TURQUIE / KURDISTAN – Les journalistes Arif Aslan, Oktay Candemir et Lokman Gezgin ont été arrêtés lors de raids policier ce matin dans la ville de Van. Les trois journalistes ont été conduits au commissariat central de Van. Leurs avocats n’ont pas pu obtenir les raisons de ses arrestations.
Les trois journalistes, comme tous les représentants de la presse indépendante en Turquie et notamment au Kurdistan du Nord, sont victimes de la répression judicaire qui veut les réduire au silence. Arif Aslan a été arrêté avec son collègue Selman Keleş à Van en 2017 alors qu’il exerçait son travail journalistique pour « appartenance présumée à une organisation terroriste » et a passé huit mois en détention. Il a été acquitté en mars 2021.
Lokman Gezgin travaille notamment pour l’agence de presse Serhat news.
Oktay Candemir est également criminalisé depuis des décennies. Le journaliste a entre autres été arrêté en 2020 pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».
Candemir travaille comme journaliste depuis vingt ans, notamment pour l’agence de presse kurde DIHA, interdite par décret d’urgence en 2016. Il a également travaillé pour l’ANF en tant que correspondant de Van pendant de nombreuses années. Il a été pris pour cible à plusieurs reprises par les autorités chargées de la sécurité. Il a déjà été convoqué à la police des dizaines de fois et de nombreuses enquêtes sont en cours à son encontre. Il a passé un an en détention dans diverses prisons.
IRAN / ROJHILAT – Cela fait plus de 16 ans que l’activiste kurde, Zeinab Jalalian est tenue en otage par le régime iranien dans des conditions inhumaines. Elle est la plus ancienne et la seule femme prisonnière politique condamnée à perpétuité en Iran. Son crime? Avoir défendu les droits des femmes et des filles kurdes. Elle avait initialement été condamnée à mort mais sa peine a été commuée en prison à vie. Demandons sa libération à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars.
La seule femme en Iran à être condamnée à perpétuité
Zeynab Jalalian, née à Makû en 1982, a été arrêtée à Kirmaşan à l’été 2008 et condamnée à mort pour « inimitié contre Dieu » devant un tribunal révolutionnaire de cette ville en janvier 2009. La condamnation est liée à l’appartenance de Jalalian au « Parti pour une vie libre au Kurdistan » (Partiya Jiyana Azad a Kurdistanê – PJAK). Elle avait déjà été détenue dans un établissement du ministère du Renseignement pendant huit mois. Elle n’a pas eu accès à un avocat pendant son procès, qui n’a duré que quelques minutes. La condamnation à mort de Zeynab Jalalian a été commuée en réclusion à perpétuité en novembre 2011. Elle est actuellement emprisonnée à Yazd, à environ 1 400 kilomètres du domicile familial, privée de ses droits fondamentaux, notamment des permissions de sortie et de rencontre physique avec sa famille.
Ballotée de prison en prison, Zeynab Jalalian subit l’isolement carcéral et privation de soins et mauvais traitements dans la prison de Yazd où elle est détenue actuellement. Selon les avocats de Jalalian, en vertu de la nouvelle loi pénale islamique approuvée en 2013, son maintien en prison est contraire à la loi et elle aurait dû être libérée depuis.
Les dernières informations sur la situation de cette prisonnière politique de longue durée révèlent qu’au cours d’une période récente, elle a été soumise à des interrogatoires continus alors qu’elle était menottée et ligotée par plusieurs agents du département de renseignement à Yazd.
Lors des interrogatoires, Zainab Jalalian a été menacée pour « exprimer des remords » ; un refus entraînerait une privation perpétuelle des droits qu’elle n’a pas encore reçus.
Endurant des tourments à la fois mentaux et physiques, Zainab a été arbitrairement transférée illégalement entre diverses prisons, notamment Khoy, Evin, Kermanshah, Qarchak Varamin, Kerman et Yazd.
Elle a connu deux cas d’infection au COVID-19 pendant son emprisonnement, mais s’est vu refuser un congé de maladie et toute assistance médicale.
Au cours des 16 dernières années, la famille de Zainab Jalalian a été soumise à des pressions incessantes pour qu’elle garde le silence sur sa situation. Malgré cela, ils ont fermement rejeté les demandes d’entretien des institutions de sécurité contre les mouvements politiques du Kurdistan.
Au cours de l’hiver 2022, la famille de Zainab Jalalian, dont sa mère Guzel Hajizadeh et ses frères Pasha, Ebrahim et Yusuf Jalalian, ont été arrêtés après que sa mère a publié une vidéo demandant de l’aide pour la situation de Zainab. Après la diffusion de la vidéo, ils ont été détenus à Maku pendant 24 heures, avant d’être finalement relâchés lorsque Guzel Hajizadeh a perdu connaissance dans le centre de détention.
L’arrestation de Zainab Jalalian a eu lieu le 26 février 2008, sur la route reliant Kamyaran à Kermanshah. En décembre 2008, la première branche du tribunal révolutionnaire de Kermanshah, dirigée par le juge Moradi, l’a condamnée à un an d’emprisonnement pour départ illégal du pays et à la peine de mort pour « Muharebe », c’est-à-dire avoir mené une guerre contre Dieu à travers son affiliation présumée à la branche politique du Parti pour une vie libre au Kurdistan (Partiya Jiyana Azad a Kurdistanê-PJAK).
La Cour suprême a approuvé la condamnation à mort de Zainab Jalalian en 2009, mais en novembre 2011, la peine a été commuée en réclusion à perpétuité.
Née en 1982 dans le village de Dim Qeshlaq-e Olya, dans la ville de Maku, Zainab Jalalian est emprisonnée depuis 2008.
« Comment faire pour regarder des films kurdes et pour discuter du patriarcat avec des femmes kurdes ? Cette question ne cessait de tourner dans ma tête, alors nous organisions des ateliers de cinéma itinérant dans les provinces de Dersim, Amed et Van, en Turquie. Nous avons réalisé des projections tantôt sur le mur d’une maison dans un village, tantôt dans un lieu d’un centre-ville. Nous avons partagé les histoires de Basê, Berfê, Nîgar, Hêlûn, Eminê, Jiyan et de nombreux autres personnages féminins. Lors de ces projections qui n’étaient ouvertes qu’aux femmes, nous avons eu des discussions entre femmes, ainsi nous avons baptisé le documentaire GotûbêJin – jeu de mot entre les verbes « gotin/bêjin » (dire) et le mot « jin » (femme) que l’on peut traduire par « mots/paroles féminines ». Dans ce documentaire : des débats avec les spectatrices – dont la plupart n’avaient jamais vu de films kurdes auparavant – sur la représentation de femmes et d’hommes dans les films. Les échanges par les participantes à travers leurs propres histoires de vie ont permis d’aborder le problème de la masculinité, le patriarcat et sa critique ainsi que d’interroger les racines du problème dans notre quotidien. Nous avons envisagé des solutions. Ces échanges ont été accompagnés des chants (stran ou klam) de femmes chanteuses, conteuses (dengbêj) tirés de leurs propres expériences… »
Des femmes lors d’un atelier de projection/débat organisé par Hevi Nimet Gatar
C’est avec ces mots que Hevi Nimet Gatar a partagé la bande-annonce de son documentaire GotûbêJin ayant pour sujet la place des femmes kurdes dans le cinéma sur Youtube. Un site kurde a réalisé une interview avec Hêvî sur son projet de documentaire dans lequel les femmes kurdes critiquent la société patriarcale qui continue à les faire souffrir depuis si longtemps. On le partage avec vous.
Hevi Nimet Gatar, en parallèle à votre thèse « Représentations de la masculinité dans le cinéma Kurde », que vous rédigez actuellement sous la co-direction de Hamit Bozarslan et de Lucie Drechselová à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), vous venez de réaliser un projet de cinéma itinérant destiné aux femmes kurdes (sujet de notre discussion) dans des campagnes reculées de trois provinces kurdes : Dersim, Van et Diyarbakir (Amed). Vous êtes également diplômée du Département d’archéologie et vous avez travaillé comme archéologue dans la municipalité métropolitaine de Diyarbakır pour le « Musée des femmes de la Mésopotamie », en plus d’avoir travaillé au sein de l’atelier de Jineoloji à Amed.
Avant de discuter de votre atelier de cinéma itinérant destiné aux femmes kurdes, pouvez-vous nous dire ce qui vous a amenée à travailler sur le cinéma kurde, et plus précisément la représentation du genre dans le cinéma kurde ?
Hevi Nimet Gatar (Hevî): La langue kurde est soumise à des interdictions et à des restrictions à certaines périodes et généralement lors des processus électoraux, car le gouvernement [turc], qui veut affirmer son pouvoir sur une base nationaliste, tente constamment de transformer le processus électoral en un terrain de propagande. À titre de propagande, il augmente sa pression sur les Kurdes, arrête des militants et utilise la détention et la violence contre les LGBTQAI+ comme outil. Tout en essayant de réprimer les nationalistes avec l’interdiction-violence-détention imposée aux Kurdes ; Il expose également ses électeurs musulmans à l’interdiction-violence-détention des [personnes] LGBTQAI+. Parallèlement à mes études sur les femmes en tant que militante, j’ai également complété ma maîtrise en sociologie. Mes études sur les représentations féminines dans le cinéma kurde tout au long de mon mémoire de maîtrise était liée à ma propre identité militante et à la perspective que j’ai révélée en tant que femme kurde. Pendant la période où le processus de paix [pourparlers de paix entre le PKK et le gouvernement turc] en Turquie a été interrompu par l’AKP et où les massacres de Sur-Cizre-Nusaybin ont eu lieu [hiver 2025/16], certains films du cinéma kurde (tels que Bahoz, Hevî) ont été interdits. Alors que la criminalisation de la langue, du cinéma, de la politique et de la plupart des activités à caractère culturel comme activités interdites ou répréhensibles révèle la politique de l’État à l’égard des Kurdes ; En tant que femme féministe militante, j’ai essayé de dépasser cette zone interdite avec l’académie à travers des discussions sur le cinéma kurde. J’ai rencontré le cinéma kurde car les personnages Besê, Berfê, Nîgar, Helûn, Emîne, Jiyan du cinéma kurde ne sont pas seulement des représentations de femmes, mais aussi des représentations de sujets politiques, de mémoire collective et de sujets résistants à la société patriarcale. Ce travail documentaire que j’ai réalisé est né de toute cette accumulation et de notre recherche d’un espace pour en parler.
Revenons à votre atelier « Dialogues cinématographiques itinérants: Images de femmes kurdes ». Pendant deux mois, vous êtes allée dans plusieurs régions reculées des provinces de Van, Amed, Dersim, montrer des films à des femmes qui n’avaient jamais mis le pied dans une salle de cinéma. Comment est né ce projet unique dans son genre ?
Hevî: En travaillant sur les représentations de la masculinité dans le cadre du cinéma kurde, je me demandais ce que cela pouvait donner si les femmes vivant au Kurdistan regardaient les histoires de Besê, Berfê, Nîgar, Helûn et d’autres personnages féminins ? Comment les femmes du Kurdistan perçoivent-elles la question de la masculinité ? Quel genre de problème la masculinité représente-t-elle pour elles ? Quelle rencontre cela pourrait-il être pour elles de voir au cinéma ces femmes qui partagent des histoires similaires aux leurs ? Comment puis-je offrir des films aux femmes, véritables sujets du cinéma kurde, sans que je sois interdite ou restreinte ? Ces questions ont en fait posé les jalons de ce projet. Nous travaillons sur le cinéma, mais nous pouvons parfois négliger le contact sérieux que l’art établit avec le corps et les sujets. Nous avons également pu parler du massacre de Dersim lorsque nous avons diffusé le film Dengê Bave Min (La Voix de Mon Père) qui raconte le massacre de Maraş. Le fait que nous contredisions à travers le cinéma le récit officiel de l’État qui parle « des événements de Maraş » ou de « la question du Dersim », en le requalifiant de massacre à partir d’une mémoire antagoniste, reflète sans aucun doute la représentation de la mémoire collective persistante des événements du passé. En fait, nous avons essayé de construire tous nos discours et tous nos arguments à partir de ce champ opposé. Ce n’était pas seulement une position antinomique à l’histoire officielle, mais cela reflétait également notre position à l’égard du patriarcat. Parce que les femmes qui critiquent la masculinité et se demandent si cela constitue un problème, en se basant sur le lien entre leur propre vie et les films, est une situation qui nécessite une opposition. En ce sens, le documentaire GotûbêJin entend ouvrir le champ du discours opposé aux femmes kurdes à travers le cinéma. Nous avons dit GotûbêJin pour celles qui s’élèvent contre les sujets violents et les discours homophobes, kurdophobe, misogyne et bien d’autres violences patriarcales et nationalistes.
Ces ateliers cinématographiques étaient filmés. C’est-à-dire que vous filmiez les femmes qui regardaient des films, dont elles étaient le sujet. Avez-vous projeté des films de fiction uniquement ou est-ce qu’il y avait aussi des documentaires ?
Hevî: Le but de ce projet que j’ai organisé était de faire découvrir le cinéma kurde à des femmes qui n’avaient jamais pu aller au cinéma et de leur permettre d’analyser les représentations des hommes et des femmes à travers leurs propres dynamiques de vie et à travers le patriarcat. Nous voulions en fait utiliser la fonction miroir de la caméra. Le cinéma kurde est devenu pour moi un outil pour atteindre les spectatrices, et nous avons assisté à des débats entre femmes qui reflètent leur propre vie et la nôtre à travers le cinéma. Oui, d’une certaine manière, nous avons tourné un film dans un film.
Quels étaient les films et documentaires que vous avez projetés ?
Hevî: Nous avons projeté deux courts métrages, deux longs métrages et trois films documentaires dans le cadre du projet. Il s’agissait des documentaires « Kirasê Mirinê : Hewîtî » (La Robe de la mort: Polygamie) de Mizgin Müjde Arslan, « Heskîf » (Hasankeyf) d’Elif Yiğit, « Qiblenameya Dêya Min » (La Boussole de ma mère) de Hatice Kamer, le court métrage de Bülent Öztürk « Xaniyê Teqayê Bêcuk » (Les Maisons aux petites fenêtres), « Were Dengê Min » (Viens à ma voix) de Hüseyin Karabey, « Dengê Bavê Min » (La Voix de mon père) de Zeynel Doğan et Orhan Eskiköy et « Kurneqîz » (Pas un homme mais une femme) de Gökhan Yalçınkaya. Nous avons organisé 7 projections dans les provinces de Dersim, Amed et Van. Nous avons touché un large public de femmes, dont des étudiantes, des femmes au foyer, des travailleuses de terrain, des paysannes, des militantes, des architectes, des avocates et d’autres femmes issues de nombreux autres domaines.
Pourquoi avez-vous voulu organiser ces ateliers?
Hevî: Après avoir regardé un film au cinéma, le spectateur revient généralement à sa propre vie et il n’y a souvent pas de place pour discuter de la représentation homme-femme. Pour le cinéma kurde, cette opportunité est d’abord problématique : la plupart des projections sont interdites ! Par conséquent, lors de la création du projet, nous avons voulu ouvrir des espaces libres pour les femmes qui ont leur mot à dire, qui ont un problème et qui ont une solution au patriarcat. Les ateliers sont devenus un espace libre. Il n’y avait pas de responsable de l’atelier, j’étais là uniquement comme intermédiaire. Les discussions se déroulaient entre les femmes et les confrontations portaient souvent sur des décisions concernant leur propre vie. En effet, grâce à ces ateliers, les femmes ont pu se réunir là où elles vivent et parler pour la première fois de leurs propres problèmes par le biais du cinéma. Une autre question importante concerne la manière dont nous avons vu et regardé les films. La plupart du temps, nous positionnons le spectateur de manière passive, c’est-à-dire uniquement en tant que récepteur, et notre imagination est limitée quant à la puissance du point de vue du spectateur. Si ces ateliers ont libéré la parole de chaque participante des ateliers, il a également tenté d’ouvrir un espace d’analyse dans la parole de la spectatrice. Nous n’aurons peut-être pas la chance de pouvoir lire la plupart des analyses sur le cinéma qui paraissent dans la presse écrite ! Parce que dans ces analyses, il y a des imaginations profondes qui viennent de la vie et coïncident avec la réalité qui n’est pas en dehors du flux normal de la vie. Par exemple, dans l’un des films, le sujet féminin porte une robe noire. Les spectatrices ont déclaré que la femme portant une robe noire tout au long du film était en deuil et qu’il s’agissait d’un deuil éternel. L’expression « deuil éternel » a été utilisée ici pour décrire un deuil sans fin suite au massacre de Maraş. Par conséquent, écouter cette analyse dans un article de manière aussi naturelle et sans s’enliser dans les mots n’aurait pu être possible qu’avec ces ateliers.
Quelles étaient les réactions des femmes quand elles voyaient à l’écran les histoires d’autres femmes qui ne devaient pas être si différentes des leurs (violences masculines, pauvreté féminine, polygamie, mariages forcés…) ?
Hevî: En fait, je l’ai mentionné dans ma réponse précédente. Cependant, je voudrais donner un autre exemple. Après avoir visionné les films, nous avons organisé des projections et des interviews. Lors des interviews, les femmes ont fait des analyses très sérieuses sur la masculinité. Par exemple, dans l’un des films, elles ont assisté au mariage d’une fille mineure. Lors de cette scène, certaines spectatrices ont quitté la salle car leurs mères avaient également été mariées trop jeunes. Elles ont déclaré qu’elles avaient vu le film de leurs mères et qu’il leur était difficile de revoir cette vie [même si elle était fictive dans ce film]. Il ne fait aucun doute que la masculinité et le patriarcat constituent un problème universel. Ceci n’est pas valable uniquement pour le Kurdistan ! Par exemple, je vis actuellement à Paris, mais en tant que femme, je ne me sens pas en sécurité en marchant dans la rue. Je suis en Europe et cela ne veut pas dire que nous ne voyons pas partout la violence du patriarcat dans l’espace public ! De [Jina] Mahsa Amini aux femmes kurdes assassinées à Paris, cette violence est malheureusement partout !
L’affiche de l’atelier de projection / débat à Silvan, dans la province de Diyarbakir (Amed)
Est-ce que vous pouvez affirmer que ces ateliers ont créé un déclic chez ces femmes pour changer leurs conditions ? Que proposent-elles pour y parvenir?
Hevî: Cette partie est celle que nous avons le plus appréciée pendant les ateliers. Des problèmes, des problèmes, toujours des problèmes sans fin… En fait, il est très facile de pointer les problèmes ou de les critiquer. Cependant, présenter une solution aux problèmes est à la fois difficile et nécessite une analyse approfondie du ou des problèmes. Ici, les femmes ont établi un lien avec les films et ont exprimé très clairement la solution tant dans les ateliers que dans les entretiens qu’elles ont donnés : la lutte féministe organisée ! Je voudrais citer un commentaire fait lors d’un des ateliers : « On ne peut rien faire seule, l’organisation est très importante ! » Ce commentaire a également montré la force de dire « Jin, jiyan, azadi [Femme, vie, liberté] », qui est devenu un slogan dans les marches féministes en Turquie. Sans aucun doute, nous sommes fortes ensemble et les femmes ont essayé de montrer la force d’être ensemble.
Actuellement, vous travaillez pour le montage des séquences tournées pendant les ateliers cinématographiques destinés aux femmes. Quand est-ce que vous pensez finaliser le documentaire ?
Hevî: Nous montons le documentaire avec nos propres moyens. En fait, nous avons vraiment besoin d’un soutien financier. GotûbêJin était le fruit d’un effort conjoint de solidarité et des personnes qui croyaient à la nécessité de produire des films ensemble. Nous travaillons actuellement sur la traduction de nos sous-titres. Nous effectuons notre dernier travail avec toute mon équipe pour sa sortie prévue en avril. Lorsque GotûbêJin atteindra son public, il sera porteur d’espoir ainsi que de notre enthousiasme. Aujourd’hui, « Jin, Jiyan, Azadi » n’est pas seulement le slogan des femmes kurdes, mais est devenu le slogan de toutes les femmes au sens universel. Nous espérons que le documentaire GotûbêJin également touchera toutes les femmes et faire appel à l’universel avec sa portée féministe.
TURQUIE / KURDISTAN – Au moins 288 personnes ont perdu la vie pendant le siège de la ville kurde de Cizre par l’armée turque en 2015-2016. Le point culminant de ce crime de masse fut le massacre de 80 civils brûlés vifs par l’armée turque les 7 et 10 février dans les sous-sols de deux immeubles de Cizre où ils s’étaient réfugiés dans l’attente des secours. Les corps d’au moins 14 autres civils de Cizre tués lors de ces massacres n’ont toujours pas été retrouvés huit ans après ces crimes de guerre restés impunis.
Aujourd’hui, la police turque a empêché les commémorations organisées pour Rohat Aktaş, rédacteur en chef du journal Azadiya Welat, Mehmet Yavuzel du parti politique DBP et Mazlum Yeşil, assassinés dans un sous-sol à Cizre.
Le chef de la police a admis qu’il n’y avait aucun document ni justification pour la tentative d’interdiction et a déclaré qu’ils avaient agi sur instructions.
Malgré les tentatives de la police d’empêcher la commémoration, la foule n’a pas quitté le cimetière et attendu silencieusement pendant deux heures.
Les familles sont entrées dans le cimetière malgré les tentatives de la police de les en empêcher. Elles ont laissé des œillets et prié sur les tombes. La commémoration s’est déroulée devant le cimetière avec la participation des familles.
S’exprimant lors de la commémoration, Halil Yavuzel, le frère de Mehmet Yavuzel, a réagi contre la tentative d’empêcher la commémoration et a déclaré : « Mon frère est allé à Cizre pour se tenir aux côtés des opprimés et a été assassiné ».
Serdar Altan, coprésident de l’Association des journalistes Dicle Fırat (DFG), a condamné l’action de la police et a déclaré : « Notre ami Rohat était journaliste et voulait raconter les atrocités commises à Cizre au monde entier. Il a donné sa vie pour apporter la vérité au peuple. Nous condamnons les tentatives le blocage ».
Le député du parti DEM Urfa, Ömer Öcalan, a déclaré qu’il poursuivait une politique de solution contre la politique de guerre et a déclaré : « C’est une grande honte que la commémoration ne soit pas autorisée. La presse libre transmet tous les massacres au monde. Nous commémorons tous les massacres libres. » La commémoration s’est terminée par le slogan « Şehîd namirin » (Les martyrs sont immortels).
Après la commémoration, les gens se sont rendus au centre de Cizrê et ont fait une déclaration à la presse sur la place Pirsûs. Le député du parti DEM, Ömer Öcalan, a réagi contre le blocage de la commémoration en déclarant : « Ces gens ne se sont jamais inclinés et ne le feront jamais. Nous n’acceptons pas cette insulte. Ceux qui ont été assassinés sont nos enfants. Faites savoir à nos amis et à nos ennemis que nous [les commémorerons] toujours ».
Massacres de Cizre
Au moins 288 personnes ont perdu la vie pendant le siège de la ville kurde de Cizre par l’armée turque en 2015-2016. Le point culminant de ce crime de masse fut le massacre de 80 civils brûlés vifs par l’armée turque dans les sous-sols de deux immeubles de Cizre où ils s’étaient réfugiés dans l’attente des secours, les 7 et 10 février. Les corps d’au moins 14 autres civils de Cizre tués lors de ces massacres n’ont toujours pas été retrouvés.
Au moins 288 personnes ont perdu la vie pendant le couvre-feu de 79 jours imposé par le gouvernement turc sur la ville kurde de Cizre, du 14 décembre 2015 au 2 mars 2016. Beaucoup ont été tuées par les forces de sécurité, tandis que d’autres, blessées ou malades, ont perdu la vie car l’armée turque a empêché l’arrivée des secours, condamnant à la mort tous les civils restés à Cizre pour leur faire payer leur refus de quitter la ville.
La ville de Cizre, dans la province de Sirnak, est l’un des 49 districts du Nord-Kurdistan assiégés par l’armée turque à cette époque. Ses 131 000 habitants ont été encerclés, électricité, internet et téléphone ont été coupés. Les enseignants et les fonctionnaires ont été mis en congé pour une durée indéterminée avant le début du couvre-feu. Des chars et des obusiers ont été déployés sur les hauteurs de la ville, d’où des tirs étaient effectués sur les quartiers de Cudi, Nur, Sur et Yafes.
Les habitants de la ville n’étaient plus autorisés à subvenir à leurs besoins quotidiens. Les gens qui sortaient de chez eux pour aller chercher de l’eau étaient ciblés et abattus par les snipers du régime. Au 20e jour du siège, il y avait environ 120 000 personnes dans la ville. Dans les jours qui ont suivi, les habitants ont été chassés de chez eux et les maisons sont devenues un champ de bataille pour les militaires.
Les sous-sols de la mort
Selon les rapports des organisations des droits humains, au moins 177 personnes ont été brûlées ou abattues par les forces de sécurité dans les « sous-sols de la mort de Cizre ». Au total, au moins 288 personnes sont mortes. Celles et ceux qui s’étaient réfugiés dans les sous-sol ont été brûlés vifs par les militaires ou abattus avant d’être brûlés avec de l’essence. Les corps de 14 personnes tuées dans les caves de la mort de Cizre n’ont toujours pas été retrouvés. Sept d’entre eux auraient été enterrés dans des fosses communes en dehors de Cizre.
Plus de 110 000 civils ont été chassés de leurs foyers
Les dégâts les plus importants ont eu lieu dans les quartiers de Cudi, Yafes, Sur et Nur. 80 % de ces zones ont été rasées. 500 bâtiments ont été complètement détruits et 2 000 maisons ont été gravement endommagées. Au bout de 20 jours, 110 000 personnes ont été expulsées de force de la ville. Après le couvre-feu, 500 autres maisons ont été démolies par l’agence nationale de construction TOKI. Les anciens bâtiments ont été détruits et 6 500 appartements ont été construits dans des bâtiments préfabriqués contrôlés par les militaires.
IRAN / ROJHILAT – Shahin Galadari, un prisonnier politique kurde de 50 ans, est mort de manière suspecte dans la prison centrale d’Ourmia. Les autorités pénitentiaires ont prétendu qu’il s’agissait d’un suicide. En 2023, au moins 35 prisonniers sont morts dans les prisons iraniennes, dont environ 60 % étaient des Kurdes. Parmi ces prisonniers kurdes, au moins 12 sont morts dans les prisons de la province d’Ourmia (Azerbaïdjan occidental).
Shahin Galadari, un habitant du village de Haki dans la région de Targavar à Ourmia purgeant une peine de deux ans à la prison centrale d’Ourmia, est décédé de façon suspecte dans la soirée du 25 février 2024.
Une source fiable indique que les autorités pénitentiaires d’Ourmia ont dit aux détenus et à la famille de la victime qu’il s’agissait d’un suicide. Le corps de Galadari a été transféré au service médico-légal d’Ourmia pour examen.
L’ONG de défense des droits humains, Hengaw a été informée que Shahin Galadari (en persan شاهین گلهدار) a été récemment transféré au bureau spécial du département des renseignements situé dans la prison d’Urmia, ainsi qu’au centre de détention du département des renseignements, où il a été soumis à des tortures physiques et mentales. Ses bourreaux lui ont également rasé la moustache de force.
L’ONG Kurdistan Human Rights Network (KHRN) affirme que Galadari s’est suicidé en signe de protestation contre les pressions et les tortures exercées dans le quartier des prisonniers politiques et idéologiques de la prison centrale d’Urmia.
Shahin Galadari a été arrêté le 28 février 2019 sans mandat judiciaire lors d’un raid des forces de renseignement d’Urmia. Il a été temporairement libéré sous caution en attendant son procès. Plus tard, il a été condamné à deux ans d’emprisonnement par le tribunal révolutionnaire d’Ourmia en février 2021 pour « actes contre la sécurité nationale ».
Shahin Galadari avait été arrêté en février 2021 pour purger sa peine de deux ans et transféré à la prison centrale d’Urmia.
Selon les données du Centre de statistiques et de documents de Hengaw, en 2023, au moins 35 prisonniers sont morts dans les prisons iraniennes, dont environ 60 % étaient des détenus kurdes. Parmi ces prisonniers kurdes, au moins 12 sont morts dans les prisons de la province d’Ourmia (Azerbaïdjan occidental).
TURQUIE / KURDISTAN – Le Mouvement des Femmes Libres (Tevgera Jinên Azad-TJA) a donné le coup d’envoi des célébrations du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.
TJA a donné le coup d’envoi de ses actions dans le cadre du 8 mars par un communiqué lu à Van (Wan) en présences des candidates du parti DEM pour les élections municipales du 31 mars et de nombreuses activistes femmes. Les femmes ont déclaré qu’elles construiront une politique démocratique et une vie égalitaire au niveau local grâce au pouvoir transformateur des femmes, en faisant référence aux élections du 31 mars.
Communiqué du TJA à Wan
Le TJA a commencé ses actions et événements à Wan dans le cadre du 8 mars par une déclaration. Dans la déclaration faite devant le bâtiment de l’organisation provinciale du Parti DEM, les membres du Conseil des femmes de Wan du Parti des régions démocratiques (DBP) et du Parti DEM, les dirigeantes et membres de la Plateforme des femmes de Wan et de l’Association des femmes Star (Star-Der) étaient présentes.
Neslihan Şedal, candidate à la municipalité métropolitaine de Wan du parti DEM, et les candidates de la municipalité des districts de Van ont également pris part à la déclaration. Les femmes ont ouvert une banderole en kurde sur laquelle était écrit « Em jin bi hevra li dijî tecrîdê azadiyê, li dijî şer aşitî diparêzin » (Nous, les femmes, défendons la liberté contre l’isolement, la paix contre la guerre) et ont tenu dans leurs mains des photos de femmes kurdes assassinées et disparues, en disant « Jin, jiyan, azadî », « mettez fin à l’isolement d’Imrali ».
Les femmes ont également rendu hommage à la journaliste-écrivaine Nagihan Akarsel, membre du Centre de recherche en jinéologie, assassinée à Silêmanî (Suleymaniye), au Kurdistan irakien, le 4 octobre 2022.
Par ailleurs, dans leur communiqué publié sur leur site le 24 février, le TJA déclare que le XXIe siècle sera celui de la libération des femmes.
Nous partageons avec vous un extraits du communiqué de TJA:
« À l’approche du 8 mars, nous saluons tout d’abord les femmes qui luttent pour la liberté des femmes dans différentes régions du monde. Nous nous inclinons avec respect devant les femmes qui ont perdu la vie dans la lutte de libération des femmes et réaffirmons notre attachement à leur mémoire. Avec la force que nous avons reçue des Roza (Rosa Luxemburg), Sara (Sakine Cansiz, alias Sara), Evin (Emine Kara, alias Evîn Goyî), Zelal (Firyal Silêman Xalid, alias Zelal Zagros) et de milliers d’autres femmes pionnières, nous sommes de nouveau dans les champs, les rues et les places le 8 mars.
Le XXIe siècle sera celui de la libération des femmes
Dans le monde, au Moyen-Orient et au Kurdistan, nous accueillons un autre 8 mars à l’ombre des guerres, des crises économiques, des massacres de femmes, des massacres écologiques et des inégalités, mais aussi avec la lutte et la résistance des femmes contre les politiques patriarcales. »
SYRIE / ROJAVA – Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont annoncé la capture de 16 membres et facilitateurs du groupe Etat islamique à Hassaké, intensifiant ainsi leurs efforts pour contrer la résurgence des activités du groupe en Syrie. Dans le même temps, l’explosion d’une mine terrestre attribuée à l’EI dans le désert de Raqqa a fait 14 morts, soulignant la menace persistante que représentent les cellules dormantes du groupe.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont capturé 16 membres de l’État islamique (EI) impliqués dans les violences contre les forces kurdes et apportant leur soutien aux cellules du groupe.
L’opération, qui s’est déroulée le 22 février dans la ville d’Al-Hasakah (Hesekê), dans le nord-est de la Syrie, s’inscrivait dans le cadre des efforts en cours visant à vaincre les restes de l’Etat islamique dans la région.
Dans un communiqué publié dimanche, les FDS ont déclaré avoir ouvert des enquêtes et des interrogatoires sur les personnes détenues, indiquant une position proactive en matière de collecte de renseignements dans le but de démanteler davantage les réseaux de l’Etat islamique. Ils ont réitéré leur engagement en faveur de l’éradication de l’Etat islamique, reflétant leur détermination à faire face à la menace posée par le groupe, menace qui persiste malgré la défaite territoriale du groupe en mars 2019.
Pendant ce temps, une mine terrestre posée par l’Etat islamique a explosé dimanche dans le désert de Raqqa, tuant 14 chasseurs de truffes et en blessant huit autres.
Les experts et les groupes de surveillance ont noté une augmentation significative des attaques de l’EI au début de 2024, signalant une possible résurgence. L’EI a appelé à de nouvelles attaques contre ses opposants, en lançant une campagne mondiale intitulée « Tuez-les partout où vous les trouvez ». Une telle résurgence serait en partie facilitée par le conflit en cours et le vide de pouvoir qui en résulterait dans la région.
Les Nations Unies ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que l’Etat islamique cause d’importantes pertes civiles et souffrances humanitaires. Malgré la perte de son leadership et les difficultés financières, l’EI conserve la capacité de planifier et de mener des attaques meurtrières et demeure une menace. L’ONU a souligné l’importance d’un engagement international renouvelé pour vaincre le groupe djihadiste et prévenir de futures attaques.
La Coalition mondiale dirigée par les États-Unis et les combattants des FDS mènent régulièrement des opérations conjointes contre les cellules de l’EI pour débarrasser la région de l’influence destructrice du groupe.
Cependant, les FDS, un acteur clé dans la lutte contre l’EI, sont confrontées à des défis sur plusieurs fronts, notamment les actions militaires turques qui ne font qu’entraver les opérations anti-EI.
ISTANBUL – Deux procureurs turcs ont pris des décisions contradictoires concernant des veillées de protestation distinctes mais identiques organisées par les Mères du samedi, l’un des procureurs ayant décidé de ne pas engager de poursuites et l’autre exigeant des sanctions.
Le procureur qui a abandonné l’affaire enquêtait sur la 959e veillée hebdomadaire du groupe, tandis que celui qui a porté plainte travaillait sur la 950e veillée.
Les Mères du samedi sont accusées d’avoir violé la loi sur les réunions et les manifestations et font désormais face aux sanctions prévues par la loi ainsi qu’à une éventuelle interdiction de s’engager dans toute activité politique.
Selon un rapport de suivi publié conjointement par les Études sur la Mémoire et la Paix, l’Association des Médias et des Études de Droit (MLSA), Amnesty International et la Fondation des Droits de l’Homme de Turquie (TİHV), les Mères du Samedi n’ont pas résisté lorsque les forces de l’ordre les ont menottées et arrêtées. lors de la 950e veillée.
Une autre contradiction réside dans le fait que le procureur qui demandait des sanctions pour la 950e veillée avait précédemment décidé de ne pas poursuivre les participants de la 941e veillée, invoquant les droits fondamentaux protégés par la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention européenne des droits de l’homme, la Constitution turque et la Cour suprême de Turquie.
Pour la 950ème veillée, la première audience du procès se tiendra à Istanbul le 27 février.
Un arrêt de la Cour constitutionnelle de novembre 2022 avait pourtant jugé que l’obstruction par les forces de l’ordre aux veillées hebdomadaires du groupe violait le droit de rassemblement et de manifestation pacifiques.
Toutefois, ces derniers mois, les tribunaux turcs ont intensifié leur non-respect des compétences et des ordonnances de la Cour constitutionnelle, provoquant l’une des crises judiciaires les plus graves de l’histoire du pays.
Depuis 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
Mères du Samedi est un groupe de militants qui cherchent à connaître le sort de leurs proches disparus en garde à vue dans les années 1980 et 1990 et exigent des comptes pour ces disparitions.
Il y a 28 ans, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.
TURQUIE / KURDISTAN – Tuncer Bakırhan, coprésident du parti DEM, a été accueilli par une foule enthousiaste dans la province kurde de Mardin, alors que le parti poursuit sa campagne intensive pour les prochaines élections locales du 31 mars.
Le parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM) poursuit sa campagne populaire en visitant les districts, les quartiers et les villages à l’approche des élections locales turques du 31 mars. Le coprésident Tuncer Bakırhan a été chaleureusement accueilli par une foule nombreuse lors d’un meeting à Mardin (Mêrdîn), signe d’un fort soutien au parti dans la région.
Lors du rassemblement, Bakırhan a critiqué les récentes remarques du président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui a suggéré que l’existence d’administrations locales en opposition au gouvernement central conduisait à un manque de services. Bakırhan a accusé Erdoğan d’avoir déclaré ouvertement « pas de services pour ceux qui ne votent pas pour nous [parti d’Erdogan] » et a remis en question la qualité des services fournis par les administrateurs (kayyum) nommés par le Parti de la justice et du développement (AKP) en remplacement des maires kurdes.
Soulignant le conflit kurde en cours, Bakırhan a appelé au dialogue, affirmant que la paix et une vie sans conflit ne peuvent être obtenues que par le biais de négociations avec Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui est détenu en isolement depuis Prison d’Imralı pendant 25 ans. Cette position souligne l’opinion du parti selon laquelle la reprise du processus de paix nécessite des pourparlers directs avec Öcalan.
À l’approche des élections locales, Erdoğan et l’AKP souhaitent regagner les villes clés perdues face au Parti républicain du peuple (CHP) lors des élections de 2019. Cependant, l’AKP cherche également à accroître sa part des voix dans les provinces à majorité kurde où il remplaçait auparavant les maires élus par des administrateurs nommés.
DEM parti déterminé à reconquérir ses municipalités mises sous tutelle
Ce cycle électoral est marqué par les efforts du parti au pouvoir et de l’opposition pour influencer les électeurs dans un environnement politiquement chargé, soulignant l’importance de la gouvernance locale et de la question kurde dans la politique turque.
Vagues de nominations d’administrateurs dans les municipalités à majorité kurde
Suite à l’échec des pourparlers de paix de courte durée visant à mettre fin au conflit kurde en Turquie entre le PKK et le gouvernement turc, avec la première vague de nominations d’administrateurs dans les municipalités à majorité kurde en 2016, un total de 95 municipalités ont été placées sous tutelle. Parallèlement à ces nominations, 93 co-maires des communes remplacées ont également été arrêtés.
Interprété comme le reflet de la réaction du public aux nominations des administrateurs, lors des élections locales du 31 mars 2019, le HDP pro-kurde a remporté la mairie d’un total de 65 municipalités.
Quatre mois seulement après les élections, le 19 août 2019, un processus a commencé au cours duquel les nominations d’administrateurs se sont poursuivies par vagues et de nombreux maires kurdes ont été arrêtés. (Medya News)
TURQUIE – Le parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM) a organisé un « Rassemblement pour la Liberté et la Démocratie » à Istanbul/Esenyurt avec la participation de milliers de personnes.
DEM parti a organisé un rassemblement sur la place Esenyurt pour soutenir la « Grande marche pour la liberté ». Le rassemblement vise à appeler à la fin de l’isolement absolu dans la prison de l’île d’Imralı et à soutenir la « Grande marche pour la liberté » lancée pour la liberté du leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, détenu à l’isolement à İmralı depuis 25 ans et dont on est sans nouvelles depuis 36 mois.
Des milliers de personnes se sont rassemblées pour le « Rassemblement pour la liberté et la démocratie ». Dans le cadre du programme, des mères de la paix poursuivant la Veillée pour la Justice et des personnalités politiques ainsi que des représentants d’organisations de la société civile participant à la « Grande Marche pour la Liberté » sont montés sur scène.
À leur suite, les candidats du parti DEM pour la mairie d’Istanbul, Meral Danış Beştaş et Murat Çepni, ont salué la foule.
« L’isolement d’Öcalan est la quintessence de l’impasse dans la question kurde »
Emine Kaya, de la Fédération des associations juridiques et solidaires des familles incarcérées et condamnées (MED TUHAD-FED), qui fait partie de la branche de Van de la « Grande Marche pour la liberté », a évoqué la récente visite du Comité européen pour la prévention de la torture ( CPT) dans le pays qui ne s’est pas rendu à la prison d’Imrali.
Kaya a déclaré : « Comme vous le savez, le CPT est venu en Turquie mais ne s’est pas rendu à İmralı. Nous demandons au CPT, qui prétend prendre en compte les demandes des peuples : allez-vous répondre aux demandes de ce peuple ? La demande du peuple est pour garantir la liberté physique de M. Öcalan. Cette erreur doit être corrigée. Par conséquent, le CPT doit jouer son rôle. »
Bayındır: Le destinataire du peuple kurde est net
Dans son discours, Keskin Bayındır, coprésident du Parti des régions démocratiques (DBP), a souligné que les Kurdes défendent les luttes pour la liberté dans le monde entier, déclarant : « Aujourd’hui est le jour de la liberté et de la victoire. Aujourd’hui est le jour de se lever. C’est notre jour. C’est notre temps. Cela fait 3 mois qu’il y a une grève de la faim dans les prisons. Pour notre liberté. Nos camarades font la grève de la faim dans les prisons à travers le pays. Pendant qu’ils résistent en prison, nous résistons dans la rue. »
Bayındır a souligné le rôle d’Abdullah Öcalan en tant qu’interlocuteur pour résoudre la question kurde, en disant: « Il n’est pas loin. Il est à İmralı. Nous allons enfoncer les portes d’İmralı et parvenir à une solution. Nous n’acceptons pas cet isolement. Si vous dites « Je ne veux pas de guerre et d’hostilité », levez cet isolement. Le destinataire du peuple kurde est clair. C’est M. Öcalan. Nous envoyons nos salutations à İmralı d’ici. Notre lutte au Kurdistan réussira. Ne faites pas d’erreurs de calcul. Les Kurdes veulent leurs droits. Les Kurdes veulent une solution avec leurs interlocuteurs. »
Hatimoğulları: L’isolement est le problème de tous les peuples de Turquie
S’exprimant lors de la réunion, la coprésidente du parti DEM, Tülay Hatimoğulları, a salué la foule en kurde et en arabe.
Hatimoğulları a souligné l’impact de l’isolement d’Imralı sur tous les segments de la société, déclarant :
« Si nos jeunes empruntent aujourd’hui les routes de la migration, s’ils ne peuvent pas se réunir avec un ami et partager un environnement social et culturel, sachons que nos jeunes ne sont pas libres, ils sont également isolés. Si les travailleurs des usines d’aujourd’hui ne trouvent pas l’argent pour rapporter un pain chaud à la maison, s’ils travaillent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et font face à la faim, et s’ils ne peuvent pas faire grève ensemble, sachez que nos frères et sœurs travailleurs sont également en isolement. la levée de l’isolement n’est pas seulement le problème du peuple kurde. C’est le problème de tous les peuples de Turquie. C’est le problème des ouvriers et des ouvriers, c’est le problème des femmes et des jeunes. Depuis cette place, nous appelons tous les opprimés à et exploités en Turquie ; éliminons tous ensemble le système d’isolement. L’isolement signifie chaos(…). L’isolement est l’incarnation même de la question kurde non résolue. »
« Réunissons les peuples »
Appelant à l’action à Ankara, Hatimoğulları a déclaré : « La question kurde est une question ethnique, une question d’identité, une question de statut. C’est la question du Moyen-Orient et des quatre parties du Kurdistan. Nous avons lancé de nombreux appels. Résolvons-le. » En Turquie par des méthodes pacifiques et démocratiques, donnons l’exemple à la Syrie, à l’Irak et à l’Iran. Résolvons la question kurde dans ce pays par des méthodes pacifiques et démocratiques, unissons les peuples. «
Hatimoğulları a également souligné : « La prison d’Imralı doit être fermée. Le système d’isolement doit mettre fin à tous les aspects de la vie. » Elle a souligné qu’ils poursuivraient leur lutte pour la résolution des problèmes de tous les peuples et de toutes les croyances, en particulier la question kurde, sur une base démocratique.
Après les discours, l’artiste Arhat du Centre culturel de Mésopotamie (NÇM) est monté sur scène. Le rassemblement s’est terminé par des danses en ronde au son de la musique et des chants.
TURQUIE / KURDISTAN – Un effondrement s’est produit dans une mine du district de Palu, dans la province kurde d’Elazığ. Deux des quatre mineurs bloqués dans la mine ont été sauvés jusqu’à présent.
Un effondrement s’est produit dans une mine de chrome dans le district de Palo (Palu) dans la province d’Elazığ (Xarpet). Selon les premières constatations, deux des 4 ouvriers bloqués sous terre ont été sauvés. Les recherches se poursuivent.
Le 13 février dernier, une autre catastrophe minière avait eu lieu dans la même province d’Elazig. La mine d’or Anagold Madencilik à Erzincan/İliç a été emportée par un glissement de terrain qui a englouti au moins 9 ouvriers qui travaillaient dans la mine d’or qui avait recours au cyanure, un procédé extrêmement nocif pour l’environnement.
GENEVE – Kajal Abbasi, ancienne combattante kurde vivant en Suisse, exhorte l’Occident à œuvrer à la résolution de la question kurde pour que le Moyen-Orient connaisse enfin la paix.
Kajal Abbasi
Kajal Abbasi, accompagnée de 4 autres militants.e.s kurdes, a assisté au Congrès national du Parti socialiste Suisse tenu hier à Genève où elle a interpellé l’Occident sur la question iranienne et les conflits au Moyen-Orient dans son discours que nous partageons avec vous ci-dessous:
« Je suis ici en tant que femme kurde qui a consacré sa vie à la lutte pour la libération des Kurdes et du Kurdistan depuis l’âge de 15 ans, en tant que militante politique, en tant que Peshmerga [combattant.e], en tant que réfugiée et aujourd’hui en tant que Suissesse.
Comme vous le savez, les Kurdes luttent depuis plus d’un siècle pour préserver l’expression de leur langue et de leur culture et pour défendre leurs terres et leur pays.
Ensemble, nous avons été témoin de la lutte entamée à Kobanê, au Rojavaa de Kurdistan, où les kurdes et notamment les femmes kurdes se sont battus contre les terroristes de Daesh.
Plus récemment, suite au meurtre de Jina Amini à Téhéran en septembre 2022 par les forces terroristes de la République islamique d’Iran, les kurdes ont mené la révolution de Jina sous le slogan de « Jin, Jiyan, Azadi » (Femmes, vie et liberté) pendant 5 mois. Cette révolution a reçu comme réponse une forte répression de la part du régime iranien. En effet, cette répression a mené à plusieurs centaines de morts et de blessés, à une dizaine de condamnations à mort, et à des milliers d’emprisonnements en Iran et surtout au Balûchistân et au Kurdistan.
En novembre 2023, l’organisation Iran Human Rights dénonçait le nombre d’exécutions annuelles le plus élevé depuis huit ans. 746 personnes ont été exécutées par la justice iranienne, dont 80 % sont des kurdes.
N’oublions pas que les Kurdes ont toujours essayé de résoudre le conflit kurde par la voie du dialogue et de la négociation. Malheureusement, leurs dirigeants ont toujours été tués, martyrisés et réduit au silence par la force à la table des négociation.
Une paix durable au Moyen-Orient paraît impossible sans que soit résolue la question kurde et que le Kurdistan soit reconnu tel que les 40 à 50 millions de kurdes actuellement persécutés et assimilés de force le demandent.
Les puissances occidentales ne peuvent parler des conflits du Moyen-Orient et d’une paix durable dans la région sans tenir compte de la politique de colonisation des pays occupant le Kurdistan. Cette politique s’inscrit à travers la violation constante des droits humains, les changements démographiques forcés, la discrimination et la répression, les tensions massives et les exécutions toujours plus importantes des Kurdes.
Depuis plus de 40 ans, l’Iran a rassemblé une coalition de groupes, de partis politiques et de milices chiites qui défendent ses intérêts à travers le Moyen-Orient. Les relations entre l’Iran et ces milices consistent en une aide militaire, financière et politique, s’appuyant sur la politique de développement du chiisme et de l’hégémonie iranienne au Moyen-Orient.
Ainsi, sans une position politique et économique claire envers l’Iran en tant que principal soutien du terrorisme, la paix au Moyen-Orient demeurera difficile à atteindre.
Aujourd’hui, nous sommes présents au congrès à la fois comme kurdes, et à la fois comme des Suisses, nous sommes soucieux pour la Suisse, le pays dans lequel on réside et pour le Kurdistan, le pays que nous souhaitons libérer un jour. »
Congrès national du Parti socialiste 24 février 2024- Genève
Suisse