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Aide humanitaire bloquée, journalistes détenus, torture: documentations des violations après le séisme en Turquie

TURQUIE / KURDISTAN – La Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV) a publié un rapport compilant les violations des droits, dont torture et meurtre de civils, dans 10 provinces touchées par les séismes dévastateurs du 6 février qui a frappé le sud-est de la Turquie (régions à majorité kurde).

Les autorités ont empêché les livraisons d’aide dans au moins 20 cas, 17 personnes ont été soumises à la torture et les forces de l’ordre ont empêché 11 journalistes de faire leur travail, selon la Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV).

Le rapport est basé sur des reportages et des déclarations d’organisations professionnelles et de défense des droits humains.

En décrétant un état d’urgence de trois mois dans les 10 provinces touchées par les séismes, le gouvernement « essaye de cacher la crise », a déclaré le TİHV dans un communiqué. « La déclaration de l’état d’urgence porte un coup aux efforts des citoyens pour surmonter la crise par la solidarité. »

Voici quelques faits importants cités dans le rapport :

Entraves et saisis de collecte d’aides

Les autorités ont gêné les citoyens, les ONG, les partis politiques et les municipalités qui ont collecté du matériel d’aide pour les survivants du tremblement de terre au moins 20 fois. Dans sept cas, les aides collectées ont été saisies.

Une personne a été blessée lors d’une attaque armée visant la collecte d’aide.

Les autorités ont saisi 100 camions d’aide envoyés par le Parti du futur (Gelecek) et 1 500 tentes, 10 camions, 30 conteneurs et 120 groupes électrogènes envoyés par le Parti démocratique des peuples (HDP).

Journalistes persécutés

Au moins 22 journalistes travaillant dans la région touchée par le séisme ont fait l’objet d’interventions, 11 d’agents des forces de l’ordre et 11 de civils. Au moins un journaliste a été blessé et quatre ont été arrêtés. Un journaliste étranger (Guillaume Perrier) n’a pas été autorisé à entrer en Turquie.

Torture et mauvais traitements

Dix-sept personnes ont été torturées et maltraitées dans neuf affaires distinctes. L’un d’eux est mort et 10 ont été blessés. Les auteurs étaient des policiers dans quatre cas et des gendarmes dans trois cas.

Trois prisonniers sont morts et neuf autres ont été blessés lors de l’intervention des forces de l’ordre dans les émeutes des prisons après les tremblements de terre.

Une personne a été tuée après avoir été torturée en détention.

Quatre-vingt-un enfants laissés sans soins après les tremblements de terre n’ont pas pu être identifiés.

Liberté d’expression bafouée 

Des poursuites judiciaires ont été intentées contre 575 personnes pour leurs publications sur les réseaux sociaux au sujet des tremblements de terre. Quelque 141 d’entre eux ont été détenus et 27 ont été arrêtés.

Le Conseil suprême de la radio et de la télévision (RTÜK) a infligé des amendes à Halk TV, TELE1 et Fox Tv pour la couverture du tremblement de terre.

Les forces de l’ordre ont empêché 10 manifestations pacifiques contre le passage des universités à l’enseignement en ligne afin de réinstaller les survivants du tremblement de terre dans des dortoirs. Au cours de ces événements, 246 personnes ont été maltraitées et détenues.

Les tremblements de terre

Le 6 février, deux tremblements de terre d’une magnitude de 7,7 et 7,6 ont frappé la ville méridionale de Maraş. Le premier tremblement de terre dans le district de Pazarcık à 4 h 17 a été suivi du second à Elbistan environ neuf heures plus tard.

Les séismes ont touché 11 villes du sud et du sud-est de la Turquie, ainsi que le nord de la Syrie, où plus de 5 000 personnes ont été tuées.

Le bilan officiel des tremblements de terre s’élève à plus de 45 000 et devrait encore augmenter, car plus de 160 000 bâtiments ont été détruits ou gravement endommagés, selon les chiffres du gouvernement.

Près de deux millions de personnes ont été déplacées en raison des tremblements de terre.

Bianet