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Avant l’Iran, la révolution féministe kurde

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Partout dans le monde, les gens scandent « Femmes, vie, liberté » en solidarité avec le soulèvement des femmes en Iran, le qualifiant de « première révolution féministe au monde ». Ce n’est pas le cas, soutient Rahila Gupta, alors qu’elle examine la révolution féministe kurde au Rojava.

Le meurtre de Jina Mahsa Amini, une Iranienne kurde qui a laissé une mèche de cheveux s’échapper de son hijab, par la police des mœurs le 16 septembre 2022, a mis le feu aux rues d’Iran avec une intensité qui menace de faire tomber le régime islamique.

Les féministes du monde entier ont organisé des manifestations de solidarité et des rituels de coupe de cheveux de masse. Moi aussi, j’ai coupé une mèche de cheveux au Piccadilly Circus de Londres lors d’un événement organisé par Maryam Namazie, une militante iranienne, de la campagne One Law for All (Une loi pour tout.e.s).

L’intérêt des médias n’a jamais été aussi élevé. Le soutien occidental aux soulèvements en Iran a été décrit par le magazine Jacobin comme « une sorte d' »impérialisme intersectionnel » qui cherche à justifier une escalade militaire et diplomatique avec l’Iran au nom de l’émancipation des femmes de la « barbarie islamique » . Les militants iraniens, cependant, soutiennent que l’on n’a pas fait assez pour isoler le gouvernement iranien.

Dans l’enthousiasme aigu suscité par le soulèvement iranien, certaines vérités vitales se perdent. Dans une interview à The Observer , l’écrivain iranien Shiva Akhavan Rad, fait référence au slogan Zan, Zindagi, Azadi (Femme, Vie, Liberté) sans mentionner qu’il s’agit en fait d’une adaptation de l’original Jin, Jiyan, Azadi : un slogan kurde dénonçant  la mort d’une femme kurde, Jina Amini.

Il ne s’agit pas d’un acte de pointage sectaire, mais d’une reconnaissance du fait que les Kurdes sont une minorité historiquement opprimée en Iran et de l’autre côté de la frontière en Syrie, en Irak et en Turquie, et que leurs luttes ne doivent pas continuer à être invisibles.

Que cette cause ait été adoptée par les Iraniens renforce l’opposition au gouvernement oppressif du pays. Mais ce sont les régions kurdes d’Iran, connues sous le nom de Rojhilat en kurde, qui ont fait les frais de la brutalité du régime.

Cela m’amène au deuxième trope : que le mouvement de protestation en Iran est « la première révolution féministe au monde ». En fait non. La première révolution féministe au monde est en marche au Rojava, au nord-est de la Syrie, menée par des femmes (et des hommes) kurdes depuis 2012. C’est ici que le slogan, Jin, Jiyan, Azadi a été popularisé pour la première fois.

La révolution des femmes du Rojava a à peine été couverte par les grands médias, peut-être par respect pour la Turquie, un allié de l’OTAN, qui considère le mouvement pour l’autodétermination kurde comme du « terrorisme » – et bombarde le Rojava au moment de la rédaction. En attendant, un mouvement de protestation susceptible de faire tomber le régime islamique d’Iran bénéficie d’une couverture sans précédent : parce que l’Iran est un ennemi implacable de l’Occident.

JIN, JIYAN, AZADI

Un slogan peu connu avant la mort de Jina Amini, scandé avec enthousiasme dans les rassemblements politiques kurdes, résonne désormais dans les salles de réunion et les manifestations à travers le monde. Une occasion de discuter de ses origines est une occasion de faire connaître le Rojava et donc l’adoption universelle de ce slogan est une évolution positive.

Pourtant, les femmes kurdes mettent en garde contre le danger que les slogans deviennent des mots vides de sens. Comme Dilar Dirik, universitaire et militante kurde, l’a noté lors d’une conférence organisée par des femmes kurdes à Berlin en novembre 2022 : « Les slogans et symboles radicaux et révolutionnaires deviennent de plus en plus marchandisés, produits en masse, vidés de leur sens et revendus sous forme plastique à les mêmes personnes qui ont donné leur vie en créant ces valeurs. »

Jin, Jiyan, Azadi a été scandé pour la première fois le 8 mars 2006 lors des manifestations de la Journée internationale des droits des femmes par des femmes kurdes dans des villes de Turquie. Au sein du mouvement de libération kurde, les mots sont attribués à Abdullah Öcalan, le dirigeant emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui languit à l’isolement dans une prison turque depuis 1999. Il les a utilisés en 1993, non pas comme un slogan, mais comme une évocation lapidaire des buts du mouvement.

Jin est le mot kurde pour femme et la racine de Jineolojî (ou «la science des femmes») proposée par Öcalan. Son histoire révolutionnaire a commencé avec le marxisme-léninisme et la revendication d’un État-nation indépendant du Kurdistan en 1978, lorsqu’il a créé le PKK en Turquie. Cependant, la pensée d’Öcalan a évolué en prison. Influencé en partie par les idées de Murray Bookchin sur le municipalisme radical, Öcalan a renoncé à l’État en tant qu’institution intrinsèquement patriarcale, violente et antidémocratique, en faveur d’un modèle d’auto-administration participative de base qu’il a appelé « confédéralisme démocratique ».

Parallèlement à l’anti-étatisme, Öcalan en est venu à croire que les femmes sont l’avant-garde de la révolution. La liste de lecture d’Öcalan en prison comprenait les œuvres féministes de Judith Butler et Maria Mies qui, parallèlement à ses longues discussions avec des révolutionnaires féministes kurdes comme Sakine Cansiz, sont créditées d’avoir influencé ses convictions féministes.

Sans vouloir diminuer la contribution à la cause féministe d’Öcalan et de ses compatriotes kurdes, il est important de se demander si l’évolution d’Öcalan aurait été possible sans les effusions théoriques et l’activisme extensif du féminisme de la deuxième vague. C’est un heureux brassage d’idées. La vision internationaliste des féministes kurdes se reflète dans leur connaissance d’un éventail de penseurs occidentaux, un compliment qui n’est pas rendu – typique de l’orientalisme occidental qui se débat rarement avec les idées et les théories qui émergent dans les pays du Sud.

Pour Öcalan, « la liberté des femmes est plus précieuse que la liberté de la patrie ».

Il estime qu’après les révolutions ouvrières et les luttes de libération nationale des XIXe et XXe siècles, le XXIe siècle est celui de la révolution des femmes. La prééminence des femmes, l’accent mis sur notre liberté comme condition préalable à la liberté de toute l’humanité, est une idée qui anime la révolution au Rojava et anime le mouvement kurde pour l’autodétermination.

L’analyse du patriarcat de Nelson Mandela des derniers jours est égale à celle de n’importe quelle féministe, et sa position est sans précédent parmi les leaders masculins des luttes de libération.

« La différence biologique de la femme sert de justification à son asservissement », écrit-il. « Tout le travail qu’elle fait est tenu pour acquis et qualifié de « travail de femme indigne. »

« Sa présence dans la sphère publique est prétendument interdite par la religion, moralement honteuse ; progressivement, elle est isolée de toutes les activités sociales importantes… Ainsi, l’idée d’un « sexe faible » devient une croyance partagée. En fait, la société traite la femme non seulement comme un sexe biologiquement séparé, mais presque comme une race, une nation ou une classe distincte – la race, la nation ou la classe la plus opprimée : aucune race, classe ou nation n’est soumise à un esclavage aussi systématique que la ménagère.

Öcalan a trouvé le terme féminisme limitatif : il se concentrait sur l’oppression des femmes par les hommes, échouant ainsi à saisir toutes les contributions apportées par les femmes à l’histoire, à la société et à la vie.

« Cela suggère le sens qu’elle est simplement la femme opprimée de l’homme dominant. Pourtant, la réalité des femmes est plus globale que cela et comprend d’autres significations au-delà du genre avec des dimensions économiques, sociales et politiques de grande envergure. »

Lors de rencontres avec des militants politiques kurdes en prison en 2014, il a expliqué : « Le féminisme doit être un mouvement plus radical contre le système et se purifier des effets du libéralisme. La Jineolojî y contribuera. »

Il l’a élevée au rang de science, matière digne d’étude comme une autre, comme la sociologie ou la pédagogie, une « ologie ». Selon lui, la seule raison pour laquelle cette science n’existe pas est que la production de connaissances a été faussée par la domination masculine.

La vision d’Öcalan du féminisme comme la rébellion de la plus ancienne colonie dynamise Jineolojî en tant qu’instrument de décolonisation du programme d’études dans une perspective de genre, pas une perspective courante en Grande-Bretagne où la décolonisation concerne principalement la race.

Si Öcalan doit être crédité d’avoir formulé les principes originaux du Jineolojî, ce sont les femmes kurdes qui ont continué à le développer et à le nuancer, en se basant en partie sur les connaissances pratiques acquises grâce à leur activisme et l’expérience de l’établissement de la révolution des femmes au Rojava en 2012. Les discussions s’engagent parmi les femmes guérilleros dans les montagnes du Kurdistan avant de se répandre dans le reste de la société.

Il existe des comités Jineolojî dans les quatre parties du Kurdistan, de l’Europe et de la Russie. Il y a également eu plusieurs conférences internationales pour développer leurs théories. Dilar Dirik n’a consacré que quelques pages à Jineolojî dans son récent livre sur le mouvement des femmes kurdes car c’est un « processus en constante évolution et trop le définir peut limiter son évolution ».

AUTODÉTERMINATION ET LUTTE ARMÉE

Dès le troisième congrès du PKK en 1986, on annonce la création d’une organisation féminine autonome. 9 En 1987, l’Union des femmes patriotiques du Kurdistan (YJWK) a été fondée. Ce groupe a accueilli les premières discussions théoriques du mouvement sur l’exploitation patriarcale, la libération des femmes et la construction sociale des femmes et leur rôle dans la famille.

Ces idées ont été contextualisées par Öcalan dans son livre « La femme et la question familiale au Kurdistan. »

La fondation de la branche armée des femmes en 1993, dans une tentative d’organisation autonome dans tous les domaines de l’activité politique, a généré de nouvelles compréhensions et connaissances.

Non seulement les femmes luttaient pour l’autodétermination kurde dans la lutte armée dans les montagnes, mais elles résistaient également aux attitudes patriarcales de leurs camarades masculins dans le mouvement de guérilla.

Cela leur a fait comprendre l’importance de lutter pour la libération des femmes parallèlement aux luttes de classe et de libération nationale.

Etant donné l’accent mis par Öcalan sur la liberté des femmes, il ne fallait pas remettre cette affaire à plus tard après la solution de la question kurde. C’était une leçon importante tirée des précédentes luttes de libération nationale contre les puissances coloniales, en particulier en Asie et en Afrique, où les femmes étaient invitées à reporter leurs propres luttes jusqu’à la victoire de l’indépendance. Les femmes ont également commencé à s’organiser dans les villes, où elles ont compris les structures patriarcales de la modernité capitaliste.

« La théorie du « divorce éternel », visant à rendre visible la question de la liberté pour la femme comme pour l’homme, est devenue une étape importante pour permettre aux deux sexes de prendre conscience de leur propre réalité », explique le livret sur Jineolojî. La théorie d’Öcalan sur « Tuer le mâle dominant » – traitant de la masculinité toxique – est basée sur les luttes des femmes pour se libérer de l’oppression des hommes.

Le premier parti de femmes (PJKK) a été formé en mars 1999, peu après l’arrestation d’Öcalan, pour répondre à son regret de n’en avoir pas formé jusqu’à présent. Le parti a abandonné la référence au Kurdistan l’année suivante et s’est rebaptisé PJA (Parti des femmes libres), pour signaler que toutes les femmes de toutes nationalités et origines étaient les bienvenues, une inclusivité qui transcende les nationalismes étroits basés sur l’identité ethnique.

Le dynamisme du mouvement se reflète dans le nombre d’organisations différentes qui ont été créées au cours des 20 dernières années, avec un certain nombre de changements de noms pour refléter les nuances des positions politiques. Pourtant, il s’agit d’une véritable soupe alphabétique à décoder uniquement par les plus fervents érudits du mouvement.

Au centre du projet de Jineolojî se trouve la tentative de transformation des sciences sociales, qui prétendent être une production systématisée de la connaissance de la réalité vécue, une étude objective, rationnelle et scientifique du comportement humain et des relations sociales. « La jineolojî est une science née des objections à la science conventionnelle », dit le livret.

Il énumère les domaines dans lesquels les femmes ont joué un rôle central mais ont glissé sous l’horizon de l’histoire, insistant sur le fait que « les femmes ne sont pas le sédiment de la société, mais en sont le noyau ». Sa fonction est de fournir les fondements idéologiques d’un système centré sur les femmes et portant sur neuf domaines : histoire, éthique et esthétique, démographie, santé, éducation, autodéfense, économie, politique et écologie.

Il est important de noter que Jineolojî est un modèle d’action, une approche basée sur des solutions qui postule l’établissement d’un confédéralisme démocratique, avec les femmes au centre, comme le seul moyen de lutter contre l’oppression capitaliste et patriarcale.

LE POSITIVISME SUR LE BANC DES ACCUSÉS

La Jineolojî donne du fil à retordre au positivisme. Le recours occidental à des vérités objectives et fondées sur des preuves et à des principes scientifiques, à ce qui est prouvable, et qui nie la pertinence d’autres formes d’apprentissage et de sagesses traditionnelles, est critiqué pour sa myopie. La Jineolojî examine comment la science, apparemment si dépourvue d’émotions et rationnelle, a été corrompue par le pouvoir, le racisme et le sexisme.

Tout en reconnaissant les valeurs patriarcales négatives ancrées dans des sujets comme la mythologie, la religion et la philosophie, la Jineolojî pense qu’il y a des vérités qu’elles contiennent qui n’auraient pas dû être mises de côté par le positivisme tel qu’il s’est développé dans l’Europe du XVIIe siècle.

À peu près à la même époque, la sagesse traditionnelle des femmes en tant que guérisseuses était considérée comme une menace pour la société et le comportement des femmes était discipliné par l’incendie massif de «sorcières», une histoire qui est maintenant récupérée et refondue par des écrivains comme Silvia Federici dans Caliban and the Witch comme faisant partie du passage du féodalisme au capitalisme.

La Jineolojî remet en question les grandes revendications faites par les Lumières, critiquant les principes du positivisme par lesquels ellesont a été façonnées. Elle questionne la fragmentation des sciences sociales et la valeur des spécialités comme l’économie, la sociologie, l’histoire et la philosophie, alors que la connaissance devrait être entière et indivisible.

Le «matérialisme dur» du positivisme est considéré comme plus régressif que la métaphysique et la religion. Pourtant, dans la théorie des « trois ruptures » d’Öcalan, le rôle que joue la religion dans le renforcement du patriarcat fait l’objet d’une critique approfondie. Dans sa brochure sur la révolution des femmes, Liberating Life (Vie Libérée), Öcalan avance sa théorie des « trois ruptures sexuelles » sur l’asservissement des femmes et leur libération éventuelle.

La première rupture, ou tournant, a été la montée du patriarcat lorsque les temps néolithiques ont pris fin et que la « civilisation étatique » est apparue ; la deuxième rupture sexuelle a été l’intensification du patriarcat par l’idéologie religieuse.

Comme le dit Öcalan : « Traiter les femmes comme inférieures est désormais devenu le commandement sacré de Dieu ». La troisième rupture reste à venir, la fin du patriarcat ou comme le dit Öcalan « tuer le mâle dominant », qui consiste à remodeler la masculinité pour qu’elle ne se définisse plus par rapport à son pouvoir sur les femmes.

REVENDICATIONS D’EXCEPTIONNALISME

La brochure sur la Jineolojî espère clarifier en quoi « l’approche de Jineolojî diffère des autres courants de pensée ».

C’est là que les ennuis commencent – cela pose un défi aux féministes auxquels répondre, avec des exemples de théorisation féministe qui couvrent le même terrain que la Jineolojî. Beaucoup d’entre nous, qui sommes des alliés du mouvement, avons été exercés par cette affirmation, d’autant plus qu’il y a tellement de courants féministes en Occident que toutes les approches théoriques de la Jineolojî ont déjà été articulées par des femmes à un moment donné.

En revendiquant l’exceptionnalisme, la Jineolojî semble homogénéiser le féminisme occidental comme étant principalement libéral sans reconnaître les courants les plus radicaux.

Dilar Dirik critique l’approche individualiste et légaliste du féminisme libéral du changement comme « des formes d’assimilation idéologique qui pacifient les mouvements plutôt que de transformer le système ». Cette critique est également formulée par des femmes qui souscrivent à des idéologies radicales, socialistes ou marxistes.

Mais, comme le soulignent à juste titre les féministes kurdes, cette pléthore de perspectives a entraîné une fragmentation du féminisme transnational, tandis que la Jineolojî a pu fusionner des éléments de ces différents systèmes de pensée en un cadre unique derrière lequel les femmes kurdes se sont unies. Leur position anti-étatique, par exemple, a amené de nombreux anarchistes à se rallier à la cause.

D’autres ont été attirés par l’importance égale accordée au changement du système et de soi, chacun étant dans une relation symbiotique avec l’autre, et la théorie de xwebûn, ou être et devenir soi-même – contrairement au marxisme classique qui proposait que l’individu était façonné par relations de classe et qu’une fois le système changé, il façonnerait le caractère humain dans un moule plus progressiste.

La brochure sur l’éducation révolutionnaire affirme : « Nous ne pouvons pas simplement faire en sorte que la révolution se produise en changeant le système et en espérant ensuite que le système changera les personnes qui le composent. Nous voyons par l’histoire que cela ne suffit pas. »

La partie « liberté » du slogan Jin, Jiyan, Azadi fait également référence au changement de mentalité chez les hommes et les femmes. « Transformer l’homme est essentiel à une vie libre », déclare Öcalan. Dilar Dirik nous dit que l’idéologie de libération des femmes n’est pas un cadre réservé aux femmes. Elle est également enseignée aux cadres masculins, dont le militantisme est évalué par leur approche de la libération des femmes et par leur engagement dans le « problème de la liberté des hommes ».

Dans un e-mail, l’Académie de la Jineolojî a expliqué que l’un de ses principaux sujets de recherche est actuellement l’analyse de la « co-vie » (hevjiyana azad) et de la masculinité dominante. Comment construire le potentiel de liberté au lieu du potentiel d’esclavage dans tous, y compris les relations sexuelles entre femmes et hommes.

Comme Havin Guneser, traductrice des œuvres d’Öcalan vers l’anglais, le souligne dans son livre, The Art of Freedom (l’art de la liberté): « Ce que nous voyons, c’est que la relation entre les hommes et les femmes est considérée comme un domaine privé, mais c’est, en fait, le premier lieu du processus de colonisation ».

Alors que les féministes occidentales ont analysé la masculinité toxique, le travail de changement des hommes et de leur mentalité patriarcale est plus souvent considéré comme un travail pour les hommes et non comme la responsabilité des femmes. Certaines organisations féminines ont mis en place des programmes pour les auteurs de violence, tels que la gestion de la colère, destinés aux hommes qui ont été violents envers leurs partenaires.

L’importance de la transformation personnelle pour les hommes et les femmes tout en s’engageant en même temps dans une lutte pour changer le système avec son orientation anticapitaliste, anti-étatique et écologique, est une tradition politique syncrétique dont nous n’avons pas tout à fait vu l’équivalent avant. « Elle refuse de choisir entre un matérialisme, qui prend l’objet comme absolu, ou un idéalisme, qui prend le sujet comme absolu. »

L’accent mis sur l’éthique et l’esthétique comme base fondamentale de la perspective et des pratiques de la Jineolojî est également inhabituel pour une lutte de libération. Ceci est considéré par ses partisans comme la principale différence qui distingue la jineolojî du scientisme et des conceptions dominantes des sciences sociales. La beauté ne consiste pas à paraître attirante pour les hommes, mais est reconceptualisée comme synonyme de liberté, de valeurs culturelles et éthiques.

C’est ainsi qu’Öcalan l’exprime : « Celui qui se bat devient libre, celui qui devient libre devient beau, celui qui est beau est aimé » . L’esthétique doit être éclairée par un engagement envers la justice, l’autonomie, la vérité et la libération. »

Zozan Sima, de l’Académie de la Jineolojî au Rojava, développe la déclaration d’Ocalan : « Les femmes, qui démocratisent la politique, les femmes, qui risquent leur vie pour protéger les communautés et les autres femmes, les femmes qui s’éduquent et celles qui les entourent, les femmes qui vivent en communauté, les femmes qui sauvent l’équilibre écologique, des femmes qui luttent pour élever des enfants dans des pays libres, avec leurs propres identités, et bien d’autres sont toutes des femmes qui deviennent belles par la lutte.

Dans le monde d’aujourd’hui plein de laideur, d’injustice et de mal, ce ne sont pas les formes physiques, augmentées de l’esthétique qui constituent la beauté ; seules les femmes qui défendent la vie par la lutte peuvent créer de la beauté. En ce sens, y a-t-il quelque chose de plus beau que les jeunes femmes qui luttent contre le fascisme de Daech ? »

Mais ces prétentions à l’exceptionnalisme ne convainquent pas Nadje Al-Ali et Isabel Käser, universitaires féministes.

Dans leur essai, « Beyond Feminism, Jineolojî and the movement for Kurdish women’s freedom? » (Au-delà du féminisme, la Jineolojî et le mouvement pour la liberté des femmes kurdes), ils placent la Jineolojî dans la théorie du point de vue, une perspective qui responsabilise les groupes marginalisés en validant les connaissances produites à partir de leurs positions subjectives.

Ils pointent également du doigt les féministes transnationales qui remettent en question le binaire entre laïcité et spiritualité commun à la pensée occidentale et racontent le nombre de féministes qui ont critiqué les sciences sociales et se sont consacrées à déterrer les histoires des femmes.

À un certain niveau, c’est académique.

Si la Jineolojî fournit le modèle de la première et unique révolution féminine au monde, sa prétention à l’exceptionnalisme est totalement justifiée. Pourquoi importe-t-il qu’il y ait ou non un chevauchement avec d’autres courants de pensée féministe ? C’est sûrement la science de la révolution des femmes qui est sa principale distinction par rapport aux autres théorisations féministes.

Al-Ali et Käser sont inutilement sur la défensive face à la critique de leurs interviewées kurdes selon laquelle le féminisme mondial est divisé et incapable de traduire ses perspectives critiques en action politique, en soulignant « la longue histoire de la mobilisation féministe à l’échelle mondiale, qui, malgré de nombreux revers et les inégalités non résolues, a joué un rôle central dans la lutte contre les inégalités structurelles et l’amélioration de la vie quotidienne des femmes dans de nombreux contextes ».

La fragmentation des luttes des femmes, les différents courants – féminisme radical, anarcho-féminisme, marxiste-féminisme, écoféminisme – nous ont indéniablement freinés. La brochure de la Jineolojî décrit le féminisme occidental comme des « mouvements d’espoir » sans potentiel révolutionnaire.

Dans Liberating Life, Öcalan soutient que le féminisme ne peut jamais réussir totalement dans un système capitaliste, qui prospère sur la division ; que l’égalité des classes et des races dans un système démocratique laïc fait partie de la lutte pour la libération des femmes. De nombreuses féministes, comme le Combahee River Collective de féministes noires, seraient d’accord avec cette analyse, mais elles sont incapables de mettre en pratique les idées d’égalité de race et de classe dans un système capitaliste.

Pas étonnant que le féminisme transnational soit souvent tourné en dérision comme une affaire de classe moyenne qui exclut les femmes de la classe ouvrière et des minorités.

La réponse du comité de la Jineolojî , Europe, à l’article d’Al-Ali et Käser a également été inutilement défensive – étonnamment, compte tenu de la valeur que le mouvement des femmes kurdes accorde à la critique et à l’autocritique.

Le comité a critiqué la méthodologie des auteurs, estimé que les interviewés avaient été cités hors contexte et noté le fait qu’ils n’avaient lu aucun des ouvrages disponibles en kurde ou en turc – une critique qui pourrait également être faite à cet article.

Critiquer les auteurs pour avoir « patronné et banalisé notre travail » est une critique injuste car la pièce tentait de s’engager sérieusement avec la Jineolojî et de l’évaluer dans une position de solidarité avec les femmes kurdes.

Comme Al-Ali et Käser l’ont reconnu, « le potentiel de transformation de la Jineoloji n’a été réalisé par aucune autre politique féministe ».

TROUBLES DE LA SEXUALITÉ

Al-Ali et Käser ont sans doute raison dans leur évaluation selon laquelle il existe une tendance à essentialiser les femmes, comme le montrent les références fréquentes à l’intelligence émotionnelle inhérente aux femmes.

Voici un exemple du livret sur la Jineolojî : « La Jineolojî déterminera ses méthodes en se référant à la flexibilité de la nature de la femme, à son énergie fluide qui ne correspond pas aux formes statiques, à la capacité de transformation au sein de la biologie de la femme et à l’intelligence émotionnelle de la femme. »

Dans Liberating Life, Öcalan fait une remarque similaire : « Parce que la hiérarchie et l’étatisme ne sont pas facilement compatibles avec la nature de la femme, un mouvement pour la liberté de la femme devrait lutter pour des formations politiques anti-hiérarchiques et non étatiques. »

Bien qu’Öcalan attribue l’intelligence émotionnelle des femmes à des influences externes telles que la biologie des différents physiques et leur socialisation, l’impression dominante qui nous reste est celle de la supériorité essentielle du caractère des femmes.

Comment gérer le désir et la sexualité a également été un talon d’Achille dans la pensée des femmes kurdes.

J’ai découvert cela lors de ma visite au Rojava en 2016, lorsque j’ai essayé d’évaluer les attitudes envers les relations lesbiennes et gays. La réponse la plus courante était que ce n’était pas une priorité pour la lutte pour le moment. Les entretiens d’Al-Ali et de Käser avec des femmes kurdes ont également révélé une réticence à traiter les questions de sexualité qui étaient souvent considérées comme honteuses et non destinées à un débat public.

Les identités LGBTQI+ étaient considérées comme faisant partie de la culture de consommation et de la marchandisation capitaliste de la sexualité. Ils ont constaté que s’il y avait des points de vue différents sur la façon dont le désir façonne la vie quotidienne, il y avait un consensus général « que dans ce climat politique, l’accent doit être mis sur la lutte et non sur l’épanouissement personnel ou les identités sexuelles ».

L’une de leurs interviewées, Kejal de JIN TV, a exprimé son malaise face aux relations homosexuelles : « Je ne vois pas vraiment cela comme quelque chose de naturel. »

C’est en partie le reflet des normes sociales plus conservatrices de la société kurde, mais la proscription d’Öcalan des relations entre hommes et femmes dans les cadres du PKK a une logique féministe avec laquelle il est difficile d’ergoter. Il soutient que, sous le patriarcat, il n’est pas possible d’établir une relation d’égalité.

La réponse du comité de la Jineolojî à cette question est également convaincante : « Alors qu’en Occident, l’asexualité est acceptée comme une identité queer, tandis que des féministes respectées comme Adrienne Rich parlaient d' »hétérosexualité obligatoire », tandis que des féministes noires comme Audre Lorde innovaient en parlant d’érotismes en dehors de la sexualité, pourquoi le choix politique du Mouvement des femmes du Kurdistan d’opter pour l’asexualité dans des conditions patriarcales, et leur lutte pour conceptualiser le sens philosophique de l’amour en relation avec les notions de liberté, de nature, de vie et d’humanité, sont-ils considérés comme formes de suppression du désir par Al-Ali et Käser ?’ Pourquoi, en effet ?

UNE SOLIDARITÉ PARTAGÉE

L’un des aspects les plus énergisants du mouvement des femmes kurdes est sa recherche active d’alliances avec le féminisme transnational et son adhésion à d’autres luttes. Au milieu de sa bataille existentielle avec Daech, le mouvement a trouvé l’espace libre et le temps de lancer une campagne sur les réseaux sociaux en solidarité avec #BlackLivesMatter, et non le slogan plus autoréférentiel, #KurdishLivesMatter qu’ils auraient pu adopter, comme d’autres les minorités l’ont fait, sur le dos de la campagne anti-raciste aux États-Unis.

Quand j’étais au Rojava, j’ai demandé à tous ceux que j’ai rencontrés comment nous pouvions apporter la solidarité ici au Royaume-Uni. Presque tout le monde a dit que la véritable solidarité serait que les féministes du monde entier adaptent et adoptent leur modèle de confédéralisme démocratique dans leurs contextes locaux.

L’un des problèmes avec le fait qu’elles recherchent la solidarité et que nous la fournissions est que les femmes kurdes sont accablées par les divisions auxquelles sont confrontées les féministes partout et implicitement et explicitement tenues de se prononcer de quel côté elles sont.

Du point de vue du Royaume-Uni, elles sont confrontées à des questions qui peuvent déchirer le mouvement des femmes ici, mais qui ne se sont pas encore posées dans leur contexte local. J’ai été particulièrement frappée par cela lorsque j’ai animé une session sur la révolution des femmes au Rojava lors de la première conférence internationale des femmes kurdes à Francfort en 2018. Une jeune femme allemande a demandé le point de vue du panel sur l’identité de genre non binaire. Les femmes du panel, qui avaient voyagé directement du Rojava, n’ont pas abordé la question – cela semblait tellement en dehors de leur réalité.

Les groupes de solidarité féministes sont profondément divisés sur la question de l’identité de genre. Les groupes des deux côtés de ce débat sont inspirés par la révolution des femmes au Rojava, mais travailler à travers les clivages, en gardant en vue l’objectif ultime de solidarité pour le Rojava, est difficile, surtout si un côté considère l’autre comme transphobe.

Les conversations avec les femmes kurdes suggèrent qu’elles aussi peuvent être divisées, en particulier celles de la diaspora qui ont été exposées à différentes traditions et débats politiques. Il y a eu très peu de déclarations publiques sur cette question, à part des déclarations telles que celle citée ci-dessus sur les identités LGBT comme étant l’expression de la marchandisation de la sexualité.

Le manifeste de 2015 du HDP, un parti politique pro-kurde en Turquie, garantissait explicitement l’élimination de « la discrimination et de l’oppression fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ». Lors de leurs conférences, la porte est ouverte à tous.

Revolutionary Education (Éducation révolutionnaire), la brochure produite par l’Institut Andrea Wolf de la Jineolojî basé au Rojava fait référence aux «femmes et aux femmes socialisées» et parle de personnes de tous genres. Comme l’Institut Andrea Wolf est principalement international, c’est très probablement la preuve de l’influence des internationalistes dans la rédaction de cette littérature.

Lors de leur deuxième conférence à Berlin en novembre 2022, les femmes kurdes, avec une ambition à couper le souffle, ont appelé les femmes à mettre en place un modèle de Confédéralisme Démocratique Mondial des Femmes, le système en vigueur au Rojava, une forme de démocratie de base laïque, écologiste. , multiethnique et anticapitaliste avec des femmes aux commandes.

Elles pensent que le moment est venu pour les femmes de prendre le contrôle du destin humain, compte tenu de la crise du capitalisme à laquelle nous assistons, même si au départ il s’agit de structures parallèles au sein d’États-nations existants similaires à l’existence du Rojava en Syrie.

Si les femmes iraniennes recherchent des structures pour incarner leur esprit révolutionnaire, elles n’ont pas besoin de chercher plus loin que les modèles utilisés de l’autre côté de la frontière dans l’administration autonome révolutionnaire du nord-est de la Syrie, également connue sous le nom de Rojava.

Références

  • Abdullah Öcalan, Liberating Life: Woman’s Revolution, International Initiative Edition, 2013
  • Abdullah Öcalan, The Sociology of Freedom: Manifesto of the Democratic Civilization: Volume III, International Initiative Edition / Kairos / PM Press, 2020
  • Dilar Dirik, The Kurdish Women’s Movement History, Theory, Practice, Pluto Press, 2022 
  • Silvia Federici, Caliban And The Witch: Women, The Body, and Primitive Accumulation, Autonomedia, 2017 
  • Revolutionary Education: Notes from the first term of the Andrea Wolf Institute of Jineolojî in Rojava, Andrea Wolf Institute, 2020
  • Havin Guneser, The Art of Freedom: A Brief History of the Kurdish Liberation Struggle, Kairos / PM Press, 2021 
  • Nadje Al-Ali and Isabel Käser, ‘Beyond Feminism? Jineolojî and the Kurdish Women’s Freedom Movement’ in Politics & Gender, Vol 18, No 1, March 2022 

Rahila Gupta , 23 février 2023
Rahila Gupta est journaliste et militante. Son dernier livre était une nouvelle en vers, The Ballad of Nihal Armstrong

Texte original à lire sur le site New Internationalist: Before Iran, the Kurdish feminist revolution

Aide humanitaire bloquée, journalistes détenus, torture: documentations des violations après le séisme en Turquie

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TURQUIE / KURDISTAN – La Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV) a publié un rapport compilant les violations des droits, dont torture et meurtre de civils, dans 10 provinces touchées par les séismes dévastateurs du 6 février qui a frappé le sud-est de la Turquie (régions à majorité kurde).

Les autorités ont empêché les livraisons d’aide dans au moins 20 cas, 17 personnes ont été soumises à la torture et les forces de l’ordre ont empêché 11 journalistes de faire leur travail, selon la Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV).

Le rapport est basé sur des reportages et des déclarations d’organisations professionnelles et de défense des droits humains.

En décrétant un état d’urgence de trois mois dans les 10 provinces touchées par les séismes, le gouvernement « essaye de cacher la crise », a déclaré le TİHV dans un communiqué. « La déclaration de l’état d’urgence porte un coup aux efforts des citoyens pour surmonter la crise par la solidarité. »

Voici quelques faits importants cités dans le rapport :

Entraves et saisis de collecte d’aides

Les autorités ont gêné les citoyens, les ONG, les partis politiques et les municipalités qui ont collecté du matériel d’aide pour les survivants du tremblement de terre au moins 20 fois. Dans sept cas, les aides collectées ont été saisies.

Une personne a été blessée lors d’une attaque armée visant la collecte d’aide.

Les autorités ont saisi 100 camions d’aide envoyés par le Parti du futur (Gelecek) et 1 500 tentes, 10 camions, 30 conteneurs et 120 groupes électrogènes envoyés par le Parti démocratique des peuples (HDP).

Journalistes persécutés

Au moins 22 journalistes travaillant dans la région touchée par le séisme ont fait l’objet d’interventions, 11 d’agents des forces de l’ordre et 11 de civils. Au moins un journaliste a été blessé et quatre ont été arrêtés. Un journaliste étranger (Guillaume Perrier) n’a pas été autorisé à entrer en Turquie.

Torture et mauvais traitements

Dix-sept personnes ont été torturées et maltraitées dans neuf affaires distinctes. L’un d’eux est mort et 10 ont été blessés. Les auteurs étaient des policiers dans quatre cas et des gendarmes dans trois cas.

Trois prisonniers sont morts et neuf autres ont été blessés lors de l’intervention des forces de l’ordre dans les émeutes des prisons après les tremblements de terre.

Une personne a été tuée après avoir été torturée en détention.

Quatre-vingt-un enfants laissés sans soins après les tremblements de terre n’ont pas pu être identifiés.

Liberté d’expression bafouée 

Des poursuites judiciaires ont été intentées contre 575 personnes pour leurs publications sur les réseaux sociaux au sujet des tremblements de terre. Quelque 141 d’entre eux ont été détenus et 27 ont été arrêtés.

Le Conseil suprême de la radio et de la télévision (RTÜK) a infligé des amendes à Halk TV, TELE1 et Fox Tv pour la couverture du tremblement de terre.

Les forces de l’ordre ont empêché 10 manifestations pacifiques contre le passage des universités à l’enseignement en ligne afin de réinstaller les survivants du tremblement de terre dans des dortoirs. Au cours de ces événements, 246 personnes ont été maltraitées et détenues.

Les tremblements de terre

Le 6 février, deux tremblements de terre d’une magnitude de 7,7 et 7,6 ont frappé la ville méridionale de Maraş. Le premier tremblement de terre dans le district de Pazarcık à 4 h 17 a été suivi du second à Elbistan environ neuf heures plus tard.

Les séismes ont touché 11 villes du sud et du sud-est de la Turquie, ainsi que le nord de la Syrie, où plus de 5 000 personnes ont été tuées.

Le bilan officiel des tremblements de terre s’élève à plus de 45 000 et devrait encore augmenter, car plus de 160 000 bâtiments ont été détruits ou gravement endommagés, selon les chiffres du gouvernement.

Près de deux millions de personnes ont été déplacées en raison des tremblements de terre.

Bianet

PCF: Non à l’interdiction du parti démocratique des peuples!

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PARIS – Le parti « pro-kurde », HDP est menacé de fermeture par la justice turque instrumentalisée par le gouvernement d’Erdogan. Réagissant aux pressions et aux attaques contre le HDP, le Parti communiste français (PCF) a exigé l’annulation du procès en cours, ajoutant que « Le HDP agit avec détermination et créativité pour le progrès social et écologique, la liberté, l’égalité des citoyens quelle que soit leur origine ethnique et confessionnelle mais aussi en faveur de l’émancipation des femmes. »

Voici le communiqué du PCF daté d’hier:

« Turquie : Non à l’interdiction du parti démocratique des peuples !

Alors que la Turquie crie encore sa douleur après le tremblement de terre dévastateur du début de ce mois et exprime sa colère devant l’incurie et les discriminations révoltantes des responsables politiques de l’AKP, R.T. Erdogan a un autre agenda, celui de sa réélection coûte que coûte.

Pour cela, le président turc entend se débarrasser de ses adversaires les plus déterminés. Depuis 2015, il a accéléré la répression et la criminalisation du Parti démocratique des peuples (HDP) en incarcérant ses parlementaires, en destituant ses maires et en emprisonnant les militants de cette formation notamment lors du procès Kobanê. Il y un peu plus d’un an, une procédure d’interdiction du HDP était diligentée devant la Cour constitutionnelle. Celle-ci arrive à son terme et la Cour, aux ordres du pouvoir, est amenée à se prononcer à partir du 14 mars 2023.

Il s’agit ni plus ni moins d’interdire un parti démocratique qui réunit des millions de voix et qui est un acteur majeur de la vie politique turque. La décision qui sera prise ne peut être qu’arbitraire et viole en tout état de cause la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH).

La précipitation de R.T. Erdogan est à la mesure de son inquiétude pour les scrutins législatif et présidentiel de mai-juin. L’autocrate d’Ankara a en effet plongé son pays dans le chaos et, par sa politique agressive, déstabilise la région.

Le Parti communiste français (PCF) condamne fermement la procédure d’interdiction du HDP devant une Cour constitutionnelle illégitime. Il assure le HDP de sa solidarité totale dans la mesure où il œuvre pour une Turquie démocratique et pluraliste. Le HDP agit avec détermination et créativité pour le progrès social et écologique, la liberté, l’égalité des citoyens quelle que soit leur origine ethnique et confessionnelle mais aussi en faveur de l’émancipation des femmes.

Nous exigeons, conformément à la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) l’annulation du procès en cours, le respect de l’État de droit ainsi que la liberté pour tous les peuples de Turquie. »

Parti communiste français
Paris, le 2 mars 2023

 

IRAN. Les mollahs ont exécuté plus de 100 personnes en 2 mois

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IRAN / ROJHILAT – En deux mois, les mollahs iraniens ont exécuté plus d’une centaine de personnes, dont la moitié étaient des Kurdes et des Baloutches, selon l’ONG Hengaw.

102 personnes ont été exécutées en Iran depuis le début de l’année selon un rapport de l’organisation HENGAW basée à Oslo.

La peine de mort a été particulièrement utilisée contre des membres de groupes ethniques persécutés et marginalisés, rapporte Hengaw. Depuis le début de l’année, les autorités du régime ont exécuté au moins 33 Kurdes, 15 membres de la minorité baloutche, un Gilak et un Arabe d’Ahwaz. Dans 94 cas, les condamnations à mort ont été prononcées en relation avec des accusations liées au trafic de drogue et à des meurtres.

Les prisons de la province d’Alborz, dans le nord de l’Iran, ont enregistré le plus grand nombre d’exécutions (27) tandis que six condamnations à mort ont été exécutées dans un centre de détention à Kirmaşan (Kermanshah). Selon Hengaw, au moins cinq des personnes exécutées étaient des prisonniers politiques. Parmi eux se trouvaient Arash Sarkawt Ahmadi et l’ancien dirigeant anglo-iranien Ali Reza Akbari.

Amnesty international: Frénésie d’exécutions et recours croissant à la peine de mort contre des minorités ethniques persécutées

Dans un communiqué daté d’hier, Amnesty international a dénoncé ainsi le recours massif de la peine de mort contre les minorités ethniques persécutées d’Iran:

« Le 20 février, Hassan Abyat, un homme arabe ahwazi, a été exécuté à la prison de Sepidar, dans la province du Khuzistan. Arash (Sarkawt) Ahmadi, un homme kurde, a quant à lui été exécuté le 22 février à la prison de Dizel Abad, dans la province de Kermanshah. Des sources bien informées ont indiqué à Amnesty International qu’après les arrestations des deux hommes, des agents chargés de leurs interrogatoires les avaient soumis à des actes de torture et d’autres mauvais traitements en vue de les forcer à faire des « aveux ». Leurs « aveux » forcés ont été diffusés par les médias d’État, ce qui bafoue leur droit à la présomption d’innocence et constitue une tentative des autorités de les diaboliser et de justifier leur exécution. Ils ont en outre été privés d’assistance juridique et ont été exécutés en secret, sans bénéficier d’une dernière visite et sans que leurs familles n’aient été prévenues. »

Séisme en Turquie. Les supporters de Fenerbahçe interdits d’assister au match de 4 mars

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TURQUIE – Lors d’un match du 25 février dernier, des supporters de Fenerbahçe avaient scandé « Mensonges, tricheries, ça fait vingt ans, démission! » en réaction aux séismes mortels du 6 février qui ont fait plusieurs dizaines de morts dans le sud-est du pays (régions à majorité kurde-alévie). Le lendemain, des supporters de Beşiktaş faisaient de même, attirant la colère de la coalition politique AKP-MHP qui a demandé aussitôt l’interdiction des supporters de ces équipes d’assister aux matchs.

Depuis, le conseil de sécurité de Kayseri a interdit aux supporters de Fenerbahçe d’assister au match Fenerbahçe-Kayserispor du 4 mars invoquant des raisons de « sécurité ».

Un tribunal turc saisi par le club Fenerbahçe concernant l’interdiction de ses supporters du stade le 4 mars a refusé la requête de l’équipe. Par ailleurs, le conseil de sécurité de Kayseri a affirmé qu’ils avaient des informations fiables prédisant que des troubles majeures anti régime pourraient emmailler tout le pays.

IRAN. Le régime a empoisonné des centaines d’écolières pour avoir participé aux manifestations anti-régime

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IRAN / ROJHILAT – 650 écolières auraient été empoisonnées par le régime depuis novembre pour avoir joué un rôle majeur dans les manifestations suite au meurtre de la jeune Kurde Jina Mahsa Amini par la police des mœurs à Téhéran en septembre 2022.

Les autorités iraniennes ont lancé une enquête concernant l’empoisonnement de 650 écolières par des gaz toxiques depuis novembre, a rapporté mardi la BBC.

Aucune des filles n’a perdu la vie à la suite de l’empoisonnement, mais des dizaines ont souffert de problèmes respiratoires, de nausées, de vertiges et de fatigue, a-t-il ajouté.

Les informations disponibles sur l’empoisonnement indiquent « la possibilité d’actes criminels et prémédités », selon le vice-ministre de la Santé du pays.

La plupart des empoisonnements ont eu lieu à Qom, le cœur religieux du pays qui abrite le clergé et les séminaires théologiques iraniens.

Selon la BBC, certains Iraniens soupçonnent que l’empoisonnement était une forme de punition contre des écolières qui ont joué un rôle majeur dans les manifestations nationales qui ont suivi la mort de Jina (Mahsa) Amini, une jeune femme kurde de 22 ans.

Amini est décédée lors d’une visite à Téhéran après avoir été arrêtée par la police religieuse du pays pour avoir enfreint le code vestimentaire. Amini aurait subi des lésions cérébrales dues aux tortures subies pendant sa détention.

Après sa mort, de nombreuses femmes, en particulier des écolières, en Iran ont envahi les rues pendant des mois en retirant leur foulard et en se coupant les cheveux pour montrer leur défi à la règle religieuse du pays.

Certains spéculent également que l’empoisonnement a été perpétré par des extrémistes qui veulent terroriser les parents pour qu’ils cessent d’envoyer leurs filles à l’école, a déclaré la BBC.

Medya News

Kurdes tués à Paris: qui a engagé William Malet ?

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PARIS- Une conférence de presse s’est tenue au Centre culturel kurde Ahmet Kaya concernant le meurtre de trois militants kurdes à Paris le 23 décembre 2022.

L’attentat du 23 décembre à Paris a coûté la vie à une membre éminente du mouvement des femmes kurdes, Emine Kara, à l’artiste kurde Mir Perwer et à Abdurrahman Kızıl. Alors que le tueur, William Malet, a été arrêté, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) rejette l’argument des autorités françaises selon lequel l’attentat serait à « caractère raciste ».

Le CDK-F soutient que cette attaque n’est pas seulement un incident raciste, mais plutôt politique et devrait faire l’objet d’une enquête par le parquet « anti-terroriste ».

Conférence de presse – Centre culturel kurde à Paris

En réponse à l’enquête, les porte-parole du CDK-F Berivan Fırat et Agit Polat et les avocats Christian Charrière-Bournazel, David Andic et Jean-Louis Malterre ont tenu une conférence de presse au Centre culturel kurde Ahmet Kaya. Les avocats se sont inquiétés de l’enquête inerte, des questions sans réponse et des soupçons.

L’avocat Christian Charrière-Bournazel a déclaré que l’État turc est hostile aux Kurdes, rappelant la répression qui dure depuis des années contre ses citoyens kurdes.

En référence au massacre de Paris, Charrière-Bournazel a noté que « toutes les relations passées du tueur devraient faire l’objet d’une enquête ». L’avocat a souligné qu’il fallait enquêter pour savoir si le tueur avait reçu des instructions de l’Etat turc.

Pourquoi le procureur anti-terroriste n’a pas été saisi ?

L’avocat David Andic a souligné que si le bureau du procureur anti-terroriste s’occupe généralement des affaires contre la jeunesse kurde, aucun procureur anti-terroriste n’est intervenu dans l’affaire du massacre.

Andic a déclaré : « Nous voulons que les institutions judiciaires soient autorisées à faire leur travail. »

L’avocat Jean Luis Malterre a déclaré que s’il était heureux de voir la France reconnaître les Kurdes, certains partenariats gouvernementaux avec l’État turc sont inquiétants.

Secret d’État

Malterre a souligné que l’obstacle du secret d’État dans le premier massacre de Paris avait eu un impact négatif sur l’affaire en cours. Il a dit qu’ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi l’attaque du 23 décembre 2022 n’était pas considérée comme une attaque terroriste. Sakine Cansız, membre fondatrice du PKK, Fidan Doğan, représentante du KNK à Paris, et Leyla Şaylemez, membre du mouvement de jeunesse kurde, ont été assassinées lors d’un autre triple massacre le 9 janvier 2013. Les avocats de la famille exhortent le gouvernement français à lever le secret d’État, citant l’implication avérée du Service de renseignement turc (MIT) dans le massacre.

Malterre a souligné que les relations des policiers français chargés de l’enquête avec l’Etat turc sont suspectes.

L’enquête traine

Le porte-parole du CDK-F chargé des relations extérieures, Agit Polat, a souligné que l’enquête progressait très lentement.

Polat a demandé pourquoi la maison du meurtrier avait été fouillée un mois après son arrestation.

Insistant sur le fait qu’il y avait de nombreuses questions auxquelles il fallait répondre, Polat a déclaré qu’ils souhaitaient que l’enquête progresse correctement et plus rapidement.

Le tueur a un lien politique avec la Turquie

Polat a révélé que le meurtrier continuait de jouir de son droit de garder le silence, mais lors de la séance de psychiatrie, il a clairement justifié l’attaque, invoquant son intolérance envers les « Kurdes » et le « PKK ». Polat a ajouté que pour eux le caractère « politique » et « terroriste » de cet attentat évident : « Lors de sa rencontre avec le service psychiatrique, personne ne lui a rien demandé sur les Kurdes. Il a dit qu’il n’aimait pas les Kurdes et le PKK parce que le PKK avait perpétré des attentats en Turquie. Cela montre que le tueur a un lien politique avec la Turquie. Je veux attirer l’attention sur ceci : le PKK ne fait pas d’attentats en France et Mallet (William Malet) n’en parle pas du tout. Donc, il a le même parti pris contre les Kurdes que le régime d’Erdogan. »

Polat a insisté sur le fait que le tireur a avoué pendant sa détention qu’il avait pris pour cible le centre culturel kurde Ahmet Kaya, et demandé « Qui a engagé William Malet ? ».

ANF

ROJAVA. Le 8e Festival de littérature et d’art féminin s’achève aujourd’hui

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SYRIE / ROJAVA – Le 8e Festival de littérature et d’art féminin (en kurde: Mîhrîcana Wêje û Hunera Jinan) s’achève aujourd’hui avec la remise des prix.

Le 8e Festival de littérature et d’art féminin promu par le Comité de la culture et de l’art de la région de Cizre a débuté à Qamishlo.

Le festival, qui se tient au Centre culturel et artistique Mihemed Şêxo à Qamishlo, depuis mercredi s’achève aujourd’hui avec la remise des prix.

Le festival est divisé en trois parties et comprend des sections telles que les activités de soutien et de patrimoine culturel, la peinture, la littérature, le théâtre et le cinéma.

Le festival a débuté par une exposition de peinture organisée par le Serdem Art Group. Axîn Siwêd, coprésidente du Conseil exécutif de l’administration autonome démocratique de la région de Cizre, a parlé de l’importance du festival et a déclaré: « La lutte des femmes est difficile et elles se heurtent à de nombreux obstacles. Avec unité et solidarité, nous surmonterons tous les obstacles, réaliserons notre liberté et gagnerons nos droits. »

Botan Hoşî, membre du comité d’organisation du festival, a déclaré que tout l’art et la littérature représentant les femmes et leur réalité auront lieu au festival et a ajouté : « Le festival sera coloré aux couleurs du printemps (…). En raison du tremblement de terre qui a frappé notre région en février, nous avons décidé qu’il n’y aurait ni chants ni ronde musicale au festival. »

Mercredi, la pièce « Jin, jiyan » de l’équipe de théâtre féminin Darsin a été jouée. Plusieurs poétesses ont récité des poèmes et des nouvelles en arabe et en kurde. La première journée s’est terminée par la projection du film Berbu de Sevinaz Evdike.

Le 8e Festival de littérature et d’art féminin s’est terminé jeudi par une cérémonie de remise des prix. Le Festival s’est tenu au Centre culturel et artistique Mihemed Şêxo à Qamishlo avec le slogan « Nous apporterons l’art de la révolution avec Jin, jiyan, azadi » . Le festival a vu la participation de 100 femmes artistes et écrivains et a été parrainé par le Comité de la culture et de l’art de la région de Cizre.

Le deuxième jour du festival, Fewziya El Mirhi et Fairuz Reşık ont ​​récité des poèmes en arabe et Reşa ​​Şemon en syriaque. Neriman Evdike a également lu ses histoires.

Remise de prix aux femmes artistes dans diverses disciplines

Lauréates :

Nouvelles arabes : Azad Hesen, Fatme Ehme et Xatun İbrahim.

Poésie arabe : Sema Isa, Eya Hemid et Zekiye Musa.

Prose arabe : Leyla Xalid.

Petite histoire en kurde : Medya Berekat, Zilan Hemo, Hind Ebdullah.

Poésie kurde : Aljin Hemo, Silava Ararat et Anahita Sîno.

Peinture : Jinda Xoce, Yara Hisko et Yasmin Hesen

ANF

Grève féministe en solidarité avec les femmes du monde entier, notamment iraniennes, afghanes et kurdes

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PARIS – De nombreux collectifs, associations de femmes, syndicats et partis politiques appellent à la grève féministe le 8 mars en solidarité avec les femmes du monde entier à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Voici leur appel:

Le 8 mars, ce n’est ni la fête des mères, ni la fête des femmes, c’est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Nous appelons à la grève féministe en solidarité avec nos sœurs du monde entier, notamment iraniennes, afghanes et kurdes qui subissent une remise en cause de leurs droits fondamentaux et qui payent parfois de leur vie leur résistance acharnée à l’oppression. Nous soutenons nos sœurs ukrainiennes confrontées à une guerre cruelle et meurtrière dont un grand nombre vit en exil ou ont à affronter la peur des bombardements et les exactions des soldats russes. Nous soutenons nos sœurs féministes russes qui manifestent contre ces menées militaristes au prix souvent de leur liberté.

Nous appelons à la grève féministe pour gagner l’égalité au travail et dans nos vies, pour garantir notre indépendance économique.

En France, le gouvernement s’attaque de nouveau et frontalement aux femmes avec une réforme des retraites, qui va les percuter de plein fouet. Au cœur de la lutte contre cetteréforme, le 8 mars est l’occasion de mettre sur le devant de la scène la situation et les revendications des femmes et d’amplifier la mobilisation.Le 8 mars 2020 a été la dernière manifestation avant l’enterrement de la réforme des retraites à points ! Faisons du 8 mars 2023 celui du retrait de cette nouvelle réforme de régression sociale majeure. Ensemble, nous gagnerons !

Toujours payées un quart en moins, concentrées sur les emplois moins bien rémunérés et à temps partiels, les femmes sont de plus en plus nombreuses à ne pas pouvoir boucler les fins de mois. Au lieu de sanctionner les entreprises qui discriminent, au lieu d’augmenter les salaires et les pensions,de lutter contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, ce gouvernement et le patronat veulent imposer une réforme des retraites violente et injuste. Contraintes par des salaires plus faibles et des carrières plus courtes du fait de la prise en charge des enfants et des aîné·es, nous touchons déjà aujourd’hui une pension en moyenne inférieure de 40% à celle des hommes. Reporter encore l’âge de départ, alors que nous sommes nombreuses à partir en retraite avec une carrière incomplète dégradera encore notre situation. Nous refusons de travailler plus pour gagner moins ! Au contraire, mener des politiques volontaristes pour l’égalité des salaires et des taux d’emploi procurerait des cotisations supplémentaires supérieures au déficit invoqué par le gouvernement pour justifier la réforme des retraites.

Handicapées, nous subissons d’autant plus les violences sexistes, y compris sexuelles, qu’elles soient privées, institutionnelles, médicales, ou économiques. Nous ne voulons plus être invisibles, privées de nos droits à l’auto-détermination, à l’éducation, à l’autonomie, à l’emploi, aux soins, et à la procréation pour celles souhaitant devenir mère. Nous voulons notre indépendance économique, l’accessibilité universelle de l’ensemble de l’espace public, des logements, des écoles et lieux de formations, professionnels ou de loisirs.

Travailleuses sans papier, nous voulons être déclarées et pouvoir cotiser. Pas question, comme le fait le projet de loi asile immigration, de donner les pleins pouvoirs aux patrons pour décider de notre régularisation !

Privées d’emploi, nous ne voulons pas que la durée de notre indemnisation, comme le prévoit désormais la loi, dépende des aléas de la conjoncture économique.

Nous refusons de subir les effets du projet de loi sur le logement Kasbarian-Bergé actuellement en discussion qui criminalise les locataires et occupantes précaires mises dans l’illégalité en accélérant les mises à la rue, précarisant encore davantage celles qui subissent des violences et des inégalités.

Nous appelons à la grève féministe pour défendre le droit à l’avortement toujours menacé ou criminalisé dans le monde. En France, ce droit doit être inscrit dans la Constitution ! Il doit aussi être effectif sur l’ensemble du territoire avec le maintien et la réouverture de maternités et hôpitaux de proximité.

#MeToo a mis en lumière que les violences contre les femmes et les filles étaient partout. Nous voulons enfin en tous lieux être respectées et 2 milliards pour l’accompagnement des victimes, la mise en œuvre des politiques de prévention pour assurer la fin des violences sexistes et sexuelles. Nous en avons assez de l’impunité des agresseurs ! Nous voulons une réelle solidarité avec les victimes ! Nous voulons que les lois existantes soient complétées et appliquées !

De bons salaires, de bonnes retraites, c’est la garantie de notre indépendance économique. Pas question, de dépendre de nos pères, de nos conjoints ou de toute forme de patriarcat !

Nous voulons du temps pour vivre, un vrai partage des tâches domestiques et parentales, une réduction du temps de travail pour toustes ! Nous voulons des services publics pour socialiser ces tâches et prendre en charge nos enfants et nos parents !

Nous voulons avoir les moyens de faire nos choix de vie et de vivre librement notre orientation sexuelle et nos identités. Nous voulons mettre fin aux attaques et discriminations misogynes, racistes et LGBTQIAphobes. Celles-ci sont relayées par les discours de l’extrême droite dont l’ADN est la haine de l’« autre ».

Nous voulons une éducation non sexiste, la mise en place effective d’une éducation à la sexualité et au consentement, la fin des stéréotypes dans les manuels scolaires et une orientation scolaire et professionnelle non genrée.

Le 8 mars, on s’arrête toutes et on manifeste. On fait la grève féministe.

On montre la solidarité et la force des femmes. Le 8 mars, on grève, on débraye, on agit. Faisons du bruit à 15h40, heure à laquelle chaque jour les femmes arrêtent d’être payées. Le 8 mars, toustes ensemble, on envahit les rues contre la réforme des retraites, pour l’augmentation des salaires, contre les violences sexistes et sexuelles et en solidarité internationale avec les femmes du monde entier.

Ras le bol du patriarcat !

 

1ères signataires :

Organisations nationales : Association Nationale des Études Féministes (ANEF), Association Mémoire Traumatique et Victimologie, ActionAid France, APEL-Egalité, Attac France, CCFD-Terre Solidaire, CGT,Collectif National Droit des Femmes, Collectif pour une Parentalité Féministe, CNT-Solidarité Ouvrière, Collectif « féministes tunisiennes », la FAGE, Fédération Nationale Solidarité Femmes, Femmes Égalité, Femmes Solidaires, Femmes de la résistance, Fondation Copernic, FSU, Fédération Nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), Fédération des Associations des Marocains en France, Las Rojas, La Relève Féministe, les Effronté-es, Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie (LFID) L’Assemblée des Femmes, La Place des Grenouilles, Las Rojas, Les Rosies, Marche Mondiale des Femmes France, Mémoire traumatique et victimologie, Mouvement des Femmes Kurdes (TJK-F), Mouvement des mères isolées, #NousToutes, On arrête Toutes !, Organisation de Solidarité Trans (OST), Osez le féminisme, Planning familial, People’s Health Movement France (PHM), Réseau féministe « Ruptures », Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France, Union des femmes socialistes (SKB)France, UNEF (union nationale des étudiant•e•s de France ), Union Syndicale Solidaires,

Organisations locales : Assemblée Féministe Paris-banlieues, Collectif CIVG Tenon, Collectif 65 pour les Droits des Femmes, Collectif Féministe Les Dionysiennes, Collectif féministe narbonnaise, CGT ÉDUC’ACTION 75, Interorga féministe de l’Hérault, Maison des Femmes Thérèse Clerc Montreuil, Le Planning Familial 94, ZORA Paris, Fédération Régionale des Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles du GrandEst, Fédération Régionale des CIDFF d’Auvergne Rhône-Alpes, La Taverne Ludique (Caen)

En soutien : Europe Ecologie Les Verts (EELV), Ensemble!, Gauche Eco Socialiste, Génération S, Humains et dignes, La France Insoumise (LFI), Les Jeunes Écologistes, Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF), NPA, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti communiste français, Parti de Gauche, Parti Socialiste (PS), Place publique, Rejoignons-nous, Union Communiste Libertaire

 

La Turquie a commis un nouveau crime à Shengal

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IRAK / SHENGAL – Malgré le séisme mortel qui a frappé la Turquie, Erdogan continue à attaquer la Syrie et l’Irak où il massacre les Kurdes et les Yézidis. Ce midi, une frappe aérienne turque a ciblé les forces de sécurité yézidies à Shengal, tuant le combattant Şêrzad Şemo Kasım.

Ce midi, l’État envahisseur turc a effectué une frappe aérienne sur un véhicule de la force de sécurité locale yézidie (Ezidxane Asayish) dans le centre de la ville yézidie de Shengal (Sinjar) au Kurdistan d’Irak.

L’attaque d’aujourd’hui est survenue après une attaque de drone turc qui a visé un véhicule appartenant aux YBŞ (unités de résistance de Shengal) à Khanasor (Xanesor) le 27 février. L’attaque a coûté la vie aux commandants de YBŞ Pîr Çeko et Agir Cefri.

ROJAVA. La Turquie cible les rescapés du séisme

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SYRIE / KURDISTAN – Le séisme dévastateur du 6 février n’a pas fait obstacle à la machine de guerre turque, qui a comme objectif principal l’anéantissement des Kurdes et des peuples de la région. Les forces armées turques et leurs alliés jihadistes ont attaqué les rescapés du séisme par des obus, drones et des armes chimiques interdites.

Après le tremblement de terre dévastateur du 6 février qui a frappé le Kurdistan du Nord et la Turquie, et touché plusieurs zones en Syrie, le Commandement général des Forces démocratiques syriennes (FDS) a annoncé aussitôt qu’elles sont prêtes à fournir une assistance immédiate pour les rescapés du séisme sur le territoire syrien, et le 10 février, l’administration autonome a appelé à mettre de côté les divergences politiques et à se concentrer sur la situation humanitaire.

D’autre part, le coprésident de l’organe exécutif de l’Union de la communauté du Kurdistan (KCK, aile militaire du PKK), Cemil Bayik, a annoncé le 10 février un cessez-le feu unilatéral à cause du séisme qui a frappé la région. Cependant, l’État turc occupant, qui a comme projet principal l’extermination du peuple kurde et des habitants de la région au lieu de sauver la vie des millions de rescapés du séisme, a commis davantage de meurtres.

Le 6 février, l’armée d’occupation turque a bombardé les environs du district de Tal Rifaat avec des armes lourdes.

Le 8 février, le centre des médias des Forces de sécurité intérieure dans le nord et l’est de la Syrie a annoncé que leur membre Abd al-Rahman al-Jalmud a été tu dans un attentat terroriste.

Le 9 février, l’armée d’occupation turque a bombardé le village d’Al-Khalidiyah, la ville d’Al-Hishah et la route internationale M4 dans le district d’Ain Issa. Elle a également bombardé les position de la guérilla à proximité du village de Saida et de Jamjo, à Sheladize, dans la région d’Amediyah, au Kurdistan irakien, avec des armes chimiques interdites deux fois de suite, tout en utilisant des obus de chars et des soldats au sol.

Le 10 février, l’armée d’occupation turque a bombardé les fronts de résistance près de la région de Jamjo, au Kurdistan irakien avec des armes lourdes. Les combattants se sont défendus et ont tué un soldat de l’occupation.

Le 11 février, les villages de Saida, Al-Khalidiyah, Taiba et la route internationale ont été soumis à d’intenses bombardements par l’armée d’occupation turque. Les tranchées de la guérilla ont également été bombardées 27 fois avec des canons et des armes lourdes par l’armée d’occupation.

Le 12 février, un drone d’occupation turque a pris pour cible une voiture sur la route menant au village de Manaz, dans la campagne ouest de la ville. Un membre du Mouvement pour une société démocratique, Mahmoud Bashar (nom de guerre Mahmoud Kobani), a été assassiné. Les soldats de l’armée d’occupation turque ont également tué 3 jeunes hommes (Ismail Hamdi Al-Abdullah et Alaa Hussein Al-Omar (20 ans) de la ville d’Azaz, et Muhammad Rami Rustam (24 ans) de la ville de Darat Azza, en de manière brutale, alors qu’ils tentaient d’entrer sur le territoire turc pour secourir leurs familles coincées sous les décombres, près du village de Deir Sawan, dans le district de Shera, dans la campagne occupée d’Afrin.

Le 14 février, les avions de querre turcs ont bombardé la place de la plaine de Kafia à Gara, à 5 reprises.

Le 15 février, l’armée d’occupation a bombardé à l’arme lourde la place de la Résistance au Mont Cudi et a bombardé les tranchées de la résistance près du village de Saida avec des armes interdites dans le district de Sheladize.

Le 16 février, l’armée d’occupation turque a bombardé le district de Tal Rifaat du canton d’al-Shahba, tuant le vieil homme Youssef Abed (70 ans) et blessant un autre civil.

Les 15 et 16 février, l’armée d’occupation turque a bombardé les tranchées de la résistance dans la colline FM près du village de Saida et de la place Jamjo avec des bombes, des chars et des armes lourdes 43 fois.

Le 17 février, l’armée d’occupation a poursuivi ses attaques contre la guérilla, bombardant leurs zones avec des hélicoptères de combat, des chars, des obus et des armes lourdes à 38 reprises.

Le 18 février, l’armée d’occupation turque a bombardé la route M4, la maison de repos d’Al-Nakhil, le village de Saida et l’ancien camp d’Ain Issa dans la campagne orientale du district d’Ain Issa. Le même jour, les tranchées de la résistance sur la place de la résistance de la colline Cudi près du village de Saida et la place Jamjo ont été bombardées avec des canons, des chars et des armes lourdes 63 fois.

Le 19 février, l’armée d’occupation a bombardé les zones où les combattants de la guérilla étaient stationnés, 6 fois avec des avions de combat et 63 fois avec des chars, de l’artillerie et des armes lourdes.

Le 20 février, l’armée d’occupation turque a poursuivi son attaque sur les sites de la guérilla, et elle a été bombardée 46 fois avec des chars, de l’artillerie, des armes lourdes et des dizaines de fois avec des avions de combat.

Le 20 février, l’armée d’occupation turque a bombardé les villages de Hawija, Fatsa et la partie orientale du district d’Ain Issa à l’arme lourde.

Le 22 février, une voiture sur la route entre Qamishlo et Tirbe Spi a été attaquée par un drone de l’armée d’occupation turque près du village de Bweira, à l’est de la ville de Qamishlo, tuant Khalil Manjeh et en blessant une autre personne.

Le 23 février, l’armée d’occupation turque a bombardé 25 fois les tranchées de la résistance près du village de Saida avec des bombes interdites et des matériaux au phosphore lancés à partir de chars. Il a également bombardé les collines d’Amidiya et Judy 83 fois avec des bombes, des canons, des chars et des armes lourdes.

Le 24 février, un attentat à la voiture piégée perpétré par les services de renseignement turcs (MIT), dans la région d’Al-Shaqif, au nord du quartier Sheikh Maqsoud à Alep, a entraîné la mort d’un membre du Comité économique, Hamza Kobani (Mehmet Yildirim), et la blessure de 3 autres. Le même jour, l’armée d’occupation turque a bombardé 17 fois des sites de résistance près du village de Saida avec des bombes au phosphore et des bombes interdites. La région de la colline FM et la région de Jamjo ont également été bombardées 65 fois avec des canons et des chars.

Le 25 février, les Forces de sécurité intérieure ont annoncé la mort de l’un de ses membres (Mutashar Al-Ahmad) lors d’une attaque terroriste alors qu’il accomplissait son devoir national de défendre sa terre. Le camp d’Ain Issa et la route internationale 4M ont également été bombardés à l’arme lourde. Les zones de guérilla ont également été bombardées deux fois par des avions de combat, 6 fois par des hélicoptères, 65 fois par des chars et des obus et 17 fois par des armes contenant du phosphore et des produits chimiques interdits.

Le 26 février, les positions de la guérilla kurde ont été bombardés une fois par des avions de combat de l’armée d’occupation, et 43 fois par des chars, des obus d’artillerie et des armes lourdes. Les tranchées de la guérilla près du village de Sida ont été bombardées à 15 reprises par des obus chargés de phosphore. L’armée d’occupation turque a également bombardé le village d’Al-Kouzeliya dans la campagne sud du district le long de la route internationale M4 et le village d’Umm Al-Kif dans la campagne ouest avec de l’artillerie lourde.

Le 27 février, une voiture a explosé près de l’école primaire, Rufaida Al-Aslamiya, dans le quartier Al-Kallasa de la ville d’Al-Hasakah, blessant un combattant et deux citoyens, dont une femme de 70 ans nommée Amina Khalil Darwish (70 ans). Le camp d’Ain Issa et les villages de Sidon et Khalidiya ont été bombardés à l’arme lourde.

Les unités de résistance de Şengal ont également annoncé la mort de deux de ses commandants, Bir Gekko (Saad Ali Badal) et Aker Jafri (Khairy Khidr Khalaf), et un autre blessé après avoir été pris pour cible par les drones de l’État d’occupation turc dans le village de Bahrava, à Shengal.

Une femme (Wadha Ali Al-Fares) a également été blessée au pied gauche après avoir été ciblée par l’armée d’occupation turque à proximité du village d’Al-Dardara, à l’est du district de Tal Tamr, canton d’Al-Hasakah, alors qu’elle faisait paître ses moutons.

ANHA

Un jeune Kurde blessé grièvement par des fascistes turcs au Danemark

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À Esbjerg, au Danemark, un groupe de racistes turcs a attaqué un jeune Kurde de Kobanê et l’a grièvement blessé à l’arme blanche.

La victime s’appelle Muhammad Oso. Il est actuellement aux soins intensifs.

Selon des informations, une famille kurde d’Afrin a sauvé la victime des mains des assaillants et a informé la police de l’attaque.

Rudaw