le journal Newaya Jin.

 
 
Écrit dans les années 2000 à partir de témoignages, le livre sera également publié par par le journal Newaya Jin.
 
L’histoire de la vie et de la lutte de Bese Anuş dans son livre biographique est basée sur les témoignages de personnes qui l’ont connue.
 
Besê Anuş, une figure historique de la lutte de libération kurde, a voyagé de village en village avant de rejoindre la guérilla, organisant la population locale pour protéger son identité, sa terre, sa langue et ses croyances.
 

Survivante du massacre des Kurdes-alévis de Maraş et victime du putsch militaire du 12 septembre 1980

Besê Anus, prononcé Bassé Anouche

Suite à la déclaration du PKK, l’État colonialiste turc a lancé une campagne massive de massacres dans la région en décembre 1978. Les motivations de Besê pour le combat se sont renforcées après avoir été témoin du massacre de Maraş.

Lors du coup d’État du 12 septembre 1980, Maraş était l’une des régions les plus ciblées. Besê a été détenu et soumis à de graves tortures.

L’un de ses tortionnaires a admis le courage infaillible de Besê, qui a été couchée sur la table de torture et dont le corps a été couvert de blessures, en disant : « Je l’ai torturée de mes propres mains. Nous n’avons pas pu lui arracher un mot. À tout le moins, nous voulions la faire crier, mais peu importe ce que nous essayions, nous n’avons pas pu le réussir… »

Femme pionnière 

Besê, furieuse des tortures les plus abjectes qu’elle a endurées entre les mains après que son jeune époux a rejoint le PKK et de la brutalité de l’État turc dans cette région kurde-alévie, a rejoint un petit groupe de guérilla dans la région.

En guise de témoignage, elle a dit les mots suivants à ses compagnons alors qu’elle était assise près du feu :

« Si je deviens martyre, je crois que des centaines de femmes lèveront le poing pour me soutenir et que des milliers de femmes se battront dans les montagnes du Kurdistan. »

Besê était la seule à se réveiller le 17 mars 1981, alors que les premiers rayons de l’aube apparaissaient à l’horizon dans les montagnes de Nurhak.

Besê a instantanément réveillé ses amis après avoir réalisé qu’ils étaient encerclés.

« … Elle était à bout de souffle, malgré la blessure au pied, au milieu des balles qui tombaient sur elle. Elle ne pouvait pas aller plus loin et s’est jetée dans la rivière Aksu… Elle a été prise entre les balles qui se précipitaient sur elle comme la pluie… Étant encerclée de tous les côtés [par les soldats turcs], il était évident qu’il n’y avait aucun moyen de s’échapper en toute sécurité en combattant. Besê est entrée dans l’eau, jusqu’aux genoux. Elle a pointé son arme (…) et a tiré en marchant (…) malgré les centaines de fusils automatiques qui tiraient encore sur elle. Et lorsque la rivière Aksu rougit du sang du corps blessé de Besê et du sang coulant de ses lèvres et de son nez, toutes les armes se turent… Par ordre du commandant, le corps blessé de Besê, enveloppé dans une couverture, a été emmené dans la plaine sur la pente inférieure du village de Musolar [Dî Mûsê, en kurde] et y a été détenu pendant des heures.

La stratégie d’intimidation du commandant a échoué et une foule immense a emporté Besê sur ses épaules [jusqu’à la petite ville de Pazarcik, Markaz, en kurde, plus bas dans la pleine]. »

Une période importante dans l’histoire dans l’histoire des femmes kurdes

Elif Ronahi, membre du Conseil présidentiel du KCK et l’une des camarades de Besê Anuş, rappelle que Besê Anuş a joué un rôle important pour dissiper le climat de terreur produit par l’État turc dans la région et défendre les victimes face au génocide.

Selon Elif Ronahi, publier le roman biographique sur la vie et le combat de Besê Anûş signifie rapprocher les femmes kurde d’un moment important de leur propre histoire.

Müslüm Güler, qui a participé à la planification et à la composition du roman et a publié ses réflexions à ce sujet sous le titre « Quelques mots », a pris les notes suivantes sur Besê :

« … Besê était l’une de celles qui, en tant que femme, ont consacré leur vie dans cette dernière guerre pour contribuer à une solution humaine en assumant la douleur de la société dans son corps et sa conscience. La lutte de Besê est particulièrement importante car elle a coïncidé avec les premières années de l’intensification du conflit, et elle a été la première des femmes à mourir dans cette guerre. »