IRAK / KURDISTAN DU SUD – Reporters sans frontières et l’ONG Metro Center appellent les autorités kurdes du Bashur à libérer les journalistes Sherwan Sherwani, Ayaz Karam, Guhdar Zebari, Omed Baroshki et Qahraman Shukri qui font partie des « 82 prisonniers de Dohuk » composés de journalistes, activistes ou simples manifestants qui ont eu le malheur de critiquer les autorités et qui ont été arrêtés en octobre 2020. La plupart ont été condamnés à de lourdes peines fondées sur de fausses accusations.
Ils se sont lancés dans une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention. Les journalistes indépendants Sherwan Sherwani, Ayaz Karam et Guhdar Zebari ont cessé de s’alimenter depuis le 6 septembre dernier, participant ainsi à un mouvement initié par la majorité des “82 prisonniers de Dohuk”, des journalistes, activistes et citoyens kurdes interpellés en octobre 2020 lors d’un mouvement de protestation organisé dans cette ville du nord de la région autonome.
Après avoir passé des jours sans s’alimenter, l’état de santé de certains prisonniers inquiète, et notamment celui d’Ayaz Karam. Selon les médias locaux, le journaliste a perdu connaissance et ne reçoit pas les soins médicaux appropriés. Les trois reporters ont été condamnés, en février dernier, à six ans de prison pour des faits d’espionnage. Sherwan Sherwani a notamment dénoncé le recours à la torture pour obtenir des aveux sous la contrainte.
Dans ce contexte, un tribunal d’Erbil à condamné un quatrième journaliste à un an de prison, le 23 septembre. Le reporter kurde irakien Omed Baroshki était poursuivi pour diffamation en raison de publications critiques à l’encontre des autorités sur ses réseaux sociaux. Emprisonné depuis août 2020, il avait initialement été condamné à un an d’emprisonnement en juin dernier, ce qui porte désormais sa peine à un total de deux ans derrière les barreaux.
Un cinquième journaliste, Qahraman Shukri (Roj News), a été condamné en juin à sept ans de prison sans charge officielle. Il avait été arrêté en janvier, lui aussi après des publications critiques vis-à-vis du pouvoir. Il est par ailleurs le fils du journaliste de la chaîne KNN Shukri Zaynadin, tué en décembre 2016.
“RSF appelle les autorités à libérer sans plus attendre l’ensemble des journalistes actuellement détenus, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient, Sabrina Bennoui. Les reporters font face à des charges montées de toutes pièces et ont été victime de tortures pour obtenir des aveux, alors que trois d’entre eux ont entamé une dangereuse grève de la faim. Autant de raisons qui doivent amener la justice kurde irakienne à mettre fin à ces détentions arbitraires.”
Tout en appelant également à la libération des journalistes et à leur garantir un environnement sûr, le directeur exécutif du Metro Center Diyaree Mohamed ajoute : « Les travailleurs du secteur des médias paient un lourd tribut en raison de leur inlassable insistance à couvrir les événements avec des mots et des images”. Selon lui, “la présence de journalistes en prison et la violence excessive contre les manifestants ont des effets négatifs sur la réputation de la démocratie dans la région du Kurdistan ».
Contactées par RSF, les autorités n’ont pas donné suite aux sollicitation de l’organisation. Dans un courrier adressé à la représentation du gouvernement régional du kurdistan (KRG) en France et daté du 26 juillet 2021, RSF avait appelé les autorités à libérer sans plus attendre les trois journalistes condamnés en février.
L’Irak occupe la 163e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF. »