AccueilKurdistanBakurLe réservoir du barrage Ilisu se remplit malgré la mobilisation populaire

Le réservoir du barrage Ilisu se remplit malgré la mobilisation populaire

Les images satellites du 7 septembre 2019 montrent que le niveau du réservoir du barrage d’Ilisu continue d’augmenter. Le niveau du réservoir d’Ilisu affecte déjà un tiers de la surface de la rive du Tigre qui sera inondé. Au moins 20 villages sont déjà inondés. Si cela continue, le niveau des eaux du barrage atteindra bientôt Hasankeyf et augmentera la destruction écologique, sociale et culturelle. (Image via Ercan Ayboga du collectif Hasankeyf Matters)
 
Malgré ce bras de force engagé par les autorités turques, la lutte contre ce projet de destruction, d’exploitation et d’hégémonie se poursuit. L’ONG de protection d’Hasankeyf appelle tout le monde à se joindre à la Journée mondiale d’action pour Hasankeyf le 14 septembre.
 
La coordination de la protection d’Hasankeyf a publié un communiqué pour le 14 septembre : « Où que vous soyez dans le monde, emportez vos instruments, jouez et / ou chantez des chansons pour la vallée du Tigre menacée. Dessinez votre Hasankeyf, le Tigre et d’autres habitats et espèces menacés sur la toile, le papier, les murs ou le sol à l’aide de votre pinceau, de votre stylo ou de vos mains. »

Les dangers du barrage Ilisu
 
« Si la biodiversité riche et unique (…) du Tigre et ses nombreux affluents est détruite, le climat de la région changera encore plus rapidement. La ville antique d’Hasankeyf qui a été le berceau de nombreuses civilisations de manière ininterrompue, pendant 12 mille ans est menacée de disparition. Dans le musée à ciel ouvert d’Hasankeyf, au moins 300 monticules n’ont pas encore été fouillées. Plus de 80 000 personnes vivent dans 200 localités [autours d’Hasankeyf]. Cela signifie perdre une mémoire profonde. Depuis que le Tigre traverse l’Irak, les peuples qui y vivent se sont construits autour du Tigre depuis des milliers d’années. Par conséquent, le barrage Ilısu accouchera des effets que nous pouvons qualifier d’une catastrophe là-bas également », déclaré la coordination.
 
« Il y a tant de valeur que nous pouvons sauver »
 
« Élevons nos voix contre Ilisu, un projet de destruction et d’exploitation, avec l’art que nous produirons et présenterons avant et le 14 septembre. Malgré toutes les protestations, nous avons réalisé le 23 juillet 2019 que le gouvernement [turc] avait commencé à remplir [le réservoir d’Ilisu] et qu’il voulait nous mettre face à un fait accompli. Mais nous n’accepterons jamais cela maintenant ou à un stade ultérieur. La vallée du Tigre n’est pas encore perdue, il y a tant de valeurs que nous pouvons sauver. Tout d’abord, il y a de l’espoir pour la nature, la culture et les lieux de vie », a poursuivi la coordination.
 
« Nous pouvons arrêter le projet »
 
« Où que vous soyez dans le monde le 14 septembre, prenez vos instruments et jouez dehors ou chez vous et / ou chantez vos chansons pour le patrimoine culturel et naturel de la vallée du Tigre menacée. Avec votre pinceau, votre stylo ou vos mains, dessinez sur la toile, le papier, les murs ou le sol Hasankeyf, le Tigre et d’autres espèces et habitats menacés. Pour Hasankeyf (…) nous avons forcément quelque chose à faire. Hasankeyf et le Tigre vous attendent, toi et moi. Ne laissons pas arracher le cœur de notre [région] pour faire gagner plus d’argent à quelques entreprises et pour que le gouvernement [turc] développe ses politiques de domination. (…) », a ajouté la coordination d’Hasankey qui vous invite à partager vos photos et vidéos d’actions pour Hasankeyf avec le hashtag qui sera donné le 14 septembre par leur compte Twitter.
 
Jusqu’à présent, d’autres actions de ce genre en été réalisées et partagées avec le hashtag #HasankeyfİçinGeçDeğil (il n’est pas trop tard pour Hasankeyf).
 
Pourquoi Hasankeyf doit être protégée ?

Premièrement, Hasankeyf est le patrimoine culturel du monde entier avec ses plus de 12 000 ans d’histoire laissée par de nombreuses civilisations successives telles que les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Byzantins, les Omeyyades, les Abbassides, les Artuqides, les Kurdes, etc.
Hasankeyf compte plus de 5000 grottes, 300 monticules et n’a pas encore livré tous ses secrets, fautes de fouilles archéologiques…

Deuxièmement, ce grand barrage d’Ilisu va chasser de leurs terres les populations qui vivent dans cette région depuis des millénaires.

Troisièmement, la réduction du débit des eaux du Tigre asséchera les marais située dans le sud de l’Irak causant une autre catastrophe écologique dans une région déjà dévastée par les changements climatiques et sécheresses répétées, tandis que la nature d’Hasankeyf sera engloutie par le barrage Ilisu alors que la Turquie l’avait déclarée « zone de conservation naturelle » en 1981.

Quatrièmement, avec ce barrage, l’État turc prendra le contrôle des ressources en eau et sera en mesure de couper l’eau du Tigre à tout moment, affectant ainsi l’Irak. L’eau est très importante non seulement pour les Kurdes, mais aussi pour les Arabes et l’Irak. L’eau du Tigre ne doit pas être une arme de guerre laissée entre les mains du pouvoir turc.