La délégation de femmes du Rojava rencontre des représentants de partis politiques français

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PARIS – Une délégation de femmes du Rojava se trouve actuellement à Paris où elle s’est entretenue avec des représentants de partis politiques français. La délégation est également invitée à la Fête de l’Humanité par l’association France – Kurdistan et le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F). Dans le cadre de sa tournée dans plusieurs pays européens, la délégation des femmes du Rojava / Syrie du Nord et d’Est a tenu une série de réunions dans la capitale française, Paris, avec des représentants de partis politiques français, des journalistes et des professionnels des médias. La délégation féminine du Nord et de l’Est de la Syrie poursuit sa tournée officielle dans plusieurs pays européens, en tenant une série de réunions dans la capitale française, Paris, avec des représentants de partis politiques français et des députés, ainsi qu’un certain nombre de journalistes et de professionnels des médias. Des représentants du Parti communiste français, du Parti socialiste et des Verts, ainsi que des parlementaires français, ont participé à ces réunions. Au cours de ces rencontres, la délégation a discuté des derniers développements en Syrie et des moyens de renforcer la coopération dans les domaines des droits des femmes, de la paix et de la démocratie. La délégation féminine comprend Amina Omar, administratrice du Conseil des femmes du nord et de l’est de la Syrie ; Mona Al-Youssef, porte-parole du Conseil des femmes syriennes ; Shahrazad Al-Jassim, porte-parole du Rassemblement des femmes de Zenobia ; Jiyan Hussein, membre du Comité de coordination de Kongra Star ; et Georgette Barsoum, cheffe de l’Union des femmes syriaques. La tournée d’un mois de la délégation comprendra des visites dans plusieurs pays européens, dans le but de rencontrer des organisations de femmes et de défense des droits de l’homme et des parlementaires européens, en plus de participer à des séminaires de dialogue et à diverses activités culturelles. (ANHA)

« Les gens ont vu chez Jina Mahsa Amini ce qu’ils enduraient depuis des décennies »

IRAN / ROJHILAT – « Jîna Mahsa Amînî, en tant que femme kurde, incarnait nombre de ces caractéristiques. (…) Ce qui lui est arrivé est devenu insupportable pour la société. Parce qu’ils ont tous vu ce qu’ils avaient vécu pendant tant d’années chez une seule personne, et c’est pourquoi elle est devenue un symbole. »
 
Arrêtée violement à Téhéran le 13 septembre 2022 pour le « port inapproprié du foulard », la jeune Kurde, Jina Amini est décédée dans le coma trois jours plus tard. Après l’inhumation de Jina Amini dans sa ville natale de Saqqez le 17 septembre, les manifestations qui ont débuté au Kurdistan iranien sous le slogan « jin, jîyan, azadî » (Femme, Vie, Liberté) se sont propagées dans tout le pays en une résistance appelant au renversement du régime. Menée par des femmes, cette résistance, qui a rassemblé des millions de personnes de confessions, d’identités et d’affiliations politiques diverses, s’est poursuivie pendant des mois.
 
L’agence Mezopotamya s’est entretenue avec le directeur de l’IHRNGO
 
Le directeur de l’ONG iranienne IHRNGO, Mahmood Amiry-Moghaddam, a déclaré que les injustices de longue date subies par chaque Iranien.ne étaient symbolisées par ce qu’ils ont vu chez Jina Amini, et a ajouté que le mouvement « femmes, vie, liberté » fut un tournant en Iran.
 
À l’approche de l’anniversaire des manifestations « Jin, jiyan, azadî », qui se sont propagées d’Iran au monde entier, la répression, les arrestations, la torture et les condamnations à mort contre les militant.e.s de la liberté, en particulier les femmes, s’intensifient chaque jour. Condamnées à mort, Pakshan Azizi, Warisha Muradi et Sharifa Mohammadi risquent d’être exécutées à tout moment. Les rapports publiés par l’Organisation iranienne des droits de l’homme (IHRNGO) depuis le début de la résistance révèlent clairement l’ampleur des violations des droits humains dans le pays.
 
L’IHRNGO a signalé que 218 défenseurs des droits humains ont été arrêtés et harcelés au cours des trois premiers mois de la résistance « Jin, jiyan, azadî », tandis que 834 personnes ont été exécutées en 2022. Dans son rapport du 15 septembre 2023, l’IHRNGO a annoncé que 551 militants, dont 68 enfants et 49 femmes, ont été tués. Selon le rapport 2024 de l’organisation, au moins 975 personnes ont été exécutées, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2023. Depuis début 2025, au moins 920 personnes ont été exécutées, dont 25 femmes. Si la majorité des exécutions, qui se poursuivent depuis des années, ont été effectuées pour des infractions liées à la drogue, au meurtre et à la sécurité, les minorités ont été touchées de manière disproportionnée par cette pratique.
 
Les femmes sont particulièrement ciblées
 
Les rapports de l’IHRNGO révèlent également la grave oppression et la violence dont sont victimes les femmes. En 2023, 49 militantes ont été tuées, dont un nombre important dans des circonstances suspectes. Les défenseurs des droits des femmes sont victimes de pratiques inhumaines telles que les exécutions, l’emprisonnement et la torture physique. Les rapports de 2023 indiquent que plus de 150 défenseurs des droits humains ont été arrêtés et condamnés à un total de 541 ans de prison. Cela démontre que le régime iranien poursuit une stratégie systématique d’intimidation contre le mouvement de libération des femmes.
Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l’IHRNGO, s’est entretenu avec l’Agence de Mésopotamie (MA) à l’occasion du troisième anniversaire de la mort de Jina Aminî et des manifestations « Jin, jiyan, azadî » qui ont suivi. Amiry-Moghaddam a déclaré que l’Iran traversait ce que l’on pourrait appeler une « crise des exécutions », ajoutant : « Cinq à six personnes sont exécutées chaque jour. »
 
Ce qui diffère des 40 dernières années
 
Il a déclaré qu’après la résistance « Jin, jiyan, azadî », le régime a continué d’imposer le « foulard obligatoire » aux femmes, mais que celles-ci, notamment dans les grandes villes, ont fait preuve de désobéissance civile en refusant de porter le foulard. Amiry-Moghaddam a déclaré : « Les autorités iraniennes n’ont mis en œuvre aucune réforme pour améliorer la situation des femmes. Tout ce que les femmes ont obtenu, elles l’ont obtenu grâce à leur résistance. Je pense que le mouvement « Femmes, vie, liberté » a marqué un tournant et s’est distingué de toutes les autres manifestations que nous avons connues ces 40 dernières années. Car pour la première fois, tous les Iraniens, quels que soient leur origine ethnique, leur religion ou leur sexe, se sont unis contre l’oppression incarnée par la République islamique. »
 
Amiry-Moghaddam a souligné que la résistance « Jin, jiyan, azadî », comparée aux résistances passées, est inclusive. Il a déclaré : « Il existe une solidarité entre tous les genres et toutes les minorités. Tous les dictateurs, surtout les totalitaires, ne profitent généralement qu’à une petite partie de la population qui les soutient. Les minorités et les femmes sont opprimées dans la plupart des cas. Je peux donc affirmer que dans ce mouvement, nous trouvons tous la cause commune de nos souffrances, et cette cause commune est le système. Je pense que c’est la raison de cette solidarité. Jîna Mahsa Emînî, en tant que femme kurde, incarnait nombre de ces caractéristiques. Je pense que c’est pourquoi ce qui lui est arrivé est devenu insupportable pour la société. Parce qu’ils ont tous vu ce qu’ils avaient vécu pendant tant d’années chez une seule personne, et c’est pourquoi elle est devenue un symbole. »
 
Le système judiciaire iranien
 
Amiry-Moghaddam a souligné que le système judiciaire iranien manque d’indépendance et que l’objectif de tous les juges n’est pas « d’établir la justice, mais de protéger le système ». Il a ajouté que des procès fictifs sont organisés pour donner l’illusion d’un système judiciaire. « Par exemple, si de nombreuses personnes condamnées à mort par les tribunaux révolutionnaires ont accès à des avocats, dans bien des cas, les documents des accusés sont inaccessibles. En résumé, les tribunaux révolutionnaires prononcent des peines ordonnées par d’autres. C’est pourquoi chaque exécution en Iran est extrajudiciaire, car il n’y a ni procédure régulière ni procès équitable. Dans presque tous les cas que nous avons examinés, notamment ceux impliquant la peine de mort, les accusés ont été contraints de passer aux aveux. Les accusations portées devant les tribunaux reposent donc sur des aveux obtenus sous la contrainte », a-t-il déclaré.
 
Le système et la société sont contre les femmes
 
Amiry-Moghaddam a déclaré que la situation des femmes est confrontée non seulement à la loi et au système, mais aussi à la société. Il a souligné que les femmes emprisonnées ne reçoivent aucun soutien familial, sont contraintes au mariage précoce et se voient refuser le droit au divorce par le système. Il a poursuivi : « Ici, le système, la loi et certains segments de la société collaborent pour opprimer les femmes. Nous nous efforçons notamment de sensibiliser la population aux violations de leurs droits. Par exemple, comme vous le savez, le régime a une loi qui stipule qu’une femme qui ne se couvre pas les cheveux peut être fouettée 74 fois. Mais certains hommes infligent également cela à leurs sœurs ou à leurs filles à la maison. Nous essayons de sensibiliser la population à la nécessité de lutter contre les inégalités et la discrimination, dans la rue comme à la maison. »

Deux adolescents kurdes arrêtés en Iran

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IRAN / ROJHILAT – Le régime iranien poursuit sa répression contre la population kurde. Les forces du ministère iranien du Renseignement ont arrêté deux enfants kurdes lors de raids à leur domicile à Kamyaran, dans la province du Kurdistan. Le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan (KHRN) a rapporté qu’Oraz Zamani et Behrouz Rashidi ont été placés en détention sans mandat à l’aube du 8 septembre et transférés au centre de détention du ministère dans la capitale provinciale, Sanandaj. Aucune information n’a été divulguée sur les raisons de leur détention. (ANF)

« Rojin Kabaiş a été tuée, les assassins sont parmi nous »

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TURQUIE / KURDISTAN – Dans la ville kurde de Van, où Rojin Kabaiş est morte dans des circonstances suspectes, la population veut qu’il y aie une enquête approfondie pour lever le voile entourant la mort de la jeune femme. Ceux qui ne croient pas à la thèse du suicide craignent d’assister à d’avantage de meurtre de femmes, enfants et jeunes dans les régions kurdes où les criminels sont accusés de jouir de l’impunité. Rojin Kabaiş, étudiante en première année à l’université Van Yüzüncü Yıl, a quitté son foyer d’étudiants après le dîner le soir du 27 septembre. Le 28 septembre, vers midi, ses amies du foyer ont prévenu la police qui a retrouvé son téléphone portable, ses écouteurs, le cake et la bouteille d’eau au bord du lac. Le 16 octobre, un riverain a découvert le corps de Kabaiş dans la localité de Mollakasım, à environ 24 kilomètres de la rive de l’Université Van Yüzüncü Yıl. Depuis un an, l’affaire n’a pas progressé. La famille de Rojin, les défenseurs des droits humains et les organisations juridiques poursuivent leurs efforts pour faire la lumière sur cette mort qualifié de « meurtre déguisé en suicide ».   « C’est un meurtre, pas un suicide » L’agence Mezopotamya a interrogé les habitants de Van au sujet de la mort suspecte de Rojin et du manque d’avancée dans le dossier. Sema Nur Gülce, soulignant la nécessité d’éclaircissements, a déclaré : « Je ne me sens plus en sécurité. Je ne suis pas la seule ; beaucoup de femmes comme moi ne le sont pas. Femmes, enfants ou hommes, nous pouvons tous mourir à tout moment. Dans presque toutes les villes, de nombreuses femmes perdent la vie ou sont assassinées dans des circonstances suspectes. Pourtant, aucune mesure n’a été prise. Rojin Kabaiş a été assassinée juste à côté de nous. Ce n’était pas un suicide ; c’était un meurtre caché. Il faut agir maintenant. »  Soulignant la nécessité pour l’ensemble de la société de dénoncer le féminicide et la violence, Sema Nur Gülce a déclaré : « Pourquoi tout le monde reste-t-il silencieux là où personne ne se sent en sécurité ? Nous en sommes arrivés au point où nous ne pouvons même plus sortir. Nous avons peur et sommes anxieux, même à l’école. Rojin Kabaiş ne s’est pas suicidée, elle ne s’est pas noyée. Des meurtriers rôdent parmi nous. Combien d’entre nous devront mourir pour que ces massacres cessent ? (…) »  Il faut des peines dissuasives  Fatma Deniz a déclaré : « Les femmes ne devraient plus mourir. Les meurtres de femmes doivent cesser immédiatement. Nous voulons que la mort de Rojin soit tiré au claire. Nous n’avons aucune sécurité de vie, et en Turquie, nous sommes constamment confrontés à la mort d’une femme. Elle est assassinée par son mari, dans la rue ou par son ami. Des enfants sont assassinés (…). Les femmes doivent être protégées par la loi. Les peines prononcées doivent être dissuasives. Les meurtriers ne devraient pas se promener librement parmi nous. Nous ne sommes pas en sécurité. La réduction des peines pour « bonne conduite » doit être abolie. Les meurtriers ne devraient pas être jugés sur la cravate qu’ils portent. » Nous voulons vivre
Havin Eser a déclaré : « Nous voulons que le meurtrier de Rojin soit retrouvé et jugé au plus vite. Nous ne voulons pas mourir, nous voulons vivre. Nous voulons nous sentir en sécurité maintenant. Que l’affaire Rojin soit clarifiée. Rojin est venue étudier. J’irai peut-être étudier ailleurs demain. Si je suis tuée, garderont-ils le silence ? Personne ne doit se taire, et je ne le ferai pas non plus. Que cet événement ne soit pas oublié comme d’autres morts, et que le ou les coupables soient punis. Nous, les femmes, voulons vivre. »
« Une jeune femme qui rêvait de vivre a été assassinée », a déclaré Yonca İşler, ajoutant : « Pourquoi tant de femmes et d’enfants sont-ils assassinés ? Pourquoi est-ce que je regarde toujours en arrière quand je marche dans la rue ? Nous voulons vraiment la sécurité. Chaque jour, nous nous réveillons face à une nouvelle mort. Maintenant, nous restons là, sourds aux massacres de femmes. » 
  Tant que les criminels seront protégés, il y aura d’autres meurtres 
Abdullah Karadoğan, déclarant être contre la violence et les massacres, a déclaré : « Il y a une grande violence et des massacres contre les femmes. Rojin Kabaiş, comme tout jeune, est arrivée dans cette école avec le rêve d’étudier. La mort de Rojin est un meurtre. Nous voulons que cette affaire soit close maintenant. Que la justice et le droit prévalent, et que les coupables ne soient pas protégés. Tant que ces coupables seront protégés, les morts continueront. Nous aussi, nous doutons de notre propre vie. Le meurtrier est peut-être parmi nous en ce moment même. Comme pour tout féminicide, nous soutenons la famille de Rojin dans son affaire. Nous suivrons cette affaire de près. »
   
Muhsin Han a déclaré : « Si une femme ne peut pas aller seule à la plage, le problème est énorme. » Han a souligné qu’il s’agissait d’un meurtre et que les auteurs devaient être retrouvés et poursuivis. Les autorités doivent enfin faire la lumière sur cette affaire. » 
Alaattin Koca, soulignant que la mort suspecte de Rojin Kabaiş est liée aux politiques de guerre spéciales mises en œuvre au Kurdistan, a déclaré : « Nous voulons que la mort de Rojin soit révélée au grand jour. Les “lois nationales” sont à l’origine de l’absence de lumière sur cet incident. Chacun doit s’exprimer sur ce sujet maintenant. Nous devons tous assumer notre responsabilité pour faire la lumière sur la mort de Rojin. Une politique d’assimilation et de déni est en vigueur depuis des années à l’encontre des Kurdes. Aujourd’hui encore, nous sommes soumis à l’oppression et à l’ignorance. Parmi ces politiques figurent les massacres des femmes. » (Agence Mezopotamya)

IRAN. Des milliers de prisonniers risquent d’être exécutés

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IRAN / ROJHILAT – Alors que le régime iranien a intensifié les exécutions des prisonniers, dont de nombreux Kurdes, l’Amnesty Belgique dénonce le recours à la peine de mort comme instrument d’oppression en Iran où plus de 800 personnes ont été exécutées en 8 mois. Amnesty Belgique rappelle que « Des milliers de personnes risquent une exécution après avoir été condamnées à mort, notamment pour des infractions liées aux stupéfiants ou des charges à la définition trop large ou formulées en termes vagues, à l’issue de procès manifestement iniques, ou sont visées par des enquêtes ou des poursuites pour des infractions passibles de la peine capitale. Depuis le soulèvement Femme Vie Liberté en 2022, les autorités recourent à la peine de mort comme à un instrument d’oppression, et plus de 800 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année. »

TURQUIE. Le putsch militaire de 1980: Un jour noire pour l’histoire de l’humanité

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Le 12 septembre 1980, un putsch militaire a basculé la Turquie dans la terreur absolue ciblant la société kurde et les milieux socialistes. 45 ans après ce coup d’État sanglant mené par le général Kenan Evren, ses séquelles restent intactes dans la mémoire collective du pays, notamment au Kurdistan du Nord sous l’occupation turque. Coups d’État qui n’en finissent pas La Turquie a connu plusieurs bouleversements politiques orchestrés par son armée : 27 mai 1960, 12 mars 1971, 12 septembre 1980, 17 avril 1993, 28 février 1997 et 27 avril 2007. Dans le cadre de cette chronologie, notons qu’une tentative de coup en 2015 a servi de prétexte au Président Erdogan pour initier une vaste campagne d’arrestations, visant politiciens, militants d’opposition, ainsi que des purges au sein des institutions, comme l’armée et les universités. Coup d’État du 12 septembre 1980 Sous la houlette du général Kenan Evren, le Conseil de sécurité nationale instaure un état de siège sur tout le territoire. Cette décision entraine l’arrestation de figures politiques majeures, la dissolution de l’Assemblée nationale et l’interdiction des associations et syndicats. Bulent Ulusu, un amiral à la retraite, est alors nommé Premier ministre. Ce coup d’État est le troisième en l’espace de trente ans, précédé par ceux de 1960 et 1971. Entre 1971 et 1984, la répression s’intensifie, ciblant en particulier les Kurdes et les forces de gauche. Conséquences dévastatrices du coup d’État La Grande Assemblée nationale turque et la Constitution furent immédiatement suspendues par la junte militaire le 12 septembre 1980, tous les partis et syndicats étant dissous et toutes les grèves déclarées illégales. Tous les maires des provinces et des districts ainsi que tous les membres des conseils locaux ont été remplacés par des militaires. 650 000 personnes ont été arrêtées dans les semaines et mois suivants, et 230 000 personnes ont été jugées par des tribunaux militaires. Les juges ont été condamnés à mort plus de 500 personnes. 50 personnes ont été exécutées par pendaison. 300 personnes sont mortes dans des centres de détention et des prisons dans des circonstances suspectes, et 171 personnes ont été tuées sous la torture. Plus de 1,6 million de personnes ont été inscrites sur une liste noire et 14 000 ont été déchues de leur citoyenneté. Quelque 30 000 personnes sont devenues des réfugiés politiques, la plupart en Europe. L’un des héritages les plus importants du coup d’État du 12 septembre, la Constitution de 1982 actuellement en vigueur et qui est un produit direct du régime militaire, a été approuvé lors d’un référendum à une majorité écrasante de 91,4 %. Le taux de participation a été de 91,3%. 45 ans après le coup d’État du 12 septembre 1980, ses conséquences résonnent encore dans l’histoire et la mémoire collective. Une journée qui reste synonyme de perte, de répression et de changement pour le pays.

SYRIE. Les FDS déjouent une tentative d’infiltration des gangs de Damas

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SYRIE / ROJAVA – Les forces arabo-kurdes ont déclaré que les forces du gouvernement intérimaire syrien ont tenté de s’infiltrer à Dêr Hafir, au sud-est de Tabqa, mais ont été repoussées avec succès. Le centre des médias des Forces démocratiques syriennes (FDS) a publié une déclaration indiquant que les forces du gouvernement intérimaire ont tenté d’infiltrer la ville de Dêr Hafir, située au sud-est du canton de Tabqa. Le communiqué indique : « Nos forces ont repoussé avec succès les tentatives d’infiltration et les attaques d’artillerie lancées par des groupes indisciplinés affiliés au gouvernement de Damas dans la région de Deir Hafer, contrecarrant complètement ces opérations. Nos forces affirment que la responsabilité de cette agression incombe entièrement à la partie qui a initié l’escalade par des violations répétées mettant en péril la stabilité publique. Parallèlement, nos forces rassurent tous les habitants : la situation est parfaitement sous contrôle et elles restent constamment prêtes à faire face à toute nouvelle violation. Nos forces soulignent également leur engagement indéfectible envers leur devoir national de défendre notre territoire et de protéger notre peuple, soulignant que toute nouvelle tentative d’agression sera confrontée à une réponse décisive qui sauvegarde la sécurité de notre région et préserve la dignité de ses habitants. » (ANF)

PARIS. Évènements kurdes à la Fête de l’Humanité

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PARIS – Durant la prochaine Fête de l’Humanité, plusieurs organisation kurdes, dont l’association France-Kurdistan et le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F), vous accueillerons à leurs stands autour de divers évènements allant de discutions / rencontres aux concerts de musique et des dégustations culinaires.
 
Événements au stand du CDK-F :
 
•Samedi 14h-16h → Discussion-débat : Révolution Jin Jiyan Azadî (Femme Vie Liberté), avec l’association Roya et une délégation de femmes du Rojava représentant les composantes kurde, arabe et syriaque
 
•Samedi 16h15 → Commémoration de Jîna Mahsa Amini.
 
Ailleurs sur le site :
 
• Samedi 10h30 → Inauguration du Village du Monde avec la délégation des femmes du Rojava.
 
• Samedi 12h30 → Débat : Solidarité avec les peuples de Syrie, Stand du PCF Champigny.
 
• Samedi 17h → Prise de parole de la délégation sur la grande scène.
 
• Samedi 18h-19h30 → Débat avec France-Kurdistan et la délégation du Rojava.
 
• Dimanche 11h-13h → Débat : Actualité au Kurdistan & résistance populaire, Stand Fondation Danielle Mitterrand.
 
• Dimanche 14h45 → Intervention sur la scène du Village du Monde :
Résistance du Rojava & perspectives pour les Kurdes après la dissolution du PKK.
 
RDV les 12, 13 et 14 septembre 2025 au Village du Monde – Rue Jîna Mahsa Amînî
 
Affiche du CDK-F
 

La Turquie sommée de cesser de persécuter les dirigeants du Barreau d’Istanbul

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« Les poursuites pénales et civiles contre le conseil exécutif du Barreau d’Istanbul sont incompatibles avec les obligations internationales de la Turquie en matière de droits humains et constituent une atteinte directe à l’indépendance de la profession juridique », ont déclaré aujourd’hui 12 organisations juridiques et de défense des droits humains, dont Human Rights Watch. Les groupes ont soumis un mémoire d’amicus curiae* à la 26e Cour pénale d’Istanbul le 5 septembre 2025, avant l’audience des 9 et 10 septembre dans l’affaire. L’action en justice vise le président du Barreau d’Istanbul, İbrahim Kaboğlu, et 10 membres du conseil exécutif, et découle d’une conférence de presse organisée par le Barreau en décembre 2024, suite au meurtre de deux journalistes kurdes, Nazim Daştan et Cihan Bilgin par un drone turc dans le nord de la Syrie / Rojava. Dans sa déclaration, le Barreau a rappelé les protections juridiques internationales qui doivent être accordées aux journalistes dans les zones de conflit, a appelé à une enquête efficace sur les décès et a exigé la libération des manifestants et des avocats détenus lors d’une manifestation organisée à Istanbul le même jour. En réponse, le parquet turc a ouvert une procédure pénale contre la direction du barreau pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et « diffusion d’informations trompeuses », et a simultanément engagé une action civile visant à révoquer le conseil d’administration au motif qu’il avait outrepassé ses obligations légales. Le 21 mars, le deuxième tribunal civil de première instance d’Istanbul a ordonné la révocation de l’ensemble du mandat du conseil d’administration, une décision actuellement en appel. Les douze organisations ont déclaré dans leur communiqué conjoint que ces procédures violaient les obligations de la Turquie en vertu du droit international des droits de l’homme. La déclaration du Barreau d’Istanbul, soulignent-elles, s’inscrit pleinement dans le cadre de son mandat professionnel et de son devoir légal de défendre les droits de l’homme et l’État de droit. « Les poursuites pénales et civiles contre le conseil exécutif du Barreau d’Istanbul constituent des représailles pour avoir défendu des droits humains légitimes », a déclaré Ayşe Bingöl Demir, directrice du Projet turc de soutien aux litiges relatifs aux droits humains. « Elles s’inscrivent dans une démarche plus large visant à intimider la profession juridique et à réduire au silence les institutions qui contestent le pouvoir de l’État. » Les organisations ont souligné que les barreaux doivent être libres de s’exprimer sur leurs préoccupations en matière de droit et de droits humains, sans crainte d’intimidation ou de sanctions. Thierry Wickers, président du Conseil des barreaux européens, a déclaré : « Ces actions ne constituent pas seulement une attaque contre le barreau d’Istanbul, mais une atteinte à l’idée même d’une profession juridique indépendante, l’un des principaux piliers d’une société démocratique et une garantie fondamentale pour garantir l’État de droit et prévenir les abus de pouvoir. » Les groupes ont déclaré dans leur mémoire d’amicus curiae que les accusations portées contre les dirigeants du Barreau sont à la fois vagues et juridiquement infondées, s’appuyant sur des lois antiterroristes et de désinformation trop larges, qui ne respectent pas les normes internationales de légalité, de nécessité et de proportionnalité. Aucune partie de la déclaration du Barreau ne peut raisonnablement être interprétée comme une « incitation à la violence » ou une « promotion du terrorisme », ont affirmé les groupes. Elle reflète plutôt le rôle du Barreau en tant que garde-fou institutionnel, défendant ses membres et dénonçant les détentions illégales et les violations présumées du droit international. « La déclaration du Barreau d’Istanbul s’inscrivait parfaitement dans le cadre de ses obligations statutaires et de son rôle protégé au niveau international », a déclaré Helena Kennedy, directrice de l’Institut des droits de l’homme de l’Association internationale du barreau. « Criminaliser une telle déclaration est à la fois juridiquement indéfendable et politiquement alarmant. » Les organisations ont déclaré que ce cas n’est pas isolé mais emblématique d’une tendance plus large en Turquie, où les barreaux sont confrontés à une ingérence croissante, les avocats sont de plus en plus poursuivis pour leur travail et les institutions dissidentes sont soumises à une pression coordonnée. Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour l’Europe, a déclaré : « Ce qui se passe dans cette affaire est emblématique d’une tendance systémique, mais crée également un dangereux précédent : le droit pénal est utilisé à mauvais escient pour cibler des avocats, leur ordre professionnel et des défenseurs des droits humains simplement parce qu’ils font leur travail. Les lois antiterroristes turques, trop larges, sont sujettes à des abus. » De telles poursuites envoient un message inquiétant : exiger des autorités qu’elles respectent leurs obligations en matière de droits humains a un coût élevé et la liberté d’expression des avocats, de leurs représentants et de tous les citoyens peut être arbitrairement restreinte. Face à cela, la seule issue équitable est l’acquittement de tous les membres du Barreau d’Istanbul lors de l’audience de demain. À la lumière de ces préoccupations, les organisations internationales ont demandé au tribunal d’Istanbul d’évaluer la légalité et la régularité des procédures pénales et civiles en cours, conformément aux obligations contraignantes de la Turquie en vertu du droit international des droits de l’homme, y compris les normes relatives à l’indépendance des avocats et des barreaux et les droits à la liberté d’expression et d’association. Comme le soulignent les groupes dans leur mémoire d’amicus curiae, les accusations et les actions contre le conseil exécutif du Barreau d’Istanbul contreviennent à ces normes, semblent poursuivre un objectif politique caché et risquent de créer un précédent dangereux pour les professionnels du droit et les institutions engagées dans la défense des droits. Les organisations qui ont soumis le mémoire d’amicus curiae sont : Turkey Human Rights Litigation Support Project, Amnesty International, le Conseil des barreaux européens, l’Association européenne des juristes pour la démocratie et les droits de l’homme dans le monde, le Barreau fédéral allemand, Human Rights Watch, l’Institut des droits de l’homme de l’Association internationale du barreau, la Commission internationale de juristes, l’Observatoire international des avocats en danger, la Law Society of England and Wales, Lawyers for Lawyers et PEN Norway. *En droit, un amicus curiae est une personnalité ou un organisme, non directement lié aux protagonistes d’une affaire judiciaire, qui propose au tribunal de lui présenter des informations ou des opinions pouvant l’aider à trancher l’affaire, sous la forme d’un mémoire (un amicus brief), d’un témoignage non sollicité par une des parties, ou d’un document traitant d’un sujet en rapport avec le cas. La décision sur l’opportunité d’admettre le dépôt de ces informations ou de ces opinions est à la discrétion du tribunal. (Wikipedia)

SYRIE. Damas doit mettre fin à la soumission à la Turquie et restaurer la souveraineté nationale

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SYRIE / ROJAVA – Les responsables politiques de l’Administration arabo-kurde du Rojava (AANES) rappellent que l’État turc s’emploie activement à saboter tout dialogue syro-syrien. Ils soulignent qu’« aujourd’hui plus que jamais, les forces nationales syriennes doivent agir avec détermination pour rompre cette dépendance ».  

L’État turc cherche à entraver tout rapprochement ou toute communication entre le gouvernement syrien de transition et l’Administration démocratique autonome. Par ses interventions, Ankara vise à empêcher tout consensus national qui pourrait marquer le début d’une solution politique globale en Syrie.

Les politiciens syriens conviennent que la Turquie craint un dialogue constructif entre les Syriens et emploie tous les moyens possibles pour le contrecarrer.

Mohammad Ali Darwish, membre du Comité des relations du Conseil démocratique syrien, a déclaré à l’agence ANHA : « Ce que le gouvernement de transition doit faire aujourd’hui, c’est s’ouvrir à la rue syrienne plutôt que de rester subordonné à des parties étrangères. » Il a noté que les actions actuelles du gouvernement sont influencées par la Turquie dans un cadre diplomatique, affaiblissant l’indépendance décisionnelle de la Syrie et, selon ses propres termes, constituant un mauvais service à la révolution syrienne.

Darwish a ajouté : « En quinze ans de révolution, les Syriens ont présenté des modèles d’autonomie et de véritables projets politiques capables de sortir le pays du fascisme et de le conduire vers un État prospère, fondé sur la paix civile et au service des intérêts de la société. À l’inverse, le gouvernement intérimaire ne reflète pas cette orientation, s’alignant plutôt sur des programmes religieux ou étant directement lié à la politique turque. »

Il a souligné que la Turquie craint le projet d’auto-administration dans le nord et l’est de la Syrie, qui représente un modèle national intégré garantissant les droits de toutes les composantes syriennes, un modèle démocratique qui perturbe profondément Ankara.

Pendant ce temps, Mohammad Ramadan al-Aboud, porte-parole du Parti de la modernité et de la démocratie en Syrie, a affirmé que l’accord du 10 mars, signé entre le commandant des Forces démocratiques syriennes Mazloum Abdi et le Premier ministre du gouvernement de transition Ahmad al-Shar’aa, est en grande partie bloqué depuis plus de cinq mois, imputant la responsabilité principale de ce retard à la Turquie.

Al-Aboud a déclaré : « La Turquie s’efforce directement de neutraliser les dispositions de l’accord de manière à servir ses intérêts sur le territoire syrien. » Il a souligné que l’influence turque au sein du nouveau gouvernement de transition est devenue évidente, les décisions d’Ankara étant effectivement mises en œuvre par cet organe.

Il a expliqué : « L’un des principaux objectifs de la Turquie à ce stade est de saper la présence kurde dans le nord et l’est de la Syrie et d’empêcher les Kurdes d’exercer une quelconque influence politique ou administrative, en particulier dans les zones frontalières. » Il a ajouté qu’Ankara rejette catégoriquement toute formule accordant aux Kurdes un rôle dans la future gouvernance de la Syrie.

Al-Aboud a également rappelé que « le nouveau gouvernement syrien de transition a été établi essentiellement sous l’impulsion directe de la Turquie, faisant de sa dépendance à Ankara un obstacle à tout progrès vers la construction d’une Syrie démocratique, pluraliste et décentralisée. » Il a décrit le blocage de l’accord du 10 mars comme faisant partie d’une politique systématique visant à bloquer le consensus national et à maintenir le statu quo syrien.

Il a souligné : « Les forces nationales syriennes sont aujourd’hui plus que jamais appelées à briser cette dépendance et à promouvoir des solutions syro-syriennes qui protègent les droits de toutes les composantes et jettent les bases d’un État démocratique juste. »

De même, Osman Bozan, membre du Parti de gauche kurde en Syrie, a déclaré : « Le peuple syrien, avec toutes ses composantes, aspire à un avenir ouvert qui garantit la compréhension entre toutes les parties syriennes, libre d’interventions étrangères cherchant à saboter les efforts de paix et de stabilité. »

Bozan a ajouté : « La Turquie tente d’entraîner la région dans de nouvelles guerres et conflits futiles, contredisant les aspirations des Syriens à la sécurité et à la paix civile », appelant à « une plus grande conscience populaire pour faire face aux tentatives de domination et d’ingérence extérieure ».

En conclusion, il a affirmé : « Le peuple syrien est désormais de plus en plus capable de reconnaître ses intérêts nationaux et la nécessité de se libérer de la tutelle turque ou de toute ingérence étrangère », soulignant que « la solution syro-syrienne, fondée sur le dialogue et la compréhension mutuelle entre toutes les composantes, est la voie la plus fructueuse vers la construction de l’avenir de la Syrie. » (ANHA)