TURQUIE. Un rapport documente la censure de la langue kurde dans l’espace public

TURQUIE / KURDISTAN – Le plus grand nombre de restrictions ciblant la langue kurde a été observé dans les domaines des médias, de la culture et des arts. Ce rapport, préparé par Kurdish Monitoring – la plateforme de suivi et de reporting sur les droits linguistiques kurdes – révèle 24 incidents distincts de restrictions à l’usage du kurde dans l’espace public, les médias, les domaines culturels et artistiques, et les prisons au cours du premier trimestre 2025. Kurdish Monitoring observe et signale les violations des droits linguistiques kurdes et informe le public. Ces incidents mettent une fois de plus en évidence les pressions auxquelles les Kurdes sont confrontés dans la vie sociale. Répartition des restrictions par catégorie : Espace public : 5 cas • Médias : 8 cas • Culture et Arts : 7 cas • Prisons : 4 cas Les restrictions les plus nombreuses ont concerné les médias, la culture et les arts. L’accès à des médias tels que l’agence Mezopotamya et JINNEWS, entre autres, a été bloqué. Lorsque les pages en turc de ces médias sont censurées, leurs sections en kurde hébergées sous les mêmes noms de domaine sont également affectées. De plus, les artistes et universitaires kurdes ont subi d’importantes pressions. Les détails incluent : • Le slogan « Jin, Jiyan, Azadî (femme, vie, liberté) » étant délibérément exclue du procès-verbal officiel de l’Assemblée générale du Parlement • Interdiction des banderoles kurdes ou retrait forcé de ces matériels • Annulation des concerts kurdes et sanction des artistes impliqués • Interdiction de parler kurde ou d’envoyer/recevoir des lettres en kurde dans les prisons • Suspension des comptes diffusant en kurde sur les plateformes médiatiques Tous ces incidents témoignent d’une répression systématique des Kurdes dans l’espace public.  Cliquez pour lire le rapport complet Bianet

TURQUIE. Tollé contre un maire CHP pour ses propos anti-arméniens

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TURQUIE – Le maire CHP de Bolu connu pour ses propos racistes, Tanju Özcan a provoqué la colère cette fois-ci en s’en prenant au chef de la guérilla kurde qu’il a qualifié d’« Arménien » de manière désobligeante. Tanju Özcan, maire de Bolu, dans le nord-ouest de la Turquie et membre du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a été critiqué pour avoir tenu des propos désobligeants à l’encontre des Arméniens. Dans une publication sur les réseaux sociaux publiée le 5 avril, Özcan a qualifié Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),  d’« Arménien », employant ce terme de manière péjorative. Dans sa publication sur l’anniversaire d’Öcalan, qui comportait plusieurs fautes de grammaire, Özcan a écrit : « Si seulement ton père arménien avait été deux secondes plus rapide, tu ne serais pas né, Öcalan ! J’espère que c’est ton dernier anniversaire, traître. » Le message a suscité une vague de réactions mitigées en ligne. Si certains utilisateurs ont salué la position d’Özcan, d’autres l’ont condamné, le qualifiant de raciste.  En réponse aux critiques, Özcan a réitéré sa colère avec un autre message : « Amis et sympathisants du PKK, ne commentez pas mes publications. La Turquie appartient à ceux qui disent : « Heureux celui qui se dit Turc ! » »

« C’est du racisme pur et simple »

Luys Medya, un média arménien, a publié une déclaration ferme condamnant le maire : En tant qu’Arméniens, l’un des peuples les plus anciens de ce pays, nous sommes profondément attristés et indignés par le message raciste et haineux publié par le maire de Bolu, M. Tanju Özcan. Le mot « Arménien » ne peut être utilisé comme une insulte. Ces discours ne peuvent être justifiés par la politique ou la liberté d’expression. Il s’agit d’un racisme flagrant, d’un crime de haine et d’une atteinte manifeste à la dignité humaine. Nous, Arméniens, vivons sur cette terre depuis des siècles. Nos joies, nos peines et nos espoirs sont indissociables de ceux de tous les autres citoyens de notre patrie. Nous faisons partie de ce pays par notre travail et nos contributions. Aujourd’hui comme hier, nous aspirons à coexister dans la paix et la dignité. Nous refusons d’être traités comme des « étrangers » et des « autres » par de tels discours. Utiliser l’identité arménienne comme une insulte de la part d’une autorité censée représenter tous les segments de la société ne fait qu’encourager la discrimination, les discours de haine et l’hostilité. Nous condamnons M. Özcan pour ces propos haineux et l’exhortons à reconsidérer ses propos. Le célèbre rappeur Ezhel a également condamné Özcan sur les réseaux sociaux, critiquant le CHP pour son inaction disciplinaire. « Quiconque insulte un peuple, une communauté ou une race ne peut insulter personne, surtout en se cachant derrière mon identité turque ! », a écrit Ezhel.

Des critiques de longue date

Özcan est depuis longtemps critiqué pour ses propos incendiaires, notamment à l’encontre des réfugiés. En 2021, le conseil municipal de Bolu a adopté une motion, soutenue par Özcan, visant à augmenter drastiquement les tarifs de l’eau pour les résidents étrangers. Cette réglementation a ensuite été annulée par un tribunal administratif. En 2022, l’adhésion d’Özcan au parti a été suspendue pour un an en raison de propos sexistes tenus à l’encontre d’une femme portant le foulard. Il a été exclu du CHP en 2023, mais a été réintégré avant les élections locales de 2024 et a été réélu. Plus tôt cette année, Özcan a publiquement admis avoir illégalement révoqué des licences commerciales détenues par des réfugiés et imposé des tarifs d’eau plus élevés aux étrangers. Suite à ses propos, le parquet de Bolu a ouvert une enquête pénale à son encontre. Malgré cette enquête, Özcan a maintenu ses propos. (Bianet)

TURQUIE. Comment contrôler la dictature ?

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Par Ragip Duran
L’arrestation le 19 mars du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal rival du Président Erdogan pour les élections de 2028 a eu un effet boomerang contre le régime du Palais. Les grands meetings politiques avec la participation de millions de citoyens mécontents n’ont pas été bien accueillis par le pouvoir. « Vous semez le désordre », « Vous êtes tous des vauriens!», « La loi vous punira! », « La rue n’est pas l’endroit de l’expression démocratique », disent les porte-paroles d’Erdogan.
 
La principale formation de l’opposition, le CHP (Parti Républicain du Peuple, fondé par Atatürk) organise l’ensemble des actions pour affaiblir le pouvoir, désire l’organisation des élections anticipées. Ce parti a pris la décision d’organiser un grand meeting tous les samedis dans différentes villes d’Anatolie.
 
Par ailleurs, le président Ozgur Ozel du CHP a réussi à organiser un mouvement de boycott le 2 avril dernier contre les sociétés proche d’Erdogan. Plus de 70% des citoyens ont participé au boycott selon le CHP. Paradoxe actuel, la majorité des citoyens n’ont plus désormais assez d’argent pour faire des achats même les plus élémentaires.
 
Ce boycott a bien touché la cible : Erdogan lui-même et plusieurs autres représentants du pouvoir ont violemment critiqué ce mouvement de masse: « Vous voulez détruire l’économie turque! », « Vous désirez voir les petits et grands commerçants faire faillite! », « Vous serez sanctionnés! », ont-ils rétroqué.
 
Les appels au boycott prononcés par Erdogan, quand il était dans l’opposition, c’est-à-dire avant 2002, circulent sur les réseaux sociaux.
 
Les procureurs du régime ont ouvert une information contre plus de 50 personnes qui, sur la Toile, appelait au boycott, y compris des actrices et acteurs des séries télévisées populaires.
 
Ce boycott d’une seule journée contre plus de 30 sociétés dont les noms ont été annoncés par le CHP peut être repris dans les jours à venir.
 
Plusieurs autres méthodes de lutte contre la dictature, des actions de désobéissance civile sont à l’ordre du jour de l’opposition. Par exemple la Grève Générale. Cette option n’est pas, selon la majorité de la classe politique, réaliste et faisable, car la classe ouvrière turque n’a pas une culture et tradition de grève et de plus une partie des travailleurs est sous le contrôle des syndicats pro-Erdogan.
 
Certains parlent d’un boycott des impôts, mais la grande partie des milieux d’affaires ont peur de s’opposer contre le régime. Car ce dernier peut très facilement nommer un administrateur à la place des PDG de ces sociétés et holdings.
 
Erdogan, qui voit la montée du mécontentement, essaie maintenant de diviser le front de l’opposition. Il continue à donner de l’espoir aux Kurdes au sujet de la soi-disant solution pacifique du problème kurde. Ces deux ailes de l’opposition, à savoir les Turcs de l’opposition et les Kurdes, n’arrivent toujours pas à réunir leurs forces et énergies contre le régime. L’anti-kurdisme d’une grande partie des Turcs et le nationalisme pro-Ocalan [sic!] des Kurdes obligent ces deux forces à se tenir loin l’un de l’autre.
 
Enfin, le débat sur la vraie nature du régime d’Erdogan commence à être plus clair. Des idéologues, théoriciens de rue parlent « d’une démocratie illibérale » ou bien d’une avancée « vers une autocratie non-compétitive », c’est-à-dire de type Poutine. Plusieurs représentants de l’opposition admettent enfin qu’il s’agit d’une dictature pure et dure et que l’existence théorique de la probabilité de l’organisation des élections n’est pas du tout un acquis déterminant. « Il ne sert à rien aujourd’hui de parler de la loi, du droit, de la Constitution voire des élections. Car ces piliers de la démocratie n’existent plus en Turquie depuis longtemps. La démocratie turque n’est pas malade. Car les morts ne tombent jamais malades », estime le Prof. Cengiz Aktar, de l’Université d’Athènes.
 
Ragip Duran, TVXS, 7 avril 2025

Comment les tensions israélo-turques affectent-elles la Syrie et les Kurdes ?

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SYRIE / ROJAVA – Bedran Ciya Kurd a déclaré que la politique expansionniste de la Turquie alarmait non seulement Israël mais aussi la Syrie et les Kurdes.
Bedran Chiya Kurd
Une nouvelle réalité géopolitique se dessine au Moyen-Orient. Les tensions entre la Turquie et Israël non seulement pèsent sur les relations bilatérales, mais affectent aussi profondément l’équilibre régional, notamment en Syrie. Bedran Chiya Kurd, conseiller auprès de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), a répondu aux questions de l’ANF concernant les plans militaires de la Turquie en Syrie, les interventions israéliennes, l’impact de ces développements sur la région, et la place de l’Administration autonome démocratique et des Kurdes dans cette équation en évolution. De graves tensions diplomatiques ont récemment éclaté entre Israël et la Turquie. Comment, en tant que représentants du nord et de l’est de la Syrie, évaluez-vous cette crise ? La Syrie occupe une position géopolitique importante au Moyen-Orient. C’est pourquoi les puissances régionales et mondiales tentent de s’y implanter de diverses manières : pour protéger leurs intérêts et utiliser la région comme un point d’influence stratégique. Par le passé, la Syrie était fragmentée entre plusieurs puissances régionales et internationales. Ces puissances opéraient sur tout le territoire syrien pour mettre en œuvre leurs propres projets et apporter des changements dans la région. Cependant, avec l’effondrement du régime Baas, la situation a radicalement changé et l’ancien équilibre des pouvoirs, en place depuis des années, a été bouleversé. Les puissances régionales ont joué un rôle majeur dans ce processus. Aujourd’hui, compte tenu des évolutions sur le terrain et des changements politiques plus larges, les puissances influentes en Syrie tentent d’imposer un nouvel équilibre géographique et politique dans la région. La Turquie est l’une de ces puissances, cherchant à imposer sa présence et son influence politiques, militaires et économiques en Syrie. Elle tente également d’asseoir sa domination sur le prétendu gouvernement intérimaire syrien. Cet activisme agressif de la Turquie affecte directement les opinions et les intérêts des autres États de la région, dont Israël. Israël perçoit l’expansion régionale excessive de la Turquie comme une menace pour sa propre sécurité d’un point de vue militaire. Par le passé, il a essuyé plusieurs revers de la part du Hamas et du Hezbollah. Israël souhaite que la Syrie reste faible et fragmentée. Il ne se contente pas de désarmer le pays ; il refuse qu’un quelconque acteur ou groupe militaire, et en particulier la Turquie, y gagne en puissance. En effet, la Turquie est le principal soutien du gouvernement intérimaire syrien et fournit aide et soutien aux groupes islamistes politiques et salafistes. Israël considère l’islam politique, sous toutes ses formes, comme une menace sérieuse pour sa sécurité nationale. C’est pourquoi il ne tolère pas la présence d’une force islamiste politique forte et organisée en Syrie. De plus, les États arabes sont également mécontents de l’expansion et du renforcement de l’influence des groupes islamistes et de la Turquie en Syrie. Il paraît que la Turquie envisage d’établir de nouvelles bases militaires en plus de celles déjà existantes en Syrie. Quelles informations concrètes avez-vous à ce sujet ? Des informations confirmées indiquent que la Turquie envisage d’établir de nouvelles bases militaires en Syrie. Ces bases devraient être construites plus profondément à l’intérieur du territoire syrien, dans le but d’asseoir sa domination sur l’ensemble du territoire syrien. Cette initiative vise à contrôler des axes routiers vitaux et des projets économiques dans lesquels la Syrie, en tant qu’État central, devrait jouer un rôle clé. La Turquie a déjà déployé de nombreux spécialistes et du matériel militaire dans plusieurs régions syriennes, notamment Hama et Tadmor. Ces déploiements s’inscrivent dans le cadre des préparatifs en vue de la construction de bases militaires dotées d’un armement sophistiqué et diversifié. Il ne fait aucun doute que cela s’inscrira dans le cadre du soutien militaire plus large de la Turquie aux groupes aux idéologies islamistes, qui contrôlent actuellement une grande partie du territoire syrien. Compte tenu des récents développements régionaux, cette politique ne bénéficie ni de reconnaissance ni de légitimité au niveau international. Israël a mené des frappes aériennes sur des zones où la Turquie envisagerait d’établir de nouvelles bases militaires. Comment interprétez-vous le timing de ces attaques ? Quel message est envoyé à la Turquie ? Les récentes attaques militaires israéliennes contre la Syrie, il y a quelques jours, visaient à limiter l’influence de la Turquie dans le pays. La Turquie poursuit diverses stratégies pour étendre sa présence en Syrie. Elle cherche à renforcer son rôle militaire et de renseignement par des accords avec le gouvernement syrien de Damas et à façonner la formation d’une nouvelle armée syrienne grâce à l’implication de conseillers militaires experts. La Turquie est entrée à Damas avec une importante présence militaire et sécuritaire, et a étendu son influence de manière excessive afin d’imposer sa présence et son contrôle sur les questions sécuritaires en Syrie. Cela reflète sans aucun doute la volonté de la Turquie d’établir une forte présence économique par le biais d’entreprises et d’investissements, afin de tirer profit des ressources de la Syrie et d’engager le processus de reconstruction. La présence et l’influence croissante de la Turquie constituent une menace sérieuse pour la région en général, et pour Israël en particulier. Israël ne permettra pas à d’autres pays de s’implanter près de ses frontières ni de prendre le contrôle des riches ressources de la Syrie. Israël a joué un rôle clé dans l’effondrement du régime d’Assad en vainquant les forces du Hezbollah au Liban et en limitant l’influence de l’Iran. C’est pourquoi il ne permettra pas à la Turquie d’étendre son influence à la place de l’Iran, car les dangers que représente la Turquie pour le Moyen-Orient et la sécurité d’Israël ne sont pas moins graves que ceux que représente l’Iran. Israël a fait des déclarations par le passé et récemment, suggérant qu’il soutiendrait les Kurdes. Que pensez-vous de la politique d’Israël envers les Kurdes ? En tant qu’Administration autonome et forces kurdes, nous saluons toute puissance régionale ou internationale qui contribue à la stabilité de la Syrie et de la région, accélère la voie vers une solution politique en Syrie et empêche la division et l’escalade des tensions. Comment les tensions entre la Turquie et Israël affecteront-elles le nord et l’est de la Syrie ? Comment évaluez-vous votre position au regard de l’équilibre régional ? Les tensions qui se développent en Syrie affectent directement tous les peuples et toutes les régions du pays, y compris nous-mêmes. Même si nous protégeons nos zones par divers moyens directs et indirects, l’instabilité en Syrie aura inévitablement un impact sur notre propre sécurité et notre stabilité. Nous souhaitons que les puissances internationales présentes en Syrie agissent comme des forces de stabilité. Elles ne doivent pas faire de la Syrie un champ de bataille pour résoudre leurs propres rivalités, ni un espace d’exploitation des ressources de la région au détriment du sang syrien. Les puissances régionales doivent respecter la souveraineté de la Syrie, se retirer de son territoire et s’abstenir de toute ingérence dans ses affaires intérieures. Le peuple syrien est capable de trouver un terrain d’entente et de résoudre ses différends par le dialogue et un engagement constructif. Par conséquent, les pays voisins de la Syrie, et en particulier la Turquie, doivent cesser toute ingérence dans les affaires intérieures du pays. De telles ingérences négatives ne font que compliquer davantage la situation, nous éloigner d’une solution et prolonger le processus de résolution. C’est pourquoi toute véritable solution en Syrie doit commencer par le retrait militaire de la Turquie et la fin de ses interventions dans les affaires politiques et intérieures du pays. En tant qu’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, quelle position diplomatique adoptez-vous face aux tensions israélo-turques ? Dans le nord et l’est de la Syrie, nous nous considérons comme une force nationale essentielle dans la recherche d’une solution nationale. Par le passé comme aujourd’hui, nous avons présenté de nombreuses propositions pour une solution politique globale et durable en Syrie. Cependant, les forces actuellement au contrôle de Damas, hier comme aujourd’hui, n’ont manifesté aucune volonté de s’engager dans une solution et ont ignoré nos propositions. Aujourd’hui, les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui représentent la région du nord et de l’est de la Syrie tant sur le plan politique que militaire, peuvent servir de pilier central pour promouvoir la stabilité et la sécurité dans toute la Syrie. C’est pourquoi nous appelons toutes les composantes de la Syrie et le peuple syrien dans son ensemble à participer à l’élaboration d’un dialogue national global. Nous sommes convaincus que ce dialogue posera les bases d’une solution durable dans le pays et qu’aucune autre approche ne saurait réussir. Comment la rivalité entre Israël et la Turquie affectera-t-elle leurs relations avec les autres acteurs de la région, tels que l’Iran, la Russie, les États-Unis et les pays arabes ? Chaque conflit et chaque escalade dans la région, en particulier entre la Turquie et Israël, pousseront tous les acteurs à rechercher des opportunités pour étendre leur présence et protéger leurs intérêts en Syrie. Il ne fait aucun doute que tout cela se fera au détriment de la sécurité et du bien-être du peuple syrien. Ces évolutions ouvriront la voie à une nouvelle instabilité, provoqueront de nouvelles vagues de déplacements et retarderont la recherche d’une solution politique globale dans le pays. Aujourd’hui, l’influence de la Russie est plus faible qu’autrefois ; cependant, elle pourrait tenter de reprendre pied en Syrie en renforçant ses liens avec Israël, en réduisant ses confrontations avec les États-Unis et en poursuivant un rapprochement prudent avec Damas. L’Iran a été le pays le plus touché par les récents changements en Syrie, et son influence dans le pays a considérablement diminué. L’Iran est désormais confronté à plusieurs autres défis au-delà de la crise syrienne, et il est probable qu’il saisira la moindre occasion ou moment de faiblesse pour réaffirmer sa présence en Syrie, dont la géographie lui paraît stratégique. Parallèlement, de nombreux pays européens s’opposent à toute présence iranienne en Syrie. Cependant, ils perçoivent également l’influence croissante de la Turquie avec la même inquiétude. C’est pourquoi ils pourraient chercher à préserver leurs intérêts en s’alignant sur les États-Unis et Israël. Comment voyez-vous l’avenir des relations entre la Turquie et Israël ? Comment cette rivalité pourrait-elle évoluer dans les années à venir ? La situation en Syrie – et le changement de régime à Damas – a eu un impact profond sur la région et le monde entier. Compte tenu de sa position géopolitique stratégique au Moyen-Orient, la Syrie joue un rôle clé dans la dynamique régionale et mondiale. Si l’instabilité et le chaos en Syrie continuent de s’aggraver, cela affectera inévitablement les pays voisins et remodelera l’équilibre des pouvoirs dans la région. Par conséquent, des solutions durables doivent être trouvées en Syrie pour préserver la stabilité et la sécurité de la région. Les tensions persistantes entre Israël et la Turquie auront un impact significatif sur la Syrie. La stratégie politique actuelle de la Turquie en Syrie exacerbe les contradictions. Son hostilité envers les Kurdes et l’Administration autonome, ses attaques répétées contre nos régions et son ambition plus large d’expansion sur l’ensemble du territoire syrien ont ouvert la voie à une nouvelle confrontation avec Israël. Si la Turquie persiste à imposer son hégémonie et maintient son soutien politique et militaire à l’islam politique, ces tensions pourraient s’étendre à une zone géographique bien plus vaste. C’est pourquoi la résolution du conflit et l’apaisement des tensions nécessiteront un retrait total et inconditionnel de la Turquie du territoire syrien et la cessation de toute ingérence dans les affaires intérieures du pays. En conclusion, il apparaît de plus en plus évident que le Moyen-Orient entre dans une période de transformation, et la communauté internationale recherche des solutions durables et stables dans la région. Cette volonté est portée par le soutien des grandes puissances et la volonté de lancer des projets économiques de grande envergure. Cependant, ces efforts seront voués à l’échec face à la concurrence régionale et aux ambitions expansionnistes de la Turquie envers des pays d’importance stratégique comme la Syrie, l’Irak et le Liban. Suite à un éventuel cessez-le-feu en Ukraine, l’évolution des rapports de force mondiaux pourrait limiter davantage la capacité d’intervention de la Turquie dans l’est de la Syrie, ses ambitions étant de plus en plus perçues comme une menace pour les intérêts des puissances régionales et mondiales. (ANF)

Paris accueille la 4e édition du festival des films kurdes

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PARIS – Le film, La Vierge à l’Enfant de la cinéaste Binevşa Berîvan sera projeté demain soir en ouverture du Festival des Films Kurdes de Paris (FFKP) qui retrouve les cinéphiles pour sa quatrième édition qui a lieu du 8 au 11 avril 2025, au Centre Wallonie-Bruxelles, à Paris. (La soirée d’ouverture du FFKP est accessible uniquement aux personnes ayant reçu une invitation.)
 
 
La quatrième édition du Festival des Films Kurdes de Paris (FFKP) aura lieu du 8 au 11 avril 2025, au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris. Les organisateurs du festival nous promettent des beaux moments cinématographiques avec des dizaines de films en tout genre (fictions, documentaires, courts et longs métrages…) en présence de réalisatrices et de réalisateurs invité.e.s.
 
    Voici le programme du Festival des Films Kurdes de Paris (en kurde: Festîvala Fîlmên Kurdî ya Parîsê)
Mardi 8 avril 2025 à 19h00
 
La Vierge à l’Enfant
Binevşa BERÎVAN
Fiction / 2025 / long métrage
 
Synopsis
Tout juste rescapée de l’enfer de Daech, Avesta, jeune Yézidie kurde débarque à Bruxelles et n’a qu’une chose en tête : se venger de l’homme qui l’a réduite en esclavage. Entre une quête effrénée de justice qui la pousse à revenir sur les souffrances qu’elle a subies et l’obligation d’être mère d’un enfant non désiré, Avesta tente de se faire entendre, à tout prix.
Séance suivie d’un débat avec la réalisatrices et les actrices du film
 
 
Mercredi 9 avril 2025 à 17h
 
Transient Happines (Bonheurs éphémères)
De Sina Mohammed
Fiction / 2023 / long métrage
 
Mercredi 9 avril 2025 à 20h
 
When the Walnut Leaves Turn Yellow (Quand les feuilles du noyer jaunissent)
Mehmet Ali Konar
Fiction / 2024 / long métrage
 
Synopsis
 
Civan, un jeune père gravement malade, tente d’enseigner à son fils Feyzi comment gérer sa vie et subvenir à ses besoins après sa mort, sans jamais lui révéler qu’il est en train de mourir. Alors que le petit Feyzi essaie de comprendre ce qui se passe, les conflits politiques, les interdictions, les disparitions et les morts qui frappent leurs proches et leurs voisins transforment leur quotidien en véritable enfer. Une histoire bouleversante entre un père et son fils, dans un Kurdistan turc ravagé par la guerre.
Séance suivie d’un débat avec le réalisateur et l’acteur du film Korkmaz Arslan
 
Jeudi 10 avril 2025 à 17h
 
 
Winners (Les Gagnantes)
De Soleen Yusef
Fiction / 2025 / long métrage
Synopsis : Mona, 11 ans, et sa famille kurde ont fui la Syrie pour s’installer à Berlin. Tout est différent ici, et Mona regrette sa maison, ses amis du football de rue et surtout sa tante Helin. Lorsqu’un enseignant repère son talent pour le football et l’intègre à l’équipe féminine, Mona se heurte à de nouveaux défis. Rejetée par ses coéquipières et confrontée aux difficultés de l’intégration, elle découvre qu’elles ne peuvent gagner qu’en jouant ensemble.
 
Jeudi 10 avril 2025 à 20h
 
Toutes les vies de Kojin
De Diako Yazdani
Documentaire / 2019
Toutes les vies de Kojin est un documentaire puissant qui interroge la place de l’homosexualité au sein de la société kurde irakienne. Kurde iranien et réfugié politique en France, le réalisateur retourne voir sa famille au Kurdistan irakien et leur présente Kojin, un jeune homme homosexuel de 23 ans. Issus de la classe moyenne et profondément religieux, ses proches réagissent à cette rencontre, mettant en lumière une réalité où l’homosexualité est niée ou réprimée.
 
Vendredi 11 avril 2025 à 14h
 
Le vendredi 11 avril 2025, le Festival des Films Kurdes commencera la journée pour une séance de Court-Métrages à 14h
 
Avec :
 
Garan
De Mahsum Taskin
Court-Métrage / 2024
 
Home Made (Fait maison)
De Rojda Ezgi Oral
Court-Métrage / 2024
 
There was tree in our house (Il y avait un arbre dans notre maison)
De Miral KILO
Court-Métrage / 2024
 
Duvar (Mur)
De Yusuf ÖLMEZ
Court-Métrage / 2023
 
Synopsis:
 
Murat est un ouvrier du bâtiment consciencieux, engagé dans la construction d’un gigantesque mur pour un patron que personne parmi les ouvriers n’a jamais vu. Après le départ de son collègue Ali et son transfert de l’autre côté du mur sur ordre de Yavuz, le bras droit du patron, Murat sombre peu à peu dans une spirale de tension. Cette situation le pousse à vouloir affronter l’inconnu : l’homme pour qui il construit ce mur.
 
Zerya
De Zagros ÇETİNKAYA
Court-Métrage / 2023
 
Les mots qui restent
Jowan ROUSSEAU
Court-Métrage / 2025
 
Vendredi 11 avril 2025 à 17h
 
Daughters of the Sun (Les filles du Soleil)
De Reber DOSKY
Documentaire / 2025
 
Vendredi 11 avril 2025 à 20h
 
A Happy Day (Un jour heureux)
De Hisham ZAMAN
Fiction / 2023 / Long-métrage

Billeterie sur place :

Centre Wallonie-Bruxelles
46 Rue Quincampoix
75004 Paris
Mail: info@ ffkp.fr Site: https://www.ffkp.fr/ Instagram :https://www.instagram.com/festivalfilmskurdesdeparis/ Facebook : https://www.facebook.com/festivalfilmskurdesparis/ Twitter : https://twitter.com/FilmsKurdes

IRAK. Une jeune femme découvre qu’elle est une survivante du génocide kurde le jour de son mariage

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IRAK – Le monde de Barraa a basculé le jour de son mariage lorsqu’elle a découvert qu’elle était adoptée. Ses vrais parents sont kurdes, et son histoire est un reflet poignant du génocide kurde d’al-Anfal*.
 
« N’oubliez jamais que tous les Kurdes « irakiens » sont des survivants du génocide : plus de 150 000 Kurdes sont toujours portés disparus », écrit l’activiste kurde qui signe sous le nom d’Hemdad Mehristani.
 
Une fille perdue d’Anfal
 
Née en 1988 dans un hôpital de Khurmato, la mère de Barraa, une Kurde enceinte, a été emprisonnée pendant la campagne d’Anfal en Irak. Après avoir accouché, Barraa a été séparée de sa mère, qui a été renvoyée au camp de concentration, sans jamais revoir son enfant.
 
Une adoption secrète
 
Barraa a été adoptée en secret par une infirmière turkmène irakienne qui affirme avoir risqué sa vie pour sauver le nouveau-né. Sans son intervention, Barraa n’aurait peut-être pas survécu.
 
La douleur de l’incertitude
 
Bien que Barraa aime ses parents adoptifs, elle se sent émotionnellement dévastée, incapable de trouver la paix sans connaître le sort de sa famille biologique. Elle visite le monument d’Anfal à Chamcahmal, espérant trouver des réponses grâce à un test ADN.
 
Appel à l’aide
 
Barraa cherche désespérément à savoir ce qui est arrivé à ses parents biologiques, qui ont peut-être péri lors du génocide d’Anfal. Elle exhorte le Gouvernement Régional du Kurdistan à contribuer à la découverte de la vérité et à déterminer s’ils sont vivants ou morts.
 
L’histoire de Barraa ne se résume pas à la recherche de sa famille par une femme : elle rappelle brutalement que le traumatisme du génocide d’Anfal continue d’affecter le peuple kurde aujourd’hui. Les horreurs infligées aux Kurdes par le régime irakien de Saddam Hussein se répercutent encore sur plusieurs générations. (Via Duhok Buzz)
 
*Le génocide kurde, aussi connu sous le nom d’Anfal ordonné par le boucher irakien Saddam Hussein, a eu lieu de février à septembre 1988. Plus de 180 000 Kurdes ont été tués lors de la campagne Al-Anfal menée par Ali Hassan al-Majid, sur ordre du président Saddam Hussein, contre le Kurdistan irakien, à la fin de la guerre Iran-Irak.
 
Le nom de la campagne porte le nom du chapitre 8 du Coran (al-ʾanfāl), qui a été utilisé comme nom de code par l’ancien gouvernement baasiste irakien pour les attaques systématiques contre les combattants kurdes entre 1986 et 1989. La Suède, la Norvège, la Corée du Sud et le Royaume-Uni reconnaissent officiellement la campagne Anfal comme un génocide.

Les Kurdes face à la mondialisation: entre idéalisme fraternel et fragmentation politique

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Le peuple kurde, réparti principalement entre le Bakûr, le Bashûr, le Rojava, Rojhilat, représente une nation sans État, mais dotée d’une identité historique, linguistique et culturelle profonde. Malgré ses ressources, sa population nombreuse, et son importance géostratégique, cette nation ne parvient pas à faire émerger une stratégie collective dans un monde dominé par les logiques économiques et politiques de la mondialisation.
 
 
Un potentiel économique ignoré
 
Les régions kurdes disposent de nombreux atouts : pétrole, ressources en eau, terres agricoles, corridors stratégiques, mais aussi une jeunesse nombreuse et une diaspora active. Ces éléments pourraient constituer une base solide pour bâtir un projet économique commun, attirer des partenaires internationaux, ou encore peser sur les marchés régionaux. Dans un monde où la mondialisation valorise les matières premières, les marchés de consommation émergents et la stabilité locale, les Kurdes disposent d’un réel levier.
 
Or, faute d’une conscience politique unifiée, ce potentiel reste inexploité. Les ressources ne sont pas gérées en fonction d’une vision nationale commune, mais fragmentées et parfois détournées par des puissances régionales ou des intérêts claniques. Le Kurdistan devient alors non pas un acteur de la mondialisation, mais un objet soumis à ses dynamiques.
 
L’idéalisme fraternel comme stratégie perdante
 
Historiquement, les forces kurdes ont souvent misé sur des alliances internationales, pensant que leur loyauté, leur rôle dans la lutte contre le terrorisme ou leur attachement à des valeurs universelles comme la démocratie, leur assureraient un soutien durable. Ce fut notamment le cas au Rojava, où les forces kurdes ont combattu Daech aux côtés des États-Unis. Cependant, cette stratégie, fondée sur des attentes morales, se heurte à la dure réalité des relations internationales: les alliances sont éphémères, dictées par les seuls intérêts des grandes puissances. Le retrait américain du Rojava en 2019, suivi d’une offensive turque, a révélé l’illusion d’une solidarité durable. Le peuple kurde continue pourtant de croire, parfois avec naïveté, à des relations d’amitié ou de fraternité avec des acteurs qui, en réalité, servent leurs propres agendas.
 
Des clivages partisans au service de divisions artificielles
 
Le facteur le plus bloquant reste toutefois interne : la division politique entre les composantes du Kurdistan. Ces clivages sont souvent présentés comme des divergences idéologiques profondes, mais ils cachent trop souvent des intérêts de pouvoir locaux, des rivalités de personnes ou des influences étrangères. Ils empêchent toute construction d’un projet national global. Le Kurdistan, au lieu de se penser comme une entité unique et cohérente, est ainsi morcelé par des logiques partisanes, qui affaiblissent sa voix dans le concert des nations.
 
Conclusion
 
Les Kurdes disposent des ressources, du capital humain et de la légitimité historique pour devenir un acteur à part entière de la mondialisation. Pourtant, leur fragmentation politique, leur foi persistante dans des alliances déséquilibrées, et leur incapacité à faire émerger une conscience nationale stratégique freinent leur émancipation. Tant que le Kurdistan restera prisonnier de divisions internes alimentées par des clivages artificiels, et tant qu’il ne transformera pas ses richesses en pouvoir de négociation, il restera vulnérable face aux logiques dominantes. Il ne manque ni de potentiel, ni de cause, mais d’unité, de lucidité stratégique, et de volonté collective.
 
Par la Plume de la Montagne*, un Kurde du Rojhilat réfugié en Suisse
 
*La publication des textes de la Plume de la montagne ne signifie pas nécessairement que le site Kurdistan au féminin partage systématiquement l’avis exprimé

SYRIE. Libération de 21 activistes druzes arrêtés à Homs

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SYRIE – 21 militants civils druzes de Soueïda arrêtés à Homs alors qu’ils se rendaient à un événement organisé par les autorités arabo-kurdes à Raqqa ont été remis en liberté.
Hier, les autorités de Damas ont libéré 21 personnes de la ville de Swuyda qui participaient à la conférence « Tamasak ». Elles avaient été arrêtées samedi à Homs sans connaître les charges retenues contre elles, une scène rappelant les pratiques des forces de sécurité de l’ancien régime..
 
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH / SOHR) a rapporté que « 21 hommes et femmes, membres du Parti national démocratique, actifs dans le gouvernorat de Sououda, ont été libérés 17 heures après avoir été arrêtés par la Sûreté générale hier, samedi, à un poste de contrôle dans la campagne de Homs. Ils se rendaient dans le gouvernorat de Raqqa pour assister à un événement organisé par l’Administration autonome du nord-est de la Syrie. »
 
L’OSDH a ​​confirmé que « les détenus, dont le chef du parti, ont été libérés sous caution ». Elle a également fait référence à « une vidéo montrant l’un des détenus racontant avoir été torturé, présentant de graves contusions au dos et à l’épaule ».
 
Selon l’Observatoire, les personnes libérées participaient à une conférence « Tamasak » organisée le 22 mars à Damas, la capitale. « Ayham a été arrêté alors qu’il se rendait à Raqqa pour participer à un autre événement. Ils ont été conduits dans un poste de sécurité, sans qu’aucune inculpation officielle n’ait été retenue, dans un contexte d’incertitude quant à leur sort. »
 
Il convient de noter qu’une conférence de presse s’est tenue à Damas, la capitale syrienne, avec la participation de plusieurs partis politiques et groupes de la société civile, dont le Conseil démocratique syrien. Lors de cette conférence, la création de l’Alliance syrienne pour l’égalité des citoyens, baptisée « Tamasuk », a été annoncée. (ANHA)
 

Héritage Kurde : Au-delà des Siècles (Maxime Azadî)

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Les Kurdes, longtemps sous la domination d’autres États, ont vu leur histoire effacée. Aujourd’hui, ils redécouvrent leurs racines, comme une renaissance médo-moderne. Voici 11 éléments anciens liés à leur passé antique, décrits par le chatbot Grok [accusé par les fachos turcs d’être créé par le Parti des Travailleurs du Kurdistan, PKK…].
 
 
1- Les Mèdes
 
Les Mèdes, un peuple iranien, ont établi un puissant empire au 8e siècle av. J.-C. dans le nord-ouest de l’Iran actuel et les régions kurdes. Leur capitale, Ecbatane (aujourd’hui Hamadan), était un centre important. Réputés pour leur élevage de chevaux et leur art guerrier, ils sont souvent considérés comme des ancêtres des Kurdes. Les reliefs de Persépolis (515 av. J.-C.) les montrent avec des vestes courtes et des chapeaux ronds.
 
2- Les Mitanni
 
Les Mitanni, un royaume hurrien du 15e au 13e siècle av. J.-C., dominaient le nord de la Mésopotamie et le sud-est de l’Anatolie. Leur capitale, Washukanni, se situait probablement près de l’actuelle Serekaniye. Influencés par une aristocratie indo-aryenne, ils utilisaient des chars de guerre. Certains noms de tribus kurdes (Mattini, Millani) rappellent les Mitanni, suggérant un lien avec leur héritage.
 
3- Les Guti
 
Les Guti, un peuple des monts Zagros au 3e millénaire av. J.-C., étaient connus pour leurs conflits avec les Sumériens, qui les appelaient « Subaru » – un nom proche de la tribu kurde Zubari. Décrits comme robustes et montagnards, ils pourraient être parmi les premiers ancêtres des Kurdes, bien que les preuves archéologiques soient rares.
 
4- Les Carduchi
 
Mentionnés par Xénophon dans « l’Anabase » (401 av. J.-C.), les Carduchi vivaient dans les monts Zagros et résistèrent aux Grecs. Ce peuple indépendant et guerrier est souvent vu comme un prototype des Kurdes. Leur nom pourrait être lié étymologiquement à « Kurdistan », bien qu’aucune trace matérielle directe ne subsiste.
 
5- Symboles et Mythologie
 
L’aigle à deux têtes, utilisé par les Mèdes et plus tard par les Ayyoubides (ère de Saladin), est un symbole ancien associé aux Kurdes. Le motif du soleil à 21 rayons, présent sur le drapeau kurde, pourrait provenir des cultes solaires mésopotamiens. Le mythe du Déluge et le mont Ararat relient aussi les Kurdes à une mémoire ancienne.
 
6- Vestiges Archéologiques
 
Ganj Darreh (Kermanshah, 8e millénaire av. J.-C.) révèle des villages néolithiques avec poteries et outils en pierre, témoignant des premières communautés kurdes. À Bassetki (nord de l’Irak), des céramiques et structures mitanniennes (16e-13e siècles av. J.-C.) montrent la richesse culturelle de ces terres ancestrales.
 
7- Les Urartéens
 
Les Urartéens (9e-6e s. av. J.-C.) ont régné autour du lac de Van, avec leur capitale Tuşpa. Maîtres du fer et des forteresses, ils ont influencé la culture kurde des montagnes. Les citadelles et inscriptions de Çaldıran témoignent de leur présence.
 
8- Les Lullubi
 
Les Lullubi, peuple des monts Zagros au 3e millénaire av. J.-C., étaient des guerriers montagnards. Les bas-reliefs de Darband-i Gawr (Suleymaniye) les représentent. Proches des Guti, ils pourraient être une racine ancienne des Kurdes.
 
9- Les Kassites
 
Les Kassites, originaires des Zagros, ont dominé Babylone (16e-12e s. av. J.-C.). Éleveurs de chevaux et montagnards, ils ont laissé des bronzes à Luristan. Leur présence dans la région suggère un lien culturel avec les Kurdes.
 
10- La Vallée de Zilan et les Premiers Peuplements
 
La vallée de Zilan abrite des traces néolithiques. La grotte de Shanidar (65 000-35 000 av. J.-C.) révèle des sépultures fleuries, parmi les plus anciens rituels humains. Un héritage profond dans les terres kurdes.
 
11- Tradition Yézidie et Zoroastrisme
 
Le yézidisme, influencé par le zoroastrisme, lie les Kurdes aux cultes anciens via le paon Tawûsê Melek. Le temple de Lalish et les traces de feux zoroastriens (Pir-i Magron) incarnent leur mémoire spirituelle.
 
Évaluation
 
Ces éléments enrichissent davantage l’histoire des Kurdes :
 
– Les Urartéens mettent en lumière la géographie kurde avec des vestiges archéologiques concrets.
– Les Lullubi soulignent la culture montagnarde ancienne.
– Les Kassites ajoutent une couche au patrimoine iranien des Zagros.
– Shanidar offre une racine remontant à l’histoire de l’humanité.
– Le yézidisme [êzdîsme] apporte une dimension spirituelle et mythologique.
 
Par Maxime Azadî
 
Image générée par ChatGPT

ROJAVA. Des mercenaires vandalisent un sanctuaire religieux à Serêkaniyê

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SYRIE / ROJAVA – Des mercenaires combattant pour la Turquie ont vandalisé un sanctuaire religieux à Ras al-Ain (en kurde : Serêkaniyê) ont déclaré les sources locales citées par l’agence North Press. Des mercenaires des factions armées soutenues par la Turquie, alias l’Armée nationale syrienne (ANS ou SNA), ont vandalisé un sanctuaire religieux dans la campagne orientale de Sere Kaniye (Ras al-Ain), dans le gouvernorat de Hassaké, ont indiqué dimanche des sources locales. Les sources ont déclaré à North Press que les militants de la SNA ont ciblé le sanctuaire de Cheikh Hussein, situé entre les villages de Lazka et Haj Jamal, à l’est de Sere Kaniye. Selon les sources, les individus impliqués auraient visité le site à plusieurs reprises au cours des dernières semaines et auraient finalement exhumé le sanctuaire sous prétexte de rechercher des trésors cachés. Ce n’est pas le premier incident de ce type dans la région. En 2020, des factions de l’ANS ont détruit un cimetière yézidi dans le village de Jan Tamr, également dans l’est de Sere Kaniye. À l’époque, les médias avaient indiqué que la faction du sultan Murad, soutenue par la Turquie, était responsable de la vandalisation des pierres tombales et du démantèlement de la clôture en fer entourant le cimetière.