TURQUIE – Asiye Aydemir du collectif Mères du Samedi est décédée. Aydemir s’est battue pendant des années pour son fils Hüseyin Aydemir disparu en détention en 1995.
Hüseyin Aydemir
Hüseyin Aydemir, 34 ans et père de six enfants, vivait dans le village de Tûtê (Yaprak) à Lice, un des districts de Diyarbakir (Amed). A cette époque, Lice et ses villages ont également été incendiés par l’armée turque qui obligeait les villageois kurdes à migrer ou à devenir des gardes de village.
La maison d’Hüseyin Aydemir a été plusieurs fois perquisitionnée et sa famille exposée à la violence. Les soldats qui ont fait une descente dans la maison laissaient des messages à transmettre à Hüseyin que s’il ne se rendait pas, ils le tueraient là où ils le trouve et traîneraient son cadavre derrière un blindé.
Lors d’un raid, les soldats turcs ont arrêté son père qu’ils ont torturé pendant vingt jours. On lui a dit : « Dis à ton fils de venir se rendre. »
Huseyin Aydemir, qui ne pouvait pas rentrer chez lui dans ces conditions, a immigré avec sa famille d’abord à Diyarbakir puis à Adana. Cependant, il n’a pas pu échapper à la pression et aux menaces là-bas. Il a déménagé à Istanbul avec sa famille au milieu de 1995.
Aydemir est allé chez son compatriote et ami proche Fehmi Tosun à Avcılar le matin du 19 octobre 1995. Les deux amis ont quitté la maison vers 10 heures et n’ont pas pu revenir. Après avoir appris qu’ils avaient été détenus par des policiers en civil à Aksaray, leurs familles ont engagé toutes les poursuites judiciaires, en vain. Les deux hommes n’ont plus jamais été retrouvés. Leurs mères étaient parmi les femmes qui ont fondé le collectif des Mères du Samedi.
Depuis 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
Il y a 28 ans, les Mères du Samedi (en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » déclarent que l’État turc n’a jamais enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.
Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Par la suite, la cour constitutionnelle turque a déclaré que la police avait violé le droit de manifester des Mères du Samedi, en les arrêtant. Mais manifestement la police d’Erdogan refuse de se conformer aux lois de son propre pays et attaque tous les rassemblements des mères du Samedi.
TURQUIE / KURDISTAN – La militante kurde, Ayşe Gökkan a porté plainte contre le commandant du groupe Ahrar al-Charkiya, Abou Hatem Shaqra, l’un des mercenaires djihadistes impliqués dans le meurtre brutal de la politicienne kurde syrienne Hevrin Khalaf. La plainte intervient après qu’on ait découvert la présence d’Abou Hatem Shaqra en Turquie où il a été diplômé de l’Université de Mardin Artuklu sous un faux nom.
La porte-parole du Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad – TJA), Ayşe Gökkan, qui est incarcérée à la prison pour femmes de Sincan à Ankara, a porté plainte contre Abou Hatim Shaqra, un haut dirigeant du groupe de mercenaires Ahrar al-Sharqiya.
Ayşe Gökkan
Dans sa plainte pénale, Gökkan a souligné que Shaqra était responsable de nombreux meurtres, dont celui de la politicienne kurde Hevrin Khalaf. Des reportages récents dans les médias ont révélé ses études à l’Université Artuklu de Mardin. Abou Hatim Shaqra aurait utilisé le nom Ahmed İhsan Fayyad el-Hayes pour s’inscrire à l’Université d’Artuklu où il a obtenu son diplôme le 6 juin dernier.
« Je porte plainte contre l’Université d’Artuklu, l’ancien chef du renseignement Hakan Fidan, qui a aidé Shaqra à poursuivre les activités de son organisation en Turquie, d’autres responsables du renseignement et tous les agents publics qui protègent ces criminels », a déclaré Gökkan.
Gökkan a noté que les crimes commis par ce groupe de mercenaires étaient reconnus comme des crimes de guerre graves et qu’il était donc du devoir du bureau du procureur d’agir contre ces crimes et ces criminels.
Le groupe de mercenaires Ahrar al-Sharqiya est accusé du meurtre de nombreux civils, dont notamment la politicienne kurde Hevrin Khalaf, secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie en 2019. En juillet 2021, le département du Trésor américain a imposé des sanctions au groupe pour ses crimes
Hévrin Khalaf
Hevrin Khalaf était une politicienne et militante des droits de l’homme, née dans la ville d’al-Malikiyah le 15 novembre 1984. Elle a été scolarisée à Malikiyah, avant de poursuivre ses études à la Faculté de génie civil de l’Université d’Alep.
Lors de la fondation du Parti Avenir de la Syrie le 27 mars 2018 à Raqqa, elle s’est investie de façon désintéressée dans la tâche de secrétaire générale. S’exprimant à l’occasion du 8e anniversaire du soulèvement populaire en Syrie, Havrin a exprimé sa conviction que la crise politique en Syrie ne peut être résolue par la guerre. Elle a déclaré : « Huit ans se sont écoulés. Les soulèvements populaires contre la crise et la lutte des peuples syriens ont été largement sacrifiés et transformés en guerre. La crise actuelle en Syrie, qui est la raison du déplacement et du meurtre des population, ne peut être réglée sans une solution politique. »
Dans chacun de ses discours, Havrin a souligné l’importance du dialogue entre les différentes forces politiques et communautés syriennes. Elle a insisté sur le fait que les peuples doivent déterminer leur propre avenir et façonner ensemble leur propre vie politique et sociale. A travers son combat politique, Havrin a appelé tous les milieux de la société et les acteurs politiques à participer à une solution démocratique à la crise en Syrie.
Avec le début de la guerre d’occupation turque contre les territoires de l’Administration démocratique autonome dans le nord et l’est de la Syrie le 9 octobre 2019, Havrin a résolument poursuivi son combat politique. Havrin Khalaf a joué un rôle inoubliable dans la révolution des femmes du Rojava et de la communauté des peuples avec sa vie et son travail.
Dans une embuscade le 12 octobre 2019, elle a été brutalement exécutée par des combattants d’Ahrar al-Sharqiya soutenus par la Turquie près de l’autoroute M4 au sud de Tal Abyad.
SYRIE / ROJAVA – Une cérémonie funéraire a eu lieu dans la ville kurde de Kobanê pour les six combattants du Conseil militaire de Manbij tombés martyrs lors d’attaques de drones turcs le 14 juin.
Le Conseil militaire de Manbij a dévoilé l’identité des six combattants tombés martyrs dans un communiqué.
« L’armée d’invasion turque a ciblé des civils travaillant sur leurs terres près de notre point du Conseil militaire de Manbij avec un drone hier (14 juin). Deux enfants ont été blessés à la suite de l’attaque. (…) Alors qu’ils tentaient de soigner les enfants blessés, la cible de drone, 5 de nos combattants, sont tombés martyres. (…) Ahmed Muhammad Muhammad (Murad), Abdulkarim Yunis Ubayd (Abu Misab), Abdullah Hassan Ibrahim (Abdullah), Mustafa Khalil Darwish (Faris) et Mustafa Sharif Al Abdullah (Mistafa).
De même, notre combattant Welat Nebo Mihemed (Welat) est tombé martyr dans une autre attaque de drone au nord de Manbij. (…) Nous exprimons nos condoléances aux familles des martyrs et promettons de nous dresser de toutes nos forces contre les attaques de l’État turc envahisseur et de ses mercenaires. »
TURQUIE / KURDISTAN – Ferhat Şanlı et İdris Alptekin, deux jeunes Kurdes portés disparus il y a 4 jours, ont été retrouvés morts à Şırnak / Hezex (Idil).
Les corps de Ferhat Şanlı (22 ans) et İdris Alptekin (25 ans), qui sont partis à Cizre le 11 juin pour faire leurs courses n’avaient plus donné de signes. Ils ont été retrouvés dans le district Hezex (İdil) de Şirnex après que leurs familles ont porté plainte pour disparition.
Les corps de Şanlı et Alptekin ont été retrouvés sans vie 4 jours plus tard dans la région de Çiya Spi. Les corps ont été emmenés à la morgue de l’hôpital d’État de Şırnak pour l’autopsie.
TURQUIE / KURDISTAN – Au moins 9 civils sont morts, 2 autres blessées lors d’un conflit armé qui a éclaté suite à une dispute sur le partage d’un champ de blé dans la province kurde de Diyarbakir (Amed).
Le conflit foncier entre les familles Alyamaç et Taş dans la localité de Şidada (Serçeler) du district de Bismil d’Amed s’est transformé en une bagarre armée. Au moins neuf personnes ont perdu la vie et deux personnes ont été blessées dans le champ de blé où incendie aurait éclaté suite à l’affrontement armé.
TURQUIE / KURDISTAN – 9 personnes détenues à Mûş le 12 juin pour avoir assisté aux funérailles de Mir Perwer, chanteur kurde assassiné à Paris le 23 décembre 2022, ont été incarcérées.
Plusieurs personnes ont été détenues lors de raids policiers menés le 12 juin dans la province kurde de Muş au motif qu’elles avaient assisté aux funérailles de l’artiste Mir Perwer (Mehmet Şirin Aydın), qui a perdu la vie lors de l’attentat terroriste ciblant le Centre culturel kurde Ahmet Kaya à Paris le 23 décembre 2022.
Hier, les détenus Mehmet Yıldırak, Ensar Yıldırak, İbrahim Tekin, Davut Aktaş, Selami Uslu, Cihan Erol, Habib Kaynar, Habib Kılıç, Eyüp Toktaş ont été incarcérés après leur audition devant un juge.
TURQUIE / KURDISTAN – Les militaires et policiers turcs sèment la mort au volant de leurs véhicules blindés ou civils dans les régions kurdes. Le 7 juillet dernier, un blindé militaire avait percuté mortellement Erdem Aşkan, un enfant de 5 ans, dans la province kurde d’Hakkari. Deux jours après, le véhicule conduit par un sergent de l’armée turque a percuté Hayrettin Ercan dans la province kurde de Mardin/Midyat. Le jeune homme est décédé hier à l’hôpital où il était en soins intensifs.
Le 9 juillet, Hayrettin Ercan, qui se trouvait chez des proches dans le village de Kabala, à Mardin/Mîdyad, a été déposé près de la gare routière pour retourner dans sa famille au village de Dêriş (Soylu), dans le district de Stewrê (Savur). Il a été percuté par le véhicule d’un sergent de l’armée turque. Grièvement blessé, il est décédé après plusieurs jours passés aux soins intensifs.
45 civil, dont 21 enfants, tués par des blindés militaires et policiers dans les régions kurdes
Le lendemain du meurtre d’Erdem Aşkan par un blindé militaire, la branche Diyarbakir de l’Association des droits humains (İnsan Hakları Derneği – IHD) avait annoncé qu’au cours des 15 dernières années, 44 personnes, dont 21 enfants, ont été tuées à la suite de soi-disant « accidents » – qui sont en réalité la non-respect du code de la route par les membres des forces armées turques dans les régions kurdes – impliquant des véhicules utilisés par des soldats et des policiers. Avec la mort d’Hayrettin Ercan, 45 civil, dont 21 enfants, ont été tués par des blindés militaires et policiers dans les régions kurdes ces derniers 15 ans.
Entre 1914 et 1915, les Ottomans ont massacré plus de 500 000 Chaldéens, Syriaques, Assyriens et Araméens (en plus du génocide des Grecs Pontiques et celui des Arméniens qui a été reconnu par certains États récemment). Les descendants de ces peuples massacrés demandent à la communauté internationale de reconnaitre le génocide de Seyfo (ou Sayfo) 108 ans après les faits.
Les politiques discriminatoires, racistes et génocidaires de la fin de l’Empire ottoman persistent jusqu’à nos jours, déclare Elber Shleymun Rhawi, membre de l’Union syriaque européenne.
Ce 15 juin marque le 108e anniversaire du massacre de Sayfo, le massacre et l’expulsion massive des chrétiens assyriens et syriaques pendant la Première Guerre mondiale dans le sud-est de l’Anatolie et la région d’Azerbaïdjan en Iran.
Sayfo, qui signifie « épée » en syriaque, a été reconnu comme un génocide dans des résolutions adoptées par la Suède, l’Arménie, les Pays-Bas et l’Allemagne.
Bianet a interviewé Elber Shleymun Rhawi, membre de l’Union syriaque européenne (ESU), sur les événements qui ont conduit à Sayfo, de ses conséquences et des revendications actuelles des communautés assyriennes et syriaques.
Qu’est-ce qui a conduit au massacre de Sayfo, qui a perpétré le massacre et dans quel climat politique ?
Le Comité Union et Progrès (CUP), dans un esprit génocidaire, a formé une politique raciste basée sur une synthèse turco-islamique, dans les territoires occupés par l’Empire ottoman. À partir des années 1910, l’anéantissement des peuples chrétiens devient un objectif primordial.
Le 24 avril 1915, le plan d’éradication des communautés chrétiennes est largement mis en œuvre. Les dirigeants du comité Union et progrès (İttihad ve Terakki Cemiyeti, parti politique nationaliste turc créé à la fin du XIXe siècle regroupant les Jeunes-Turcs), Cemal, Talat et Enver, les régiments Hamidiye, Teşkilatı Mahsusa [l’organisation spéciale] et des tribus kurdes complices ont brutalement massacré tout le monde, femmes, hommes, jeunes, vieux et enfants.
Quel a été le nombre de morts qui en a résulté ?
Environ un million et demi d’Arméniens, plus d’un demi-million d’Assyriens, de Syriaques et de Chaldéens ont été sauvagement tués lors du génocide. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées de force et des dizaines de milliers ont été contraintes de se convertir à l’Islam ou de nier leur identité.
Les valeurs historiques et culturelles des peuples chrétiens ont été interdites et détruites, leurs propriétés et biens ont été saisis et des efforts ont été faits pour effacer tout vestige de leur existence. Les survivants ont été condamnés à une vie de graves traumatismes et de peur.
Que pouvez-vous dire de la situation actuelle des Assyriens et des Syriaques vivant en Turquie ?
En Turquie, on estime qu’il y a environ 25 000 à 30 000 Assyriens non musulmans. Cela exclut les Assyriens islamisés. Nous n’avons actuellement pas de chiffres ou de données concrets.
Les Assyriens et les Syriaques, tant en Turquie qu’au Moyen-Orient, ont été contraints de devenir des réfugiés et dispersés à travers le monde.
Aujourd’hui, nos peuples assyrien et syriaque se trouvent dans une situation très alarmante d’assimilation, d’apatridie et d’effacement de leur identité. Ils courent le risque de disparaître entièrement des annales de l’histoire.
Différents crimes contre l’humanité ont été commis sur ces terres à des moments différents. Que faut-il faire pour mettre fin aux massacres de Sayfo ?
Tout d’abord, il faut dire que les politiques discriminatoires, racistes et génocidaires du CUP se poursuivent jusqu’à nos jours. Le génocide commis contre les peuples chrétiens au Moyen-Orient est l’un des plus grands crimes contre l’humanité.
Pour condamner ceux qui ont commis ce crime impardonnable qui ne peut être ni oublié ni nié et pour prévenir de nouveaux génocides, la communauté internationale et les puissances internationales doivent agir.
À l’occasion du 108e anniversaire du massacre de Sayfo, quelles sont vos revendications ?
En tant qu’Union syriaque européenne, nous invitons le gouvernement turc à le reconnaître comme un génocide, à abandonner la dissimulation de la vérité et à affronter sa propre histoire.
Nous réaffirmons que nous continuerons notre lutte chaque jour, en nous souvenant et en vivant nos douleurs partagées avec le peuple arménien jusqu’à ce que justice soit rendue, et nous renforcerons notre solidarité.
Nous commémorons respectueusement les Arméniens, les Assyriens, les Grecs pontiques et les autres victimes d’identités ethniques différentes qui ont perdu la vie dans le génocide.
« Je voulais que chacun reçoive une éducation dans sa langue maternelle. Je voulais qu’ils puissent apprendre en kurde ; les personnes opprimées comme les Kurdes ne sont pas autorisées à étudier dans leur langue maternelle. Pour toutes ces raisons et à cause de tous les projets que j’ai lancés, ils [la Turquie] ont voulu me mettre en prison pendant 300 ans. L’État m’a déclaré terroriste en raison de ces activités », Abdullah Demirbaş, l’ancien maire de Sur, quartier historique de Diyarbakir (Amed).
L’élu kurde exilé en Europe pour échapper aux persécutions judicaires en Turquie, Abdullah Demirbaş a accordé un entretien à Shilan Fuad Hussain sur sa lutte pour la préservation du patrimoine culturel, linguistique et ethnique du quartier historique de Sur, à Amed, où les Arméniens et les Kurdes ont vécu ensemble pendant des siècles, jusqu’au génocide de 1915 qui a mis fin à la présence arménienne en Turquie… Voici l’interview:
Abdullah Demirbaş, l’ancien maire de Sur au cœur d’Amed (Diyarbakir) – la capitale de facto du Kurdistan du Nord (sud-est de la Turquie) – est un homme qui croit sincèrement que la diversité religieuse, ethnique et linguistique est une force de la société qui mérite d’être protégée. Cette philosophie l’a mis en désaccord au fil des ans avec l’idéologie unitaire officielle de l’État turc, ce qui l’a conduit à être démis de ses fonctions à deux reprises en 2007 et 2009, puis emprisonné.
Après sa dernière destitution, il a déclaré avec défi: « Ma destitution ne changera pas le fait qu’il existe une diversité culturelle dans ce pays. Comme ceux qui ont jugé Galilée et voulu l’exécuter, cela n’a rien changé au fait que la terre tournait autour du soleil. »
Les prétendus « crimes » de Demirbaş consistaient à fournir des services gouvernementaux aux habitants de Sur dans leurs propres langues maternelles non turques : le kurde, l’arménien, le syriaque et l’arabe – tout en restaurant et en honorant les riches traditions religieuses qui ont habité Sur à travers les siècles. Aujourd’hui, contraint à l’exil dans la diaspora européenne à la suite de la répression d’Erdoğan en 2015 contre la société civile kurde – lorsqu’il a également été mis sur une liste d’assassinats – Demirbaş n’a pas renoncé à sa mission de célébrer la mosaïque culturelle qui habitait autrefois Amed.
En fait, il a récemment rendu visite au pape François au Vatican et a offert au pontife plusieurs cadeaux kurdes, dont une copie de l’histoire d’amour classique d’Ehmedê Xanî « Mem û Zîn » (1692) et un tapis de Rojhilat. Demirbaş a également demandé au pape de prier pour un règlement pacifique de la question kurde en Turquie et lui a remis une lettre dans laquelle il décrit la persécution historique des Kurdes vivant « sous le contrôle » des quatre États (Turquie, Iran, Irak, Syrie) Kurdistan au pouvoir.
Demirbaş a appris l’existence d’une telle répression à un âge précoce, car son engagement envers la diversité est né de sa propre expérience traumatisante à l’âge de six ans lors de son premier jour d’école, lorsque l’enseignant affecté par l’État l’a tiré par les oreilles en guise de punition car il était incapable de dire « mon professeur » en turc (puisqu’il ne parlait que le kurde à l’époque).
Des années plus tard, il s’est donné pour tâche de faire de la ville d’Amed et de son vieux centre historique de Sur, un phare de tolérance pour toute la nation turque. Un engagement qui lui a coûté son travail, sa liberté, sa patrie, et aurait pu lui coûter la vie. Tragiquement, en 2016, les vieilles rues étroites et majestueuses de Sur dont il parle avec tant de respect dans l’interview suivante, seraient également en grande partie détruites par l’armée turque.Mais pour préserver cette histoire, l’interview suivante couvre le temps de Demirbaş en tant que maire de Sur, ce qui devrait intéresser tous ceux qui cherchent des réponses à la « question kurde ».
En tant qu’ancien maire de la municipalité de Sur, pouvez-vous nous dire ce que Sur signifiait pour vous et ce qui en faisait un endroit si spécial ?
Sur était un conte de fées vivant qui a enrichi mon histoire individuelle avec ses motifs culturels uniques et riches. C’était un espace magique où l’on pouvait sentir la culture de milliers d’années dans chaque rue et en chaque personne. Je peux encore entendre les sons vifs qui accompagnaient les jeux auxquels j’ai joué quand j’étais enfant, les airs uniques que j’écoutais quand j’étais jeune et qui caressaient mon âme.
Mais ce charme a également fait de Sur un symbole politique provocateur, car il a réfuté la politique officielle de l’État turc « Une nation, une langue, une culture ». Sur était multinationale, multilingue et multiculturelle. Cette diversité de vie et de pensée à Sur en a fait une cible de l’idéologie et de la mentalité d’Ankara qui nie une telle richesse anatolienne. Reconstruire cet héritage culturel que la Turquie voulait effacer de la mémoire des vivants est devenu une partie de ma mission et ma raison d’exister. Kurdes, Arméniens, Grecs, Assyriens, Chaldéens, Arabes, Juifs, Alévis, Yézidis et Zoroastriens y ont tous vécu à un moment de l’histoire.
Cela a fait de Sur une capsule temporelle vivante qui portait en elle une culture vieille de 9 000 ans, qui a accueilli 33 civilisations et nations différentes à travers les âges. Au lieu de cela, l’État turc a voulu implanter une identité de fortune vieille de 50 ans qui niait cette mosaïque de notre passé et empêchait les Kurdes de comprendre notre place dans le parterre de fleurs des peuples de la région. Mais en essayant d’effacer notre histoire, ils n’ont fait que nous rendre plus déterminés à y résister et à la préserver.
En tant que maire de Sur, vous avez décidé de mener les affaires municipales dans les diverses langues de la population locale. Cependant, à cause de cela, vous avez été arrêté à plusieurs reprises par le gouvernement turc. Pouvez-vous expliquer pourquoi vous pensiez que le multilinguisme valait la peine d’être emprisonné ?
En tant que personne qui comprenait ma ville et les besoins de l’électorat, j’ai réalisé que nous n’avions pas d’autre choix que d’utiliser des services multilingues. Cela a été confirmé par une enquête de 2004 que nous avons menée auprès de 9 500 familles, qui a montré que 72 % d’entre eux parlaient le kurde (kurmandji) comme langue maternelle, avec seulement 24 % d’entre eux parlant le turc. Nous avons également découvert que 3% parlaient arménien, syriaque et zazaki, tandis que 1% parlaient arabe dans leur vie quotidienne.
À la lumière de ces données, nous avons commencé à fournir nos services et activités en kurde, turc, arménien et arabe, mais nous avons même ajouté l’hébreu et l’anglais, pour les plus petits nombres qui pourraient en bénéficier. Les présentations et les cartes préparées par la municipalité ont été imprimées en plusieurs langues et nous étions ouverts à toute nouvelle demande linguistique. Un site Web où l’histoire de Sur a été racontée a également été mis à disposition dans plusieurs langues différentes. Ensuite, les panneaux intérieurs municipaux, le panneau officiel du bâtiment de la municipalité et les panneaux des villages ont également été présentés au public dans de nombreuses langues. Nous avons alors ouvert des cours et des écoles pour les langues en voie d’extinction dans la ville.
De plus, nous avons créé un projet intitulé « Trois langues, trois livres, trois rues » où nous avons publié les œuvres des écrivains Şeyhmus Diken, Mıgırdiç Margosyan et Naum Faiq en turc, kurde, arménien, syriaque et anglais. Ces trois écrivains, un Kurde, un Arménien et un Assyrien avec des racines historiques à Amed, ont personnifié l’héritage de la ville. Nous avons également nommé les rues où ils sont nés d’après ces auteurs.
Au-delà du symbolisme, nous avons proposé au quotidien de nombreuses options linguistiques sur notre système téléphonique d’appel municipal et nous nous sommes assurés que tous nos événements culturels seraient multilingues. Nous avons ensuite demandé à tout notre personnel d’apprendre les autres langues parlées dans la ville et avons versé une prime à ceux qui apprenaient à parler l’une des langues les moins dominantes.
Pour assurer une représentation ethnique et religieuse, nous avons établi le « Conseil des Quarante ». Il y avait 40 personnes dans cette assemblée ; composé d’Arméniens, d’Assyriens, de Chaldéens, de Domanis, de Juifs, de femmes, de jeunes, de commerçants, de Musulmans, d’Alévis, de Yézidis et de membres de différentes opinions politiques. En tant que Conseil, nous avons ensuite construit un Monument de la conscience commune en l’honneur de toutes les victimes du génocide en Turquie, y compris celles du génocide arménien, le premier du genre en Turquie. Nous avons ensuite inscrit ce monument en langues kurde, arménienne, syriaque, grecque, hébraïque, anglaise et turque, exprimant notre souhait collectif qu’une telle douleur ne se reproduise plus jamais. Le monument disait: « Ce mémorial est dédié à tous les peuples et groupes religieux qui ont été soumis au génocide sur ces terres. » En tant que Concile, nous avons également rendu visite au Pape Benoît XVI au Vatican.
Parce que la ville d’Amed et Sur a une tradition religieuse si riche, nous avons ensuite construit et restauré une église catholique chaldéenne, une église arménienne grégorienne, un lieu de culte alévi (maison de Cem), un temple yézidi et une mosquée. Nous avions prévu d’ouvrir une synagogue, mais la communauté juive hésitait en raison des risques auxquels elle est souvent confrontée en Turquie. Notre objectif avec toutes ces initiatives était de créer un lieu de coexistence pacifique et honorable à Sur, qui relie le passé au présent. À la suite de ces efforts et de cette philosophie, j’ai finalement été démis de mes fonctions et démis de mes fonctions en 2007 par l’État turc, et un administrateur choisi par le gouvernement a été nommé à ma place. Le conseil municipal a alors été dissous et toutes nos activités ont cessé.
Une grande partie de votre travail visait à aider les enfants à embrasser leur langue maternelle, et vous aviez un projet qui visait à créer une histoire nocturne à lire pour les enfants kurdes et d’autres minorités. Pouvez-vous parler de l’importance des enfants dans votre travail passé?
Les enfants étaient très importants dans tout ce que nous faisions, car ils sont les héritiers du monde que nous voulions créer. Pour capturer et considérer leurs rêves aux côtés des nôtres, nous avons créé un Conseil des enfants multilingue. Nous avons également créé des bibliothèques pour enfants et publié un magazine appelé Şemamok (d’après le fruit), que nous avons publié en kurde, arménien et syriaque. Nous avons alors formé une chorale d’enfants multilingues, afin qu’ils puissent tous entendre chanter leur langue maternelle et apprécier la beauté de la sonorité de chacun d’eux. Ils ont fini par chanter des chansons dans neuf langues différentes. Parallèlement à cela, nous avons organisé chaque année un festival international multilingue pour enfants et formé un groupe d’enfants du peuple Dom, qui souffrent souvent de ne pas être acceptés socialement.
Quant à la soirée conte dont vous avez parlé, c’est vrai. Nous avons réalisé un projet d’apprentissage des langues pour 5 000 familles sous le titre « Chaque nuit une histoire, chaque maison une école » (Sere şevê çirokek her mal dibistanek) – qui consistait en 365 histoires, une pour chaque nuit de l’année. L’objectif était de convaincre les familles de lire les histoires chaque soir et d’apprendre ensemble une nouvelle langue. De cette façon, nous avons transformé chaque maison en école. En effet, une fillette de douze ans a alors été tellement inspirée par cela qu’elle a transformé une pièce de sa maison en centre de langue et a commencé à enseigner le kurde à ses camarades de classe.
Malheureusement, tous ces efforts ont attiré la colère des autorités de l’État turc. Bientôt, des poursuites ont été intentées contre nous, et nous avons été démis de nos fonctions et remplacés par un administrateur nommé. Avant notre expulsion, notre bureau municipal a été abattu à deux reprises et nous avons constamment reçu des menaces de mort et des tentatives d’assassinat de la part d’ultranationalistes turcs. L’État turc a demandé que nous purgeions tous des centaines d’années de prison pour notre « trahison » de promotion de la diversité à l’intérieur des frontières de la Turquie. Bientôt, nous serions condamnés extrajudiciairement dans des procès-spectacles corrompus qui n’avaient aucun fondement dans la loi et l’ordre réels. La triste ironie est que pendant que nous étions punis et attaqués en Turquie, le monde extérieur aimait nos efforts et s’inspirait de nos programmes.
En tant que maire, vous avez été accusé de nombreux « crimes linguistiques » tels que l’impression de brochures de santé en kurde et la bénédiction kurde lors d’un mariage. Pourquoi pensez-vous que l’État turc a si peur du multilinguisme et du multiculturalisme ? Et quelles mesures la Turquie devrait-elle prendre pour résoudre ce problème ?
L’idéologie fondatrice de l’État turc est : « Une langue, une culture, une religion, une nation ». Cette idéologie prend sa source dans le Comité Union et Progrès, qui était lié aux « Jeunes Turcs ». Selon ces croyances, tout le monde est turc, sa langue est le turc, sa religion est l’islam sunnite et son héritage culturel est la culture turque. En dehors de cela, il n’y a pas de cultures, d’identités ou de langues différentes à leurs yeux égarés. Ceux qui s’opposent à cette idée sont automatiquement qualifiés de séparatistes et de terroristes – comme le sont tous les Kurdes qui affirment leur identité.
Mais c’est une politique de déni et de destruction. Les génocides arménien, grec, assyrien, kurde, alévi et yazidi ont tous été commis sous cette idéologie, car la Turquie est fondée sur une série de génocides religieux et culturels par le biais de meurtres de masse et d’assimilation de masse. C’est aussi l’idéologie qui alimente la machine de guerre turque qui les pousse à lancer des invasions expansionnistes dans tout le Moyen-Orient.
La philosophie avec laquelle nous vivions dans la municipalité de Sur était cependant différente. Nous voulions une paix et une coexistence honorables entre tous les peuples. Pour nous, l’humanité était un jardin et chaque fleur avait son propre parfum, sa couleur et son type. Ces différences entre les fleurs sont ce qui a rendu le jardin beau et lui a donné de la variété. Cependant, la Turquie soutient qu’un tel jardin est dangereux et même terroriste. Ils se sont sentis menacés par nos idées et n’ont finalement pas arrêté jusqu’à ce qu’ils aient pu faire irruption dans notre jardin de fleurs et tout arracher. Ils veulent que les gens oublient leurs propres langues et cultures et soient engloutis par l’État qui leur dit d’être tous pareils.
En tant que maire de Sur, vous avez publié une carte d’Amed en arménien et vous vous êtes engagé à préserver le patrimoine arménien de la ville. Pourquoi était-ce important pour vous ?
Ce que nous voulions pour nous-mêmes, nous l’avons voulu et fait pour tous ceux avec qui nous vivions. Comme les Kurdes, les Arméniens et les Assyriens sont aussi un peuple ancien de ces régions. Par exemple, ce que les Arméniens considèrent comme l’Arménie occidentale et ce que les Kurdes considèrent comme le Kurdistan du Nord se chevauchent largement dans de nombreux endroits, car historiquement ils vivaient côte à côte.
Je suis moi-même kurde. Je prends soin de ma propre culture, langue, croyance et valeurs. Cependant, en même temps, ce que je veux pour moi, je le veux pour tous les peuples, cultures et croyances avec lesquels je vis. Nous voulions la même chose pour tous les Arméniens et Syriaques de Sur. Nous avons compris que si nous les ignorions tout en gardant vivantes notre langue et notre culture kurdes, nous ne serions hypocritement pas différents de l’idéologie turque officielle contre laquelle nous résistions.
À titre d’exemple, nous avons décidé de changer le nom de la municipalité de Sur en « Tigran Amed » sur la base d’une recommandation de l’Assemblée. Mais l’Etat turc a refusé notre demande. La raison pour laquelle nous avons choisi ce nom était que les Arméniens appelaient Sur « Tigranagerd », les Kurdes l’appelaient Amed et les Assyriens l’appelaient Amida. En renommant la ville antique, nous voulions assurer la paix et le partenariat avec un nom qui signifiait les trois cultures et peuples ensemble. Mais ce n’était pas autorisé.
De même, nous avons cherché à former des villes sœurs entre Sur et d’autres endroits du monde, y compris dans tout le Grand Kurdistan. Ainsi, nous avons d’abord formé des villes sœurs avec Dihok au Bashur, à Qamişlo au Rojava et Ûrmiye au Rojhilat (dans le sud, l’ouest et l’est du Kurdistan respectivement). Cependant, les régimes syrien et iranien n’ont pas autorisé les liens officiels dans le cas des deux derniers. Nous avons cependant pu jumeler la ville avec Gyumri en Arménie. Plus tard, nous avons fait de même avec Ramallah en Palestine et Mevasseret Zion en Israël, montrant notre souhait de paix dans ce conflit.
Vous avez parlé de la riche histoire culturelle de Sur et du nombre d’ethnies différentes qui avaient toutes des racines dans la ville. Pouvez-vous expliquer pourquoi tous les Kurdes devraient adopter cette réalité multiculturelle et multiconfessionnelle ?
Sur est une ville historique dynamique et résistante, qui a survécu à des millénaires malgré la destruction de nombreux endroits similaires. 33 civilisations différentes dans l’histoire peuvent retracer leur lignée jusqu’à Sur. C’est aussi la ville fortifiée la plus longue du monde, avec une longueur de 5,5 km. Sur est le cœur d’Amed (Diyarbakir), qui est lui-même au cœur du Moyen-Orient. Par conséquent, nous avons adopté la devise que si le cœur est en paix, il y aura une paix durable dans tout le « corps » (la région du Moyen-Orient). Toute la civilisation humaine doit une partie d’elle-même au Moyen-Orient et aux progrès qui y sont créés, et il est donc tragique de le voir comme le théâtre de tels conflits et troubles.
Nous avons considéré le multilinguisme, le multiculturalisme, la multi-religion et la multi-identité à Sur comme étant le prototype de la coexistence dans toute la région. Imaginez si tous les États fracturés et les conflits sectaires religieux adoptaient la même approche que nous. La diversité du Moyen-Orient devrait être sa force, et non son point faible à exploiter par des puissances extérieures à des fins géopolitiques. À notre avis, le modèle de Sur était un modèle pour la démocratie, la liberté et la paix au Moyen-Orient. Aujourd’hui, ce modèle a également été adopté et a fait son chemin au Rojava et y a été mis en œuvre par l’administration autonome. C’est notre rêve que cette philosophie finira par se répandre non seulement dans les quatre États qui occupent le Kurdistan, mais dans tout le Moyen-Orient et le monde.
Quelles sont les mesures que l’État turc pourrait prendre pour donner aux Kurdes de Turquie et à toutes les autres minorités ethniques et religions leurs pleins droits ?
Une transformation radicale est nécessaire dans la plupart des institutions étatiques. Avec une nouvelle constitution démocratique et libérale, peut-être que la Turquie pourrait apprendre à accepter toutes les identités, croyances et peuples, et établir une citoyenneté égale. L’enseignement public doit également être multilingue et respecter la langue maternelle des enfants. Des services multilingues devraient être fournis dans la sphère publique. Les anciens noms de toutes les colonies et villages détruits doivent être restaurés. Tous les génocides et massacres doivent être reconnus et excusés. Une commission vérité et réconciliation doit être établie où l’État révèle tous ses crimes contre le peuple. Tous les prisonniers politiques doivent être libérés et ceux qui sont poussés à l’exil doivent être invités à revenir. La démocratie, la liberté et la justice exigent ces étapes.
Shilan Fuad Hussain est actuellement boursière postdoctorale Marie Curie dans le domaine des études de genre et de l’analyse culturelle. Auparavant, elle a été chercheuse invitée au Washington Kurdish Institute (États-Unis) et doctorante au Geneva Center for Security Policy (Suisse). Elle est une universitaire interdisciplinaire et travaille sur une variété de sujets, parmi lesquels: la représentation culturelle, la violence sexiste, les politiques étatiques favorisant l’égalité des femmes, les MGF et les mariages forcés, les impacts sociaux de la masculinité et la multi-identité dans la diaspora. Son travail actuel se situe à l’intersection de la sociologie et de l’analyse culturelle, et de sa pertinence symbiotique pour la société moderne.
SYRIE / ROJAVA – Depuis lundi, les drones armés de la Turquie ont mené plusieurs frappes sanglantes contre les zones sous le contrôle des forces arabo-kurde au Rojava, ainsi que contre un convoi russe et des soldats du régime syrien dans le nord d’Alep. Les attaques turques se poursuivent aujourd’hui dans la région de Qamishlo et de Manbij où six combattants du Conseil Militaire de Manbij ont été tués et de nombreuses civils, dont des enfants, blessés. La population vit dans la peur constante à cause des attaques turques.
La Turquie intensifie la violence militaire contre la région autonome du nord et de l’est de la Syrie. Après plusieurs attaques meurtrières dans la région de Manbij mardi soir et mercredi matin, l’État turc a maintenant bombardé le canton de Qamishlo. Selon un premier bilan, quatre personnes ont été blessées.
L’attaque, vraisemblablement menée par un drone, était dirigée contre le village de Shorik, à une douzaine de kilomètres à l’est de de Qamishlo, sur la route de Tirbespiyê. Par ailleurs, un véhicule a été touché lors de la frappe aérienne. On ne sait pas encore si les blessés sont des civils ou des combattants.
L’armée turque a mené plusieurs attaques de drones dans le nord-est de la Syrie au cours des dernières 24 heures. À Manbij, au moins six membres du conseil militaire local ont été tués et trois autres blessés dans quatre frappes aériennes connues depuis la nuit dernière. Quatre des combattants sont morts alors qu’ils tentaient d’évacuer deux enfants blessés par des tirs d’artillerie ciblant un village proche de la ville. De plus, un civil a été tué lors d’une frappe de drone ciblant sa maison.
Lundi dernier, un soldat russe avait été tué et quatre autres blessés lorsque les troupes turques ont bombardé une route reliant les villages de Herbel et d’Um Hawsh, dans la province d’Alep. Par ailleurs, au moins quatre soldats des forces gouvernementales syriennes ont été tués et cinq autres blessés dans le bombardement de positions au nord d’Alep. Selon des informations de la région, des attaques de drones et d’artillerie de l’armée turque et de ses forces jihadistes par procuration ont lieu à Shahba et Sherawa, 2 districts d’Afrin, depuis mardi soir. Apparemment, les drones visaient directement les postes militaires des forces gouvernementales syriennes.
SYRIE / ROJAVA – Le Conseil militaire de Manbij a annoncé que deux de ses combattants sont tombés martyrs et un autre blessé lors d’attaques menées hier par l’État turc contre la région de Manbij sous contrôle des forces arabo-kurdes.
L’armée d’invasion turque et ses mercenaires ont bombardé le village de Toxar, au nord de Manbij, avec des obus mardi soir. À la suite du bombardement, d’importants dégâts matériels se sont produits dans les champs cultivés.
D’autre part, un drone de turc a bombardé le poste de contrôle du village de Dirric et, à la suite de l’attaque, un combattant du Conseil militaire de Manbij est tombé martyr.
Un autre drone turc a pris pour cible un point de contrôle du Conseil militaire de Manbij autour du pont Qerquzak, à l’est de Manbij. À la suite de l’attaque, un combattant du Conseil militaire de Manbij est tombé martyr, tandis qu’un autre combattant a été blessé.
IRAN / ROJHILAT – Des affrontements intenses entre les forces armées iraniennes et le groupe armé kurde PJAK ont eu lieu mardi dans la montagne Kosalan de la ville kurde de Sarvabad, indiquent les sites KHRN et Hengaw. Depuis le meurtre de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, les forces iraniennes avaient attaqué à plusieurs reprises les QG des groupes armés kurdes d’Iran basés au Kurdistan irakien mais il n’y avait pas eu d’affrontements en Iran.
La branche armée du Parti pour une vie libre au Kurdistan (Partiya Jiyana Azad a Kurdistanê – PJAK) a publié un communiqué revendiquant la responsabilité d’une opération menée en réponse aux attaques du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI ou Pâsdârâns) sur les hauteurs de la montagne Kosalan (ou Kusalan) à Sarvabad.
L’opération a entraîné la mort d’un membre des forces militaires de la République islamique, identifié par plusieurs sources comme étant un membre du CGRI.
Le 12 juin, le CGRI a déployé un convoi militaire dans la ville de Sarvabad, dans la région occidentale de la province du Kurdistan, lançant une offensive sur les montagnes de Sarvabad. Les bombardements d’artillerie par le CGRI se poursuivent.
La semaine précédente, les forces du CGRI s’étaient positionnées autour du mont Shahu dans les villes de Ravansar, Paveh et Sarvabad, situées dans les provinces de Kermanchah (Kirmaşan) et du Kurdistan.
Des drones ont été utilisés par les Pâsdârâns pour bombarder la montagne de Kosalan.
Image via le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN) qui s’est entretenu avec des villageois vivant près de la montagne Kusalan à Sarvabad, dans la province du Kurdistan, qui ont déclaré que le CGRI avait bombardé la zone et déployé des troupes le 12 juin.