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TURQUIE. Une ancienne prisonnière politique kurde menacée d’expulsion vers l’Iran

La police turque a arrêté Fatemeh Davand, une ancienne prisonnière politique kurde de nationalité iranienne, et l’a envoyée à un centre d’expulsion des demandeurs d’asile. Davand avait été condamnée à la prison par le régime iranien après les manifestations de 2019.
 
Fatemeh Davand a quitté l’Iran en janvier 2022 et vit depuis en Turquie en tant que demandeuse d’asile politique.
 
« J’ai été détenue par la police sans raison dans un centre commercial de la ville de Kayseri. Après m’avoir emmenée au poste de police et pris mes empreintes digitales, ils m’ont transférée au camp central de déportation des demandeurs d’asile à l’extérieur de la ville de Kayseri », a déclaré Davand à Kurdistan Human Rights Network (KHRN).
 
L’ancienne prisonnière politique a ajouté que les autorités n’avaient pas encore expliqué la raison de sa détention et de son transfert dans ce centre. Cependant, compte tenu du lieu de son transfert, il existe un risque sérieux qu’elle soit expulsée vers l’Iran.
 
Condamnée à la prison après les manifestations de 2019
 
Fatemeh Davand, Kurde de Bukan, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, a été arrêtée par les forces de sécurité à Bukan lors d’un rassemblement public de protestation en novembre 2019.
 
Elle a été soumise à des tortures mentales et à des pressions pendant 13 jours dans le centre de détention du ministère du Renseignement à Orumiyeh, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, pour faire des aveux forcés.
 
Une vidéo des aveux forcés de Davand a été diffusée dans les médias de la République islamique d’Iran quelques jours après sa détention.
 
Après avoir terminé la période d’interrogatoire au centre de détention du ministère du renseignement, elle a été transférée au quartier des femmes de la prison centrale d’Orumiyeh.
 
Davand a été libérée le 25 mars 2020, moyennant une caution de 1 milliard de tomans.
 
En mai 2020, un tribunal révolutionnaire islamique de Mahabad l’a condamnée à cinq ans de prison pour « atteinte à la sécurité nationale ». (Peine commué par la suite à trois ans et neuf mois de prison.)
 
Elle a également été jugée dans une autre affaire en février 2021 devant un tribunal de Bukan pour « trouble à l’ordre public et à la paix en participant à des émeutes » et « retrait du hijab ».
 
Dans ce tribunal, présidé par le juge Mahdi Taghizadeh, elle a été acquittée de l’accusation d’avoir enlevé le hijab mais a été condamnée à cinq mois de prison et 30 coups de fouet pour l’autre accusation.
 
Davand a été transférée à la prison centrale d’Orumiyeh le 6 août 2020 pour purger sa peine de prison.
 
Elle a été libérée de prison en novembre 2021 après l’acceptation de sa demande de libération conditionnelle et a quitté l’Iran pour la Turquie en janvier 2022.
 
Davand était l’un des témoins du Tribunal international Aban, qui s’est tenu en novembre 2021 à Londres à l’initiative d’organisations de défense des droits humains.