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TURQUIE. Un chef du Hezbollah turc libéré grâce à l’amnistie présidentielle

TURQUIE – 4 détenus, dont « le chef de l’aile militaire » du Hezbollah turc, Mehmet Emin Alpsoy, ont été libérés grâce à l’amnistie présidentielle a rapporté l’agence kurde Mezopotamya. Alpsoy avait été condamné à la réclusion à perpétuité aggravée pour avoir tué sous la torture 3 personnes et avoir été le « chef de l’aile militaire » du Hezbollah turc.

 

Alpsoy a dirigé l’aile militaire du groupe fondamentaliste et a été condamné à mort en 2000 pour son implication dans des exécutions extrajudiciaires. Il a finalement été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle lorsque la Turquie a supprimé la peine de mort.

Le condamné du Hezbollah a été accusé d’avoir torturé et assassiné trois personnes à Ankara, la capitale turque. Les corps des victimes ont été découverts enterrés dans le sous-sol de la maison de son frère. Son frère a déclaré qu’il avait donné les clés de sa maison à Alpsoy et a nié toute connaissance d’activités criminelles.

Erdoğan a cité un rapport de l’Institut de médecine légale et une circulaire du ministère de la Justice dans sa grâce au motif qu’Alpsoy était trop vieux pour rester en prison. L’appel à la libération d’Alpsoy est venu du Parti de la cause libre (HÜDA-PAR), qui serait affilié au Hezbollah et actuellement allié au Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdoğan pour les élections cruciales du 14 mai en Turquie.

Le fils d’Alpsoy, Şeyhmus Alpsoy, est également derrière les barreaux, dans l’attente du résultat d’un autre appel de HÜDA-PAR, pour sa libération pour raisons de santé.

Le groupe extrémiste sunnite Hezbollah, (à ne pas confondre avec le Hezbollah libanais chiite), était actif dans les années 1990 dans les régions kurdes de la Turquie, ciblant des personnes qu’ils croyaient être affiliées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des civils qu’ils jugeaient « immorales », y compris celles buvant de l’alcool ou portant des jupes courtes.

En février 1992, le journaliste Halit Güngen a publié un dossier sur la façon dont les militants du Hezbollah ont reçu une formation au siège de la police anti-émeute. Deux jours plus tard, Güngen a été assassiné. Un autre journaliste qui a écrit sur les liens de l’organisation terroriste avec l’État, Namık Tarancı, a également été assassiné en novembre de la même année.

À l’époque, le ministre de la Culture de l’époque, Fikri Sağlar, a déclaré aux médias que l’armée turque avait pris la décision en 1985 de développer et de financer le groupe, dans le cadre d’opérations secrètes de contre-guérilla.

Le Hezbollah aurait été responsable de nombreuses exécutions extrajudiciaires dans les régions à majorité kurde dans les années 1990, au plus fort des combats entre l’État turc et le PKK.

L’éminente féministe musulmane Konca Kuriş, qui a fait campagne contre une interprétation « dogmatique » du livre sacré des musulmans, a été découverte dans un sous-sol appartenant au Hezbollah en 2000, ligotée et tuée sous la torture, plus d’un an après sa disparition dans la province centrale de Konya.

L’Association des droits de l’homme (İHD) a publié une déclaration en janvier 2000 selon laquelle au moins 1 964 personnes avaient perdu la vie dans des exécutions extrajudiciaires à motivation politique. 80/100 de ces meurtres ont été commis dans les régions kurdes, avait alors déclaré l’İHD.

Selon les estimations de diverses organisations de la société civile, le nombre de meurtres est bien supérieur à 17 000 personnes. Parmi les victimes figurent Savaş Buldan, époux de l’éminente politicienne kurde Pervin Buldan, qui copréside actuellement le deuxième plus grand bloc d’opposition du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP).

Erdoğan a gracié trois autres hommes le même jour qu’Aksoy. L’ancien lieutenant-général Çetin Saner, qui avait été condamné à la prison à vie pour avoir tenté de renverser le gouvernement par la force, a également été gracié en raison de son âge, tandis que Nihat İliman, purgeant une peine de 25 ans pour meurtre au premier degré, et Sedat Çelik, purgeant une peine de 12 ans pour trafic de drogue, ont été graciés pour « handicap ».

Medya News