TURQUIE. Une femme sur huit a déjà été victime de violence physique
ROJAVA. Les Kurdes allument le feu du Newroz contre l’invisibilisation de leur fête
Un groupe de militantes d’Amuda a organisé aujourd’hui un événement symbolique sur la Place des Femmes Libres en allumant la flamme du Newroz. Cet événement faisait suite au décret n° 188 du gouvernement de transition syrien, qui omettait d’inclure les fêtes de diverses communautés syriennes – telles que le Newroz, le Mercredi Rouge, l’Akitu et les fêtes arméniennes – parmi les jours fériés officiels du pays.
Des représentants d’organisations de la société civile et de partis politiques ont pris part à l’événement, exprimant leur rejet de la politique actuelle de marginalisation et d’exclusion.
La célébration a également été marquée par des danses traditionnelles kurdes exécutées sur des chants révolutionnaires. ANHA) ROJAVA. Un festival de la paix dédié à Havrin Khalaf
Le Parti de la Syrie du futur a commémoré dimanche à Raqqa le sixième anniversaire de la mort de son ancienne présidente, Hevrîn Xelef, avec un festival culturel et commémoratif intitulé « Hevrîn pour la paix ». Des représentants de l’Administration autonome démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie (DAANES), des Forces démocratiques syriennes (FDS) et d’organisations de la société civile, politiques et féministes étaient présents.
Le festival a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes du nord et de l’est de la Syrie. Dans un discours de bienvenue, Hevrîn Xelef a été honorée comme « symbole de la lutte pour la paix, l’égalité et une Syrie démocratique ».
Plusieurs discours ont été prononcés au cours du festival, notamment par Suad Mustafa, la mère d’Hevrîn Xelef, la coprésidente du Parti de l’Avenir de la Syrie, Kawthar Doko, Layla Qaraman du Conseil démocratique syrien (MSD), et des représentants des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), du Conseil des femmes syriennes et du Conseil des familles des martyrs.
TURQUIE. Un journaliste battu est entre la vie et la mort
ROJAVA. Les gangs de la Turquie kidnappent un couple kurde d’Afrin et volent leurs biens
Cette violation survient dans un contexte d’escalade des vols et des enlèvements dans la ville occupée, reflétant la politique continue de répression et d’intimidation contre les résidents restants.
Il convient de mentionner que l’armée d’occupation turque et ses mercenaires ont occupé la ville d’Afrin en janvier 2018, entraînant le déplacement de plus de 400 000 de ses habitants autochtones et la commission de milliers de violations et de crimes contre ceux qui sont restés, notamment des enlèvements, des pillages et des changements démographiques forcés. (ANHA) « Le voile est un prétexte, on veut le pain et on veut la chute du régime »
Nous avons récemment célébré le troisième anniversaire de l’assassinat de Jina Amini, une jeune Kurde arrêtée à Téhéran par la police des mœurs parce qu’elle n’était pas correctement habillée, selon le régime. Elle a reçu un coup à la tête lors de son arrestation, ce qui lui a coûté la vie quelques jours plus tard, le 16 septembre 2022. Lors de ses funérailles, les habitants de Saqqez, sa ville natale, se sont réunis sur sa tombe et ont écrit cette phrase : « Jina, tu ne mourras pas, ton nom est notre mot de passe. » Je voudrais m’arrêter sur cette phrase qui s’est avérée juste. Le nom de Jina est rapidement devenu un fil qui a relié tous ceux qui souhaitaient renverser le régime actuel en Iran. Des manifestations d’une grande ampleur ont traversé tout le pays ; nous avons vu des scènes magnifiques de solidarité, de courage et de rage dans tous les coins du pays. Cependant, je tiens à ajouter que le nom de Jina a également donné lieu à l’apparition d’une division antagoniste profonde au sein de la société iranienne. Jina est en effet le nom non officiel de la jeune fille, victime de la misogynie structurelle de l’État iranien, mais c’est un nom kurde. C’est pourquoi il est important de savoir comment on désigne cette phase du mouvement en Iran : « soulèvement de Jina » ou « soulèvement de Mahsa » ? Cette appellation n’est pas neutre et révèle avant tout l’appartenance politique. Les courants réactionnaires ont préféré « Mahsa » ; dans ce simple « choix de mot », il y a pourtant une vérité qui, avec la répression de l’État, est une des raisons de l’échec de ce soulèvement. En évoquant l’échec de ce soulèvement, tu veux dire qu’il n’a rien obtenu ?
Non, le soulèvement « Femme, vie, liberté » a changé le visage des villes, surtout des grandes villes d’Iran. En ce qui concerne l’apparence des femmes dans la société, il y a indéniablement un avant et un après ce soulèvement ; aujourd’hui, les femmes peuvent relativement s’habiller « librement », malgré l’État. C’est comparable à avant 79 ?
En effet, sous le régime du Shah, le port du voile n’était pas obligatoire. Pour autant, il est faux de croire que toutes les femmes jouissaient d’une liberté individuelle à l’époque du Shah. Avant la révolution, les femmes des classes supérieures, qu’il s’agisse de la petite bourgeoisie ou de la bourgeoisie, sortaient sans voile, contrairement aux ouvrières et aux sous-prolétaires. Il n’y avait certes pas de police des mœurs, mais dans les petites villes et les villages, les rapports traditionnels étaient beaucoup plus ancrés. Ce sont les membres masculins, mais aussi féminins de la famille, qui empêchaient une fille de s’habiller comme elle le souhaitait, même à l’intérieur de la maison. J’aimerais également ajouter que le père du Shah, considéré par certains comme le « père de l’Iran moderne », a justement violenté les femmes pour qu’elles n’apparaissent pas avec le voile dans la société. La République islamique brutalise les femmes dans le sens inverse. En tout cas, après le soulèvement de Jina, le régime a déployé beaucoup d’efforts pour empêcher les femmes de sortir sans voile. Il a notamment tué une jeune fille à Téhéran pour avoir refusé de porter le voile. Il a également approuvé une loi restreignant de manière spectaculaire les droits des femmes, mais il n’a pas pu l’appliquer jusqu’à présent, car ses efforts n’ont pas suffi face à la résistance et à la détermination des femmes. Mais il faut insister : il s’agit d’une liberté relative. Les femmes des classes favorisées jouissent beaucoup plus de cette liberté individuelle. Parfois, nous voyons sur les réseaux sociaux des scènes qu’il est difficile de croire qu’elles se produisent en Iran. Mais notre étonnement s’atténue lorsque l’on comprend qu’il s’agit d’une fête de la jeunesse des classes aisées. La classe ouvrière observe de loin le plaisir de cette liberté individuelle. Il faut surtout ajouter à cela que la vie d’une femme coûte encore deux fois moins cher que celle d’un homme, que l’avortement est interdit et que, en poursuivant sa politique nataliste, le régime rend de plus en plus difficile l’accès des femmes aux moyens de contraception. Certes, le régime a reculé devant le désir des femmes de vouloir apparaître « librement » dans la société, mais cette liberté individuelle est accompagnée d’une amertume. Si l’on se rappelle que les gens criaient très tôt dans les rues que « le voile est un prétexte, nous voulons la chute du régime », cette amertume prend tout son sens. Si l’on considère la question du voile, celle des femmes, celle de la liberté politique et celle du pain comme les quatre piliers du soulèvement de Jina, alors seule la liberté individuelle, dans une échelle restreinte, a été acquise. Dans ce sens, si l’on ne perd pas de vue qu’il s’agissait d’un soulèvement radical visant l’ensemble de l’État théocratique, il me semble qu’il n’est pas injuste de dire que le soulèvement a échoué. Ce qui est important, c’est de comprendre les raisons de cet échec. Tu as évoqué la répression du régime, mais aussi la question de l’appellation du soulèvement.
Oui. Sans aucun doute, la répression sanglante et sans merci subie par le soulèvement constitue une raison importante de son échec : des milliers de manifestants ont été blessés et tués, des milliers d’autres arrêtés et torturés ; des centaines ont été condamnées à mort, dont dix ont été exécutées, la dernière il y a quelques semaines, à l’approche de l’anniversaire de ce mouvement. Ce qui est très important à noter, c’est que ces personnes sont issues de la classe ouvrière. Soit elles sont ouvrières, soit elles ont de la famille ouvrière. Autrement dit, le régime peut se permettre de tuer les opposants qui n’ont pas le soutien de la petite bourgeoisie ou de la bourgeoisie, et qui n’ont pas de voix dans la société. La répression ne s’arrête pas aux militants directement liés à ce mouvement, mais s’étend de plus en plus à toutes sortes d’opposants. Pour n’en citer qu’un exemple, le régime a condamné une ouvrière militante, Charifeh Mohammadi, à la peine de mort. Ceci est, il faut le dire, quasi inédit. Le régime avait déjà exécuté des milliers de femmes communistes et de moudjahidines pendant la décennie noire, ainsi que quelques femmes peshmergas kurdes. (Aujourd’hui, deux femmes kurdes ont été condamnées à mort et une autre à la perpétuité). Mais le fait qu’il s’acharne sur une simple ouvrière pour ses activités au sein du mouvement ouvrier montre qu’il entend donner une bonne leçon à cette classe dangereuse. À cela, il faut aussi ajouter que, dans le but de faire régner la peur sur la société, le régime a accéléré les exécutions de prisonniers non politiques durant ces trois dernières années. On compte plus de 3 000 individus exécutés, soit trois par jour. C’est pourquoi, en réaction à cet aspect de la répression, un mouvement de résistance s’est formé à l’intérieur des prisons iraniennes. Des centaines de milliers de prisonnières et de prisonniers font grève de la faim tous les mardis pour sensibiliser le reste de la population aux exécutions sans frein. Mais, à ma connaissance, cette résistance n’a pas encore trouvé d’écho dans l’ensemble de la société iranienne. En un mot, l’intensité de la répression policière a fortement affaibli le mouvement dans son ensemble. Cependant, je pense qu’il serait erroné de considérer la répression comme la seule raison de l’échec de cette phase du mouvement. Je vais même plus loin en disant que ce qui a rassuré le régime de l’efficacité de ces répressions constitue la raison fondamentale pour laquelle le soulèvement de Jina a fait autant de victimes sans parvenir à son objectif, à savoir le renversement du régime. J’essaye de m’expliquer par l’aspect symbolique du prénom de Jina. Ce nom symbolise une forte appartenance identitaire à une région d’Iran, le Kurdistan, qui est, depuis la naissance de la République islamique, un enjeu du nationalisme iranien. En effet, en optant pour « Mahsa » plutôt que « Jina », les éléments les plus nationalistes ont immédiatement montré leur intolérance envers le mouvement du peuple kurde. Qu’on approuve ou désapprouve le but de ce mouvement, à savoir l’établissement d’un État-nation kurde, c’est une question à part, mais on ne peut et ne doit en aucun cas l’ignorer, comme le font même certains éléments de la gauche iranienne. Le refus d’utiliser le nom de Jina symbolise avant tout l’envie des nationalistes iraniens de nier l’existence d’un tel mouvement au Kurdistan. Le régime a appuyé sur ce nationalisme, ou plutôt sur la tendance pan-iraniste, pour freiner le mouvement et écarter le danger de sa chute. Ce qui a freiné le radicalisme de ce mouvement, c’est sans doute la crainte des nationalistes iraniens de ce qu’ils appellent les « séparatistes » kurdes, arabes, baloutches et autres. Par exemple, lorsque des prisonniers kurdes, arrêtés pour leurs activités politiques, ont été exécutés au cours même du mouvement « Femme, vie, liberté », peu de gens au centre du pays s’en sont inquiétés. Je voudrais simplement mettre en lumière une maladie incurable au sein de la société iranienne. Pour diverses raisons, une bonne partie des Iraniens éprouve un fort sentiment nationaliste qui a toujours aidé la République islamique dans ses moments les plus difficiles ; le dernier exemple en date est l’attaque d’Israël contre l’Iran. J’aimerais que tu reviennes sur ce dernier point, mais avant, peux-tu développer un peu plus ? En quoi le nationalisme a-t-il contribué à l’échec du soulèvement ?
En effet, si une solidarité inattendue et surprenante entre les diverses ethnies a été observée au début du mouvement, celui-ci s’est divisé sur la question de l’intégrité territoriale. Cette division s’est cristallisée lorsque le fils du Shah, profitant de la situation, s’est proclamé le candidat le plus apte à gouverner le pays après la chute du régime. Lui et son entourage ont lancé une campagne intitulée « Je délègue au prince », sous-entendant que le peuple délègue son vote au prince. Bien que cette campagne ait été un scandale politique pour le camp royaliste et n’ait débouché sur rien, elle a été assez néfaste pour briser la solidarité enthousiaste entre les ethnies et orienter la lutte politique des éléments les plus radicaux contre le courant royaliste. Cela n’a évidemment été que bénéfique pour le régime, qui en a profité pleinement. C’est pourquoi, selon moi, il existe des hypothèses assez solides selon lesquelles le régime lui-même a renforcé le courant royaliste. Il est fort intrigant de constater que ceux qui entourent actuellement le fils du Shah, alors très isolé et même inexistant sur la scène politique iranienne il y a quelques années, sont d’anciens réformateurs du régime qui collaboraient étroitement avec les dirigeants de la République islamique ! Le fils du Shah a maintes fois déclaré qu’il comptait conserver la force de répression actuelle, les éléments militaires, les gardiens de la révolution, etc., une fois arrivé au trône.
Je dirais oui et non. Si le nationalisme a joué un rôle désastreux ces dernières années, il ne faut pas pour autant croire qu’il a été introduit dans le mouvement par les royalistes. Il faut abandonner l’approche dualiste selon laquelle une idée « pénètre » une « masse » et, lorsqu’elle « s’empare » de cette dernière, celle-ci devient active. Autrement dit, les idées ne sont pas fabriquées par une poignée d’intellectuels ou de politiciens, puis imposées aux masses. Malheureusement, beaucoup de gens pensent que c’est à cause des royalistes que le soulèvement de Jina a été réprimé dans le sang. Certes, il y a une part de vérité dans cette affirmation, mais une vérité superficielle : le rôle des forces royalistes a certainement conduit à l’échec du soulèvement. Pourtant, les royalistes ne pourraient pas jouer un tel rôle si leur point de vue n’était pas déjà présent dans la société, s’ils n’y avaient pas déjà une base populaire, ou si les conditions n’étaient pas réunies pour qu’ils aient une telle possibilité. Certains camarades refusent encore d’admettre cette vérité. Il existe en effet une base solide dans la société qui permet à cette force réactionnaire d’exister et d’agir. Il me semble qu’on peut expliquer schématiquement cette base par trois points : le politique et l’idéologique, l’économique. Ces dernières années, le royalisme a été promu politiquement par une campagne médiatique pro-israélienne qui avançait l’idée que l’Iran vivait son âge d’or sous le régime du Shah et que le pays se modernisait à toute vitesse sous la direction de la dynastie Pahlavi. Grâce à cette campagne, les royalistes ont pu se présenter comme un élément progressiste, grâce à la République islamique. Ceci peut paraître paradoxal, et pourtant c’est vrai ! En effet, en éliminant férocement les éléments les plus radicaux de la société, à savoir les communistes, la République islamique a pu se considérer comme le seul narrateur de l’histoire de la révolution ; en éliminant une partie des acteurs de la révolution de 1979, elle a pu censurer l’histoire de la révolution contre le Shah et la raconter selon ses propres intérêts. Selon ce récit, ce ne sont pas la misère de la classe ouvrière, l’entassement des sous-prolétaires dans les bidonvilles en marge de Téhéran, la lutte des classes ou l’absence de liberté politique qui ont poussé les Iraniens à s’insurger contre le régime dictatorial du Shah, mais l’envie de faire face au monde occidental et d’instaurer un ordre religieux dans la société. Les jeunes générations, qui n’ont connu que ce récit tout en vivant la misère engendrée par un régime théocratique, se demandent alors : ne s’agissait-il pas plutôt d’une pure folie ? Cette interrogation a été reprise par les royalistes qui en ont fait leur propre mythe : à l’époque du Shah, tout allait pour le mieux, tout était harmonieux et fonctionnel ; c’est la folie d’un peuple bien nourri qui a tout gâché ! C’est pourquoi j’insiste sur le fait que c’est même la République islamique qui a donné une seconde chance au royalisme. Grâce à son récit falsifié de la révolution de 1979, il a rendu possible la revendication du trône par le fils du Shah, du moins aux yeux d’une partie de la société. Certains sont pourtant mieux informés et ne négligent pas la corruption de la cour et la misère des classes démunies, mais ils commettent l’erreur courante de la logique formelle et jugent ainsi : l’époque du Shah, bien qu’elle fût sombre, était meilleure que l’époque du régime des ayatollahs. Comme s’il s’agissait de deux phénomènes distincts, sans lien ni continuité. Sur le plan économique, les Iraniens, surtout la classe moyenne qui ne cesse de se réduire, trouvent une issue à leur situation déplorable, en grande partie causée par la stratégie géopolitique du régime, dans le fait de renouer des relations économiques avec l’Occident, ou, pour le dire simplement, dans le fait de devenir un pays « normal ». Mais par « pays normal », on entend un pays où le capitalisme fonctionne « normalement ». Il n’est pas question ici de rappeler que le capitalisme n’a jamais été « normal » dans son développement. En tout cas, ce rêve d’une économie capitaliste « normale » est vendu par les libéraux. Les experts proches du courant royaliste séparent une partie de l’histoire du capitalisme en Iran, la modernisation, et l’associent à la dynastie des Pahlavi, comme si c’était grâce à la bienveillance et au patriotisme du Shah et de son père que l’Iran avait connu un développement économique important. Il est bien évidemment beaucoup plus compliqué d’expliquer la modernisation de l’Iran en fonction des rapports mondiaux du capital dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale que de l’expliquer par la chance que les Iraniens ont eue d’avoir un roi bienveillant ! La question suivante s’impose alors automatiquement : est-il possible de mettre en œuvre les mêmes politiques économiques et de réaliser les mêmes projets qu’il y a plus de 50 ans ? Une partie de la société, en se référant à la vie des classes aisées sous le régime du Shah, pense que la catastrophe économique qu’ils vivent actuellement prendra fin si le fils du Shah arrive au pouvoir.
Pas vraiment. En effet, la société iranienne est hétérogène : non seulement il existe des revendications nationales chez diverses ethnies qui s’opposent au nationalisme iranien, mais on ignore également quelle est la répartition du royalisme dans les différentes classes sociales, ce qui rend difficile d’évaluer sa puissance. D’après mes observations, je peux seulement dire que l’idée d’avoir un roi ne dérange pas une partie de la population iranienne. Si j’insiste sur ce point, ce n’est pas pour donner plus de poids aux éléments favorables au royalisme, qui sont peu nombreux dans la société, mais simplement pour souligner leur existence. Cela permet de mettre en lumière ce qui bloque la révolution : le nationalisme. Cela permet également de montrer que les royalistes et les partisans de la République islamique s’allient pour empêcher tout processus révolutionnaire. En outre, je m’abstiens en effet de faire des prédictions. Ce qui est clair, c’est que la situation politique du régime est très instable : beaucoup attendent la deuxième phase de l’attaque d’Israël, tandis que la banqueroute économique du régime laisse présager un prochain soulèvement populaire. Les royalistes comptent sur Israël pour porter le coup fatal à la République islamique, tout en souhaitant un soulèvement populaire en leur faveur. Pourtant, leur appel à descendre dans la rue lorsque l’armée israélienne bombardait les villes iraniennes est resté absolument sans suite. De plus, je pense que la situation géopolitique de l’Iran est assez importante pour que les puissances mondiales ne restent pas indifférentes à son sort et à la forme et à la structure politiques qu’il prendra après la chute éventuelle du régime actuel. En vérité, les forces royalistes veulent faire croire que le royalisme est une alternative déjà existante, mais jusqu’à présent, le fils du Shah n’a pas été pris au sérieux par les dirigeants des pays occidentaux. Son meilleur allié pour le moment est Israël. Récemment, le fils du Shah s’est rendu en Israël pour préparer l’après-chute du régime. Cette initiative a suscité de nombreuses critiques, même au sein du camp royaliste, qui contestent, au nom de leur nationalisme, l’idée d’entretenir des relations avec un pays étranger ayant offensé leur propre pays. Propos recueillis par zyg, septembre 2025
Mazloum Abdi : Damas aborde positivement la question de la décentralisation
Le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) a confirmé l’attitude positive de Damas à l’égard de la décentralisation, précisant que des discussions sont en cours concernant la modification de la Constitution et que les Forces démocratiques syriennes et les Forces de sécurité intérieure (FSI) seront intégrées au ministère de la Défense. Il a également appelé les Kurdes d’Afrin à se préparer à un retour organisé.
Dans une émission spéciale sur Ronahi TV, le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, a évalué la situation politique et militaire, les récentes réunions avec la délégation américaine et le gouvernement de transition, la situation des déplacés et l’intégration des FDS dans l’armée syrienne.
Voici l’interview menée par Ronahi TV :
Vous avez rencontré une délégation américaine, accompagnée de l’envoyé spécial des États-Unis en Syrie, Tom Barrack. Quels ont été les sujets abordés lors de cette rencontre ?
La visite de M. Tom Barrack et du commandant en chef du Commandement central américain (CENTCOM) a été importante. Ils ont exprimé leur soutien à la coopération avec les FDS et à la lutte contre Daech, ainsi qu’au dialogue entre nous et Damas. Nous avons discuté de la situation en Syrie, de la levée des sanctions du César Act et de la mise en œuvre de l’accord du 10 mars. Par ailleurs, nos rencontres avec Damas ont stagné ces derniers temps ; nous avons donc discuté des moyens de les renforcer et de les accélérer, ainsi que de la lutte contre le terrorisme aux côtés du nouveau gouvernement syrien. Notre réunion sur ces questions a été fructueuse, et elle a été reflétée lors de nos rencontres avec le gouvernement de transition le lendemain, constituant ainsi une base pour ces rencontres.
Une délégation officielle s’est rendue à Damas et a rencontré des responsables du gouvernement de transition. Quels ont été les sujets abordés lors de cette réunion ?
On peut dire que nous avons eu une série de réunions avec le président Sharaa et le ministre des Affaires étrangères Shibani au cours des six derniers mois, et nous avons évalué la situation. Pourquoi l’accord n’a-t-il pas progressé autant ? L’autre question est de savoir comment nous allons faire progresser le processus de dialogue à partir de maintenant. Nous avons discuté très franchement, et c’est pourquoi la réunion a été fructueuse. Nous sommes tombés d’accord sur de nombreuses questions fondamentales, et bien sûr, nos délégations et la leur se réuniront maintenant pour la mise en œuvre.
Vous avez mentionné être tombés d’accord sur certains points. Sur quels points et questions avez-vous trouvé un consensus avec le gouvernement de transition jusqu’à présent, notamment dans le cadre de l’Accord du 10 mars ?
Notre rencontre avec le ministre de la Défense et le directeur du renseignement a été l’une des avancées les plus significatives. Nous avons pris la décision d’appliquer un cessez-le-feu global sur tous les fronts. Ce cessez-le-feu est l’une des dispositions fondamentales de l’accord du 10 mars. Malheureusement, nous avons récemment été témoins de nombreuses violations, ce qui a conduit à l’ingérence de puissances extérieures dans nos affaires intérieures. L’important est de poursuivre ces rencontres au plus haut niveau. Nous avons également abordé des questions telles que la constitution, l’armée et la sécurité. Bien que nous ne soyons pas totalement d’accord sur certains points, nous avons compris nos points de vue respectifs et sommes parvenus à un consensus préliminaire sur certains points. Sur cette base, nos réunions peuvent se poursuivre.
Dans le cadre de ces discussions, quelles sont vos prochaines étapes pratiques ?
Nous avons déjà exprimé notre volonté d’une Syrie décentralisée et nous en avons discuté. Si nous ne sommes pas d’accord sur la terminologie, nous souhaitons néanmoins nous mettre d’accord sur le fond. Il existe une convergence de vues sur la question de la décentralisation. Une délégation de l’Administration autonome se rendra dans les villes syriennes pour examiner le nouveau système et présenter ses points de vue sur la décentralisation et les administrations locales. La rédaction de la constitution sera en cours, mais nous souhaitons qu’elle soit amendée. Certaines dispositions de l’Accord de mars ne figurent pas dans la nouvelle constitution, et les amendements ne sont pas contestés. Il existe une convergence de vues positive sur cette question, et nous avons fait un pas en avant.
Participerez-vous à la modification de la constitution ?
De nombreuses mesures seront prises ensemble. Un rapprochement est en cours avec les autorités syriennes, et certaines doivent être prises. Elles accordent une grande importance à l’aspect militaire et considèrent l’intégration des Forces démocratiques syriennes à l’armée syrienne comme une unité du territoire syrien. Pour notre part, nous ne nous y opposons pas, mais cela doit reposer sur une Syrie décentralisée. Nous pensons que des progrès seront réalisés dans la révision de la Constitution dans les prochains mois.
Quelles sont vos propositions à l’armée syrienne concernant l’intégration des Forces démocratiques syriennes ? Comment ces forces peuvent-elles être intégrées à l’armée syrienne ?
Lors de la signature de l’accord du 10 mars, ce sujet a été au cœur des discussions. Nous avions alors conclu un accord pour l’intégration des Forces démocratiques syriennes à l’armée. Nous l’avons réitéré, et Ahmed al-Sharaa s’est montré ouvert à cette question, tout comme eux, à nos opinions. Nous avons accepté de rejoindre l’armée, mais bien sûr, la délégation tiendra des réunions pour discuter des détails. Pour nous, l’essentiel est de ne pas gaspiller nos efforts et notre travail. Nous devons obtenir la place que nous méritons au sein de l’armée, renforcer l’armée syrienne et apaiser les craintes de notre peuple. Bien entendu, chacun souhaite bénéficier de cette expérience. Le ministre de la Défense a également clairement indiqué qu’il avait besoin de l’expérience des Forces démocratiques syriennes, et un accord a été trouvé à ce sujet. Notre délégation militaire se rendra prochainement au ministère de la Défense pour discuter de cette question.
Comment la question de la sécurité intérieure a-t-elle été soulevée dans cette discussion ?
Les Forces de sécurité intérieure devraient rejoindre les Forces de sécurité intérieure syriennes, à l’instar des Forces démocratiques syriennes. Nous avons également bénéficié de l’expérience de Cheikh Maqsoud, et ce processus va également commencer. Une délégation des Forces de sécurité intérieure se rendra à Damas avec les Forces démocratiques syriennes pour discuter de cette question. Ils en discuteront les détails.
Vous avez évoqué la guerre contre Daech, et des efforts sont actuellement déployés pour inclure Damas dans la coalition. Comment la lutte contre Daech se poursuivra-t-elle désormais ?
La coalition internationale nous a informés : « Nous avons officiellement demandé à l’État syrien de rejoindre la coalition contre Daech. » Damas, comme nous l’avons compris, accueille favorablement cette question. Nous avons également reçu des demandes lors de la réunion de Hassaké, que nous avons jugées pertinentes. Concernant la question des prisons, du camp d’al-Hawl et des familles de Daech, notre lutte contre Daech s’est jusqu’à présent limitée au nord et à l’est de la Syrie, où une unité conjointe était chargée de cette mission avec l’aide des forces américaines. Désormais, la lutte sera nationale et syrienne.
Le retour des personnes déplacées était l’une des principales dispositions de l’accord du 10 mars. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées d’Afrin, de Girê Spî et de Serê Kaniyê, et les habitants attendent leur retour. Où en est cette question dans les discussions ?
Ce sujet a été abordé lors de récentes réunions, et des problèmes de sécurité subsistent, mais l’heure est venue d’un retour organisé. La population est inquiète. Il a également été souligné lors de la réunion que l’heure du retour était venue. Dans les prochains jours, des travaux seront menés sur la question du retour de nos populations à Afrin, et les habitants d’Afrin doivent également s’y préparer. La situation à Girê Spî et Serê Kaniyê est également à l’ordre du jour. Par ailleurs, des personnes ont été déplacées de nos régions, et nous garantissons leur retour.
Des affrontements ont eu lieu dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh à Alep, et des routes ont été bloquées. Comment avez-vous perçu cette situation, étant donné que vous étiez à Damas à ce moment-là ?
Chacun sait que ces deux quartiers ne représentent aucune menace pour Alep, et les allégations à ce sujet sont fausses. Le cessez-le-feu était donc un point important. Certaines parties se livrent à des provocations à Alep. Certes, elles ne sont présentes qu’à Alep, mais cela nous concerne tous. La solution idéale est la mise en œuvre de l’accord d’avril concernant Cheikh Maqsoud et Achrafieh. Je félicite également les habitants de Cheikh Maqsoud et Achrafieh pour leur résistance. Ils ont prouvé à tous leur capacité à se défendre.
Les droits des Kurdes ont-ils été discutés lors de la dernière réunion, car ils constituent l’une des dispositions de l’accord du 10 mars ?
Concernant la question kurde, les autorités de Damas affirment n’y voir aucun inconvénient. L’accord du 10 mars comportait cette disposition, mais elle n’a pas encore été mise en œuvre. L’important est sa mise en œuvre. La Constitution doit être amendée et préciser cela. Il y a aussi la question de la langue et de l’éducation, mais globalement, le rapprochement est positif. Cela doit également se faire par l’intermédiaire de la délégation kurde, qui doit se rendre à Damas pour discuter de cette question. Ils s’y préparent, et nous travaillons également à y parvenir rapidement.
Comment percevez-vous le rôle de la Turquie en Syrie, notamment lors de vos rencontres avec le gouvernement de transition ? Envisagez-vous une rencontre avec la Turquie ?
Nous avons abordé cette question lors de nos rencontres avec Damas. Les Syriens doivent régler leurs problèmes eux-mêmes. Il est vrai que certains pays jouent un rôle de garant, mais cette ingérence est inacceptable. La Turquie peut jouer un rôle positif ; son influence sur la Syrie est indéniable et ses intérêts doivent être pris en compte. Des canaux de communication sont ouverts entre nous et la Turquie, et nous espérons qu’ils se développeront davantage à l’avenir. (ANHA)
ROJAVA. Manifestation contre l’exclusion du Newroz et d’Akitu des fêtes nationales syriennes
Des dizaines de militants et d’habitants de Hasakah, dans le nord-est de la Syrie, se sont rassemblés samedi pour protester contre un décret présidentiel publié par le président de transition Ahmad al-Shar’a, qui omettait la reconnaissance de leurs fêtes nationales.
Des participants des communautés kurdes, syriaques, arméniennes et assyriennes se sont rassemblés sur la place de la Paix (anciennement place du Président) dans le centre de Hasakah, portant des torches et présentant des spectacles culturels qui représentaient leur patrimoine et leur identité distincts.
Dimanche dernier, la présidence syrienne a publié un décret définissant les jours fériés officiels et les fêtes nationales dans le pays, mais il a exclu des célébrations culturelles clés telles que Newroz et Akitu, suscitant du ressentiment parmi diverses communautés ethniques.
Hajar Amin, un militant kurde, a déclaré à North Press : « Nous sommes descendus dans la rue aujourd’hui pour rappeler au nouveau gouvernement de transition que nous, en tant que communautés syriennes d’origine, avons des droits, y compris nos fêtes nationales, qui doivent être reconnues et protégées par la constitution. »
Il a ajouté : « Les participants d’origines kurde, syriaque, arménienne et assyrienne réclament la reconnaissance officielle du Newroz et de l’Akitu après des décennies de déni par l’ancien régime baasiste, qui a déformé ces événements en célébrations sans rapport. »
Amin a souligné que l’objectif de la manifestation était d’exiger la reconnaissance formelle de leurs droits culturels et de leurs traditions, notant que « toutes nos communautés ont fait des sacrifices pour la libération de la Syrie et méritent une reconnaissance égale ». (North Press Agency) IRAN. Les forces iraniennes tuent un membre du PJAK et un civil kurde à Mariwan
