Ce qui se passe en Turquie d’un point de vue anti-autoritaire
Texte du Projet Évasions, Réseau d’amitiés anarchistes depuis 2019
La République de Turquie, fondée sur le génocide des Arméniens dans la région dans un élan nationaliste et meurtrier, n’a pas beaucoup changé au cours du siècle dernier. Pour les non-musulmans, les Kurdes, les Alevis et les femmes qui ne détenaient ni la majorité ni le pouvoir, l’État et sa société ont toujours été une source d’oppression.
Mais à partir de 2002, en raison de la dictature d’Erdoğan, l’oppression, la pauvreté, la violence et l’exploitation ont commencé à se faire sentir également par la majorité de la société. En 2013, suite à des interdictions et oppressions croissantes, des millions de personnes sont sorties dans la rue pour défendre leurs libertés lors des émeutes du parc Gezi. Ce moment insurrectionnel a eu lieu dans des villes de tout le pays. La résistance qui a duré des mois s’est terminée par des attaques policières sans précédent à l’échelle nationale, au cours desquelles huit jeunes âgés de 15 à 22 ans ont été tués et des milliers d’autres arrêté·e·s. Depuis 2014, l’État turc est devenu un État policier et, après la tentative de coup d’État fictif de 2016, il est dirigé avec un autoritarisme absolu sous l’état d’urgence. Depuis 2021, en raison de la crise économique qui s’est intensifiée de manière exponentielle, 60% de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté.
Des millions de personnes, plongées chaque année dans une misère plus grande, croyaient à chaque élection que le gouvernement et donc cette situation changeraient. Mais Erdoğan, qui contrôle les médias et le système judiciaire, a répandu la peur et la manipulation pour éviter que que cela ne se produise. Entre-temps, afin d’empêcher les groupes opprimés de se rassembler, il a créé une haine profonde au sein de la société, qualifiant chaque jour une nouvelle communauté d’ennemi-terroriste-agent étranger : Kurdes, Alevis, étudiant·e·x·s, syndicalistes, avocat·e·x·s, journalistes, intellectuel·le·x·s. Pendant que ces personnes étaient emprisonnées pour terrorisme par les tribunaux d’État, d’autres encore en liberté étaient, elles, trompées par la propagande selon laquelle les emprisonné·e·x·s étaient des terroristes. «Terrorisme» est devenu pour Erdoğan un mot magique afin de maintenir son pouvoir, tandis que les personnes qui défiaient l’autorité finissaient en prison, en exil ou partaient à la mort. Ainsi furent créé·e·x·s des individu·e·x·s zombifié·e·x·s et une société qui jour après jour perd de son pouvoir d’action et s’effondre politiquement, économiquement et moralement. C’est dans ce contexte précis que le soulèvement actuel est mené. Par des jeunes qui n’ont jamais connu d’ autre soulèvement de masse de leur vie, mais qui sont descendu·e·x·s dans la rue en disant «rien ne peut être pire que de vivre ainsi». Des millions de jeunes qui ont été élevé·e·x·s en apprenant que les ancien·ne·x·s rebel·le·x·s étaient des terroristes et que l’État et la police étaient, du moins en théorie, des amis. Ces millions de jeunes sont maintenant confronté·e·x·s à une réalité radicalement différente. Examinons de plus près ces manifestations.
Vers le «coup d’État» du 19 mars
Le matin du 19 mars 2025, des centaines de policiers ont arrêté chez lui Ekrem İmamoğlu – le maire d’Istanbul, pressenti candidat à la présidence lors des prochaines élections et qui pourrait vaincre Erdoğan – pour terrorisme et corruption.
Si l’incident a suscité une indignation générale en Turquie et dans le monde entier, Imamoğlu n’était pas le premier maire métropolitain en Turquie à être révoqué et détenu par les tribunaux turcs. Depuis 2016, de nombreux maires élus de villes kurdes ont été révoqués, arrêtés et remplacés par un fonctionnaire dans le cadre d’opérations similaires.
Le fait que ces maires kurdes aient été accusés de cette infraction magique de terrorisme a convaincu la majorité de l’opinion publique turque de légitimer cette situation et de ne pas s’y opposer. Le silence face à cette injustice dans les villes kurdes a permis à Erdoğan de faire de même avec d’autres maires dirigés par le CHP (Cumhuriyet Halk Partisi, Parti Républicain du Peuple – deuxième plus grand parti politique, centre-gauche nationaliste turc) et a ainsi préparé le terrain pour ce «coup d’État» du 19 mars. La détention sous l’accusation magique de terrorisme de cet homme privilégié, sunnite, turc, riche, très populaire et politiquement assez puissant pour s’opposer à Erdogan, a provoqué un choc et un scandale immenses. Le message est clair : désormais, l’honneur d’être un terroriste pourrait être attribué non seulement aux personnes marginalisées, mais également à quiconque ne se serait pas rangé du côté d’Erdoğan.
Alors que la contestation publique s’est faite détruire un peu plus chaque année, les personnes ayant gardé le silence par respect pour les institution que représentent l’État, les médias et les tribunaux se retrouvent soudain parmi les cibles du Régime. Ainsi, des milliers de jeunes aux rêves étouffés sous le poids de la pauvreté, des restrictions et de l’oppression, non encore étiqueté·e·x·s comme terroristes, se sont soudainement réveillé·e·x·s pour laisser éclater leur colère. Le 19 mars, iiels sont descendu·x·e·s dans les rues de nombreuses villes de Turquie pour amorcer des manifestations. Bien qu’il est difficile de dire que les manifestant·x·e·s soient homogènes, il est possible d’affirmer que la majorité d’entre elleux sont des membres de la génération Z sans aucune expérience préalable de contestation pour les raisons décrites ci-dessus. Ce sont des jeunes qui jusqu’à présent n’ont pas pu sortir de la bulle de peur créée par le gouvernement et qui ont été exposé·e·x·s à l’ingénierie sociale très intense de l’État turc par le biais d’institutions telles que l’école, les médias, la famille, etc. À présent privé·e·x·s de respirer par désespoir, iiels veulent le changement. Bien que la détention d’Ekrem İmamoğlu ait été l’étincelle qui a poussé ces jeunes à descendre dans la rue, iels ont commencé à exprimer leur colère et leurs revendications sur de nombreux autres sujets en clamant «la question ne concerne pas seulement İmamoğlu, vous n’avez pas encore compris cela?»
Faire face à l’État et surmonter le mur de la peur
Comme presque tous les rassemblements en Turquie, ces manifestations ont été réprimées avec une violence massive par la police. Pour la première fois, les manifestant·e·x·s ont été confronté·e·x·s à la police, qui non seulement voulait disperser la foule, mais aussi faire payer cher à quiconque le prix de sa présence. Une police qui considère avoir le pouvoir de punir les gens sans besoin de jugement; une police arrogante et brutale vouant une haine personnelle envers les manifestant·e·x·s et un plaisir personnel à les torturer, une police sûre de ne pas être tenue responsable de ses actes de violence. Les manifestant·x·e·s, qui jusqu’alors considéraient la police comme un métier parmi d’autres, similaire à l’enseignement, aux soins infirmiers ou à l’ingénierie, n’avaient pas conscience qu’en traquant les terroristes d’hier, la police s’était transformée en une sorte de mafia monstrueuse. En une nuit, des milliers de jeunes ont vu la loi punitive de l’ennemi s’appliquer à leur encontre et ont été brutalement attaqué·e·x·s par la police à l’aide d’une quantité incroyable de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau. Face à cette attaque massive, la majorité de ces jeunes ne savait pas comment se protéger, comment prendre soin les un·x·e·s des autres, comment s’organiser. Pour beaucoup d’entre elleux, répondre à la police revenait à être un·x·e traître ou un·x·e terroriste. Une partie de la jeunesse s’est alors figée, tandis qu’un plus grand nombre, pensant n’avoir rien à perdre, a brisé la légitimité de la police et a riposté à la violence policière. Saisissant l’occasion d’exprimer leur colère pour la première fois, iels se sont couvert le visage et ont jeté tout ce qu’il leur était possible sur la police, ont dansé devant les canons à eau découvrant que le pouvoir et la légitimité de la police étaient des choses qui pouvaient être surmontées. Il ne semblaient pas y avoir de plan stratégique pour la suite de cette manifestation, ni de conscience politique bien réfléchie. La nuit a été dominée par la colère et le sentiment d’avoir été pour une fois entendu·e·x·s, ce qui en soi était hautement politique. Mais la nuit c’est également terminée par de nombreuses blessures et arrestations.
C’était la première fois, depuis 2013, qu’émergeait une manifestation si massive, avec des heures de résistance contre la police. Bien que les manifestations n’aient été diffusées sur aucune chaîne de télévision, elles ont été suivies par de nombreuses personnes via les réseaux sociaux. Le mur de la peur a été franchi par de nombreuses personnes qui ont réalisé qu’il était possible de défier l’État et de se rebeller. Le lendemain, de plus en plus de personnes descendaient dans les rues d’autres villes de Turquie pour manifester. Au même moment, l’État turc a restreint les bandes passantes web dans tout le pays et il fallut soudain plusieurs minutes pour télécharger ne serait-ce qu’une vidéo de dix secondes. Les manifestant·x·e·s expérimenté·e·x·s, qui ont soutenu les manifestations à la fois dans la rue et en ligne, ont informé les gens que ce problème pouvait être surmonté avec de VPNs. Et cette fois, par le biais d’Elon Musk, l’État turc a bloqué l’accès à environ 200 comptes X de journalistes, d’associations juridiques, de collectifs de médias et de partis politiques. Le même jour, le Haut Conseil de la radio et de la télévision (RTÜK) a interdit toute diffusion en direct sur les chaînes de télévision. Toujours le même jour, bien que cela n’ait pas de lien direct avec les manifestations, le conseil d’administration du barreau d’Istanbul, connu pour s’opposer à Erdoğan, a été dissous par décision de justice.
Au même moment, de nombreux·ses avocat·e·x·s de différentes villes qui souhaitaient défendre les manifestant·x·e·s détenu·e·x·s ont également été arrêté·e·x·s dans les commissariats et les palais de justice. Le nombre de personnes détenues ne cessait d’augmenter. Certaines ont directement été condamnées à des peines de prison ou à des assignations à résidence. Le maire, Ekrem Imamoğlu, et une centaine d’hommes politiques, qui avaient été arrêtés la veille, étaient toujours interrogés au poste de police. Toute cette oppression et la peur en découlant n’ont pas découragé les gens de manifester dans les rues, mais ont au contraire renforcé leur détermination. Pendant les manifestations, les députés qui prenaient le micro et prononçaient des discours en espérant l’aide des élections et de la loi étaient hués. Les jeunes faisaient pression sur les députés pour qu’ils appellent à descendre dans la rue, et non aux urnes, et cela a été accepté. Ce moment en lui-même a marqué un nouveau seuil, car «appeler à descendre dans la rue» avait été reconnu comme illégitime pendant des années dans la loi et la société fabriquées par Erdoğan. Le fait que des députés engagé·e·x·s dans une politique «légale» aient osé le faire a été en soi assez surprenant pour tout le monde. C’était comme si des milliers de personnes franchissaient une par une un mur invisible dont jusqu’à présent la société entière ne savait pas s’il existait réellement ou non et que personne n’osait le dépasser. Une fois de l’autre côté, déconcertées, dans ce pays où elles n’avaient jamais mis les pieds, toutes ces personnes se demandaient ce qui allait leur arriver.
Stratégies de l’État turc
De nombreux·ses acteur·ice··x·s de l’opposition sociale établi·e·x·s de longue date en Turquie ont appelé à ces manifestations, condamné l’arrestation d’Imamoğlu, soutenu les revendications des jeunes pour la justice, la démocratie et la liberté, et se sont élevé·e·x·s contre les violences policières et les interdictions. Parallèlement, le mouvement politique kurde (Parti DEM, Partiya Demokratîk a Gelan – en kurde, Halklarin Demokratik Partisi – en turc), l’un des acteurs les plus puissants de la contestation, a choisi de limiter son soutien à ses dirigeants les mieux placés. Seul·e·x·s les représentant·x·e·s du parti ont effectué une visite symbolique sur les lieux des protestations et ont publié une déclaration qualifiant la détention d’Imamoğlu de coup d’État. Le soutien du parti DEM à un soulèvement aussi vaste et généralisé, où des citoyens et citoyennes ordinaires ont manifesté pour la première fois depuis des années, aurait pu changer la donne pour le destin du pays et mettre Erdoğan dans une position plus difficile que jamais. Avec le recul, il n’est pas difficile de deviner ce qui a motivé Erdoğan à entamer un processus de paix avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, Partiya Karkerên Kurdistan – en kurde) ces dernières semaines. La raison pour laquelle le Parti DEM a adopté une telle position reste toutefois plus complexe, et l’histoire nous dira pourquoi. Néanmoins, à ce stade, je pense qu’il est plus important de parler des résultats que des raisons, car la distance prise par le Parti DEM a eu deux conséquences importantes. Tout d’abord, La police dans la rue, tout comme Erdoğan dans l’arène politique, ont réussi à échapper à une menace très importante. La participation du Parti DEM et de la jeunesse kurde aux manifestations aurait pu rendre la tâche d’Erdoğan beaucoup plus difficile. Comparativement aux émeutes du parc Gezi, une évidente défaillance d’expérience, de résilience et de compétences organisationnelles, dû à l’absence du parti DEM et de la jeunesse kurde, se fait clairement sentir dans les soulèvements actuels. Je pense que si un génie offrait un souhait magique à Erdoğan et sa police, ils l’utiliseraient pour éloigner les Kurdes de ces manifestations.
Le deuxième point explique cela plus précisément : l’absence des Kurdes en tant que partie prenante de ce mouvement a laissé plus de place à la tendance nationaliste et étatiste, déjà très présente parmi les manifestant·e·x·s. La conséquence fut que les manifestant·x·e·s ayant une approche intersectionnelle, tel·le·x·s que les Kurdes, les féministes, les LGBTI+, les socialistes, les anarchistes, les défenseurs des droits des animaux, etc., sont devenu·e·x·s encore plus marginalisés. La crainte de mettre leur sécurité encore plus en jeu a amené une réticence naturelle parmi ces personnes à afficher leurs identités, par exemple en brandissant un drapeau arc-en-ciel. Dans la plupart des villes, les personnes queers ne se sentaient pas assez en sécurité pour participer aux manifestations ni individuellement ni de manière collective. Si Erdoğan et sa police pouvaient faire un deuxième vœu, ils choisiraient certainement l’absence de dynamique intersectionnelle au sein de ces manifestations. Parce que l’intersectionnalité, tant en termes de nombre que de qualité, représente le pire cauchemar d’Erdoğan. Parce que l’avenir et la durabilité de la colère émergée lors de ces jours ainsi que la question de savoir si elle menacerait un jour l’État ou non dépendent de son caractère intersectionnel. Comme expliqué plus haut, c’est grâce à sa politique de destruction des fondements de l’intersectionnalité qu’Erdoğan a réussi à atteindre son autorité absolue. Il ne fait aucun doute que dans cette lutte, l’union des personnes opprimées profiterait à tous les opprimé·x·e·s et désavantagerait leur ennemi commun. Malheureusement, je dois dire qu’Erdoğan et sa police semblent avoir de la chance et que leurs deux souhaits les plus chers se réalisent pleinement dans le soulèvement qui a lieu depuis le 19 mars.
Ce qui se passe actuellement : une résistance généralisée face à une répression très violente
À ce jour, le 27 mars, les manifestations se poursuivent avec le caractère exponentiel que j’ai mentionné plus haut. La semaine dernière, les queers, féministes, anarchistes, socialistes… ont fait des progrès significatifs pour devenir plus visibles et donner aux manifestations un caractère révolutionnaire. Simultanément, le lancement d’une campagne de boycott massif contre de nombreuses entreprises liées au gouvernement a provoqué une grande panique. Le même jour, le fait de voir des hauts fonctionnaires du gouvernement prendre la pose avec des entreprises boycottées et faire la publicité de leurs produits pour les soutenir a prouvé une fois de plus que nous étions officiellement en guerre : l’organisation criminelle étatique turque et son capital ont déclaré la guerre à toustes celleux qu’ils percevaient comme une menace pour leurs intérêts.
Dans cette guerre, la priorité n’est pas toujours d’arrêter des gens mais aussi de collecter des données sur qui se trouve sur le front adverse. Ce n’est pas sans raison que la police, après avoir, hier, encerclé des manifestations universitaires, a déclaré qu’elle libérerait les manifestant·x·e·s en échange du retrait de leurs masques. Dans un même temps, plusieurs guides sur la sécurité digitale publiés sur les réseaux sociaux par celleuxqui sont dans la rue depuis des années ont permis de sauver des vies. Dans certaines universités, les professeurs fidèles à Erdogan ont partagé les feuilles de présence avec la police pour signaler les étudiant·x·e·s qui ne suivent pas les cours ces jours-ci. Mais de nombreux·se·s autres professeurs ont soutenu l’appel au boycott universitaire suite à quoi iels ont déjà été démis·e·x·s de leurs fonctions. Même si j’ai dit que les arrestations ne sont pas la première priorité, il est bon de rappeler que les prisons autour d’Istanbul ont atteint leur capacité maximale et de nouvelleaux détenu·x·e·s devront être envoyé·e·x·s dans les prisons des villes voisines. Quelque chose qui n’aura surpris que les personnes qui ne connaissent pas la véritable fonction de la loi : Le délit mineur de «violation de la loi sur les réunions et les manifestations», – lequel n’était pas pris au sérieux dans les cycles de contestations précédentes car la plupart du temps, les gens ne recevaient même pas d’amende à l’issue du procès – sert à présent à envoyer des dizaines de personnes en prison.
La nécessité de prendre le parti de la pierre jetée sur la police plutôt que celui de la personne qui la jette.
Il devient clair une fois de plus que l’approche que nous ont enseigné le système judiciaire et les politiciens, selon laquelle nous devrions prendre inconditionnellement le parti de l’un des protagonistes d’un conflit, ou que le statut de victime et d’agresseur devrait être attribué à deux personnes/identités différentes et strictement séparées l’une de l’autre, nous conduit dans un piège. Il est frappant de voir comment tant de manifestant·e·x·s âgé·e·x·s de 16 à 24 ans, qui sur la base de l’éducation obligatoire qu’iels ont reçue de l’école, des médias et de la famille sont prêt·e·x·s à menacer et à expulser les Kurdes ou les LGBTI+ qui voudraient se joindre aux manifestations, deviennent à la fois des agresseur·se·s et des victimes. Depuis le début du soulèvement le 19 mars, en tant que victimes de l’État plus de 2 000 personnes ont été arrêtées. Des milliers d’autres ont été blessées, certaines mortellement,des dizaines ont été emprisonnées, un nombre inconnu ont été chassées du domicile de leur famille, expulsées de chez elles, virées de leur emploi, exclues de l’université ,qualifiées de terroristes par les services de renseignement. Cela est en partie dû au pouvoir qu’elles ont perdu en raison de leur rôle d’agresseur·euse·s Je constate que ce piège a fonctionné pour certains terroristes d’hier et qu’une partie importante d’entre elleux, en particulier au sein des partis politique kurde, qui ont pourtant passé leur vie à lutter contre l’État, sont à présent indifférent·e·x·s à la violence de l’État et aux revendications des manifestant·x·e·s. C’est également à travers ce filtre que j’analyse le manque de réactivité et le silence du mouvement antifasciste en Suisse et en Europe. C’est pourquoi je trouve important d’expliquer ce qui se passe dans ce soulèvement aux autres rebelles du monde entier. Je souhaite expliquer que le soulèvement actuel, malgré sa complexité, mérite d’être soutenu et la solidarité internationale ne peut se faire que dans une perspective anti-autoritaire qui ne tombe pas dans le piège d’une prise de parti rigide. Il est possible de soutenir ce mouvement sans blâmer la victime d’avoir été torturée par la police et sans excuser l’agresseur qui a tenté d’y supprimer le drapeau kurde.
Où se situer face à un soulèvement aussi controversé?
Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu, car les manifestant·x·e·s ne sont pas seulement des nationalistes/apolitiques de la génération Z. De nombreuses personnes queer, kurdes, anarchistes, socialistes, antispécistes, féministes, qui s’impliquent dans des luttes intersectionnelles élèvent aujourd’hui leurs voix contre l’injustice et résistent à l’État turc dans les rues, comme elles le font depuis des années. Malgré leur peur à l’égard de la majorité des manifestant·e·x·s, iels préfèrent être dans la rue et iels subissent une part plus importante de la violence de l’État. La complexité de ce soulèvement signifie qu’iels ont plus que jamais besoin de soutien. Il est essentiel de soutenir ce soulèvement pour qu’iels en ressortent avec un peu de terrain conquis ou du moins sans être davantage repoussé·e·x·s. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car les manifestant·x·e·s, même si certain·ne·x·s nourrissent des idées contre-révolutionnaires, sont légitimes dans ce contre quoi iels se révoltent : les organes et les politiques de l’État turc, symbolisées par Erdoğan. C’est ce qui détermine la légitimité d’un soulèvement. Peu importe que la majorité des manifestant·x·e·s veuille que le dictateur Erdoğan tombe et soit remplacé par le nationaliste İmamoğlu. Aujourd’hui, nous pouvons nous serrer les coudes dans la lutte pour faire tomber Erdoğan et demain, nous pourrons nous séparer lorsque la demande sera de le remplacer par İmamoğlu. Une fois que nous aurons détruit la plus grande puissance existante, nous nous battrons pour détruire la deuxième plus grande puissance, puis la troisième, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pouvoir au-dessus de nous. Ce point de vue anarchiste appelle à soutenir toute menace contre Erdoğan, son État, sa police, son système judiciaire. La critique de ces manifestations ne doit pas servir à isoler le soulèvement, mais plutôt à éclairer les débats qui suivront en cas de victoire.
Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car un dictateur utilise tout le pouvoir et toutes les ressources de l’État turc, devenu une «organisation criminelle», pour massacrer des personnes qui n’ont pas ce même pouvoir et ces même ressources, peu importe qui elles sont. Non seulement les manifestant·e·x·s, mais aussi leurs avocat·e·x·s, les journalistes qui documentent les actes de torture, les médecins qui soignent les blessé·e·x·s lors des manifestations, celleux qui en parlent, celleux qui ouvrent leurs portes aux personnes touchées par les gaz lacrymogènes, toustes celleux qui ne sont pas en obéissance absolue sont désormais puni·e·x·s. Dans la Turquie de 2025, où l’État contrôle tous les aspects privés et publics de la vie et où tout notre soutien potentiel est démantelé, la survie d’Erdoğan à ce soulèvement reviendrait à laisser toutes les personne»s qui ont remis en question son autorité enfermées dans un bâtiment en flamme. C’est peut-être la première, la seule et la dernière chance que nous avons depuis des années d’agir contre le pouvoir d’Erdoğan. C’est pourquoi tout soutien à ce soulèvement ou tout coup porté contre sa cible, l’État turc, revêt une importance vitale. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car pour ceux qui ne détiennent ni le pouvoir et ni la majorité, les femmes, les Kurdes, les Alevis, les homosexuel·le·x·s, les pauvres, les jeunes, les immigré·e·x·s, les terroristes d’hier, le premier pas vers la respiration, l’écoute et la liberté est l’effondrement de l’ordre actuel. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car c’est peut-être la dernière chance pour nous, terroristes d’hier, qui avons déjà été emprisonné·e·x·s et contraint·e·x·s à l’exil pour nous être rebellé·e·x·s pendant des années, de revoir la lumière du jour dans le pays où nous sommes né·e·x·s.
SYRIE – Les forces kurdes se retirent des quartiers d’Achrafieh et de Cheikh Maqsoud, à Alep, conformément à l’accord signé entre les autorités kurdes et les autorités de Damas. On affirme que dorénavant, la sécurité des quartiers kurdes d’Alep sera assurée par les forces de sécurité intérieure (Asayîş) de l’administration autonome du Rojava
Les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), des YPJ et des YPG se sont retirés des quartiers d’Achrafieh et de Sheikh Maqsoud, dans la ville d’Alep, mettant en œuvre l’accord entre le Conseil général et les autorités de Damas.Hier, dans le cadre de l’accord, les autorités kurdes et syriennes avaient procédé à un échange de prisonniers de guerre. (146 membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) et des Unités de protection des femmes (YPJ) ont été libérés en échange de 97 membres du gouvernement de Damas.)Convoi militaire quittant AlepEn application de la sixième clause de l’accord, qui stipule que « les forces militaires se retireront avec leurs armes des quartiers à l’est de l’Euphrate », les forces militaires ont quitté les quartiers avec leur équipement et se sont déplacées à l’est de l’Euphrate.Les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection des femmes (YPJ) ont confirmé dans un communiqué leur retrait des quartiers d’Achrafieh et de Sheikh Maqsoud et ont annoncé que la tâche de sécuriser les quartiers a été confiée aux Forces de sécurité intérieure (Asayish).L’accord a été signé le 1er avril entre le Conseil général des quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh et les autorités de Damas, et il comprend 14 clauses. (ANHA)
SYRIE / ROJAVA – À l’occasion du 12e anniversaire de leur fondation, les Unités de protection des femmes (YPJ) ont déclaré que cet événement symbolisait la lutte pour la liberté et l’égalité. Elles ont souligné que la lutte des YPJ n’est pas une simple confrontation militaire, mais une bataille pour la justice, l’égalité et la liberté de tous. Des femmes de cultures et d’identités diverses continuent de rejoindre leurs rangs pour obtenir la liberté et la justice sociale.
« Cette résistance a renforcé non seulement la lutte pour la liberté du peuple et des femmes du Rojava, mais aussi la revendication de liberté sociale de tous les peuples et de toutes les femmes du monde. »Le Centre des médias des Unités de protection des femmes (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin, YPJ) a publié un communiqué marquant le 12e anniversaire de sa fondation, qui a coïncidé avec la naissance du leader kurde Abdullah Ocalan.Voici le communiqué des YPJ :Aujourd’hui, nous célébrons avec joie et fierté le 13e anniversaire de la fondation des Unités de protection des femmes (YPJ). Ce jour important coïncide également avec l’anniversaire du leader Abdullah Öcalan, devenu un symbole de la lutte pour l’égalité et la justice. Une fois de plus, nous rendons hommage à la force de la résistance et à la solidarité internationale.En ce grand jour, nous rendons hommage avec respect et gratitude à tous les martyres des Unités de protection des femmes (YPJ) et renouvelons notre engagement à poursuivre la lutte. Nos martyres ont sacrifié leur vie pour leur patrie et leur peuple avec un dévouement sans faille, et sont devenus des symboles du combat pour la liberté et l’indépendance. Leur plus bel héritage est le droit de vivre en liberté. Nos martyres sont notre force et notre dignité, et leur souvenir restera à jamais gravé dans nos cœurs.A cette occasion, nous saluons tous les courageux combattantes des Unités de Protection des Femmes (YPJ) et les combattantes internationales qui, depuis 2013, luttent avec fierté contre les forces terroristes et les occupants dans la bataille pour la liberté.Nous condamnons également fermement les attaques perpétrées le 27 mars 2024 par les éléments restants de l’EI, menées par Hayat Tahrir al-Sham sous prétexte de combattre le régime Baathiste. Ces attaques ont entraîné des massacres de civils innocents, en particulier contre notre peuple alaouite, ce qui constitue un crime humanitaire.Notre combat permanent est une lueur d’espoir pour les femmes syriennes et pour toutes les femmes du monde. Les Unités de protection des femmes (YPJ) défendent la liberté de tous les peuples et sont aujourd’hui devenues un symbole de force et d’inspiration pour les femmes, les peuples et l’humanité tout entière.Les Unités de protection des femmes (YPJ) ont été fondées en 2013 dans le cadre de la lutte des femmes pour la liberté au Rojava (Kurdistan occidental). En peu de temps, grâce à leur résistance contre Daech, leur voix s’est fait entendre dans le monde entier. Cette résistance unique contre la brutalité de Daech n’était pas seulement une guerre, mais aussi un combat pour la liberté, la dignité et l’identité des femmes. Les Unités de protection des femmes sont devenues un symbole de résistance non seulement au Rojava, mais dans le monde entier, nourrissant l’espoir et la volonté de liberté et d’égalité au sein des communautés.La lutte des Unités de protection des femmes (YPJ) s’appuie sur les idées du leader Abdullah Öcalan concernant la liberté, l’égalité, la démocratie et la liberté (…). Ce dernier croyait que la liberté des femmes ouvrirait la voie à la liberté de la société, et cette vision ne se limitait pas au Rojava, mais est devenue le fondement d’une lutte mondiale.Aujourd’hui, nous célébrons non seulement la résistance des Unités de protection des femmes contre Daech, mais aussi la liberté de pensée et l’égalité inculquées par le leader Abdullah Öcalan dans la marche des femmes vers la liberté. Ses idées sont devenues une force révolutionnaire pour les Unités de protection des femmes, rassemblant des femmes de cultures et d’identités différentes dans la lutte commune contre Daech, créant ainsi une unité forte pour une lutte collective.La lutte des Unités de protection des femmes ne s’est pas limitée à la lutte contre Daech, mais s’est également opposée au système mondial injuste. Ce combat, fondé sur les idées du leader Abdullah Öcalan, est devenu un héritage mondial pour toutes les femmes et tous les peuples en quête de liberté.Aujourd’hui, à l’occasion de l’anniversaire de la fondation des Unités de protection des femmes (YPJ), nous puisons notre force dans la résistance et la philosophie de liberté défendues par le leader Abdullah Öcalan, et nous poursuivons notre chemin vers la liberté, l’égalité et la justice avec plus de détermination. C’est avec cet esprit et cette foi que nous célébrons une fois de plus ce grand jour.La liberté des femmes est la liberté de tous les peuples. Le combat des Unités de protection des femmes n’est pas seulement un combat de femmes, mais un combat pour toute l’humanité. Ensemble, nous poursuivrons nos efforts avec une confiance accrue dans la voie de la solidarité internationale et, avec une foi inébranlable, nous célébrons une fois de plus l’anniversaire de la fondation des Unités de protection des femmes (YPJ) et l’anniversaire du leader Abdullah Öcalan pour toutes les femmes et tous les peuples. (ANHA)
SYRIE / ROJAVA – Une délégation composée de femmes venues du Canada, d’Espagne et de Catalogne a rencontré les Unités de protection des femmes (YPJ) et a discuté avec les dirigeantes des YPJ de la lutte des femmes combattantes, de l’approche du régime syrien et du concept d’extrémisme religieux ciblant les femmes.
La délégation, qui comprenait des responsables de défense des droits humains, de l’Union des femmes, l’Union pour les droits des travailleurs et les droits sociaux, une députée et plusieurs avocates, a visité le nord et l’est de la Syrie et a rencontré les unités de protection des femmes (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin, YPJ).La délégation a été reçue par Sozdar Dêrik, membre du commandement général du YPJ, ainsi que par des membres du Conseil militaire du YPJ, dont Destina Halab, la responsable de la sécurité Israa et le membre du Conseil arménien Talin.La délégation en visite a discuté de plusieurs questions, notamment de l’acquisition d’une meilleure compréhension des unités de protection des femmes, ainsi que de la lutte des femmes contre la domination patriarcale.« Les femmes se sentent libres grâce à la lutte »Sozdar Dêrik, membre du commandement général des YPJ accueillant la délégation, a déclaré : « Nous sommes en contact avec toutes les femmes et toutes les communautés de la région. En tant que femmes, nous souhaitons connaître toutes les communautés et leur faire connaître notre combat, qui inclut la défense des libertés des femmes et des droits des différentes nationalités. »« Nous ne permettrons pas que la Syrie devienne l’Afghanistan »La réunion s’est poursuivie par des discussions sur l’évolution de la situation en Syrie et la lutte des femmes contre l’extrémisme religieux. Suzdar Dêrik a déclaré à ce sujet : « En tant que femmes, nous nous opposons au fanatisme national et religieux. Nous rejetons la mentalité d’une nation, d’une religion, d’une langue, d’une idéologie et d’une secte. Le régime Baas a imposé une idéologie nationaliste au peuple, et le régime actuel applique la charia aux femmes. En Afghanistan, la charia est appliquée, et nous ne permettrons pas que la Syrie devienne un autre Afghanistan. Nous nous opposons à la charia et sommes convaincues que les nations démocratiques garantissent une vie paisible et sûre. »Sozdar Dêrik a conclu en réaffirmant son engagement à poursuivre son combat politique et militaire pour une société libre et égalitaire : « Nous souhaitons que toutes les femmes et toutes les communautés de la région débattent du modèle idéal pour la Syrie. Le Kongra et le Rassemblement des femmes de Zenobia déploient des efforts conjoints pour étudier la représentation des femmes dans la nouvelle constitution syrienne. Nous ferons tout notre possible pour protéger et préserver nos acquis. » (ANHA)
Les archives de 30 ans des chaînes de télévision kurdes, qui ont commencé à diffuser par satellite en contournant les interdictions de diffusion, vont être ouvertes au public via les sites et réseaux sociaux très prochainement.
Les archives de 30 ans des chaînes de télévision kurdes, qui ont fait connaître les Kurdes au monde et ont commencé à diffuser par satellite, surmontant les interdictions et les frontières [du Kurdistan colonisé], sont ouvertes au public via une plateforme médiatique virtuelle. L’ouverture des archives a été annoncée sur le site internet créé sous le nom de Kurd Archive par le communiqué suivant :
« Le trésor qui a attendu 30 ans est en train d’être ouvert
Les valeurs qui ont été préservées pendant des années par la radiodiffusion qui a fait connaître les Kurdes au monde et est entrée dans chaque foyer par satellite, transcendant les interdits et les frontières, sont désormais à nouveau parmi vous.
Les immenses archives créées par la télévision kurde et les images qu’elle a tournées et produites au cours de sa vie de diffusion sont ouvertes après une interruption de 30 ans.
Dans ce contexte, la priorité sera donnée aux programmes de la période de MED TV, la première chaîne de télévision par satellite kurde qui a commencé à émettre en 1995.
Ils seront ensuite suivis respectivement par les programmes de Medya TV et de ROJ TV.
Ces visuels, qui ont marqué une époque et contiennent de nombreuses « premières », incluent des œuvres sur de nombreux sujets allant de la musique à la politique, des programmes religieux à l’histoire.
Bien sûr, cela ne s’arrête pas là.
Toutes les études sur le peuple du Kurdistan, ses langues, ses structures ethniques, ses croyances, ses mariages et ses cérémonies, sa culture et ses journées spéciales seront également incluses dans le projet.
Le travail est réalisé par une équipe qui a contribué au travail en participant à toutes les périodes de diffusion de la télévision kurde.
Cette équipe expérimentée, qui mène une étude institutionnelle, a également déterminé le contenu du travail ainsi que le nom de l’étude : Kurd Archive.
À cette fin, des profils et des chaînes ont été créés sur YouTube et d’autres plateformes de médias sociaux et le partage a déjà commencé.
Bien que le contenu publié soit très coloré, un logo en noir et blanc a été préféré pour correspondre à l’essence de l’œuvre.
Nous fournissons certaines sections en scannant des images existantes. Mais nous ne manipulons certainement pas l’image. Il est diffusé tel qu’il a été tourné.
Le travail qui prendra de nombreuses années et nécessitera de grands efforts a été réfléchi de manière très approfondie et les mesures ont été prises en conséquence.
À cette fin, les questions juridiques et judiciaires ont été abordées en premier lieu et les droits de licence/privilège et de partage de tous les programmes et visuels ont été clarifiés.
[vous pouvez accéder accéder aux publications de Kurd Archive via les sites et comptes de médias sociaux suivants :
TURQUIE / KURDISTAN – Le procureur général de ŞIRNAK, qui a trouvé la chanson kurde « Şervano » « dangereuse », a exigé 10 mois de prison pour le chanteur Umut Botan qui l’a interprété en l’accusant de faire de la « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».
Une enquête a été ouverte par le parquet général de Şırnak pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » contre le chanteur Umut Botan (Reşit Çağlı), qui a chanté la chanson « Şervano » lors de la réunion publique organisée par le Parti de l’Egalite des Peuples et de la Démocratie (DEM) dans le district de Cizîr (Cizre) de Şirnex le 24 février 2024.
L’acte d’accusation préparé par le parquet a été accepté par la 2e Haute Cour pénale de Şırnak. Dans l’acte d’accusation, il était affirmé que la chanson « Şervano » était « propre à créer une perception de danger ». Dans l’acte d’accusation, il est allégué qu’Umut Botan « a chanté des chansons louant et défendant le PKK/KCK » lors de la réunion publique à la suite des preuves recueillies, et il a été déclaré que « le suspect a commis le crime dont il est accusé en prônant directement ou indirectement des crimes afin de provoquer la commission de crimes terroristes, en disant des messages dans un environnement public qui entraîneraient le risque de commettre un crime ou conduiraient au recrutement de membres de l’organisation, et par conséquent, il devrait être puni en vertu des articles qui correspondent à ses actes… »
Affirmant que la chanson ne pouvait pas être considérée comme relevant de la liberté d’expression et qu’elle contenait des éléments d’un délit de propagande, le parquet a requis que le chanteur soit condamné à 10 mois de prison pour « propagande pour une organisation terroriste [PKK] ».
Umut Botan, qui a été auditionné dans le cadre du dossier, a déclaré qu’il avait assisté à la réunion publique en tant que musicien et que la chanson n’était pas interdite. Le chanteur a déclaré : « Cette chanson est fréquemment jouée et chantée sur les réseaux sociaux et lors des mariages. C’est pourquoi je demande mon acquittement. »
Intolérance à la musique kurde
À propos de la condamnation, Botan a déclaré que celle-ci découlait de l’intolérance envers la musique kurde et a déclaré : « Nous sommes confrontés depuis des années à une attitude immuable envers les musiciens et artistes kurdes qui s’intéressent à la musique kurde. À ce stade, nous constatons une fois de plus avec cette décision qu’il est extrêmement aberrant de continuer à punir des musiciens et des artistes pour une chanson dans ce pays et qu’elle constitue toujours un exemple d’intolérance envers la culture et l’art kurdes. La chanson Shervano est également une chanson que toute la société écoute avec beaucoup d’espoir. Aucun musicien ni artiste ne peut rester indifférent à une chanson que la société a adoptée. Le fait que cette chanson soit considérée comme dangereuse est lié à la grande popularité et à la propriété de la société. » (Agence Mezopotamya)
L’ancien président du Sinn Féin, Gerry Adams a signé un communiqué avec plus de 200 dirigeants politiques internationaux, défenseurs des droits humains, militantes des droits des femmes, artistes, universitaires et journalistes, exhortant toutes les parties au conflit en Turquie à « prendre des mesures décisives vers une paix durable ».Dans un article du Andersonstown News, Adams écrit que le chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan est devenu une « voix pour la paix, un leader prêt à tendre la main à ses ennemis. Malgré des décennies d’incarcération, il a établi une feuille de route pour la paix qui engage le peuple kurde à la démocratie, à la liberté et à la tolérance, affirmant qu’il est temps de « faire taire les armes et de laisser parler les idées et la politique ».L’appel d’Öcalan fait suite à des mois de négociations récentes qui ont relancé les pourparlers de paix régionaux. Comme nous l’avons indiqué dans la lettre commune, la déclaration d’Öcalan marque un tournant pour la Turquie et le peuple kurde, visant à mettre fin à des décennies de conflit et à ouvrir la voie à une société démocratique. Cet appel représente une occasion cruciale d’apporter la stabilité en Turquie et au Moyen-Orient, de protéger les droits humains et de faciliter la réconciliation.Les négociations de l’Accord du Vendredi Saint soulignent l’importance de l’implication de tous les représentants politiques dans le processus et le caractère essentiel du dialogue. Comme dans notre propre situation et celle du Pays basque, de l’Afrique du Sud et d’autres conflits, la communauté internationale peut jouer un rôle très constructif en soutenant un accord politique et une issue pacifique. J’exhorte la communauté internationale à saisir cette opportunité. Un processus de paix réussi encouragerait grandement à intensifier les efforts dans d’autres parties de la région. »Je tiens à féliciter Abdullah Öcalan pour son leadership et sa vision et j’exhorte le gouvernement turc à le libérer ». (ANF)
TURQUIE / KURDISTAN – Depuis hier, une foule immense réunie à Urfa/Halfeti célèbre le Festival du 4 avril dédié au dirigeant kurde emprisonné sur l’île d’Imrali.
Le festival du 4 avril, organisé à Xelfetî pour marquer le 76e anniversaire du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan, se poursuit pour sa deuxième journée.
Un festival se déroule dans le quartier Helfetî (Halfeti) de Riha avec le slogan « Vers une société démocratique avec un leader libre » pour marquer le 76e anniversaire du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan. La première journée du Festival du 4 avril, qui a débuté hier au Parc du 4 avril, a été marquée par des discours, une marche aux flambeaux et un concert de musique.
Le festival a commencé le matin du deuxième jour. La foule, composée en majorité de jeunes et de femmes, a commencé à arriver sur la place du festival aux premières heures du matin. Dans le cadre du programme d’aujourd’hui, la foule marchré vers le quartier d’Amara, où est né Abdullah Öcalan, sous la direction du Mouvement des femmes libres (Tevgera Jinên Azad-TJA).
Le départ de la marche est prévu à 13 heures. (Agence Mezopotamya)
SYRIE / ROJAVA – Le 4 avril 2013, les unités de protection des femmes (YPJ) étaient formées par les femmes kurdes du Rojava et la lutte héroïque de ses combattantes face à l’Etat islamique (EI / DAECH) et d’autres organisations terroristes – dont ceux de la Turquie – qui ont envahi la Syrie suscitait l’admiration à travers le monde. Hier, les combattantes des YPJ ont célébré leur 12e année d’existence à Hassaké devant une foule immense.
Cérémonie officielle des YPJ à Hassaké
Le 4 avril 2013, les unités de protection des femmes de l’YPJ ont annoncé leur création, et après la tenue de la première conférence, ses premières brigades ont été formées. Il s’agit de la brigade des martyrs Ruken dans le district de Janders dans le canton d’Afrin, tandis que la brigade Adalat a été formée dans la ville de Qamishlo, et la brigade de Tigre a été formée à Kobanê. Aujourd’hui, les YPJ poursuivent leur mission de la protection des femmes et des acquis des peuples de la Syrie du Nord et de l’Est contre les tentatives des groupes armés obscurantistes soutenus par des pays fascistes du Moyen-Orient.
Des combattantes de YPJ en tenue de camouflageCélébrations du 12e anniversaire de la fondation des YPJ
Les Unités de défense des femmes (YPJ) ont organisé aujourd’hui une cérémonie militaire dans la ville de Hassaké pour marquer son 12e anniversaire et l’anniversaire du leader kurde Abdullah Öcalan.
La cérémonie, qui s’est tenue au centre Serdem de Hassaké, au nord-est de la Syrie, a réuni des commandantes et des combattantes des YPJ, ainsi que des représentantes d’organisations de femmes de la ville. La salle était décorée de photographies du leader kurde Abdullah Öcalan et des femmes qui ont perdu la vie en luttant pour la liberté, ainsi que des drapeaux des YPJ.
« Les YPJ sont devenues l’identité de toutes les femmes »
Après la cérémonie militaire et une minute de silence en mémoire de celles qui ont perdu la vie dans la lutte pour la liberté, la commandante des YPJ, Newroz Ehmed, a prononcé un discours. « Nous avons construit nos forces de défense grâce à la pensée et à l’idéologie du leader Apo. Les YPJ sont devenues une armée, une force féminine. Les YPJ ont combattu et vaincu Daech. La récente résistance des YPJ sur le barrage de Tishreen et le pont de Qereqozax montre au monde que personne ne peut briser la volonté des femmes libres. Les combattantes des YPJ luttent contre les envahisseurs de toutes leurs forces et de toute leur volonté. Les YPJ sont devenues l’identité de toutes les femmes. Nous assurerons la liberté physique du leader Apo par notre force et notre combat et soutiendrons son appel historique à la paix et à la société démocratique », a-t-elle déclaré.
TURQUIE / KURDISTAN – Les participants de la marche organisée par des militants kurdes ont été attaqués par des gendarmes turcs avec des canons à eau et du gaz lacrymogène à l’entrée d’Halfeti, dans la province d’Urfa.
L’Assemblée des jeunes du Parti pour l’égalité et la démocratie des peuples (DEM) organise une marche d’Amed (Diyarbakır) à Amara, ville natale d’Abdullah Öcalan, dans le district de Halfeti, province d’Urfa. Cette action s’inscrit dans le cadre des célébrations du 76e anniversaire du leader kurde. La marche, organisée sous le slogan « Nous marchons vers la liberté avec une société démocratique », a débuté à Amed le 1er avril et se terminera à Amara le 4 avril, jour de l’anniversaire d’Öcalan.Les militants sont arrivés hier soir dans le district de Suruç et y ont passé la nuit.Tôt ce matin, les militants ont marché vers le centre culturel Amara, lieu d’un massacre perpétré par l’EI le 20 juillet 2015.L’attentat suicide dans le district de Suruç s’est produit alors qu’environ 300 volontaires socialistes s’étaient rassemblés au Centre culturel Amara à la demande de la Fédération des associations de jeunesse socialiste (SGDF) pour tenir une conférence de presse avant leur départ pour Kobanê. Ce voyage prévu dans le nord de la Syrie se voulait un acte de solidarité. Les jeunes souhaitaient apporter des jouets et de l’aide humanitaire à la ville détruite par l’EI. Trente-trois d’entre eux ont perdu la vie et plus de cent autres ont été blessés.Dans un communiqué de presse, les militants ont rendu hommage aux victimes du massacre en scandant « Şehid namirin » [Les martyrs sont immortels].Özgür Garipsaz, membre de l’Assemblée des jeunes du Congrès démocratique des peuples (HDK), a salué les militants socialistes qui sont tombés martyrs lors de l’attaque et a déclaré que les attaques contre le SGDF se poursuivent encore aujourd’hui.Doğukan Mağol, membre des Communes de la Jeunesse, a déclaré qu’avec le massacre de Suruç, la Turquie a tenté de provoquer à la fois la solidarité internationale et le processus de résolution en cours à l’époque.Mağol a déclaré : « L’État poursuit aujourd’hui ses provocations au barrage de Tishrin. Nous appelons l’État à y renoncer. La lutte se poursuit aujourd’hui à Zap et Tishrin. »Les militants se sont ensuite rendus à Halfeti, où des milliers de personnes assistent à un festival pour célébrer l’anniversaire d’Öcalan.La gendarmerie (police militaire) a dressé une barricade à l’entrée de Halfeti et a empêché le passage des véhicules.Après des heures d’obstruction, la gendarmerie a attaqué les militants avec des canons à eau et des bombes lacrymogènes.La foule a répondu à l’attaque en se tenant épaule contre épaule, en scandant des slogans et en chantant des chansons.Alors que l’obstruction continue, des masses ont commencé à marcher vers le centre du district. (ANF)