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TURQUIE. Explosion du nombre de prisons « campus » surpeuplées

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TURQUIE / KURDISTAN – Le journaliste Mustafa Eren alerte sur l’explosion du nombre de prisons « campus » qui ont vu le jour sous le règne d’AKP (parti du président Erdogan), dont bon nombre accueillent les dizaines de milliers de prisonniers politiques kurdes.

Dans son article publié par le site Bianet, Mustafa Eren signale que « la politique carcérale du régime AKP résulte non seulement d’une logique de punition, mais aussi d’une pratique d’instauration d’un ordre politique et social. Par conséquent, penser aux prisons, c’est parler non seulement des prisonniers, mais aussi des limites de notre liberté ».

Voici des extraits de l’article de Mustafa Eren:

 

Une explosion du nombre de prisonniers : de 50 000 à 400 000

En 2002, lorsque l’AKP est arrivé au pouvoir, la Turquie comptait 524 prisons, pour une capacité totale de 73 725 places, contre 59 512 détenus la même année. Autrement dit, environ 15 000 lits étaient vides. Vingt-trois ans après l’arrivée au pouvoir de l’AKP, la Turquie comptait 395 prisons, pour une capacité totale de 299 940 places. Le nombre de détenus a dépassé les 400 000 (au 7 avril 2025, il était de 403 060. Autrement dit, plus de 100 000 détenus dorment à même le sol, malgré une capacité multipliée par plus de cinq).

Si l’on inclut les personnes en liberté surveillée, un système instauré en Turquie en 2005, on obtient une image plus réaliste. Au 31 mars 2025, 448 790 personnes étaient en liberté surveillée en Turquie. [2] Autrement dit, début 2025, le nombre total de détenus, de condamnés et de personnes en probation en Turquie dépassait les 850 000. Il s’agit de l’exemple le plus flagrant de la criminalisation créée en Turquie par les 23 années de règne de l’AKP. Le nombre de prisonniers a augmenté de 577 %. Si l’on inclut le nombre de personnes en probation dans cette augmentation, ce chiffre atteint 1 331 %.

(…)

Le travail des prisonniers : une exploitation invisible du travail

 

Du point de vue des droits humains, deux aspects de cette transformation méritent d’être soulignés. Le premier est que le gouvernement AKP a transformé les prisons en lieux d’exploitation par le travail des prisonniers. En 2024, les prisons turques employaient 58 193 détenus, ce qui a permis à l’organisation provinciale du Département des ateliers de gagner 25 913 39 882 lires. La part de ce revenu versée aux détenus sous forme de salaire journalier ne représente que 756 817 630 lires. Même en y ajoutant les 69 41 598 lires versées au titre des primes d’assurance, on constate que seulement 3,18 % de ces revenus sont reversés aux détenus.

(…)

Le nouveau régime d’exécution pénale : isolement et « campusisation »

 

En 2002, lorsque l’AKP est arrivé au pouvoir, on comptait 525 prisons pour une capacité de 73 725 places. En mars 2025, on en comptait 395, soit une capacité d’accueil de près de 300 000 places, même si le nombre de prisons était nettement inférieur. Cette évolution s’explique par la fermeture des prisons à faible capacité et l’ouverture de nouvelles prisons à forte capacité, largement basées sur le système cellulaire.

(…)

Le régime de plus en plus autoritaire et nos libertés

Comme indiqué dans la législation, ces prisons de type cellulaire sont utilisées pour :

  • « crimes organisationnels », c’est-à-dire les prisonniers politiques et les « crimes organisés »,
  • prisonniers condamnés à des peines de prison à vie aggravées,
  • « criminels dangereux ».

Le fait que toutes les nouvelles prisons construites ces dernières années soient des prisons cellulaires témoigne clairement de l’utilisation par le gouvernement du régime d’application des peines comme moyen d’oppression et d’intimidation contre « l’opposition organisée ». L’augmentation du nombre de détenus, de 50 000 à 400 000, et la création de cités pénitentiaires appelées « campus » d’une capacité supérieure à 10 000 personnes témoignent de l’ampleur de cette répression et de cet intimidation.

La structure de plus en plus autoritaire du régime actuel signale non seulement que cette tendance va s’intensifier, mais l’état actuel du système pénal témoigne également de son aggravation. Rien n’indique le contraire.

La politique carcérale du régime AKP résulte non seulement d’une logique de punition, mais aussi d’une pratique d’instauration d’un ordre politique et social. Par conséquent, penser aux prisons, c’est parler non seulement des prisonniers, mais aussi des limites de notre liberté.

L’intégralité de l’article (en anglais) à lire ici: AKP, criminalization and the Republic of ‘Campus’ Prisons

ITALIE. La ville de Florence décerne la citoyenneté d’honneur à Pakhshan Azizi

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ITALIE – La ville métropolitaine de Florence a décerné la citoyenneté d’honneur à Pakhshan Azizi*, journaliste et activiste kurde condamnée à mort par la Cour suprême iranienne pour ses activités humanitaires au Rojava, en Syrie.
 
 
Le lundi 14 avril, le conseil municipal a accordé officiellement la citoyenneté d’honneur à Pakhshan Azizi en présence de la maire Sara Funaro qui a déclaré:
 
« C’est un moment important. Florence est toujours aux côtés de ceux qui luttent pour les droits et la liberté. La peine de mort a été abolie ici pour la première fois, et c’est pourquoi l’attribution de la citoyenneté d’honneur à Pakhshan Azizi revêt aujourd’hui une signification encore plus importante, car dans de trop nombreux pays, la peine de mort reste une pratique répandue. C’est ce qu’a déclaré la maire Sara Funaro, qui s’est exprimée au Conseil municipal pour l’attribution de la citoyenneté honoraire à Pakhshan Azizi. Chacun de nous, à tous les niveaux, doit rester vigilant, faire entendre sa voix et soutenir ceux qui s’engagent pour la protection des droits des femmes, des enfants et des hommes, a déclaré le maire. Nous ne pouvons pas le payer de notre vie, c’est inacceptable. Notre espoir est de pouvoir accueillir et accueillir ici, dans notre ville, Pakshkan Azizi et tous ceux qui luttent pour la liberté.
 
Florence est une ville médaillée d’or de la Résistance ; nombre de nos concitoyens ont sacrifié leur vie pour la liberté, afin que nous puissions vivre aujourd’hui en démocratie. Aujourd’hui encore, notre ville continue de défendre ces valeurs, grâce également à toutes les associations et organisations qui s’y engagent chaque jour et qui font de notre communauté une communauté formidable. Je tiens à remercier sincèrement l’ensemble du conseil municipal, majorité et opposition, car lorsque des questions importantes se posent, liées à la liberté des citoyens et aux droits humains fondamentaux, notre conseil municipal est toujours là. »
 
*La journaliste et militante kurde Pakshan Azizi (Pexşan Ezizi) a été arrêtée à Téhéran le 4 août 2023. Le 11 décembre 2023, elle a été arrêtée pour « participation à des activités armées contre l’Iran ». Le 23 juillet 2024, le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Pexshan Ezizi à mort pour le même chef d’accusation. La Cour suprême d’Iran a approuvé cette condamnation à mort le 8 janvier 2025.
 
 

ROJAVA. Un jeune Yézidi sauvé des mains de DAECH par les forces arabo-kurdes

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SYRIE / ROJAVA – Les forces arabo-kurdes ont sauvé des mains du groupe terroriste DAECH Othman Khairu Khodi Da, un Yézidi kidnappé à l’âge de 8 ans avec des milliers d’autres civils yézidis à Shengal en août 2014.

Lors d’une opération de sécurité spéciale menée le 12 mars 2025, les équipes d’opérations militaires (TOL) des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont réussi à libérer un jeune Yézidi (19 ans) qui avait été capturé avec sa famille par des militants de l’EI lors de leur attaque brutale sur Shengal (Sinjar) le 3 août 2014.

Dans un communiqué concernant l’opération, le centre de presse des FDS a déclaré : « Nos forces ont réussi à libérer Othman Khairu Khodi Da, un Yézidi kidnappé, des griffes de l’organisation terroriste, plus de onze ans après son enlèvement. Othman est originaire du village d’Al-Wardiya, dans la région de Shengal, qui a été le théâtre de massacres à grande échelle perpétrés par l’EI, où des milliers d’hommes, de jeunes et de personnes âgées ont été tués, et plus de sept mille femmes et filles ont été enlevées. Othman a été l’une des victimes de ce massacre. »

Othman a raconté son enlèvement : « Je suis né en 2006 et je n’étais qu’un enfant lorsque Daech m’a enlevé en 2014. Après avoir été capturé avec ma famille, Daech nous a séparés, mon frère et moi. » Il a confirmé être resté trois mois à Mossoul, en Irak, avant d’être séparé de son frère. Daech l’a ensuite envoyé, avec soixante autres enfants yézidis, à Al-Bukamal, en Syrie.

Décrivant son passage au sein du groupe terroriste, Othman a déclaré : « Après notre arrivée à Al-Bukamal, l’EI nous a soumis à un cours religieux de trois ans, au cours duquel on m’a donné le nom d’Oussama Al-Sinjari. Nous avons ensuite été transférés dans le désert syrien pour suivre une formation militaire, où nous sommes restés trois ans supplémentaires. J’ai ensuite été muté dans le désert de Homs comme combattant dans les rangs de l’EI, où j’y suis resté quatre ans supplémentaires. Durant cette période, j’ai été blessé à la jambe droite par l’explosion d’une mine.

Fin 2024, alors que je recevais des soins dans l’une des cachettes de l’EI dans le désert de Homs, la cachette a été frappée par une frappe aérienne intense des forces de la coalition internationale, qui a entraîné la mort de 20 terroristes, dont des dirigeants de haut rang, et j’ai miraculeusement survécu au bombardement. »

En conclusion, Othman a exprimé sa joie d’être libéré et a exprimé sa gratitude aux Forces démocratiques syriennes pour l’avoir libéré, lui et des milliers d’autres Yazidis, en particulier des femmes, des griffes de l’EI.

Le sort de milliers de Yézidis, en particulier des femmes, demeure inconnu. Nombre d’entre eux ont été vendus sur des marchés aux esclaves établis par Daech dans des villes comme Raqqa, Mossoul, Deir ez-Zor et Al-Bukamal. Cependant, les forces des FDS ont réussi à libérer des milliers d’entre eux et à les réunir avec leurs familles à Shengal. (ANF)

TURQUIE. Le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe a encore zappé Imrali

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TURQUIE – Une délégation du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) a mené des inspections dans certaines prisons et centres de détention de Turquie entre le 7 et le 11 avril. Mais elle a de nouveau zappé l’île prison d’Imrali où le leader kurde Ocalan est tenu en isolement total depuis plusieurs années en toute illégalité.

Le site du CPT déclare que « l’objectif principal de la visite était d’examiner le traitement et les garanties accordées aux personnes privées de liberté par la police, en particulier dans le contexte des manifestations publiques en cours depuis le 19 mars 2025.

 

A cette fin, la délégation a visité les principaux locaux de détention de la police d’Ankara et d’Istanbul. Elle a également effectué des visites ciblées dans les établissements pénitentiaires de Metris, Marmara et Sincan dans les zones métropolitaines d’Istanbul et d’Ankara, afin de mener des entretiens avec des personnes récemment placées en détention provisoire. »

L’île prison d’Imrali ne figure pas dans la liste des prisons visitées par la délégation du CPT.

 

La délégation du CPT en visite comprenait le président du CPT, Alan Mitchel, à qui de nombreuses personnalités et institutions internationales avaient envoyé des lettres en raison des conditions d’isolement sévères imposées au leader kurde Abdullah Öcalan, ainsi que les experts Nico Hirsch, Therese Rytter et Juan Carlos de Silva Ochoa.
La délégation a rencontré le ministre de la Justice Yılmaz Tunç, le vice-ministre de l’Intérieur Münir Karaloğlu, le directeur général des prisons et des maisons d’arrêt Enis Yavuz Yıldırım, le directeur général adjoint de la sécurité Ömer Urhal et des hauts fonctionnaires des ministères de la Justice et de l’Intérieur, indique le communiqué. Il a également été indiqué que les premières conclusions obtenues lors de la visite ont été transmises aux autorités turques.
La délégation du CPT ne s’est pas rendue sur l’île prison d’Imrali où elle s’est rendue pour la dernière fois en 2022, mais n’avait pas rendu public le rapport de cette visite. (Agence Mezopotamya)

TURQUIE. Des Alévis à l’origine de « l’Initiative des femmes pour la Syrie »

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TURQUIE – Des organisations alévies ont cofondé « l’Initiative des femmes pour la Syrie » suite aux massacres des Alévis et kidnappings des femmes alaouites en Syrie. Lors de la réunion fondatrice de l’Initiative, la coprésidente du DAD, Kadriye Doğan, a appelé à la tenue d’une « chaîne humaine » à Hatay contre le massacre des Alaouites le 24 avril prochain.

 

Les forces paramilitaires affiliées au gouvernement intérimaire syrien continuent de commettre des massacres contre les Alaouites dans les zones côtières. Des groupes paramilitaires tels que Tahrir al-Sham (HTC / HTS) et l’Armée nationale syrienne (ANS) ont massacré des milliers d’Alaouites dans les villes de Lattaquié, Deraa, Homs et Tartous, où les Alaouites sont densément peuplés, entre le 6 et le 10 mars. Des milliers d’Alévis ont été arrêtés et déplacés.

En évaluant les massacres perpétrés contre les alaouites en Syrie, la coprésidente des associations démocratiques alévis (en kurde: Komeleyên Elewiyan a Demokratîk; en turc: Demokratik Alevi Dernekleri), Kadriye Doğan, a annoncé qu’elles avaient créé une « Initiative des femmes pour la Syrie » sous la direction des femmes alévies.

 

Logo de DAD
Notant qu’il existe de nombreuses organisations de femmes au sein de l’initiative, Kadriye Doğan a déclaré qu’elles mèneront un travail contre les massacres, les viols et le harcèlement, en particulier des femmes alévies en Turquie et au Kurdistan. Kadriye Doğan a déclaré qu’elle organiserait une action en chaîne à Hatay le 24 avril en guise d’initiative contre les massacres de femmes en Syrie et a appelé toutes les femmes à y participer.
Kadriye Doğan a déclaré que des groupes affiliés au HTŞ et à l’armée nationale syrienne [sous commandement de la Turquie] ont commis des actes tels que des viols, des pillages, des extorsions et des enlèvements, ainsi que des massacres contre les Alévis. Kadriye Doğan a noté que les forces paramilitaires qui appliquent les pratiques de l’EI ont récemment commis des crimes contre l’humanité contre les femmes alévies, et a souligné que de nombreuses femmes alévies ont été enlevées et torturées à mort.

 

Le monde reste silencieux devant le massacre des Alaouites

 

Notant que le système capitaliste utilise l’Islam pour ses propres intérêts, Kadriye Doğan a souligné qu’un régime qui n’accepte aucune différence est en train de se construire en Syrie. Kadriye Doğan a déclaré : « Il n’y a ni Alévis, ni Druzes, ni Kurdes, ni chrétiens au gouvernement. Même les Arabes laïcs n’ont pas trouvé leur place dans ce régime. Nous avons été témoins du massacre des alévis à Tartous, Lattaquié et Hama en Syrie, où les alévis sont majoritaires. De nombreux segments de la société turque, notamment les alévis, ont réagi à ces massacres perpétrés sous les yeux du monde entier. Cependant, la Turquie, l’Europe et les États-Unis, ainsi que les autres pays arabes du Moyen-Orient, pourtant les principales victimes de ces massacres, n’ont fait preuve d’aucune sensibilité à ce sujet. Le silence général régnait dans le monde. » 

 

Fondation d’une initiative des femmes pour la Syrie

 

Kadriye Doğan, qui a rappelé que de nombreuses femmes de différentes ethnies, notamment alévies, avaient été enlevées en Syrie, a déclaré : « En 2014, l’État islamique a enlevé des femmes yézidies à Shengal et en a vendu des milliers sur des marchés aux esclaves. Aujourd’hui, HTC fait de même avec les femmes alévies. En tant que femmes alévies, nous avons organisé des réunions pour prévenir ces massacres. À la suite de ces réunions, l’« Initiative des femmes pour la Syrie » a été créée. Cette initiative regroupe différentes structures féminines, en plus des institutions alévies. Le 11 avril, nous avons lancé une pétition pour que Colani, venue en Turquie, soit jugée. Ces signatures ne sont pas seulement des signatures individuelles, mais des signatures institutionnelles. Plus d’une centaine d’institutions ont signé la pétition à ce jour. Notre travail se poursuit avec diverses réunions. »

 

Un mur de la paix construit par les femmes

 

Kadriye Doğan, qui a annoncé l’organisation d’une action en chaîne à Samandağ (dans la province alévie de Hatay) le 24 avril pour faire entendre le cri de l’autre côté de la frontière, a déclaré : « En tant qu’institutions de femmes alévies, organisations de femmes et femmes qui soutiennent individuellement cet appel, nous serons la voix de la paix, de l’égalité et de la liberté. Nous poursuivrons le processus d’action entamé le 11 avril avec le « Mur de la paix » que nous érigerons avec les femmes à la frontière syrienne. Ce mur sera construit par des femmes qui se tendront la main. Notre action sera un symbole de solidarité, et non de discrimination, de paix, et non de guerre. » 

 

Notant que l’Initiative des femmes pour la Syrie ouvrira la voie à de nombreux enjeux de paix, de démocratie et de dialogue interreligieux en Turquie, Kadriye Doğan a déclaré : « Ce siècle est celui des femmes. Je pense que l’Initiative des femmes pour la Syrie est importante. Nous avons une voix et une déclaration communes pour les femmes en Syrie et pour celles qui sont opprimées, ignorées et réduites au silence dans toute la région, en particulier contre cet ordre qui banalise les massacres de femmes. Cet appel ne s’adresse pas seulement à celles qui vivent au-delà de la frontière, mais vise aussi à briser les murs du silence qui nous habitent. Nous invitons toutes les femmes à manifester leur solidarité avec celles de l’autre côté de la frontière à Samandağ le 24 avril et à être une pierre dans le mur de la paix. » (Agence Mezopotamya)

TURQUIE. Finalement, le Newroz sera-t-il un jour férié ?

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ANKARA – Le parti au pouvoir qui a rejeté tous les projets de loi soumis par d’autres partis depuis 23 ans demandant que le Newroz (nouvel-an kurde célébré le 21 mars) soit un jour férié, l’AKP a soumis un projet de loi au Parlement suit à l’appel d’Erdoğan demandant que le Newroz soit un jour férié officiel.
 
Alors qu’il a rejeté tous les projets de loi soumis par les partis DTP, BDP et HDP pour faire du Newroz un jour férié pendant les 23 années où l’AKP était au pouvoir, ce dernier a finalement soumis un projet de loi au Parlement pour faire du Newroz un jour férié. Au début, l’AKP n’a pas pris en considération les projets de loi préparés par le DTP dans ce sens. Puis, en 2008, le MHP, en 2009, le CHP et en 2010, le député BDP d’Amed, Akın Birdal, ont soumis des projets de loi au Parlement pour faire de la fête du Newroz un jour férié. Ces propositions n’ont pas été inscrites à l’ordre du jour du Parlement ou ont été rejetées par l’AKP, qui détient la majorité au Parlement.
 
Des propositions similaires ont également été soumises à la présidence du Parlement par le HDP, qui est entré au Parlement en franchissant le seuil électoral de 10 pour cent en 2015. En 2016, la députée HDP Kadri Yıldırım, en 2017, la députée HDP Dirayet Dilan Taşdemir, en 2018, la députée HDP Meral Danış Beştaş, en 2021, le député HDP Murat Sarısaç, en 2022, la députée HDP Dirayet Dilan Taşdemir, et en 2023, le député HDP Sait Dede ont soumis un projet de loi au Parlement dans ce sens. Ces propositions n’ont pas été mises à l’ordre du jour du Parlement par la colation AKP-MHP.
 
Cette année, le Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM) a préparé un projet de loi visant à déclarer le Newroz jour férié officiel. Dans le projet de loi présenté par la députée du parti DEM, Gülcan Kaçmaz Sayyiğit, le 20 mars, elle a souligné que le Newroz est célébré par les peuples du Moyen-Orient, en particulier les Kurdes, et a demandé que le 21 mars soit déclaré jour férié officiel.
 
L’AKP, qui avait rejeté les projets de loi soumis dans ce sens pendant son règne, a préparé un projet de loi après que le président Tayyip Erdoğan a déclaré qu’il pourrait approuver un projet de loi dans ce sens. Suite à la déclaration d’Erdoğan, le député AKP d’Istanbul, Serkan Bayram, a déclaré hier lors d’une conférence de presse au Parlement qu’il avait soumis un projet de loi au Parlement pour déclarer le 21 mars « fête du Nevruz ».
 
L’AKP, qui avait annoncé qu’il soutiendrait le projet de loi lorsque le CHP et le MHP l’avaient soumis, est ensuite revenu sur sa décision, et il est curieux de savoir comment il se prononcera sur ces propositions. (Agence Mezopotamya)

TURQUIE. Interdiction des mariages kurdes célébrés dans l’espace public

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TURQUIE – Le gouvernorat d’Antalya a interdit les célébrations des mariages dans l’espace public, pénalisant la population kurde vivant dans plusieurs quartiers de la province d’Antalya. La musique kurde jouée lors des mariages serait à l’origine de l’intolérance du gouverneur d’Antalya aux mariages de rue.

 

Le gouverneur d’Antalya, Hulusi Şahin, a annoncé ces derniers mois une décision visant à interdire les mariages de rue, les fiançailles, les soirées de henné et les cérémonies de départ des recrues partant pour l’armée à cause de « perturbations de la circulation, de pollution sonore et de troubles de l’ordre public ». 

 

Avec cette décision, il est devenu obligatoire que les événements se déroulent uniquement dans des salles de mariage ou des zones désignées par les municipalités. Suite à la décision du gouverneur d’interdire les mariages de rue, les mariages de rue ont commencé à être empêchés dans les quartiers où les Kurdes sont concentrés.

 

La musique kurde ne passe pas dans l’espace public 

 

Un des familles kurdes frappées par l’interdiction de célébrations de mariages dans l’espace public à déclaré à l’agence Mezopotamya qu’il s’agissait d’une intolérance à la musique kurde dans l’espace public, signalant que « les mariages kurdes en particulier sont annulés. Je considère cette décision comme une atteinte à la culture du peuple kurde. Ils sont perturbés même par le son de la musique kurde et ne peuvent la tolérer. Personne n’a le droit de gâcher le plus beau jour de leur vie. Cette décision illégale doit être abandonnée au plus vite. Nous connaissons ce gouverneur lorsqu’il était administrateur à Batman ; il y a pris la même décision. Ceux qui ont pris cette décision doivent savoir que le peuple kurde n’abandonnera jamais sa culture et ses valeurs. Nous ne reconnaissons pas cette décision que vous avez prise et nous la rejetons. Nous continuerons à danser notre ronde [govend] dans les rues ; que cela vous plaise ou non. » 

 

Colère des musiciens kurdes

 

Sait Roj, Kadir Roni, Rüzgâr Aşiti, Mehmet Çelik et Memet Dilçem, musiciens kurdes d’Antalya, ont également réagi à la décision d’interdiction du gouvernorat et ont déclaré que cette décision les mettait dans une situation financière difficile. Les musiciens ont souligné : « Cette interdiction vise à nous anéantir, nous les musiciens, et à détruire notre culture. Nous exigeons que cette décision soit réévaluée et corrigée, car elle affecte à la fois le public et les musiciens, financièrement. » 

 

Bulletin kurde du gouverneur d’Antalya 

 

Hulusi Şahin, qui a été nommé administrateur de la municipalité d’Êlih le 23 mars 2020, a supprimé la section kurde du site Web de la municipalité. Il a fait supprimer le message de signalisation kurde « Pêşî Peya » (piéton d’abord), dans la province kurde de Batman (Elih). Aujourd’hui, le même gouverneur a interdit les mariages (kurdes) de rue à Antalya.

TURQUIE. Libération de la journaliste kurde Necla Demir Arvas

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TURQUIE – La journaliste kurde, Necla Demir Arvas a été libérée de la prison pour femmes d’Istanbul/Bakırköy. Elle a déclaré : « Nous continuerons à amplifier la voix des femmes. »

Suite à une décision prise lors d’une audience devant la 23e Haute Cour pénale d’Istanbul, la journaliste Necla Demir Arvas a été libérée lundi de la prison fermée de Bakırköy.

Elle a été accueillie à la sortie de la prison par ses collègues journalistes et sa famille. Dans une brève déclaration faite devant la prison, Necla Demir Arvas a déclaré que le journalisme était jugé et criminalisé, ajoutant : « Les femmes rebelles et éprises de liberté qui se trouvent à l’intérieur vous adressent leurs plus chaleureuses salutations. J’ai été détenue illégalement pendant trois mois en raison des émissions que j’ai produites. J’adresse mes plus sincères salutations aux femmes qui n’ont jamais hésité et dont j’ai ressenti la profonde solidarité en prison.

Tant que les femmes continueront de s’exprimer, elles continueront de défendre leur vie. Et nous continuerons, bien sûr, à relayer leurs voix et leurs paroles. Lors de l’audience, alors que j’essayais de parler, le juge m’a interrompue. La question des prisonniers malades a atteint un point critique et reste sans solution. J’ai bon espoir que celles qui sont encore détenues retrouveront bientôt leur liberté. Elles continuent de résister en prison avec le même esprit, la même force et la même conscience. » (ANF)

TURQUIE. L’agriculture de 36 provinces ravagée par le gel et des chutes de neige

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TURQUIE / KURDISTAN – Des champs de betterave du Sud, des vignobles de l’Ouest, des vergers d’abricotiers de Malatya, des noisetiers de la région de la Mer Noire… ont été endommagés par des chutes de neige et des températures anormalement basses du mois d’avril qui ont frappé la Turquie, y compris les régions kurdes du Sud-Est, provoquant un risque de sécurité alimentaire pour le pays.

De nombreux produits agricoles ont été touchés par le gel dans 36 provinces de Turquie, où les températures sont tombées en dessous de zéro degré et où des chutes de neige ont eu lieu en avril.

Selon les informations compilées par l’Agence Anadolu, des gels agricoles se sont produits dans 36 provinces en raison des chutes de neige et du temps froid de ces derniers jours.

Le ministre de l’Agriculture et des Forêts, İbrahim Yumaklı, a attiré l’attention dans sa déclaration du 12 avril sur le fait qu’ils connaissent l’un des plus grands épisodes de gel agricole de l’histoire après le grand épisode de gel agricole de 2014 en raison de conditions météorologiques défavorables. (Bianet) 

 

ROJAVA. Un jour férié pour le Nouvel-an yézidî Çarşema Sor

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SYRIE / ROJAVA – L’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) a décrété un jour férié à l’occasion du Nouvel-an yézidi (Çarşema Sor) célébré le mercredi 16 avril 2025.

Le Nouvel An yézidi: Çarşema Sor

Selon le calendrier yézidi, nous sommes en l’an 6 775.

Le nouvel an yézidi, Çarşema Sor (Mercredi Rouge) ou Çarşema Serê Nîsanê, est célébré au printemps, le premier mercredi du mois d’avril selon les calendriers julien et séleucide, c’est-à-dire le premier mercredi du 14 avril ou après selon le calendrier grégorien.

Durant les célébrations du Çarşema Sor (prononcer Charshama Sor), les Yézidis se rendent en masse au temple yézidi (Laleş) qui abrite la tombe de Cheikh Adi, mort en 1162 et allument 365 bougies.

Charshama Sor a pour but de commémorer la création de l’univers et de célébrer la nature et la fertilité.

 

Le patrimoine religieux yézidî

Les Yézidis, ayant perdu la majeure partie de leur patrimoine religieux à la suite d’invasions continuelles, tirent leurs connaissances des traditions religieuses. C’est écrit dans le discours de la Genèse :
 
« Notre Seigneur a commencé à créer l’Univers le vendredi.
 
Le samedi, il a commencé à élaborer la robe (…).
 
Il a terminé son travail le mercredi »
 
Le premier mercredi d’avril du calendrier oriental est un jour férié pour les Kurdes yézidis et s’appelle le « Mercredi rouge » ou le Nouvel An yézidi. La fête coïncide avec la saison printanière de la propagation et la croissance des fleurs de toutes les couleurs, les formes et l’abondance de roses rouges et d’anémones dans la nature, qui poussent au printemps, selon les chercheurs et les érudits yézidis.
 
La mythologie yézidie dit que l’univers était sombre et brumeux et que la terre était couverte d’une couche de glace. Dieu a envoyé « le Roi Ta’wes » le mercredi sur la terre pour y vivre, sous la forme d’un oiseau, dans la région de Sheikhan, dans le sud du Kurdistan couverte d’une couche de glace. Il a atterri sur l’arbre d’Hiro de la fierté divine. Ensuite, la puissance du Créateur a fait fondre la couche de glace par la chaleur du soleil, et la face de la terre sur la vérité et décoré la terre avec un bouquet de fleurs et roses en rouge, jaune et vert. Par conséquent, ce jour a été considéré comme le début du printemps et ils l’ont appelé le Nouvel An yézidi.
 
Selon les érudits religieux, jusqu’en 612 av. J.-C., les Kurdes célébraient ce jour comme une fête religieuse seulement, mais après que le peuple kurde qui s’est libéré des empires les plus puissants de cette époque et a créé l’empire kurde Mediya, ce jour est devenu une fête nationale et religieuse en même temps, de sorte que le Sheikh « Adi bin Musafir al-Hakkari » qui est la référence religieuse des Yazidis et sa tombe sont à Lalesh (Laleş), lieu saint du yazidisme situé au Bahdinan (Behdînan), dans la province de Ninive, au Kurdistan d’Irak.
 
Le Mercredi Rouge
 
Ce jour-là, un rituel spécial a lieu, où les Yézidis se lèvent tôt, portent leurs plus beaux vêtements et sacrifient chacun un animal en fonction de leur statut économique : « moutons, veaux et autres » et décorent les entrées de leurs maisons de fleurs.
 
Pendant que les femmes préparent la nourriture, les jeunes hommes et les jeunes femmes peignent douze œufs durs, trois œufs dans la couleur des saisons, et les mettent dans un plat au centre de la maison. L’œuf symbolise la terre sphérique. Les Yézidis connaissaient la terre sphérique avant de voir le monde. Les œufs sont un signe de la terre gelée, la coquille d’œuf brisée symbolise la fonte de la couche de glace de la surface de la terre, et la coloration de l’œuf est le signe des couleurs des roses et des fleurs qui ont éclose avec l’arrivée du roi Ta’wes, le printemps est le commencement de la vie.
 
Les Yézidis visitent les tombes de leurs défunts la veille du Mercredi rouge. Les femmes emportent avec elles des œufs, des sucreries et des fruits, qui sont distribués entre elles et aux pauvres.
 
Il y a une vieille tradition de cette fête, y compris s’abstenir de creuser le sol et de labourer pendant le mois d’avril, car les plantations, les fleurs, et la plupart des plantes fleurissent ce mois-ci. On interdit aussi les mariages en avril et estime que amener une mariée apporte malheur à la maison, car on pense que le mois d’avril est la mariée de l’année et qu’il ne faut pas rivaliser avec elle.
 
Quand les Yézidis jouent au jeu du haggan et brisent les œufs, ils recréent l’histoire de la création où la perle a éclaté et où le monde matériel (soleil, terre, étoiles) a vu le jour (théorie du big-bang ?)
 
Les fleurs rouges sauvages sont accrochées sur les portes des maisons et des sanctuaires pour la même raison qu’une couronne serait utilisée à Noël.
 

La population des Kurdes yézidis est estimée à environ un million de personnes vivant majoritairement dans le Kurdistan du Sud, en Syrie, Turquie, Russie, Arménie, Géorgie,  Allemagne et dans d’autres pays européens.

Depuis le génocide yézidi commis par l’Etat Islamique (DAECH – EI) en août 2014 à Shengal, les Yézidis donnent encore plus d’importance à leurs fêtes.

Pour en savoir plus : Yezidis international

La présidence irakienne appelle à la reconnaissance internationale du génocide kurde

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IRAK / KURDISTAN – La présidence irakienne, qui souligne la nécessité que le génocide des Kurdes (al-Anfal) commis par le régime irakien il y a 37 ans soit formellement reconnu comme génocide par la communauté internationale, exhorte sa Mission permanente auprès des Nations Unies à intensifier ses efforts pour le concrétiser.
 
La présidence de la République d’Irak a publié une déclaration à l’occasion du 37e anniversaire du massacre d’Anfal, perpétré par l’ancien régime contre le peuple kurde.
 
La déclaration de lundi se lit comme suit :
 
« À l’occasion de l’anniversaire solennel du crime odieux d’Anfal perpétré par l’ancien régime contre le peuple kurde — une campagne qui a coûté la vie à plus de 180 000 civils innocents, dont des enfants, des jeunes et des personnes âgées — la Présidence de la République réaffirme sa condamnation sans équivoque de cette atrocité et réitère sa reconnaissance de la campagne d’Anfal comme un crime de génocide.
 
En commémorant ce douloureux événement, nous honorons la mémoire des martyrs, dont les sacrifices constituent l’un des fondements du système démocratique irakien. La présidence appelle le Conseil des représentants à promulguer une loi garantissant une indemnisation matérielle et morale aux familles des victimes de l’Anfal. Nous soulignons également l’impératif de reconnaître officiellement la campagne d’Anfal comme crime international de génocide. À cet égard, nous exhortons la Mission permanente de l’Irak auprès des Nations Unies à intensifier ses efforts diplomatiques pour obtenir la reconnaissance officielle de ce crime comme l’une des violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international, et pour obtenir sa reconnaissance officielle par les Nations Unies.
 
Le système fédéral, parlementaire et démocratique irakien est un modèle de gouvernance dans la région et une source de fierté pour tous ses citoyens. Le peuple irakien, et en particulier nos concitoyens du Kurdistan, a enduré de profondes souffrances sous la tyrannie de l’ancienne dictature, un régime qui menaçait non seulement la stabilité intérieure de l’Irak, mais aussi la paix régionale et la sécurité mondiale.
 
En ce moment critique, nous appelons toutes les composantes de la nation irakienne — Arabes et Kurdes, chiites et sunnites, chrétiens, turkmènes et autres — à s’unir pour défendre notre système démocratique, qui garantit la paix, la justice et la coexistence pour tous. » (ANF)

IRAN. Au moins 15 prisonniers baloutches exécutés en six jours

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IRAN – Les mollahs iraniens ont exécuté au moins 15 prisonniers baloutches en six jours, signale l’ONG kurde Hengaw.

Les prisonniers baloutches – Abdolsalam Baluch Meshkenti (Ahurani) et Allahnazar Gorgij – reconnus coupables de « meurtre prémédité », ont été exécutées à la prison centrale de Zahedan, située dans la province du Sistan-Baloutchistan.

Selon un rapport reçu par l’ONG Hengaw, aux premières heures du dimanche 13 avril 2025, Abdolsalam Baluch Meshkent, deux résidents de Chabahar, ainsi qu’Allahnazar Gorgij, âgé d’environ 40 ans, père de six enfants et originaire de Zahak, ont été exécutés dans la prison centrale de Zahedan.

Selon le média Haalvsh, Abdolsalam Baluch Meshkenti et Allahnazar Gorgij étaient emprisonnés depuis trois ans et sept ans, tous deux accusés de meurtre avec préméditation. Ils ont été condamnés à mort par la justice de la République islamique d’Iran.

Selon les données enregistrées par l’ONG Hengaw, au cours des six derniers jours seulement, au moins quinze prisonniers baloutches – dont deux prisonniers d’opinion – ont été exécutés dans les prisons iraniennes.

À ce jour, la nouvelle de ces exécutions n’a pas été publiée par les médias d’État.