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Sıdıka Avar: La missionnaire kémaliste qui turquifiait les fillettes kurdes arrachées à leurs familles

TURQUIE / BAKUR – Dès la naissance de la Turquie, la turquification des Kurdes qui n’ont pas été exterminés complétement malgré les massacres de Dersim, Zilan, Koçgiri… s’est accélérée avec des internats construits dans les régions kurdes. Ces internats étaient de véritables machines à broyer les enfants kurdes qui devaient oublier leur langue, leur culture et qui devaient être de petits kémalistes plus royalistes que le roi.
 
Sidika Avar, une kémaliste au service de l’assimilation des fillettes kurdes
 

Un des personnages clés de cette assimilation forcée est Sıdıka Avar, une enseignante kémaliste repérée et envoyée dans la région kurde d’Elazig par Ataturk dans les années 30. Elle a pour mission d’aller chercher des fillettes kurdes dans les campagnes les plus reculées de Dersim, Bingol, Elazig… et de les turquifier dans l’internat de l’Institut des filles à Elazığ. Ainsi, entre 1939 et 1959, avant de démissionner de son poste, Avar aura arraché d’innombrables fillettes kurdes à leurs familles en prétendant les « éduquer » et les assimilera dans son internat pour fille d’Elazig. 

 
Ayşe Sıdıka Avar
 
Sidika Avar menait sa mission avec beaucoup de zèle. Elle prenait beaucoup de notes et photographiait ses proies qu’elle méprisait ouvertement. Selon elle, les fillettes sentaient mauvais, avaient un drôle d’accent… Aujourd’hui, la commission travaillant sur le sort des fillettes disparues de Dersim (Dersim’in kayıp kızları) après le génocide de 1938 se penche dans les cahiers d’Avar – donnés au Ministère de l’Éducation avant sa mort – pour trouver leurs traces… 
 
Sıdıka Avar est née à Istanbul / Cihangir en 1901. Elle travaille comme enseignante à l’école circassienne de Beşiktaş, Istanbul, à l’école juive d’Izmir, puis à l’Izmir American College for Girls. Après qu’Avar ait volontairement commencé à donner des cours du soir aux prisonnières de la prison pour femmes d’Izmir, Mustafa Kemal Ataturk l’a convoque et la charge d’aller « éduquer » (assimiler) les fillettes de l’ « Est » (Kurdistan du Nord). Tout en lui disant ce qu’elle doit faire, Atatürk aurait déclaré à Sidika Avar: « Sais-tu pourquoi les gens de l’Est sont pauvres et ignorants ? La seule raison est qu’ils ne connaissent pas le turc. S’ils apprennent le turc, le problème disparaîtra aussi… »
 
Dans l’internat de Sıdıka Avar, les fillettes kurdes apprenaient à cuisiner, coudre, repasser… à être de parfaites ménagères turques qui allaient élever de nouvelles générations de « Turcs parfaits ». Alors que le but principal était d’anéantir les Kurdes par l’assimilation forcée qu’on commence par les filles, les femmes, mères de demain… Cette même politique est toujours en vigueur dans les région kurde. Le gourou islamiste Fethullah Gülen, avant de se brouiller avec R.T. Erdogan, avait dit qu’il fallait envoyer les meilleurs enseignants, psychologues, fonctionnaires… dans les régions kurdes pour réussir l’assimilation qu’il cachait sous le nom de l’ « éducation », comme l’avait fait Ataturk il y a un siècle…
 
L’Institut des filles d’Elazığ
 
Elif – une des fillettes kurdes de l’l’Institut des filles Elazığ – avant et après son arrivée à l’Institut
 
Sidika Avar sur le dos d’un cheval avec des fillettes kurdes ramassées dans des villages kurdes
 
Trois des fillettes kurdes ramassées dans des villages kurdes par Sidika Avar
 

Dağ Çiçeklerim (Mes fleurs de montagne), livre de Sidika Avar faisant l’apologie de l’assimilation des fillettes kurdes dans son internat 

 
Une fillette kurde avant et après son arrivée à l’internat de Sidika Avar
Une fillette kurde de l’internat de Sidika Avar
 
*Le documentaire İki Tutam Saç: Dersim’in Kayıp Kızları raconte l’histoire des filles disparues de Dersim que les autorités turques avaient confiées à des familles de militaires pour les assimiler alors qu’on avait massacré les familles lors du génocide de Dersim.