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IRAN. Deuxième anniversaire du « Vendredi sanglant » de Zahedan et Khash

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IRAN – Il y a deux ans jour pour jour, le régime iranien commettait un massacre contre les Baloutches du Sistan et du Baloutchistan qui protestaient dans le cadre des manifestations anti-gouvernementales déclenchées par le meurtre de Jina Mahsa Amini à cause d’un voile « non-conforme ». A l’occasion du deuxième anniversaire du « vendredi sanglant » de Zahedan et Khash ciblant les Baloutches, l’ONG kurde de défense des droits humains, Hengaw a publié un communiqué dans lequel, elle rappelle que ces massacres « ne sont pas des incidents isolés mais font partie d’une lutte plus large contre la répression structurelle, la discrimination nationale, ethnique et religieuse et les violations généralisées des droits humains en Iran », et appelle à la solidarité des peuples d’Iran pour « parvenir à un avenir juste et libre pour l’Iran et le monde ».

Voici le communiqué de HENGAW:

À l’occasion du deuxième anniversaire du massacre du Vendredi sanglant à Zahedan et Khash, l’Organisation Hengaw pour les droits humains exprime ses plus sincères condoléances aux familles des victimes, aux blessés et aux prisonniers, tout en appelant une fois de plus à la justice et à la poursuite des responsables de cette atrocité.

Le 30 septembre 2022, les habitants de Zahedan et Khash sont descendus dans la rue pour protester contre l’agression sexuelle d’une jeune fille de 15 ans de Chabahar par un commandant de police, ainsi que contre les années de discrimination systémique et de répression structurelle contre la population du Sistan et du Baloutchistan en Iran.

Ces manifestations pacifiques, qui ont émergé dans le contexte plus large du mouvement national « Femme, vie, liberté » et en réponse à l’agression sexuelle sur une mineure, ont été violemment réprimées par les forces de sécurité au moyen d’une militarisation excessive. Les forces gouvernementales ont ouvert le feu sur des civils non armés et sans défense en utilisant des balles réelles. Des dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées et des centaines d’autres blessées. Ce massacre brutal, connu sous le nom de « Vendredi sanglant de Zahedan », constitue un exemple clair de « crime contre l’humanité ».

Hengaw estime que le recours excessif à la violence et aux armes létales par la République islamique d’Iran contre des manifestants non armés constitue une grave violation du droit à la vie et du droit de réunion pacifique, consacrés par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. De plus, compte tenu de son caractère généralisé et systématique, ainsi que de l’autorisation apparente donnée à de hauts responsables du gouvernement de cibler une population civile, cet acte est qualifié de crime contre l’humanité au sens de l’article 7 du Statut de Rome, ce qui nécessite la poursuite des auteurs devant des tribunaux nationaux et internationaux.

Hengaw souligne également que cette tragédie viole non seulement les droits individuels et humains des habitants de Zahedan et Khash, mais symbolise également la répression systématique des minorités nationales, ethniques et religieuses en Iran. Le peuple baloutche, longtemps victime de discrimination, de pauvreté et de privations, a une fois de plus été violemment pris pour cible par l’État. Cette répression s’inscrit dans un modèle systémique plus large d’oppression qui perdure depuis des décennies contre les minorités nationales, ethniques et religieuses marginalisées en Iran.

Le mouvement « Femme, vie, liberté », né en réponse au meurtre de Jina Amini en septembre 2022, est devenu un mouvement national et mondial contre la discrimination et la répression dans tous les secteurs de la société iranienne. En mettant l’accent sur les droits des femmes, de la communauté LGBTQ+, des minorités nationales, ethniques et religieuses et d’autres groupes marginalisés, ce mouvement représente un tournant décisif dans la lutte du peuple iranien pour la liberté.

Hengaw appelle la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et les Nations Unies à prendre des mesures urgentes et concrètes pour que justice soit rendue et pour poursuivre les responsables de ces crimes. Ne pas traduire les auteurs en justice constituerait une violation des obligations internationales en matière de droits de l’homme. La communauté internationale doit veiller à ce que la République islamique d’Iran soit traduite en justice pour ses actes criminels contre son peuple, en particulier contre les minorités nationales, ethniques et religieuses.

Hengaw souligne que les événements du Vendredi sanglant de Zahedan et Khash ne sont pas des incidents isolés mais font partie d’une lutte plus large contre la répression structurelle, la discrimination nationale, ethnique et religieuse et les violations généralisées des droits de l’homme en Iran. Nous soulignons l’importance de la solidarité entre les peuples d’Iran, du Kurdistan au Baloutchistan, et affirmons que ce n’est que par l’unité et la lutte collective, fondées sur les principes des droits de l’homme, que l’on pourra parvenir à un avenir juste et libre pour l’Iran et le monde – un avenir dans lequel aucun individu ne sera opprimé ou discriminé en raison de son sexe, de son orientation sexuelle, de son identité nationale, ethnique ou religieuse, de son athéisme ou de ses convictions politiques.

IRAN. La prisonnière politique kurde Zeinab Jalalian privée de visites familiales

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IRAN – La prisonnière politique kurde Zeinab Jalalian, condamnée à la réclusion à perpétuité par l’Iran et emprisonnée depuis 17 ans, s’est vu refuser le droit de visites familiales sur instruction du ministère de l’Information.
 
Zeinab Jalalian, transférée à la prison de Yazd il y a quatre ans, n’a pu voir sa famille qu’une seule fois.
 
Selon les informations fournies par le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN), après que Zeinab Jalalian a demandé à rencontrer sa famille au début de la semaine dernière, les autorités pénitentiaires ont déclaré que les visites étaient interdites sur instruction du ministère de l’Information.
 
La famille, qui s’était rendue de Maku à Yazd pour voir Zeinab, a été obligée de rentrer chez elle sans l’avoir vue.
 
On a également appris que Zeinab Jalalian, qui a été emmenée à l’hôpital la semaine dernière, a été invitée à être examinée menottée malgré toutes les objections et n’a pas été soignée parce qu’elle a refusé. (ANF)

IRAN. Le « projet de loi sur le hijab et la chasteté » renforce l’apartheid sexuel

IRAN – « Le nouveau projet de loi sur le « hijab et la chasteté », présenté comme un plan gouvernemental par la Commission judiciaire du Parlement en réponse au mouvement de protestation ‘Jin, Jiyan, Azadi (Femme, vie; liberté)’, approuvé par le Conseil des gardiens de la République islamique va accroître les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes et les minorités sexuelles en Iran (…) », écrit l’ONG kurde de défense des droits humains Hengaw.
 
Dans ce projet de loi, en plus de l’application violente du hijab obligatoire pour les femmes et la communauté homosexuelle, l’accent est mis sur l’expansion de la « ségrégation de genre » dans les universités, les centres administratifs et éducatifs, les parcs, les espaces récréatifs et même dans les services de soins hospitaliers.
 
Le projet de loi, qui contient 69 articles, accorde à trois agences de renseignement – le ministère du Renseignement, l’Organisation du renseignement du CGRI et l’Organisation du renseignement du commandement des forces de l’ordre – ainsi qu’au commandement des forces de l’ordre, au Basij et au Siège pour la promotion de la vertu et la prévention du vice, l’autorité de s’engager dans des « confrontations sur le terrain » avec des femmes.
 
De plus, ce projet de loi, en imposant de nouvelles sanctions financières aux femmes et à la communauté homosexuelle qui refusent de se conformer au hijab, les place dans un état de subjugation économique encore pire. En même temps, dans le cadre du renforcement de la sécurité de la République islamique, les sanctions liées à la question du hijab commencent par l’arrestation, la flagellation et des peines de prison. Dans les affaires de sécurité, si l’accusation spécifique de « corruption sur Terre » est portée, elle peut légalement aller jusqu’à la peine de mort en vertu du Code pénal islamique de la République islamique.
 
L’article 38 de ce projet de loi stipule que « toute personne qui, en collaboration avec des gouvernements, des réseaux, des médias, des groupes ou des organisations d’opposition étrangers, ou de manière organisée, promeut la nudité, l’immoralité, le non-respect du hijab ou une tenue vestimentaire inappropriée » sera condamnée à une peine d’emprisonnement de quatrième degré et à une amende. L’amende de quatrième degré est fixée entre 50 millions de tomans et 100 millions de tomans.
 
L’article 49 de ce projet de loi ne limite pas la définition de « tenue vestimentaire inappropriée » en public aux vêtements des femmes. Il aborde également la libre expression sexuelle et de genre des hommes, compte tenu de la visibilité accrue de la communauté queer en Iran ces dernières années, en particulier pendant le mouvement « Jin, Jiyan, Azadi ». L’article 49 précise que les personnes accusées de tenue vestimentaire inappropriée seront passibles d’une amende maximale de sixième degré pour la première infraction et d’une amende de cinquième degré pour les infractions suivantes.
 
La définition de tenue vestimentaire inappropriée pour les hommes dans cet article est la suivante : « Porter des vêtements qui contredisent la décence publique, comme des vêtements révélateurs ou des vêtements qui exposent une partie du corps en dessous de la poitrine ou au-dessus du mollet ou de l’épaule. » Bien que ce type de tenue vestimentaire pour hommes ne puisse pas être uniquement attribué aux hommes homosexuels, la criminalisation de la libre expression de genre cible clairement cette section de la société en raison du genre associé aux hommes.
 
Le même article définit la tenue vestimentaire inappropriée des femmes en public comme suit : « Porter des vêtements qui violent la décence publique, tels que des vêtements serrés ou transparents, ou des vêtements qui exposent des parties du corps sous le cou, au-dessus des chevilles ou au-dessus des avant-bras ».
 
La République islamique mobilise également d’autres pans de la société contre les femmes et la communauté homosexuelle en imposant des amendes et en fermant les entreprises qui fournissent des services aux personnes sans hijab ou considérées comme « mal voilées ».
 
Selon l’article 41, « les propriétaires d’entreprises, de professions et de lieux de travail virtuels ou non virtuels qui encouragent l’absence de hijab sur leur lieu de travail » seront passibles d’amendes de troisième degré ou seront tenus de payer trois mois de bénéfices de leur entreprise et, à la discrétion du juge, seront interdits de quitter le pays pendant six mois à deux ans.
 
Ce projet de loi définit également des sanctions pour les personnalités influentes sur les réseaux sociaux, précisant que les personnalités éminentes qui militent dans le domaine des libertés liées à l’habillement seront confrontées à de nouvelles formes de criminalisation.
 
L’article 43 stipule : « Si une personne ayant une renommée ou une influence sociale commet des délits liés à cette loi dans des espaces virtuels ou non virtuels, en plus d’être condamnée à la peine prévue, elle sera condamnée à une amende de deuxième degré ou à 10 % de son patrimoine total (à l’exclusion des dettes exonérées), selon le montant le plus élevé, et à une interdiction d’activités professionnelles ou professionnelles pendant six mois à cinq ans ». À la discrétion du juge, il peut également lui être interdit de quitter le pays pendant deux ans, de mener des activités publiques dans les espaces virtuels pendant six mois à deux ans et de supprimer les contenus antérieurs qui violaient la loi, avec révocation de toutes les réductions, exemptions et privilèges accordés.
 
L’escalade des sanctions contre les personnalités influentes opposées au hijab obligatoire vise clairement à réprimer le mouvement qui a émergé après l’assassinat de Jina Amini, un mouvement qui s’est propagé en raison des réactions et de la solidarité de nombreuses personnalités éminentes contre le hijab obligatoire.
 
Dès le début de sa formation, la République islamique a mobilisé la société patriarcale iranienne contre les femmes et la communauté homosexuelle.
 
La criminalisation de la vie et de la libre expression des femmes et des minorités sexuelles et de genre commence par la question des vêtements et de la libre expression du genre et va jusqu’à la criminalisation complète de la vie humaine dans la communauté homosexuelle. La marginalisation économique des femmes est observable non seulement à travers l’indice d’écart entre les sexes de 143 pour l’Iran parmi 146 pays dans le monde, mais aussi à travers les statistiques très faibles d’emploi des femmes, qui atteignent un maximum de 18 pour cent, et le manque de statistiques précises sur la situation économique de la communauté homosexuelle en Iran, qui vit dans un état de pathologisation et de criminalisation absolue, est une autre manifestation de la marginalisation économique de ces deux sections de la société ; qui constituent plus de la moitié de la société.
 
L’organisation Hengaw (…) considère que l’intensification des crimes économiques et sécuritaires liés au port obligatoire du hijab fait partie de la consolidation de l’apartheid sexuel en République islamique. Hengaw condamne fermement cette action de la République islamique et appelle la communauté internationale des droits de l’homme à qualifier la République islamique de régime d’apartheid sexuel.
 
Hengaw appelle également les organisations internationales travaillant dans le domaine du droit international à inclure la définition de l’apartheid de genre dans le système juridique international et à classer sous ce titre les régimes comme la République islamique, qui discriminent systématiquement et légalement les femmes et la communauté homosexuelle, de la criminalisation aux meurtres commandités par l’État. (Hengaw)

IRAN. Au moins 21 prisonniers exécutés en 11 jours

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IRAN – Le régime ségrégationniste iranien continue à utiliser la peine de mort contre les peuples non perses / chiites d’Iran, dont les Kurdes et les Baloutches qui sont exécutés en masse.
 
Selon l’ONG de défense des droits humains, Hengaw, entre le 15 et le 25 septembre 2024, au moins 21 prisonniers ont été exécutés dans la prison centrale de Chiraz (prison d’Adelabad), dont un mineur, quatre prisonniers baloutches, deux prisonniers kurdes, deux ressortissants afghans et deux prisonniers Lor. Ces prisonniers avaient été condamnés à mort pour des accusations de meurtre et d’infractions liées à la drogue.
 
Selon un rapport reçu par l’organisation de défense des droits humains, Hengaw, à l’aube du mercredi 25 septembre 2024, les condamnations à mort de Rasoul Shenbandi, un habitant du district de Golkoob à Chiraz, et d’Akbar Saadi-Khani, un habitant du district de Sarhad de la même ville, ont été annoncés exécutés à la prison centrale d’Adilabad, à Chiraz. Rasoul Shenbandi a été arrêté il y a sept ans pour des délits liés à la drogue et condamné à mort. Akbar Saadi-Khani a été condamné à mort il y a neuf ans pour « meurtre avec préméditation ».
 
Le lundi 23 septembre 2024, les condamnations à mort de quatre prisonniers nommés Fardin Ahmadi, un citoyen Lor de Mamasani, Hossein Nejat et Mohammadreza Nejat, tous deux de Shiraz, et Amin Shahabi, un Kurde d’Ilam, ont également été prononcées au centre. prison de cette ville exécuté. Ces quatre prisonniers avaient déjà été arrêtés pour meurtre avec préméditation et condamnés à mort.
 
Poursuivant la vague d’exécutions dans la prison d’Adelabad à Chiraz, le mercredi 18 septembre 2024, trois prisonniers nommés Sepehr Norani, Kamran Heydari et Taher Arezomand et un autre prisonnier de Shiraz identifié comme Shahin Salami ont été condamnés à mort dans cette prison pour meurtre avec préméditation exécuté.
 
En outre, le lundi 16 septembre 2024, à la prison d’Adelabad à Chiraz, les condamnations à mort ont été exécutées contre au moins deux prisonniers baloutches nommés Abdoljalil Ehsani (33 ans) de Sarbaz et Yahya Zargari (32 ans) d’Iranshahr, Sistan-Baloutchistan. qui avaient déjà été reconnus coupables ont été condamnés à mort pour des infractions liées aux drogues.
 
Au même moment, la condamnation à mort d’un prisonnier nommé Mehdi Jahanpour (23 ans), un homme de Lor originaire de Firouzabad, province du Fars, condamné à mort pour meurtre avec préméditation alors qu’il avait moins de 18 ans, a été exécutée sans en informer son famille ou pour leur rendre une dernière visite.
 
Mehdi Jahanpour, né le 8 décembre 2002, a été arrêté en avril 2019 à l’âge de 16 ans pour meurtre avec préméditation et condamné à mort par la justice iranienne. Il est le deuxième prisonnier mineur exécuté dans les prisons iraniennes en 2024.
 
Le même jour, les condamnations à mort ont été prononcées contre deux citoyens afghans, Abdullah Abdolsamad et Mobasher (nom de famille inconnu), qui avaient déjà été condamnés à mort pour meurtre avec préméditation et infractions liées à la drogue, ainsi que trois autres prisonniers nommés Amir Naderzadeh. et Sajad Fadaei pour meurtre avec préméditation et Behzad Bagheri de Kermanshah pour délits liés à la drogue.
 
Le dimanche 15 septembre 2024, les condamnations à mort d’au moins deux prisonniers baloutches nommés Sasan Beneh/Beygzadeh, 33 ans, de Sarbaz et résidant à Iranshahr, et Saeed Khajeh Heydari, 30 ans, de la province de Kahnooj, ont également été annoncées à la prison d’Adelabad à Shiraz Kerman, et contre un prisonnier arabe d’Ahvaz nommé Hossein Maqami. Ces trois prisonniers avaient déjà été condamnés à mort pour des délits liés à la drogue.

L’Allemagne va déporter massivement les migrants kurdes vers la Turquie

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IMMIGRATION – Grâce à l’accord conclu entre Erdoğan et Scholz l’année dernière, 13 500 ressortissants turcs, pour la plupart kurdes, dont les demandes d’asile ont été rejetées, seront déportés en masse. 200 personnes ont déjà été renvoyées. Avec cet accord, la Turquie espère surmonter les obstacles aux visas en Allemagne. Pour les Kurdes qui en fuit la terreur turc, il s’agit d’un retour en enfer.

Après des mois de négociations avec la Turquie à Ankara, le gouvernement Scholz a commencé à renvoyer de nombreux citoyens de la République de Turquie dont les demandes d’asile n’avaient pas été acceptées.
 
L’association kurde basée en Allemagne, Civaka Azad a publié un communiqué dénonçant l’accord turco-allemand qui livrera les réfugiés kurdes à l’État turc.
 
Voici le communiqué de Civaka Azad:
 
 
Les Kurdes deviennent les victimes de « l’offensive de déportation » des feux tricolores.
 
Le nouvel accord d’expulsion entre le gouvernement fédéral et la Turquie représente un autre point faible en termes de droits de l’homme et révèle l’ignorance des autorités étatiques à reconnaître la réalité de la société kurde en Turquie. Des milliers de Kurdes risquent d’être victimes de « l’offensive de déportation » aux feux tricolores déjà annoncée dans l’accord de coalition.
 
De nombreux rapports et reportages dressent un tableau effrayant de la situation des droits de l’homme en Turquie, notamment en ce qui concerne les droits des Kurdes. Le système judiciaire turc fonctionne très loin des principes de l’État de droit.
 
Un rapport récemment publié par Pro Asyl, qui examine de manière approfondie l’indépendance, l’impartialité et la protection des droits procéduraux du système de justice pénale turc, indique qu’en Turquie, le droit pénal est utilisé pour réprimer les actions politiquement indésirables. Des accusations telles que la propagande terroriste sont portées arbitrairement et les poursuites pénales correspondantes ne sont pas menées conformément à l’État de droit. Les personnes concernées n’ont aucune possibilité de se défendre efficacement et juridiquement. Certains groupes à risque courent particulièrement le risque d’être victimes de poursuites politiques, comme les membres de l’opposition ou les personnes qui commentent des sujets politiquement sensibles – même s’il est souvent difficile d’estimer quand une question deviendra plus explosive. En raison de leur discrimination et de leur oppression systématiques, les Kurdes courent un plus grand risque que les autres groupes.
 
Plus de 84 % des demandes d’asile déposées l’année dernière par des citoyens turcs en Allemagne provenaient de Kurdes. Dans ces conditions, il est d’autant plus alarmant que le gouvernement fédéral ait décidé d’expulser des personnes vers un État dans lequel les principes constitutionnels fondamentaux ne sont pas respectés. On ne peut exclure que les personnes expulsées soient exposées à une répression étatique arbitraire et à de graves violations des droits de l’homme.
 
L’Allemagne est complice. Les Kurdes ont besoin d’être protégés du régime d’Erdoğan et des persécutions arbitraires de l’État. Le nouvel accord est clairement en contradiction avec les décisions des tribunaux allemands. Même si de nombreuses demandes d’asile sont rejetées, certains tribunaux, citant la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), reconnaissent des interdictions d’expulsion vers la Turquie conformément à l’article 60 (5) de la loi sur le séjour. Selon cette norme, l’expulsion ne peut avoir lieu si la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales n’est pas garantie. En particulier, selon l’article 3 de la CEDH, nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants. Certains tribunaux allemands considèrent à juste titre cette situation comme clairement problématique. Dans leurs jugements, ils soulignent que les personnes arbitrairement accusées de terrorisme en Turquie doivent s’attendre à des procédures qui ne correspondent pas aux principes de l’État de droit et peuvent comporter un risque de torture. Une reconnaissance fondamentale de la protection des réfugiés pour les Kurdes. demander l’asile en Allemagne, mais cela n’existe pas.
 
Le mépris systématique des principes de l’État de droit est devenu plus visible depuis la tentative de coup d’État de 2016 en Turquie, les minorités et les membres de l’opposition sont persécutés et les féminicides atteignent un niveau record en comparaison internationale. Dans ce contexte, nous, en tant qu’institutions kurdes. en Allemagne appellent fermement le gouvernement fédéral à prendre des mesures internationales pour respecter la loi et les droits de l’homme, imposer une interdiction générale des expulsions vers la Turquie et mettre immédiatement fin à l’activisme purement symbolique destiné à satisfaire les discours de droite et misanthropes.
 
Ce qui est particulièrement absurde, c’est que ce sont les Kurdes qui se sont résolument défendus contre l’islamisme politique en luttant courageusement contre le soi-disant État islamique et qui doivent maintenant être expulsés vers un pays dont le président est dans toute la région. des islamistes.
 
Parce que l’Allemagne a souvent tenu sa main protectrice sur la Turquie sur la scène internationale ou l’a soutenue par des paiements monétaires et des livraisons d’armes, elle porte une part de responsabilité dans les mouvements de réfugiés kurdes en provenance de Turquie. L’Allemagne devrait donc utiliser sa puissance économique et ses relations étroites avec la Turquie pour œuvrer à une solution pacifique à la question kurde. C’est le seul moyen de garantir à long terme que les conditions de vie des Kurdes en Turquie deviennent humaines et qu’ils ne soient plus contraints de fuir en raison de l’oppression, des persécutions et de la répression systématique.
 

La communauté internationale doit empêcher la Turquie d’assassiner les militantes kurdes

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L’Initiative internationale Justice pour Nagihan Akarsel, formée en réaction à l’assassinat de la journaliste et universitaire kurde par des agents de la Turquie le 4 octobre 2022 au Kurdistan du Sud, exhorte « les instances du Conseil de l’Europe et de l’ONU à prendre des mesures immédiates et efficaces pour empêcher leur État membre, la Turquie, de continuer à enfreindre le droit international en toute impunité et pour garantir que les véritables responsables de ces meurtres politiques soient sanctionnés politiquement et juridiquement ».
 
A l’occasion du 2e anniversaire du meurtre abject de Nagihan Akarsel, l’Initiative Justice pour Nagihan Akarsel a publié un communiqué dans lequel elle a rappelé les attaques sanglantes de l’Etat turc ciblant notamment les journalistes femmes et les défenseuses des droits humains kurdes et demandent à la communauté internationale d’empêcher la Turquie d’assassiner les militantes kurdes.
 
Voici le communiqué de l’Initiative internationale Justice pour Nagihan Akarsel publié ce matin:
 
 

Notre initiative « Justice pour Nagihan Akarsel » a débuté il y a un an. L’année précédente, le 4 octobre 2022, la journaliste, académicienne et activiste kurde pour les droits des femmes Nagihan Akarsel a été assassinée alors qu’elle quittait son domicile dans le centre-ville de Sulaymaniyah, au Kurdistan du Sud (Irak). L’année dernière, plus de 150 organisations de femmes et personnalités de tous les continents et de différentes professions ont lancé un appel dans une lettre ouverte à l’ONU, au Conseil de l’Europe et au gouvernement irakien afin de clarifier le contexte de ce meurtre politique et de faire rendre des comptes à ceux qui en sont responsables, ainsi que de prendre des mesures juridiques et politiques pour prévenir d’autres féminicides et meurtres politiques.

Le 24 décembre 2023, le meurtrier Ismail Rasim Rifat Peker, citoyen turc, a été condamné à mort par la Cour de cassation de la région du Kurdistan d’Irak en vertu de l’article 2.2 de la loi antiterroriste. Mais ni le public ni les proches de Nagihan Akarsel n’ont été informés de l’enquête judiciaire ou du procès. Ainsi, les proches ont été privés du droit de participer à la procédure par le biais d’une représentation légale. Selon la décision de justice et les médias, Ismail Peker avait déjà été arrêté en Turquie pour avoir attaqué une femme avec un couperet en décembre 2017. Bien que Peker ait été condamné à 12 ans d’emprisonnement, il avait été libéré en 2022 après 4 ans et deux mois de détention. Dans ses déclarations aux autorités du Kurdistan du Sud après le meurtre de Nagihan Akarsel, İsmail Peker a admis que, pendant son emprisonnement en Turquie, il avait été chargé et payé par un « fonctionnaire de l’État turc » pour se rendre à Sulaymaniyah afin de tuer Nagihan Akarsel. Il a admis que pendant son séjour à Sulaymaniyah, il a été en contact permanent avec des responsables des services secrets turcs MIT qui l’ont guidé dans la planification et l’exécution de ce meurtre. Ils lui ont également fourni l’arme nécessaire à l’exécution du crime. Le fait que Peker était employé par les services secrets turcs MIT a déjà été confirmé par un communiqué de presse de l’ambassadeur turc en Irak, Ali Riza Güney, quelques jours seulement après le crime.1

Bien qu’il y ait de nombreux témoignages et preuves que les autorités turques ont organisé l’assassinat de Nagihan Akarsel et que d’autres personnes ont été impliquées dans le crime, seul Ismail Peker a été condamné. À notre connaissance, aucune action en justice n’a encore été engagée contre les commanditaires du meurtre ou d’autres complices, et aucune mesure politique n’a été adoptée pour empêcher d’autres féminicides politiques.

Une représentante de la direction Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’action extérieure de l’Union européenne en Irak a répondu à notre lettre ouverte l’année dernière, déclarant que « le bureau de l’UE à Erbil continue de suivre les différentes questions liées à ce meurtre et à l’enquête ». Cependant, il semble qu’aucune mesure n’ait été prise pour protéger la vie et la liberté d’expression des défenseuses des droits des femmes kurdes. Au contraire, l’attitude de la région du Kurdistan et des autorités irakiennes, l’absence de sanctions de la part des mécanismes internationaux de défense des droits humains et l’inaction politique des organisations internationales ont encouragé le gouvernement turc AKP-MHP à intensifier l’assassinat de personnalités politiques kurdes, en particulier de femmes leaders et journalistes kurdes, à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie.

Il s’agit notamment des assassinats de Sakine Cansiz, Fidan Doğan et Leyla Saylemez le 9 janvier 2013 à Paris, de Zeyneb Sarokhan le 22 septembre 2022 par une attaque de drone de l’armée turque dans la région de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), d’Emine Kara le 23 décembre 2022 à Paris, de Leman Shiwesh et Yusra Derwish le 20 juin 2023 par une attaque de drone de l’armée turque dans la région AANES, de Feryal Sileman Khalid le 18 janvier 2024 à Kerkuk / Kurdistan du Sud-Irak. De nouveau, le 23 août 2024, un drone de l’armée turque a pris pour cible une voiture et assassiné les journalistes kurdes Gulistan Tara et Hero Bahadin dans la région de Suleymaniyah / Kurdistan du Sud-Irak. Perpétuant les opérations de génocide « Anfal » de Saddam Hussein, l’armée turque bombarde et évacue des villages kurdes et assyriens, brûle des forêts et massacre des civils – hommes, femmes et enfants – au Kurdistan du Sud. De 2023 à juillet 2024, un total de 30 civils, dont 4 enfants, ont été massacrés par l’armée turque dans cette région.2

Nous appelons les instances du Conseil de l’Europe et de l’ONU à prendre des mesures immédiates et efficaces pour empêcher leur État membre, la Turquie, de continuer à enfreindre le droit international en toute impunité et pour garantir que les véritables responsables de ces meurtres politiques soient sanctionnés politiquement et juridiquement.

Afin d’obtenir justice pour Nagihan Akarsel et toutes les autres personnes assassinées par l’État turc, ainsi que pour prévenir d’autres féminicides visant les défenseuses des droits des femmes et les journalistes, nous appelons les journalistes, les universitaires, les artistes, les organisations locales et internationales de défense des droits humains et des femmes à aborder la dimension politique de ces meurtres par le biais de déclarations de presse, d’articles et de diverses actions, et à travailler ensemble pour condamner les principaux responsables de ces meurtres.

Dans ce sens, nous renouvelons nos demandes pour que des mesures urgentes soient prises pour défendre la vie et les droits des femmes kurdes journalistes et défenseuses de ces droits :

  • La poursuite et la condamnation des auteurs responsables et impliqués dans l’assassinat de Nagihan Akarsel et dans toutes les autres exécutions extrajudiciaires.

  • La fermeture de l’espace aérien irakien et syrien à l’armée de l’air turque, y compris aux drones armés et non armés.

  • Exhorter la Turquie à cesser ses attaques illégales, sa politique d’occupation, sa guerre et ses assassinats systématiques des défenseuses des droits des femmes et des personnes vivant dans n’importe quelle partie du Kurdistan, en particulier en ce qui concerne les territoires de l’Irak et du nord et de l’est de la Syrie.

  • Le jugement des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité – y compris le génocide et le féminicide – commis par Erdogan et le gouvernement AKP-MHP, conformément au droit international.

Initiative internationale Justice pour Nagihan Akarsel

29 septembre 2024

 

TURQUIE. Hommage à Ceylan Önkol, fillette kurde de 12 ans abattue par l’armée turque il y a 15 ans

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TURQUIE / KURDISTAN – Ceylan Önkol n’avait que 12 ans quand elle a été déchiquetée par un mortier tiré depuis un poste militaire dans la province kurde de Diyarbakir (Amed) le 28 septembre 2009. Sa mère a ramassé les membres déchiquetés de sa fille dans son jupon tandis que ce crime abject a été jeté aux oubliettes par la justice turque. 15 ans plus tard, sa famille et des membres du parti DEM étaient sur sa tombe pour lui rendre hommage.

 

La députée du parti DEM, Beritan Güneş, qui a assisté à la commémoration sur la tombe de Ceylan Önkol, a déclaré : « La mentalité qui a tué Ceylan est la même que celle qui n’a pas pu retrouver Narin pendant 19 jours ».
 
 
De nombreuses personnes ont assisté à la commémoration, ainsi que l’organisation provinciale d’Amed du Parti de l’égalité du peuple et de la démocratie (Parti DEM), la famille d’Önkol, le Parti des régions démocratiques (DBP) et les organisations provinciales et de district du parti DEM, des députés du parti DEM et des représentants d’organisations non gouvernementales.
 
Retour sur le meurtre de Ceylan Onkol
 

Ceylan Önkol (12) a été tuée par un mortier tiré depuis l’avant-poste de Yayla alors qu’elle faisait paître ses animaux le 28 septembre 2009 dans le village de Şenlik, dans la province de Lice d’Amed (Diyarbakır).

Née en 1997, l’écolière Ceylan Önkol se trouvait sur une colline du hameau de Xambak, qui appartient au village de Xiraba (Şenlik), pour faire paître des moutons et des chèvres près de la maison de ses parents le jour de sa mort violente.

Les villageois ont déclaré qu’il y avait eu un bruit dans l’air suivi d’une explosion. Peu après l’explosion, Ceylan a été retrouvée morte, le ventre déchiqueté.

La scène que les villageois ont pu voir était horrible : des morceaux de corps étaient éparpillés sur 150 mètres, certains atterrissant dans les branches des arbres voisins. Malgré les dommages importants au niveau du ventre, les témoins affirment que ses jambes et ses pieds ainsi que ses bras, ses mains et sa tête étaient relativement indemnes.

Les autorités ont été contactées et la famille a attendu sur place ce qu’elle pensait être les forces de sécurité militaires, un médecin et le procureur local. Personne n’est arrivé. Après six heures d’attente, la famille a été informée que le médecin et le procureur ne viendraient pas non plus car ils craignaient pour leur sécurité.

L’imam du village avait reçu pour instruction de prendre des photos de la scène et la famille avait été chargée de rassembler les restes de la jeune fille et de les apporter au commissariat de police de la province de Bingöl où une autopsie aurait pu être pratiquée. Selon le protocole local, les procureurs auraient dû procéder à l’autopsie sur place.

L’Association des droits de l’homme (IHD) a souligné que le procureur était finalement arrivé : c’était trois jours plus tard, et c’est à ce moment-là qu’il a mené son « enquête ».

TURQUIE. Médias kurdes victimes collatérales de la question kurde non résolue

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TURQUIE / KURDISTAN – « Les médias kurdes sont les plus interdits en raison de l’impasse dans laquelle se trouve la question kurde. Alors que la question kurde est réprimée par la violence, les médias kurdes sont la première cible », a déclaré Veysel Ok, l’avocat et codirecteur de MLSA.
 

 

 
Veysel Ok, vocat et codirecteur de l’Association des études sur les médias et le droit
 
Veysel Ok, codirecteur de l’Association des études sur les médias et le droit ((en turc: Medya ve Hukuk Çalışmaları Derneği, en anglais: Media and Law Studies Association – MLSA), a déclaré que le gouvernement turc avait commencé à censurer Internet en 2012 et avait essayé de contrôler les réseaux sociaux en promulguant plusieurs lois sur Internet. « Nous et l’État en sommes conscients. C’est pourquoi nous réfléchissons à la manière de contrôler Internet », a-t-il déclaré.
 
Selon le rapport de censure 2023 préparé par FreeWeb, 30 noms de domaine, appartenant pour la plupart à des médias kurdes, ont été interdits en Turquie en seulement un an. Le rapport indique qu’un total de 14 680 articles d’actualité ont été bloqués en 2023, et que ces articles concernaient principalement des personnes qui critiquent le gouvernement ou sont proches du gouvernement.
 
Le gouvernement a pris conscience du pouvoir des médias numériques
 
S’adressant à l’ANF, le codirecteur de MLSA, Veysel Ok, a déclaré ce qui suit à propos des pratiques de censure contre Internet : « C’est en fait le résultat d’une tendance qui se développe depuis 2012, lorsque les manifestations de Gezi ont commencé. Le gouvernement et l’opposition ont tous deux réalisé que les médias en ligne remplaçaient les médias traditionnels. Les gens ont organisé des réunions et des manifestations sur les réseaux sociaux et y ont exprimé leurs opinions. Les médias sociaux et les médias en ligne ont commencé à remplacer les médias traditionnels. L’AKP s’en est également rendu compte et a modifié la loi sur Internet à plusieurs reprises entre 2012 et 2023. Pourquoi l’a-t-il modifiée ? Parce qu’il a pris conscience du pouvoir de cette loi. »
 
93 % des médias grand public sont aux mains du gouvernement
 
Selon les données du Syndicat des journalistes de Turquie (TGS), 93 % des médias grand public sont aux mains du gouvernement. Selon Ok, les journalistes ont ensuite été attirés par les médias en ligne : « Lorsque les médias en ligne et les médias virtuels ont commencé à dicter l’ordre du jour, le gouvernement a modifié à plusieurs reprises la loi pour les contrôler. La Cour constitutionnelle a déclaré que la loi actuelle sur Internet était contraire à la loi et devait être modifiée. C’est le résultat du renforcement de la tendance autoritaire en Turquie, de la monopolisation des médias et de la volonté du gouvernement de contrôler le droit à l’information. »
 
Une conséquence du régime autoritaire en Turquie
 
Ok poursuit : « Le gouvernement ne veut pas que l’information provienne d’un autre endroit que lui-même, c’est pourquoi il censure toute information qu’il ne peut pas contrôler. Même un juge pénal de paix de Gümüşhane, qui n’a aucune connaissance du sujet, peut bloquer vos informations lorsque vous parlez des lignes rouges du gouvernement comme la question kurde, la corruption, la politique syrienne, les réfugiés. Le journalisme en Turquie est désormais comme écrire sur l’eau. Dès que vous écrivez, une plainte pénale est déposée, l’article est interdit et l’accès est bloqué en même temps. C’est une conséquence du régime autoritaire en Turquie. De nombreuses institutions publiques, de la Loterie nationale aux Affaires religieuses, ont été autorisées à bloquer l’accès sans décision directe d’un tribunal ou d’un juge. C’est le signe le plus évident que la situation est hors de contrôle et qu’elle est inconstitutionnelle car elle ne nécessite pas de décision d’un juge. La Direction des affaires religieuses a le pouvoir de bloquer directement les critiques d’une communauté islamique. D’autres institutions sont également autorisées à bloquer directement les critiques dans leurs propres domaines. « C’est une indication du caractère multiforme de la loi en Turquie. »
 
Les informations sur la corruption, meurtres et maltraitances d’enfants également bloquées
 
Ok a souligné que les articles 8/A et 9 de la loi n° 5651, qui sont utilisés pour bloquer et interdire l’accès à Internet, sont mal appliqués et a déclaré que ces articles concernent les droits de la personne : « Les articles 8/A et 9 sont les articles les plus mal appliqués. Ces articles concernent la protection des droits de la personne, mais en Turquie, même les informations sur la corruption, les meurtres et la maltraitance des enfants sont bloquées au motif des droits de la personne. La Cour constitutionnelle l’a également reconnu dans son arrêt. On ne peut pas bloquer des informations sur la corruption au motif qu’il y a une atteinte à mes droits de la personne. Les droits de la personne sont une chose, la corruption en est une autre, mais en Turquie, les informations sur la corruption, la question kurde et les meurtres sont bloquées au motif de la violation des droits de la personne. Cela indique clairement que l’article est mal appliqué. »
 
À mesure que l’autoritarisme s’accroît, la pression sur les médias kurdes va également augmenter
 
Ok a souligné que le gouvernement cible principalement les médias kurdes et que cela est le résultat de la politique d’autoritarisation mise en œuvre dans la question kurde : « En raison de l’impasse dans laquelle se trouve la question kurde en Turquie, les médias kurdes sont les plus interdits. Alors que la question kurde s’éloigne d’un terrain pacifique et est réprimée par la violence, alors que l’État devient autoritaire, la première cible est les médias kurdes et les utilisateurs de médias virtuels kurdes. L’État ne veut pas que d’autres idées que son idéologie officielle sur la question kurde soient discutées. L’État ne veut pas que l’on parle kurde. Les institutions proches de l’État ne veulent pas que les droits constitutionnels des Kurdes soient discutés. Comme la conjoncture politique actuelle est loin d’être propice à la paix, c’est une conséquence de celle-ci. Alors que l’autoritarisme s’accroît sur la question kurde, la pression sur les médias kurdes va également augmenter. »
 
Les médias de gauche sont également sous pression
 
Ok a souligné que : « Outre les médias kurdes, les médias de gauche subissent des pressions pour couvrir les Kurdes, la corruption ou Erdoğan et sa famille. L’accès aux médias de gauche a été bloqué à de nombreuses reprises. Lorsque nous examinons la décision de bloquer l’accès ou les informations citées comme justification, il s’agit soit d’informations sur la corruption, soit d’informations sur les Kurdes, soit d’informations critiquant la politique de l’État en Syrie. Ce n’est pas parce que ce sont des médias de gauche, mais à cause du contenu des informations. »
 
En évoquant les déclarations du RTÜK (Conseil supérieur de la radio et de la télévision) sur YouTube, Ok a déclaré : « YouTube est l’un des domaines que l’État n’a pas encore pu contrôler. Il est encore possible d’y faire du journalisme libre. En 2021, le RTÜK a modifié la réglementation. Avec ce changement, il a été décidé que YouTube serait également sous la supervision du RTÜK. De plus, les journalistes qui y diffusent sont désormais obligés d’obtenir une licence, mais cette pratique n’a pas encore commencé. Comme la dose de critiques contre le gouvernement a augmenté récemment dans les interviews de rue, YouTube est devenu la cible du gouvernement. Le président du RTÜK a annoncé qu’une lettre d’avertissement serait envoyée aux interviews de rue ou aux autres chaînes pour obtenir une licence et se conformer aux règles du RTÜK. Nous ne savons pas combien de chaînes il y a. Ces chaînes peuvent être fermées, forcées d’obtenir une licence ou changer de sujet. Le gouvernement turc veut exercer la même pression sur YouTube qu’il exerçait auparavant sur Instagram et Twitter. »
 
Internet sera à l’ordre du jour du gouvernement et de tous
 
L’avocat Veysel Ok a déclaré que l’Internet sera à l’ordre du jour du gouvernement et de tous dans les années à venir : « L’État et nous-mêmes en sommes conscients et nous réfléchissons donc à la manière de le contrôler. C’est pourquoi je pense que les journalistes doivent se préparer. Dans la période à venir, tout se fera sur Internet. » (ANF)

ROJAVA. Déclaration finale de la conférence de l’Académie de la Jineoloji

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SYRIE / ROJAVA – Les organisatrice de la 2ème conférence de l’Académie de la Jineoloji* (« science de la femme ») du Rojava / Syrie du Nord et d’Est ont publiée la déclaration finale de la conférence.
 
La 2e conférence de l’Académie de la Jineoloji s’est tenue à Hassaké les 25 et 26 septembre sous le slogan « Mettre à jour la sagesse des femmes ».
 
2e Conférence de l’Académie de Jineoloji du Rojava
 

 

Voici la déclaration finale de la 2e conférence de la Jineolojî :

 

 

« Notre deuxième conférence s’est tenue dans la ville de Hesekê les 25 et 26 septembre avec le slogan « La sagesse des femmes est mise à jour avec la Jineoloji ». Notre conférence s’est tenue avec la participation de représentants de toutes les institutions et organisations qui participent à la construction du système national démocratique, et de représentants des dimensions du système confédéral des femmes.

Le mot « jineoloji » a été prononcé pour la première fois par le leader Apo [Abdullah Öcalan]. Le système dominant tente d’empêcher la diffusion des idées du leader Apo dans la société et dans le monde en recourant aux pratiques d’isolement les plus sévères. C’est pourquoi notre conférence considère comme un devoir primordial de transmettre les idées du leader Apo à toutes les femmes du monde et de garantir sa liberté physique.

 

La conférence a déclaré que l’analyse et les études de la Jineoloji devraient être partagées davantage avec toutes les organisations et institutions féminines dans les dimensions de la nation démocratique et surtout avec tous les segments de la société. L’universalisation des études de Jineoloji et, en même temps, la diffusion et l’approfondissement de nos branches d’études dans la vie sociale se renforcent mutuellement et se complètent.

Bien qu’il soit encore nécessaire de poursuivre le travail d’introduction et de compréhension de la Jineoloji, nous devons maintenant entrer dans une nouvelle phase. Notre conférence a estimé qu’il est important que l’Académie de Jineoloji réponde désormais davantage aux besoins de la révolution des femmes et oriente la solution des problèmes sociaux en termes de sociologie de la liberté. Il est important de renforcer les relations mutuellement complémentaires avec tous les segments de la société afin que les voies et les méthodes de la Jineoloji puissent constituer la base de la compréhension et de la mise en œuvre du système confédéral démocratique des femmes dans toutes les dimensions.

La Jineoloji a pour mission intellectuelle de créer une révolution paradigmatique dans la science et de construire la modernité démocratique. Afin de remplir cette mission et de faire progresser les études de Jineoloji, il est important de créer le système de l’Académie de Jineoloji. Les membres des centres de recherche, les universitaires et les éducateurs de Jineoloji doivent se concentrer davantage sur leurs devoirs intellectuels et former un personnel universitaire suffisant. Ils doivent être capables de représenter la Jineoloji dans leur propre personnalité, leur vie et leur travail.

Il est important d’approfondir nos discussions sur les voies et méthodes pour parvenir à la vérité. L’essentiel de la méthodologie est de surmonter les effets de la mentalité dominante et de parvenir à des points de vue et des solutions claires pour dynamiser notre paradigme.

La Jineoloji a un grand impact sur la société. Il est important que ces cours touchent toutes les femmes et la société. Les femmes qui dispensent des cours de Jineoloji doivent d’abord se former en permanence pour pouvoir être satisfaisantes dans leur enseignement. Elles peuvent avoir un impact positif sur le changement démocratique et la transformation de la société, tant en termes de contenu et de position, de style, de langage et de méthode.

 

La Jineoloji a un rôle important dans la permanence de la révolution des femmes et la Jineoloji ne peut être mise en œuvre sans la révolution des femmes. Sur cette base, l’Académie de Jineoloji doit jouer un rôle actif dans le développement des fondements scientifiques de la révolution des femmes dans toutes les dimensions au sein du système confédéral des femmes. Afin d’établir un lien sain entre la science, la vie et les femmes, la Jineoloji doit refléter les résultats de l’analyse et de la recherche dans les communes, les assemblées, les coopératives et les académies.

L’universalisation des études de jinéologie se fonde sur la révolution qui a commencé au Kurdistan. La révolution des femmes, en particulier dans le nord et l’est de la Syrie, a eu un impact sur les femmes du monde entier, en particulier au Moyen-Orient, et la jinéologie est reconnue comme la science de cette révolution. Les relations mondiales doivent être élargies et les relations existantes doivent être portées au niveau de l’organisation, et ces activités doivent former la base de la confédération mondiale des femmes.

La révolution des femmes trouvera son fondement scientifique grâce à la jineoloji. Nous entrons dans une nouvelle phase de la jineoloji basée sur la connaissance de la société morale et politique et sur l’expérience de la révolution des femmes. Nous élèverons notre lutte dans le domaine scientifique avec la formule « Jin Jiyan Azadi » pour que le XXIe siècle devienne le siècle des femmes. Jin Jiyan Azadi ! »

 
* La Jineolojî est un terme original composé du terme kurde « jin » qui veut dire femme et de « – lojî » qui vient du grec λόγος, logos, « discours, raison ». La Jineolojî aspire à être la science qui analysera tous les faits concernant la femme, les problèmes rencontrés dans les relations homme/femme et les réponses radicales d’égalité et de liberté, en restant fidèle aux procédés rigoureux et aux méthodes précises de la science. Elle analyse également la construction sociale de la féminité et de la masculinité et les conceptions sexistes et traditionnelles. Elle se donne pour but de trouver les méthodes et le chemin pour conduire les hommes et les femmes à l’existence humaine et à la libération.

TURQUIE. Emprisonnement d’une responsable politique kurde

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TURQUIE – Cinq responsables d’associations et de partis politiques kurdes (DEM Parti, DBP, HDK et MATUHAY-DER) arrêtés à Istanbul le 24 septembre ont été libérés, tandis qu’une cadre du Parti DEM, Dilber Demir, a été envoyée en prison. Demir est également une activiste du Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad – TJA).

Les auditions des personnes arrêtées à Istanbul le 24 septembre ont été complétées. Yusuf Meniye, dirigeant du Parti de l’égalité et de la démocratie du peuple (DEM), Hayrettin Erikli, dirigeant de l’organisation du district d’Arnavutköy du parti DEM, Mustafa Kızılaya, dirigeant du Parti des régions démocratiques (DBP), Şamil Altan, membre du Congrès démocratique du peuple (HDK) et Kalo Bozutmak, dirigeant de MATUHAY-DER, ont été libérés après avoir fait leurs déclarations au procureur.

La co-porte-parole de la Première région du parti DEM, Dilber Demir, a cependant été déférée devant un juge avec une demande d’arrestation.

Le tribunal a décidé que Demir devait être emprisonnée pour « appartenance à une organisation illégale [PKK] ».

IRAN. Peines de prison pour trois proches d’une prisonnière kurde condamnée à mort

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IRAN – La cour d’appel de Téhéran a confirmé la peine de prison contre trois membres de la famille de Pakhshan Azizi, prisonnière politique kurde condamnée à mort et détenue dans la prison d’Evin.
 
Les peines de prison d’Aziz Azizi, Parshang Azizi et Hossein Abbasi, proches de la prisonnière politique Pakhshan Azizi, condamnée à mort, ont été confirmées par la Cour d’appel de Téhéran.
 
Tous trois prévenus avaient été condamnés à un an de prison par le tribunal révolutionnaire.
 
Début août 2024, Aziz Azizi (le père de Pakhshan), Parshang Azizi (sa sœur) et Hossein Abbasi (son beau-frère) ont été condamnés conjointement avec Pakhshan Azizi. Chacun d’eux a été condamné par la 26e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran à un an de prison pour avoir « aidé un criminel à échapper à son procès et à sa condamnation ». Le 26 septembre, la cour d’appel a confirmé les peines.
 
Selon HRANA, une demande d’appel final a été soumise à la Cour suprême.
 
Aziz Azizi, Parshang Azizi et Hossein Abbasi ont été arrêtés en même temps que Pakhshan Azizi et libérés plus tard sous caution.
 
Le 26 septembre, des informations ont été publiées indiquant que Pakhshan Azizi avait été transférée de la prison d’Evîn à l’hôpital après que ses problèmes de santé se soient aggravés et que les médecins avaient conseillé qu’elle soit hospitalisée.
 
Pakshan Azizi
 
Pakhshan Azizi, une originaire de Mahabad, a été arrêtée par les forces de sécurité à Téhéran le 4 août 2023 et transférée dans le quartier des femmes de la prison d’Evin. En juillet 2024, elle a été condamnée à mort par la 26e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran pour « rébellion armée par appartenance à des groupes d’opposition ». Son procès a eu lieu le 28 mai 2024.
 
En outre, Mme Azizi fait face à une nouvelle accusation d’« émeute en prison », prétendument liée au second tour de l’élection présidentielle de 2024.
 
Azizi avait déjà été arrêtée le 16 novembre 2009 et avait été libérée sous caution après quatre mois. (ANF)

Amitiés Kurdes de Lyon – Rhône Alpes rendent hommage à Havrin Khalaf

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LYON – A l’occasion du 5e anniversaire de son meurtre, l’association Amitiés Kurdes de Lyon et Rhône Alpes rendra hommage à Havrin Khalaf, féministe et femme politique kurde du Rojava assassinée sauvagement par des gangs sous commandement de la Turquie le 12 octobre 2019 près de Tall Tamer.

RDV le vendredi 11 octobre, à 18h, à la Mairie du 7e arrondissement de Lyon

Le 12 octobre 2019, la politicienne kurde et espoir d’une Syrie diversifiée et démocratique, Hevrîn Xelef, fut capturée et exécutée sauvagement par des mercenaires de la Turquie près de Tall Abyad / Girê Sipî, dans le nord du Rojava, alors l’État turc et ses mercenaires poursuivaient leurs attaques d’invasion contre Serê Kanîyê / Ras al-Aïn et Girê Spî.
 
Capturée sur l’auto-route M4, près du village de Tirwazî, entre Soulouk et Tall Tamer, la secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie, a été violée et lapidée par les membres du « Bataillon 123 » de la milice djihadiste « Ahrar al-Sharqiya », alliée de la Turquie. Ses bourreaux ont aussitôt diffusé sur les réseaux sociaux les images de son calvaire qu’ils ont filmé. Le meurtre d’Hevrîn Xelef (Havrin Khalaf) a été l’un des nombreux crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par l’occupation turque dans la région.

UNE VIE DÉDIÉE À LA RÉVOLUTION DES FEMMES

Hevrin Khalaf, ou Hevrîn Xelef, est née en 1984 à Dêrik, ville du nord de la Syrie. Elle a grandi enfant dans une famille socialement et politiquement engagée. Quatre de ses frères et la sœur d’Havrin, Zozan, ont rejoint la lutte de libération et sont tombés dans les rangs du mouvement de libération kurde.
 
Sa mère Sûad a participé à de nombreuses assemblées populaires d’Abdullah Öcalan. Ce qu’elle a appris ici a également eu une grande influence sur l’éducation et le développement de la personnalité de Havrin. Après avoir terminé ses études à Dêrik, Havrin a étudié l’agronomie à Alep. Après avoir terminé ses études, elle est retournée à Dêrik.
 
Avec le début de la révolution au Rojava, Havrin a participé à la lutte pour la liberté et au travail du mouvement des jeunes. Peu de temps après, elle a commencé à organiser des activités de développement de la société civile et a assumé des postes de direction au sein du Conseil économique de Qamishlo. En 2015, avec la proclamation de l’Administration démocratique autonome, elle a pris la responsabilité de coprésidente adjointe du Comité de l’énergie de l’autonomie démocratique du canton de Cizirê.
Dans son travail, elle a accordé une attention particulière aux besoins économiques des femmes et au développement de l’économie des femmes. En 2018, Havrin a participé au processus de création et de fondation du Parti Avenir de la Syrie dans le but de défendre les intérêts de tous les groupes de population syriens et un renouveau démocratique de la Syrie. Lors de la fondation de son parti le 27 mars 2018 à Raqqa, elle s’est engagée de manière désintéressée dans la tâche de la secrétaire générale. S’exprimant à l’occasion du 8e anniversaire du soulèvement populaire en Syrie, Havrin a exprimé sa conviction que la crise politique en Syrie ne peut être résolue par la guerre.
Dans chacun de ses discours, Havrin a souligné l’importance du dialogue entre les différentes forces politiques et communautés syriennes. Elle insiste pour que les peuples déterminent leur propre avenir et façonnent ensemble leur propre vie politique et sociale. À travers sa lutte politique, Havrin a appelé tous les cercles de la société et les acteurs politiques à participer à une solution démocratique à la crise en Syrie.
Avec le début de la guerre d’occupation turque contre les territoires de l’administration démocratique autonome du nord et de l’est de la Syrie le 9 octobre 2019, Havrin a résolument poursuivi sa lutte politique, jusqu’au jour de son exécution.