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Depuis 25 ans, les mères du samedi s’arment d’oeillets contre la police turque

TURQUIE – ISTANBUL – Il y a 25 ans, les mères du samedi descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus. Aujourd’hui, elles ont organisé leur 792 rassemblement au 25ème anniversaire de leur action et ont jeté des œillets contre les barrières de la police qui a fermé la place.
Pour les « mères du samedi », l’État turc n’a jamais enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.

Il y a vingt-cinq ans, le 27 mai 1995, des mères se sont installées pour la première fois sur la place Galatasaray, au centre d’Istanbul, pour protester contre la pratique répandue consistant à tuer des personnes (majoritairement des Kurdes) en détention et à faire disparaître les corps.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de la Turquie.
Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Depuis le début de la Pandémie de coronavirus, leurs actions ne se sont déroulées qu’en ligne.
 
À l’occasion de l’anniversaire, les mères du samedi ont de nouveau tenté aujourd’hui de se rendre sur leur lieu ancestral de l’avenue Istiklal pour faire une déclaration. Elles étaient soutenues par la présidente de la branche d’IHD d’Istanbul, Gülseren Yoleri. Cependant, la place avait déjà été bouclée par des barrières et il était interdit aux femmes d’entrer. Les femmes et leurs partisans ont ensuite jeté des œillets au-dessus de la barrière et exprimé par des slogans qu’elles n’arrêteraient pas de chercher leurs proches disparus.
 
Maside Ocak, dont le frère Hasan Ocak a disparu après son arrestation le 21 mars 1995 et dont le corps a ensuite été enterré dans une tombe anonyme, a prononcé un bref discours dans lequel elle a souligné que la lutte des mères du samedi se poursuivait.
 
Hasan Karakoç, dont le frère Ridvan Karakoç a disparu en 1994 également enterré de manière anonyme, a fait une déclaration similaire. « Nous avons passé notre jeunesse sur cette place. Nous venons ici pour que plus personne ne disparaisse après l’arrestation. Nous le faisons depuis un quart de siècle. Même si 6000 ans passent, cette lutte ne sera pas abandonnée. Elle est une honte pour ce pays. Des milliers de personnes ont été brutalement assassinées. Maintenant, leurs petits-enfants se battent pour eux. »