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TURQUIE. Rafle politique dans les milieux kurdes

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TURQUIE / KURDISTAN – Lors d’un rafle politique ciblant les milieux kurdes, plusieurs personnes ont été arrêtées dans la province de Mardin.

De nombreuses perquisitionnés policières ont eu lieu ce matin plusieurs districts de Mardin (Mêrdîn). Ziynet Algan, ancienne cadre du Parti des régions démocratiques (DBP) pour Nusaybin, Mithat Yılmaz et Lokman Aslan figurent parmi les personnes arrêtés ce matin à Artuklu, Nisêbîn (Nusaybin) et Qoser (Kızıltepe).

« L’État turc commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité »

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BRUXELLES – Changement démographique, guerre de l’eau, massacres des civils kurdes, utilisation d’armes chimiques…, le Tribunal permanant des peuples (TPP) qui a organisé une cession sur les crimes de guerre turcs commis au Rojava entre 2018 et 2024, a signalé dans sa déclaration préliminaire avant le verdict que l’État turc commettait des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité systématiques dans le but de commettre un génocide.

La Turquie coupable de crimes contre l’humanité

À l’issue de sa 54e session des 5 et 6 février à Bruxelles, portant sur le Rojava, le Tribunal permanent des peuples (TPP) a publié une déclaration préliminaire condamnant l’État turc pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Rojava, dans le nord et l’est de la Syrie.
 
 
Le Tribunal était convoqué à la demande de neuf organisations militant pour la justice et la responsabilité. Les témoignages présentés ont dressé un tableau cohérent et convaincant de l’oppression systématique à laquelle est confrontée la population kurde du Rojava, caractérisée par des déplacements forcés, l’effacement culturel et une violence généralisée.
 
 
Les principales conclusions des audiences du Tribunal ont révélé que depuis l’occupation d’Afrin par la Turquie en 2018, plus de 300 000 personnes ont été déplacées de force, la population kurde d’Afrin ayant chuté de plus de 90 % à seulement 25 %. Les preuves comprenaient des récits de bombardements aveugles ayant fait des victimes civiles, en particulier parmi les enfants, et la destruction d’infrastructures vitales, entraînant de graves crises humanitaires, notamment le manque d’accès à l’eau potable et aux soins de santé.
 
 
Dans leur déclaration, les juges affirment : « Le schéma des attaques, bombardements, pilonnages, frappes de drones et atrocités contre les civils, les déplacements forcés et l’ingénierie démographique par le remplacement des populations, la destruction des installations électriques et les dommages causés aux réserves d’eau, les dommages environnementaux, la destruction du patrimoine culturel et des établissements d’enseignement, le recours au viol, à la torture, à la détention secrète – sont tous contraires au droit international, constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, et sont révélateurs d’un génocide. »
 
 
Dans leur déclaration, les juges ont critiqué la justification par la Turquie de ses opérations militaires comme étant de la légitime défense contre le terrorisme, affirmant que l’Administration autonome démocratique du nord et de l’est de la Syrie (DAANES) représente un modèle de démocratie, de coexistence ethnique et d’égalité des sexes que le gouvernement turc cherche à démanteler. Le Tribunal a souligné que les preuves désignent l’État turc et ses hauts responsables comme les principaux auteurs de la terreur contre les populations civiles, plutôt que les combattants kurdes qui se sont activement opposés au groupe terroriste État islamique.
 
 
Le TPP a exhorté la communauté internationale à reconnaître la DAANES en tant qu’entité autonome légitime et à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à l’agression de la Turquie. Les juges ont souligné la nécessité pour les dirigeants mondiaux de reconnaître les souffrances du peuple kurde et de veiller à ce que les crimes commis à son encontre soient examinés. Leurs conclusions appellent à une intervention internationale urgente pour empêcher de nouvelles atrocités et éviter un génocide, soulignant la nécessité d’une action décisive en faveur du peuple kurde au Rojava.
 

« L’État turc commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité »

Voici la déclaration préliminaire du Tribunal permanant des peuples (en anglais: Permanent People’s Tribunal) :

« Ceci est la déclaration préliminaire du panel de juges du Tribunal permanent des peuples, 54e session, siégeant à Bruxelles les 5 et 6 février 2025 pour décider de la responsabilité de hauts responsables turcs pour les crimes d’agression, crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis au Rojava, dans le nord-est de la Syrie, de 2018 à ce jour. Le Tribunal s’est réuni à la demande de neuf organisations (voir annexe pour la liste). Les accusés ont été informés mais n’ont pas répondu ni comparu.

Nous tenons tout d’abord à rendre hommage au courage des habitants du Rojava et à exprimer notre gratitude à tous ceux qui ont partagé avec nous leurs expériences. Nous remercions l’équipe de procureurs, les témoins et les organisations participantes pour la diligence et l’engagement avec lesquels ils ont rassemblé et présenté une extraordinaire richesse de preuves pour ce Tribunal.

1. Témoignage

Les témoignages que nous avons entendus dressent un tableau cohérent et convaincant d’une punition généralisée, omniprésente et systématique d’un peuple. Leur crime ? Être kurde et créer une société fondée sur des principes d’égalité, de justice et de solidarité. Le but de cette punition est l’éradication de l’identité, de la présence et de la culture kurdes.

Les habitants d’Afrin ont été contraints de quitter leurs foyers lorsque la ville a été occupée par la Turquie en 2018. La population kurde est passée de plus de 90 % à 25 %, leurs maisons ayant été saisies et offertes aux Arabes sunnites et aux Turkmènes (souvent eux-mêmes déplacés à l’intérieur du pays, déplacés après les offensives du gouvernement syrien). Les propriétés ont été systématiquement pillées, les devantures de magasins et les panneaux de signalisation ont été remplacés par des noms turcs, la monnaie et les timbres sont devenus turcs, le turc a remplacé le kurde comme langue d’enseignement. Des terres et des biens ont été saisis, des usines ont été démantelées, l’industrie oléicole a été confisquée et les olives ont été reconditionnées et vendues comme turques. Nous avons entendu dire que de nombreux déplacés d’Afrin ont subi de multiples déplacements : vers Al-Shahba, des camps de tentes surpeuplés sans accès aux soins de santé ou aux produits de première nécessité, et une escalade de la violence ; vers Al Tabqa, en traversant des zones de conflit, après une nouvelle vague d’opérations militaires. Nous avons entendu dire qu’environ 120 000 personnes ont été contraintes de quitter la ville, dont 40 % d’enfants, 40 % de femmes et beaucoup d’autres personnes âgées vulnérables. Le nombre total actuel de personnes déplacées est estimé à 300 000.

Certains se sont rendus à Tel Rifaat, où en décembre 2019 ils ont été bombardés dans une zone entièrement civile, où des enfants jouaient dans une ruelle près d’une école. Sur les 10 personnes tuées par les deux obus tirés par l’artillerie turque, 8 étaient des enfants, ainsi que 9 des blessés. Nous avons entendu le témoignage enregistré d’un parent d’un fils de 5 ans qui a été tué et dont l’enfant de 7 ans a été blessé. Il s’agit de l’une des nombreuses attaques aveugles contre des civils au lendemain de l’occupation d’Afrin.

Nous avons entendu parler de nombreuses arrestations, d’exécutions sommaires de militants politiques et de secouristes, de disparitions, de la façon dont les gens pouvaient déterminer l’heure grâce aux cris et aux hurlements des personnes torturées, qui commençaient à 9 heures du matin et se poursuivaient jusqu’à 17 heures. Un survivant a déclaré : « Mon souvenir de la détention est une douleur que je ressentirai toute ma vie. » On nous a parlé d’enlèvements, d’agressions sexuelles et de viols de femmes et de filles, de prisons secrètes transformées en écoles, en bâtiments agricoles et en gares, et de l’incapacité des survivants à parler par peur d’être détenus et torturés, et de l’absence de recours efficaces devant les tribunaux contrôlés par les milices.

Nous avons entendu parler de bombardements d’autres villages du [Rojava] en octobre 2019, qui ont entraîné le déplacement forcé de près de 140 000 personnes supplémentaires, et nous avons vu des preuves – photographiques, médicales et d’analyses en laboratoire – de l’utilisation de phosphore blanc, dont l’utilisation contre les civils est interdite, et du même schéma d’occupation, de violence, de violations des droits de l’homme, de saisies de terres et de biens et de réinstallation par d’autres groupes, pour empêcher le retour des personnes expulsées. Certaines zones ont connu plus de 27 attaques de la part de l’armée turque ou de ses mandataires – pas des zones militaires, des champs agricoles, des villages. Les multiples déplacements ont dispersé des familles, certains membres étant morts, d’autres dont le sort est inconnu.

Nous avons entendu parler de la destruction d’infrastructures civiles vitales, rendant la vie impossible. Nous avons vu des preuves photographiques des bombardements répétés d’usines de gaz et d’électricité et d’installations pétrolières, ce qui signifie qu’il n’y a plus de combustible pour se chauffer et cuisiner, mais aussi d’eau, car la plus grande usine de traitement des eaux ne peut pas fonctionner, laissant un million de personnes – dans les villages, dans les camps de réfugiés, dans les implantations informelles, ainsi que dans les hôpitaux et dans les exploitations agricoles – sans eau courante propre, ce qui a entraîné la dysenterie et le choléra. La nature des bombardements montre clairement qu’il s’agit d’attaques délibérées et non accidentelles. Nous avons entendu parler d’attaques contre des installations médicales traitant des dizaines de milliers de patients à Kobané et Qamliso, qui, une fois encore, de par leur ciblage et leur répétition, sont clairement délibérées ; et d’attaques contre l’environnement, par l’exploitation illégale de zones forestières, parfois pour des implantations illégales.

Les attaques contre les femmes – le « féminicide politique » de femmes qui défiaient le patriarcat et œuvraient pour l’égalité des sexes, les viols brutaux de femmes kurdes par les services secrets turcs dans les prisons secrètes – ont été présentés comme une attaque directe contre le modèle du Rojava, bien que les femmes du Rojava s’y soient fermement opposées. Enfin, nous avons entendu des témoignages d’actes d’effacement culturel et historique, notamment le bombardement et la profanation de sites archéologiques et historiques d’Afrin, dont un site du patrimoine mondial de l’UNESCO vieux de 3 000 ans, aujourd’hui reconverti en terrain d’entraînement militaire, le bombardement de Shemoka, une école interculturelle expérimentale pour enfants déplacés, qui a causé la mort de plusieurs élèves ; et le bombardement de l’imprimerie Simav à Qamişli, au cours duquel 7 personnes ont été tuées. Des journalistes qui couvraient les attaques turques contre des infrastructures civiles, notamment des hôpitaux, ont été tués.

2. Ce que le modèle nous dit

Les attaques de la Turquie contre le territoire syrien, sans l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU, constituent un crime international d’agression. Le schéma des attaques, bombardements, tirs d’artillerie, attaques de drones et atrocités contre les civils, les déplacements forcés et l’ingénierie démographique par le remplacement des populations, la destruction de l’énergie et les dommages aux approvisionnements en eau, les dommages environnementaux, la destruction du patrimoine culturel et des institutions éducatives, le recours au viol, à la torture, à la détention secrète – sont tous contraires au droit international, constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, et sont révélateurs d’un génocide. Il ne nous appartient pas, en tant que Tribunal des peuples, certainement pas à ce stade, de statuer sur les nuances juridiques. Nous pouvons cependant exprimer notre horreur et notre indignation face à ce que nous avons entendu. Et nous pouvons ajouter que le schéma tend à confirmer les témoignages selon lesquels l’objectif est de chasser le peuple et la culture kurdes. Les preuves nous poussent à la conclusion que tous les accusés sont pénalement responsables : le président Recep Tayyip Erdoğan, Hulusi Akar, ministre de la Défense de 2018 à 2023, Hakan Fidan, chef des services de renseignements turcs à l’époque et aujourd’hui ministre des Affaires étrangères ; Yaşar Güler, chef d’état-major général à l’époque et aujourd’hui ministre de la Défense ; Ümit Dündar, général.

3. La justification de la Turquie et ce que représente le Rojava

La Turquie prétend que ses opérations sont de la « légitime défense » contre les « terroristes et leurs partisans » au Rojava. Mais cette affirmation est manifestement infondée. L’Administration démocratique autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), créée en 2014 dans le chaos de la guerre civile syrienne, est un modèle de démocratie directe, de justice, de coexistence ethnique, d’égalité des sexes et de paix, fondé sur les principes de pluralisme et d’inclusion. Et c’est un modèle d’autonomie gouvernementale, un modèle que le gouvernement turc est déterminé à détruire. Les femmes qui travaillent pour la paix sont des « terroristes » méritant une exécution sommaire, selon ce récit. Alors que les forces armées turques mènent de nombreuses opérations militaires en Syrie, le gouvernement turc utilise également des mandataires – des milices qu’il a financées et approvisionnées en armes, et les preuves indiquent que ces milices sont des groupes alignés sur l’EI. Ainsi, les preuves ne désignent pas les Kurdes du Rojava, dont les combattants ont combattu l’EI/Daesh, mais l’État turc et ses principaux ministres comme étant ceux qui dirigent la terreur contre les populations civiles.

4. La situation actuelle en Syrie

Les preuves se sont principalement concentrées sur la période allant de 2018, lorsque Afrin était occupée, jusqu’à fin 2024, mais les événements récents ont fait que l’attention s’est déplacée vers le présent et l’avenir, malgré l’agression continue de la Turquie contre Rojava. Il est d’une importance vitale pour l’avenir des Kurdes que la nouvelle administration syrienne s’engage positivement avec l’AANES, en la reconnaissant comme une partie autonome du territoire syrien qui ne menace pas l’intégrité territoriale de la Syrie, et qu’elle protège et respecte la vie, la culture et l’autonomie des Kurdes.

5. Les obligations de la communauté internationale

La communauté internationale est consciente des souffrances incessantes du peuple kurde et des crimes commis par les accusés, mais n’a pris aucune mesure significative. L’État ne reconnaît pas l’AANES et il n’existe aucune possibilité de réparation nationale ou internationale. Il est essentiel que l’expérience des Kurdes du nord-est de la Syrie et les crimes commis contre eux soient dûment reconnus, que l’AANES soit reconnu internationalement comme une administration autonome authentiquement représentative et démocratique, et que la communauté internationale garantisse immédiatement la cessation des attaques directes et indirectes de la Turquie contre le peuple kurde du Rojava, afin d’éviter un véritable génocide. » (ANF)

Les Kurdes commémorent le « complot international » du 15 février 1999

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Il y a 26 ans, le 15 février 1999, le chef du PKK, Abdullah Öcalan, a été enlevé à l’ambassade de Grèce au Kenya lors d’un coup d’État impliquant plusieurs services secrets étrangers et emmené en Turquie. Les Kurdes ont nommé ce 15 février 1999 « Roja Reş » (Jour noir) et manifestent chaque 15 février exigeant la libération d’Ocalan.

Cette année encore, les Kurdes manifesteront au Kurdistan mais aussi en Europe pour condamner le complot international et la libération d’Ocalan détenu sur l’île prison d’Imrali, en Turquie, en isolement carcéral absolu et dont ni ses avocats, ni ses proches n’ont plus de nouvelles le concernant. Cette situation illégale est malheureusement cautionnée / encouragée par l’inaction du Comité pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe (CPT).

Manifestation au Kurdistan et en Europe

A l’occasion du 26e année de la capture d’Ocalan, les Kurdes manifesteront au Kurdistan et dans la diaspora.

IRAK. Une nouvelle fosse commune découverte à Shengal

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IRAK / KURDISTAN – Une fosse commune contenant les restes de 20 Yézidis a été découverte dans la ville de Shengal, au sud du Kurdistan d’Irak.
 
En 2014, l’EI a attaqué la ville yézidie de Shengal (Sinjar), dans la région kurde d’Irak, et a commis un génocide. Les corps des victimes ont été enterrés dans des fosses communes.
 
Une fosse commune contenant les restes de 20 personnes a été découverte près de la place Azadi, dans le centre de Shengal.
 
Des équipes d’experts de Bagdad et de Ninive ont commencé à ouvrir la fosse commune. Après l’ouverture de la tombe, des tests ADN seront effectués pour déterminer l’identité des victimes.
 
Muhsin Mahmoud, un des rescapés du génocide yézidie, a déclaré que, selon les informations dont il disposait, ses proches avaient été enterrés dans la fosse commune. Mahmoud a déclaré avoir discuté à plusieurs reprises avec les autorités irakiennes pour que la fosse soit ouverte.
 
Mahmoud a déclaré avoir reconnu les restes de sa mère, de sa sœur et de ses trois frères dans la fosse commune.

Le Tribunal permanent des peuples examine les cas de féminicides politiques commis au Rojava

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BRUXELLES – Depuis hier, le Tribunal permanant des peuples juge les crimes de guerre turcs commis au Rojava entre 2018 et 2024 dans sa cession « Rojava versus Turquie ».

Lors de la deuxième journée de la cession, le meurtre brutal de la femme politique kurde, Havrin Khalaf a été porté à la connaissance du jury par Barbara Spinelli.

 

Le 12 octobre 2019, dans le nord de la Syrie occupé par la Turquie, Hevrin Khalaf a été exécutée à l’extérieur de la voiture par le « bataillon 123 » de la milice Ahrar al-Sharqiya, une branche de l’ANS, dans le nord de la Syrie occupé par la Turquie. Khalaf a été criblée de plus de 20 coups de feu. Elle a été touchée alors qu’elle était encore vivante par plusieurs coups de feu tirés dans la tête à une distance d’environ 40 à 75 cm de l’avant du corps. Après être tombée au sol sur le dos, elle a reçu d’autres coups de feu sur le corps, des côtés gauche et droit.

L’avocate Spinelli a souligné que « Mme Khalaf était une éminente politicienne kurde-syrienne qui est devenue une figure de proue du paysage politique syrien, en tant que secrétaire générale et cofondatrice du parti Avenir de la Syrie (Partiya Sûriya Pêşerojê – PSP). Khalaf s’est ouvertement opposée à l’ingérence turque dans les affaires syriennes, critiquant notamment son utilisation de milices djihadistes syriennes contre d’autres groupes syriens et son occupation de zones à prédominance kurde comme Afrin. Son fervent plaidoyer a fait d’elle une cible de l’Armée nationale syrienne (ANS) soutenue par la Turquie et de sa milice affiliée, Ahrar al-Sharqiya, lors de l’offensive militaire turque de 2019 sur le nord-est de la Syrie. L’objectif proclamé de la Turquie pour ces opérations était la « lutte contre le terrorisme ». 

La représentation de Khalaf dans les médias turcs pro-gouvernementaux comme une ennemie de l’État et les déclarations des responsables gouvernementaux fournissent un motif clair derrière son assassinat. L’enregistrement et la diffusion en ligne par les milices d’images de son corps mutilé, alors qu’il était profané post-mortem par de nouvelles fusillades au milieu des cris de jubilation, ont été menées dans le but clair d’effrayer les femmes. L’exécution brutale de Khalaf est considérée comme l’exemple le plus paradigmatique de la manière dont l’État turc cible directement les femmes qui s’organisent pour défendre leurs droits, dans le but d’effrayer et de sermonner les autres femmes et de les dissuader de participer à la politique et de s’organiser pour surmonter la violence patriarcale (le soi-disant féminicide politique). 

Les preuves disponibles soutiennent fortement que le meurtre d’Hevrin Khalaf constituait un meurtre arbitraire ciblé basé sur le sexe (féminicide politique), faisant partie d’une campagne plus vaste. Il visait intentionnellement des civils et en particulier de manière disproportionnée des femmes qui occupent des postes politiques ou jouent un rôle de premier plan dans la communauté, en violation du droit international humanitaire. L’implication militaire de la Turquie et le contrôle opérationnel sur les forces de l’Armée nationale syrienne établissent la responsabilité de l’État. Compte tenu des graves violations des droits de l’homme documentées, des mécanismes juridiques de responsabilisation devraient être mis en place au niveau international. »

L’avocat Spinelli a également évoqué le meurtre de Yusra MD et de Zainab MSM et le féminicide politique : « Les attaques de drones contre des civils sont utilisées comme un outil pour obtenir le transfert indirect de populations, en particulier de femmes et d’enfants. »

Spinelli a ajouté : « Les attaques de drones de plus en plus intenses de la Turquie, en particulier depuis 2022, ont causé d’importantes pertes civiles. Plus de trois millions de civils, y compris des personnes déplacées à l’intérieur du pays, ont été gravement touchés. Les attaques turques ont privé la population du nord-est de la Syrie de ses droits fondamentaux à la vie. De nombreux rapports et articles de presse ont soulevé des soupçons selon lesquels la Turquie aurait utilisé des frappes de drones pour cibler des responsables du NES (Nord et Est de la Syrie) afin de les éliminer. Les cas de Z. et Y. sont l’exemple le plus paradigmatique de la manière dont l’État turc cible directement les fonctionnaires : dans les deux cas, l’attaque a eu lieu pendant les heures de travail, alors que les deux coprésidents étaient ensemble dans la rue dans un véhicule appartenant à l’administration autonome.

Les statistiques contenues dans les rapports de 2019 à aujourd’hui soulignent que les attaques de drones, qui se sont intensifiées au fil du temps, ciblent de manière disproportionnée les femmes : aussi bien lorsqu’elles sont dirigées contre des femmes occupant des postes politiques, fonctionnaires ou ayant un rôle de leadership dans le mouvement des femmes et dans la communauté, que lorsqu’elles visent des individus ordinaires. »

En conclusion de sa présentation, l’avocate Spinelli a déclaré : « Les preuves disponibles soutiennent fortement que l’assassinat de la politicienne HK et des fonctionnaires Y. et K. s’inscrit dans une chaîne d’attaques ciblées et d’assassinats de femmes dans le nord et l’est de la Syrie qui sont explicitement dirigés contre l’organisation autonome des femmes et la révolution des femmes au Rojava. Il s’agit d’une attaque ciblée contre des femmes civiles qui jouent un rôle clair en politique, qui sont impliquées dans des organisations féminines et/ou démocratiques et qui rompent avec les modèles de rôle patriarcaux traditionnels. C’est pourquoi ils peuvent être considérés comme des féminicides politiques.

En outre, les meurtres intentionnels de civils au moyen de drones, qui se multiplient et qui font partie d’une campagne plus vaste visant délibérément et de manière disproportionnée les femmes et les enfants ordinaires, constituent des féminicides politiques, car ils sont explicitement dirigés contre l’organisation autonome des femmes et la révolution des femmes au Rojava, car ils ont un impact indirect sur la survie même du confédéralisme démocratique, provoquant le déplacement de la population civile terrifiée par le caractère arbitraire des attaques, comme le confirment tous les experts ainsi que tous les rapports officiels et non officiels consultés. Compte tenu des graves violations des droits de l’homme documentées, des mécanismes juridiques de responsabilisation devraient être mis en place au niveau international. » (ANF)

 

La vie « temporaire » dans une ville de tentes deux ans après le séisme

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TURQUIE / KURDISTAN – Il y a deux ans jour pour jour, deux séismes dévastaient onze provinces du sud-est de la Turquie à majorité kurde. Deux ans après ces tremblements de terre, les millions de rescapés du séisme vivent toujours dans des tentes ou des mobil homes et l’absence de l’État qui n’a pas tenu ses promesses de reconstruction.
 
Le gouvernement turc n’avait pris aucune précaution contre les tremblements de terre et lorsque cela s’est produit, le 6 février 2023, il n’est pas intervenu rapidement et efficacement, ajoutant des morts et des catastrophes au séisme dévastateur. Deux ans plus tard, dans la région de Hatay, durement touchée par le séisme du six février 2023, au milieu des champs de ruines et de désolation, l’amertume des rescapés grande.
 
La vie « temporaire » sans fin dans une ville – tente d’Hatay
 
Alors que le deuxième anniversaire des tremblements de terre de 2023 approche, Antioche est loin de son dynamisme d’antan. La poussière et la fumée planent sur la ville, mêlées au bruit constant des machines et des camions. Bien que les autorités la désignent comme « le plus grand chantier de construction du monde », le problème le plus critique après deux ans reste inchangé : le logement.
 
Les espaces de vie « temporaires » sont devenus des lieux permanents. Selon les chiffres officiels, il existe 204 campements de conteneurs. Au total, 223 906 personnes vivent encore dans des conteneurs : 177 165 dans des campements organisés et 46 741 dans des conteneurs individuels. Depuis deux ans, tout ce qui concerne la vie quotidienne doit tenir dans 21 mètres carrés.
 
En suivant la vie dans ces camps de conteneurs, je tombe sur des informations sur le « camp de yourtes ».

 
Le campement de yourtes de Koçören à Defne
 
Situé dans le quartier de Koçören à Defne, le long de la route Antakya-Samandağ, le camp est à environ neuf kilomètres du centre-ville.
 
L’ancien président de l’AFAD (Autorité de gestion des catastrophes et des urgences), Okay Memiş, a partagé une publication le 8 juin 2023, mentionnant leur inspection du camp de yourtes à Koçören. Il a noté : « Dans un campement comprenant 198 tentes, chacune de 21 mètres carrés et de cinq mètres de haut, l’infrastructure a été achevée et la plupart des tentes ont été installées. »
 
A l’époque, les médias affirmaient que ces tentes serviraient de « nouveau foyer temporaire » pour les résidents. Aujourd’hui, environ 150 familles vivent encore dans le camp, la plupart venant de différents quartiers de Defne, le district le plus touché après Antakya.
 
Gravas et constructions neuves
 
Koçören, également connu localement sous le nom de Mengüllü, est devenu un point focal peu après le tremblement de terre en raison des discussions autour des sites de déversement de gravats et des expropriations d’urgence.
 
Les habitants ont protesté contre les zones de décharge de gravats et l’expropriation rapide de terres proches des zones résidentielles et des oliveraies dans le cadre de projets de logements en cas de catastrophe.
 
Vivre une vie provisoire
 
Je lui pose des questions sur la vie dans le camp de tentes. Hasan commence par souligner qu’ils sont classés comme vivant dans un « container ». Cependant, ce statut ne signifie pas que les conditions sont idéales. Il continue en décrivant leurs difficultés quotidiennes.
 
« Nous avons l’électricité, l’eau et des toilettes. Mais il y a souvent des coupures d’électricité. Parfois, il y a trois coupures par jour, parfois il y en a cinq heures d’affilée », explique-t-il.
 
Les problèmes d’eau constituent un autre défi. « Parfois, les canalisations éclatent. Nous le signalons, mais personne ne vient pendant deux ou trois jours. Ils apportent de l’eau par camions-citernes et nous disent : ‘Utilisez-la avec parcimonie’. Nous vivons donc une vie temporaire. »
 
« Ne convient pas à une vie à long terme »
 
Selon le deuxième rapport publié le 3 février par l’Association des victimes du séisme de Hatay, les campements de conteneurs d’Antakya ne sont pas adaptés à une vie à long terme. Le rapport met en évidence les problèmes structurels, les inondations, les coupures de courant fréquentes et le manque d’équipements sociaux comme principaux problèmes. L’Association affirme que le gouvernement n’a pas réussi à transformer ces zones en espaces temporaires plus habitables, ce qui a contraint les survivants du séisme à endurer des conditions difficiles au cours des deux dernières années.
 
Vivre avec une pension
 
Hasan a travaillé pendant des années comme chauffeur de camion. « J’ai livré des marchandises dans 40 pays, y compris en Europe », dit-il avec fierté. Mais aujourd’hui, il a du mal à joindre les deux bouts avec sa retraite.
 
Quand je lui demande son âge, il plaisante : « Pas 69, mais 19 ans. » Pourtant, son visage révèle l’épuisement et l’incertitude des deux dernières années.
 
« J’étais un retraité qui travaillait », explique-t-il, résumant sa récente expérience : « Ma retraite ne suffit pas. J’ai essayé une fois, je me suis dit : « On verra comment ça se passe si j’arrête de travailler ». Mon ami, mon revenu mensuel dure à peine 12 ou 13 jours. Après cela, il n’y a plus rien. Je travaillais encore quand le tremblement de terre a eu lieu. Maintenant, j’essaie de vivre à nouveau avec ma retraite. Mais que puis-je faire avec ça ? »
 
« Ils pensent même que cette vieille voiture est trop pour moi »
Au cours de notre conversation, Hasan se tourne vers sa voiture, pose une main dessus et parle :
 
« C’est mon seul autre bien, cette vieille bagnole. C’est un modèle 1986. Elle me permet de me rendre d’un point A à un point B, mais même cela, c’est trop pour eux. Ils me disent : « Vous n’avez pas droit à la carte Esen [une carte d’aide de 4 500 lires fournie par le Croissant-Rouge] parce que vous avez cette voiture ». Je leur demande : « Qu’est-ce qu’il y a de si étrange là-dedans ? Devrais-je simplement la jeter à la poubelle ? » »
 
« Il y a eu une loterie, mais il n’y a pas de logement »
 
Je demande à Hasan si les bâtiments du Koçören TOKİ sont terminés. Il soupire et répond : « Non, ils ne sont pas encore terminés. Il reste encore quelques détails à régler, mais je n’ai aucune idée du temps que cela va encore prendre. »
 
Hasan explique que se voir attribuer une maison par tirage au sort ne garantit pas grand-chose. « Certains disent à des gens : « Ce troisième étage de tel immeuble est à eux ». Ils vont donc le voir. L’endroit est en construction, inachevé. Pas d’électricité, pas de fenêtres, pas de carrelage. Mais le tirage au sort dit que c’est à eux. Écoutez, je ne veux pas juste un tirage au sort, je veux une maison, un foyer où je puisse vivre. »
 
Il raconte qu’il y a une dizaine de jours, deux fonctionnaires du bureau du gouverneur du district se sont rendus au campement pour demander s’il y avait des besoins non satisfaits. « Je leur ai dit : « Oui, nous avons besoin de quelque chose. Nous avons besoin d’une maison » », dit-il en souriant.
 
Destruction et reconstruction à Hatay en chiffres
 
Dans une déclaration du 4 février, le gouverneur de Hatay, Mustafa Masatlı, a indiqué que 40 % des bâtiments de la province étaient devenus inutilisables en raison du tremblement de terre, avec plus de 88 400 bâtiments démolis et les débris de plus de 327 000 unités individuelles déblayés.
 
Après les tremblements de terre du 6 février, le gouvernement a annoncé un objectif de construction de 319 000 nouveaux logements dans 11 provinces en un an. À la fin de la deuxième année, 201 580 logements avaient été livrés. Rien qu’à Hatay, 46 167 logements ont été livrés, dont 40 586 logements résidentiels, 27 locaux commerciaux et 5 554 maisons de village.
 
Selon un communiqué du 3 février du ministère de l’Environnement, de l’Urbanisation et du Changement climatique, l’objectif est de livrer 153 248 logements et entreprises à Hatay à leurs propriétaires légitimes d’ici la fin 2025. (Bianet)

Entre domination linguistique et quête d’identité: le dilemme des Kurdes

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Les Kurdes, privés d’un État souverain, sont confrontés à une situation complexe où ils doivent apprendre les langues imposées par les puissances dominantes – principalement le turc en Turquie et le perse en Iran – pour accéder à l’éducation, aux services publics et aux institutions étatiques ou toute simplement pour vivre. Cette réalité, qui perdure depuis des décennies, a engendré un processus d’assimilation culturelle et linguistique profond au cours du XXe siècle. De nombreux Kurdes ont ainsi perdu leur langue maternelle, le kurde, et certains en sont même venus à ressentir de la honte ou à dissimuler leurs origines. Cette dynamique a été exacerbée par des politiques étatiques répressives visant à nier l’identité kurde, notamment l’interdiction de l’usage public du kurde dans certains pays.
 
Même parmi les Kurdes qui se revendiquent comme activistes et résident dans des pays européens, où les libertés individuelles et culturelles sont théoriquement garanties, nombreux sont ceux qui peinent à se défaire complètement de l’héritage linguistique et culturel imposé par les anciennes puissances dominantes. Cette persistance témoigne de l’empreinte durable de décennies de marginalisation et de répression.
 
Ce phénomène s’accompagne souvent d’un complexe d’infériorité internalisé, qui se manifeste, dans certains cas, par une préférence marquée pour l’usage de la langue turque, même dans des contextes où les Kurdes sont majoritaires. Par exemple, dans des groupes mixtes composés principalement de Kurdes et de quelques Turcs, il n’est pas rare que les Kurdes optent pour le turc comme langue de communication, perpétuant ainsi une hiérarchie linguistique et culturelle qui place les Turcs en position d’autorité ou de modèle à suivre. Cette tendance reflète non seulement une internalisation des structures de domination, mais aussi une forme de dévalorisation inconsciente de leur propre culture et identité.
 
Dans ce contexte, il est crucial de souligner que les visions de gauche, bien que souvent perçues comme progressistes, ont parfois des effets négatifs sur les activités kurdes. En effet, certains courants de gauche considèrent que la défense de la langue et de la culture kurdes relève du nationalisme, une idéologie qu’ils critiquent fortement. Cette perspective place les Kurdes dans une position délicate : pour être reconnus comme de « bons » militants de gauche, ils sont souvent poussés à minimiser ou à critiquer leurs revendications culturelles et linguistiques, de peur d’être étiquetés de « nationalistes ».
 
Ainsi, pour mener une lutte efficace en faveur de la libération du Kurdistan, il semble essentiel que les Kurdes s’affranchissent d’abord de cette domination culturelle et linguistique. En continuant à adopter et à consommer la langue et la culture turques, ils risquent non seulement d’affaiblir leurs propres initiatives visant à promouvoir le bien-être de la communauté kurde et à défendre les droits du Kurdistan, mais aussi, involontairement, de renforcer les structures de pouvoir de leurs adversaires. En effet, chaque fois qu’un Kurde privilégie le turc au détriment du kurde, il contribue, même indirectement, à la perpétuation d’un système qui nie et opprime sa propre identité. C’est pourquoi, la revitalisation de la langue kurde et la réappropriation de la culture kurde apparaissent comme des étapes cruciales pour construire une résistance solide et un avenir autonome, tout en remettant en question les discours de gauche qui, sous couvert d’universalisme, tendent à invisibiliser les spécificités culturelles et linguistiques des Kurdes.
 
Texte signé par la Plume de la montagne

KURDISTAN. Un journaliste mort dans un accident de la route

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IRAK / KURDISTAN – Le reporter du site NRT News pour Halabja, Wrya Hamakarim a perdu la vie dans un accident de la route survenu à Suleymanîyê.

Le journaliste Wirya Hemê Kerim, 39 ans, a perdu la vie dans un accident de la circulation survenu dans la ville kurde de Silemani, au Kurdistan du Sud. L’accident a fait deux morts dont le journaliste.

Ahmed al-Charaa et Erdogan contre les Kurdes

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Communiqué co-signé par CGT, CNT, Solidarité Ouvrière, Confédération Intersyndicale, Rojava Azadî Madrid, Amitié avec le Kurdistan, Anticapitalistes.

 

Depuis le 27 novembre, de nombreux événements ont eu lieu en Syrie. Certains ont apporté de la joie à des millions de personnes, mais ils ont également apporté une grande incertitude. Alors que le monde regarde les célébrations à Damas, Homs ou Hama, une guerre sanglante se déroule dans le nord et l’est de la Syrie.

L’armée turque et ses mercenaires djihadistes envahissent le territoire de l’Administration démocratique autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES). Une administration fondée sur la démocratie directe et communautaire et sur l’écologie sociale ; où les femmes sont le fer de lance de la révolution et l’avant-garde de la promotion des changements dans la société.

La Turquie considère cette expérience de démocratie radicale, ainsi que les femmes et les hommes de tous les peuples et de toutes les religions qui vivent ensemble et participent à ce processus révolutionnaire, comme un danger pour ses plans impérialistes dans la région. C’est pourquoi il veut mettre fin à ce modèle d’autonomie et de liberté au Moyen-Orient, en soutenant les membres de l’Armée Nationale Syrienne (ANS / SNA) sous commandement turc et du HTS / HTC, anciens membres de DAECH et d’Al-Qaïda, comme forces modérées pour gouverner le pays sous ses directives.

Ce récit convient aux puissances occidentales, et notamment aux pays membres de l’Union européenne, qui s’empressent déjà de déclassifier ces organisations des listes terroristes et d’annuler les accords sur les droits de l’homme pour les réfugiés syriens, avec l’intention de les « renvoyer » dès que possible dans leur pays d’origine. Pour renforcer cette action et ce récit de la droite la plus réactionnaire et fasciste qui prend le contrôle de l’Europe, Von der Leyen promet de fournir à la Turquie 1 milliard d’euros supplémentaires pour gérer la migration syrienne. C’est-à-dire commettre des meurtres de masse et empêcher des personnes innocentes de chercher un avenir meilleur qui veulent fuir un pays toujours en guerre, au mépris de tous les standards des conventions des droits de l’homme que l’Europe prône tant.

D’autre part, une résistance héroïque contre les mercenaires de l’ANS et toute la puissance de la deuxième plus grande armée de l’OTAN est opposée dans les tunnels aux bombardements de la Turquie. Malgré le cessez-le-feu, les attaques n’ont pas cessé, visant principalement des infrastructures essentielles comme les centrales électriques et les centrales hydrauliques, laissant la population du nord et de l’est de la Syrie dans une situation encore plus précaire. De même, dans les localités déjà envahies par l’ANS, comme Shehba, Tel Rifat et Manbij, des rapports font état de nombreuses atrocités et violations des droits de l’homme.

Plus de 120 000 personnes déplacées sont arrivées dans le nord et l’est de la Syrie en moins d’un mois en raison de l’avancée des milices pro-turques. Malgré les efforts de l’administration et de l’ONG Heyva Sor – Croissant-Rouge kurde – sur le terrain, la crise économique et la fermeture des frontières conduisent le nord et l’est de la Syrie à une situation de crise humanitaire totale, où des milliers de personnes n’ont nulle part où aller et trouver un abri pour le froid de l’hiver syrien. Des femmes enceintes ont accouché dans la rue et plusieurs personnes sont mortes à cause des conditions extrêmes, notamment des enfants et des personnes âgées.

Nous voulons rappeler au monde, mais surtout à l’Europe, comment les jeunes de tous les peuples du nord et de l’est de la Syrie ont mené la résistance contre l’État islamique ; et comment les forces des FDS, des YPG et des YPJ ont été celles qui ont réussi à mettre fin au califat, au prix de plus de 20 000 morts et de 40 000 mutilés à vie.

À ceux d’entre nous qui ont de la mémoire et voient le projet politique de AANES comme un phare de lumière et d’espoir et qui reconnaissent l’énorme sacrifice que le peuple syrien a fait, nous émettons cette déclaration et exigeons :

Assez de politiques impérialistes, seuls les Syriens devraient avoir le pouvoir de décider de l’avenir de leur pays. Assez d’interventionnisme étranger de toute sorte.

Plus d’occupation militaire du territoire syrien par Israël et la Turquie. Ce n’est qu’avec la fin de la guerre que le pays pourra véritablement développer un nouvel avenir. Et plein d’espoir.

Reconnaissance de l’AANES comme un interlocuteur valable dans la région et reconnaissance de sa valeur dans le développement d’une Syrie démocratique qui respecte tous les peuples et toutes les religions en Syrie.

Oui au droit des femmes à participer à la vie publique et politique en tant qu’élément indispensable de la société.

Arrivé mardi 4 février 2025 à Ankara, le président syrien auto-proclamé, Ahmed al-Charaa, a rencontré le président turc Erdogan pour parler de la relance de l’économie syrienne ainsi que des questions de sécurité. Erdogan veut aider la Syrie à se reconstruire et en contrepartie éradiquer l’expérience du Rojava : « Nous sommes prêts à apporter à la Syrie tout le soutien nécessaire dans sa lutte contre toutes les formes de terrorisme, qu’il s’agisse de Daech (acronyme arabe de l’État islamique) ou du PKK », le Parti des travailleurs du Kurdistan, a déclaré Recep Tayyip Erdogan devant la presse. C’est pourtant Erdogan qui s’appuie sur des milices islamistes et anciens de Daech pour combattre les Kurdes.

Et Ahmed al-Charaa avec son ministre des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, de renchérir sur « les menaces qui empêchent l’achèvement de l’unité territoriale dans le nord-est de la Syrie », prônant une « stratégie commune » avec Ankara « face aux menaces sécuritaires ».

Le message est clair.

Pour notre part, nous ne nous faisons aucunement confiance aux islamo-fascistes. Si effectivement, c’est au peuple syrien de régler ses affaires par lui-même, nous ne pouvons qu’être dubitatifs car les éléments les plus révolutionnaires ont quitté la Syrie pour échapper au tortionnaire Bachar al Assad et que la présence d’islamistes est prégnante.

Nous savons par expérience que les intégristes musulmans ont une conception particulière de la liberté à savoir qu’ils ne l’accordent qu’aux hommes musulmans et que les femmes sont victimes d’une politique d’enfermement comme en Afghanistan où les talibans interdisent aux femmes d’exister de fait. Les hypocrites qui soutiennent Ahmed al-Charaa devront répondre de leur soutien si l’ancien terroriste islamiste devait s’en prendre aux Kurdes.

TY Wi (GLJD)

 

AFRIN. Un Kurde perd la raison suite à la torture subie entre les mains des gangs de la Turquie

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SYRIE / ROJAVA – Un père de famille kurde kidnappé par des mercenaires de la Turquie dans le canton d’Afrin a subi des actes de torture barbares pendant plus de 40 jours. Il a eu les orteils arrachés, la chair coupée, les os fracturés et laissé pour mort devant l’hôpital militaire d’Afrin. Un riverain qui l’a trouvé a contacté sa famille qui l’a transféré vers un hôpital d’Alep. L’homme qui a survécu miraculeusement a perdu la raison et vit terrifié à l’idée d’être de nouveau torturé… Ces crimes de guerre commis à Afrin pour le compte de la Turquie restent cependant impunis.

 

 

« Dans la prison Saydnaya d’Afrin les gens sont rôtis vivants »

On dit que « quiconque s’occupe d’un peuple pendant quarante jours devient l’un d’eux », mais ce dicton ne s’applique pas littéralement au citoyen (M, S), qui est passé du statut de père de trois enfants en 42 jours après son enlèvement par les mercenaires de l’armée d’occupation turque à celui d’un corps sans vie, dépourvu d’âme et de souvenirs.

La famille a demandé à l’agence ANHA de ne pas révéler son nom complet ni à la photographier pour notamment sa crainte que des mercenaires de la Turquie n’attaquent les autres membres de sa famille restée à Afrin.

amnésique

Pendant les 3 heures que le journaliste a passées avec le citoyen (M, S) pour essayer de comprendre ce qui lui était arrivé, il n’a pas réussi car sa mémoire ne lui permettait même pas de se souvenir des noms de certains membres de sa famille. Cependant, à la fin, avec l’aide de sa famille, nous avons pu documenter une partie des crimes et violations auxquels il a été exposé.

L’histoire de l’enlèvement du citoyen (M, S) commence avec l’occupation par les mercenaires des villages restants d’Afrin et du canton d’Al-Shahba le 12/1/2024. Il a été emmené, en raison de son identité kurde, vers une destination inconnue et soumis à des coups pendant 5 jours consécutifs.

Il a ensuite été contraint de se rendre dans la ville occupée d’Afrin et a été placé dans la tristement célèbre prison de Maaratah, gérée par les mercenaires dur groupe « Hamzat » affiliés à l’armée d’occupation turque, ainsi que par les services de renseignement turcs (MIT).

« Ils nous ont torturés pendant que nous écoutions le Saint Coran »

Il répète des phrases restées gravées dans sa mémoire pendant la torture, comme « Brûlez-le… pendez-le… vous êtes des infidèles… des voleurs » et d’autres phrases et insultes qui n’ont jamais quitté sa mémoire.

De plus, lorsqu’il a entendu le bruit de la porte qui commençait à se fermer, son visage a commencé à trembler et à crier continuellement en raison d’une peur intense. Au premier abord, lorsque le correspondant d’ANHA a rencontré (MS), il a rencontré une réaction hystérique due à la peur qu’il avait à son égard parce qu’il portait l’appareil photo, pensant que c’était un autre outil de torture.

Il a rapporté qu’ils ont été torturés pendant que des enregistrements du « Saint Coran » étaient diffusés, dans une image qui incarne la contradiction entre les enseignements de la vraie religion, qui appelle à la paix, à la fraternité et au respect de l’âme humaine, et la torture brutale et inhumaine qui dévaste l’humanité.

180 coups de fouet

Après avoir consulté le médecin responsable de son état actuel, qui a déclaré qu’il avait survécu « miraculeusement », il a été constaté que le citoyen (M, S) avait été soumis à d’horribles tortures sur toutes les parties de son corps sans exception. À commencer par le visage, qui souffrait de fractures sur quatre dents de la mâchoire, et de fissures sur les côtés des lèvres, jusqu’au début de la joue, à la suite des coups violents.

Des ecchymoses noires et des fissures sur la peau et la chair se sont également répandues sur tout son corps à la suite des coups de fouet. Le citoyen a indiqué qu’il avait été soumis une fois à des coups de fouet continus, qu’il a comptés comme 180 coups de fouet, ce qui lui a fait perdre connaissance.

« Ils lui ont coupé les orteils avec une tronçonneuse »

Quant aux pieds, ils sont dans le pire état, selon l’évaluation médicale physique, 9 orteils sur 10 ont été partiellement ou complètement coupés à l’aide d’une scie ou de tout autre outil tranchant.

Quant à la plante du pied, le médecin indique que les tortionnaires l’ont forcé à se tenir debout sur une surface préchauffée, provoquant des brûlures au troisième degré et l’arrachement de la chair du pied parce qu’elle collait à la surface chaude, comme s’il était en train d’être rôti alors qu’il était vivant.

Les images montrent la partie inférieure de l’os du pied, ainsi que la vaste zone d’écorchement qui s’est produite, en plus de la propagation d’infections résultant de mauvaises conditions de santé sur le lieu de l’enlèvement.

Lorsqu’on lui demande « Que t’ont-ils fait ? », il répond d’une voix teintée d’étonnement : « Ils m’ont pratiqué 11 opérations, toutes réussies, c’est ce qu’ils m’ont dit. »

Ils l’ont laissé pensant qu’il était mort

42 jours après la disparition du citoyen (M, S), un passant l’a retrouvé devant l’hôpital militaire d’Afrin, corps effondré, allongé sur le sol à côté de sa carte d’identité. Le riverain s’est précipité pour lui venir en aide en lisant ses informations personnelles sur la carte d’identité et en communiquant avec l’un de ses proches du village auquel il appartient.

Ses proches l’ont emmené à l’hôpital de la ville d’Alep, où il le correspondant d’ANHA l’a rencontré.

La malédiction de Saydnaya hante toujours les Syriens

Bien que les Syriens se soient débarrassés du régime de Bachar al-Assad, la malédiction de la prison de Sednaya s’est étendue aux prisons gérées par l’armée d’occupation turque et ses mercenaires, notamment à Afrin, et les hante toujours.

De plus, nous sommes face à une absence de justice car les groupes criminels, dont Hatem Abu Shakra, Saif Abu Bakr et Abu Amsha n’ont pas été poursuivis en justice pour avoir commis des crimes de guerre contre les Syriens pour le compte de l’occupation turque. (ANHA)

Des images insoutenables du corps martyrisé de l’homme sont floutées par ANHA avant leur diffusion

SYRIE. 40 jeunes Kurdes d’Alep torturés par des mercenaires de la Turquie

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SYRIE / ROJAVA – Il y a deux jours, plus de 40 civils Kurdes étaient kidnappés à Alep par des mercenaires de la Turquie. Ils ont été torturés, subi des électrocutions et menacés de décapitation par leurs bourreaux avant d’être libérés. Les rescapés ont été interviewés par l’agence ANHA.

Un des civils kurdes d’Alep kidnappés et torturés par des gangs turco-jihadistes

Ils ont été torturés sans pitié, soumis à des électrocutions brutales et menacés d’exécution au couteau. Parmi eux, des étudiants et des ouvriers ordinaires, tous sauvagement enlevés par les forces mercenaires de l’occupation turque. Leur crime ? Le simple fait d’être kurde.

L’agence ANHA a rapporté hier que des groupes armés à Alep ont enlevé des dizaines de civils uniquement en raison de leur appartenance ethnique, ciblant les résidents kurdes de la ville. Aujourd’hui, les quatre derniers détenus ont été libérés sur un groupe de 40 civils soumis à cette campagne raciste. Parmi les survivants figurent Aziz Riyad Nasro, Khalil Horek Rasho, Hani Mustafa Abdo et Youssef Hussein Youssef.

Les personnes enlevées ont révélé aux correspondants d’ANHA que leur enlèvement avait été perpétré par des groupes liés à des mercenaires soutenus par la Turquie (Al-Amshat) ou par des forces alliées à la soi-disant « Sécurité publique » de Damas. Les assaillants ont demandé : « Qui parmi vous est kurde ? » avant de frapper et d’humilier sauvagement ceux qui étaient identifiés par leurs noms kurdes. Ils ont utilisé des crosses de fusil, des barres de fer tranchantes et d’autres méthodes brutales pour infliger des souffrances.

L’enlèvement a eu lieu près de la gare de Bagdad, sur la route Al-Shalal à Alep, où 14 véhicules, dont une voiture blindée, ont bloqué la zone. Des militants masqués sont descendus sur les lieux et ont attaqué des civils kurdes non armés. Les victimes ont eu les yeux bandés, ont été bâillonnées et ont été transportées vers des lieux inconnus après avoir été forcées d’imiter des animaux dans des vidéos dégradantes, une tactique qui rappelle celle de l’appareil de sécurité du régime Baas déchu.

Les survivants ont confirmé avoir subi des décharges électriques, des coups avec des tuyaux en nylon chauffés et avoir eu les mains liées si étroitement que la circulation sanguine était coupée. Ils ont été arrosés d’eau, traités de « porcs » et menacés d’exécution au couteau. Leurs téléphones ont été volés, leur argent volé et leur vie privée violée. Fait troublant, ils ont entendu d’autres détenus crier sous la torture.

Cette atrocité fait suite à la récente libération de trois Kurdes à Qamishli, dans le nord-est de la Syrie, après quatre jours de captivité par les forces de Damas. Des preuves photographiques confirment les traces de tortures sur les corps des survivants. (ANHA)

PARIS. Les femmes appellent à la grève féministe le 8 Mars 2025

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PARIS – Plusieurs organisations syndicales, féministes et associatives appellent à faire grève le 8 mars 2025, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Dans un communiqué commun, ces organisations appellent à faire grève et à manifester notamment en solidarité avec les femmes du monde entier et contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes et aux enfants. Elles déclarent que « Quand les femmes s’arrêtent, tout s’arrête ».

Le communiqué complet peut être lu sur le site grève féministe

Le communiqué commun a été signé par les organisations suivantes:

ActionAid France, AFRICA93, APEL-Égalité, Association Panafricaniste des Droits Civiques des femmes, Attac France, CGT, CNT-SO Fédération Education/Recherche, Collectif Faty KOUMBA : Association des Libertés, Collective des mères isolées, Droits de l’Homme et non-violence, FAGE, Féministes Révolutionnaires Paris, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Force Féministe (57), FSU, Fête des 3 Quartiers ( F3Q), Genre et altermondialisme, HFE /Handi Femme Epanouie, Handi-Social, Las Rojas Paris, Le Planning familial, Le Planning Familial 94, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Mouvement des Femmes Kurdes En France, Mouvement de la Paix, Organisation de Solidarité Trans (OST), Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France ( Stop-Vog ), Sud Logement Social, UNEF le syndicat étudiant, Union Etudiante, Union syndicale Solidaires, Union des femmes Socialistes (SKB)

En soutien
APRES – Association pour la République écologique et sociale, Égalités, ENSEMBLE!, Gauche démocratique et sociale GDS, Gauche Ecosocialiste (GES), Génération.s, La France insoumise, Mouvement jeunes communistes de France, NPA-l’Anticapitaliste, NPA – Révolutionnaires, Parti Communiste Français, Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche, Parti  Socialiste, PEPS , Révolution Écologique pour le Vivant (REV), Union Communiste Libertaire, Volt Europa