Ce n’est pas la première fois que les dirigeants du Kurdistan sont accusés de corruption. En effet, les deux familles rivales (Barzanî et Talabanî) qui co-dirigent le Kurdistan se sont enrichies avec l’argent du pétrole du Kurdistan alors que la population a été condamnée à la pauvreté d’où les manifestations régulières qui secouent la région et l’exil massif des habitants vers l’Europe…
Cette nouvelle accusation vient jeter l’huile sur le feu alors que des étudiants du Kurdistan sont dans la rue depuis des semaines réclamant la réinstauration des bourses d’étudiants supprimée il y a quelques années par le clan Barzanî et que des réfugiés du Kurdistan meurent à la frontière Pologne-Biélorussie et dans la Manche…
Dans son article, Zack Kopplin déclare que des membres de la famille Barzanî sont propriétaires de nombreux biens immobiliers qui valent près de 80 millions de dollars en Californie et en Virginie. Ces révélations sont devenues possibles grâce notamment à des erreurs commises par un cabinet d’avocats basé en Pennsylvanie qui avait acheté trois sociétés en Floride et une société au Delaware. Les documents pour les entreprises de Floride comprenant le nom et la signature du Premier ministre kurde, ainsi que ceux de l’un de ses autres frères, Muksi Barzani.
Le site Government Accountability Project (GAP), une organisation de protection des lanceurs d’alerte, pour lequel Zack Kopplin a mené cet enquête a réagi vivement aux accusations du Premier ministre du Kurdistan. Le GAP a déclaré qu’ « Une enquête du Government Accountability Project, publiée dans l’American Prospect, a révélé que Masrour Barzani, le Premier ministre du Kurdistan irakien, était le propriétaire secret d’une pharmacie de 18,3 millions de dollars à Miami, en Floride, par le biais de sociétés écrans anonymes.
Plutôt que de répondre aux graves allégations, Masrour Barzani a accusé notre enquêteur d’être motivé par une liaison avec une militante kurde anti-corruption. Notre enquêteur n’a jamais rencontré cette activiste. Il s’agit d’une tentative sexiste et diffamatoire de détourner l’attention de la corruption du premier ministre. C’est aussi un dangereux abus de pouvoir, venant du cabinet du Premier ministre.
Nous maintenons notre rapport, qui est basé sur des documents publics. Government Accountability Project condamne les attaques contre les lanceurs d’alerte, les militants et les journalistes au Kurdistan et condamne le secret financier du Premier ministre kurde. »
De son côté, l’ONG de droits humains et de liberté d’expression, Kurdistan Watch a condamné fermement la déclaration du cabinet de Masrur Barzanî « recourant à des nuances ad hominem et extrêmement misogynes en réponse à un récent reportage d’un journaliste américain [concernant l’immeuble acheté par M. Barzanî aux États-Unis] l’étendue de la décadence morale de l’ARK est choquante.
*Shnyar Anwar est la fondatrice de l’ONG Women and democracy program in Iraqi Kurdistan (Programme Femmes et démocratie au Kurdistan irakien).