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TURQUIE. Une députée kurde empêchée de parler dans sa langue maternelle

TURQUIE – Alors qu’elle s’exprimait en kurde depuis la tribune parlementaire, la députée du HDP, Ayşe Sürücü, s’est vue couper son micro. Elle a protesté contre l’interdiction de la langue kurde en déclarant que : « C’est ma langue maternelle, le kurde. Ayez un peu de tolérance. Il était interdit de parler kurde, de lire de la poésie, de danser en kurde et même de siffler en kurde. Maintenant, vous criminalisez la ronde en kurde. Nous sommes kurdes, notre langue maternelle est le kurde, nos danses, nos chants, notre douleur, notre danse et notre vie sont en kurde. Abandonnez ces politiques prohibitives, le déni des Kurdes et l’inimitié envers les Kurdes. »
 
Près de 100 ans après la création de l’État fasciste turc, les Kurdes sont criminalisés s’ils parlent leur langue maternelle, font vivre leurs musique ou leur culture ou s’ils veulent se gouverner.
 
La militante kurde originaire du Kurdistan de l’Est, Somayeh Rostampour a condamné avec virulence le fait que le Parlement turc coupe le micro à une députée sous prétexte qu’elle parle dans sa langue maternelle. Rostampour  a déclaré:
 
« Si ce n’est pas du « colonialisme interne », alors qu’est-ce que c’est?
Des militants kurdes en Turquie ont été condamnés à des années de prison pour la musique, poésie, chant et théâtre kurdes (depuis environ 20 ans)! Jusqu’aux années 60, parler kurde même la rue était considéré comme un crime ! Et à ce jour, les Kurdes sont considérés par la Turquie comme des terroristes ou des « Turcs des montagnes ».
 
Rappelons nous l’histoire d’une mère kurde qui a pendant dix ans vu son fils au parloir de la prison sans pouvoir lui parler car le kurde était interdit et qu’elle ne savait pas le turque. Elle pleurait en silence devant son fils à chaque rencontre.
 
La députée Leila Zana a passé plus de dix ans en prison pour avoir prononcé quelques mots kurdes au Parlement turc dans les années 1980…
 
Après, vous vous demandez pourquoi certains Kurdes prennent les armes contre l’État turc?
 
Ceux qui défendent encore le gouvernement turc et ne voient pas sa nature coloniale et oppresseur ont la capacité de se transformer facilement en soldat de toute autre force oppressive fasciste. (…) »