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TURQUIE. Arrestations des Mères du Samedi à Istanbul/Galatasaray

TURQUIE – 21 personnes ont été arrêtées avec les mains menottées dans le dos par des policiers qui ont attaqué la 960e veillée hebdomadaire des mères du samedi réunies sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour s’enquérir du sort de leurs proches disparus.

Dans une scène récurrente qui n’est devenue que trop familière, la police d’Istanbul a une fois de plus fait obstacle à la manifestation hebdomadaire des Mères du Samedi, un groupe inébranlable de femmes et des députés, simples citoyens et défenseurs des droits humains qui exigent la justice et la vérité pour les disparus de forces. Depuis 1995, les mères du samedi se réunissaient sur la place Galatasaray d’Istanbul pour exiger des réponses concernant les disparitions forcées de leurs enfants dans les années 1980 et 1990 en Turquie.

 

Les mères du samedi ont déclaré sur X (anciennement Twitter) qu’elles étaient victimes de la torture avec leurs mains menottées dans le dos, ajoutant que la « place Galatasaray ; C’est l’héritage de nos mères qui sont décédées avant d’avoir pu retrouvé leurs enfants, la vérité et la justice. Malgré toute votre illégalité et vos pratiques de torture, nous n’abandonnerons pas Galatasaray ! »

Depuis 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque

Il y a 28 ans, les Mères du Samedi (en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.

Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.

Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Par la suite, la cour constitutionnelle turque a déclaré que la police avait violé le droit de manifester des Mères du Samedi, en les arrêtant, mais manifestement la police d’Erdogan refuse de se conformer aux lois de son propre pays.

Le 5 mai dernier, la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe dénonçait les violations des droits en Turquie, en attirant l’attention sur les violences subies par les Mères du Samedi : « Les autorités ne respectent toujours pas le droit à la liberté de réunion pacifique des « Mères du samedi » et des autres personnes qui manifestent ce jour-là pour demander que la lumière soit faite sur la disparition de leurs proches, alors que la Cour constitutionnelle turque a déjà conclu deux fois à la violation de leur droit de manifester. Les membres de ce groupe font même l’objet d’une procédure pénale, engagée tout récemment, pour avoir exercé ce droit. La manière dont sont traitées les « Mères du samedi » est une illustration supplémentaire des risques inhérents à un contexte dans lequel les droits humains ne sont pas protégés de manière effective. »