



Des activistes et des politiciens du nord et de l’est de la Syrie ont souligné dans leur conversation avec l’agence ANHA les politiques menées par les autorités de Damas à l’égard des femmes, considérant qu’elles visent systématiquement à occulter leur véritable rôle en les excluant des postes d’influence et des centres de décision.
Dans ce contexte, la secrétaire générale du Mouvement du Futur du Kurdistan, Narin Metini, a déclaré que les autorités de Damas cherchaient à tromper l’opinion publique en promouvant une image illusoire de l’autonomisation des femmes, en nommant des femmes à des postes de direction sans qu’elles soient réellement porteuses des enjeux ou des luttes des femmes. Elle a ajouté que certaines de ces femmes étaient influencées par l’idéologie du régime en raison d’un endoctrinement continu ou d’intérêts particuliers, tandis que d’autres se retrouvaient à ces postes sous la pression des conditions économiques ou sécuritaires, sans posséder de volonté indépendante ni de vision libératrice. Narin Metini a expliqué que les régimes autoritaires recouraient souvent à ces méthodes formelles pour contenir les mouvements de femmes et embellir leur image auprès de la société, conscients qu’une femme consciente représentait une réelle menace pour la structure patriarcale dominante. Elle a conclu en disant : « Pour faire face à cela, il appartient aux femmes politiques, aux militantes des conseils de femmes, aux organisations de femmes et aux militantes indépendantes de dénoncer la fausseté de ce discours et de construire un projet de femmes libératrices qui restaure le rôle des femmes dans un véritable changement. »
L’Institut de langue kurde (Saziya Zimanê Kurdî, SZK) basé dans la partie orientale du quartier Sheikh Maqsoud à Alep continue ses efforts pour raviver la langue maternelle et améliorer l’identité culturelle, accueillant actuellement environ 150 étudiants de divers groupes d’âge pour leur enseigner la langue kurde grâce à un programme éducatif intensif de 4 mois.
Le lancement de ce projet éducatif remonte à 2012, coïncidant avec la révolution du 19 juillet, qui a marqué un tournant majeur dans le paysage culturel et social des zones où le système d’administration autonome est en place, notamment dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh. Depuis, l’institution n’a cessé de proposer des cours, malgré les changements de lieux et de conditions de travail, consacrant ses efforts à la préservation de la langue kurde et à sa transmission aux nouvelles générations.
De l’alphabet à la grammaire : trois niveaux d’enseignement
Selon les organisateurs de l’établissement, l’éducation est organisée en trois niveaux principaux, chacun de quatre mois, des petits groupes se formant de 15 à 20 étudiants, préparés en moins d’un mois. Les cours comprennent des individus de divers horizons, des étudiants universitaires aux mères.
Zozan Dahr, membre fondatrice de l’institution de la langue kurde, a expliqué que les programmes éducatifs ne font pas de distinction d’âge, mais se concentrent plutôt sur la compréhension et la satisfaction des besoins linguistiques de chaque apprenant. Elle a ajouté : « Nous avons confiance dans la capacité d’apprentissage de chacun, malgré les difficultés parfois rencontrées dans la langue, d’autant plus que la majorité d’entre eux en ont été privés très tôt. Notre mission aujourd’hui est de préserver notre langue de l’extinction. »
Et elle souligne que les programmes commencent par les bases de la lecture et de l’écriture, progressant progressivement vers des compétences avancées en matière de grammaire et de langue, dans un délai flexible allant de une à deux heures par jour, selon les capacités de l’élève et s’étendant à quatre heures dans des cas spéciaux.
Les apprenants voient cette étape comme une rare occasion de compenser ce dont ils ont été privés auparavant. Mohamed Bakr, un jeune homme de 21 ans actuellement inscrit au cours de premier niveau, décrit cette expérience comme « une opportunité irremplaçable », affirmant : « Notre langue représente notre culture, et ceux qui la négligent sont perdus. Nous, et surtout les jeunes, devons donner la priorité à l’apprentissage de notre langue maternelle. »
Dans le contexte des discussions sur l’importance de la langue comme pilier de l’identité, certains citent ce qui est mentionné dans l’ouvrage du leader Abdullah Öcalan intitulé « La question kurde et la solution de la nation démocratique », où il affirme : « La langue est l’identité et l’existence morale de la société, et elle en est le moteur culturel, éthique et émotionnel » et « A mesure que la société progresse grâce à sa langue, sa vie progresse. »
Les cours de langues représentent une résistance culturelle.
L’Institution de la langue kurde cherche, par ce biais, à ancrer la langue kurde dans la vie quotidienne et à lutter contre les mentalités d’exclusion qui ont privé de leurs droits les Kurdes et d’autres composantes de la diversité syrienne pendant des décennies. Dans les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh, les petites salles de classe apparaissent comme un acte de résistance culturelle par excellence, sous le slogan : « Notre langue ne disparaitra pas. »
ANHA
Dans le cadre des efforts en cours pour mettre en œuvre les dispositions de l’accord du 10 mars signé entre les dirigeants des Forces démocratiques syriennes (FDS) et les autorités de Damas, une délégation de l’administration autonome s’est rendue à Damas cet après-midi pour rencontrer les responsables de la mise en œuvre des dispositions de l’autre côté.
Selon le correspondant d’ANHA, la délégation est composée des membres du comité formé le 12 avril, à savoir : Fawza Youssef, Abd al-Hamid al-Mahbash, Ahmad Youssef, Sanhreb Barsoum et Sozdar Haji. Mariam Ibrahim et Yasser Suleiman sont les porte-parole du comité.
Cette visite fait suite à trois réunions de coordination qui ont eu lieu dans le nord-est de la Syrie, la première le 19 mars, la deuxième le 12 avril et la dernière la semaine dernière, alors que les parties cherchent à promouvoir le dialogue et à parvenir à la stabilité dans la région en mettant en œuvre les dispositions de l’accord du 10 mars.
La délégation de l’Administration autonome du Nord et d’Est de la Syrie (AANES) devrait rencontrer les autorités de Damas ce soir. (ANHA)