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TURQUIE. Décès d’Asiye Aydemir, une Mère du Samedi

TURQUIE – Asiye Aydemir du collectif Mères du Samedi est décédée. Aydemir s’est battue pendant des années pour son fils Hüseyin Aydemir disparu en détention en 1995.

Hüseyin Aydemir

Hüseyin Aydemir, 34 ans et père de six enfants, vivait dans le village de Tûtê (Yaprak) à Lice, un des districts de Diyarbakir (Amed). A cette époque, Lice et ses villages ont également été incendiés par l’armée turque qui obligeait les villageois kurdes à migrer ou à devenir des gardes de village.

La maison d’Hüseyin Aydemir a été plusieurs fois perquisitionnée et sa famille exposée à la violence. Les soldats qui ont fait une descente dans la maison laissaient des messages à transmettre à Hüseyin que s’il ne se rendait pas, ils le tueraient là où ils le trouve et traîneraient son cadavre derrière un blindé.

Lors d’un raid, les soldats turcs ont arrêté son père qu’ils ont torturé pendant vingt jours. On lui a dit : « Dis à ton fils de venir se rendre. »

Huseyin Aydemir, qui ne pouvait pas rentrer chez lui dans ces conditions, a immigré avec sa famille d’abord à Diyarbakir puis à Adana. Cependant, il n’a pas pu échapper à la pression et aux menaces là-bas. Il a déménagé à Istanbul avec sa famille au milieu de 1995.

Aydemir est allé chez son compatriote et ami proche Fehmi Tosun à Avcılar le matin du 19 octobre 1995. Les deux amis ont quitté la maison vers 10 heures et n’ont pas pu revenir. Après avoir appris qu’ils avaient été détenus par des policiers en civil à Aksaray, leurs familles ont engagé toutes les poursuites judiciaires, en vain. Les deux hommes n’ont plus jamais été retrouvés. Leurs mères étaient parmi les femmes qui ont fondé le collectif des Mères du Samedi.

Depuis 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque

Il y a 28 ans, les Mères du Samedi (en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.

Les « mères du samedi » déclarent que l’État turc n’a jamais enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.

Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Par la suite, la cour constitutionnelle turque a déclaré que la police avait violé le droit de manifester des Mères du Samedi, en les arrêtant. Mais manifestement la police d’Erdogan refuse de se conformer aux lois de son propre pays et attaque tous les rassemblements des mères du Samedi.